Bonjour à tous,
Nouveau chapitre que j'ai séparé en deux partie. J'ai préféré le diviser car il y se passe beaucoup de chose et je ne voudrais pas vous perdre. Et puis cela fait durer le plaisir.
Voici donc "Le début de la fin - Partie 1"
La première partie de ce demi-chapitre est consacrée à la chute de la Moria. C'est assez rapide mais je ne voulais pas m'y étendre.
Ensuite il y a l'événement qui bouleversa la vie d'Azru : la mort d'Amroth.
Et la dernière partie est un peu spécial, je vous laisse la découvrir. Cette partie continuera dans l'autre demi-chapitre.
Au vu des réponses que j'ai eu à ma question à la fin du dernier chapitre, j'ai donc décidé de terminer les flashbacks et de reprendre l'histoire là où je l'avais laissé. Mais n'ayez crainte, il y aurait d'autres flashbacks qui viendront s'intercaler entre des chapitres.
Bonne lecture.
Merci à Venin du Basilik, aliena wyvern, Julindy, ScottishBloodyMary et Eilonna pour leur review.
Merci à Lunagarden pour sa relecture.
Étonnamment Amarthêl s'en trouva soulagée car Durin ne voyait pas d'un mauvais œil l'amour controversé de leur couple insolite.
Elle croyait tout connaitre de lui mais Durin la surprendrait jusqu'au bout.
Le début de la fin - Partie 1
Année 1980 du Troisième Age
Cela commença par un coup de tonnerre qui venait de la profondeur de la terre. Un bruit sourd qui se propagea dans l'ensemble des galeries de la Moria. L'incompréhension puis la peur frappa chaque habitant.
Malgré l'avis défavorable de l'oracle, Durin se lança dans la bataille contre le démon de l'ancien temps. Amarthêl savait qu'il était vain de chercher à combattre le Balrog. Les armes des Nains n'avaient aucune chance de le toucher. Mais la ténacité de Durin était telle qu'il ne l'écouta pas. Elle le suivit tout de même jusqu'à la fin.
Sa première rencontre avec le monstre fut des plus inattendues. Elle lui avait fait face, bien que la peur la saisissait. Dans cette immense galerie où derrière elle rugissaient les soldats nains, le Balrog avait pris son temps pour la juger.
La créature ne semblait pas avoir de corps consistant, tout juste une ombre d'où s'échappaient les lueurs d'un brasier selon l'envie d'être menaçant ou non. La frêle humaine se tenait devant lui et progressivement les ombres s'étendirent jusqu'à l'entourer entièrement. Elle avait gardé son arme dans son fourreau et le regardait fixement. Le démon s'était rapproché d'elle jusqu'à ce que la chaleur de son être malfaisant lui brûle la peau. Mais Amarthêl était comme hypnotisée et elle ne bougea pas. Le Balrog, qui la dominait par sa grande taille, lui soufflait des relents soufrés au visage. Amarthêl ignorait comment elle avait pu tenir aussi longtemps devant le monstre sans défaillir. Elle trouva ses yeux crépitants fascinants et troublants, car elle y avait vu une part d'humanité, comme si le Balrog était un être doué de sensibilité.
Le démon finit par lever le voile qui les camouflait à la vue des Nains, puis la contourna en l'ignorant. Le Balrog l'avait épargné pour une raison inconnue et ce n'est que bien plus tard qu'elle apprit par Círdan que l'oracle du Premier Age avait déjà défié le monstre, sans que l'un d'entre eux ne gagne.
L'ombre et la flamme finirent par avoir raison de Durin et impuissante, Amarthêl vit le sixième du nom rendre son dernier soupir. Puis l'année suivante, ce fut Nàin, son fils, qui subit le même sort.
Le jeune Thràin écouta les conseils de l'oracle et le peuple de Durin abandonna leur grande cité. Une partie de la population était déjà partie vers les Montagnes Bleues, et Amarthêl conduit les survivants vers les Montagnes Grises, puis les Monts de Fer. Des colonies s'établirent et l'oracle disparut à nouveau de leur vie.
C'est dans la précipitation qu'elle retourna en Lórinand, un nouveau pressentiment dans le cœur.
L'agitation régnait dans ce royaume normalement si serein. Des elfes s'affairaient de tout côté. Les bois semblaient se vider de ses habitants. Perturbée par des années d'agitation intense, Amarthêl avait l'impression que tout son monde s'effondrait autour d'elle. Ses points de repère disparaissaient les uns après les autres. Ce royaume si cher à son cœur n'avait plus ce côté si rassurant de jadis. La peur avait également trouvé refuge dans ce lieu.
Elle retrouva un Amroth tout aussi perturbé qu'elle. Sa belle Nimrodel avait quitté la forêt lorsque la malfaisance du Balrog se fit sentir dans les bois. Bouleversé par son départ, le roi avait pris la décision de la rejoindre, quittant son royaume pour les Terres Immortelles. Une majorité de Sindar était déjà parti et le reste se joignait à son Roi, laissant les Galadhrim sans souverain.
La présence de l'oracle apaisa Amroth pour le reste du voyage, mais la jeune femme ne reconnaissait plus celui qu'elle avait considérait comme un père d'adoption. Son amour pour l'elfe sylvaine lui avait fait perdre toute sagesse. Mais elle le rassura en lui confirmant qu'il la retrouverait avant la rivière Onodló.
Les retrouvailles se déroulèrent comme l'oracle l'avait annoncé. Amarthêl enviait les amoureux elfiques. Leur amour était pur et éternel. Ils semblaient si libérés de savoir qu'ils pourront enfin vivre leur passion au grand jour, une fois le grand voyage achevé. Comme elle les enviait.
Une nuit, au bivouac, avant de commencer la traversée des Ered Nimrais, Amarthêl voulut chercher dans le futur pour connaître le déroulement de l'expédition. L'oracle tomba des nues. Le malheur la suivait à la trace. Enfin, ce n'était pas directement son avenir qui était touché, mais une nouvelle fois elle allait en pâtir.
La route pour le port d'Edhellond menait obligatoirement à travers les Montagnes Blanches. Un chemin pas particulièrement périlleux mais qui allait tout de même apporter son lot de malchance.
Cette fois, sa peine fut accompagnée d'une colère exacerbée. Tout autour d'elle le campement nocturne était silencieux et les Elfes endormis ignoraient qu'au fond d'elle une tempête furieuse se déchainait. C'était l'événement de trop. Cette fois, elle allait cesser de suivre le chemin tout tracé du destin. Quitte à mentir à son père d'adoption, Amarthêl ne le laisserait pas finir de cette triste manière. Déjà peinée de savoir qu'il quittait la Terre du Milieu et que jamais ils n'auront l'occasion de se revoir, la jeune femme rageait d'avoir vu que les Valar lui prévoyaient un voyage bien plus terrible.
Au début de son expérience d'oracle, Amarthêl avait à de nombreuses reprises tenté de faire changer le cours de l'histoire en essayant d'influencer le destin de certaines personnes. Mais elle avait fini par comprendre que quoi qu'elle fasse, quelles que soient ses actions, elles étaient prises en compte dans ses visions.
Cependant pour Amroth, elle ne pouvait accepter un tel futur. Cet elfe ne le méritait pas.
Alors contrairement à son habitude, l'oracle se garda de divulguer la vérité et le voyage continua tant bien que mal.
L'automne et ses pluies pré-hivernales alternaient avec de belles éclaircies. C'était le dernier moment pour traverser les monts avant que l'hiver et la neige ne viennent tout compliquer.
En tête de convoi avec des éclaireurs, Amarthêl arpentait un large sentier empierré. Hormis les chevaux qui avaient par endroit du mal à poser leurs sabots dans les éboulis, personne ne se plaignait. Ce n'était pas le genre de ce peuple.
Soudainement, un bruit sourd se fit entendre derrière eux. N'ayant pas l'ouïe aussi fine que les Elfes, Amarthêl ne comprit pas ce qui se passait. Avec quelques elfes, elle fit promptement demi-tour, tandis que les voyageurs attendaient en chuchotant sur le bas-côté.
Amarthêl retrouva Amroth au bout du sentier. Sur plus de cent mètres le chemin avait complétement disparu, emporté comme le reste de la pente jusqu'au bas de la vallée. La colonne de marcheurs se trouva séparé en deux parties. Par miracle, aucun blessé ni absent. L'agilité et les réflexes des Premiers Nés avaient permis d'éviter la tragédie.
Éviter la tragédie ? En fait, ils échangeaient un mauvais augure pour un autre.
De l'autre côté du sentier, Nimrodel. Elle et Amroth s'étaient retrouvés séparé lors du glissement de terrain. Le roi était déjà prêt à traverser le dénivelé pour rejoindre son aimée.
- Non, Roi Amroth ! s'exclama Amarthêl en lui faisant barrage. Inutile de prendre ce risque.
- Mais nous ne pouvons les laisser seuls, s'écria-t-il à nouveau désemparé.
L'oracle prit une grande inspiration. Elle s'apprêtait à mentir ouvertement. Une nouvelle approche pour tenter de contrer le destin.
- N'ayez crainte. Ils trouveront un autre passage et nous n'aurons qu'à les attendre au port.
- En êtes-vous certaine ?
- Oui. La région ne craint pas et ils ne risquent rien. Vous prendrez le bateau ensemble, continua-t-elle à mentir.
Un sourire de façade finit par convaincre Amroth de continuer la route sans la sylvaine.
Soulagée d'avoir réussi à berner le grand elfe, Amarthêl dut néanmoins supporter son inquiétude.
Ils suivirent le cours de la rivière Ciril pour enfin arriver au port d'Edhellond. Unique port elfique du Gondor.
C'était un endroit singulier, comme chacune des cités qui avaient été construite sur cette côte. Mais le port était quasiment désert. Il n'était plus aussi vivant qu'au Second Age. Il ne restait que les charpentiers et le personnel nécessaire pour la construction des navires. Tous les autres avaient fini par rejoindre les Terres Immortelles. Quelques Hommes étaient présents. Des marchands pour la plupart venus de la riche cité voisine de Tirith Aear. Une ville construite sur des éperons rocheux surplombant une falaise de la Baie de Belfalas. Amarthêl connaissait assez bien cette région car les habitants, des descendants nùmenoréens, étaient les seuls à avoir conservé leur langue d'origine. C'était toujours avec plaisir que l'oracle venait converser dans sa langue natale.
La Baie des Havres était réputée pour son climat agité. Le littoral était fréquemment victime de tempêtes. Les pontons taillés à même la roche se confondaient avec la nature et une digue avait tout de même était construite pour protéger les navires des vents dominants. Mais en hiver les tempêtes étaient d'une telle intensité que les éléments se déchainaient passant par-dessus les constructions. Voilà pourquoi les voyages jusqu'à Valinor se devaient d'être entrepris en dehors de cette saison. Aussi vigoureux soient les navires elfiques, la violence d'Ossë pourrait les broyer.
Les jours passèrent, puis un mois, et toujours pas de signe de Nimrodel et de sa suite. Amroth tournait en rond, anxieux et inquiet dans son navire, prêt à prendre la mer. Les paroles de l'oracle n'arrivaient plus à le calmer. A plusieurs reprises il envoya des cavaliers chercher la trace de sa bien-aimée. Mais ils revinrent à chaque fois sans nouvelle, bonne comme mauvaise.
Amarthêl était tellement désolée de faire subir ce traitement à celui qui l'avait accueilli et qui lui avait tant appris. Cela lui faisait mal de le voir se décomposer au fil des jours.
L'hiver avait fini par arriver et tous les bateaux étaient partis sauf celui du Roi. Amarthêl avait murement réfléchi. Sachant pertinemment que Nimrodel ne reviendrait jamais, la jeune femme devait tout faire pour que son cher ami quitte ces terres, même contre sa volonté.
Sa décision était prise. Dès que les vents se calmeraient, elle briserait les amarres du navire en pleine nuit, dans l'idée qu'Amroth se réveille au petit matin trop loin de la côte pour revenir.
Mais pour l'heure, les conditions climatiques ne le permettaient pas.
§
Plus de deux mois s'étaient écoulés depuis leur arrivée à Edhellond. Un vent à rendre fou soufflait sans répit. La mer déchaînée formait de gros rouleaux.
Comme chaque matin, Amarthêl venait pour saluer Amroth dans la cabine de son bateau. Malgré la météo exécrable, elle prenait le temps de contempler la mer. Cet océan d'où elle tenait son nom. Azruphel. Elle repensa à son père. A son enseignement et sa rigueur, à leurs voyages jusqu'à l'embouchure de l'Anduin, où il lui avait transmis son amour de la mer.
Les yeux fermés, Amarthêl se laissait éclaboussée par les embruns, revivant mentalement ses premières expériences de la grande bleue. Elle était bien, comme si l'eau la lavait de toutes ses peines, de toute la douleur physique et mentale dont elle avait souffert. Un petit moment de répit.
Puis à travers le bruit assourdissant des vagues, elle entendit un cri déchirant. Elle reconnut cette voix et la panique revint à la charge, détruisant sa sérénité. Elle ouvrit les yeux et posa son regard sur l'unique navire encore amarré du port. Elle y vit Amroth criant le nom de sa belle en direction de l'océan. Et ce qu'elle avait tant redouté se produisit.
Amroth, fou de ne pas retrouver sa Nimrodel, avait cru entendre sa voix dans le tumulte des vagues. Il la cherchait désespérément criant son nom sans relâche. Amarthêl courut le plus rapidement possible vers lui en espérant arriver avant que ne se produise le drame. L'elfe faisait des allers et venus sur le pont de son navire pour tenter d'apercevoir sa belle qu'il pensait perdue dans les flots.
Amarthêl, la peur au ventre, redoubla d'effort lorsqu'elle le vit se figer, le regard obstinément porté vers le large.
- Amroth ! Non ! hurla-t-elle dans un dernier espoir.
Mais l'elfe plongea dans les eaux glacées de la baie, ignorant les appels. Elle stoppa sa course pour s'approcher au bord du ponton de façon à être au plus proche d'Amroth. L'elfe était tantôt visible, tantôt disparaissant dans le creux des rouleaux d'écume. Il nageait dans une direction que lui seul connaissait. Amarthêl continuait de lui crier de stopper sa folie et de revenir sur la terre ferme, mais la silhouette du nageur s'éloignait de plus en plus. L'oracle n'était pas la seule à être abasourdi par la situation, chaque personne présente, Elfe et Homme, tentait à sa façon de faire entendre raison au souverain.
Les appels se révélèrent rapidement inutiles car Amroth était désormais beaucoup trop loin. Amarthêl observa les alentours à la recherche d'une autre solution. Une idée insensée vint à elle lorsqu'elle vit la digue qui fermait une partie du port. Bien que des vagues immenses la submergent, la jeune femme s'élança vers son nouvel objectif.
Elle courut de nouveau en sens inverse, bravant les éléments qui redoublèrent au fur et à mesure de sa course. La digue était une construction qui avançait directement dans la mer. Un brise-lame qui limitait les dégâts lors des tempêtes. Ignorant le danger qu'une vague vienne la faucher, elle poursuivit sa route. Sauver Amroth comptait plus que tout.
Tout en courant elle surveillait le trajet d'Amroth. Ce dernier ne cessait de nager, obnubilé par son espoir de retrouver Nimrodel.
Amarthêl arriva au bout de la digue, sur un espace arrondi protégé par un épais muret et qui permettait aux promeneurs de venir admirer le paysage en belle saison.
Essoufflée et trempée jusqu'aux os, elle se posta sur le rebord et héla immédiatement l'elfe délirant.
- Revenez ! Ce n'est qu'un tour de votre imagination. Une tromperie de votre esprit. Revenez à nous ! Revenez vers moi ! s'égosilla-t-elle.
Mais malgré ses cris désespérés, il disparut emporté dans les profondeurs de la mer déchainée.
Le cœur de l'oracle s'arrêta net. Elle avait de nouveau échoué. Le destin avait encore une fois gagné. Tous ses efforts s'étaient révélés vains et inutiles. Amroth avait finalement connu le triste sort que les Valar lui avaient choisis.
Le choc fut si violent qu'elle tomba à genoux. Anéantie, elle n'était plus consciente de ce qu'il l'entourait. Son esprit s'était vidé de toutes pensées, ce qui la plongea dans une léthargie extrême.
A cause de son état, elle ne se rendit pas compte de la lame immense qui vint la faucher. La vague emporta le corps de la jeune femme contre le muret de la digue avec une puissance telle que le crâne de l'oracle se fracassa contre la pierre.
Le spectacle s'acheva de manière tragique. Amroth avait sombré et l'oracle avait été récupérée inconsciente par des courageux qui osèrent braver la tempête. Mais malgré son don de guérison, la jeune femme ne se réveilla pas. Des jours passèrent sans qu'elle ne reprenne connaissance. Inquiets, les Sindar qui l'avaient côtoyé et qui connaissaient sa nature, demandèrent à ce que des messagers soient envoyés à Fondcombe. Le Seigneur Elrond pourrait sans doute la guérir de son mal.
L'oracle fut amenée à Tirith Aear. Le confort de la cité était préférable à l'atmosphère humide du port. Les habitants, amis fidèles aux Elfes, virent d'un bon œil le fait de leur apporter de l'aide. Amarthêl fut veillée nuit et jour jusqu'à l'arrivée des Noldor.
§
Au printemps suivant, un cortège se présenta aux portes de Tirith Aear. Parmi eux, les Seigneurs Elrond et Glorfindel, accompagnés de la Dame Galadriel et de son époux Celeborn. Les prestigieux elfes se rendirent directement au chevet de l'oracle.
Toujours inconsciente depuis la tragédie, elle semblait être plongée dans un sommeil sans fin.
Dans un sens cela n'était pas complétement faux. L'esprit d'Amarthêl vivait au même moment une expérience inédite et singulière.
§
Un léger clapotis était à peine audible, mais tout juste suffisant pour qu'Amarthêl se réveille en douceur. La jeune femme allongée sur le sol froid en pierre se releva calme et apaisée comme si elle avait dormi des jours et des jours d'un sommeil des plus réparateur. Un alizé tiède lui caressait le visage et complétait son sentiment de quiétude. La paix régnait désormais dans son cœur.
Elle ignorait ce qui lui était arrivé mais elle n'avait pas envie de savoir. Aucuns souvenirs ne lui étaient accessibles. Disparus ou bien seulement égarés, elle ne saurait le dire.
Son corps lui paraissait si léger et purifié de tout le poids des expériences passées. Une impression étrange d'avoir changé de corps, comme lorsque l'on échange un vêtement usagé pour un neuf.
Amarthêl resta un long moment ainsi, immobile, profitant des rayons du soleil pour se nourrir de leur énergie positive.
Puis elle commença à prendre conscience de son environnement. Un paysage de toute beauté qu'elle découvrait avec des yeux nouveaux. Elle se trouvait à l'extrémité d'une construction de pierre, semblable à un bras s'avançant dans une mer d'huile. La jeune femme suivit l'unique chemin qui l'amenait sur la terre ferme. La bande de pierre taillée continuait à s'étendre jusqu'à former un arc lisse qui tranchait avec la roche brute des falaises.
Protégée derrière un renfoncement rocheux, des habitations étaient présentes. Une petite ville bien agréable aux chemins pavés et aux maisons bâties directement dans la falaise. Mais l'oracle n'alla pas plus loin et resta sur le port pour assister au coucher du soleil. Un spectacle grandiose dont elle dégusta chaque instant.
Au petit matin, Amarthêl se réveilla tout aussi apaisée que le jour précédent. Elle continua sa visite, lentement, profitant de chaque minute, s'extasiant sur des petits détails sans intérêt. Elle était emplie de félicité, d'un bien-être imperturbable.
Ainsi passa les jours. La peine et la tristesse étaient absentes de ce lieu où seule la béatitude régnait.
Mais peu à peu la mémoire de sa vie passée lui revenait. Ce n'était pas des souvenirs précis mais cela commença par des impressions. Le temps avait également changé. La brise chaude et constante avait laissé sa place à de petites bourrasques de vent. La mer si paisible était dorénavant parcourue d'ondulations.
Plus les jours passaient et moins l'endroit était plaisant. Amarthêl ne s'y sentait plus à l'aise. Elle remarqua un détail qui ne l'avait pas dérangé jusque-là. Hormis elle, il n'y avait pas âme qui vive. Pas un oiseau dans le ciel. Pas de petit moucheron agaçant. Personne.
Les bourrasques étaient devenues des rafales, le clapotis des vagues un puissant ressac.
La paix de son cœur était entachée. Un voile sombre s'était glissé sur son visage, tout comme les noirs nuages qui camouflaient maintenant le soleil.
Elle se souvenait désormais. Le lieu où elle était ne lui était plus inconnu. Debout au milieu du grand espace vide du port, elle se rappelait de tout. Sa respiration se fit plus rapide et la colère s'empara de son être.
- Quel esprit fougueux, dit une voix claire qui rompit le silence du lieu.
Amarthêl se retourna surprise. Elle pensait pourtant être le seul être vivant. Mais elle eut beau chercher, elle ne vit personne, la place était toujours aussi vide. L'oracle était certaine d'avoir entendu quelqu'un parler.
Elle laissa tomber, pensant à une folie de son esprit et se tourna pour se repositionner face à la mer.
Dans un réflexe, elle voulut se saisir de son épée mais elle n'était pas armée. Devant elle, un inconnu. Il n'était pas un Elfe, ni un Homme, bien qu'il ait deux bras et deux jambes. Sa taille et la proportion de son corps étaient tout à fait inédites pour les yeux de l'humaine. Sa peau blanche paraissait recouverte de poussière de diamant, tout comme ses cheveux. Vêtu d'amples vêtements blancs et gris, celui qui venait d'apparaitre de nulle part déstabilisait Amarthêl.
- Es-tu bien reposée ? demanda-t-il très simplement.
Il affichait un franc sourire qui aurait pu inspirer confiance à la jeune femme, mais ce ne fut pas le cas.
- Qui… Qui êtes-vous ? hésita-t-elle à dire.
Le personnage avança en sa direction. Il marchait mais Amarthêl eut plutôt l'impression qu'il glissait sur le sol. Il était si irréel.
- Tu n'as rien à craindre de moi. Je te l'assure.
Il s'arrêta à une distance raisonnable avant qu'Amarthêl ne recule. L'oracle demeura méfiante.
- Mon frère m'avait dit que tu étais un esprit récalcitrant. J'en ai maintenant la confirmation, continua-t-il toujours aussi bienveillant.
Amarthêl ne comprenait pas de quoi il voulait parler. Connaissait-elle le frère de cet être surnaturel ?
- C'est à sa demande que j'ai créé ceci, dit-il en étendant son bras en direction du port, de la cité et de la mer.
Là, elle se mit à rire. Un rire nerveux, qu'elle ne put refréner.
- Cette fois ça y est, je deviens folle, s'écria-t-elle en se prenant la tête entre les mains. J'ai des hallucinations.
Elle continua de rire sans prêter attention à l'inconnu qui la regarda avec ce même visage souriant.
- Je suis en train de rêver, continua-t-elle.
- Oui, tu dis vrai, reprit-il. Tu rêves.
La réplique coupa net l'hilarité de l'humaine. Son hallucination lui répondait et lui confirmait sa pensée. Sa santé mentale avait pris un sacré coup.
- Tu es dans un rêve. Un rêve que j'ai construit rien que pour toi. Mon frère souhaitait que tu puisses te ressourcer, reprendre des forces pour achever ta tâche… ta mission.
L'être était devenu très sérieux en disant les derniers mots. Amarthêl n'eut pas besoin de beaucoup de temps pour comprendre.
- Ma mission ? dit-elle hargneusement. Dites-moi, Maître des Songes, quel est le nom de votre frère ?
- Oh. Est-il nécessaire de le nommer ?
- J'ai besoin de l'entendre, siffla-t-elle.
Elle n'était guère plus impressionnée par l'inconnu. Amarthêl avait reçu une éducation remarquable et ses siècles d'existence lui avait permis d'apprendre un grand nombre de récit. Bien que la probabilité d'une telle rencontre soit nulle, il n'y avait pas d'autre explication à son délire.
Une tempête effroyable se préparait au large et les deux seuls êtres vivants présents se regardaient fixement. Amarthêl sentait monter en elle une rage sans nom, comme jamais elle n'avait connu.
A suivre...
Alors? Qu'en pensez-vous?
Qui peut me dire qui est l'être étrange de la fin?
A bientôt pour la suite
Biz
Sacrok
