Bonjour à tous,

ENFIN!

Enfin je vois le bout de ce chapitre. Ouf!

Que ce fut laborieux... J'ai bien cru ne jamais y arriver.

Je ne vais pas m'étaler sur mes difficultés. Je préfère vous laisser libre de juger ce chapitre (...petit chapitre...).

Je vous souhaite une bonne lecture.


Merci à aliena wyvern, Julindy, La plume d'Elena, Tyra Misu, juliefanfic, Eilona, Fantasiart, Darkkline, MonaYsa, milyi pour leur review.


Pouvoir récupérer ses biens méritait bien de se séparer d'un autre de ses trésors... mais seulement pendant un bref instant.

§

Son joyau lui glissait une nouvelle fois entre les doigts.

Il avait accepté de la laisser partir bien malgré lui. Son orgueil n'avait pourtant pas été de cet avis, mais la raison avait eu le dessus. L'oracle devait s'en aller à nouveau. C'était vraisemblablement pour une bonne cause. Une cause qui lui serait bénéfique.

Pourtant il avait eu l'espoir que cette fois elle lui appartiendrait définitivement.

Appartenir.

Quel terme étrange.

Pourquoi ressentait-il ce besoin si fort de l'avoir en sa possession ?

Pas seulement le fait de pouvoir s'enorgueillir de compter l'oracle parmi ses sujets, mais il voulait à tout prix avoir le dessus sur elle. Il désirait plus que tout la soumettre. Elle lui paraissait tellement empreinte de liberté qu'il en était envieux.

Trop émancipée, trop insolente, trop incontrôlable à son goût, qu'il voulait la mettre en cage pour qu'il puisse lui aussi bénéficier de ces permissions. Lui à qui ses libertés avaient été enlevées dès qu'il remplaça son défunt père à la tête du royaume sylvestre. Depuis ce jour, il n'avait cessé de faire passer les priorités de son peuple d'adoption avant les siennes. Fini l'insouciance de ses jeunes années.

L'occasion de posséder l'oracle était à la fois une bonne chose pour l'avenir de son peuple, mais c'était également l'opportunité d'expérimenter une agréable nouveauté. Ces derniers siècles, ses seuls moments de plaisir étaient ceux qu'il passait à s'enivrer des délicats breuvages que lui offraient les vignes de la Terre du Milieu. Les parties de chasse n'avaient plus le même intérêt depuis que les répugnantes descentes d'Ungoliant avaient fait leur demeure dans sa merveilleuse forêt. Leurs inlassables intrusions avaient fait perdre de leur splendeur à ces bois autrefois si enchanteurs.

En vérité, il était complètement surpassé par la situation et au fond de lui, il savait que les choses n'allaient cesser de se dégrader jusqu'à ce qu'il trouve le courage d'y mettre un terme. Mais les souvenirs de Dagorlad étaient encore bien trop présents dans son esprit. Loin de lui l'envie de revivre cette expérience traumatisante et de faire prendre des risques à ses sujets.

Il ne comprenait pas pourquoi l'oracle lui avait ordonné de se préparer à la guerre.

Il ne comprenait pas pourquoi il avait si docilement accepté.

Lui, le grand Roi de Vert-Bois, se laissait dicter sa conduite par une étrangère, qui plus est ne faisant pas partie de sa race. Mais n'était-ce pas ce qu'il avait souhaité ? Ne serait-ce pas de cette manière que la situation améliorerait enfin ? Au fond de lui, il savait que c'était la solution. Après tout, c'était lui qui souhaitait absolument bénéficier de ses visions.

Thranduil soupira profondément. Assis sur son trône aux courbes aussi torturées que son esprit, il écoutait d'une oreille distraite la voix monocorde qui lui listait l'ensemble des forces armées disponibles. L'oracle lui avait fourni les délais à respecter pour les préparatifs. Ainsi les Elfes de la Forêt Noire avaient tout le temps nécessaire pour se préparer à une bataille qui, d'après l'oracle, sera courte mais éprouvante.

Lorsque la longue énumération du lieutenant sylvain fut achevée, Thranduil donna ses directives d'un air absent. Loin d'être choqué par l'attitude de son souverain, le soldat prit congés en acquiesçant.

De longues minutes passèrent durant lesquelles le Roi resta seul, totalement immobile, comme figé, perdu dans ses pensées. Le regain d'activité à l'intérieur des galeries souterraines de son royaume tranchait avec son apparente passivité. Il avait une entière confiance en ses sujets et le sentiment était réciproque. Thranduil n'avait jamais rien fait qui aille à l'encontre du bien-être du peuple sylvain. Cet état de fait avait construit une solide loyauté entre le fils d'Oropher et la grande majorité des sylvains du nord.

Après un temps qui aurait semblé interminable pour le commun des mortels, Thranduil abandonna son allure statique, puis tout en gardant sa stature fière et royale, il déambula dans son palais sous-terrain. Il se torturait l'esprit à essayer de comprendre l'oracle. Il ne cessait de tourner en boucle chacune de ses paroles à la recherche d'un indice, d'une nuance dans ses propos qui pourrait le rassurer. Il avait pourtant toutes les réponses, mais il semblait fermer les yeux dessus...par peur du contraire.

Elle avait eu raison en lui disant ouvertement que la peur lui rongeait les entrailles. Il en était rempli et cela le consumait à petit feu depuis des siècles.

Cela faisait plus d'une semaine que l'oracle était partie sous bonne escorte. Son meilleur soldat était avec elle, mais Thranduil ne pouvait s'empêcher d'être préoccupé. L'humaine avait une habileté certaine pour se soustraire aux contraintes et pour le moment il n'avait qu'une confiance modérée envers elle. Voilà pourquoi il avait insisté pour qu'elle soit accompagnée. Il s'était bien entendu attendu à un refus catégorique, mais elle avait accepté avec plaisir la compagnie d'un elfe pour son périple dans les bois.

Avec un soupir imperceptible, il arrêta ses pas. Une brise joyeuse fit danser sa longue chevelure. Sa déambulation l'avait amené jusqu'à l'extérieur. En relevant la tête, il jeta son regard perçant droit devant lui, vers la sombre forêt, là vers où l'oracle et son fils étaient partis.

§

Malgré la vitesse soutenue des montures et le terrain particulièrement défavorable, le voyage à travers la Forêt Noire était bien moins dérangeant que lors de sa précédente traversée. Ils durent néanmoins faire face à plusieurs reprises à des attaques d'araignées, qui étaient particulièrement hargneuses. Mais Azruphel était bien accompagnée. L'agilité et la force de l'elfe que Thranduil lui avait adjoint, étaient redoutables.

Le fils du Roi de la Forêt Noire était à l'image des lieux : implacable, froid et singulier. Les Elfes du Nord étaient bien différents de leurs cousins de la Lórien. Leur froideur apparente et leur promptitude à user de la violence les éloignaient grandement des principales qualités de leur race. Mais leur environnement les avait forgés et leur adaptation leur avait permis de survivre dans cette contrée si hostile.

Azruphel avait accepté d'être escortée par un elfe durant son excursion dans la Forêt Noire. Bien qu'elle n'appréciait pas se sentir constamment surveillée par son regard glacial, cet inconvénient valait bien la peine d'être supporté, car les bénéfices de sa présence l'emportaient largement.

Parcourir les bois sombres était bien plus aisé avec un elfe à ses proches côtés. D'une part, pour y être né et y avoir vécu toute sa vie, il connaissait chaque recoin et chaque chemin. D'autre part, la magie des Premiers Nés coulait dans ses veines et son immunité face à l'enchantement néfaste de la Forêt émanait autour de lui, ce qui permettait à Azruphel d'en jouir. Elle pouvait ainsi résister à l'ensorcèlement à condition de ne pas se tenir trop éloignée de son guide. Mais cela n'était pas bien difficile car l'elfe ne la laissait jamais seule. Il avait bien entendu la leçon de son paternel.

Les jours passèrent.

Ils furent éprouvants pour son corps encore endolori.

Ils furent apaisants pour son esprit exténué.

La lisière des bois arriva comme un mirage auquel on ose y croire, de peur que nos yeux se méprennent. Mais la lumière et l'air léger furent bien présents, et les chevaux ne cachèrent pas leur impatience devant la grande plaine herbeuse qui s'étendait sous leurs sabots. Malgré l'effort qui leur fut demandé précédemment, les cavaliers durent modérer la fougue de leur monture.

L'ellon et Azruphel avancèrent ensemble à travers la prairie. Ils étaient désormais à découvert et à la vue de n'importe qui. Le but était de se faire remarquer et il y avait un risque accru que l'ennemi les surprenne, mais c'était la meilleure façon de « lui » donner rendez-vous.

Les chevaux se calmèrent rapidement et ils profitèrent de leur allure paisible pour mâchouiller les hautes herbes qui se trouvaient à hauteur de leur museau.

Le silence étouffant de la forêt avait laissé place aux facéties du vent qui sifflait dans leurs oreilles et qui jouait à faire bruisser les herbes fanées. Il était alors bien plus difficile de repérer un éventuel agresseur, mais Azruphel savait qu'aucune menace ne les attendait. Alors elle se détendit, accueillant avec bonheur les dernières chaleurs de la saison.

Néanmoins, son accompagnateur resta sur ses gardes. Cette contrée lui était inconnue. Aucune grande guerre, ni aucun exode ne l'avaient jamais fait s'aventurer au-delà de la frontière Ouest de la Foret Noire. Azruphel pouvait clairement sentir en lui une méfiance exacerbée envers tout ce qu'il l'entourait. Tout comme son père, cet elfe ne cachait pas ses émotions.

En cette période de l'année les nuits tombaient rapidement, surtout dans le Nord. La proximité d'un ru, serpentant négligemment dans la plaine, offrit l'occasion aux voyageurs de songer à la halte.

Les chevaux dessellés broutaient tranquillement autour du petit nid que les cavaliers s'étaient habillement préparé. Un cercle régulier d'herbes couchées, suffisamment grand pour s'y tenir allongé, abrité du vent par les hautes graminées et bercé par le doux murmure de l'eau à proximité. Voilà un bien beau lit après autant de péripéties.

Le ciel était dégagé de tout nuage et les étoiles brillaient de leur éclat le plus pur. C'était un spectacle qui réussit enfin à apaiser l'elfe, qui pour la première fois dévoilait une autre personnalité. Il n'en restait pas moins qu'un Premier Né et l'éclatante voute étoilée appelait en lui la sérénité et le recueillement.

Allongée sur le dos, Azruphel profita pleinement du spectacle que lui offrait le Prince de la Forêt Noire, un chant pur et clair, comme elle avait eu l'honneur d'en entendre en Lórinand à l'époque d'Amroth. Bien que ses paroles soient dédiées à la célèbre valië, l'oracle ne ressentit aucune haine remonter du plus profond de son cœur. La beauté du chant occultait tout sentiment négatif. La voix de l'ellon se répandit autour d'eux sans pour autant se disperser aux alentours, et la magie de ses mots détendirent les unes après les autres toutes les fibres de son être.

Durant l'espace de cet intermède musical, tous leurs soucis disparurent et une ambiance plus sereine régnait désormais entre eux. Azruphel n'était plus tourmentée par la fatigue et ses visions d'avenir tragiques. Le Prince se sentait pousser par un élan de liberté. L'air vicié de la Forêt Noire avait fui face au charme de la paix qu'il découvrait au-delà de ces frontières. Il scrutait l'horizon avec un œil curieux. Ce détail ne manqua pas à Azruphel qui se releva pour allait s'assoir plus près de lui.

- Le monde est loin d'être aussi sombre que vos bois, Prince, murmura-t-elle calmement tout en regardant dans la même direction que lui. Même si je dois vous avouer que certains lieux sont particulièrement sinistres, il y a bien des merveilles qui méritent qu'on les voit de nos propres yeux.

L'elfe ne dissimula pas un profond soupir.

- Je n'essaye pas de mettre le trouble dans votre esprit, car je sais que c'est déjà le cas, continua l'oracle d'un air désintéressé devant le silence évident de l'ellon.

Puis elle retourna nonchalamment vers son lit de fortune. Elle avait fait un pas vers lui, à lui maintenant d'accepter de s'ouvrir à la conversation.

A peine eut elle posé sa tête sur son ersatz d'oreiller, que le Prince concéda à parler.

- Je n'ai connu que la pénombre et la dureté du royaume de mon père, déclara-t-il résigné. Ses paroles m'ont toujours convaincu que ma place était à ses côtés, parmi ce peuple des bois qui avait besoin de notre lumière pour survivre ici. A aucun moment je ne me serais permis de douter de lui car cette ombre venant de l'extérieur nous harcèle sans cesse depuis de trop nombreux siècles.

L'elfe quitta l'horizon des yeux et se déplaça à côté d'Azruphel qui se mit sans attendre en position assise. Elle ne parla pas et le laissa s'exprimer.

- Les étrangers sont rares dans notre cité et nous n'avons guère le loisir de nous tourner vers eux. Je connais pourtant les récits du passé, les grandes batailles, les alliances qui ont jadis existé, mais une profonde réticence me restreint à l'ouverture.

- Je comprends parfaitement votre point de vue, mais les mauvaises expériences d'un seul individu ne peuvent se transformer en généralité pour tout un peuple, répondit l'humaine avec un ton posé mais ferme. Vous n'êtes pas le premier fils de roi, que je rencontre, à vivre dans l'ombre d'un père puissant et terriblement influent.

- Mon père ne souhaite que la paix pour notre peuple. Il est prêt à tous les sacrifices pour atteindre ce but, s'énerva-t-il quelque peu, ce qui eut pour effet de refroidir la conversation.

Il y eut un silence lourd, puis il continua d'une voix presque honteuse.

- Y compris à faire souffrir de mille maux et à garder prisonnier un être béni des Valar.

- Je connais parfaitement les desseins de votre père. Sachez que je ne le blâme pas pour ses actes. Chacun agit selon ses propres convictions et il en va de même pour lui, avoua-t-elle.

- Vous êtes d'une grande clémence.

- Ne prenez pas ma bonté pour de la clémence. Je connais les véritables coupables de mon malheur et c'est contre eux que je focalise ma haine la plus féroce.

L'ellon remarque très clairement le changement de la personnalité de l'oracle. Elle, qui lui paraissait être d'une douce constance, venait de lui révéler une facette bien moins magnanime. Il comprenait la recommandation de son père avant leur départ : ne rien prendre pour acquis avec l'oracle.

Mais la vague orageuse passa en un instant et la conversation put reprendre son cours. Durant plusieurs heures ils parlèrent, de leur vie respective, de leurs espoirs comme de leurs craintes. Le Prince découvrit en Azruphel une source intarissable d'histoires, et ce fut avec beaucoup de respect qu'il se retint d'harceler l'oracle sur le futur. Il savait qu'elle allait déjà avoir à répondre à toutes les interrogations de son paternel.

- Vivez vos propres expériences. Allez au-delà des préjugés qui vous cloisonnent ici, termina-t-elle avec ses conseils. Je sais que vous avez une forte considération envers votre père, mais si cela peut vous rassurer, votre départ de la Forêt Noire viendra de sa part.

Elle s'installa plus confortablement pour passer la nuit dans cette prairie immense, tandis que l'elfe se préparait à veiller.

- N'ayez aucune crainte pour cette nuit, déclara-t-elle ensommeillée. Personne ne viendra nous importuné… du moins jusqu'au petit matin.

Le Prince aurait bien voulu plus d'information, mais l'oracle lui avait tourné le dos.

Dans la nuit fraîche, Legolas Vertefeuille ne put s'empêcher de rêver aux contrées qui s'étendaient bien au-delà de ce que ses yeux pouvaient voir.


Voili voilou...

J'espère au moins que ce petit chapitre vous aura plus.

Legolas m'a posé énormément de problème car je ne savais pas du tout quel caractère lui donner.

N'hésitez pas à me donner votre avis.

A bientôt

Biz

Sacrok