Bonjour à tous,
Le fameux chapitre Révélations, mais attention Partie 1 seulement.
Avant de vous laisser lire, je précise que les mots qui précédent une petite étoile *, sont expliqués en fin du chapitre. Peut-être que certain d'entre vous connaissent déjà, mais je me base sur ceux qui n'auraient que vu les films.
Beaucoup de dialogue dans ce chapitre, mais comme c'est une discussion entre quatre yeux, je ne pouvais pas faire autrement.
Bonne lecture.
Chapitre relu et corrigé en février 2022.
Merci à aliena wyvern, bee-du-06, TsuchiiChan, Julindy, Lacrymosa Lorne, Naheiah et Nimiria pour leur review.
Sans quitter le foyer des yeux, Azruphel annonça à Thorin :
- Je vais te raconter mon histoire, et toute la durée de cette nuit ne sera pas de trop. Alors asseye toi et écoute attentivement, car je ne reviendrai sur aucun détail.
Son ton était sérieux et strict. Thorin n'appréciait guère la façon dont elle lui parlait, mais il ne pouvait rien y redire, car il allait enfin avoir ses réponses. Alors il s'avança et prit place sur les lattes du sol de la chambre, à côté de la cheminée. De cette manière, il pouvait profiter de la chaleur et contempler Azruphel en même temps.
Après un énième soupir, elle reprit le court de son récit.
- Je suis Azruphel, fille d'Ulbar le marin. Je suis de la race des Hommes, et le sang des Nùmenoréens coule dans mes veines. Je suis née en l'année 3412 du Second Age à Pelargir, et depuis mes 29 ans, je suis ce que mon peuple appelait, une Izindu-bêth…
- Une Izindu-bêth ? murmura Thorin. Je ne connais pas cette langue. Que cela signifie t-il ?
- Ma langue natale est l'adûnaïc, la langue des Hommes de l'île de Nùmenor. Elle n'est plus parlée couramment depuis plusieurs siècles. Seuls les nobles de Dol Amroth* l'utilisent encore, expliqua la jeune femme. Mon nom, Azruphel, est également de l'adûnaïc. Mon père me l'a donné car il disait que mes yeux lui rappelaient la couleur de la mer qu'il avait parcouru dans sa jeunesse. Connais-tu l'histoire de Nùmenor et de son funeste destin, Thorin ? lui demanda-t-elle en le regardant fixement.
- Je connais cette histoire, mais pour moi, cela relève plus de la légende, dit Thorin sourcils froncés.
Il avait du mal à croire ce qu'elle lui disait. Il savait que les Nùmenoréens étaient les ancêtres des anciens rois des royaumes des Hommes en Terre du Milieu et que ceux-ci étaient dotés d'une longue vie. Mais même avec ce don, aucun homme ne pouvait vivre plusieurs millénaires, comme elle le prétendait.
- Bien. Dans ce cas, tu dois savoir que plusieurs bateaux ont réussit à quitter l'île avant qu'Eru ne déclenche sa colère et que les eaux ne la submergent.
Thorin acquiesça d'un signe de la tête.
- Le nom de mon père a depuis longtemps été oublié, mais il fut l'un des commandants des neufs navires. Il m'a élevé seul après la mort de ma mère, et de ce fait j'ai hérité de son talent pour la navigation. Nous vivions à bord de sa barge. Mon père était chargé des convois fluviaux sur l'Anduin, entre son embouchure et jusqu'à Osgiliath. A son décès, j'ai repris son flambeau. Je ne savais rien faire d'autre. Je n'avais connu que cela depuis mon enfance.
Azruphel fit une courte pause. Son regard était de nouveau fixé sur les flammes.
- Puis la guerre est arrivée. La grande guerre des Hommes et des Elfes contre Sauron. Mon royaume fut le premier touché par ce conflit, mais nous avons continué à assurer le ravitaillement des troupes grâce à nos incessants allers retours sur le fleuve. J'étais encore jeune à cette époque, tout juste la vingtaine, mais les hommes qui m'entouraient été expérimentés et fidèles à mon père.
Thorin la vit sourire, amusée sans doute par des souvenirs joyeux.
- C'étaient de braves hommes. Je les considérais un peu comme des oncles ou des grands frères pour les plus jeunes. J'ai fait mes premiers pas avec eux, mes premières bêtises, mes premières bagarres… Je n'avais rien d'une fille noble et bien éduquée comme il aurait convenu que je sois, et mon père n'avait cure des qu'en-dira-t-on. Il préférait m'avoir à ses côtés, plutôt qu'enfermée dans les carcans et les protocoles de la cour.
Azruphel se tut à nouveau. Elle se remit à démêler ses cheveux, signe que la suite de son histoire était déplaisante. Thorin le vit également dans ses yeux. Ils devenaient plus humides que d'ordinaire. Voyant son malaise, Thorin orienta sa question vers un autre sujet.
- Tu ne m'as pas dit ce que signifiait ce mot, Izindu-bêth.
Elle le regarda en reniflant légèrement.
- Oui Thorin, je vais y venir.
Puis elle reprit son récit.
- Un jour de l'année de mes 29 ans, mes compagnons et moi-même étions en chemin vers Osgiliath. Nos cales étaient remplit de vivres et de matériels pour l'armée. Étant donné que nous étions coupés du monde durant nos voyages, nous n'étions pas au courant des nouvelles des champs de bataille. Je n'appris que plusieurs jours plus tard que la guerre était terminée et que Sauron avait été vaincu.
Azruphel ôta sa chemise devant Thorin. Le nain fut surprit par son geste. Elle était là, devant lui, avec juste suffisamment de tissus pour cacher le nécessaire. Elle se mit à défaire les bandages qui lui maintenaient le pansement de sa plaie au niveau de l'épaule. Tout en déroulant le tissu, elle continua de raconter.
- Ce fut ma première expérience de la guerre. Nous étions loin du front, mais des troupes vaincues ont fui les combats et nous avons eu le malheur d'en croiser une. Des Hommes du Sud, nous ont attaqués et ont réquisitionné notre barge. Mes compagnons se sont bravement défendu, mais l'ennemi était trop nombreux. En l'espace de quelques minutes, l'équipage fut réduit à néant.
Elle ne raconta pas en détail la suite des événements la concernant personnellement. Lorsqu'elle eut fini d'enlever les bandes, elle tourna le dos à Thorin, dévoilant ainsi à ses yeux, une unique cicatrice. Thorin ne put s'empêchait d'approcher sa main vers cette marque qui barrait le dos immaculé de la jeune femme. Au contact avec ses doigts, Azruphel tressaillit. Peu de personne connaissait l'existence de cette blessure.
- Que t'est-il arrivé ? demanda Thorin complétement obnubilé par ce qu'il voyait.
- Durant l'attaque de la barge, j'ai subi le même sort que mes compagnons. Ce que tu vois dans mon dos est la marque laissée par la lame d'un des Hommes du Sud. Je ne me souviens pas des jours suivants, mais j'ai été retrouvé sur les berges de l'Anduin par des soldats du Gondor. Pour eux, j'étais une miraculée, et à cette époque j'ignorais que ma vie ne serait désormais plus la même.
Azruphel se retourna vers Thorin, qui dû lâcher le contact avec sa douce peau. Elle le regarda intensément.
- Cette cicatrise est la seule qui marque mon corps. La seule qui, même après près de trois millénaires, a laissé une trace indélébile. Mais depuis ce jour et jusqu'à aujourd'hui, chacun de mes os a été brisé maintes fois et chaque parcelle de ma peau a souffert de brûlure et autre lacération. Pourtant aucune d'entre elle n'est visible. Seul ce stigmate est présent, signe de ma condition.
- Condition ? Quelle condition ? questionna Thorin troublé.
- Je n'ai pris conscience de ce fait que bien longtemps après. Mais le jour où j'ai reçu ce poignard dans le dos, mon âme a quitté mon corps. Je ne sais toujours pas pourquoi, mais Mandos n'a pas voulu me garder et il a fait de moi son équivalent sur la Terre du Milieu. Je suis revenue à la vie et depuis ce jour et jusqu'à la fin de cet Age, rien ne peut me l'ôter.
- Comment ça ? dit le nain abasourdi.
- Je ne peux pas mourir Thorin. Tu l'as vu par toi-même, non ? La mort ne veut pas de moi. Je suis vouée à vivre sans que rien ne puisse m'empêcher de tenir mon rôle.
Thorin s'écarta d'elle, sous le choc.
- Je suis immortelle, Thorin. Tu m'as comparé aux elfes, mais je ne suis pas comme eux pour deux raisons. La première est que, même si je le souhaite, rien ne peut me blesser mortellement. La seconde est que pour moi, cette immortalité est un fardeau, un cadeau empoisonné que je maudis chaque jour.
Azruphel sentit la colère monter en elle, comme à chaque fois qu'elle y repensait.
- Je hais Mandos pour avoir fait de moi son esclave. Oui Thorin, tu entends bien, une esclave ! Je ne vois pas cela d'une autre manière. Je suis née humaine. De par mes parents, j'aurais dû avoir une espérance de vie d'environs 150 années, avoir des enfants, les voir grandir, se marier et avoir à leur tour des enfants. Oh, cela je l'ai vu, bien-sûr, lui dit-elle en souriant, mais son sourire se transforma aussi rapidement en un masque de colère et de regret. Mais je les ai également vus mourir. Imagine ce que cela fait de voir toutes les personnes autour de toi vieillir et disparaitre, pendant que toi, tu restes la même au fil des années. Voir chaque personne auquel tu tiens…
Elle ne put terminer sa phrase, car les sanglots l'en empêchaient. Ses larmes étaient vraies et cela ôta tous les doutes de Thorin. Le prince ne pouvait qu'imaginer la peine qu'endurait Azruphel. Il avait par le passé envié les Elfes pour leur immortalité, mais jamais il n'avait pensé aux conséquences d'une telle condition sur sa vie. Un Homme ou un Nain ne sont pas destinés à vivre aussi longtemps et il y avait bien une raison à cela. Azruphel était sans doute la première humaine à qui cela arrivait et le poids des ans devait peser bien lourd sur ses épaules.
- Je ne peux plus vivre parmi les miens, réussit à dire Azruphel qui s'était calmée. Je ne peux me lier à personne. J'ai tellement souffert par le passé, que j'évite autant que je peux de m'attacher à quelqu'un.
Le cœur de Thorin se serra brusquement à son annonce. Il n'avait pas pensé à cela. Mais maintenant qu'il connaissait son état d'immortelle, il comprenait le chagrin qu'elle pouvait endurer à voir les personnes chères à son cœur, vieillir puis mourir. Alors qu'elle survivait et devait surmonter cette épreuve, seule.
Azruphel renfila sa chemise, mais garda la tête basse, cachant ses yeux rougis. Puis elle sorti la chaine qu'elle portait autour de son cou. Deux bagues y étaient accrochées.
- J'ai été marié deux fois durant toute ma vie. Mais je n'ai réellement aimé qu'un seul homme. Mon premier époux. Estelmo. C'est lui qui m'a retrouvé sur le bord de l'Anduin après l'attaque de la barge. C'était un soldat, et plus précisément l'écuyer du prince Elendur, le fils ainé d'Isildur.
Thorin la vit sourire à nouveau, pendant qu'elle jouait avec les bijoux.
- Un homme très bon, loyal et aimant. Nous avons vécu ensemble à Osgiliath, à la cour du roi Isildur, puis de celle du roi Meneldil*. Il m'a appris à manier les armes et à monter à cheval, dit Azruphel en émettant un petit rire. J'avais toujours vécu sur un bateau et je ne mettais que très rarement pied à terre, de ce fait je n'avais jamais appris à monter à cheval. Nous nous sommes mariés et nous avons eu deux fils. Deux courageux garçons qui ont suivi les traces de leur père en s'engageant dans l'armée. Mais plus les années passèrent, plus je voyais le temps faire son effet sur mon époux. Alors que sur moi les ans passaient sans m'atteindre. Malheureusement, je ne fus pas la seule à m'en rendre compte et des rumeurs commencèrent à courir à mon sujet. Je n'y fis pas vraiment attention.
Azruphel remit son collier sous sa chemise, puis contempla de nouveau le feu.
- Pendant 108 années, nous vécûmes heureux. Mais la vie de soldat comporte des risques, et du jour au lendemain, je me suis retrouvée seule. Mon époux et mes deux fils me furent enlevés lors d'une bataille.
Thorin eut beaucoup de peine pour elle. Perdre ainsi ses enfants et son mari, était une épreuve difficile à accepter. Il ne la vit pas pleurer cette fois-ci, comme si ses pleurs précédents leur avaient été destinés. Elle resta immobile à fixer les flammes, sans ciller un seul instant.
- Je compatis à ta peine, lui dit Thorin d'un ton calme. Les guerres ont rendu de nombreuses femmes veuves et malheureuses. Je suis navrée que tu fasses partie de celles-ci.
- Merci Thorin.
Azruphel frissonna. Elle n'avait que sa légère chemise de lin sur elle et malgré la proximité du feu, elle avait froid. Elle n'était pas complétement remise de ses blessures et de ce fait, elle avait encore besoin de repos. Thorin le remarqua et il se leva pour aller déposer une épaisse couverture sur les épaules d'Azruphel. Elle le remercia à nouveau et se pelotonna dedans avec plaisir.
- Je n'avais nulle part d'autre où aller, alors j'ai décidé de rester à la cour du roi Meneldil. Mais les rumeurs se firent jour après jour plus fortes. Celle qui faisait le plus grand bruit disait de moi, que j'étais une descendante directe d'Elros*, le premier roi de Nùmenor. Une sottise bien-sûr, mais le roi en eut vent et il se mit à croire à cette rumeur. Il me prit sous son aile et je devins proche de la famille royale. Je côtoyais l'élite de la noblesse du Gondor et sans que je m'en rende compte, après plus de vingt années, le petit-fils du roi Meneldil, Eärendil* et moi-même sommes devenu proches. Je n'ai jamais oublié Estelmo et jamais je ne l'oublierai, mais Eärendil a su m'apporter le réconfort, la sécurité et la tendresse que j'avais perdu.
Thorin tiqua légèrement au nom d'Eärendil. Étant noble, il avait reçu une éducation poussée et il avait appris l'histoire de la Terre du Milieu et celle des différents souverains des nombreux royaumes de jadis. Il ne se souvenait pas de tous les détails, mais il savait qu'une légende entourait ce roi du royaume du Gondor.
- Cet homme, Eärendil, n'était-il pas celui qui épousa un esprit de la Grande Mer, une princesse immortelle d'un peuple mystérieux.
- Oui, c'est lui. Quelle jolie histoire, ne trouves-tu pas ? répondit Azruphel d'un air presque ironique.
- On raconte qu'elle aurait été blessée et que son âme aurait rejoint les siens dans l'océan, laissant ainsi le roi seul sur son trône, continua Thorin pensif.
- Il y a du vrai dans cette légende, mais la véritable histoire est bien moins fabuleuse. Chaque histoire du passé a son lot de vérités cachées sous son apparence romanesque.
L'héritier de Durin était conscient que toutes les grandes histoires des temps anciens avaient, avec les années, étaient modifiées pour les rendre plus incroyables, nobles et prodigieuses. Néanmoins, il n'avait jamais eu l'occasion de connaitre l'envers du décor de l'une d'entre-elles. Alors, il écouta avec attention l'explication d'Azruphel.
- Azruphel n'est pas le seul nom que l'on m'a attribué. Tu as dû entendre certaine personne m'appeler Amarthêl. C'est le nom que m'ont donné les elfes. Cela signifie en Sindarin, « l'Etoile du Destin ». Je te donnerai la raison plus tard, lui précisa-t-elle pour ne pas perdre le fil de son récit. Le jour de mon mariage avec le prince Eärendil, le roi m'a donné un nouveau nom. Il était de coutume d'avoir un prénom en Quenya à cette époque. Alors le jour où je suis devenue une princesse du Gondor, on m'a donné le nom de…
- Envinya, dit Thorin en finissant sa phrase à sa place.
- Oui, Envinya. Je vois que tu connais, s'exclama-t-elle avec un petit sourire. Meneldil m'a donné ce nom qui signifie « Toujours jeune ». C'était un nom qui me convenait parfaitement, car à ce moment-là, j'avais plus de 160 ans et mon corps était toujours celui de mes 29 ans. Dans mon histoire, il n'y a pas de lien direct avec la mer comme dans la légende. C'est un amalgame de nos deux noms qui a construit ce mythe. Azruphel veut dire « Fille de la mer » et Eärendil « Amoureux de la mer ». Le lien était tout de suite trouvé. La véritable Envinya tu l'as devant toi, Thorin. Et comme tu peux le constater, elle n'a rien d'une créature venue des profondeurs de l'océan.
Et pourtant pour Thorin, elle avait tout de l'être chimérique et fabuleux. Il comprenait alors d'où lui venait sa façon de se tenir, son port de tête et son allure si princière. Peu à peu, les réponses à ses questions se dévoilaient. Mais il la voyait sous un autre jour. Une autre sorte de respect s'imposait à lui.
- Qu'en est-il de la suite ? demanda Thorin qui devenait de plus en plus avare de connaissance.
- La suite est du même acabit. Nous étions partis chasser ce jour-là. Je me souviens que mon cheval a pris peur et que j'ai chuté, puis ce fut le noir total. Lorsque je me suis réveillée, j'étais étendue sur un lit de pierre froide, celui sur lequel le corps des défunts était brûlé. Je n'ai pas compris pourquoi, et j'étais complétement perdue et confuse. Les gardes furent alertés par mon réveil. Ils étaient tous aussi décontenancés que moi. Mais la peur que je pu lire dans leurs yeux me terrifia. Je compris alors que la seule chose qu'Eärendil eut rapportée de sa partie de chasse, était mon cadavre. Pourtant, j'étais tout ce qu'il y avait de plus vivante. Alors dans un élan de panique, j'ai fuis la cité. On m'avait vêtu d'une magnifique robe blanche très vaporeuse, et je pense que ceux que me firent cette nuit-là, ont pensé voir une chimère.
Azruphel fit de nouveau une pause. Thorin laissa le silence passer. Cette nouvelle révélation le troublait tout autant que les autres. Il avait devant lui un objet de légende, et cela l'impressionnait. Il avait voulu des réponses, mais jamais il ne s'était attendu à de telles déclarations.
- J'ai fuis sans me retourner. J'ai abandonné tout ce que j'avais. Mon rang, mon époux, mon fils… Je n'ai jamais revu Eärendil, je n'ai pas eu le courage de le revoir. Je sais qu'il m'a cherché longuement et que jamais il n'a reprit d'épouse. La première fois que je suis retournée au Gondor, c'était le jour où mon fils, le prince Anardil*, accéda au trône. J'étais dissimulée dans la foule. J'étais tellement fière de lui, mais terriblement navrée de l'avoir abandonné.
Thorin prit conscience qu'elle avait été la reine d'un royaume riche et puissant. La face de la Terre du Milieu aurait sans doute était bien différente, si une souveraine immortelle était encore assise sur le trône du Gondor. Si elle n'avait pas fui, quelles en auraient été les conséquences ?
- Tu te poses des questions auxquelles je ne pourrais t'apporter des réponses, Thorin, lui déclara-t-elle en le regardant.
Thorin fut sortit de ses pensées à ses paroles. Savait-elle à quoi il réfléchissait ?
Il ne répondit rien, car rien n'était à dire à ce sujet.
- Où es-tu allé après d'être enfuit ?
- J'ai longé les Montagnes Blanches durant plusieurs mois. J'avais peur. Peur de moi-même. Peur des Hommes. Je ne savais pas ce qu'il m'était arrivé et pourquoi j'étais revenue de chez les morts. Puis, je me suis souvenue d'un récit que j'avais lu. Un récit de l'histoire de Nùmenor. Dedans il y a avait un passage qui racontait l'histoire d'un elfe, un diseur de vérité, un Izindu-bêth. Cet elfe avait été battu à mort par les partisans du roi Ar-Pharazôn*. Mais celui-ci revint à la vie et il aida Amandil à préparer la fuite des Fidèles*. J'ai donc pensé que si un elfe avait vécu la même expérience que moi, alors peut être que ce peuple pourrait m'aider et m'apporter des réponses.
Azruphel lui expliqua comment elle voyagea durant de longs mois, jusqu'à atteindre un territoire elfique. La forêt de Lindórinand, royaume du roi Amroth. Thorin était toujours très attentif. Il buvait littéralement ses paroles.
- Je me souviendrai toujours de la première fois que j'ai marché sous les majestueux mellyrn de la forêt. C'était l'automne et les feuilles avaient revêtus leur couleur dorée caractéristique. Pour la première fois depuis des années, je me sentais bien, calme et apaisée. J'ignore si c'est cela ou bien si le moment était venu pour moi, mais ce fut en ce jour que Mandos acheva de faire de moi son émissaire.
- Je ne comprends pas, la coupa Thorin perplexe. Tu m'as dit que Mandos n'avait pas voulu te garder lorsque ton âme a rejoint pour la première fois ses cavernes. Et que depuis ce jour son accès t'y était refusé.
- Oui, c'est juste. Mais ce n'était que le préambule. Il faut que tu saches que je ne suis pas la première à être le légat de Mandos sur la Terre du Milieu. Je suis la quatrième. Mais mes prédécesseurs étaient des premiers nés d'Ilùvatar, donc déjà immortels. Je suis la première humaine à accéder à ce statut, et l'étape initiale était de me donner toutes les capacités à mener à bien mon rôle, et ce, durant toute la durée de cet Age.
Thorin était perdu. Il y avait trop d'information d'un seul coup. Il se passa les mains sur le visage pour se revigorer un peu. Il fallait dire que la nuit était bien avancée et que sa soirée avait été bien arrosée. Thorin résistait bien à l'alcool, comme tous les nains, mais son esprit n'était pas au maximum de sa capacité de compréhension.
- Pour faire simple, Thorin, Mandos a fait de moi la prophète, l'oracle de cet Age, l'auteure des prédictions et des prophéties. Le jour où je suis arrivée en territoire elfique, j'ai reçu en mémoire tous les événements, tous les détails des actes des grands comme des petites gens. J'ai le pouvoir de connaître à l'avance les aléas de l'histoire. Et mon rôle est de guider sur le bon chemin ceux qui le mérite, ceux qui sont voués à faire de grandes choses.
Azruphel fit une pause. Elle ne lâcha pas du regard Thorin. Puis, elle lui annonça avec le plus grand sérieux :
- Comme toi… Thorin.
La suite des révélations au prochain chapitre.
une review?
La vie d'Azruphel sera approfondie plus en détails, d'ici quelques chapitres
Biz
Sacrok
Explications des * : (merci à Wikipédia, car j'ai eu la flemme de tout écrire, et puis parce que je ne connais pas les dates par cœur)
Dol Amroth :
Dol Amroth était un port fortifié du Gondor, situé dans la baie de Belfalas. La lignée des princes de Dol Amroth est issue d'un Numénoréen et d'une elfe sylvaine.
Meneldil : 3318 D.A. - 158 T.A.
Il est un gondorien, dont le nom signifie « ami des cieux » en quenya, fils d'Anarion et père de Cemendur. Il devint le troisième roi du gondor en 2 T.A., lorsqu'il apprit la mort d'Isildur qui l'avait fait régent.
Elros : vers 532 P.A. - 442 D.A.
Il est le frère jumeau d'Elrond. Demi-Elfe, il choisit de devenir un Homme. Il devint le premier roi de Nùmenor.
Eärendil : 48-324 T.A.
Il est le cinquième roi du Gondor. Fils de Cemendur, il est le père d'Anardil. Il porte le même nom qu'Eärendil le Marin, le père d'Elrond et d'Elros.
Anardil : 136-411 T.A.
Son nom signifie « ami du Soleil » en quenya. Il est le sixième roi du Gondor, fils d'Eärendil, auquel il succède en 324.
Ar-Pharazôn : 3118-3319 D.A.
Il est un Nùmenoréen, dont le nom signifie « le doré » en adûnaïc, et dont le nom quenya est Tar-Calion. Il est l'époux de Tar-Miriel. Il devint le vingt-cinquième roi de Nùmenor en 3255 D.A., en épousant de force la fille de son oncle. Influencé par Sauron, il transgressa l'Interdit des Valar (se rendre en Aman), ce qui poussa Ilùvatar à engloutir l'île et la flotte, à l'exception des vaisseaux d'Elendil.
Fidéles :
Au cours du Second-Age, les Númenóréens constituent une civilisation brillante et avancée, en contact fréquent avec les Eldar (Elfes), mais ils ressentent durement leur condition mortelle. Au fil des siècles, le désir d'immortalité des Númenóréens devint si ardent que durant le règne du quatorzième Roi de Númenor, le peuple connut la division. D'un côté, le parti le plus nombreux nommé « les Hommes du Roi » que l'orgueil poussa à rejeter des Eldar et des Valar et de l'autre, « les Elendili » (les Amis des Elfes) qui restaient loyaux envers le Roi et sa Maison tout en conservant l'amitié des Eldar et des Valar. Cependant, le dernier Roi de Númenor (Ar-Pharazôn), apprenant que Sauron avait considérablement étendu son royaume et qu'il vouait une haine sans borne aux Númenóréens, décida de lui faire la guerre. Ce dernier fut finalement pris en otage et conduit à Númenor. Au bout de quelques années, Sauron devint un proche conseiller du Roi. Puis, il s'appliqua à corrompre le Roi en le poussant à rejeter complètement les Valar et les Eldar, notamment en révérant le Roi de la nuit, Morgoth et en abattant, l'Arbre Blanc du Roi, Nimloth. Lorsque la vie d'Ar-Pharazôn arriva à son terme, Sauron suggéra au Roi de prendre ce qui lui revenait de droit, le secret de l'immortalité. Ainsi le Roi et sa flotte se dirigèrent vers Valinor pour livrer bataille aux Valar et leur arracher le secret de la vie éternelle. L'île est finalement submergée par Ilùvatar appelé par Manwé, et seuls quelques Númenóréens restés fidèles aux Valar parviennent à échapper au cataclysme : ils se réfugient en Terre du Milieu où ils fondent les royaumes d'Arnor et du Gondor.
