Bonsoir à tout le monde o/ (enfin vu que je publie à 23h39, bonne nuit)
Chapitre un peu en retard, mais la semaine qui vient de s'écouler a été un peu compliqué. J'ai eu un enterrement (je vais très bien, le décès date d'il y a plusieurs mois, c'était très étrange d'ailleurs ? bref je vais bien - et j'adore extérioriser des trucs persos dans ce genre de billet de début de chapitre, vu qu'il y a peu de gens qui lisent y a un petit côté journal intime) et j'ai mal supporté ma deuxième dose de vaccin (reposez-vous après une dose ça vous évitera peut-être de vous réveiller en pleine nuit avec des douleurs à 9 mdr). Donc. Voilà.
Ceci dit, j'ai adoré écrire ce chapitre et, surtout, je vois se profiler la fin de cette histoire o/ a priori, il devrait rester encore un ou deux chapitres après celui-ci, et éventuellement un épilogue. Bon, on ne sait jamais, mais normalement ça devrait se passer comme ça !
Je m'excuse aussi de ne pas avoir répondu aux reviews que j'ai reçues, promis je fais ça dans le courant de la semaine prochaine ! Je suis vraiment incorrigible sur ce sujet T^T
Bref, je ne vous retiens pas plus longtemps... Bonne lecture !
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Dites-le avec des fleurs, partie 6
DeathMask vouait à Aphrodite une confiance aveugle depuis leur enfance. Il l'aurait suivi n'importe où, le Poisson n'avait qu'un mot à dire. Mais cela ne signifiait pas qu'il approuvait tous les plans concoctés par son compagnon. Et, en l'occurrence, un très mauvais pressentiment lui serrait la poitrine. Toute cette histoire puait, elle puait même encore plus que le stratagème de Shion de les faire passer pour des traîtres pendant la Guerre Sainte. Sauf qu'Aphrodite avait l'air vraiment décidé. Il ne le convaincrait jamais de faire demi-tour. En conséquence, il l'accompagnerait. Le Cancer laissa échapper un discret soupir. Qu'est-ce qu'il ne ferait pas pour lui... Un jour, ça le perdrait.
- Tu n'as aucune envie d'être là, hein ? demanda soudainement Aphrodite.
Il avait un sourire en coin. Ils marchaient dans le Sanctuaire depuis près d'une heure. Au début, ils avaient croisé quelques personnes, des gardes, deux ou trois villageoises qui venaient de relever leurs collets, puis ils s'étaient retrouvés seuls, dans un coin isolé.
- Ce n'est pas que je n'ai pas envie d'être là, Aphro. Je n'ai pas envie que tu sois là. Je la sens mal, ton idée.
- Tu en as une meilleure ? ... Et ne dis pas "laisser Athéna et Camus gérer le problème" !
- Dans ce cas, non, je n'ai pas de meilleure idée.
- Et moi non plus. Donc on fait comme prévu, en suivant la trace de mes roses.
Ils marchèrent quelques instants en silence.
- Tu arrives vraiment à les sentir ?
- Oui, sans le moindre problème ! Pas trop déçu ?
- Horriblement, j'aurais adoré que tu perdes leur trace.
DeathMask s'interrompit, le temps de formuler sa question. Aphrodite n'était pas très loquace sur ses capacités - sauf lorsqu'il s'agissait de présenter les propriétés de ses roses. Il en était si fier ! Mais le reste, pfuit ! il le gardait pour lui.
- Dis... Qu'est-ce que tu sens, exactement ? Parce que pour moi, y a rien, pas d'odeur, pas de cosmos, pas d'empreintes...
Le Poisson hocha la tête :
- C'est vrai. Peu importe qui est cette déité, elle est particulièrement discrète et a pris de sacrées précautions. C'est la première fois que je vois ça ! D'habitude, il y a toujours quelque chose, un micro indice... Pas ici. Du coup, mon souvenir de son cosmos ne me sert à rien. En revanche, j'ai toujours ma connexion à mes roses !
Il se tut, hésita.
- Je n'en parlerai à personne, souffla DeathMask.
- Je ne me fais pas de souci là-dessus. C'est plutôt que... je ne sais pas trop comment décrire ça ? Ce n'est pas leur odeur, pas vraiment les traces de mon cosmos sur elles... Enfin, il y a de ça, mais tout se mélange. Et pour moi, c'est comme un fil, un courant. Je sais où aller.
- Ok. Je t'avoue que je n'y comprends pas grand chose, mais je te fais confiance.
- Comme d'habitude. Merci. Et tu sais, tu disais que tu ne la sentais pas, mon idée...
- C'est toujours le cas.
Le Poisson laissa échapper un petit rire :
- Moi, je suis au contraire très optimiste !
- Pourquoi ?
- Parce que cette si prudente divinité n'a pas détruit ou dissimulé la trace de mes roses ! Elle n'a peut-être même pas réalisé qu'elle existait ! Ce qui signifie... qu'on aura l'avantage de la surprise.
DeathMask sourit. Aphrodite avait raison. D'accord, son pressentiment refusait de le lâcher, s'accrochant fermement et créant une impression étrange dans sa poitrine, comme une nausée qui refusait de se révéler, mais la situation n'était pas si catastrophique. Leur adversaire ne devait pas s'attendre à ce que deux péquenauds se soient lancés sur sa piste ; ils pourraient le ou la surprendre, l'observer, puis revenir au Sanctuaire avec un nom, un lieu, peut-être même des preuves. Cela suffirait certainement à son compagnon.
Il sortit son téléphone. Il captait encore un peu de réseau... mais vu qu'ils semblaient s'enfoncer toujours plus profond dans les recoins du Sanctuaire, cela ne durerait peut-être pas. Il envoya donc un SMS à Shura.
Lundi 15 fév. 17h48 : Tout va bien. Plus trop de réseau. Te recontacte asap.
Il hésita. Ça suffisait, non ? Il se mordit la lèvre. Il précisait bien qu'ils allaient bien, qu'il ne pourrait pas lui répondre, mais qu'il le ferait dès qu'il en aurait l'occasion...
- Tu écris à Shura ? lança brutalement Aphrodite.
Le Cancer réalisa soudain que son ami venait de se placer à son côté. Il sursauta.
- Merde, Aphro !
- T'es trop distrait, que veux-tu que j'y fasse ! Tu écris à Shura ? répéta-t-il.
- Oui.
- Montre.
Sans la moindre hésitation, il lui montra son téléphone. Souriant, Aphrodite remonta un peu leur conversation.
- Et bah, ça flirte... Il est pas comme ça avec moi, le cornu !
- Je parie que vous parlez livres...
- Raté ! Enfin, parfois on parle théâtre. Mais on parle surtout d'horticulture. Il est nul avec les plantes, notre Shura, mais il adore en parler.
- Ouais, bah, c'est pas mon truc.
- Hmmm... Je vois ça.
Silence. Puis Aphrodite éclata de rire.
- Attends, t'as réussi à faire une blague de cul avec ton signe astro ?
- Quoi ?
- Sérieusement, Death ?
- Franchement, je vois pas le problème. Et tu devais relire mon dernier SMS.
- Oui, oui, tu as raison. Désolé, je suis un peu intrusif là...
Le Cancer haussa les épaules :
- Hé, tant que ça reste entre nous trois, y a aucun problème et tu le sais ! Au pire, je t'aurais dit stop.
- Hmm. D'acc. Ceci mis à part, ça va pas.
- Mon message ?
- Oui.
- Merde. Quel est le problème ?
- Il va flipper. D'ailleurs...
Aphrodite sortit son propre portable.
- Bingo ! Il m'a déjà envoyé quelque chose. Je cite, "Qu'est-ce qui se passe ? Où vous êtes ? Svp, prenez soin de vous."
- Meeerde... Faut que je lui renvoie un truc.
- Je m'en occupe.
Lundi 15 fév. 17h57 : Shura, c'est Aphrodite. On va bien, vraiment. Tu connais DeathMask, il peut être laconique et oui, c'est souvent un peu flippant. On est dans un coin un peu isolé du Sanctuaire, dans une forêt. C'est loin de tout et, effectivement, niveau réseau c'est pas l'idéal. Donc on pourra peut-être pas te répondre pendant un petit moment. Promis, on t'enverra un message dès qu'on en aura la possibilité.
Lundi 15 fév. 17h58 : Faites attention. Revenez en cas de problème. Vous pouvez même m'appeler.
- Attends, on peut l'appeler ? Mais il déteste ça !
- Il doit vraiment s'inquiéter...
- Je le comprends, maugréa DeathMask. On s'est embarqué dans une sacrée histoire.
- Arrêtez de vous disputer le titre de papa poule ! Tout va bien se passer.
- Si tu le dis...
Lundi 15 fév. 18h00 : Promis. Au moindre pépin, on se tire de là. On t'aime.
Lundi 15 fév. 18h00 : Vous avez intérêt à être de retour pour manger en un seul morceau.
Lundi 15 fév. 18h01 : Je vais faire une paella.
- C'est censé nous motiver ? ricana DeathMask.
- Ça marche ?
- Oui. On peut rentrer maintenant ? Est-ce qu'on s'en fout pas un peu, d'être perçus comme des graines de traîtres ?
- Death... Oui, on s'en fout, dans l'absolu. Mais en même temps, est-ce que notre vie ne serait pas beaucoup plus simple si on se rachetait une réputation ?
Le Cancer soupira :
- T'as toujours raison, pas vrai ?
- Exactement. Donc maintenant, on y va ! En plus, je sens qu'on se rapproche !
- Ô joie...
Le Poisson repartit en avant, laissant un DeathMask nerveux suivre. Celui-ci reprit son téléphone, relisant les messages de Shura. Une paella... Ça faisait un bail. Ça allait être une tuerie.
Lundi 15 fév. 18h03 : J'ai faim maintenant, bravo. Hâte de rentrer. T'aime.
Lundi 15 fév. 18h03 : Juste bougez-vous. T'aime aussi.
Le Cancer sourit, tapa un smiley cœur (il pouvait être niais, c'était une conversation privée avec son Capricorne), appuya sur le bouton envoyer... Réseau mobile non disponible. Bon, et bien... Les voilà seuls.
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Ils continuèrent à marcher. DeathMask ne voyait toujours pas où ils allaient, mais Aphrodite se dirigeait sans mal. Apparemment, ses roses le guidaient plus sûrement qu'un phare.
- C'est pour ça que tu nous en offrais toujours une ?
- Quoi ?
- Une rose. Tu nous en donnais toujours une avant qu'on parte en mission. C'était pour nous pister ?
Un instant de silence.
- C'est vrai que j'aurais pu m'en servir pour ça ! s'exclama le Poisson. Mais non, je vous faisais confiance. C'était juste comme ça, un cadeau.
- Pas d'arrière-pensée ?
- Pas la moindre. Ça me faisait plaisir de vous voir avec.
- Oh.
La conversation s'arrêta. Le terrain, qui n'était déjà pas très plat, devint de plus en plus accidenté, et toujours aussi touffu. Ils ne suivaient même plus un chemin, se frayant un passage entre les arbres, contournant les buissons trop épais.
- Comment cette enflure a pu dissimuler ses traces dans cette... jungle ? marmonna DeathMask.
- N'est-ce pas ? lui répondit Aphrodite. J'avoue, je suis impressionné. Spontanément, j'aurais dit que c'était impossible. À moins de voler... et encore. Sauf que mes roses sont quelque part... par là, et aux dernières nouvelles elles n'ont pas de jambes pour marcher seules.
- Saloperie... Tu vas trouver que je me répète mais...
- Je sais. Tu le sens mal.
Le Poisson se retourna vers lui :
- Et tu sais quoi ? Moi aussi, je commence à me dire que c'était pas l'idée du siècle.
Le visage de DeathMask s'éclaira :
- Alors, on peut rentrer ?
- Non ! On est tout près. On va juste jeter un petit coup d'œil avant de repartir.
- Promis ? On ne s'attarde pas ?
- Promis.
Ils parcoururent encore quelques centaines de mètres, puis Aphrodite s'arrêta brusquement. Le Cancer le rejoignit, aussi silencieux que possible. D'un mouvement du menton, le Poisson lui montra une clairière en contrebas. Quelqu'un y avait installé des tables rudimentaires, simples planches de bois montées sur des tréteaux. Dessus, il y avait des outils, des trucs étranges ressemblant à des explosifs, et puis des roses, tellement de roses. Les rosiers avaient été replantés dans un coin de la clairière. À l'autre bout de celle-ci, quelqu'un avait décidé de procéder aux essais pratiques : la terre était retournée et brûlée, l'herbe arrachée, les arbres alentours noircis. Miraculeusement, l'effet des explosions avait été contenu dans un périmètre relativement restreint.
- Les explosions au Sanctuaire ont fait beaucoup plus de dégâts, non ?
- Oui, ce n'était probablement pas prévu. Ici, notre assassin a juste vérifié que ce serait au moins assez puissant pour tuer la déesse. Et le périmètre réservé à ses expériences...
- ... est suffisant pour ça. Donc c'est bien ici que se planquait notre déicide.
- De toute évidence.
- Donc si on sait où c'est, on peut rentrer et aller chercher du renfort, prévenir Athéna.
- Certes.
Silence.
- Aphrodite ? Tu m'avais promis...
- Je sais ! Je sais.
Le Poisson continuait de fixer la clairière. Il était peut-être simplement en train d'enregistrer tous les détails de la scène, pour pouvoir la décrire avec précision en rentrant. Après tout, sa mémoire était très photographique. Et rapide. Cinq minutes qu'il regardait cette fichue clairière. Oh non, oh non, il n'allait pas lui faire ça !
- Aphrodite.
- Oui, oui. Écoute, Death, je sais ce que je t'ai promis, mais...
- A. Phro. Dite.
- C'est mon nom.
Le Cancer lui lança un regard agacé.
- Blague à part, soupira Aphrodite. C'est quand même une superbe opportunité, il n'y a personne !
- C'est une divinité, peut-être qu'elle se cache.
- Ce n'est pas leur genre, voyons !
- Bon, j'admets. Mais ça reste imprudent. Et on s'était mis d'accord. Je te faisais confiance.
La confiance. La carte ultime. Aphrodite déglutit. Ça, c'était bas. Mais mérité.
- Je suis désolé, Death, commença-t-il très vite. J'étais vraiment sincère quand je t'ai dit qu'on jetterait juste un œil avant de partir, mais là... La situation a changé. Si je pouvais juste ramener un truc, n'importe quoi... Et puis mes rosiers ! D'ici, je les vois mal... Ils n'ont pas l'air de mal se porter, mais je voudrais juste m'en assurer. Ils n'ont rien fait !
- Ouais, alors, rien volontairement.
- Ce sont des créatures innocentes ! Tu sais comme je tiens à mes fleurs...
DeathMask soupira.
- Aphro... Ce n'est vraiment, vraiment, pas prudent. Si on se fait prendre, on est morts.
- On aura peut-être le temps de s'échapper ?
Le Cancer ricana :
- C'est une divinité, pas des Argents. Si on se fait choper, c'est fini.
- On ne se fera pas choper.
- Remarque, ce sera une sacrée manière de se réhabiliter. "Morts pour Athéna"... sacrée épitaphe, surtout si les mémoires ont la délicatesse d'oublier que c'était une mort évitable et stupide.
- On ne se fera pas choper ! Merde ! Il n'y a personne dans le coin, tu peux le sentir comme moi. Et n'essaie pas de me dire que notre adversaire pourrait être en train de se cacher comme il a effacé ses traces. De toute façon, si c'était le cas on serait déjà morts. Conclusion : il n'est pas là.
Aphrodite s'interrompit quelques secondes pour reprendre son souffle.
- Deuxième conclusion, reprit-il, on peut prendre le risque d'aller jeter un œil à mes rosiers et récupérer un de ses outils. Et on rentrera victorieux, à temps pour bouffer cette paella.
Le Cancer le fixa quelques instants, puis acquiesça, maussade :
- D'accord. Mais on fait vite.
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Après une brève incursion dans l'Olympe pour prendre une douche et enfiler des vêtements plus confortables, Hermès retourna discrètement sur Terre. Il croisa Hestia et la salua d'un air innocent. Alors comme ça... Athéna ne lui faisait pas tout à fait confiance. C'était tout de même désolant, ce manque d'union familiale. De son côté, sa tante n'était certainement pas dupe - elle parvenait à être au courant de tout ce qui se passait au sein du Panthéon, allez savoir comment - , mais elle n'avait certainement rien dit à Athéna - et ne fit ici aucun commentaire, à part un petit soupir désapprobateur. L'avantage de sa neutralité.
Le dieu s'introduisit discrètement dans le Sanctuaire, se dissimulant entièrement. Il était le meilleur à ce petit jeu, l'avait toujours été. C'était limite s'il n'avait pas inventé le cache-cache. D'ailleurs, est-ce qu'il ne l'aurait pas fait, entre la lyre, l'art de faire du feu et le syrinx ? Excellente question, il faudrait qu'il fouille un peu sa mém... Il se figea soudainement.
Une présence. Quelqu'un avait eu la mauvaise idée de découvrir son petit quartier général. Il s'était tellement amusé avec cette affaire, construire ces petites bombes artisanales, travailler ces roses extraordinaires... Il avait eu l'impression de retrouver la créativité et l'enthousiasme de son enfance - et vu comme il s'était ennuyé ces derniers millénaires, cela avait été une bénédiction. Et maintenant, quelqu'un avait osé venir le déranger ? Le dieu soupira. Typique de l'humanité, d'engendrer ce genre de trouble-fêtes. Il allait devoir sévir.
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- Et bien, mortels, on s'amuse ?
Il le savait. Il le savait, depuis le début. Ça devait mal se passer. Vu leur manque de chance abyssal depuis leurs premiers pas, ça ne pouvait pas aller autrement que mal. Et donc là, au moment où ils s'apprêtaient à partir, ils se retrouvaient avec un dieu sur les bras. Ok... Caducée, petites Converses ailées :
- Hermès ? demanda Aphrodite. Avec... des Converses ?
- Moi-même. Et il faut bien vivre avec son temps. Un problème ?
- Oh non, pas du tout. Je préfère les Doc Martens, mais, les Converses, c'est très bien.
- Hmm. Parfait. Alors, moi, par contre, j'ai un problème.
DeathMask se mordit la lèvre :
- Si on vous promet de ne rien dire à Athéna ?
Aphrodite lui jeta un regard furibond :
- QUOI ?
- La loyauté règne au Sanctuaire, à ce que je vois... T'as la traîtrise dans le cosmos, toi, hein ?
DeathMask resta silencieux. Peut-être qu'il serait comme Hadès. Qu'il y croirait. Les renverrait voir Athéna avec une mission quelconque, qu'ils pourraient alors révéler la présence d'Hermès, ses plans. Le dieu restait impavide, dans une pose un peu pensive. Il soupira, inspecta ses ongles soigneusement manucurés (un très joli vert), puis lâcha :
- Tu me prends vraiment pour un imbécile, n'est-ce pas ? Tu crois que je vais faire la même erreur que mon oncle ?
Il ricana.
- Même un dieu peut apprendre de ses erreurs, c'est pas réservé aux êtres humains. Et en l'occurrence... je crois que je vais me contenter de vous garder tous les deux ici. Je n'ai pas très envie de vous tuer pour le moment.
Il fit une pause. Aphrodite poussa son compagnon du coude :
- On court, souffla-t-il.
- Quoi, répondit le Cancer sur le même ton.
- On se tire d'ici, à trois.
Hermès reprit :
- Ce serait plus prudent, évidemment. De vous tuer.
- Un...
- Mais, ce n'est pas comme si vous pouviez me donner des leçons de prudence... sauf si vous voulez donner l'exemple de ce qu'on ne doit pas faire.
- Deux...
- Et puis, j'ai envie de m'amuser avec vous. Par exemple, pour tester l'efficacité de mes prochaines bombes. Elles sont toutes uniques, vous sav...
- Trois !
Ils s'élancèrent. À la vitesse de la lumière. Ce n'était pas courageux, ni chevaleresque, ni honorable, ni rien. Mais Hermès était un dieu, ils devaient absolument prévenir le reste du Sanctuaire et, surtout, ils avaient une paella qui les attendait.
- Oh non, geignit Hermès en volant à leurs côtés sans le moindre effort. Quand je pense que vous auriez pu tranquillement vous laisser capturer... Pourquoi vous débattre ? C'est si... inutile, conclut-il en attrapant le Cancer par le col pour le projeter loin derrière.
- Death ! hurla Aphrodite.
- Vous voyez ce que vous me faites faire ? Regardez-moi tous ces pauvres arbres qu'il va falloir que je répare afin d'éviter à Athéna des inquiétudes sur la santé de ses ressources forestières...
Par Athéna, la douleur... Elle occupait tout son corps, tout son esprit, monopolisant toute son intention.
"Sacrés Bronzes", songea DeathMask. "Franchement, vu tous les coups qu'ils se sont pris, c'est un miracle qu'ils se soient relevés à chaque fois... Ce sont des sales gosses mais, ouais, ils n'ont pas volé leur armure divine."
Ils ne s'en tireraient pas. Hermès narguait Aphrodite pour l'instant, tout en commentant ses roses, mais cela ne durerait pas longtemps. Le dieu s'en lasserait vite, et alors... Bien sûr, le Cancer pouvait tenter de fuir, mais il n'irait jamais assez vite. Et il était prêt à parier que les explosions de cosmos exagérées d'Aphrodite étaient soigneusement dissimulées en temps réel par leur adversaire. Pourtant, il fallait absolument qu'ils préviennent le reste du Sanctuaire. Au moins ça. Bordel, quelle solution... Minute.
Son portable. D'accord, la dernière fois qu'il avait vérifié, il n'avait plus de réseau. Cependant, vu la situation, il lui semblait être en droit d'espérer un miracle, une intervention divine... ou la bonne influence inconsciente du messager divin. Allons, les communications ne seraient tout de même pas bloquées en sa présence ! Il alluma l'appareil fébrilement. L'écran s'éclaira et... le petit sigle Vodafone s'afficha dans un coin. Du réseau ! Vite, un SMS. Pas à Shura, il allait flipper.
Un cri de douleur d'Aphrodite lui fit relever la tête. Un peu vite, un éclair de pure douleur lui transperça le crâne. C'était vachement dur, un arbre. Il devait faire plus vite. Il cliqua sur une conversation au hasard, rédigea à toute vitesse, envoya le message. Cinq secondes plus tard, le corps d'Aphrodite lui tomba dessus. Il s'écroula encore un peu plus, se cogna la tête, et tout devint noir.
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Hermès se posa lentement près des deux Chevaliers. Bon, tout ce sport l'avait rafraîchi, mais il fallait qu'il songe à la suite. C'est-à-dire à l'exécution. Au début, il avait sérieusement envisagé de les garder, mais ce serait tellement de travail... comme du baby-sitting, mais avec des enfants particulièrement, sévèrement réfractaires. Mieux valait se débarrasser des problèmes tout de suite. Soudain, il sentit plus qu'il n'entendit les vibrations caractéristiques d'un téléphone en mode silencieux. Oh... Les choses devenaient excitantes.
Il récupéra l'appareil, encore allumé, dans la main du Cancer. Une conversation avec Shura - si ses souvenirs étaient bons, un des Ors - s'affichait. Et le type était inquiet, c'était le moins qu'on puisse dire. Curieux, Hermès remonta les derniers messages de la journée. Bon, ça commençait avec un message laconique, puis un truc un peu plus détaillé pour rassurer ce Shura, et des échanges niais, clôturés par un cœur envoyé juste après son arrivée - un timing un peu bizarre, suggérant que le smiley avait fait l'objet d'une première tentative quelques heures plus tôt, et retardée par l'absence d'un réseau revenu miraculeusement lorsqu'il s'était pointé. Et ensuite... Oh. L'enfoiré. Le délicieux enfoiré. Une localisation. Et le message suivant :
Lundi 15 fév. 20h22 : Urgent. C Hermès. Vite. Forêt. Danger. Vite.
Suivaient une dizaine de SMS complètement paniqués. "DeathMask, qu'est-ce que ça veut dire ?" "Bordel, réponds !" "Death, pitié, RÉPONDS !" "Est-ce que ça va ?" "Je vais prévenir Athéna." Etc, etc. Bref, DeathMask était quelqu'un qui savait être rassurant avec ses proches dans les moments difficiles. Soudain, le téléphone vibra. Appel entrant de Shura. Hermès sourit et décrocha.
- Allôôô ? chantonna-t-il. Je suis navré, mais le propriétaire de ce téléphone n'est pas vraiment en état de vous répondre...
