Et de onze ! Et c'est toujours pas fini, misère T^T on approche pourtant des 40k mots sur mon document word... bref !
Je n'ai toujours pas répondu aux reviews, pardon pardon, mais mes remerciements les plus chaleureux et sincères vont aux personnes qui prennent le temps d'en laisser. C'est toujours très encourageant et plaisant !
Bonne lecture 3
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Dites-le avec des fleurs, partie 11
- C'est impossible, fut le seul commentaire de Milo quand Aiolos lui annonça la nouvelle.
Le Scorpion s'était réveillé au milieu de la nuit, étonnamment lucide pour quelqu'un dans son état. Une telle vitalité n'était cependant pas étonnante pour un Chevalier d'Or.
- Je suis vraiment désolé.
- Non.
Le Sagittaire soupira. Milo avait toujours été buté, depuis l'enfance.
- Camus ne me laisserait pas, grogna le Scorpion. Surtout pas maintenant.
- Il n'a pas eu le choix. Et il t'a sauvé la vie.
Le blessé se détourna, refusant de le regarder. Aiolos attendit quelques minutes puis, le silence s'éternisant, réalisa que sa présence ne servait à rien.
- Si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis tout près. N'hésite pas à m'appeler.
Il referma soigneusement les rideaux qui isolaient le Scorpion du reste de l'infirmerie. Il n'avait pas fait deux pas vers la salle de repos qu'il entendait Milo fondre en larmes. Le Sagittaire grimaça. Il détestait apporter les mauvaises nouvelles.
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Patiemment, Athéna attendait devant le palais de son auguste père. Elle était arrivée à l'aube, juste avant le départ d'Hélios. Les lourdes portes d'or demeuraient cependant closes. Son père lui avait dit de revenir « dans quelques temps »… Elle avait attendu la fin de la journée, puis toute une nuit. Mais elle savait que « quelques temps », dans la bouche de Zeus, signifiait autant quelques heures que quelques semaines. Elle espérait toutefois que son père aurait la bonté de prendre sa décision. Il lui tardait de revenir sur Terre et d'annoncer la bonne nouvelle à son Sanctuaire.
- Zeus ne sera pas disponible pour toi aujourd'hui, Athéna, retentit soudain une voix sévère.
- Héra.
La reine de l'Olympe descendit calmement les marches immaculées du perron, vêtue d'une robe pourpre brodée au fil d'or. Des vignes. Un cadeau de Dionysos, certainement. Un paon la suivait. Athéna lui trouva l'air ahuri.
- Père est-il occupé ?
Héra sourit, les yeux pétillants.
- Pour l'instant, il se repose tranquillement. Je lui ai demandé de passer un peu de temps avec moi, aujourd'hui. Nous allons… je ne sais pas, nous verrons bien. Nous trouvons toujours quelque chose de passionnant à faire !
Athéna grimaça :
- Mon affaire est urgente. Héra, je…
- Elle attendra demain. Il s'agit de résurrections, n'est-ce pas ?
- Oui, mais…
- Alors définitivement, cela peut attendre demain.
Athéna secoua la tête :
- J'ai laissé mon Sanctuaire sans nouvelles ! Je dois absolument obtenir une réponse de père…
- Je ne vois pas pourquoi. Retourne sur Terre, dis à tes humains que tu attends la décision de Zeus, et reviens demain.
La fille de Zeus se renfrogna, têtue :
- J'attendrai que Père me renvoie.
Excédée, Héra leva les yeux au ciel :
- Si cela peut te convaincre de ne pas traîner autour de notre palais comme une âme en peine, je glisserai un mot en ta faveur auprès de mon époux ! Cela te convient-il ?
- Bien.
Athéna s'éloigna, amère. Attendre, encore… Mais Héra n'avait pas tort. Elle devrait profiter de cette journée pour rassurer comme elle le pouvait « ses humains ». Elle était partie de façon si cavalière, en plein milieu d'une crise avec ça. Un toussotement la fit se retourner. Héra se tenait toujours sur le perron, bras croisés, tête penchée sur le côté, dans une curieuse imitation de son paon. Athéna esquissa un sourire.
- Merci, Héra, marmonna-t-elle.
La souveraine de l'Olympe eut un sourire satisfait, puis disparut dans son palais. De son côté, Athéna se dématérialisa, direction la Terre.
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Mû referma doucement la porte, le visage encore plus inquiet que lorsqu'il était entré dans le bureau du Pope. En agitant vaguement la main pour lui dire au revoir, Shion songea que lui rendre visite n'était vraiment pas bon pour la santé de son disciple. Il étouffa un bâillement. L'ancien Bélier avait passé une très mauvaise nuit, remplie de rêves embrouillés et de souvenirs douloureux. Il aurait bien passé la mâtinée au lit, à se prélasser entre deux coussins, avec un livre et un bon cappuccino. En l'occurrence, Mû lui avait déposé le cappuccino, et un livre commencé une semaine auparavant traînait quelque part dans son bureau. C'était Dohko qui lui avait conseillé comme d'habitude, son amant avait su exactement ce qui lui plairait…
Shion fusilla le livre du regard, comme si le pauvre ouvrage était personnellement responsable de la disparition de la Balance. Puis il attrapa au hasard une chemise fraîchement sortie des archives. « Juste après une attaque meurtrière perpétrée par un dieu imprévisible » n'était pas le moment le plus approprié pour se lancer à corps perdu dans une entreprise de reclassement et nettoyage des archives du Sanctuaire, mais le Pope s'en fichait. Athéna était partie, Hermès n'avait plus été aperçu, tout le monde était choqué, Dohko était mort. Tout allait de travers, alors il pouvait bien classer des archives. En plus, sur le long terme, ce serait certainement plus significatif qu'essayer d'élaborer des plans de bataille vains qui ne vaudraient plus rien dès qu'on passerait à la pratique.
Satisfait d'avoir ainsi justifié son activité, Shion ouvrit la pochette et étala les différents documents sur son bureau. Tous évoquaient l'année 1622… à l'exception de deux extraits de comptabilité de l'année 1621. Le Pope eut une pensée désolée envers le trésorier en poste à l'époque, qu'il avait soupçonné d'avoir fraudé cette année-là. Il mit les deux feuillets de côté, inventoria rapidement le reste des pages, puis referma la pochette 1622. Attrapant les bouts d'archives de 1621 qu'il venait de découvrir, il se dirigea vers sa pile de pochettes fraîchement classées, récupérant celles consacrées à l'année qui l'intéressait. Rapidement, il retrouva le reste de la comptabilité du Sanctuaire et y adjoignit les deux feuillets manquants. Parfait. Il rangea de nouveau les pochettes et retourna s'asseoir à son bureau pour se concentrer sur 1622. Il était plutôt content de sa progression. Le Sanctuaire était sens dessus-dessous, mais ses archives n'avaient jamais été aussi proprement classées.
Soudainement, une lumière divine illumina la pièce. Quelques instants plus tard, Athéna se tenait devant lui, dans son habituelle robe blanche, son sceptre à la main, entourée d'un halo doré. Ses longs cheveux mauves semblèrent flotter quelques secondes autour de son corps. Puis le phénomène disparut, laissant la déesse prendre un aspect plus humain. Shion resta muet de stupeur. Une foule de sentiments se disputaient en lui, sans qu'il parvienne véritablement à en isoler un pour guider son action.
- D… Déesse, se contenta-t-il donc de bafouiller.
Athéna regarda autour d'elle, examinant le bureau encombré de vieilles pochettes poussiéreuses. Une odeur de vieux papier et de renfermé flottait dans l'air, les fenêtres étaient fermées, les rideaux tirés. Shion avait l'air épuisé.
- Les archives ? interrogea-t-elle à voix haute.
Son Pope haussa les épaules :
- Il faut bien s'y mettre, à un moment. Vous n'étiez pas là, Hermès n'est pas revenu…
- Certes.
Il y eut un inconfortable silence, qu'Athéna brisa d'une voix plus rauque que d'habitude.
- Shion… Je suis tellement désolée.
Le Pope plongea ses yeux violets dans les siens :
- De quoi, déesse ?
Elle grimaça.
- De n'avoir rien pu faire quand Hermès…
- C'est un dieu imprévisible, changeant. Je ne vois pas comment vous auriez pu anticiper une réaction aussi violente de sa part. Les pourparlers semblaient bien engagés, après tout. Je ne vois pas pourquoi je vous en voudrais pour ça.
Shion se leva, baissant le regard vers son bureau. Apparemment plongé dans la contemplation des vieilles listes de recensement du Sanctuaire, il ajouta :
- Et ce n'est pas non plus de votre faute si il est mort.
- Je suis désolée d'être partie sans rien dire. J'aurais dû rester.
Le Pope releva ses yeux vers elle, hochant lentement la tête :
- Je pense que je ne suis pas le seul à mériter des excuses. Si vous me permettez la remarque, déesse.
- Vous avez raison, reconnut Athéna d'une voix triste, presque penaude. J'ai fait une erreur.
À nouveau, le silence s'installa. Cette fois, c'est Shion qui parla le premier :
- Et si nous allions parler dans un endroit plus confortable ? En plus, cela rassurera les sales gosses qui se rongent les sangs toute la journée devant ma porte.
La déesse étouffa un petit rire :
- Je m'inquiéterais aussi, à leur place. Le tri des archives, vraiment ?
- J'admets n'avoir pas eu un comportement plus sage que le vôtre. Je crains de devoir moi aussi quelques excuses.
- Je suis sûre que tout se passera bien. Il suffit de ravaler sa fierté, non ?
- C'est le plus difficile, grogna Shion.
Il ouvrit la porte. Comme il l'avait annoncé, Mû et Aldébaran étaient venus dès leur réveil faire le pied de grue devant son bureau. Ils sursautèrent presque lorsque la porte s'ouvrit.
- Grand Pope !
- Et… Déesse ?
L'incrédulité qui transparaissait dans leur voix était comme une piqûre pour Athéna.
- Je suis navrée de vous avoir fait faux bond, lâcha-t-elle, contrite.
- De même, ajouta Shion. Je n'ai pas été au meilleur de ma forme, ces derniers jours. Pardon.
Mû secoua la tête, un peu ému :
- Le plus important, c'est que vous soyez de retour. On a vraiment besoin de vous. De vous deux, insista-t-il.
Le Pope acquiesça :
- Nous allons commencer par faire un point sur la situation. Mû, Aldébaran, allez me chercher Aiolos et Saga. Les connaissant, ils ont probablement pris les choses en main au Sanctuaire ces derniers jours. Quant au lieu de la réunion…
- Pourquoi pas le petit salon, celui avec le portrait de Mahaut ? proposa Athéna.
Shion fronça les sourcils :
- Mahaut ?
- Oh, le tableau avec la chouette ! Ma réincarnation de l'époque lui avait choisi un prénom quand elle était enfant. Je n'étais pas encore éveillée, mais elle était déjà très proche de mes oiseaux.
- Ah, je vois. Et bien, ça me semble un bon endroit. Donc, les garçons, vous nous ramenez Saga et Aiolos dans le salon de la chouette.
- À vos ordres, grand Pope !
Les deux Chevaliers s'éloignèrent rapidement, l'air soudainement détendu. Shion avait toujours quelques cernes, mais il ne semblait plus complètement dénué de vie. Et puis, Athéna était revenue… Tout irait bien.
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À l'infirmerie, Aiolos venait de relancer la machine à café. Ses patients n'avaient pas du tout besoin de lui. Seiya et Jabu s'occupaient tous les deux – et le Sagittaire ne tenait vraiment pas à tenir la chandelle, même s'il notait de s'assurer de faire coïncider leurs périodes de repos, histoire qu'ils puissent passer du temps ensemble. Quant à Milo… Lorsqu'il avait jeté un coup d'œil au Scorpion, il avait été accueilli par un silence désespéré, bizarrement accusateur. Il n'avait pas su quoi dire à son cadet. Il regrettait que Saga ne soit pas là. Le Gémeau pouvait la nier autant qu'il le voulait, la vérité ne changeait pas : d'eux deux, c'était lui, pas Aiolos, qui savait trouver les mots pour réconforter les autres. Le Sagittaire était souvent trop franc, trop maladroit – et mourir l'avait privé de l'expérience qu'auraient pu lui apporter les années.
Un bruit mécanique l'informa que son café était prêt. Il récupéra le gobelet brûlant et alla s'asseoir sur une chaise en plastique. Elle avait dû être blanche, à une époque. Mais elle avait vieilli, accumulé la poussière, les saletés. Même en y revenant trois fois, avec savon, javel et plusieurs seaux d'eau, Aiolos n'était pas venu à bout des tâches qui la recouvraient. C'était décourageant. Il retint un bâillement et avala quelques gorgées de café. Erk. Il lança un regard noir à la machine. Ce que le manque de budget pouvait infliger à vos papilles… Le Pope n'avait peut-être pas tort de passer en revue les vieilles archives, les vieux relevés de compte. Avec un peu de chance, on retrouverait un peu d'argent ou quelques biens oubliés entre deux comptables suite à une période troublée, et on pourrait utiliser ça pour remplacer cette horrible machine à café. Ou alors, c'était quelque chose à demander à Athéna – enfin, très exactement, à Saori Kido – lorsqu'elle reviendrait. Elle pouvait bien leur payer cet appareil de première nécessité, non ?
Il en était là lorsqu'on frappa à la porte de l'infirmerie. Il sourit. Et si c'était une personne venue rendre visite à ses patients ? Bon, Seiya et Jabu s'en sortaient très bien à deux, mais Milo aurait bien eu besoin de quelqu'un à qui parler. Et ce quelqu'un ne serait très certainement pas lui, il ne voyait même pas comment engager la conversation. « Je suis désolé, je sais que tu appréciais beaucoup Camus » ? Il se prendrait certainement un oreiller dans la face, et il l'aurait mérité. Tiens, si seulement Hyoga pouvait être derrière cette porte…
- Oh, salut, Aldébaran.
- Bah ? Tu n'as pas l'air très heureux de me voir, Aiolos !
- Si si, c'est juste…
- Tu attendais quelqu'un d'autre ? s'enquit le Taureau.
- Non, non, pas vraiment…
Le Sagittaire lança un rapide coup d'œil vers le lit de Milo. Rien ne bougeait derrière le rideau tiré.
- Enfin, peu importe, reprit-il en secouant la tête. Qu'y a-t-il ?
- Shion m'a envoyé te chercher.
Aldébaran eut un large sourire et annonça d'une voix forte :
- Tu es convoqué au salon de la chouette pour une réunion extraordinaire !
Un rideau s'écarta, révélant le visage curieux et enthousiaste de Seiya :
- Une réunion extraordinaire ? Je veux en être ! Et parlez moins fort, vous allez déranger Jabu. Il a mal à la tête.
- Je vais très bien, et rallonge-toi, grommela une voix. Tu es blessé aussi, je te rappelle.
Aiolos lança un regard à Aldébaran pour lui demander d'attendre, puis alla voir la Licorne :
- Jabu, le comprimé de tout à l'heure n'a pas fait effet ?
Le Chevalier de Bronze haussa les épaules :
- Je ne sais pas trop. Ça va et vient, comme des vagues. Actuellement, ça passe.
- Bon. Je ne peux pas te redonner de paracétamol pour l'instant, mais…
- Ça ira, l'interrompit Jabu en secouant la tête. C'est supportable, enfin je fais avec.
Il toussota, un peu gêné :
- Je suis pas un Bronze divin, mais j'ai quand même de l'endurance à revendre…
Le Sagittaire sourit :
- D'accord. Mais n'hésite pas à appeler si tu as besoin de quoi que ce soit. Je crois que je suis obligé d'aller à cette réunion…
Rapide coup d'œil à Aldébaran, qui hocha vigoureusement la tête, visiblement enthousiasmé par cette perspective.
- … mais je vais contacter Shun, il viendra vous surveiller.
- Inutile ! protesta Seiya. Il a besoin de repos. Et je peux me déplacer un peu, s'il faut. Avec les béquilles. Que tu peux me laisser vers mon lit. Hum ? conclut-il avec un grand sourire.
Aiolos le fixa quelques instants, avant de lâcher :
- Donc, je vais contacter Shun et lui demander de stocker les béquilles que j'ai eu la bêtise de sortir le plus loin possible de Seiya… et tout ira bien.
- Seiya m'a dit que Shun n'allait pas fort, intervint Jabu. Je me sens mieux. Et puis, cette réunion ne va pas durer des jours. On pourra se débrouiller seuls quelques heures.
Il hésita, puis ajouta :
- Je surveillerai Seiya, promis.
Le Sagittaire hésita. Il était vrai qu'après une bonne nuit de sommeil, la Licorne semblait avoir repris quelques forces. Son état était bien meilleur que la veille, même si de lourdes cernes et une certaine pâleur dénonçaient sa faiblesse. Mais pouvait-il vraiment…
- Allons, tu devrais leur faire confiance, appuya Aldébaran sans se départir de son sourire. Ils sont grands.
- Oui, voilà, Aldé a raison, approuva Seiya. On gardera un œil sur Milo aussi, si c'est lui qui t'inquiète.
- Je vais très bien, interrompit une voix.
Aiolos sursauta presque.
- Milo ! s'exclama Aldébaran. Tu étais réveillé ?
- Oui.
Le Taureau écarta le rideau, tout sourire. Le Scorpion s'était un peu redressé dans son lit, et les regardait. Le cœur d'Aiolos bondit dans sa poitrine. C'était la première fois qu'il voyait les yeux de Milo depuis son réveil. Ils étaient tellement mor… nes. Il eut un sourire crispé :
- Milo. Tu te sens mieux ?
- Un peu. Vous parliez d'une réunion extraordinaire ?
Sa voix était un peu agressive. Le Sagittaire fronça les sourcils, alerté, mais Aldébaran ne sembla rien remarquer :
- Oui ! Je préfère ne rien vous dire pour garder le suspens, mais…
- Le suspens, ah oui ?
Le Scorpion eut une grimace de sourire :
- Le suspens de quoi, exactement ? La couleur des cercueils vides qui seront mis dans des tombes symboliques ? Il vous faut une réunion extraordinaire pour décider de ça ? Et du coup, pour mon Camus, il me semble qu'un joli rouge irait très bien. Ou alors du bleu ? Non, attendez. Du vert. Il adorait le vert. Vous savez, quand il était encore vivant.
Aldébaran recula un peu, l'air confus. Il bafouilla :
- Non, ce n'est pas… Je…
- Oh ? Alors vous allez parler de quoi ? Ne me dites pas que ce n'est pas fini, cette histoire avec Hermès ? Remarquez, est-ce que ça ne m'arrange pas un peu, hmmm ? L'occasion d'un dernier coup d'éclat, non ?
- Milo ! s'exclama Aiolos. Arrête. Aldébaran ne t'a rien fait.
Le Scorpion le fusilla du regard et ses yeux se remplirent de larmes :
- Je sais ! Merde !
Le Sagittaire soupira.
- Je suis certain que cette réunion n'abordera pas de thèmes aussi… sombres. Aldébaran ne serait pas venu avec un tel enthousiasme, sinon.
- Encore mieux, ricana Milo. Plusieurs personnes sont mortes, et la priorité du Pope c'est, je ne sais pas, les prochaines fêtes de Noël ?
- Non, pas du tout ! protesta Aldébaran. Je te jure, ce n'est pas… Simplement, le Pope a reçu de bonnes nouvelles concernant les derniers événements, voilà, c'est de ça que la réunion va parler.
Milo se rencogna dans le silence. Le Taureau le regarda, l'air désolé. Aiolos lui posa une main réconfortante sur l'épaule, puis se tourna vers le Scorpion :
- Je pense que ce serait mieux de te laisser, non ? Quand je reviens, je vous redirai, à tous les trois, ce qui s'est dit. D'accord ?
Milo hocha presque imperceptiblement la tête, pendant que Seiya et Jabu acquiesçaient en souriant. Aiolos referma le rideau, isolant de nouveau le Scorpion, puis salua les deux Bronzes.
- Ne faites pas de bêtises pendant mon absence, leur rappela-t-il.
- Mais oui, t'inquiète. On sera raisonnable.
- Compte sur moi.
- Effectivement, Jabu, je compte sur toi.
- Eh !
Sans répondre à l'exclamation outrée de Pégase, le Sagittaire entraîna Aldébaran vers la sortie, refermant la porte derrière lui.
- Je suis désolé, s'excusa le Taureau lorsqu'ils furent dehors. Je ne pensais pas que Milo réagirait aussi mal, j'aurais dû être plus discret.
- Tu n'as rien fait de mal et je ne vois pas pourquoi tu devrais t'excuser – au contraire, c'est lui qui le devrait… Il ne va vraiment pas bien, soupira Aiolos. Mais ça ne lui permet pas de se comporter de manière aussi agressive.
Aldébaran secoua la tête :
- Je le connais depuis longtemps, un Milo triste est toujours un Milo en colère. C'est comme ça qu'il gère le trop-plein d'émotions, hélas.
- Certes. Mais changeons de sujet. C'est quoi, cette réunion ?
Le Taureau retrouva presque aussitôt le sourire :
- Tu vas voir, c'est une surprise ! Et Mû est allé chercher Saga aussi. Apparemment, il a passé la nuit chez Shura – c'est pas plus mal, si tu veux mon avis. On a convenu de ne rien vous dire pour l'instant, on veut voir vos têtes quand vous la verrez…
- La ? releva Aiolos.
Aldébaran se figea, grimaça :
- Fais semblant de n'avoir rien entendu… s'il te plaît…
- La ? répéta le Sagittaire. Attends… Ne me dis pas que…
Il se dématérialisa, plantant son cadet sur place.
- Merde, lâcha Aldébaran. Mû va me tuer…
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Aiolos réapparut à l'entrée du palais du Pope, au sommet du Sanctuaire. Il avait le souffle court, le cœur battant à toute allure. « On veut voir vos têtes quand vous la verrez… » Faites que ce soit vraiment elle… ! Il s'engouffra dans le palais, bousculant au passage un serviteur chargé de dossiers d'archives. Il marmonna une vague excuse sans s'arrêter. Aldébaran avait parlé du salon de la chouette. Couloir, on tourne, couloir, escalier, couloir, couloir, porte. Le Sagittaire connaissait le salon de la chouette. C'était une pièce confortable, plutôt petite mais suffisamment grande pour des réunions en comité restreint, élégamment meublée, dans un style Louis XV. Son nom venait d'un portrait représentant une réincarnation d'Athéna, montant en amazone, une chouette sur le poing. L'image était fictive : la déesse ne menait pas ses parties de chasse en longue robe, et préférait monter à califourchon. Cependant, Aiolos l'avait toujours trouvée jolie.
Il inspira un bon coup, frappa.
- Entrez, répondit une voix féminine.
Fébrile, il poussa la porte. Le salon était exactement comme dans ses souvenirs, avec ce tableau un peu niais accroché en évidence. L'histoire disait que la réincarnation représentée avait détesté le portrait, le reléguant au grenier jusqu'à sa mort. C'était son Pope, qui lui avait survécu, qui avait insisté pour le placer dans sa pièce préférée, à la place d'honneur. Il la vénérait, apparemment – mais elle ne l'avait jamais trop apprécié. On se demandait pourquoi.
Aujourd'hui, c'était une autre Athéna qui se tenait dans la pièce, occupant un petit fauteuil en contrebas du tableau. Shion se tenait dans un petit canapé en face d'elle, parcourant quelques documents – le papier était blanc, moderne, rien à voir avec celui des archives. Avec contrition, Aiolos songea qu'il avait probablement bousculé le pauvre bougre qui avait été chargé de ramener les vieux registres dans leurs salles souterraines. Puis il revint à Athéna. Il lui semblait que son esprit s'égaillait dans toutes les directions, comme s'il se refusait à se concentrer uniquement sur la fameuse surprise promise par Aldébaran. C'était trop… trop beau. Elle était de retour. Elle souriait. Elle reposa sa tasse de thé, le regarda.
- Bonjour, Aiolos. Viens t'asseoir, nous n'attendons plus que Saga avant de commencer.
