Auteur : Isa membre du WSAC (silencebleuvoila.fr)
Base : Kyou kara Maoh
Genre : épique, suite de la série (épisode 40). Certainement OOC car toujours pas assez familière avec la série.
Couple : Wolfram X Yuuri et d'autres
Demi sang
CHAPITRE 1
Yuuri ouvrit un oeil et ronchonna. Il avait très mal dormi. Sa nuit avait été peuplée d'étranges rêves. Il y avait vu des personnes et des lieux qu'il ne connaissait pas mais qui lui avaient parus familiers. C'était comme si il avait vécu toute une vie qui n'était pas la sienne. Il savait que ce n'était pas la vie de Julia, il n'y avait vu ni Adelbert ni Conrad. Mais il se demandait si ce n'était pas la vie de Shinou qu'il avait revécu. Mais les parties sombres, celles qui ne sont pas racontées par les contes. Il s'assit dans son lit et passa une main sur son front en soupirant. La dernière scène avant qu'il ne se réveille avait été la plus éprouvante. Shinou, si c'était lui, avait dû tuer une personne qui était chère à son coeur mais qui menaçait la paix établie. Yuuri avait ressenti la peine de cet acte et il en conservait des frissons.
Il jeta un oeil vers son réveil puis se leva. Il avait un entraînement matinal et il ne voulait pas le manquer. Il se dirigea vers la salle de bain. Sa mère était déjà debout et il l'entendait préparer le petit déjeuner pour ses hommes. Son père devait être entrain de lire le journal, quant à son frère, il se lèverait encore au dernier moment. Il s'enferma dans la salle de bain et se déshabilla rapidement. Une fois nu, il se contempla dans le miroir. Les quelques blessures qu'il avait reçu durant le dernier combat étaient quasiment fermées et seule une petite cicatrice sur sa hanche droite restait visible.
Non, ses blessures étaient toute autres. Conrad...Et Wolfram.
Il soupira, il tentait désespérément de ne pas penser à son autre vie, mais il n'y parvenait guère.
Il se glissa sous le jet d'eau chaude et ferma les yeux, se laissant revigorer.
Conrad. Il n'en voulait plus à Conrad, même si sa traîtrise l'avait profondément touché. Voir l'une des personnes les plus importantes de votre vie se retourner contre vous, lever l'épée contre vous, vous faire comprendre que vous êtes insignifiant à ses yeux, était une chose qu'il ne voulait plus revivre. Mais il ne pouvait même pas dire au militaire ce qu'il pensait, ils n'avaient même pas eu le temps de se parler en tête à tête.
Wolfram. Un autre sujet de préoccupation. Il n'était pas stupide au point de ne pas avoir vu le profond changement que le blond avait subi. Ses mots durs et son comportement hautain avaient fait place à de la douceur et du respect. Wolfram avait tellement changé que parfois il s'était surpris à le regarder d'un nouvel oeil. D'un enfant gâté, Wolfram était devenu un être de confiance prêt à tout pour le protéger, même à omettre qu'il était malade en bateau. Yuuri sourit en se souvenant des différents moments où le jeune prince devenait bleu et que Yuuri lui massait le dos pour tenter de le soulager. Et puis aussi les nuits qu'ils passaient l'un près de l'autre. Au début, il n'arrivait jamais à dormir à cause des mouvements incessants de Wolfram, mais au fur et à mesure, il s'était habitué et vers la fin, il ne pouvait plus s'endormir sans savoir le blond près de lui. Il aimait sa présence rassurante. Wolfram avait changé, il était devenu un adulte. Il sentit son cœur battre plus rapidement aux souvenirs des paroles du blond qui lui disait combien il l'aimait, qu'il ne le quitterait jamais. Et lui ? L'aimait-il ? De la même façon ? Si ces poings qu'il serrait et ces larmes qu'il sentait poindre en était un signe, alors oui, il avait des sentiments pour Wolfram. Aurait-il jamais l'occasion de le lui dire ?
Il sortit de la cabine puis enfila son uniforme de baseball. Ensuite il rejoignit ses parents dans la cuisine.
XXXXX
"Oui entrez!".
Gwendal fixa son frère pénétrer dans la pièce. Il remarqua immédiatement les traits tirés et la perte de poids, de même que ses habits froissés qui prouvaient que le châtain était venu directement le voir après être arrivé à ShinMakoku. Il hésitait entre l'ignorer, le gronder ou le prendre dans ses bras. Il raya la troisième solution puis décida de faire un mélange des deux autres. D'une voix qu'il voulut la plus froide possible, il dit :
"Je vois que tu es revenu".
Un petit sourire apparut sur les lèvres de Conrad et il répondit de manière officielle.
"Capitaine Weller Conrad, au rapport votre excellence!".
Gwendal ouvrit des yeux ronds puis afficha un air un peu plus amusé.
"Je vous écoute".
"Nous revenons de DaiShimaron. La situation est stable et aucun problème n'est à signaler".
"Très bien. C'est une bonne nouvelle".
Gwendal fixa encore son frère puis farfouilla ses papiers. Il prit une missive et la lança vers lui. Conrad l'attrapa en fronçant des sourcils et le grand brun lui fit signe d'ouvrir. Le militaire décacheta l'enveloppe puis parcourut la lettre. Une fois terminée, son sourire disparut et il prit un air sérieux.
"Foresta?".
"J'ai reçu ce rapport des troupes stationnées à la frontière. Il semblerait qu'un groupe se soit développé, mais ils n'ont encore aucune information pour savoir si ce groupe est ennemi ou pas".
"Rien d'autre?".
"J'ai envoyé des diplomates voir le roi Waltener il y a deux jours. J'attends leur retour".
"Veux-tu que j'aille là-bas?".
Gwendal se leva et s'approcha de Conrad.
"Pas pour le moment, j'enverrai Yozack après qu'il se soit reposé. Je préfère que tu restes ici. Wolfram ne va pas bien".
Conrad acquiesça en baissant les yeux.
"A cause de sa majesté?".
"Cela va bientôt faire deux ans qu'il est parti. C'était prévisible".
"Je comprends".
"Essais de lui parler".
"Je vais faire mon possible mais je ne crois pas être la personne appropriée".
"Au contraire. Je pense qu'il t'écoutera même s'il ne le fait pas d'une façon conventionnelle".
Gwendal attrapa alors Conrad dans ses bras et le serra contre lui.
"Ne repars plus comme ça sans nous dire quoique ce soit".
"Pardon. Je ne voulais pas t'inquiéter".
Après un petit moment, Gwendal le relâcha puis lui tourna aussitôt le dos. De la voix forte le caractérisant, il dit:
"Repos, soldat. Jusqu'à nouvel ordre!".
"Chef, oui chef!".
Il attendit que la porte se referme pour se permettre un large sourire. Mais il reprit aussitôt son air sérieux quand il se réinstalla à son bureau pour terminer ses papiers.
XXXXX
Wolfram hésitait de la marche à suivre. Il savait que Conrad venait juste de rentrer de son voyage et il voulait aller le voir pour lui parler. Mais d'un autre côté, il ne lui avait toujours pas pardonné son comportement envers Yuuri et sa trahison. Il devinait au fond de lui que le châtain n'avait sans doute pas eu le choix surtout connaissant son amour pour le Maoh mais, malgré tout, il ne parvenait pas à comprendre comment son frère avait pu faire autant de mal à Yuuri. Et puis, il considérait aussi Conrad comme son principal rival. Yuuri était tellement obnubilé par le soldat que vers la fin il ne tentait même plus de les séparer. Autant les exubérances de Gunther ne l'inquiétaient plus, autant la présence calme et rassurante de Conrad le rendait jaloux. Yuuri était tellement naïf, tellement idiot, tellement...Il sentit la tristesse le traverser comme à chaque fois où il pensait au brun et serra les poings.
Il aurait tant voulu mettre les choses au point entre eux avant que Yuuri ne retourne chez lui.
Il aurait tant voulu savoir s'il fallait qu'il l'attende ou si ces fiançailles n'étaient que des paroles en l'air.
Il aurait tant voulu savoir si Yuuri avait des sentiments pour lui.
Enervé par la tournure de ses pensées, il se leva et décida d'aller se promener, un peu d'air lui changerait les idées. Il salua les quelques soldats montant la garde et prit la direction de la salle du trésor. Il fit signe au gardien de lui ouvrir la porte et se glissa dans la salle obscure. Il se dirigea immédiatement vers un coin de la pièce et fixa le mur où Morgiff se tenait enchaînée. Un huhulement poignant de douleur s'éleva et Wolfram sentit ses lèvres s'incurver. Comme personne ne pouvait la comprendre mis à part son maître, la pauvre épée se mourrait de solitude et les chambres environnantes avaient été vidées pour cause de tapage nocturne.
"A toi aussi, il te manque...".
Il soupira puis regarda vers les piles de babioles considérées comme trésors nationaux. Il s'approcha d'une large étagère et commenta à farfouiller. Il souhaitait trouver des parchemins ou autres indices qui pourraient lui permettre de retrouver Yuuri. Il devait y avoir un moyen pour lui d'aller dans son monde! Si Yuuri ne revenait pas, alors lui irait! Plusieurs vieux rouleaux attirèrent son attention et il les déplia. Les couvertures dorées étaient très abîmées et de la poussière les recouvrait. Il souffla dessus puis ouvrit à la première page. Une gravure représentant Shinou le fixa. Un homme aux courts cheveux blonds avec une allure si royale que personne n'avait jamais pu l'égaler en terme de beauté. Le premier Mazoku. Il parcourut le parchemin mais celui-ci ne relatait qu'un des nombreux haut faits du Roi Originel. Il le reposa et allait en prendre un autre quand une boite attira son attention. Il la dégagea avec facilité et reconnut sur son couvercle les armoiries de sa mère. Il fronça les sourcils et ouvrit sans difficulté le coffre. A l'intérieur de celui-ci trois boites identiques de même taille. La seule différence venait de trois lettres gravées sur le dessus. Ciselés avec finesse et beauté, un G, un C et un W. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que ces boites devaient être pour ses frères et lui. Curieux, il ouvrit celle portant sa lettre et trouva un pendentif argenté. Il posa les doigts sur le bijou et parcourut le motif représentant le lion à la queue de sirène, armoiries du Maoh. Il déglutit, se demandant ce que pouvait bien signifier ce présent. Il reposa son coffret puis ouvrit celui qu'il considérait comme celui de Gwendal. A sa grande surprise, le pendentif ou tout autre objet ayant dû s'y trouver n'était pas là. Il fronça les sourcils puis ouvrit celle de Conrad. Le vide l'accueillit encore une fois. Apparemment ses deux frères avaient déjà eu droit au leur. Mais il n'avait jamais vu ce bijou sur eux. C'était la première fois qu'un tel ornement apparaissait devant ses yeux. Que signifiait-il? Il prit le collier argenté dans sa boite puis remit les trois coffrets à leur place. Il demanderait à sa mère la signification de tout ceci dès qu'elle rentrerait. En attendant il conserverait précieusement ce petit bijou.
XXXXX
Conrad se laissa tomber sur son lit et ferma les yeux. Il venait de prendre un bain et se sentait plus en forme. Il lui manquait maintenant quelques heures de repos et il pourrait affronter son frère. Connaissant son caractère, il devinait que l'entrevue serait difficile et que beaucoup de questions et de doutes seraient soulevés, mais il lui devait la vérité. Wolfram le méritait.
Il se tourna sur le côté et attrapa son oreiller qu'il serra contre lui. Il repensa à la missive annonçant une rumeur à Foresta. Ce royaume du sud de ShinMakoku était plutôt paisible. Les gens vivaient de la vente du bois et de la menuiserie. Jamais aucune révolte n'avait été reportée dans ce coin du pays et il se demanda si une possible attaque pouvait réellement venir de là. Mais tout dépendait de la personne qui était derrière tout cela. Une éventuelle révolte pouvait même venir de la chambre d'à côté.
Pourquoi les gens ne pouvaient-ils pas vivre en paix? N'était-ce pas plus merveilleux de ne pas avoir à vérifier ses arrières ou de ne pas avoir peur de ce que l'on mange?
Il semblerait que quoiqu'il arrive il y aurait toujours des personnes insatisfaites de leur statut et qui entraîneraient les autres vers la guerre et la mort. Depuis maintenant plus de cent cinquante ans qu'il vivait, il en avait rencontré tellement. Mais heureusement, le contraire existait aussi. Des gens comme Yuuri, Julia, et bien d'autres, qui vivaient avec ce qu'ils avaient et profitaient au maximum de la vie.
Mais lui? Dans quelle catégorie se situait-il? Il n'avait pas envie de retourner se battre, mais ces temps de paix ne lui réussissaient pas non plus. Il savait qu'il avait un problème, un sérieux problème, sans doute due à cette solitude qu'il s'était imposée. Evidemment, il n'était pas vraiment seul, ses frères et ses amis étaient là, mais cela faisait combien d'années qu'il n'avait plus été avec quelqu'un? Qu'il n'avait plus touché quelqu'un? Trop longtemps, beaucoup trop longtemps. Il sentit son coeur se serrer à ces pensées. Il fallait qu'il cesse de se torturer. Dès demain, il chercherait une personne pour être avec lui, n'importe qui, mais qu'il se sente à nouveau vivre et qu'il oublie toutes ces années de lutte acharnée. Il s'endormit en espérant de tout coeur, que les mouvements dans le sud ne soient que des rumeurs.
Il fut réveillé quelques heures plus tard par une personne frappant avec vigueur à sa porte. Bougonnant, il referma les yeux, laissant le temps à son organisme de refaire surface après ce réveil brutal. La personne insistant, il cria:
"Oui, une minute".
Avec lenteur, il se leva et attrapa une chemise dans sa penderie. Il dormait habituellement avec un bas de pyjama. Il enfila rapidement le vêtement puis s'approcha de la porte afin de l'ouvrir. Il eut à peine entrouvert que sa mère lui sauta dessus.
"Conrad! Tu es rentré!".
Il parvint à éviter qu'ils ne fininssent au sol puis entoura le corps mince de la blonde en souriant.
"Maman".
Elle se recula sans le lâcher.
"Tu n'as pas changé quoique...".
Elle fronça les sourcils puis ôta les quelques boutons de sa chemise qu'il avait eu le temps de mettre.
"Tu as maigri?".
Il enleva les mains curieuses de son torse et se détourna.
"J'ai beaucoup voyagé ces derniers temps".
"Conrad".
Sentant de l'inquiétude dans le ton de Cherry, il s'installa sur son sofa et lui fit signe de faire de même.
"Je vais bien. J'avais besoin d'air et de remettre mes idées en place".
"Et maintenant?".
Il baissa la tête devant le visage sérieux de sa mère. Elle était tout le temps si frivole que voir cette soudaine maturité faisait peur.
"Je vais rester ici et aider Gwendal et Wolfram".
Elle s'assit près de lui et laissa sa tête reposer sur son épaule.
"Crois-tu vraiment que cela va te rendre heureux?".
Surpris par la question, il tourna la tête vers les émeraudes brillant d'une lueur mystérieuse.
"Maman?".
XXXXX
"Les premiers rapports mon seigneur".
Heeri prit les papiers et fit signe à son soldat de le laisser seul. L'infiltration du château de Foresta s'était très bien passée. Il avait déjà la main mise sur la plupart des ministres et des militaires. D'ici quelques jours, ils pourraient emménager dans un espace plus vaste. Il fit un sourire puis avisa une ligne qui lui déplut. Ainsi les proches du Maoh avaient déjà envoyés des diplomates ? Ils avaient été rapides, il devrait faire attention à ce détail, mais cela ne lui faisait pas peur. Il était bien trop tard pour que Von Voltaire puisse faire quoique ce soit pour empêcher ce qu'il allait se passer. Il faudrait un miracle pour que cela soit stoppé.
Un coup fut donné à sa porte et il pria la personne d'entrée. La femme qui entra portait un masque cachant la moitié supérieure de son visage, seules ses lèvres d'un rouge carmin étaient visibles. Elle etait plus âgée que lui d'une dizaine d'années et avait laissée ses longs cheveux bruns détachés. Elle portait une longue robe de nuit noire qui lui donnait un air fantomatique. Heeri la fixa avant de s'approcher d'elle.
« Maellen ne devriez-vous pas être couchée ? Vous allez attraper froid dans cette tenue ».
La brune le fixa sans qu'il puisse deviner son expression. Sa voix basse s'éleva ce qui le fit frissonner.
« Je ne suis pas en papier, Heeri. Je ne vais pas m'effondrer aussi facilement ».
Elle leva la main vers lui et il s'empressa de l'embrasser. Il la guida ensuite vers un canapé où il la fit asseoir.
« Que me vaut votre visite ? ».
« J'ai appris que tu était prêt à lancer la première phase ? ».
Il acquiesça sans mot, attendant qu'elle demande ce qu'elle voulait.
« Est-ce que ShinMakoku a déjà réagi ? ».
« Oui, ils ont envoyé des ambassadeurs ».
Ses lèvres s'incurvèrent de satisfaction. Il pouvait deviner le plaisir qu'elle éprouvait à cette nouvelle.
« Parfait, j'ai vraiment hâte que l'on passe à l'action ! ».
« Nous n'allons que prendre Foresta, nous sommes encore loin de ShinMakoku ».
Elle releva la tête vers lui.
« Je suis certaine qu'ils n'attendront pas avant de venir. Et nous pourrons enfin nous venger ! ».
Il hocha de la tête. Elle attrapa ses mains et le fit se pencher vers elle.
« N'oublie pas ce qu'ils ont fait ! Ils ont assassiné mon père et fait la même chose avec vos parents ! Nous leur ferons payer ces actes ! ».
Il ne répondit rien. C'était la vérité.
