Bonjour à tous,
Je vous ai fait attendre pour ce chapitre et j'en suis désolée.
Voici donc le dernier chapitre de cette partie : Last Night
Il n'y a pas vraiment de révélations comme dans les deux chapitres précédents. C'est plutôt un chapitre léger et émouvant.
J'ai également créé un blog dédié à ma fic. Vous trouverez l'adresse sur mon profil. Si vous souhaitez suite l'avancement des chapitres, qui sera beaucoup plus aléatoire maintenant, n'hésitez pas à vous y abonner.
Bonne lecture.
Merci à Naewenn76, aliena wyvern, Naheiah, Lacrymosa Lorne, Julindy, Nimiria, fantasiart, TsuchiiChan et PaulinaDragona pour leur review.
aliena wyvern : oui, Thorin enfant est assez choupinou. Et oui, malheureusement, je suis la même histoire que le livre, donc à la fin Thorin... mourra. Désolée.
fantasiart :merci pour ton message. J'ai eu besoin de beaucoup de courage pour finir ce chapitre (j'ai eu un gros coup de mou) alors j'espère qu'il te plaira autant que les deux autres.
PaulinaDragona : le flashback avec le "mini-Thorin" comme tu le dis, a eut beaucoup de succès. Et oui, je te confirme que lorsque Erebor sera reprise, Azru va rester avec Thranduil, et ce, jusqu'à la fin du Troisième Age.
- Que dois-je comprendre ? demanda Thorin.
- La seule chose important à savoir est que tu n'as pas à douter, le rassura Azruphel. Avances droit devant toi et suis ton instinct. Tu feras des erreurs qui couteront chères, mais elles seront nécessaires.
Des erreurs ? Mais quelles erreurs allait-il faire ?
Thorin n'acceptait pas de savoir qu'il allait commettre des fautes. Il était le chef de la compagnie et encore plus important, le Souverain des Nains des Montagnes Bleues. Il était impensable pour lui, d'avoir des défauts et de trahir la confiance de ses amis.
Il regarda Azruphel, mais elle ne sembla pas vouloir lui en dire plus. Elle fixait le vide, perdue dans ses pensées et ses souvenirs.
Azruphel avait fini par s'assoupir. Elle était encore faible. Thorin était resté à côté d'elle, à la veiller.
On frappa légèrement à la porte. Thorin se leva pour aller ouvrir. C'était Oïn. Le Nain guérisseur avait eu vent du réveil de la jeune femme et comme tout bon soigneur, il était venu s'enquérir de l'état de santé de sa patiente. Thorin le laissa entrer pour qu'il l'examine. Le Prince, bien qu'Azruphel soit revenue parmi eux, avait tout de même besoin d'être rassuré car elle lui semblait encore pâle et fragile.
Azruphel dormait tellement profondément que l'auscultation d'Oïn ne la réveilla pas.
- Encore beaucoup de repos, de la chaleur et de bons repas, voilà ce dont elle a besoin, expliqua Oïn à Thorin.
Le guérisseur se garda de demander à son chef si elle lui avait donné une explication à propos de sa résurrection. Mais c'était une question qui le tracasser énormément.
- Je vais aller lui préparer une décoction de plantes.
- Ramènes de quoi la sustenter, en même temps, suggéra Thorin.
Le vieux Nain acquiesça.
Peu de temps après, il revint avec tisane et victuailles, puis retourna finir sa nuit.
Thorin, de nouveau seul avec Azruphel, alla s'assoir tout près d'elle. Il n'avait cessé de réfléchir à toutes les informations qu'elle lui avait fournies. Jamais il ne se serait imaginé de telles révélations. Les questions l'avaient assailli mais il les avait mises de côté, car il avait compris que les réponses n'avaient pas de réelle importance.
Il la regarda dormir. Elle était apaisée, ses traits détendus. Mais ainsi étendue, recouvertes par d'épaisses couvertures et fourrures, elle lui paraissait si vulnérable et en même temps, si désirable.
Il ne l'avait pas comprise au début. Il l'avait haït, menacée, violentée, aveuglé par son besoin d'autorité et son incapacité à accepter ses sentiments à son égard. Thorin regrettait ses gestes brutaux et ses paroles inamicales. Mais s'il avait su qui elle était, alors il aurait pu la traiter avec tout le respect et l'honneur qui lui était dû.
Non, c'était une mauvaise raison. Jamais il n'aurait dû être aussi désagréable envers elle, même si elle n'avait été qu'une fille d'Homme ordinaire.
Il soupira profondément, déçu par son propre comportement, puis se détourna d'Azruphel. Voyant que le feu faiblissait, Thorin entreprit de placer de nouvelles bûches dans l'âtre. Il fallut peu de temps pour que de vives flammes embrasent le bois et que leurs douces chaleurs viennent agréablement réchauffer leur corps.
Azruphel dû sentir le regain de chaleur du foyer car elle remua dans son sommeil et soupira d'aise. Thorin, soucieux, passa sa main calleuse sur le front de la jeune femme. Il craignait toujours pour sa santé et se rassura en constatant qu'elle avait repris une température corporelle presque convenable.
Dans son inspection, le Prince laissa ses doigts s'égarer sur le reste de sa peau, dégageant les boucles qui encadraient son visage et caressant le velouté de ses joues. Progressivement, la même envie qu'il avait ressenti dans la maison du changeur de peau, refit surface. Mais cette fois, Thorin ne redoutait pas de laisser ses sentiments l'envahir. Il avait complétement accepté l'affection qu'il portait à Azruphel. Il avait suffisamment lutté contre ses pulsions et le prochain combat qu'il mènerait ne sera pas envers elle, mais contre la bête ailée qui sommeillait dans la Montagne toute proche.
Thorin avait posé sa main sur la joue encore pâle de la jeune femme et avec son pouce, il continuait de la caresser. Le souvenir du funeste événement dans la cité elfique revint jusqu'à lui. Son cœur se serra et il ferma fortement les yeux pour tenter de contenir la réminiscence de la terreur qu'il avait éprouvé. Mais ce fut pire. Car étant plongé dans le noir, les images de la scène étaient encore plus réelles. La vision du corps d'Azruphel chutant après avoir tant souffert et son sang l'auréolant qui se répandait sur le sol de pierre, lui fit instinctivement ressentir une profonde envie de faire payer à Thranduil son acte, même si il était conscient qu'Azruphel lui en avait donné l'idée. Il n'éprouvait que de la haine envers cet Elfe.
Plongé dans ses sombres souvenirs, Thorin sentit une légère pression sur sa main gauche. Il ouvrit immédiatement les yeux, et ses pensées amères s'évaporèrent lorsqu'il croisa le regard clair et soucieux d'Azruphel.
- Thorin, est-ce que ça va ? demanda-t-elle inquiète.
La jeune femme avait vraisemblablement été réveillée par un réflexe brutal de sa main posée sur sa joue. Elle avait alors apposé une de ses mains sur celle de Thorin pour tenter de le calmer. Elle avait pu lire sur son visage que le Nain était perturbé par quelque chose, et cela la chagrinait.
- Quelque chose ne va pas ? insista-t-elle devant la non-réponse de Thorin.
Le Nain soupira profondément. Il s'en voulait de l'avoir réveillée, alors qu'elle avait encore besoin de reprendre des forces.
- Excuses-moi, je ne voulais pas te réveiller, dit-il navré.
Mais le ton de sa voix l'avait trahi, et Azruphel le perçut clairement. Elle se releva pour faire face à Thorin, mais garda la main du Nain dans la sienne. La mine sérieuse, elle le fixa. Il lui cachait quelque chose, elle le savait.
- Thorin, ne garde pas pour toi-même ce qui empli ton cœur de remords. Déleste-toi de ce poids inutile.
Toujours sans une parole, il avança sa main libre vers la gorge d'Azruphel. De ses doigts, il suivit la ligne rouge qui lui barrait le cou. Azruphel comprit alors, car le regard de Thorin se remplissait de peine et d'affliction.
- Tu n'as pas à t'en vouloir pour cela, murmura-t-elle.
- Mais tu as consciemment souffert pour notre cause, parla enfin Thorin. Tu as enduré plus de blessures que n'importe qui, et à chaque fois ce fut pour nous aider… pour m'aider. J'aurais pu t'en éviter une bonne partie si seulement j'avais été moins aveuglé.
- Non Thorin, tu n'as rien à te reprocher. Tu as fait ce qui te semblait juste sur le moment. Il est inutile de regretter un geste du passé car jamais on ne pourra revenir en arrière. Ce qui est fait est fait. La culpabilité, le chagrin et les regrets sont des fardeaux qui nous empêchent d'avancer. Je sais de quoi je parle, Thorin. Il ne faut pas douter de nos actes, car qu'ils soient bons ou funestes, eux seuls méritent d'être vécus.
Elle avait le don de l'apaiser et de lui ôter ses doutes. Elle avait vécu tellement d'expériences par le passé, qu'elle en avait développé une sorte de sagesse.
Mais malgré ses paroles réconfortantes pour lui, il remarquait que pour elle, l'espoir était peine perdue. Dans ses yeux, Thorin n'avait jamais vu le petit pétillement commun à chaque personne heureuse et pleine de vie. Non, elle avait dû perdre depuis longtemps cet éclat si particulier. C'était un détail qu'il n'avait jusqu'alors jamais remarqué. Ce fut lui, désormais, qui avait envie de la réconforter, de lui prouver que la vie méritait toujours d'être vécue pleinement.
Les mots n'eurent plus leur place entre eux deux. Tout se passait dorénavant avec leurs regards et leurs gestes.
Azruphel pressa plus fortement la main de Thorin lorsque celui-ci caressa tendrement sa joue. Elle chercha même à augmenter le contact avec lui, avec la chaleur de ses doigts. Ce contact si apaisant et agréable, celui d'un homme ardent, passionné et aimant. D'un homme auprès de qui elle pouvait se sentir en sécurité et en confiance. Rares ont été les moments aussi riches en émotion pour Azruphel, depuis qu'Estelmo l'avait quitté. Mais elle ne pensa pas à lui. Elle savait faire la différence entre son seul et véritable amour, ses conquêtes sans lendemain et les hommes qui auront compté dans sa vie. Et Thorin faisait partie de cette dernière catégorie.
Fatiguée de toujours devoir sembler forte et indépendante, Azruphel s'abandonna totalement aux mains de Thorin. Cela faisait trop longtemps qu'elle n'avait pas tombé son masque. Son rôle d'oracle ne le lui permettait pas et elle se devait de paraitre invincible et sans faille. Mais là, elle en avait assez. Les prochains jours allaient être d'une extrême violence aussi bien physique que psychique, alors elle n'allait pas laisser passer cet unique moment de répit.
Thorin la sentit se détendre complétement. Il eut soudainement peur, car il prit cela pour un malaise. Mais lorsqu'elle lui offrit un regard implorant, il comprit qu'elle s'offrait entièrement à lui.
Alors pour éviter de réitérer la maladresse de leur dernier baiser, Thorin mit toute la douceur dont il était capable dans ses gestes. Il ne voulait pas se précipiter comme la dernière fois. Avec une infinie lenteur, il s'approcha d'Azruphel, profitant intensément de chaque instant.
Au fur et à mesure que leurs lèvres se rapprochaient, ils sentirent la passion les envahirent. Thorin plaça délicatement sa main derrière la nuque d'Azruphel, lui offrant un appui. Son souffle se mêla à sa respiration tremblante. Puis après un imperceptible arrêt, Thorin combla le vide qui les séparait.
Leur baiser n'avait rien à voir avec le premier qu'ils avaient échangé. Tout n'était que tendresse et sensualité. Leurs bouches se goutèrent avec une lenteur qui contredisait les impulsions de pur contentement qui pulsaient dans leurs veines.
Des frissons de plaisir parcoururent le corps d'Azruphel. Thorin ne savait s'ils étaient dus au froid. Alors sans cesser leur baiser, il se rapprocha d'elle et colla son buste contre le sien.
Vêtu d'une simple tunique, le corps brûlant du Nain réchauffa immédiatement Azruphel. Elle préféra délaisser les couvertures, pour mieux profiter du brasier qu'était Thorin. Elle glissa ses bras autour du cou du Prince et se pressa encore plus contre lui.
Sentir sa poitrine s'aplatir contre son torse, déclencha une puissante vague d'excitation chez Thorin. Sa main libre glissa sous la chemise de la jeune femme, remontant en effleurement le long de sa colonne vertébrale. Ce traitement eut l'effet escomptait, car Azruphel ne put retenir un langoureux gémissement. Il s'attarda sur une zone qu'il découvrit particulièrement sensible. Du bout de ses doigts, il lui caressait le creux de ses reins. Les gémissements d'Azruphel se firent plus prononcés et sa respiration plus saccadée.
Tout en continuant ses caresses, Thorin abandonna sa bouche pour venir embrasser son cou, puis la naissance de sa poitrine. Il la sentait qui commençait à se mouvoir de façon explicite.
Après plusieurs minutes sur ce même rythme, Thorin voulu la sentir plus près de lui. Il voulait sentir sa peau contre la sienne, profiter de chaque parcelle de son corps. Alors, toujours avec beaucoup de douceur, il lui ôta son unique vêtement.
Assise devant lui, nue et embrumée par le désir, Azruphel laissa tout le temps nécessaire à Thorin pour la détailler avec minutie. Le Nain glissa son regard sur chacune de ses courbes, s'attardant sur ses seins avec délice. Puis il voulut remonter vers son visage, mais ses yeux se heurtèrent aux deux anneaux qui pendaient autour de son cou.
Thorin ne put s'empêchait de penser à cet homme qui avait partagé sa vie avec Azruphel. Elle lui avait précisé que son cœur n'avait appartenu qu'à cet Estelmo. Ce soldat qui l'avait sauvé, qui avait veillé sur elle, qui avait été bon et serviable, choses que lui n'avait jamais été avec Azruphel. Depuis près de 3000 ans, elle avait gardé ces alliances, comme de précieuses reliques de leur amour disparu. Si elle les avait conservées sur elle depuis tout ce temps, cela signifiait que le lien qui les unissait été encore fort. Quelle place avait-il au milieu de tout cela?
Azruphel remarqua le trouble de Thorin. Elle ne comprit pas immédiatement la raison. Mais voyant que le regard du Nain ne se détachait pas du même point fixe qu'il observait depuis un long moment, elle baissa la tête pour voir ce qu'il le perturbait. Elle saisit de suite la source de son souci.
Alors, sans attendre plus longtemps, Azruphel passa la chaîne par-dessus sa tête et se recula pour la déposa sur le sol. Puis elle regarda Thorin, mais ce dernier semblait hésiter à reprendre les choses où ils les avaient laissées. Elle comprenait son malaise, et elle savait que Thorin n'oserait plus rien entreprendre si elle ne le rassurait pas.
Elle se rapprocha alors de lui, puis elle saisit son visage entre ses deux mains. Tendrement, ce fut elle qui l'embrassa. Un baiser sans scepticisme.
Mais pour lui montrer qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter de ses sentiments, elle décida de ne pas chercher à en prouver plus. Si ses actes ne pouvaient le lui montrer, alors nulle parole n'y arriverait.
Elle mit rapidement fin au baiser, mais ce ne fut que pour qu'elle puisse lui enlever sa tunique, qui faisait barrage entre leur corps. Thorin se laissa faire calmement, même lorsqu'à son tour, Azruphel observa avec envie son large torse.
Mais le calme fut difficile à garder pour Thorin, lorsqu'Azruphel passa sa main dans l'épaisse toison qui recouvrait son buste. Sentir ses doigts aller et venir sur ses pectoraux, était une douce torture que le Nain avait bien du mal à supporter. Elle avait réussi à le convaincre de ne pas douter de ses sentiments à son égard.
Azruphel remarqua l'effet que ses caresses avaient sur lui et ne put retenir un sourire taquin.
Thorin n'en pouvait plus. Il ne pouvait pas tenir plus longtemps face à ce joli minois. Tous ses muscles étaient bandés par le supplice. Il était temps pour lui de reprendre le contrôle de la situation. Non pas qu'il trouvait cela désagréable, mais il souhaitait juste participer également.
Il finit par craquer et il lui fit relever la tête pour capturer ses lèvres. Il se fit un peu moins tendre mais elle ne lui en tint pas rigueur.
Peu de temps après, Thorin fut débarrassé de tous ses vêtements et dans la pénombre de la chambre, avec juste les flammes vacillantes de l'âtre, ils oublièrent tous leurs tourments, leurs doutes et leurs craintes. Ils firent l'amour pour la première fois… mais aussi pour la dernière. Mais cela, seul Azruphel en avait conscience.
§
Allongée sur Thorin, Azruphel profitait de ce tendre moment, bercée par la respiration de son amant qui s'était assoupi. Mais malgré les instants magiques qu'ils avaient vécus, elle avait le cœur lourd de devoir le quitter si rapidement. Elle aurait tant aimé rester à ses côtés, le protéger de son funeste destin. Mais c'était peine perdue et elle le savait pertinemment, puisqu'elle avait vu son futur. Il était inutile de se rebeller contre les desseins de Mandos. Elle avait déjà tenté de le faire sans succès par le passé.
Azruphel releva la tête vers Thorin. Il dormait et paraissait si serein, chose qu'elle n'avait jamais vu jusqu'alors. Au moins, elle le quittait en sachant que son esprit était plus apaisé. Car oui, elle s'apprêtait à partir.
Elle ignorait l'heure qu'il était. La nuit était encore sombre dehors, mais l'aube n'allait sans doute pas tarder à se lever. Avec mille précautions, elle se décolla de Thorin sans le réveiller. Elle chercha ensuite son collier, puis le remis à sa place.
L'absence du corps d'Azruphel sur lui, avait fini par sortir Thorin de son sommeil. Il la chercha des yeux, mais elle n'était pas très loin. Elle était dos à lui, au bout du matelas. Elle remarqua son réveil et se retourna vers lui, un mince sourire aux lèvres. Thorin se releva pour aller la prendre amoureusement dans ses bras forts. Il l'embrassa avec la même tendresse.
Sans lui faire de mal, il l'enserra étroitement. La peur de la perdre, se fit sentir. Il se sentait enfin bien. Un sentiment d'être entier, complet, comme si elle était une partie manquante de son propre être. Il l'avait retrouvé et pouvait enfin être celui qu'il aurait dû toujours être. C'était une impression qu'il avait déjà ressenti lorsqu'il l'avait aperçu la première fois dans ce village d'Hommes aux pieds des Montagnes Bleues. Mais maintenant, cette impression était devenue une réalité.
Tout en la pressant contre lui, il discerna une chose froide. Il mit fin au baiser pour voir de quoi il s'agissait.
Thorin osa prendre entre ses doigts les objets de son précédent malaise.
- Ai-je au moins une place dans ton cœur ? demanda Thorin tout en regardant les anneaux d'Azruphel.
- Pourquoi en doutes-tu ? répondit-elle peinée par la question du Nain.
Il ne dit rien.
- Thorin, il faut que tu comprennes qu'il aura toujours une place spéciale pour moi. Il fut l'unique homme avec qui je me voyais passer toutes mes années, auprès de qui je m'imaginais vieillir. Ma vie avec lui n'avait pas encore le goût amer de l'immortalité, comme je la connais désormais.
Elle obligea Thorin à la regarder dans les yeux.
- Ce sont les seuls choses qui me restent de lui. Même mes souvenirs ont fini par se perdre. J'ai fini par ne plus me rappeler de ses yeux, de son visage. Ce sont les seules choses qui me rappellent encore mon passé, ma vie telle qu'elle aurait dû être. Mais même en les ayant avec moi, je me sens comme à des milliers de miles de chez moi. J'aurais beau connaitre le chemin pour y retourner, jamais je ne m'y retrouverai. Je suis comme morte et mon âme est devenue glacée. Tu as réussi à me réchauffer, à m'apporter une étincelle du passé. Et pour ça, tu auras toujours une place dans mon cœur, même si il redevient froid par la suite lorsque le temps aura encore fait son œuvre. *
Thorin relâcha les anneaux. Il ne pouvait qu'essayer de la comprendre. Il n'avait pas le poids des siècles qui le malmenait. La seule chose qu'il put faire, ce fut d'accepter ses paroles.
Ils restèrent encore un long moment silencieux, dans les bras l'un de l'autre.
- Tu as froid. Tu devrais te couvrir, déclara Thorin en remarquant ses légers frissons.
- Tu as raison. Je vais m'habiller, dit Azruphel en se décollant de lui pour mettre debout.
Thorin n'avait pas pensé à cela lorsqu'il lui avait dit de se couvrir. Il fut pris au dépourvu lorsqu'elle prit, les uns après les autres, ses vêtements de voyage pour les enfiler.
- Comptes-tu partir dès maintenant ? demanda Thorin dont le ton de la voix montrait qu'il était soucieux de sa réponse.
- Oui, il le faut, répondit-elle tout en continuant à s'habiller.
Thorin se releva à son tour, remit son pantalon et alla jusqu'à la table où la décoction d'Oïn attendait d'être bu depuis un long moment. Il tendit la tasse à Azruphel.
- Qu'est-ce donc ?
- Une préparation d'Oïn pour t'aider à récupérer, semble-t-il. Si tu dois absolument partir maintenant, avale au moins cela avant.
Azruphel prit la tasse et la bu d'une traite. Elle avait confiance en Thorin et ne doutait pas du contenu. Leur différence de taille était plus nette lorsqu'ils se tenaient debout, alors Azruphel s'assit pour éviter à Thorin de se sentir complexé. Le Nain ne le lui avait jamais vraiment dit, mais elle se doutait que cela devait le déranger par moment.
Profitant d'être assise, elle chaussa ses bottes.
- Tu ne cherches pas à me retenir ? dit-elle.
- A quoi bon. J'ai fini par comprendre que quoi qu'il arrive, tu as ton propre chemin à suivre, comme chacun d'entre nous. Tu sais d'avance que tu dois partir, donc j'aurais beau te prier de rester, rien ne pourra t'en empêcher.
Thorin ne disait pas cela de gaieté de cœur. Il était peiné de savoir qu'elle le quittait aussi rapidement. Il aurait tant aimé profiter de sa douce présence apaisante. Mais non, c'était au moment où enfin ils avaient concrétisé leur amour, qu'il devait se séparer d'elle. La reverrait-elle ? Si oui, quand ? Il espérait que lorsqu'Erebor serait enfin délivrée de Smaug, elle viendrait le rejoindre, mais quelque chose lui disait que non.
Thorin s'assit également et réfléchit à ce qu'elle lui avait dit durant la nuit. Elle lui avait parlé de « Règne éphémère ». S'agissait-il du sien ? Et si c'était le cas, qui régnerait après lui ? Azruphel n'était jamais venue dans les Montagnes Bleues pour bénir un de ses neveux, comme il semblerait qu'elle le fasse pour chaque héritier de Durin.
- Serais-tu devenu sage, Thorin ? dit Azruphel à côté de lui, avec un petit ton ironique.
Cela le sorti de ses questionnements, qu'il savait inutile car elle n'allait pas lui donner les réponses.
- Même si je dois partir, tu as le droit de protester. Ce n'est pas interdit. Ça ne changera rien, mais au moins tu pourras te dire que tu auras essayé.
Thorin ne put retenir un léger sourire devant son visage qui se voulait moqueur. Mais il n'essaya même pas de la convaincre de rester.
Lorsqu'Azruphel eut fini de se vêtir, elle prit le temps pour manger ce qu'Oïn avait apporté. Autant elle mangeait avec appétit, que Thorin la dévorait des yeux. Ils ne parlèrent pas.
Puis elle jeta un coup d'œil par la fenêtre.
- L'aube arrive. Il ne faut pas que je tarde plus, déclara-t-elle sérieusement.
Thorin alla se rhabiller entièrement pendant qu'Azruphel se tressait les cheveux à sa manière habituelle. Elle revêtit ensuite son manteau, puis sans un mot, elle sortit de la chambre, Thorin à sa suite. La maison était encore calme à cette heure et tous les Nains dormaient encore.
Tous sauf Dwalin, qui était déjà debout, à moins qu'il ne soit resté éveillé. Le guerrier se leva d'un bond en les apercevant. Il savait que leur guide était revenue à la vie, mais il ne s'était pas attendu à ce qu'elle sorte de sa chambre aussi rapidement, et encore moins à ce qu'elle les quitte.
Dwalin la regarda incrédule lorsqu'elle passa devant lui, en le saluant d'un mouvement de tête.
Azruphel se tourna vers Thorin et dit :
- Il me faut un cheval et des armes.
- Le maître de cette ville nous a donné accès à son armurerie, je vais t'y conduire, expliqua Thorin. Dwalin ? Peux-tu te charger de trouver une monture ?
Dwalin acquiesça.
Ils prirent ensemble le chemin de la sortie. L'air frais du petit matin était vivifiant. Il fallait dire que l'hiver approchait à grands pas. Dwalin partit de son côté, tandis qu'Azruphel suivit Thorin jusqu'au stock d'armes de la ville.
Le lieu était surveillé par des gardes qui les laissèrent passer sans poser de problème. Les ordres du maître avaient été suffisamment clairs : « Les Nains d'Erebor sont les bienvenus ici »
Azruphel vit un tour rapide de l'ensemble des armes. Bien sûr, elle ne trouva pas d'épée comparable à sa chère lame restée dans la cité elfique, mais elle choisit une arme de remplacement convenable ainsi qu'une paire de couteaux, au cas où.
Une fois équipée, elle rejoignit Thorin à l'extérieur et toujours aussi silencieusement, ils se dirigèrent vers l'unique pont qui emmener jusqu'à la terre ferme. Dwalin les y attendait avec la monture la plus robuste et endurante qu'il réussit à trouver dans cette ville de pêcheurs.
Azruphel resangla la selle du cheval avant de monter sur son dos.
- Où vas-tu aller ? demanda Thorin.
- Dans un premier temps, je vais aller récupérer mes biens, répondit Azruphel tout en dégageant son manteau sur la croupe du cheval.
- Comment ? répliqua le Prince estomaqué. Tu retournes dans cette forêt et vers celui qui t'as délibérément fait souffrir.
- Oui, Thorin. Tu connais la valeur de son épée. Il est impensable pour moi de m'en séparer.
- Mais nous venons de nous échapper de leurs prisons. Comment crois-tu que leur Roi va t'accueillir si tu y retournes maintenant, commença à s'énerver Thorin.
- Tu n'as pas à t'inquiéter pour cela. Tout ira bien pour moi, tenta de le rassura Azruphel.
- Comment veux-tu que je ne m'inquiètes pas ? D'ailleurs il y a des créatures bien plus redoutables. Tu étais…, Thorin hésita à dire ce mot, tu étais morte lorsque nous avons fui, mais il faut que tu saches que des Orques étaient à trousse.
- Des Orques ?
Azruphel devint très intéressée par les informations que lui donnait Thorin. Est-ce que cet Orque après qui elle en avait, était parmi eux ? Est-ce que Bolg était présent ?
Cette possibilité réveilla en elle son désir de vengeance toujours inachevée. Elle regarda avec un vif intérêt la bordure de la Forêt Noire, visible non loin de là, dans cette fin de nuit.
- Azruphel, reprit plus calmement Thorin inquiet par l'attention qu'elle avait eu suite à cette nouvelle.
L'oracle reporta son regard sur l'héritier de Durin. Elle vit qu'il était soucieux.
- J'ignore ce que tu as l'intention de faire, mais pitié fait attention. Ne prends pas de risques inutiles.
- Même si je ne crains pas les blessures, je veux bien te le promettre, se résigna-t-elle à dire juste pour le rassurer.
A ce moment précis, le premier rayon du soleil pointa à l'horizon.
- Il est temps pour moi de vous quitter, exprima-t-elle d'un ton solennel. Maître Dwalin, je vous souhaite que vos haches trouvent le crane de vos ennemis.
Dwalin s'inclina vers elle, puis recula pour laisser Thorin seul avec la jeune femme.
- Prince d'Erebor, la Montagne tant désirée est proche. Le dragon sera votre première cible, mais un ennemi plus effroyable viendra promptement. N'ayez aucune crainte sur votre capacité à les repousser.
Thorin ne comprenait pas pourquoi elle se remettait à le vouvoyer après ce qu'il avait vécu durant la nuit. Elle s'apprêtait à partir, mais il s'interposa entre le cheval et le pont.
- Allons-nous nous revoir ? s'enquit Thorin.
Il ne voulait pas qu'elle parte. Il voulut gagner encore un peu de temps. Elle ne pouvait pas partir comme ça. Elle ne pouvait pas lui annonçait une vague prédiction et s'enfuir l'instant d'après. Pas après cela.
Thorin s'approcha à son niveau et posa une main sur sa jambe.
Azruphel se résolu à lui répondre. La peine de leur séparation se lisait dans le regard du Nain.
- Te reverrai-je ? demanda Thorin à la limite de la supplication.
- Oui, Thorin. Nous nous reverrons, fini-t-elle par répondre.
Elle ne put lui en dire plus, car elle savait d'avance que ce moment sera particulièrement douloureux. Mais Thorin sembla satisfait par cette réponse.
Alors dans un élan d'affection, elle se pencha vers lui et déposa un dernier baiser sur ses lèvres.
- Oui, nous nous reverrons… Roi d'Erebor, murmura-t-elle à la fin de son baiser.
Le cheval partit au galop et avec l'aube naissante, Azruphel s'éloigna de Thorin pour finir par disparaître dans la sombre forêt.
Thorin ne le vit jamais, mais des larmes coulaient sur les joues d'Azruphel.
J'espère que la fin vous convient...
J'ai beaucoup aimé écrire cette fic jusqu'à maintenant, et j'espère que vous avez prit plaisir à la lire et que malgré les prochains chapitres un peu plus aléatoires, vous continuerez à suivre l'histoire d'Azru.
La reprise de l'histoire, là où je la laisse à la fin de ce chapitre, reprendra fin 2014 ou début 2015. Je pense que ma fic ne prendra réellement fin que dans 1 an et demi environs, car je compte poursuivre le récit de la vie d'Azru après la reconquête d'Erebor. C'est à dire durant la Guerre de l'Anneau (mais pas dans la communauté...)
Si vous avez aimé, un petit message est le bienvenu (y compris si vous avez pas aimé)
Biz
Sacrok
* ce passage est inspiré d'une chanson qui m'a elle même inspiré lorsque j'ai commencé à écrire cette fic. Les paroles m'ont inspiré la vie d'Azru, sa vie de combat, sa vie loin des siens, son impression d'être "morte et délaissée"...
Je ne donne pas le titre, alors est-ce quelqu'un trouvera?
