Bonjour à tous,

Nouveau chapitre : "Le temps qui passe"

Je suis super contente car grâce à vous ma fic a dépassé les 200 reviews. Merci beaucoup :D

J'ai eu un mal fou à terminer ce chapitre, mais j'y suis enfin arrivée. J'espère qu'il sera à la hauteur des autres.

Alors concernant ce chapitre, vous allez sans doute voir que j'ai écourté des passages, quand je ne les ai pas complétement coupé. Ce qui est le cas de la mort de Thalin (oups, je fais du spoil... mais bon, vous vous en serez doutés), mais j'ai pas réussi à l'écrire car je pleurais déjà avant de commencer. Je l'aimais bien ce nain...

Il y a aussi un passage sur la guerre de l'Arthedain. J'avais l'intention d'en faire plusieurs chapitres mais je l'ai réduit à quelques lignes. Peut être que je le développerai quand j'aurais fini mon histoire, si cela vous dit.

Dans ce chapitre, vous allez également savoir comment Azru a reçu son épée. Souvenez-vous du chapitre 5, l'épée qu'elle demande à Thorin d'affûter. celle que Durin VI lui a offerte.

En fin de chapitre vous trouverez une question à laquelle j'aurais besoin que vous me répondiez. Merci d'avance.

Je vous souhaite une bonne lecture.


Merci à aliena wyvern, SchottishBloodyMary, Julindy, Venin du Basilik, Elionna , fantasiart et Lana Hale pour leur review.

réponse à Lana Hale :

Merci d'avoir pris le temps de lire tous mes chapitres.

Non rassures toi, je n'ai pas abandonné cette fic.

Tu es bien la première à me dire que Thorin devient fleur bleue. Il faut comprendre qu'un nain n'aime qu'une seule personne dans sa vie (un peu comme les elfes). Thorin a connu Azru alors qu'il était très jeune et sans qu'il s'en rende compte son cœur s'est épris d'elle.

Oui j'ai bien profité des zones d'ombre laissées par Tolkien. Elles servent bien mon histoire et j'en ai encore pas mal en réserve (fin de la lignée royale du Gondor, dragons du Nord, fondation du Rohan, etc...)

Pour ce qui est de la fin tragique de la lignée de Durin, malheureusement Azru ne pourra rien y changer. Elle a compris que quoi qu'elle fasse, ce qui est prévu se réalise toujours. Désolée. J'espère que tu continueras à lire malgré cela.

A bientôt. Biz


Merci à Lunagarden pour avoir corrigé mon chapitre.


Thalin ne put se retenir de porter la fine main de l'oracle à ses lèvres pour y déposer un baiser. Et enfin son souhait le plus cher se réalisa.

Elle lui offrit un sourire.

Un sourire non feint. Un vrai sourire qui se reflétait jusque dans ses yeux. Un sourire qui fit disparaître toutes ses peines et ses désillusions passées.

Un sourire, préambule de son futur bonheur.


Année 1842 du Troisième Age

Dans une chambre de Khazad-dûm, un couple insolite dormait profondément.

Dans ce cocon protecteur, où nul ne se doutait ce qu'il s'y tramait, ils pouvaient s'abandonner complétement sans peur ni pudeur. C'était l'un des rares endroits où ils pouvaient donner libre cours à leur amour.

Bercée par la lente respiration de Thalin, Amarthêl profitait d'un repos bien mérité. Les attaques de Gobelins étaient de plus en plus nombreuses et elle prenait part à chaque bataille. Tout comme Thalin, mais ce dernier était un nain dans la force de l'âge et il était bien plus résistant que son amante.

La relation père-fils entre Thalin et Durin s'était nettement améliorée. Le sixième du nom demandait plus facilement des conseils à son père et ils conversaient comme ils auraient toujours dû le faire. Thalin reprit petit à petit sa place qu'il avait délaissée, lâchant sa place de responsable de la sécurité interne de Khazad-dûm pour celle des troupes armées.

Amarthêl n'eut plus beaucoup de leçons à donner à Durin. Il avait rapidement retenu ses conseils et lorsqu'il prit place sur le trône il les appliqua avec soin. Enfin pas toutes. Notamment la prédiction de l'oracle concernant l'avidité des Nains à vouloir creuser toujours plus profondément au risque de réveiller un démon du passé. Amarthêl avait indiqué son inquiétude à ce sujet mais Durin fit la sourde oreille. L'attrait du mithril était bien plus fort.

Durin devint roi à l'âge de 67 ans, à la mort de Narvi. Bien qu'il soit très jeune, Durin avait la prestance et l'âme d'un souverain. Malgré les batailles contre les Gobelins, son règne allait être synonyme de faste et de richesse. Bien que cette grandeur serait à l'origine de la perte de la Moria.

Amarthêl ne séjournait pas constamment dans la grande cité des Nains. Elle gardait un œil sur Angmar et sur l'Arthedain, bien qu'elle ne participait plus à ce conflit. Par contre, elle avait coupé les ponts avec Fondcombe et le Lindon. Une irritable colère la prenait quand elle pensait aux Elfes, et hormis Glorfindel et Amroth, elle ne faisait plus confiance en cette race.

La vie parmi les Nains était très différente de ce qu'elle connaissait, mais elle avait appris leurs coutumes et leurs habitudes. Et chose exceptionnel pour un étranger, Durin la respectait tellement qu'il avait donné son autorisation pour que les secrets du Khuzdul lui soit révélés. Amarthêl, habituée à l'apprentissage des langues, n'eut pas de grosses difficultés pour l'apprendre, d'autant plus que sa langue natale, l'adûnaïc, avait été construite sous l'influence du Khuzdul. Et puis Thalin s'était révélé être un très bon professeur.

Dans ses bras, Amarthêl avait l'impression de revenir 1700 ans en arrière, lorsqu'elle était avec Eärendil. Bien qu'ils soient complétement différents l'un comme l'autre, ils avaient réussi à lui apporter tout l'amour qu'ils étaient capables de donner. Affection et passion étaient également au rendez-vous, mais rien ne pouvait égaler l'amour de sa vie, Estelmo. Ce dernier aurait toujours une place particulière dans son cœur.

Encore toute endormie, bien au chaud sous les peaux de bêtes qui servaient de couvertures, Amarthêl n'avait absolument pas envie de se lever. Thalin semblait être du même avis qu'elle, car lui non plus ne montrait pas de signe qui indiquait qu'il voulait sortir du lit.

Ce fut de puissants coups contre la porte de la chambre de l'oracle qui les réveillèrent pour de bon. Amarthêl reconnu la voix de Durin qui l'appelait derrière la porte.

- Êtes-vous là ? demanda le roi dans le couloir.

- Oui… oui ! Un instant, s'il vous plait, bredouilla-t-elle.

Elle se leva aussitôt et prit le premier vêtement qui lui passait sous la main, c'est-à-dire le manteau de fourrure de Thalin. Lorsqu'elle s'aperçu de ce détail elle se précipita de le changer, tout en prenant soin de le cacher sous le lit. Tout comme les autres effets du nain qui suivirent le même chemin.

De son côté Thalin fut moins prompt à réagir, et elle dut silencieusement le brusquer pour qu'il se dissimule hors du champ de vision de son fils. Personne ne connaissait leur secret et personne ne devait jamais savoir.

Allongé sur le sol de l'autre côté du lit, Thalin se tapi et se fit silencieux en attendant qu'Amarthêl se débarrasse du gêneur, fut-il son fils et souverain.

L'oracle inspecta une dernière fois la chambre pour s'assurer qu'il n'y avait pas d'indices qui pourraient indiquer la présence de Thalin. Vêtue d'une simple tunique tout juste assez longue pour la cacher, elle ouvrit la porte au jeune roi.

- Durin, que puis-je pour vous ? lança-t-elle innocemment tout en se recoiffant.

- Des éclaireurs viennent de rentrer. Ils ont surpris des troupes de Gobelins au Nord-Ouest. J'ai besoin de votre expertise à ce sujet.

Il répondit à la volée mais lorsqu'il s'aperçu de la tenue légère de son amie, Durin se détourna rapidement.

- Je vous ai réveillé… j'en suis confus, bafouilla-t-il.

- Non, il n'y a pas de soucis. Je suis juste un peu fatiguée et le confort de mon lit m'a retenu trop longtemps. Je suis à votre disposition dans quelques minutes.

- Prenez votre temps.

Puis le roi s'éclipsa sans rien ajouter. A 111 ans, Durin représentait sa race dans toute sa puissance, sa virilité et sa fierté. Sa barbe aussi blonde que ses cheveux était incroyablement fournie et richement ornée. Sa carrure n'avait jamais cessé de se développer et il était impressionnant à regarder. Et malgré son apparence trapue il se révélait être un talentueux guerrier agile, précis et rapide.

Amarthêl referma la porte et ne put retenir un soupir de soulagement. Il était de plus en plus rare que Durin vienne la rechercher personnellement pour lui demander des conseils, et comme très souvent il interrompait les moments d'intimité qu'elle partageait avec son père. Une chance que Durin ne rentre jamais dans sa chambre.

Thalin se releva en grognant. Devoir se cacher ne lui plaisait guère mais ils n'avaient pas le choix. Impossible pour lui de fuir sa patrie pour vivre son idylle, alors que la Moria avait besoin de lui. Il aimait Amarthêl comme un joyau d'une grande rareté mais qu'il devait garder à l'abri des regards et ne jouir de sa possession qu'en solitaire.

Devant la mine ronchon de Thalin, Amarthêl vint jusqu'à lui pour l'embrasser amoureusement. Un geste qui apaisa instantanément le mauvais caractère du nain. Loin d'être jovial et rieur, Thalin était toujours dans la retenue et la contenance. Mais elle avait su lire dans ses yeux toute la bienveillance et la douceur qu'il cachait sous son masque.

Thalin ne put s'empêcher d'approfondir le baiser. Il fit glisser ses épaisses mains sous la tunique d'Amarthêl pour lui caresser le dos d'abord en douceur puis plus fermement. La fièvre s'emparait rapidement d'eux et Thalin, n'en tenant plus, lui ôta son unique vêtement. Entièrement nue face à lui, elle se laissa observer sans se cacher, taquinant Thalin avec un regard équivoque. Après un grognement animal, Thalin la souleva pour l'allonger sur les peaux de bête du lit. Alternant caresses tendres et étreintes vigoureuses, les deux farouches guerriers entreprirent un combat d'où ils sortiraient tous les deux vainqueurs.

Après une dernière embrassade, ils finirent par se rhabiller. Ils avaient fait attendre Durin trop longtemps. Thalin sortit en premier de la chambre, en toute discrétion. Amarthêl fit de même plusieurs minutes plus tard.

Comme à leur habitude, en publique ils n'échangèrent aucuns regards ou gestes qui pourraient trahir leur relation. La réunion avec Durin se conclu par la décision d'attaquer de front les Gobelins pour éviter de laisser avancer encore plus au risque qu'ils découvrent l'entrée de Khazad-dûm.

Malgré sa fatigue, Amarthêl prit part à l'expédition. Elle se prépara puis rejoignit la porte Ouest. Une routine qu'elle connaissait trop bien. Depuis qu'elle séjournait ici, elle avait l'habitude de prendre la tête de la troupe de guerriers nains. Durin ne participait pas à chaque bataille et ce jour-ci il n'était pas présent.

En attendant que la troupe soit au complet pour partir, Amarthêl patientait seule en observant l'étang qui s'étendait devant la porte. Sa surface calme et placide était apaisante. Un moment de tranquillité avant la fureur des combats.

Sans prévenir, une vision traite troubla sa tranquillité. Elle les détestait au plus haut point mais depuis qu'elle acceptait de se servir de son don pour aider Durin, elle n'en avait pas eu depuis plusieurs années. La plupart concernait l'Arthedain et elle s'apprêtait à voir des visions du Nord. Mais ce ne fut pas le cas cette fois-ci.

A mesure que les détails de l'avenir se révélaient à elle, Amarthêl se sentait défaillir. C'était une vision sur le futur proche, très proche, trop proche. Elle ne voulait pas y croire. Elle n'avait jamais voulu connaitre cet événement. Ce funeste destin qu'elle avait tant espérer ne jamais voir se produire. Comportement pathétique car la mort rôde sur la tête de chaque être vivant en ce monde. Elle le savait très bien mais le simple fait d'y avoir pensé la rendait triste au possible.

Ce fut Thalin qui vint la surprendre à la fin de sa vision. Le teint de son amante était livide et pâle. Il s'inquiéta.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-il anxieux en la prenant par le bras.

Le contact la fit revenir à elle, et lorsqu'elle vit son visage, elle ne put retenir ses larmes. Elle se retint de le serrer contre elle. Terrifiée par ce qu'elle avait vu, elle était incapable de dire le moindre mot. Thalin ne comprenait pas sa réaction. Elle était pourtant si calme l'instant d'avant. Maintenant elle était littéralement effrayée. Souhaitant connaître l'origine de son trouble, il l'amena à l'abri des regards.

- Que t'arrive-t-il ?

- Plus d'effectif ! Il faut plus de soldats pour cette bataille, cria-t-elle presque hystérique.

Thalin dut la plaquer contre un rocher, sa main sur sa bouche pour la faire taire et éviter d'attirer l'attention.

- Calme-toi. Tu as eu une vision, c'est bien ça ?

Elle acquiesça d'un signe de tête.

- Dis-moi tout mais dans le calme, continua Thalin en la libérant.

En la lâchant, Amarthêl se laissa glisser jusqu'au sol. Recroquevillée et mains enserrant sa tête, il lui fallut un peu de temps pour se tranquilliser. Compréhensif, Thalin s'agenouilla face à elle et tenta de la rassurer en lui caressant les bras.

- Il ne faut pas que tu viennes, finit-elle par articuler.

- Comment ça ?

- Il faut que tu restes ici, insista-t-elle avec ses yeux brillants de chagrin. Reste ici pour moi, s'il te plaît.

- Qu'as-tu vu ?dit-il sérieusement.

Elle baissa les yeux, tellement la douleur dans son cœur était grande. Mais c'était bien trop dur et elle combla l'espace qui les séparait pour se jeter sur lui, en pleurs. Par reflexe, il l'enserra dans ses bras

- Thalin, pleura-t-elle. Je t'ai vu mourir.

Le choc de l'annonce le frappa de plein fouet. Il comprit instantanément la peine et l'effroi qu'elle vivait, car il avait lui-même ressentit cela lorsque l'oracle était mourante. Heureusement pour lui, elle n'avait pas passé l'arme à gauche. Mais dans le cas d'une vision, il était certain que cette fois ce sera lui qui ne passera pas la nuit.

Sans un mot, ils restèrent enlacés un long moment jusqu'à ce que les sanglots d'Amarthêl s'apaisent.

- Je t'en prie, reste dans les galeries aujourd'hui, implora-t-elle toujours lovée contre le cou de Thalin.

- Tu sais bien que c'est impossible.

Il l'obligea à lui faire face pour qu'il puisse la regarda dans les yeux.

- C'est mon devoir de défendre mon peuple, déclara-t-il. J'accepte mon destin sereinement. Si mon heure est venue, je suis heureux de pouvoir donner ma vie pour cette noble cause. Je suis prêt.

- Mais moi pas, protesta-t-elle. Je ne veux pas te perdre. Je ne veux pas me retrouver de nouveau seule.

- Tu savais pourtant très bien que ça arriverait un jour, tempéra-t-il. Je ne suis pas immortel. Je ne suis qu'un nain. Un nain comblé qui a eu l'honneur de pouvoir te connaitre, toi l'être le plus prestigieux de cet Age.

- Non, ne dis de telles choses. Je ne veux pas croire que tu m'as aimé pour ce que je représente.

- Je t'ai aimé dès le premier jour que je t'ai vu, ignorant qui tu étais. Tu le sais bien.

Thalin prit le visage d'Amarthêl entre ses mains rugueuses.

- J'aurais juste un dernier souhait, continua-t-il.

L'oracle fronça les sourcils, se demandant ce qu'il avait en tête.

- Je voudrais te voir sourire une dernière fois.

Un sourire d'Amarthêl avait été la chose qu'il avait espéré le plus au monde, et il se souviendrait jusqu'au bout de la première fois où elle lui en avait adressé un. Jamais il ne s'était lassé de la voir heureuse, tellement son visage irradiait d'une contagieuse félicité.

Mais la voir aussi éplorée lui fendait le cœur, et il voulait chasser ses larmes de ses souvenirs.

Amarthêl répondit à sa demande mais elle eut toutes les peines du monde à lui offrir un sourire naturel et franc. Les images de Thalin gisant dans son sang la terrassaient encore.

Aussitôt Thalin vint lui offrir un baiser passionné et chaud, sans être trop enflammé. Un dernier baiser qu'elle ne pourrait jamais oublier.

Lorsqu'il rompit le contact, elle le regarda intensément.

- Merci Thalin, reprit-elle calmement. Avec toi, j'ai passé de merveilleuses années. Les meilleures depuis des siècles.

Cette fois elle réussit à lui sourire sincèrement et hormis les traces qu'avaient laissées les larmes sur ses joues, elle paraissait heureuse.

Avant de se relever, Thalin lui embrassa le front tendrement. Elle le regarda s'éloigner d'elle. Bien qu'il approchait les 210 ans, Thalin était toujours aussi charismatique et vigoureux. Une particularité de la race des Nains, ils restaient au sommet de leur forme jusqu'à tard. Chez Thalin il n'y avait guère que ses cheveux qui trahissaient son âge.

Amarthêl resta seule jusqu'à ce que la troupe se mette en marche. Elle avait réussi à se construire un masque pour empêcher à quiconque de remarquer sa souffrance.

§

Après la mort de Thalin, Amarthêl se fit moins présente à Khazad-dûm. Obligée de garder sa peine bien cachée au fond de son cœur durant la durée des obsèques pour ne pas porter préjudice au défunt, elle déchargea sa haine pour son don de vision et son immortalité sur les Gobelins qui pullulaient dans les Monts Brumeux.

Durin put tout de même compter sur son aide lorsque cela était nécessaire.

Les années passèrent, bien plus longues et solitaires qu'auparavant.

En 1975, Amarthêl cessa de fuir le Nord et rejoignit les armées du Lindon, de Fondcombe et du Gondor, dans leur lutte contre le Roi-Sorcier d'Angmar.

Autre climat, même ennemi, autre guerre mais toujours des combats. La vie d'Amarthêl était un éternel recommencement. Périodes de terreur alternées de phases d'errance solitaires.

Son arrivée au campement noldorin en surpris plus d'un. Tous reconnurent sa silhouette encapuchonnée caractéristique. La rumeur de son arrivée la précéda et avant qu'elle puisse rejoindre la tente du Seigneur Elrond pour se présenter, Amarthêl fut accueillie chaleureusement par Glorfindel.

- Mon amie, la salua-t-il. Nous espérions tous votre venue. Et maintenant vous voilà. Que les Valar vous bénissent.

Elle tiqua à sa dernière phrase mais lui rendit son salut.

- Votre absence m'a énormément blessé et l'inquiétude ne m'a jamais abandonné, continua l'Elfe tout en marchant à côté d'elle. Où étiez-vous durant toutes ces années ?

- Je luttais à ma façon contre notre ennemi, expliqua-t-elle en restant vague.

- Voilà une bonne nouvelle ! De notre côté, ce conflit dure depuis dix mois maintenant. Les troupes s'épuisent peu à peu. Votre venue donnera un regain de vitalité bénéfique.

Tout en écoutant Glorfindel, elle observa les soldats. Elle les connaissait résistant et endurant mais leur visage ne trompait pas sur leur état d'esprit.

- L'ennemi est en grand nombre et des renforts arrivent constamment, expliqua Glorfindel devançant les questions de l'oracle. Notre armée s'en sort plutôt bien mais je n'en dirais pas autant des troupes du Gondor. Les Hommes sont faibles.

Le Gondor. A cette mention, elle ne put empêcher son esprit de repenser à sa terre natale. La nostalgie était de plus en plus forte. Comme elle avait aimé parcourir ces terres riches de souvenirs, mais avec le temps elle avait fini par se sentir comme une étrangère dans son propre pays. Pourtant son sang coulait encore dans les veines des Rois et son nom de princesse était devenu une légende. Une histoire qui parlait de l'amour entre le Roi Eärendil et Envinya, la toujours jeune. Elle avait suivi l'évolution de son histoire qui devint progressivement une légende que les amoureux se racontaient.

Glorfindel l'amena au près du Seigneur Elrond. Lui aussi la reçu comme le Messie, et ils partirent dans la foulée rejoindre le représentant de Círdan. Devant autant de considération, Amarthêl se détendit et fut courtoise envers eux.

Le soir venu, elle participa au dîner avec tous les généraux. La présence d'une femme en fit bondir plus d'un mais les présentations calmèrent les esprits.

Elrond lui présenta personnellement Eärnur, Prince et Général du Gondor, envoyé par son père le Roi Eärnil II, pour aider à reprendre l'Arthedain des mains du Roi-Sorcier. Elrond se garda de préciser à Eärnur le lien de parenté qui le rapproche d'Amarthêl, mais l'oracle connaissait parfaitement ce détail. Elle ne pouvait oublier son passé et bien qu'elle ne rendait plus visite aux Rois du Gondor, elle se tenait informée. Eärnur était de la 27ième génération depuis son fils Anardil. Le sang d'Elendil était toujours présent mais il avait perdu de sa puissance. Néanmoins elle reconnut la bravoure et la bonté d'âme de la célèbre lignée.

Suite à l'arrivée de l'oracle, il ne fallut que deux mois pour réussir à prendre l'avantage et mettre un terme à ce conflit.

Grâce à ses conseils, ils réussirent à faire sortir le serviteur de Sauron hors de Fornost, qui, devant la charge de l'armée des Elfes et des Hommes, finit par fuir. Eärnur grisé par la victoire ne put s'empêcher de le traquer jusqu'aux Landes d'Etten. Il fallut l'intervention des dons de voyance d'Amarthêl pour l'arrêter.

« Ce démon ne périra pas de main d'homme »

Frustré, Eärnur accepta difficilement de laisser filer son ennemi. Amarthêl savait que sa soif de vengeance serait à l'origine de la mort de son descendant, mais elle n'en dit mot.

L'Arthedain fut reconquise mais le peuple descendant des exilés de Nùmenor avait été décimé. Alors les survivants devinrent ceux qu'on allait nommer les Rodeurs, veillant dans l'ombre et défendant l'Eriador des menaces, espérant un jour revoir la grandeur de leur royaume redevenir ce qu'elle avait été.

§

Après un court séjour à Fondcombe, Amarthêl reprit la direction de la Moria. La victoire des Hommes avait fait déplacer les troupes Orques vers les Monts Brumeux. Elle y retrouva Durin et son fils Nàin, aux prises avec un bataillon entier, qu'elle aida à combattre.

- Que ferions-nous sans vous, mon amie, dit Durin en signe de remerciement.

- Ce n'était pas votre heure, Durin. Je n'ai donc aucun mérite, lança l'oracle tout en récupérant son arme figée dans le crâne d'un Orque.

Elle inspecta son épée recouverte de sang noir. La lame n'était plus toute jeune. Une arme forgée par les Hommes, qui n'avait pas la longévité des lames elfiques ou naines. Durin, dont l'œil était affuté, remarqua ce détail.

Ils regagnèrent Khazad-dûm ensemble et Amarthêl retrouva ses habitudes, mais sa chambre était depuis longtemps redevenue silencieuse et son lit froid. Alors elle préférait parcourir les galeries de la Moria, remarquant à chaque fois de nouveaux passages. Les Nains ne se lasseraient jamais de creuser la roche.

Lorsqu'elle découvrit le gouffre immense de la mine principale de mithril, elle ne put en voir le fond. Un mauvais pressentiment la saisit. Le souvenir de l'ombre et du feu revint à elle. Amarthêl était désormais certaine que la catastrophe était proche. La Moria allait bientôt être perdue et les Nains allaient devoir se battre contre un ennemi qu'ils ne pourront jamais vaincre.

Cet événement allait signer un tournant dans cet Age. Une pente douce vers une période encore plus sombre qui ne trouvera sa fin que dans plus d'un millénaire. Encore bien des épreuves et des tourments pour l'oracle.

Assise les pieds dans le vide incommensurable de la mine, Amarthêl laissait son esprit voleter au grès de ses souvenirs. Elle, l'être destinée à connaitre le futur, était sans cesse nostalgique du passé.

Regret envers tous ceux qu'elle n'avait pas pu sauver de leur mortel destin.

Amertume envers sa propre destinée.

Mélancolie envers les êtres aimés perdus.

Elle aimerait pouvoir comprendre Amroth lorsqu'il lui disait :

« Aussi longtemps que tu penseras à eux, ils vivront à jamais en toi. Mais cesse de les porter dans ton cœur et ils disparaîtront pour toujours »

Amroth avait toujours était de bon conseil mais il restait un elfe et de ce fait complétement différent de l'oracle. La définition de la mort n'était absolument pas la même dans leurs deux peuples et malgré son immortalité Amarthêl n'avait jamais adopté leur vision.

L'humaine fut sorti de ses pensées par Thràin, le petit-fils de Durin. Encore une fois son cœur se serra. Le temps passait et continuait de l'oublier.

- Mon grand-père m'envoie vous quérir, dit le jeune nain d'une quarantaine d'années.

Les cheveux noirs et encore imberbe, Thràin avait bénéficié à sa naissance d'une prophétie de la part de la jeune femme. Elle avait accordé à Durin cet honneur. A sa demande, chacun de ses descendants au trône recevra une prédiction. L'oracle n'avait pu dire non à ce nain qui l'avait si bien traitée et accueillie de façon royal.

Elle suivit le jeune nain jusqu'à la forge du roi.

Durin, comme tous les Nains, s'adonnait au travail des métaux. Plusieurs fois elle refusa les présents bien trop rutilants du souverain. Durin ne s'était jamais froissé et comprenait son refus. La vie d'errance de l'oracle ne lui permettait pas de s'encombrer. Pourtant le roi des Longues Barbes tenait à remercier celle qui lui avait appris tellement de choses sur le monde extérieur, sur l'art du combat mais également pour son amitié.

Durin se faisait âgé et à 245 ans, il savait que son règne touchait à son terme. Il avait œuvré durant plusieurs jours pour achever un présent spécial.

Amarthêl avait toujours eu du mal à supporter la chaleur étouffante des forges des Nains. Thràin l'avait laissé seule et ne voyant personne dans la forge, elle observa avec attention la pièce. Nombres d'objets de forme différente mais tous façonnés en métaux précieux, étaient dispersés un peu partout. Des tas de pierres précieuses attendaient d'être incrustés. Elle n'était plus impressionnée par cette abondance de richesse.

Son regard s'arrêta sur un long coffre en pierre sculptée posé sur le plan de travail. Sa curiosité n'avait pas été piquée depuis des années et elle dut se retenir pour ne pas regarder le contenu. Elle se contenta de scruter la boite avec attention.

Son attente commençait à se faire longue et la chaleur du feu l'obligea à se défaire de sa tunique chaude. Vêtue uniquement d'une chemise de lin, elle avait pourtant encore chaud. Heureusement Durin arriva peu de temps après.

- Vous m'avez fait demander ? annonça-t-elle respectueusement.

- Oui, mon amie Mais rien de grave, je vous rassure, répondit Durin. Je me fais vieux et je souhaite régler tous mes comptes avant partir.

- Vos comptes ? Mais vous êtes roi. Vous ne devez rien à personne.

- Si, il y a une personne à qui je dois beaucoup.

Le regard de Durin se fit doux et presque enfantin.

- Sans vous, je doute que mon royaume se trouve aujourd'hui dans une si bonne situation. Vous avez fait de moi un nain avisé et responsable. Vos conseils m'ont été bien plus utiles que tous les enseignements de mon grand-père.

- Durin, je vous répète que je n'ai jamais fait que vous ouvrir une voie que vous avez-vous-même choisi de suivre. Tous vos actes sont de votre initiative et je ne suis pas…

- Permettez-moi de penser le contraire, mon amie, la coupa-t-il. J'ai maintes fois voulu vous remercier à votre juste valeur mais les richesses ne sont pas votre préoccupation.

- Il est vrai que je n'accorde pas beaucoup de valeur aux biens matériels. Mais vous m'avez offert des moments inoubliables que dépasseront à jamais tous les trésors.

Elle offrit son plus beau sourire à Durin, qui sourit à son tour.

- Il n'empêche que je souhaiterai que vous acceptiez au moins ce cadeau, lui dit-il en posant le coffret de pierre vers Amarthêl.

- Durin…, soupira-t-elle devant l'entêtement du nain.

Mais il ne céda pas et ouvrit le coffret de quelques centimètres.

Amarthêl qui avait été intriguée par cette boite, finit par abandonner. Elle avança jusqu'au plan de travail et fit progressivement glisser le couvercle. Les flammes de la forge se reflétèrent sur le contenu du coffret et le visage d'Amarthêl fut éclairé d'éclats scintillants. Elle resta un instant interdite et immobile.

- Durin… C'est trop ! Je ne peux accepter, s'exclama-t-elle en reculant.

- Taillée pour vous exclusivement, reprit Durin en se saisissant du cadeau. Légère mais solide comme un diamant. Effilée et acérée, adaptée à votre manière de vous battre. Deux tranchants résistants et aussi immortels que vous, cette lame vous suivra jusqu'au bout.

Le nain tendit l'arme magnifique vers l'oracle qui le regardait incompréhensive.

- Je vous en prie, acceptez-la, supplia le roi en baissant la tête en signe de déférence. Je l'ai forgé à votre intention, de manière à pouvoir vivre à vos côtés, vous protégeant comme vous l'avez fait à de nombreuses reprises pour moi.

Devant le discours de Durin, Amarthêl ne put refuser le présent. Lorsqu'elle posa sa main sur la garde de l'arme, elle sentit un frison la parcourir. Non pas que le contact du métal était froid, mais plutôt à cause de la puissance qui en émanait.

Passée la première impression, elle empoigna fermement l'épée et la prit des mains de Durin. Le nain se releva et observa l'humaine qui faisait connaissance avec sa nouvelle arme.

Amarthêl prit son temps, et détailla avec soin et attention la fine poignée et la garde. Elle reconnaissait le travail de Durin et elle le remercia mentalement de ne pas avoir créé une épée trop extravagante. La richesse des métaux et des décors lui suffisaient largement.

Mais lorsqu'elle la tira de son fourreau, Amarthêl comprit toute sa valeur.

- Un alliage de mithril que j'ai moi-même conçu, expliqua Durin devant les yeux ébahis de l'oracle.

- C'est trop. Bien trop, Durin.

- Vous la méritez, dit-il sincèrement.

Amarthêl sortit entièrement la lame de sa protection. La lame argentée était une perfection d'équilibre. Ni trop lourde ni trop légère, elle ne pouvait avoir d'autre propriétaire qu'Amarthêl.

La marque de Durin était reconnaissable entre toutes et le nain y avait ajouté un message en Khuzdul qui le confirmait.

« Pour notre alliée, un présent de et par Durin sixième du nom »

- Allez s'y. Essayez-la, poursuivit-il.

Après un rapide regard vers le nain, Amarthêl ferma les yeux et se concentra. Puissant dans ses sens pour s'approprier la royale épée, elle commença par de lents mouvements amples et larges. Puis progressivement ses gestes se firent plus rapides, plus précis, plus puissants.

Durin admira avec quelle facilité elle arrivait à manier sa nouvelle arme. Sa chorégraphie, telle une danse mortelle, le fascinait et il se souvenait des cours de combats qu'il avait partagés avec elle. Identique à ses souvenirs, elle n'avait pas changée. Toujours aussi insaisissable.

Le sifflement de la lame fendant l'air, accompagnait ses mouvements et bien que la chaleur de la forge l'ait rendue transpirante de sueur, ses cheveux se collant à sa peau découverte, il la contempla sans dire un mot, car c'était un spectacle qu'il n'aurait sans doute plus l'occasion de voir.

Amarthêl s'arrêta, puis remit son épée dans son fourreau.

- Elle est parfaite, Durin, déclara-t-elle. Je veillerai à me rendre à la hauteur de ce présent.

- Mais vous l'êtes déjà.

Elle serra son épée contre elle et salua Durin avec respect. Le roi tourna les talons mais avant de sortir de la pièce, il conclut leur rencontre par une phrase qui laissa Amarthêl stupéfiée.

- Je comprends mon père maintenant. On ne peut être qu'en admiration devant un tel don des Valar. Bien que j'aurais dû le faire il y a de ça des années, je vous remercie de l'avoir rendu heureux.

Ainsi Durin avait deviné pour la relation qui l'avait liée à Thalin, son père.

Elle qui avait pensé avoir pu dissimuler ce secret, était maintenant décontenancée.

- Comment l'avez-vous su ?

- J'avais toujours eu des doutes mais je vous ai surprise à plusieurs reprises en train de pleurer sur sa tombe. Il y a des signes qui ne trompent pas.

Puis il quitta la forge pour de bon.

Étonnamment Amarthêl s'en trouva soulagée car Durin ne voyait pas d'un mauvais œil l'amour controversé de leur couple insolite.

Elle croyait tout connaitre de lui mais Durin la surprendrait jusqu'au bout.


Petite entorse à l'œuvre de Tolkien : La prophétie sur le Roi-Sorcier d'Angmar est normalement énoncée par Glorfindel.


Rassurez-vous le prochain chapitre est déjà en cours d'écriture mais j'aurais besoin que vous me dites si vous souhaitez que je reprenne rapidement ma fic là où je l'ai laissé fin du chapitre 28.

Si tel est votre choix, dans ce cas, le prochain chapitre sera le dernier flashback (abandon de la Moria et événement hyper important avec Amroth).

Sinon je vous propose de continuer les flashbacks et vous aurez encore quelques chapitres flashbacks dont celui également très important qui concerne la détention d'Azru par Bolg et l'explication sur pourquoi la le traque.

Vous pouvez me répondre par review, MP ou sur mon blog (lien sur ma fiche)

A bientôt

Biz

Sacrok