Bonsoir bonsoir !
Désolé de l'absence, l'année universitaire a repris et... bon, c'est pas aussi infernal que l'année précédente (quoi que, en période d'exam... mais on n'y est pas encore), du coup j'arrive encore à écrire, mais c'est LENT. Très LENT. Donc la Geste est en pause, je n'ai pas le temps de répondre aux reviews (pardon) (je les lis) (je les adore) (en l'occurrence, merci beaucoup à vous, Lily Aoraki, Valyndra, Phedrelia et Hue, pour vos reviews sur cette fic, elles m'ont fait très plaisir), et la publication de Dites-le avec des fleurs est ralentie. Mais j'irais au bout, je le promets (en même temps, en comptant cette partie 12, il doit rester deux chapitres pour arriver au bout de l'histoire, donc ça devrait pas être si compliqué T^T)
J'espère que cette partie un peu plus courte que les autres (en même temps narrativement c'était cohérent de s'arrêter là... j'allais pas continuer artificiellement hein) vous plaira ! Bonne lecture !
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Dites-le avec des fleurs, partie 12
- Grand Pope, Mû m'a dit que vous vouliez…
Saga s'interrompit sur le seuil du salon, les yeux soudainement écarquillés. Aiolos retint une expression amusée. Derrière le Gémeau, Mû et Aldébaran arboraient en revanche un franc sourire. Visiblement, ils appréciaient beaucoup la surprise qui déformait les traits de leur aîné.
- Saga, te voilà enfin ! s'exclama Athéna.
- Merci, je commençais à craindre de devoir entamer une troisième tasse de thé, lâcha Shion avec un demi-sourire.
- Le thé de Mii est délicieux, protesta la déesse.
Le Pope ne fit aucun commentaire, mais son air dubitatif se laissait facilement interpréter. Mû sentit son sourire s'élargir. Son maître avait visiblement repris du poil de la bête. Ce n'était pas étonnant : Athéna était de retour… Il se répéta ses quatre mots, les tournant et retournant avec délectation dans son esprit : Athéna était de retour. Sa génération n'avait pas été chanceuse, perdant sa déesse une première fois après la plus impensable des trahisons, la perdant de nouveau alors que la paix semblait enfin revenue… Mais cette fois, Mû voulait être optimiste : ce serait la dernière. Athéna était de retour, et pour de bon.
Soudainement, la sensation qu'on lui tirait la manche le sortit de ses pensées. Il se retourna à demi et se trouva face à Aldébaran, qui lui lançait un regard insistant. Il se tourna de nouveau vers le salon. Sa porte était toujours ouverte Saga avait rejoint Athéna, Shion et Aiolos et s'était installé sur un petit fauteuil. Il acceptait avec une sorte de timidité gauche la tasse de thé que lui servait la déesse. Et, sur le côté, Shion le fixait, ses lèvres figées en un sourire énigmatique et pourtant très clair : les deux jeunots étaient de trop.
- Au revoir, pardon, bonne réunion, marmonna Mû dans le désordre, un peu confus, tout en refermant doucement la porte.
Il pivota vers Aldébaran :
- Tu aurais pu me le dire ! souffla-t-il d'un ton exagérément désespéré.
- J'ai essayé, mais tu te contentais de les regarder d'un air béat, rétorqua le Taureau. Je ne pouvais tout de même pas crier « Réveille-toi, Mû ! » devant le Pope et Athéna, si ?
Le Bélier roula des yeux et changea de sujet :
- Moui, bon… Et si on parlait plutôt de la façon dont tu as vendu la mèche à Aiolos ?
- Je n'ai pas fait exprès ! Il a deviné tout seul… presque, ajouta Aldébaran précipitamment.
- Franchement, malgré tout le respect que j'ai pour lui, Aiolos ne m'a jamais donné l'impression d'être une flèche… M'est avis que tu lui as vendu la mèche, et la cire pour faire la bougie avec !
De l'autre côté de la porte, l'équipe dirigeante du Sanctuaire s'entre-regarda, un peu gênée.
- Vous… heu, vous croyez qu'ils savent qu'on les entend parfaitement ? hasarda Saga.
- Aiolos, ils racontent n'importe quoi, affirma Athéna d'un ton compatissant.
- Et puis tu sais, poursuivit Shion d'un ton fataliste, c'est le lot de toute personne avec un tant soit peu de responsabilités… Il faut toujours des gens pour se moquer un peu.
- Si ça peut te faire te sentir mieux, tenta Saga, moi on me traitait de psychopathe cruel et de meurtrier…
Aiolos pouffa :
- Saga, tu viens de faire une blague sur tes années de dictateur du Sanctuaire ou je rêve ?
Le Gémeau marmonna quelque chose d'inintelligible dans sa barbe, puis lâcha :
- Oui, ben, je me suis dit qu'il fallait que je grandisse quand j'étais avec Shura.
- Ah bon ?
Saga haussa les épaules, un peu gêné :
- Quand je suis arrivé, il était… démoli. Mais c'est lui qui m'a réconforté, alors que… Donc voilà, j'ai réalisé que, que je devais faire face. Prendre de la distance. Et l'auto-dérision… ça marche bien sur Kanon, alors pourquoi pas moi ?
Athéna eut un sourire lumineux :
- Je suis immensément fière de toi, Saga. Et en fait, de vous, de tout le Sanctuaire !
Elle fit une pause, le temps que ses collègues réalisent que la réunion commençait vraiment.
- Je n'ai pas été à la hauteur, il y a quelques jours. Mais vous, et je le répéterai dès que possible face à tout le Sanctuaire, vous l'avez été. Cette gestion de crise a été magnifiquement menée…
- Je crains de n'avoir pas fait grand-chose, grommela Shion.
- Dans ce cas, reprit Athéna sans se formaliser de l'interruption, vous n'aurez qu'à transmettre ces paroles à Mû et Aldébaran qui sont absents de cette réunion. Quoi qu'il en soit, je voulais vous remercier. Vous avez parfaitement bien agi. Mon frère a semé le chaos au Sanctuaire, il nous a infligé de cruelles blessures, mais vous avez su cautériser les plaies. De mon côté…
La déesse soupira :
- J'aimerais vous dire qu'une fois rentrée sur l'Olympe, j'ai aussitôt fait le nécessaire pour tout arranger, mais c'est faux.
Elle eut un petit rire étranglé :
- Je crains de m'être d'abord terrée dans mon palais, incapable d'agir, comme…
Elle chercha ses mots.
- Anesthésiée ? suggéra Shion.
- Exactement.
- Et bien, nous avons été deux. Ce sont les jeunes, en particulier ces deux-là, précisa-t-il en désignant Aiolos et Saga, qui ont tout fait. Ils ont pris en main ce qui devait l'être, se sont occupés des personnes blessées, sans en négliger aucune.
- Nous n'avons pas fait tout ça seuls, marmonna le Gémeau. Par exemple, à l'infirmerie, Shun a veillé sans cesse sur Jabu, Seiya et Milo.
- C'est vrai que nous avons coordonné et organisé les choses, appuya doucement Aiolos, mais c'était avant tout un travail collectif. Tout le monde mérite des félicitations.
- Et tout le monde en aura, approuva Athéna.
La déesse sourit de nouveau, fière de sa Chevalerie. Sa famille se demandait souvent comment elle gardait foi en l'humanité, comment elle pouvait continuer à aimer les humains, siècle après siècle, guerre après guerre, massacre après massacre… C'était simple : à chaque fois, les humains se relevaient, démontraient toute l'ampleur de leurs ressources, toute la profondeur de leur compassion. Jamais encore les circonstances même les plus dures n'étaient parvenues à les prendre en défaut. Et son Sanctuaire était un reflet miniature de l'humanité, qui lui donnait à voir chaque jour, et peut-être surtout dans les temps les plus difficiles, toute la force des humains.
- Mais avant cela… Je voudrais vous parler de ce que j'ai pu obtenir de Zeus.
Tout le monde se figea. Shion reposa doucement sa tasse, sentant ses mains se mettre à trembler. Le visage d'Athéna se rembrunit :
- Hélas, c'est moins que ce que j'espérais… La première chose, c'est qu'Hermès ne viendra plus. Il a obtenu ce qu'il voulait.
- Le retour de Thanatos ? demanda Saga.
La déesse hocha la tête :
- Exactement. Hermès n'est pas quelqu'un de rancunier. Heureusement. Et je n'oublierai pas cette leçon… Ne jamais profiter de sa position de vainqueur.
- On ne l'oubliera pas non plus, grommela le Pope.
Aiolos acquiesça tristement en pensant à Milo, ses yeux hantés et le coin toujours crispé, coléreux, qui déformait ses lèvres.
- Et… qu'en est-il de nos amis ? demanda Shion avec une légère hésitation. De nos victimes, précisa-t-il comme si ce n'était pas assez clair.
Athéna soupira :
- J'ai demandé à mon père de nous les ramener.
Elle ferma les yeux un instant, le temps de rassembler toute sa détermination. Sa voix ne devait pas trembler. Elle devait au contraire transmettre sa confiance, son assurance. Ce qui faisait d'elle non pas une déesse parmi d'autres, mais « la » déesse du Sanctuaire.
- J'obtiendrai une réponse de sa part dès demain.
Ses yeux brillaient, incandescents. Une force divine les habitait.
- Vous pensez… qu'il acceptera ? souffla Aiolos d'un ton rempli d'espoir.
Athéna le regarda. Cet espoir… quelle responsabilité ! Pas un fardeau, non, mais une attente, une pression… entièrement légitimes. Son devoir était d'honorer ce que son retour promettait. Des miracles.
- Oui, je le crois.
Le changement de verbe n'échappa pas à Saga. Une déesse qui « croit. » À une époque, l'idée lui aurait arraché un ricanement cynique. Désormais, cela lui paraissait juste un peu paradoxal. Et inquiétant – mais ces yeux… ceux d'Athéna comme ceux d'Aiolos, et même de Shion… Son pessimisme n'avait rien de constructif à apporter. Et puis, s'il était sincère avec lui-même, il devait s'avouer qu'il avait lui aussi envie d'y croire. Paradoxal, pour quelqu'un qui avait, dans une autre vie – i peine quelques années – , voulu débarrasser la Terre de l'emprise des divinités.
- Merci, Déesse, lâcha Shion en respirant lourdement, lentement.
Il lui semblait qu'un air neuf venait de pénétrer en lui, gonflant à bloc sa poitrine, ses poumons congestionnés par le désespoir. C'était libérateur. Demain, demain… Athéna serait fixée sur leur sort. Et elle était optimiste. C'était toute l'assurance dont Shion avait besoin.
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Athéna était ensuite allée à la rencontre du Sanctuaire, le parcourant discrètement. Elle ne voulait pas faire de grande cérémonie, elle préférait réserver une telle occasion au retour de leurs amis. En ce qui la concernait, elle reviendrait comme une petite souris, sourires, saluts, quelques paroles échangées – et puis de longs silences aussi. Silence de Shura, tout bêtement épuisé. Silence de Shun, qui dormait profondément, lourdement. « Il n'en peut plus, » lâcha sobrement Hyoga. Le Cygne n'avait pas l'air en meilleur état. Et puis, le silence de Milo, amer et apathique, tellement distant.
La déesse avait prévu de rester pour le reste de la journée et la nuit à l'infirmerie, mais elle avait bien senti qu'on n'y avait pas besoin d'elle. Seiya et Jabu semblaient heureux de la voir, mais plus heureux encore lorsqu'elle s'éloignait, profitant de leur relation naissante, transformant leur convalescence en des vacances au ralenti. Aiolos enchaînait les cafés en lisant un roman. Et Milo… Un porc-épic plus qu'un scorpion, replié sur lui-même. De temps en temps, le Sagittaire remplaçait la tisane devenue froide qui trônait sur la table de nuit.
- J'aimerais bien qu'il dorme un peu sans faire de cauchemars, souffla-t-il à Athéna alors qu'elle s'en allait. Mais il refuse mes tisanes… Elles pourraient l'aider, pourtant. Enfin bon, je ne peux pas le forcer.
Il s'interrompit, se pencha vers elle, baissant la voix :
- Je ne lui ai rien dit, pour… Et j'ai vu que vous non plus…
Il hésita :
- Demain… est-ce que…
- J'aurais une bonne nouvelle à lui annoncer, promit Athéna.
Aiolos sourit :
- C'est tout ce que je voulais entendre.
La déesse le salua et remonta vers le palais du Pope. Le soir tombait doucement. Une nuit, juste une nuit. Ensuite elle serait fixée. Elle serra le poing. Quoi qu'annonce son père, il fallait qu'elle revienne demain avec de bonnes nouvelles. Elle l'avait promis. Elle trouverait un moyen, n'importe lequel, pour que cela se réalise.
Au palais, Shion l'attendait, l'air sombre. Ses doutes l'avaient repris, insidieux, sournois, lancinants. Il croyait en Athéna. C'était la raison pour laquelle il parvenait à garder espoir. Mais il avait vite réalisé qu'après avoir respiré les premières bouffées, cela ne lui suffisait pas. Il préférait la réalité. Il préférait se préparer... au pire. En priant pour qu'Athéna fasse des miracles.
- Dites-moi, déesse…
- Oui ?
- Zeus n'a pas encore pris sa décision concernant nos amis, n'est-ce pas ?
- Il ne m'a pas donné sa réponse.
- Y a-t-il un risque qu'il refuse ?
Mal à l'aise, Athéna grimaça. Son père pouvait se révéler imprévisible, même s'il était habituellement généreux envers elle.
- Déesse, je crois que j'aimerais ne pas me faire de faux espoirs. Vous comprenez ?
- Bien sûr.
Elle sourit tristement :
- Je comprends. Et bien… Père n'avait pas l'air très content des derniers incidents. Notre entrevue n'a pas été aussi chaleureuse que j'aurais pu l'espérer. Mais… j'ai bon espoir tout de même.
- Je vois.
Shion l'observa pensivement, sans faire plus de commentaire. C'était curieusement la réponse qu'il attendait ; sans désespoir mais sans optimisme forcené. Oui, ça lui ressemblait plus que l'espèce d'enthousiasme qui l'avait pénétré dans le salon. C'était curieux d'ailleurs, la façon dont les paroles de la déesse l'avaient gonflé à bloc. Ses paroles... Il retint un sourire. Ses paroles, et ses yeux débordant de pouvoir divin. De son côté, Athéna eut la désagréable impression qu'il la jaugeait, l'évaluait. Avait-elle tant perdu sa crédibilité ? Il leur en fallait donc si peu ? Elle chassa aussitôt cette pensée amère. Ce n'était pas juste de sa part de se plaindre de ce genre de choses, même en son for intérieur. Son comportement n'avait pas exactement été correct, et elle ne revenait pas avec les garanties les plus solides du monde. Son retour n'était pas un miracle qui résolvait la situation en un claquement de doigt. Le miracle, on l'attendait encore. Et malgré ses belles paroles et ses promesses, il ne dépendait pas tout à fait d'elle. Shion n'était pas un imbécile et il avait vécu trop longtemps pour supporter de plonger les yeux fermés dans un espoir trop fumeux. Sa défiance était tout à fait compréhensible.
- Je ferai tout ce que je pourrai, assura-t-elle. Tout va bien se passer.
Le Pope prit une grande inspiration, puis étira un pâle sourire en la regardant avec bienveillance :
- Je le sais. Vous faites toujours de votre mieux, déesse. Merci.
Athéna hocha la tête sans répondre.
- Je pense que je vais aller me coucher, continua Shion d'un ton badin, comme après un échange de banalités sur la météo et le programme télé du soir. Bonne nuit, déesse.
- Bonne nuit, Shion.
Finalement, elle allait rentrer sur l'Olympe dès ce soir. Mais cette fois, elle préparerait un minimum son départ, afin d'éviter d'inquiéter tout le monde. Elle réfléchit quelques secondes avant de prendre une décision : Mii, elle allait trouver Mii et la prévenir. La Saintia était compétente et intelligente, elle saurait « prendre sa place » quelques heures. Et demain, elle reviendrait. Avec une bonne nouvelle. Avec un énième miracle. Comme ça, le problème serait résolu et on quitterait enfin l'espèce de parenthèse sanglante qui avait détourné le cours de l'histoire. Par l'Olympe, le Sanctuaire devrait être en paix !
