Bonsoir à tout le monde o/
Chapitre publié dans les temps grâce à une belle après-midi de travail ! Vraiment, je crois que je procrastine trop ToT
Bref. Sur mon fichier openoffice, on vient de dépasser les 30 pages et l'OS entier fait 13000 mots environ ptdrr j'avoue que je suis plutôt fier de mon coup :p
J'espère que cette suite vous plaira ! Perso j'ai bien aimé l'écrire et pour une fois je sais à peu près où je vais mwahaha :3
Bonne lecture !
Review anonyme :
Athena : merci pour ta review ! Je suis vraiment content que tu aies continué à lire même si le premier chapitre t'avait pas vraiment convaincue :D et je suis encore plus heureux que tu ne sois pas déçue du voyage :p j'espère que cette partie-là te plaira aussi !
OoOoOoOoO
Dites-le avec des fleurs, partie 4
Saori s'éveilla tôt, beaucoup trop tôt. Le soleil n'était pas levé, il faisait encore sombre dehors. Elle alluma sa lampe de chevet ; alors les dernières brumes de sommeil se dissipaient, elle sentit Athéna investir pleinement son corps. Son regard s'affermit, une lueur dorée, divine, brillant au fond de ses prunelles. Celle-ci perçait avec aisance l'obscurité. Doucement, la déesse se leva et fit quelques pas dans sa chambre. Elle se sentait comme stressée ; elle avait besoin de prendre l'air. Un instant, elle caressa l'idée de sortir seule, en catimini, mais renonça : quelqu'un en voulait à sa vie, et peut-être à la Terre. Elle ne pouvait pas se permettre de se mettre bêtement en danger.
Elle enfila un peignoir pelucheux et alla réveiller une des deux Saintias qui somnolaient à sa porte. Mais bizarrement, Mii se contenta de dodeliner de la tête en grognant, sans ouvrir les yeux. La déesse se figea et renifla l'air. Elle grimaça en sentant les restes d'un sommeil magique. Quelqu'un était venu pendant la nuit et avait endormi ses Saintias. Et il ne s'agissait pas de n'importe qui. Son visiteur ou sa visiteuse était de sang divin.
D'un mouvement élégant, la déesse captura entre ses doigts quelques particules de cosmos qui flottaient. Elle avait envoyé à l'Olympe, juste avant de se coucher, l'empreinte découverte par Camus. Elle ne devrait pas tarder à recevoir une réponse d'Hermès, son si astucieux demi-frère. Le plus simple aurait été de lui envoyer également les petits bouts de cosmos qui s'agitaient entre ses doigts. Mais Athéna n'était pas certaine que le dieu ailé soit le plus recommandé pour cette tâche. S'il s'agissait d'identifier un cosmos, la spécialiste était sans conteste sa tante Hestia. Car qu'est-ce que le cosmos, sinon un feu divin qui brûlait au cœur de chaque être ? En plus, Hestia, déesse du foyer, connaissait sur le bout des doigts toute leur famille.
Athéna hocha la tête pour elle-même. Oui, elle ne contacterait pas Hermès pour ces particules. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas contacté sa tante, mais elle était certaine que celle-ci ne rechignerait pas à lui venir en aide. La déesse enferma le précieux cosmos dans un petit sachet forgé par Héphaïstos - elle l'utilisait d'habitude pour y mettre certains bijoux ou des épices et le savait parfaitement imperméable. Puis elle rédigea rapidement une petite lettre et chargea une de ses chouettes de l'emmener à Hestia. Sa tante répondait souvent vite. Avec un peu de chance, elle aurait des nouvelles avant la fin du jour.
Satisfaite, Athéna ressortit de sa chambre. Mii et sa collègue dormaient toujours et ne réveilleraient pas avant quelques heures. La prudence commandait de rester tranquille, en sécurité, mais la déesse ne tenait pas en place. Tout le monde dormait et, pendant ce temps, d'éventuels indices disparaissaient ! Elle devait faire quelque chose. Elle soupira. Elle entendait d'ici les récriminations de Shion... Il n'aurait pas tort, en plus. Elle hésita encore, puis se décida.
Elle retourna encore dans sa chambre, attrapa son armure, deux oreillers et une couverture, installa confortablement les deux Saintias endormies, puis s'éclipsa. Elle tenait son armure sous forme de statuette fermement dans sa main droite, prête à l'activer. Les couloirs étaient déserts, il faisait un peu froid. Les gardes qu'elle croisait dormaient, et toujours ces agaçantes particules de cosmos qui la narguaient... Visiblement, son adversaire avait décidé de laisser la prudence de côté. Si les bouquets d'hier avaient été déposés en catimini, sans qu'elle parvienne à retrouver le moindre lambeau de cosmos, ce sommeil magique-ci était un travail de bourrin. Deux possibilités : ou bien son adversaire voulait désormais un affrontement plus direct ; ou bien plusieurs déités avaient eu la bonne idée de s'attaquer à elle. Clairement, la première option était la meil...
Un bouquet dissimulé dans l'ombre d'un couloir latéral explosa, et Athéna eut à peine le temps d'activer son armure pour se protéger. Bordel, Shion allait vraiment être en rogne...
OoOoOoOoO
Moins d'une demi-heure plus tard, la majorité de la Chevalerie était réveillée et arrivée au palais du Pope. L'explosion avait fini de dissiper les dernières brumes de sommeil magique pesant sur les personnes qui avaient passé la nuit au palais. Tout le monde se retrouva donc debout à cinq heures du matin, un peu pâle, à fouiller les décombres du bout de bâtiment soufflé par le bouquet. Athéna était dessous, c'était une certitude. Et malheureusement, elle n'y était pas seule. Plusieurs gardes ronflaient dans les couloirs adjacents au moment de l'explosion. Rapidement, Shion chargea Aphrodite et Mû de la prise en charge des personnes blessées.
Le Pope était livide, le visage crispé, partagé entre inquiétude et colère. La déesse pouvait se montrer tellement déraisonnable, parfois ! Quelle idée d'aller faire une petite balade alors qu'on avait récemment attenté à sa vie... Il étouffa un juron. Si elle était morte, il ne se le pardonnerait jamais. Finalement, on la retrouva. Inconsciente, mais en vie, protégée par un halo doré émanant de son armure.
- Elle avait pris ses précautions, murmura Dohko, autant pour lui-même que pour son amant.
- Pas assez.
Dohko se tut. Il ne servait pas à grand chose de discuter maintenant.
- Comment va-t-elle ? demanda Shion à Aphrodite qui venait d'examiner la déesse.
- Deux ou trois éraflures et elle a eu un petit choc quand tout a explosé. Mais elle n'a rien de grave, le rassura le Poisson. Il faut juste qu'elle se repose.
L'Or sourit :
- Les divinités ne sont pas si faciles à tuer, même lorsqu'elles sont incarnées dans un corps humain.
Shion hocha la tête machinalement. Il promena son regard sur la foule qui l'entourait. Des dizaines d'yeux fatigués, inquiets, angoissés, hagards lui répondirent.
- Terminez de déblayer les décombres, ordonna-t-il d'un ton calme, dissimulant ses émotions. Mû, essaie de mettre en place une espèce d'infirmerie. Et, Aphrodite ?
- Grand Pope ?
- Tu t'occupes d'Athéna.
- Bien.
Camus grimaça. Il n'avait pas oublié toutes les coïncidences bizarres de la veille. D'accord, il était probable qu'Aphrodite n'ait rien à voir avec tout ça - entre sa surprise en découvrant les rosiers disparus, ces empreintes de pas qui ne lui appartenaient pas, et sa loyauté indiscutable depuis la résurrection... - mais tout de même. Le Poisson était le seul suspect sur le liste et le laisser en charge d'une Athéna blessée, affaiblie.
- Ce n'est pas lui, lui souffla Milo.
Le Verseau ferma brièvement les yeux. Était-il si transparent ?
- Ne te vexe pas. Je pense que je suis le seul à pouvoir dire que cette expression impassible est une grimace. Je te connais bien.
- Trop bien.
Silence.
- Et sinon... tu as bien dormi ? demanda Milo.
- Heu... oui. Et toi ?
Pour se distraire, Camus déblaya vaguement les débris qui se trouvaient devant lui, en faisant une pyramide parfaite.
- Pas trop. J'ai du mal à dormir depuis que je suis tout seul, avoua le Scorpion sans le regarder, préférant s'attaquer à d'autres débris éparpillés.
Le Verseau cligna des yeux. Il ne savait pas trop comment se sentir. Lui n'avait pas de mal à dormir - c'était le jour que Milo lui manquait le plus. Quand il lisait pendant des heures, se redressait un peu, complètement ankylosé, et que personne n'était là pour en rire et lui proposer un massage des cervicales. Il ne pensait pas qu'il manquerait comme ça à son... ex.
- Ah, répondit-il donc simplement.
- Désolé, t'avais peut-être pas envie de le savoir, lâcha très vite Milo, embarrassé.
Ils ne se reparlaient que depuis la veille, repassaient un peu de temps ensemble (bon, pour les besoins de leur enquête, mais ça comptait quand même, non ?)... il n'avait quand même pas tout gâché ?! Se sentant fébrile, le Scorpion s'efforça de se concentrer sur ses débris. Quelques tâches rouges - des pétales, survivants miraculeux - se détachaient, et puis il y avait... Milo fronça les sourcils, intrigué.
- Non, non, protestait pendant ce temps Camus. C'est juste, je ne sais pas comment... Milo ? demanda-t-il en voyant son ami absorbé par la contemplation du sol.
- Camus, il y a un truc...
- Comment ça, un truc ?
- Une plume.
Le Verseau fit la moue :
- Elle n'a pas été perdue par un pigeon ?
- Tu connais beaucoup de pigeons avec des plumes qui continuent à bouger comme si elles volaient alors qu'elles sont tombées ?
- ... Quoi ?
Milo ramassa la petite plume blanche et l'enferma dans ses mains. La chose s'agitait, comme si elle essayait de s'envoler. L'Or eut d'ailleurs l'intuition qu'elle serait déjà loin si elle ne s'était pas trouvée à moitié coincée sous un bout de mur.
- Regarde, souffla-t-il à Camus en écartant légèrement ses mains fermées - assez pour que le Chevalier puisse voir la plume, trop peu pour que celle-ci puisse s'enfuir.
- Merde, lâcha le Verseau.
- Je ne te le fais pas dire.
Soudain, la voix du Pope résonna derrière eux, les faisant sursauter :
- Camus, Milo, Jabu, venez ici ! Il faut qu'on fasse le point et qu'on boucle cette enquête !
- Superbe timing, ricana Milo.
Les deux Ors se dirigèrent vers le Pope, retrouvant un Jabu aux cheveux ébouriffés. Seiya insista pour s'incruster - "Je sais, on ne m'a pas officiellement chargé de ce dossier, mais après tout, j'ai participé à toute l'enquête hier ! Vous ne pouvez pas me virer parce que j'ai fait preuve de zèle, quand même !" - , puis le petit groupe s'éloigna du tumulte. Ils se rendirent directement dans le bureau provisoire du Pope (le précédent ayant été soufflé par la première explosion de bouquet). Shion referma la porte sur eux et alla s'installer dans son fauteuil. Il ferma les yeux, se redressa, croisa les mains sur la table, puis lâcha :
- Bien. Je veux un résumé en dix minutes de ce que vous avez trouvé.
Les quatre Chevaliers s'entre-regardèrent. Dix minutes... le Pope était optimiste. Finalement, Seiya se jeta à l'eau :
- Pour résumer, on n'a pas grand chose. On pense que les roses viennent de chez Aphrodite, vu que certains rosiers ont été volés. Et on a trouvé des empreintes de pas dans son jardin aussi. Athéna en a reçu une copie hier soir et a dit qu'elle se renseignerait pour identifier leur propriétaire. Notre hypothèse, c'est que Perséphone cherche à se venger pour, heu, ce que j'ai fait à Hadès, mais concrètement on n'a rien pour la soutenir.
- Et vous n'avez pas d'autres hypothèses.
Hésitations.
- On en avait, finit par admettre Camus. Mais elles étaient stupides.
- Stupides ?
- On soupçonnait Aphrodite, Saga, DeathMask... avoua vaguement Milo.
- Aphrodite je peux comprendre, vu ce que vous avez trouvé, mais pourq... oh !
Silence.
- Oh.
Les quatre déglutirent.
- On en est donc encore là ?
- C'était une erreur, protesta Camus.
- En effet. Donc, vous n'avez rien d'autre ?
- Non. On comptait sur les informations d'Athéna à propos des empreintes pour continuer à chercher.
Shion resta pensif quelques instants, puis annonça :
- Bon. Poursuivez votre enquête, en commençant par vérifier s'il n'y a pas d'autres bouquets cachés dans ce palais ou dans le Sanctuaire. Et au passage, demandez à Aphrodite de venir me voir immédiatement, je veux savoir comment se porte la déesse. Pour les empreintes, je crains qu'on ne soit un peu bloqué jusqu'à ce qu'Athéna revienne à elle.
- À vos ordres.
Ils s'apprêtaient à sortir, quand la voix de Shion les stoppa :
- Une dernière chose. À l'avenir, évitez ce genre d'hypothèses fondées sur du vent.
- Y compris concernant Perséphone ? ironisa Seiya.
Le Pégase se sentait un peu agacé. D'accord, il comprenait pourquoi ils avaient été stupides de considérer Aphrodite, DeathMask et Saga comme des suspects naturels, mais cela l'agaçait de voir une telle désapprobation de la part du Pope. Merde, quoi ! Aphrodite avait failli les tuer, Shun et lui, DeathMask s'en était pris à son meilleur ami et sa fiancée, et Saga... Seiya se rappelait encore leur combat devant l'autel d'Athéna, alors que la déesse se mourait au bas des interminables escaliers. Le brun pouvait leur pardonner leur petite comédie lors de la Guerre Sainte, mais la bataille du Sanctuaire restait gravée au fer rouge dans sa mémoire. Le Pope soupira :
- Perséphone est une piste assez crédible et l'absence d'indices n'est pas très significatrice lorsqu'on parle d'une déesse. Mais si vous devez soupçonner vos pairs, faites-le sur des bases solides. Je ne veux pas nous diviser...
- ... plus qu'on ne l'est déjà ? acheva Seiya. D'accord, les suspecter d'office était une grosse bourde, mais vous pourriez être compréhensif - en plus, je suis certain qu'Aphrodite aurait été déçu de découvrir qu'on ne les soupçonnait pas.
- Seiya ! s'exclama Jabu. Arrête !
Le brun haussa les épaules :
- J'exagère peut-être, mais au fond j'ai raison. Vous parlez de ne pas nous diviser, mais on l'est déjà. Et si vous voulez mon avis, on va le rester. Enfin, c'est pas bien grave. Tant qu'il y a Athéna, bien sûr. Tant que tout le Sanctuaire la protège et la vénère, tout se passera bien même si on ne s'entend pas.
Seiya inspira un grand coup. Il se sentait un peu vide - et, soudain, réalisait qu'il avait passé ses nerfs sur le grand Pope. Il tourna brutalement les talons.
- Seiya ! l'appela Jabu.
- Laisse, répondit mollement Shion. Je ne peux pas dire que j'approuve son point de vue mais...
La Licorne secoua la tête :
- Il ne le pense pas, j'en suis sûr. Il est juste à cran. Athéna est en danger, alors... Je vais aller le voir, termina-t-il précipitamment avant de se lancer à la suite de son ami.
Camus et Milo restèrent seuls avec le Pope. Les trois hommes soupirèrent de concert.
- On va aller prévenir Aphrodite, finit par dire le Verseau.
- Et s'occuper de ces bouquets, ajouta le Scorpion.
- Parfait. Je compte sur vous, sourit Shion.
OoOoOoOoO
- Seiya ! Seiya, merde, attends ! Seiya !
Au début, Jabu l'avait suivi en l'appelant. Mais il s'était rapidement tu. Le Pégase le sentait pourtant, non loin derrière lui. Peu à peu, il ralentit son pas, jusqu'à ce que Jabu le rejoigne, se synchronisant avec lui. Ils étaient sortis du palais du Pope, puis du Sanctuaire. Et maintenant, ils marchaient dans une espèce de forêt. Quelques oiseaux pépiaient autour d'eux, accompagnés des bruits habituels d'un bois en pleine santé. Ils étaient les seuls êtres silencieux des environs. Ce n'était pas désagréable, de marcher comme ça aux côtés de Jabu. Seiya lui jeta un coup d'œil discret : le Chevalier semblait absorbé dans ses pensées, l'air vaguement inquiet, ses yeux d'un vert un peu brun regardant partout au tour d'eux. Sans jamais se tourner vers le brun, qui se sentait légèrement floué.
- J'ai remarqué un truc bizarre, dit-il sans trop réfléchir.
Jabu se tourna vers lui - enfin !
- Ah bon ?
- Oui. Les premiers bouquets, leur distribution est bizarre.
- Comment ça, bizarre ?
- Elle est trop bien faite. Milo et Camus, Shura, DeathMask et Aphrodite, Marine et Shaina...
"Toi et moi", voulut-il ajouter, mais il n'osa pas. À la place :
- Et puis même les gens des villages qui avaient reçu des bouquets ! À chaque fois, un couple bien assorti.
Jabu le regarda quelques longues secondes fixement, sans rien dire.
- Seiya.
- Oui ?
- Est-ce un moyen détourné de flirter avec moi ?
Le Pégase se sentit rougir jusqu'à la pointe des cheveux.
- Si je me souviens bien, poursuivait la Licorne sur un ton songeur et espiègle, tu as reçu un bouquet de ma part... Et qu'est-ce tu disais ? Ah oui, des "couples bien assortis"... Tu nous trouves bien assortis, Seiya ?
Le brun marmonna quelques mots inintelligibles. Il ne pouvait pas nier son bonheur en découvrant le bouquet envoyé par "Jabu". Ni sa déception lorsque ledit bouquet avait explosé et s'était avéré être un piège mortel pour leur déesse. En plus de la menace qui pesait sur Athéna, voilà qu'il découvrait que non, Jabu n'était peut-être pas amoureux de lui. Après tout, la Licorne n'avait jamais vraiment tenté quoi que ce soit avec lui... Seiya avait essayé, pourtant, de lui faire des signes - mais Jabu ne les avait pas vus, ou les avait ignorés ; bref il n'y avait jamais répondu. Alors pourquoi est-ce qu'il avait l'impression que son ami était en train de le draguer ? Depuis quand Jabu était-il aussi... pas séduisant, ça c'était depuis toujours ou presque, mais séducteur ?
- Seiya ? répéta la Licorne.
- Je, heu...
- Si tu me dis "joker", je te promets que...
- Non non, pas du tout, pas du tout !
Merde. Pas de joker. Que faire ? Que faire ? La question tournait en boucle dans son esprit, pendant qu'il se tordait nerveusement les doigts. Puis Seiya prit une décision, en ce beau matin ensoleillé : il se jeta à l'eau.
- Je, ahem, je... je nous trouve plutôt bien assortis, oui. Enfin, je ne sais pas ce que tu...
Jabu piqua un fard. D'ac-cooord, merde, ok, les conseils de Shun n'étaient pas si mauvais que ça. "Essaie de lui lancer une perche !" lui avait indiqué d'un ton très professionnel Andromède. "Mets-le en position de te révéler ses sentiments, par exemple demande-lui s'il n'est pas en train de flirter avec toi lorsque ses paroles peuvent laisser penser qu'il est en train de le faire. Sérieusement Jabu, tu es le moins à l'ouest des deux, il faut que tu prennes l'initiative !" Sauf que prendre l'initiative, c'était très mignon, et il ne s'en était pas trop mal sorti, mais qu'est-ce qu'il devait faire maintenant que Seiya avait attrapé à deux mains la perche ? La lâcher, ou ramener le Pégase sur la rive ?
- Je trouve qu'on est pas mal non plus, dit-il d'un air dégagé, comme s'il s'en fichait - ha ha, si seulement, ça lui éviterait d'avoir le bout des oreilles rouge vif.
- Hum... juste "pas mal" ? tenta Seiya.
Il se rappelait les conseils de Shiryu : "Il faut vraiment que tu poses des questions quand tu n'es pas sûr de comprendre quelque chose, mon vieux ! Franchement, si j'avais su que tu comprenais rien aux exponentielles, je t'aurais réexpliqué avant l'examen !" Bon, d'accord, son meilleur ami parlait de leurs études - soutenu par Saori, Shion avait exigé qu'ils reprennent leur scolarité après la résurrection - , mais il semblait à Seiya qu'on pouvait élargir le champ d'application de cette recommandation.
- Oui, "pas mal", enfin... marmonna Jabu. Peut-être pas "juste pas mal", 'fin je sais pas, on est bien quoi !
Seiya résista très fort à l'envie de demander "Juste bien ?" Quelque chose lui disait que son ami se braquerait s'il continuait comme ça. Il sourit cependant et leva le regard vers le ciel caché par les feuilles. Le soleil passait un peu à travers, les réchauffant. Mais le Pégase devait admettre que la principale source de chaleur ne venait pas du ciel. Jabu les trouvait bien assortis. Merde, il avait peut-être une chance ! S'il n'y avait pas ce bazar avec Athéna, ça aurait été une sacrée belle journée.
OoOoOoOoO
De leur côté, Camus et Milo avaient passé le reste de la matinée à chercher et rassembler dans un lieu isolé les bouquets qui avaient été semés durant la nuit. Il subsistait quelques traces éparses de cosmos étranger, mais toute l'agitation ayant suivi l'explosion avait rendu ces indices inutilisables. Heureusement, il leur restait la plume.
- Pourquoi tu n'en as pas parlé à Shion ? demanda soudain Camus.
- Et toi ? lui rétorqua Milo. Moi j'ai oublié, puisque la discussion est repartie sur cette liste idiote... mais toi, c'est pas ton genre d'oublier.
- Je sais pas. Shion avait l'air fatigué.
Le Verseau resta silencieux, puis admit :
- Je crois que c'est une question de fierté. On n'a rien d'autre qu'une plume, j'aimerais qu'on en apprenne un peu plus avant d'en parler à Shion. Je n'aime pas l'idée de n'avoir rien d'autre à dire que "au fait on a trouvé ça, on ne sait pas d'où ça vient, à qui ça appartient, mais c'est un truc un peu bizarre donc voilà !"
- Je comprends.
- Et de toute façon, reprit Camus pour se justifier plus avant, si cette plume appartient à une divinité, Shion ne pourra pas faire grand chose. Il vaut mieux attendre qu'Athéna se réveille et lui parler de la plume directement.
- Tu as raison, sourit Milo.
Le Scorpion fit une pause avant d'ajouter :
- Mais on ne sait pas trop quand Athéna sera disponible. Pendant que tu organisais les recherches pour les bouquets, Aphrodite m'a dit qu'elle allait bien, mais aussi qu'elle devait rester au calme - et qu'il espérait la convaincre de refuser les visites de deux divinités de l'Olympe qu'elle attendait.
- Deux ? Et de l'Olympe ? répéta Camus, intrigué.
- Oui. C'est bien qu'elle puisse faire confiance à au moins deux membres de sa famille, rit Milo. Mais je ne sais pas qui c'est.
Le Verseau hocha la tête, digérant l'information.
- La connaissant, lança-t-il, elle les recevra quand même.
- Évidemment ! Elle n'est pas du genre à rester inactive, au fond d'un lit - surtout si elle n'a que des égratignures. Par contre, je pense qu'Aphrodite et Shion parviendront à la convaincre de ne recevoir personne d'autre.
- On va donc devoir attendre avant de lui montrer cette plume... soupira Camus.
- Vois le bon côté des choses : cela nous donne l'opportunité de trouver quelques informations dessus !
- C'est vrai, tu as raison.
- Comme toujours, plaisanta Milo.
Ils se regardèrent, se sourirent. Le Scorpion ouvrit la bouche, rosit légèrement, puis lâcha :
- Ça te dit de venir chez moi pour manger un coup ? J'ai des restes au frigo... Et après on pourra bosser chez... chez moi. Sauf si bien sûr tu as besoin de documents !
- J'irai les chercher s'il le faut.
- Super ! Je... C'est juste pour bosser, hein, pas...
- Bien sûr, sourit Camus. Juste pour bosser, rien d'autre ! En plus, tu as une grande table, ce sera plus pratique que chez moi, enfin...
- Exactement ! Exactement, répéta Milo. C'est cool que t'aies accepté.
- Oh, je, non... Merci à toi d'avoir proposé.
Ils se sourirent à nouveau, un peu embarrassés. Leur relation était aussi claire et démêlée que leur enquête actuelle, mais bon... Ils avaient le reste de la journée pour y travailler, et découvrir qui en voulait à la vie d'Athéna. Tout irait bien.
