Bonjour bonjour !

Voici donc la dernière partie de cet OS - dernière partie qui est en fait un épilogue. Merci d'avoir lu jusqu'ici, j'espère que cette histoire vous a plu et que cette fin ne vous décevra pas ! A titre personnel, je ne sais pas trop quoi en penser ; je l'aime bien, j'espère juste qu'elle ne laisse pas un sentiment d'inachevé. J'ai eu un peu de mal à gérer ces deux dernières parties puisque j'avais complètement perdu le fil de ce que j'écrivais (le coupable ce n'est pas moi, Votre Honneur, c'est mon premier semestre de L3 !) '^^ enfin bon. J'ai fait de mon mieux, je me suis bien amusé et et je suis quand même content de ce que j'ai fait !

Cela fait toujours un peu bizarre de terminer une fic, surtout quand elle t'a occupé longtemps. C'est aussi très satisfaisant. Je vais maintenant essayer d'une part de reprendre La Geste du Licorne-Garou (je compte bien la finir, bordel), d'autre part de bosser sur une fiction originale (j'ai des bribes d'idées et un peu de motivation... on verra ce que ça donnera).

D'autre part, ayant fait le point sur les reviews reçues en 2021 et auxquelles je n'ai pas répondu (encore pardon), je me suis dit que ça n'aurait pas de sens de renvoyer une réponse hors contexte plusieurs mois après. Cependant, merci à Lily-Aoraki, Valyndra et Phedrelia (si elles passent par là) pour leurs reviews sur cette fic et leurs encouragements !

Réponse aux reviews anon d'Athena : content de voir que les derniers chapitres t'ont plu :D merci pour tes encouragements ! Et merci aussi pour tes reviews sur Le Prince et la Grenouille – un peu mon OS chouchou – , La Geste, et Complots, mignardises & Co. , elles m'ont fait très plaisir ! Je suis particulièrement heureux que tu te sois « accrochée » pour lire cette (longue) fic historique et qu'elle t'ait finalement plu :D (Quant à la Geste… je suis toujours en train de plancher comme je peux sur le synopsis, je veux aller au bout mais j'ai pas envie de le faire sans avoir un plan de départ assez solide pour ne pas me perdre.)

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Dites-le avec des fleurs, partie 14

Son alarme, une bonne vieille sonnerie insupportable mais efficace, tira Camus du sommeil. Il roula sur lui-même en clignant des yeux, et attrapa son portable. 10h31, annonçait l'écran trop brillant. Le Verseau plissa les yeux, un peu ébloui. Il relut. 10h31. C'était bien l'heure à laquelle il avait réglé son réveil, en escomptant quand même se réveiller avant – il avait toujours été un lève-tôt. Une fois n'est pas coutume, il avait dormi comme un bébé. Ou plutôt, comme un mort revenu à la vie. Il commençait à avoir l'habitude, et cela ne le réjouissait pas. Combien de fois était-il mort, déjà ? Une, deux, trois fois ? Est-ce que la demi-vie accordée par Hadès comptait vraiment ? Hum. Une nouvelle éruption sonore le fit sursauter. Qu'est-ce qui… Ah. Oui, il avait activé la fonction rappel au lieu de désactiver le réveil. Il soupira, coupa de nouveau l'alarme. Il était 10h36.

Il se leva doucement, encore un peu assommé. Il se sentait rouillé, pâteux, comme si on venait de le tirer d'un rouleau compresseur. Athéna les avait ramenés à la vie, lui et Dohko, Ikki, Aphrodite et DeathMask, deux jours plus tôt. Deux jours déjà. Deux jours seulement. Il lui semblait qu'à chaque résurrection, c'était un peu plus dur de s'en remettre. Pendant la Guerre Sainte, il n'avait pas senti quoi que ce soit de particulier, à part une espèce de choc incrédule. La deuxième résurrection, il avait été fatigué le jour suivant, mais rien de bien gênant. Là, il était revenu l'avant-veille, il avait passé la journée d'hier à se traîner misérablement, et il se sentait toujours crevé.

D'après Milo, il n'était pas le seul : les autres étaient au tapis aussi. Dohko était choyé au palais d'un Pope très heureux, qui avait complètement oublié ses velléités de remise en ordre des archives. Shura, Aphrodite et DeathMask s'étaient enfermés dans le douzième temple – exigence du propriétaire qui voulait retrouver son chez-lui. Les deux derniers étaient épuisés, courbaturés, bref fraîchement ressuscités, mais il était difficile au fond de savoir qui prenait vraiment soin de qui : lorsque le trio avait quitté l'infirmerie où Athéna les avait tous emmenés, Camus avait eu la nette impression que Shura avait autant, sinon plus, besoin de ses compagnons que le contraire. Au final, ne restaient à l'infirmerie reconvertie en colocation que les Bronzes – Jabu, Seiya et Ikki comme patients, Shun, Shiryu et Hyoga comme infirmiers (remplaçant un Aiolos traîné dehors par Saga et Aiolia et sommé de se reposer sérieusement au lieu de camper à l'infirmerie), dont la tâche principale consistait à faire en sorte que Seiya et Ikki n'en fassent pas trop, trop vite.

En effet, de son côté, le Scorpion s'était ranimé en voyant arriver Camus, sortant de son apathie précédente. Très vite, le Verseau avait à l'instar d'Aphrodite insisté pour rentrer chez lui, malgré les inquiétudes d'Athéna qui aurait aimé garder tous ses ressuscités en observation – en vain. Milo l'avait évidemment accompagné, restant avec lui pour la nuit et toute la journée du lendemain. Camus se souvenait de plein de câlins, d'une odeur de nourriture et d'un café avec un bon goût – meilleure preuve de la présence de son arachnide. Milo était parti dans la soirée, pour récupérer des affaires chez lui et aussi… Les souvenirs du Verseau devenaient flous, il lui semblait que son compagnon avait parlé d'autre chose… Bah, il verrait bien.

Il se rendit jusqu'à la salle de bain et se glissa sous la douche. L'eau chaude glissa sur ses épaules et le long de son dos comme une caresse. Cela lui fit un bien fou. Il prit son temps, savourant la sensation de détente qui gagnait lentement ses muscles. Lorsqu'il sortit, une épaisse buée recouvrait le miroir de la salle de bain lui se sentait plus souple. Il s'habilla rapidement, attacha vaguement ses cheveux et décida d'aller se faire un café. Son breuvage était peut-être immonde, mais il avait l'avantage de l'efficacité – et puis, Camus devait avouer s'y être bizarrement attaché. Un regard par la fenêtre de la cuisine l'ayant informé qu'il faisait plutôt beau ce matin, il termina son café, attrapa un livre et fit quelques pas sur son perron, avec la ferme intention de lire au soleil jusqu'à ce qu'on vienne le voir.

« On » était déjà là, à moitié caché derrière un bouquet de trente roses exactement, rouges. Le Verseau cligna des yeux, partagé entre amusement, perplexité et joie.

- Tu es là depuis combien de temps ? finit-il par demander.

Il grimaça. C'était un peu sec, pas très sympa. Il ouvrit la bouche pour se rattraper, mais on ne lui en laissa pas le temps. La réponse était enjouée :

- Je ne sais pas. Tôt ? Je me suis réveillé, ma surprise était prête et je voulais te voir.

Le bouquet s'écarta, révélant un visage souriant, adorable :

- Je n'aurais pas dû ?

Camus rougit légèrement :

- Si, si, bien sûr ! Désolé, je suis très heureux que tu sois là, Milo. C'est juste, heu… inattendu ?
- Je t'ai dit que je revenais hier, mais tu dormais déjà, indiqua le Scorpion. Mes roses te plaisent ?
- Elles sont inattendues aussi.

Milo sourit, espiègle :

- Je me suis dit qu'il fallait bien retirer quelque chose de positif de toute cette merde.
- Dans ce cas, c'est un très bon choix.

Camus lui sourit en retour. C'était bien le genre de son arachnide, une idée pareille. Il fit quelques pas en avant. Milo lui tendit le bouquet.

- Merci, remercia-t-il.

Le Verseau eut une légère hésitation, puis :

- Je peux t'embrasser ?

Le Scorpion hocha la tête avec enthousiasme :

- Tu as l'air mieux qu'hier, c'est vraiment sup…

Camus l'interrompit d'un baiser, passant ses bras autour des épaules de Milo – sans lâcher l'encombrant bouquet. Il sentit les mains chaudes de son amant se refermer autour de sa taille. C'était aussi bon qu'une douche brûlante, aussi merveilleux qu'un rêve. Et cette fois, il comptait bien faire durer l'expérience. Il était hors de question de tout gâcher. Il colla son visage dans le cou de son Scorpion, respirant l'odeur de sa peau. Il se sentait enfin plein et entier. Un soupir satisfait de son amant lui fit comprendre que le sentiment était partagé.

- J'ai aussi ramené des affaires, annonça Milo.
- Tu te réinstalles chez moi.

C'était une constatation impérieuse. Milo revenait. C'était une évidence. Un miracle.

- Oui. Il faudra que tu fasses une valise. Je t'ai fait de la place sur mes étagères pour tes livres. Enfin, pas maintenant, hein. Pour l'instant, repos.

Camus le serra plus fort contre lui.

- Merci, Milo.

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Nonchalamment installée sur une banquette, Héra était absorbée dans la lecture d'un minuscule livre enluminé. De temps en temps, sa main droite faisait un aller-retour, vers la corbeille de raisins posée sur un trépied près d'elle, puis, au choix, vers la bouche de la déesse ou le bec de son paon familier. Athéna se tenait assise, raide, un peu gauche, sur la banquette d'en face. Elle se sentait remarquablement embarrassée. Finalement, la reine de l'Olympe releva les yeux vers elle, referma son livre et se redressa pour se mettre en tailleur.

- Ton père a toujours des idées… originales, finit par dire Héra, sans paraître s'adresser à quelqu'un en particulier.

Athéna acquiesça. Oui, original, c'était le mot. « Je voudrais que tu renoues le contact avec ta propre famille », lui avait expliqué Zeus. « Je suis persuadé que vous trouverez un milliard d'autres raisons de vous faire la guerre si vous en avez envie, même si vous vous connaissez ou même appréciez bien, mais au moins cela éviterait des conflits inutiles créés par des maladresses involontaires, hum ? » Hum. « Qu'en dis-tu, ma fille ? Accepterais-tu de rentrer enfin à la maison… disons, une semaine sur deux ? » Comme si elle avait le choix. Elle avait dit oui, sans essayer de négocier, et Zeus avait une fois de plus fait en sorte que ses Chevaliers reviennent à la vie. C'était l'essentiel.

Et maintenant, elle se retrouvait chez Héra. Après avoir constaté qu'elle passait le gros de son temps sur l'Olympe enfermée chez dans son palais, au téléphone avec Mii – pour des raisons purement… professionnelles, bien sûr – , son père avait décidé d'agir. Athéna n'était pas là pour gérer le Sanctuaire à distance, mais pour…

- Pour… ? avait répété Zeus, attendant visiblement qu'elle complète la phrase.
- Pour renouer le contact avec ma famille, avait répondu Athéna en étouffant un soupir.
- Exactement !

Son père avait souri, de ce sourire qu'il arborait systématiquement lorsqu'il considérait avoir une bonne idée.

- Je sais ce que nous allons faire ! avait-il confirmé d'un air enthousiaste. Enfin plutôt, ce que toi tu vas faire avec mon soutien.

Le souverain de l'Olympe avait fait une petite pause songeuse, puis son sourire s'était encore élargi :

- Enfin plutôt, reprécisa-t-il avec délectation, sans plus tellement s'adresser à Athéna personnellement, ce que tout le monde ici va faire avec mon soutien.

Merveilleux, avait songé Athéna. Et c'était probablement une pensée similaire qu'avait eu Hermès lorsque Zeus était allé le cueillir sur le seuil de son palais. Bien entendu, le jeune dieu avait protesté, expliquant qu'il se rendait à une fête organisée par Dionysos, que lui, il n'avait pas besoin de renouer le contact avec sa propre famille. Son père avait étiré un sourire carnassier :

- Une fête du petit Dio ? Mais c'est parfait, ça ! Nous allons y aller ensemble, et j'y annoncerai mon nouveau programme de rapprochement intrafamilial !

Quand il le voulait, Zeus parvenait toujours à ses fins, sans épargner personne. Suprême raffinement, la moindre résistance débouchait généralement sur une amélioration (selon Zeus) ou une aggravation (selon les autres) de la situation. Toute l'Olympe avait donc été sommée de participer, une semaine sur deux, à ce tout nouveau projet, qui consistait principalement en des activités de quelques heures, à deux ou plusieurs, afin d'avoir l'occasion de parler, de se confier, bref de se rapprocher. Personne n'avait vraiment tenté d'expliquer au maître de l'Olympe qu'on pouvait difficilement forcer ce genre de choses. Il aurait pu avoir une autre idée mieux valait faire contre mauvaise fortune bon cœur et tirer le meilleur parti de la situation. Au bout d'un moment, il se lasserait.

- Je suis en train de lire quelque chose de terriblement ennuyeux, lâcha Héra avec une ombre de sourire.

Elle détacha quelques grains de raisin et les avala.

- Ah bon ? demanda Athéna, plus pour meubler la conversation que par réel intérêt.
- Oui. C'est une recommandation d'Apollon.

La déesse de la Guerre laissa échapper une grimace et, d'un ton entendu :

- Ah. Oui. Il est… Enfin…
- C'est le dieu des Arts.
- Hum hum, bien sûr.

Les deux femmes se regardèrent, soudainement complices. Athéna se pencha en avant, avec un air de conspirateur :

- Il n'empêche que ce qu'il conseille comme lectures, c'est si… niais.

Héra acquiesça solennellement.

- J'avoue que j'ai arrêté de les lire, soupira la fille de Zeus. Je crois qu'il s'en doute, ajouta-t-elle.
- Je les lis tous. Jusqu'au bout.

Athéna éclata de rire.

- Tous ? Jusqu'au bout ?! répéta-t-elle.
- Tous. Jusqu'au bout. Et devine quoi : certains sont bien.
- Miracle !

Héra sourit, encore un peu guindée :

- Je peux t'en donner la liste. Ou mieux, tu viens les lire ici. Je sens qu'on va passer pas mal de temps ensemble, autant que ce soit agréable.

Athéna accepta sans hésitation.