Donc voilà un OS de Saint Valentin... extrêmement en retard... en plusieurs parties parce que j'ai eu trop d'idées... bref voilà un OS de Saint Valentin écrit dans le cadre de l'event éponyme du forum StS !

Le but du jeu était d'écrire un OS pour une personne, mettant en scène le ship que cette personne avait choisi ! Du coup, Hue, j'espère que cet OS sur le Camilo te plaira !

PS : promis, à la fin, ils finissent ensemble TwT

OoOoOoOoO

Dites-le avec des fleurs, partie 1

L'alarme lancinante de son portable résonnant désagréablement sous son crâne, Milo émergea enfin du sommeil. 8h05. Ce n'était pas si tôt que ça, objectivement, mais le Scorpion venait de passer une sale nuit, à se tourner, se retourner, saisir son portable, ouvrir sa galerie, sélectionner les photos... renoncer à les supprimer, refermer l'application, fixer son fond d'écran. Une stupide photo du chat d'Angelo en train de pisser sur le parvis du huitième temple, que Milo avait prise en douce pour prouver au Cancer que son matou avait vraiment besoin d'apprendre la propreté.

Franchement, c'était un choix nul. Qu'est-ce qu'il en avait à foutre, du chat d'Angelo... Sauf qu'il avait bien fallu remplacer le fond d'écran précédent, et le Scorpion pressé par l'urgence avait sélectionné la photo au hasard. Et maintenant, il n'avait pas la foi d'y retoucher, de retourner fouiller dans sa galerie pour trouver quelque chose de sympa. Trop de photos de lui. Ce traître arrogant et détaché... Il avait les pieds froids, en plus, froids à enrhumer toute personne ayant le bonheur de dormir à côté de lui.

Milo se retourna dans son lit. Il faisait chaud, sous la couverture. Quelle plaie. Le Scorpion soupira. Il n'allait quand même pas être nostalgique des pieds froids de Camus, si ? Si. Il ralluma son portable, ouvrit ses SMS.

Lundi 28 déc. 15h34 : Est-ce que tu préfères des champignons ou de la tomate pour aller avec les pâtes ce soir ?

Lundi 28 déc. 15h37 : Les champignons ! Avec bcp de crème stp.

Lundi 28 déc. 15h37 : OK.

Ils avaient rompu, quoi ? une semaine plus tard ? Et leur dernière conversation SMS, c'était sur une histoire de nouilles. En soi, c'était révélateur. Pendant les années passées séparés par des milliers de kilomètres, ils avaient échangé de longues lettres, et plus tard de longs SMS, parlant de tout et de rien, de leurs sentiments, de leur vie, bref. De tout, en vrac. Puis il y avait eu Athéna, et Hadès, et la résurrection. Milo s'était jeté dans les bras de Camus à l'instant où il avait ouvert les yeux sous le regard bienveillant de leur déesse ; et le Verseau lui avait rendu son étreinte, étonnamment démonstratif.

Ensuite... Ensuite ils avaient emménagé ensemble. Au début, ils s'étaient comportés comme si rien ne s'était passé, comme si Camus avait juste déménagé de la Sibérie jusqu'au Sanctuaire, wow quelle chance. Leur mémoire avait resurgi par vagues, un mauvais rêve par ci, une insomnie par là, un mot de travers ou un énervement soudain. Il fallait reconnaître au Verseau qu'il avait tenté d'en parler. De les faire asseoir tous les deux dans des fauteuils, avec du thé ou du café, pour vider leur sac, clarifier les choses. Milo avait fait comme de rien, moins par mauvaise volonté que par conviction qu'une telle mise au point ne pourrait déboucher que sur leur rupture.

Ils avaient vivoté comme ça encore quelques temps, colocataires plus qu'amoureux. Et à la soirée de Nouvel an, Camus avait disparu plusieurs heures avec Eaque dans la bibliothèque du Sanctuaire. De son côté, Milo avait trop bu. Le Verseau l'avait récupéré éméché, nauséeux, un peu avant quatre heures du matin. Il s'était montré très doux, le soutenant jusqu'au huitième temple, le bordant dans leur lit - son lit.

- C'est fini, hein, avait ânonné le Scorpion d'une voix lointaine.
- ... Je ne sais pas, Milo.
- Il est comment, Eaque ?
- Pédant.
- Il m'arrive pas à la cheville.
- En effet.
- Mais c'est fini quand même.

Milo avait cligné des yeux, s'attendant à pleurer.

- Oui, je crois, avait reconnu Camus. Désolé ?
- Je suis crevé, constata le Scorpion en se frottant les yeux.

Ceux-ci étaient secs. Les larmes étaient venues le lendemain. Et les doutes. Et les regrets. Et un sentiment d'injustice intense. Tout allait bien entre eux. Tout était parfait. Et là, Athéna, Hadès, mort, résurrection, traîtrise et faux-semblants. Ce n'était pas de leur faute. C'était si injuste, si cruel.

Milo soupira, s'arracha à son lit. Les déités étaient de sacrées enflures, quand même. Il alla à la cuisine, mit en marche la bouilloire et ouvrit le placard à la recherche d'un thé ou d'une infusion pour bien commencer la journée. Infusion "Attrape-rêves" avec cannelle, camomille, mélisse, rooibos et arôme d'orange*... bon, on n'était pas vraiment le soir, mais ça le détendrait.

Quelques minutes plus tard, sa tasse fumante entre les mains, enveloppé dans un vieux pull élimé, il sortit prendre l'air sur le perron du huitième temple. Le soleil brillait et il faisait frais, voire même froid, mais quoi de plus étonnant un matin de février ? Le Scorpion bâilla, roula des épaules pour les détendre. Puis ses yeux tombèrent sur le sol et le bouquet qui l'y attendait.

Un énorme bouquet de roses rouges. Plein de roses, juste des roses, toutes rouges, au moins une trentaine. Milo fronça les sourcils. Qu'est-ce que c'était que ce bordel ?

OoOoOoOoO

Quelques temples plus haut, Camus se posait exactement la même question. Il s'était réveillé grognon, comme d'habitude depuis que... enfin bref. Café. Fort, serré, ignoble. Mais nécessaire. Puis il était sorti prendre un peu le soleil avant de se préparer pour bosser au fond des archives du Sanctuaire. C'est là qu'il avait vu le bouquet. Trente roses exactement, rouges. Un jour de Saint-Valentin, en plus. Vraiment, quelqu'un se moquait de lui.

Un peu rageur, il avait attrapé brutalement le bouquet, faisant tomber quelques pétales... et une carte. S'il attrapait l'âne patenté qui avait livré ces fleurs à la mauvaise adresse... Le Verseau hésita avant de se décider à lire la carte. Bon, elle ne lui était certainement pas destinée, sauf si Eaque avait décidé de devenir vraiment trop lourd, et ce n'était pas poli de s'immiscer ainsi dans la vie privée des gens, mais... Il fallait bien qu'il en sache un peu plus, non ? Ne serait-ce que pour faire parvenir ce gros bouquet peu subtil à destination...

Je t'aime. Une nouvelle chance, pour le meilleur ?
Milo.

- Camus ! s'exclama le Scorpion en se matérialisant devant le Verseau, l'air bouleversé, un énorme bouquet de roses rouges sur les bras.

Le Français fronça les sourcils. Relut la carte.

- Milo, tu...
- Camus, je...

Silence.

- Vas-y, dirent-ils en même temps.

À nouveau, le silence. Embarrassé, hésitant. Camus soupira. Il avait besoin d'un autre café, puis connaissant l'arachnide et ses tendances migraineuses, il faudrait aussi une bonne dose d'ibuprofène.

- Viens à l'intérieur, proposa le Verseau avec un sourire forcé.

Milo hocha la tête et suivit son ex dans le salon. Il s'assit au bord du canapé, un peu inconfortable. C'était la première fois qu'il venait chez Camus depuis...

- Prends le fauteuil, souffla avec un soupçon d'amusement le maître des lieux. Je sais que tu détestes mon canapé...
- Oh, pas toujours, répondit sans réfléchir le Scorpion avec un sourire en coin.

Le Verseau haussa les sourcils mais ne releva pas, disparaissant plutôt dans la cuisine. Milo rougit. Bordel, c'était tellement... embarrassant ! Déjà, d'être là. Ensuite, ce canapé... Oof, ne pas penser au canapé.

- Si tu ne te décides pas, c'est moi qui le prend.
- Hein ?
- Le fauteuil, explicita Camus en posant un plateau avec du thé, du café et de l'ibuprofène avec son verre d'eau.

Le Scorpion secoua la tête et s'empressa de contourner la table basse pour rejoindre le précieux siège :

- Je m'en voudrais de te priver du plaisir de ton canapé.
- Quelle prévenance...

Ils échangèrent un sourire détendu, puis détournèrent rapidement le regard, se rappelant soudainement que...

- C'est quoi ce truc qui ressemble à du goudron liquide ?
- Du café, Milo.
- Tu es sûr ?
- Absolument, répondit fermement Camus en avalant une gorgée.

C'était absolument immonde, mais au moins ça lui éviterait de retomber dans une espèce de nostalgie mêlée de regrets, d'affection et d'amour. Distance. On ne rompt pas avec quelqu'un pour se remettre avec deux mois après, alors que la situation n'a pas changé et que l'énorme mur sur lequel on s'était brisé est toujours droit devant. C'est une question de respect. Pour soi-même, et pour l'autre. Bien sûr. Deuxième gorgée. Amère.

- Je n'en boirais pas, si j'étais toi.
- Il faut ce qu'il faut.
- Oui, du thé. Quelque chose de buvable. Merci pour l'ibuprofène.

Le Verseau haussa les épaules.

- Je te connais bien. Je me suis dit que vu, euh, ta façon de réagir au stress...
- Merci, répéta Milo.

Un silence les enveloppa, un silence de mauvais café et de thé parfaitement infusé. Camus ne loupait jamais ses thés, peu importe les circonstances. Alors que le café...

- Tu es sûr que tu ne veux pas que je t'en refasse un ?

Le Verseau termina sa tasse en laissant échapper une grimace.

- Non, ça va. Parlons plutôt de ce qui t'amène de bon matin.

Le Scorpion fit la moue et désigna le bouquet qu'il avait abandonné sur un coin de la table basse.

- J'ai trouvé ça sur mon palier. Et je crois que toi aussi ?
- Oui, répondit Camus d'un ton neutre.

Il pensa un instant à parler de la carte, mais préféra garder cette information pour lui.

- Bon. Déjà... Est-ce que c'est toi qui as envoyé ce bouquet ? demanda le Grec.
- Non ?
- C'est une question ou une réponse ?
- Une réponse. Je n'ai pas envoyé ce bouquet. Mais je te retourne la question.

Milo fronça les sourcils.

- Tu te demandes si j'ai... Non !

Il secoua vigoureusement la tête :

- Non, je n'ai pas envoyé ce bouquet ! Bordel, des roses ? Ce n'est pas mon genre !
- Ce n'est pas le mien non plus !
- Je sais ! Mais j'ai lu la carte...
- La carte ?

Le Scorpion détourna le regard, soudainement plus timide.

- Oui... Celle qui disait que... que tu...
- ... que je voulais une nouvelle chance, pour le meilleur ? compléta Camus en ne résistant pas à l'envie de citer son mot.
- Exactement... Comment tu sais ? C'est toi qui l'as envoyée ?

Le Verseau se pinça l'arête du nez :

- Non. Et j'ai besoin d'un autre café.

Il amorça un geste pour se lever, mais Milo le prit de vitesse :

- Je m'en occupe ! Hors de question que je te regarde ingurgiter une autre tasse de goudron. Et pendant que je suis à la cuisine, essaie de trouver une explication à cette histoire de bouquet. De préférence une qui explique rationnellement comment tu connaissais le contenu de la carte, si tu ne l'avais pas envoyée.
- À part que c'est quand même assez logique et banal vu le contexte de notre relation ?

Milo lui jeta un regard noir :

- Si tu t'étais arrêté à "une nouvelle chance", j'aurais pu le croire. Mais "pour le meilleur" ? C'est un peu gros, quand même.

OoOoOoOoO

Camus avala une gorgée de café. La boisson coula dans sa gorge, réchauffant sa poitrine au passage. Comme si le liquide lui emplissait les bronches... Le souvenir d'une eau glacée le submergeant le fit grimacer. Mauvaise comparaison. Il releva le nez vers le Scorpion, installé dans son fauteuil, l'air un peu absent, regardant le vide. Comme d'habitude, la beauté de Milo lui tordit délicieusement et douloureusement le ventre. Comme d'habitude, il ne trouvait pas les mots pour exprimer ce qu'il ressentait, même en les cherchant très fort ; ils filaient, échappant aux multiples doigts de ses neurones pourtant aux aguets. C'était une sensation presque physique, la frustration que provoquait cette pensée innommée qui s'échappait, tourbillonnante, insaisissable, refusant d'entrer dans les cases du langage.

- J'aurais dû savoir que ce n'était pas toi, laissa soudainement tomber Milo.

Le Verseau sursauta imperceptiblement.

- Pourquoi ? demanda-t-il d'un ton dégagé.
- Ah, parce que... Ça me semble évident, tu ne ferais pas ça.

Le Grec se tourna vers lui, une émotion indéfinissable sur le visage :

- Je ne sais pas ce que tu ferais, Camus, si tu voulais me récupérer. Mais pas ça. Oui, j'en suis sûr. Tu ne ferais pas ça.

Milo... avait toujours eu l'art de poser les bonnes questions sans s'en rendre compte, constata le Verseau avec une sorte d'émerveillement. Que ferait-il s'il voulait récupérer Milo ? Il devait l'avouer, il n'en avait pas la moindre idée. Probablement exactement ce qu'il faisait en ce moment ; à savoir, rien. Enfin, en ce moment, c'est parce qu'il ne souhaitait pas vraiment récupérer son Milo. À quoi bon ? Pour retomber dans les mêmes ornières ? les mêmes silences ? les mêmes sous-entendus grossiers ?

- Tu n'as rien à dire ?

Camus cligna des yeux :

- ... Hmm ?
- Tu fixes ta tasse depuis cinq minutes sans rien dire... C'est dans le marc de café qu'on lit l'avenir, tu sais ?
- Ah bon ?

Le Verseau fouilla sa mémoire. Oui, Milo avait raison. Certaines personnes affirmaient effectivement voir des présages dans le marc de café. Mais sa tasse était encore à moitié pleine, alors on n'y verrait pas grand chose.

- C'est vrai, finit par dire Camus. Mais pourquoi tu parles de caféomancie ?

Le Scorpion pouffa.

- Peu importe, répondit-il avec un large sourire. Je voulais juste...

Il secoua la tête, faisant s'agiter ses boucles d'un violet sombre.

- Peu importe.

Le Verseau acquiesça en souriant. Il avait dû se perdre encore dans ses pensées... Heureusement que cela lui arrivait rarement pendant ses missions. L'adrénaline et la pression qu'il se mettait l'aidaient à rester concentré, bizarrement. Mais il se sentait alors toujours stressé, pressé de tous côtés, comme une cocotte-minute - sauf que celle-ci était consciente, concentrée sur le minuteur et entendant les petits tic-tic-tic-tic mécaniques. C'est pour ça qu'il avait été plus que ravi de recevoir la garde d'Isaak et Hyoga. Là aussi il courait partout, d'accord - élever deux gosses n'était en aucun cas une sinécure. Cependant, c'était totalement différent. Beaucoup plus sain.

- Camus !

Oups.

- Désolé, Milo.
- Pas de soucis, sourit le Scorpion. Parlons plutôt des bouquets. Et de ton intuition extraordinaire concernant le contenu de ma petite carte.

Le Verseau leva les yeux au ciel :

- Il n'y a rien d'extraordinaire, tu sais. Il y avait aussi une carte avec mon bouquet.
- Sérieusement ?
- Oui. Je pensais que tu l'avais vue lorsque que tu t'es matérialisé sur mon palier, j'étais en train de la lire.
- Maintenant que tu le dis... Je n'avais pas fait attention. Et elle disait quoi, cette carte ?

Camus sortit de sa poche de pantalon le petit bout de carton :

- "Je t'aime. Une nouvelle chance, pour le meilleur ? Milo."
- Ma carte ! À un mot près. La mienne était signée "Camus".

Petit silence.

- Aphrodite ? suggéra Milo.
- Impossible, rétorqua le Verseau. D'accord, il n'a jamais caché qu'il voyait notre rupture comme un gâchis, mais il n'irait pas jouer à nous remettre ensemble. Surtout un jour de Saint-Valentin, alors que Shura et DeathMask sont au Sanctuaire.
- Oui, il a probablement d'autres choses à faire.
- En fait, tout le monde a d'autres choses à faire, soupira Camus. Je ne vois personne qui aurait pris le temps d'envoyer un truc pareil. Tu sais si d'autres ont reçu ce genre de colis ?

Le Scorpion secoua la tête :

- Je me suis précipité ici dès que j'ai lu la carte.

Il rit nerveusement.

- Peut-être qu'une part de moi avait de l'espoir.
- Désolé.
- Pas la peine, Camus. Je sais que c'est... définitif.

Le Verseau retint une grimace. Aouch. Ça faisait beaucoup plus mal lorsque ça venait de lui, que lorsqu'il se serinait jusqu'à saturation ce petit refrain.

- Tu penses que ça pourrait être Eaque ?

Le Français sursauta :

- Pourquoi Eaque ?
- Je ne sais pas, il a l'air d'être du genre à apprécier ce genre de blague.

Camus haussa un sourcil dubitatif :

- Non, je ne pense pas. Le Garuda est... étonnamment sérieux.
- Ah bon ? Et bien, il se donne du mal pour que personne ne s'en rende compte !
- C'est exactement ça, approuva le Verseau.
- Bordel. Tu crois qu'on devrait en parler à Shion ?

Le bleuté laissa échapper un petit rire :

- Je vois ça d'ici ! "Hmm, au fait, grand Pope, on a reçu des bouquets pour la Saint-Valentin..." Il va juste nous rire au nez avant de claquer la porte, et on va finir avec un blâme pour avoir interrompu sa journée avec son Tigre préféré...
- T'as raison... comme toujours.
- Tu me surestimes, il m'est arrivé de me planter.
- Peut-être. Mais au fond, si c'était à refaire, tu ne changerais rien, hein ?

La grimace qui déforma l'espace d'un instant le visage de Camus fit regretter à Milo d'avoir lâché cette phrase. Merde, ils étaient en train de parler gentiment, sans animosité, sans sous-entendus lourds et réprobateurs, sauf que bien sûr cela ne pouvait pas durer. En fait, toutes leurs conversations ressemblaient à ça depuis leur résurrection. Elles commençaient normalement, agréablement, puis tout se déréglait. Une petite phrase, une petite allusion. D'une certaine manière, les événements de la Guerre Sainte restaient inscrits en filigranes derrière chacune de leurs interactions ; il en fallait alors peu pour les mettre au jour.

- Non, en effet, je ne changerais rien, répondit finalement le Verseau.

Au tour de Milo de grimacer. Il aurait préféré que Camus ne relève pas, les empêchant de dévaler la pente sur laquelle le Scorpion les avait engagés. Cependant, comme d'habitude, le Verseau préférait tenter de mettre le sujet sur le tapis. Encore et encore. Le Grec se retint très fort de ne pas grogner que maintenant qu'ils avaient rompu, ce n'était franchement pas utile de continuer ces simagrées pour sauver leur relation. Ce serait juste méchant, Camus méritait mieux.

- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de partir sur ce terrain-là, répondit-il plutôt.
- Ah ? À mon avis, cela nous serait salutaire.
- Et je peux savoir ce que tu espères encore sauver ? siffla Milo, plus agressif qu'il ne l'aurait voulu.

Le Verseau soupira et tapota machinalement sa tasse. Rester calme.

- À t'entendre, c'est si facile ! poursuivit Milo.
- Qu'est-ce qui est facile ?
- Trahir Athéna, me trahir, me larguer, et puis discuter de nos problèmes de couple alors qu'on a rompu... Je n'irais pas jusqu'à dire que tu y prends plaisir, mais ça a l'air de te laisser de marbre, comme si c'était aussi simple que de faire du café !

Camus ouvrit la bouche, la referma.

- Tu es injuste, finit-il par dire. En plus, tu en as parfaitement conscience. Tu sais bien que malgré tous mes efforts, mon café est immonde.
- Sauf que ça ne t'empêche pas de le boire d'un air vide !
- Vide, excellent choix de mot. Le vide, le rien. C'est ce que je suis obligé de ressentir si je veux boire ce foutu café ! Et je le bois. Jusqu'au bout. Seul. Et je déteste ça !

Le Verseau s'était levé sous le coup de l'émotion, tandis que Milo s'était légèrement reculé. Il ne s'attendait pas à ça. Oh non, il ne s'attendait pas à ça du tout.

Le regard de Camus s'égara sur sa tasse, qu'il envisagea de balancer contre un mur, sur le sol, n'importe où pour qu'elle se brise. Puis sa raison reprit le dessus. Rester calme. Il tourna les talons et sortit de la pièce, allant se réfugier dans la cuisine dont il claqua la porte.

Le Scorpion cligna des yeux. Merde. Il ne voulait pas qu'ils se disputent. C'est pour ça qu'il refusait de parler des événements. Parce qu'ils allaient se disputer. C'était forcé. Merde. Pourquoi est-ce qu'il ne pouvait pas se taire, des fois ? Merde. "Je n'irais pas jusqu'à dire que tu y prends plaisir", et puis quoi encore ? Qu'est-ce qu'il pouvait être con !

OoOoOoOoO

NOTE :

*C'est une vraie infusion de chez Clipper. Et elle est très bonne, surtout avant d'aller dormir.