Bonsoir !
Voilà donc la 8e partie de cet OS... qui devait être la dernière mais en fait non, puisque j'ai eu une idée absolument... géniale héhéhéhé... J'ai aussi bien repensé au fait que j'étais censé écrire un OS de Saint Valentin, un Camilo sur le thème "Love Story". Alors, si il y a bien du Camilo, le couple partage le devant de la scène avec d'autres personnages... MAIS ! J'ai cherché à bien exploiter le thème Love Story ! Beaucoup d'événements de cette histoire sont donc liés à une histoire d'amour. Mais je ne vous en dis pas plus et je vous laisse découvrir ce chapitre o/
Et merci Athena pour ta review anon ! C'est toujours un vrai bonheur d'en recevoir o/
Bonne lecture !
PS : rappelez-vous, je vous ai promis une fin heureuse...
EDIT : merci à Hue-Fang de m'avoir signalé une petite erreur mythologique... C'est à présent corrigé !
OoOoOoOoO
Dites-le avec des fleurs, partie 8
Un mouvement dans la périphérie de son champ de vision attira soudainement l'attention d'Hermès. Un instant plus tard, il sourit en sentant la petite plume s'écraser contre sa joue :
- Tu es de retour... Je me demandais où je t'avais perdue...
Il jeta un regard autour de lui. Personne, en apparence. Son sourire s'élargit. Par l'Olympe, elle s'améliorait avec les siècles ! Impossible de la repérer. Pourtant, elle devait être là, quelque part, soigneusement dissimulée. Et il était aussi prêt à parier qu'elle n'était pas venue seule. Réussir à lui dissimuler ses Chevaliers... Ça, c'était particulièrement impressionnant.
Il tourna la tête vers ses deux prisonniers, soigneusement attachés, différents bouquets explosifs disposés autour d'eux. Sa sœur enverrait certainement quelqu'un pour les délivrer, elle ne prendrait pas le risque d'y aller elle-même et de faire exploser les roses. Ce serait dommage de ne récupérer que de la poussière d'armure... Cependant, pour l'instant, rien ne bougeait. Hermès soupira. Il avait hâte d'en finir et de rentrer sur l'Olympe.
Au début, il s'était bien amusé à semer ses bouquets, trompant sa mélancolie provoquée par la Saint-Valentin - s'intéresser autant aux traditions humaines avait été une erreur fatale pour sa tranquillité d'esprit. Mais maintenant, il ne restait guère que sa rancœur envers Athéna. Et son désir de s'occuper de cette affaire lui-même. La seule chose qui le retenait de faire appel à son armée. Qui le retenait de réclamer l'aide de ses pairs - Apollon avait été une exception. Son frère aîné, inquiet pour les Moires savaient quelle raison, avait insisté, s'était incrusté dans ses plans. Il était reparti, à présent.
Avec adresse, Hermès arrangea les derniers détails du bouquet spécial qu'il réservait à Athéna. Il n'était pas particulièrement inquiet : ni elle, ni sa Chevalerie n'avaient la moindre chance contre lui. Il pouvait donc se permettre un peu de panache, de raffinement. Un bruissement derrière lui. Il virevolta sur lui-même... et se figea. Une clarté solaire baignait désormais les lieux, malgré l'heure tardive. Et ce n'était pas Athéna qu'il avait devant lui. Une haute silhouette, une moue ennuyée, de longs cheveux d'un blond irréel, des yeux inquiets.
- Apollon ?
Le dieu jeta un coup d'œil à la clairière - les établis de travail, les roses, les bouquets, les prisonniers. Circonspect, il répondit :
- Bonsoir, Hermès.
- Qu'est-ce que tu f... fais ici ?
Apollon détestait les écarts de langage.
- Je t'avais dit que ce n'était pas une bonne idée.
- Et alors ? C'est mon affaire.
Le dieu solaire secoua la tête :
- Plus maintenant. Je n'ai pas été assez discret, la nuit dernière. Hestia a reconnu mon cosmos.
- Attends. Que vient faire Hestia dans cette histoire ?
Apollon hésita.
- Et bien... Je ne suis pas certain moi-même...
Hermès soupira, puis balaya la question d'un geste de la main :
- Peu importe ! Ça ne change rien. Notre tante pourra me sermonner plus tard aussi longtemps qu'elle le voudra. Du temps, je n'ai que ça de toute façon, précisa-t-il dédaigneusement.
- C'est quelque chose de précieux, le temps, protesta dans un murmure Apollon. Les vies humaines...
- Tu te lies trop à ces vies mortelles, mon frère, le coupa Hermès. Lorsqu'on dispose de l'éternité, mieux vaut se détourner des âmes emportées par le flot continu du temps.
- Il est vrai que te lier avec une divinité a mené à ton bonheur éternel, rétorqua son frère d'un ton acide.
Hermès grimaça.
- Va te faire foutre.
- Langage !
- C'est ça. Va lire de la poésie au lieu de m'emm...
- Hermès !
- ... m'embêter. Je termine ça et je rentre pour le sermon de tata Hestia, t'inquiète.
Apollon soupira. Il se tourna vers les arbres et lança :
- Je t'avais dit qu'il n'entendrait pas raison. Il n'est pas d'humeur pour négocier.
- C'est étonnant de sa part, répondit une voix féminine.
Hermès sursauta presque. Athéna ! Elle se montrait enfin. Son visage se tordit de rage contenue. Pas trop tôt.
- Et si tu te montrais, très chère sœur ? susurra-t-il. Sinon je me débrouille pour faire exploser ces jolis petits bouquets disposés autour de tes Chevaliers chéris. Déjà qu'ils devraient être à l'hôpital et pas saucissonnés par terre...
Athéna sortit lentement du couvert des arbres, révélant son cosmos, entourée par... dix Chevaliers. Hermès émit un sifflement d'admiration :
- Quelle armée... terrifiante, dis donc ! Tu crois que vous allez réussir à me décoiffer ? Et je constate que mon petit cadeau ne t'a pas trop affectée...
- Grâce à Hestia, en effet.
- Encore elle ! Notre tante n'est pas censée rester neutre ?
- Tu noteras qu'elle n'est pas ici actuellement.
- Manquerait plus que ça... marmonna le dieu.
Apollon frappa soudainement dans ses mains :
- Bon, puisque vous n'avez plus besoin de moi, je vais y aller.
- Ah non ! protesta Athéna.
Le dieu solaire secoua la tête :
- J'ai rempli ma part du marché. J'ai demandé à Hermès de laisser tomber. Et il m'a envoyé me faire voir ailleurs. Je ne vois pas ce que je pourrais faire de plus.
- Tu ne lui as rien demandé du tout ! Vous vous êtes disputés comme des enfants !
Apollon haussa un sourcil :
- C'est notre façon normale de nous comporter, entre divinités. Et si ma conversation avec Hermès était une dispute entre gamins, comment qualifier votre échange ? Si tu voulais juste avoir une joute verbale avec lui, je ne vois pas l'intérêt de demander à Hestia de me convoquer.
- Hestia t'a convoqué ? releva Hermès.
- Oui, oui, éluda Apollon. Athéna lui a dit que nous étions allés trop loin, entre envahir son Sanctuaire et kidnapper ses Chevaliers. Elle lui a demandé de m'appeler pour que je me justifie, avant une plainte devant Zeus. Tu connais la procédure.
Le dieu des Voleurs éclata de rire :
- Une plainte devant Zeus ? Oh, ma chère, chère sœur... Ne te gène surtout pas ! Il va adorer...
- Je n'ai pas l'intention d'aller voir notre père, répondit Athéna d'un ton agacé. Peu importe ce que j'ai dit à notre tante. Je voulais comprendre pourquoi tu t'en prenais à moi. Je me suis dit qu'Apollon devait être un peu au courant, vous êtes très proches. Et puisqu'il était entré sans permission dans mon domaine, j'avais, comment dire...
- Un moyen de pression ? suggéra le dieu solaire.
- Exactement.
- Un moyen d'autant plus efficace que je ne suis pas en odeur de sainteté auprès de Père, en ce moment. Et Hestia le sait. Elle m'a donc fortement encouragé à venir... pour mon propre bien. Je serais venu, de toute façon. Je préfère que Zeus n'entende pas parler de moi pour les prochains siècles, peu importe la raison.
Hermès hocha lentement la tête, maîtrisant à grand peine sa colère. Il se sentait trahi par son frère. Rationnellement, il comprenait la décision d'Apollon - qui pour une raison quelconque n'était jamais dans les bonnes grâces de Zeus - , mais elle restait difficile à accepter. En revanche, le soutien offert par Hestia à Athéna ne le dérangeait pas. Il ne s'en étonnait pas : certes, leur tante faisait de son mieux pour distribuer son aide équitablement, mais même elle avait des affinités plus ou moins marquées avec certaines divinités. En plus de cela, Hestia réprouvait formellement toute forme de violation du foyer - et s'introduire chez sa sœur pour l'assassiner était évidemment une violation de son foyer.
- Bref, Athéna n'est pas la déesse de la Sagesse pour rien, conclut-il en prenant un ton léger. Tu as bien joué tes cartes, je l'admets. Faire appel à Hestia, agiter une plainte devant Zeus, contraindre Apollon à voler à ton secours... Ta réaction a été à la fois rapide et pertinente, je te concède au moins cela. Bravo !
Il fit une pause, puis ajouta :
- Et maintenant ? Tu as eu les réponses à tes questions ? Tu as un plan pour m'arrêter, de préférence n'impliquant pas de perdre les douze humains présents, en comptant les deux que je retiens ? Tu comptes offrir la jolie tête de ta réincarnation pour me calmer ?
La déesse soupira :
- Maintenant j'aimerais négocier, Hermès.
Le dieu du Commerce cligna des yeux, interloqué. Puis il éclata de rire, un rire franc et sincère qui arracha un sourire à Apollon. Cela faisait quelques temps que son frère n'avait plus ri ainsi.
- Négocier quoi ? finit par articuler Hermès entre deux gloussements. Qu'as-tu à m'offrir, Athéna, sale petite déicide ? Tu réserves tes cadeaux à l'humanité ; à nous, tu ne fais que prendre.
- Apollon a répondu à toutes mes questions sur tes motivations, mon frère.
- Sérieusement ? cracha Hermès. Et mon intimité ?
Le dieu solaire leva les mains en un geste de défense :
- Premièrement, elle m'a présenté ça comme le prix à payer pour que mon nom ne soit pas évoqué devant Zeus, si jamais les choses allaient jusque là. Tu connais l'égoïsme divin, Hermès. Deuxièmement, elle a bien le droit de savoir pourquoi tu veux sa mort. Troisièmement, ces informations lui ont permis de concocter une vraie proposition de négociation. Donc, au final, il ne me semble pas avoir commis une si grande faute.
Hermès resta silencieux pendant quelques secondes, puis lâcha :
- T'as intérêt à te faire pardonner d'une manière ou d'une autre. J'attendrai mon cadeau.
Apollon hocha la tête avec un sourire de soulagement.
- Bien, poursuivit Hermès en se tournant vers Athéna. Je vois que tu as vraiment mis mon Apollon dans ta poche. J'apprécie peu. Mais, puisque mon frère semble penser que tu ne négocies pas du vide... j'attends ta proposition. Amuse-moi un peu.
- C'est très simple...
Il l'interrompit d'un geste :
- Une dernière chose.
Il désigna les Chevaliers qui attendaient, silencieux, à l'arrière-plan. Athéna les avait mis au courant de son plan pendant le trajet et leur avait ordonné de bien se tenir. Ils se sentaient un peu bêtes, à rester là, sans rien faire, pendant que les trois adelphes réglaient leur compte pacifiquement. Visiblement, ils n'étaient pas les seuls à se trouver l'air con.
- Ils font quoi ici, exactement ?
- Oh. Et bien, dans l'idéal, ils sont juste là pour évacuer Aphrodite et DeathMask. Saga, Shion et Mû en particulier. Milo peut aussi arrêter une hémorragie, et le froid fait parfois des merveilles. Après, j'avoue ne pas avoir trop eu le temps d'optimiser le choix de mes troupes.
Les Chevaliers dansèrent d'un pied sur l'autre, mal à l'aise. C'était toujours agréable de se sentir inutile.
- Mais, au besoin, ils sont là pour te faire face, bien sûr, termina Athéna. Bien sûr, je préférerais éviter ce dénouement.
- Oui, je ne suis pas sûr que Zeus accepte de payer les tarifs exorbitants mis en place par Perséphone et Hécate pour sortir des âmes des Enfers. Quel rapiat, notre père, des fois...
- Rien ne dit que nous mourrions, Hermès, lança Seiya d'un air de défi.
- Oui, c'est vrai que vous pourriez avoir de la chance et simplement finir dans le coma, où avais-je la tête ! ricana le dieu. Je pense que tout le panthéon a très bien saisi votre capacité à défier la mort, depuis le temps, Pégase. On a aussi eu le temps d'apprendre à ne pas vous sous-estimer, d'ailleurs. Oups.
Seiya serra les poings et fit un pas en avant, aussitôt arrêté par Jabu.
- Je t'en prie, chuchota la Licorne, calme-toi. Athéna veut éviter un affrontement.
- Écoute ton chéri, Pégase, approuva Hermès. Il a raison. Bon, Athéna, qu'est-ce que tu as à me proposer ?
La déesse lança un regard lourd de sens à ses Chevaliers, puis se tourna vers Hermès :
- Bon. J'ai enfin compris ce que tu avais à me reprocher, en dehors de mon manque de... disponibilité.
- Joliment dit, glissa Apollon.
- D'une certaine manière, poursuivit Athéna en l'ignorant, j'aurais dû m'en douter. Tout le monde s'était rendu compte que tu passais plus de temps aux Enfers ces derniers temps. Oui, même moi.
Le dieu des Voleurs leva les yeux au ciel :
- Tu le savais, mais sans Apollon tu aurais été incapable d'additionner deux et deux. Magnifique.
- Je sais, reprit Athéna. Je le regrette.
Le dieu solaire étouffa un ricanement sous une quinte de toux.
- Je le pense vraiment ! insista la déesse. Bref, Apollon m'a dit que tu sortais avec Thanatos.
- Je n'utiliserais personnellement pas un verbe aussi plat pour parler de notre relation, mais oui, tu as saisi l'idée, confirma Hermès.
- Oh, laissa échapper Seiya.
- Oh, singea le dieu. Oh bah oui, oups. Enfin, c'est pas comme si vous l'aviez tué lors de la dernière Guerre Sainte... Ah, suis-je bête ! J'oubliais... Un emprisonnement c'est trop old school pour vous... C'était pour fêter en avance le troisième millénaire, cette hécatombe divine ? Ou alors c'était juste gratuit ?
- Écoute, Hermès, je suis vraiment navrée...
Le dieu roula des yeux :
- Ça me semble un minimum... Manquerait plus que ça te laisse indifférente. Non parce que, malgré mes liens avec Thanatos, tu noteras que je n'ai jamais, avant aujourd'hui, tenté de m'en prendre à toi ! Alors d'accord, je ne t'ai pas aidée, mais en même temps, tu me voyais me pointer pendant la Guerre Sainte ? Ç'aurait été gênant...
Il eut une petite moue moqueuse, puis redevint sérieux :
- Cependant, je ne t'ai jamais rien fait ! Pas une seule petite blagounette qui t'aurait coûté, quoi, une demi-douzaine de gardes ! Pas un seul petit vol de ton armure divine, alors que c'était tentant, tu la mets toujours dans les endroits les plus improbables et les moins gardés possibles ! Et tu peux demander à Apollon : les vols d'armure, c'est ma spécialité !
Le dieu solaire acquiesça.
- Mais tu vois, poursuivit Hermès, je me disais que tu étais déjà suffisamment dans la merde...
- Langage, marmonna Apollon.
- ... dans les ennuis, corrigea son frère. Que tu n'aurais certainement pas la tête à apprécier mes tours. J'ai fait preuve, tu vois, d'une certaine retenue. De délicatesse. Tout ça pour que ton canasson choucou massacre mon compagnon ! Excuse-moi d'avoir quelque chose à te reprocher, ma sœur !
Haletant, Hermès s'interrompit. Ses yeux le piquaient. Merde. Foutue carcasse divine. Tout était amplifié, de son point de vue de dieu : joie, colère, tristesse... Les divinités n'étaient pas parfaites, plutôt intenses. D'une certaine manière, elles ressentaient tout parfaitement, pleinement. Il inspira à fond, tâchant de calmer son cosmos, d'en faire un lac calme et tranquille. Trompeur aussi.
- Et si je demandais à Zeus de le ramener ? demanda doucement, presque timidement, Athéna.
Il releva les yeux vers elle :
- Thanatos ?
- Oui.
Il se tourna vers Apollon, qui acquiesça lentement. Oui, elle était sérieuse. Enfin, selon Apollon. Elle aurait pu lui mentir, bien sûr.
- Il accepterait ?
Elle hésita.
- C'est moi qui me suis opposée au retour des dieux infernaux. Père m'a fait une faveur, mais... je crois que ça aurait arrangé tout le monde que j'accepte leur retour.
Hermès écarquilla les yeux :
- Tu as... demandé à Père de laisser mort mon Thanatos ?
- Pas lui spécifiquement, protesta Athéna. C'était par sécurité ! ajouta-t-elle.
- Ha ! Par sécurité...
Le dieu sourit.
- Par sécurité... répéta-t-il. C'est vrai, ce n'est pas une mauvaise idée. J'accepte ta proposition, Athéna. Mais, par sécurité, je préfère te donner une motivation supplémentaire d'aller voir notre Père...
Il claqua des doigts. Tous les bouquets présents dans la clairière explosèrent en même temps.
OoOoOoOoO
Au milieu de la clairière dévastée, les cendres de l'armure du Phénix tournoyaient doucement, reprenant peu à peu forme.
- Une vraie armure immortelle ! s'exclama Hermès avec ravissement, depuis les airs où il s'était réfugié. Dommage que ce ne soit pas le cas de son porteur... Et je remarque que les armures d'or ont bien tenu aussi, admirable !
- Qu'est-ce que tu as fait... murmura Athéna, flottant à ses côtés.
L'explosion avait été trop soudaine, trop violente pour qu'elle puisse se soucier de qui que ce soit d'autre qu'elle-même.
- J'ai pris mes précautions, ma sœur... Notre accord tient toujours, d'ailleurs. Tu as... disons trois mois pour me ramener Thanatos. Rien ne t'empêche de demander le retour de tes Chevaliers en même temps, bien sûr. Oh, et si mon amant n'est pas de retour dans trois mois, je reviendrai t'affronter en personne. Peut-être que j'amènerai mon armée, je ne sais pas encore...
- Ce serait plus raisonnable, approuva Apollon.
Le dieu solaire les salua de la tête, jeta un dernier regard au sol, eut une moue appréciatrice.
- Jolies bombes, en tout cas. Tu me passeras la recette, lança-t-il en guise d'adieu avant de disparaître.
- Je la lui venderai, oui ! grommela Hermès. Bon, c'est pas tout ça, ma sœur, mais je te laisse compter tes morts... À la prochaine, avec de bonnes nouvelles, j'espère !
Il disparut à son tour, laissant Athéna seule face au désastre. Le bruit avait réveillé tout le Sanctuaire, elle sentait divers cosmos approcher, complètement paniqués. Elle se posa lentement au sol. Au final, il n'y avait... pas tant de victimes que ça. Elle repoussa violemment cette pensée. "Pas tant que ça" ? Par l'Olympe, c'était déjà trop. Lentement, les armures d'or se reformaient, un peu cabossées, définitivement choquées, privées si soudainement de leur propriétaire. Le Verseau, les Poissons, le Cancer, la Balance. Les boucliers étaient particulièrement endommagés, peut-être que Dohko avait essayé de les utiliser pour se protéger... en vain.
Il y avait un gigantesque bloc de glace au milieu de la clairière. Pas n'importe quelle glace. Le genre que rien ne pouvait briser - ou presque. Et les bombes ne faisaient pas partie du "presque", de toute évidence. À l'intérieur... oui, Milo était encore en vie. Saga, Mû, Shion devaient s'être téléportés. Elle l'espérait en tout cas, elle l'espérait si fort. Elle repéra enfin leurs cosmos, secoués mais bien vivants. Ils étaient accompagnés d'Aiolia...
"Les deux gamins sont blessés, mais ils sont avec nous," l'informa Shion par télépathie. "Je les ai récupérés au dernier moment... Saga s'est occupé d'Aiolia, il est toujours aussi doué. Dohko ?"
"Pardon."
Le contact se coupa sans qu'elle essaie de le maintenir. Elle comprenait. Elle se sentait soudainement épuisée et vieille, si vieille. Elle regarda autour d'elle, un peu hagarde. Il faudrait qu'elle aille voir Zeus. Pas maintenant, elle n'était pas en état. Elle avait... trois mois ? Ça serait dur. Elle n'avait pas le choix. Mais elle ne pouvait pas y aller maintenant. Que pouvait-elle faire ?
Son regard tomba de nouveau sur le cercueil de glace. Ah, oui. Milo. Lui, elle pouvait l'aider. Elle déploya doucement son cosmos, aussi doucement qu'elle le pouvait. Il lui fallait de la retenue, de la délicatesse. Elle ne voulait pas risquer de le blesser. Lentement, la glace se mit à fondre, jusqu'à ce que le Scorpion s'effondre inconscient sur le sol. Elle s'avança vers lui, le prit dans ses bras. Il était complètement gelé. Il avait passé seulement quelques minutes dans la glace, mais Camus était doué - et n'avait pas voulu prendre de risques.
- Félicitations, marmonna-t-elle dans le vide. Un cercueil au zéro absolu... Tu voulais vraiment le protéger, je suppose.
Elle haussa les épaules en projetant son cosmos vers le Scorpion. Il ne fallait pas qu'il meure de froid.
- C'est un succès, ajouta-t-elle. À peu près, corrigea-t-elle. Mais ça va aller. Je m'en occupe. Je vais m'occuper de tout. Je vais arranger les choses. C'est promis.
Elle ne savait pas trop à qui elle faisait cette promesse. Elle sentait simplement qu'elle devait la faire. Elle se sentait stupide. Tout cet affolement, toutes ces blessures, et de nouveau la présence de la mort... parce qu'elle avait laissé des déités mourir et réclamé leur maintien dans cet état sans penser un instant aux conséquences. Certes, elle n'avait pas vraiment eu son mot à dire lorsque Thanatos avait été tué, mais par la suite... comment avait-elle pu se dire qu'insister lourdement auprès de Zeus, malgré les réticences de son père, était une bonne idée ? Elle savait, pourtant, qu'Hermès et Thanatos se fréquentaient. C'était bien la seule raison pour laquelle son frère continuait à accompagner les âmes aux Enfers, job ingrat adouci par la perspective de croiser son amant. Tout le monde le savait, sur l'Olympe. Elle le savait aussi. Elle l'avait juste oublié. Sa grand-tante, qui l'avait élevée après la disparition de sa mère, était déesse de la Mémoire, et elle avait oublié une chose aussi importante. C'était tellement... pathétique.
Elle sentit peu à peu de nombreuses présences emplirent la clairière détruite. Surprise, colère, effroi, les émotions se mêlaient, communiquées par les agitations des cosmos ou les exclamations.
- Déesse, vous allez bien ?
Quelqu'un se tenait à ses côtés. Elle regarda la personne sans la voir, plongée dans ses pensées, berçant Milo mécaniquement.
- Déesse, je crois que Milo va bien. Vous devriez... le lâcher.
Allons, il avait si froid... Elle toucha la joue du Scorpion, fut étonnée de la trouver fiévreuse. Oh. Oh non. Voilà qu'elle recommençait à faire n'importe quoi. De la retenue, de la délicatesse, s'était-elle dit. Elle sentit qu'on récupérait Milo. Oui, c'était mieux. Elle n'était pas trop sûre de pouvoir contrôler assez son cosmos pour le réchauffer sans risque. D'ailleurs, avait-il encore besoin d'être réchauffé ? Mais peu importait, il était parti et elle devait se concentrer sur la suite. Zeus. Oui, elle devait aller voir son père. Lui demander... Thanatos. Et ses Chevaliers, bien sûr. Combien de victimes ?
- Si on compte les armures, cinq, déesse. Que s'est-il passé ?
Ah, elle avait posé la question à voix haute. Quant à ce qui s'était passé... Elle sourit, les yeux vides.
- Juste une petite séance de négociations divines, ricana-t-elle.
- Déesse, tout va bien ?
La voix était inquiète. C'était adorable. Les humains étaient vraiment adorables. Elle adorait passer du temps sur Terre. Sauf qu'elle ne pouvait pas perdre de temps, n'est-ce pas ? Elle avait à faire sur l'Olympe. Distraitement, pour la première fois depuis plusieurs siècles, elle se téléporta dans son palais divin, laissant derrière elle le Sanctuaire. Elle devait voir son père au plus vite ; mais avant, elle devait dormir.
