Le Lieutenant Coleman arriva au travail en sifflotant ce matin. Même pour un dimanche travaillé, cette journée s'annonçait radieuse ! Il fut d'autant plus heureux de constater que le procureur était déjà présent. Il n'aurait même pas besoin de se déplacer pour lui transférer le dossier.

Mais sa joie fut de courte durée lorsqu'il reconnut l'homme avec qui s'entretenait le procureur : le Commandant Steve McGarrett. En dehors de sa cellule, si ça pouvait être considéré comme une cellule. Sans menottes. Coleman fut encore plus effaré lorsque les deux hommes échangèrent une poignée de main.

- Au nom de l'Etat de Hawaii, je vous présente mes excuses pour cet énorme malentendu, dit alors l'homme de loi. Les charges contre vous sont abandonnées. Vous pouvez repartir. En compagnie de votre fille. Quelle adolescente brillante.

Le Commandant McGarrett et le procureur se tournèrent vers Mademoiselle Ortiz qui se tenait un peu plus loin aux côtés du Lieutenant Rollins. Le procureur les salua et se retira.

- Lieutenant Coleman, dit-il en passant devant le policier.

Coleman ne répondit pas, beaucoup trop ahuri pour envisager de le faire. Puis il craqua.

- Est-ce que quelqu'un pourrait m'expliquer ce qu'il se passe ?

Tous les policiers dans l'open-space relevèrent la tête. Le Commandant McGarrett qui avait rejoint sa petite amie et sa fille et qui n'avait pas encore remarqué Coleman se tourna vers lui. N'ayant pas encore atteint la sortie, ce fut le procureur qui répondit.

- Oh, veuillez m'excuser Lieutenant Coleman. Je n'ai pas pensé à vous avertir.

Son ton exprimait le mépris.

- Le Commandant McGarrett n'est pas l'auteur du meurtre de Cindy Ortiz. Il a donc été innocenté.

Et le procureur quitta le quartier général de la HPD laissant un Lieutenant Coleman ouvrant et fermant la bouche comme un poisson hors de l'eau.

- Qu'est-ce que cette adolescente fait encore là ? fut tout ce que trouva à siffler Coleman lorsqu'il retrouva l'usage de la parole. Je l'ai déjà dit hier soir. Elle n'a rien à faire dans un poste de police.

- Si j'étais vous, Lieutenant, je ne parlerais pas trop, avertit Duke qui était sorti de son bureau en entendant l'éclat de voix. Il semblerait que cette adolescente ait plus sa place dans ce poste que vous.

Coleman fronça les sourcils.

- Comment ça ?

- Eh bien, c'est Melany, du haut de ses treize ans, qui a résolu votre enquête.

L'expression qui se dessina sur le visage du lieutenant fut l'une des choses les plus mémorables que ce poste ait connues.

Humilié, Coleman regagna son bureau, fusillant du regard toute personne qui osait ne serait-ce que sourire. Il lança un regard empli de haine au Commandant McGarrett qui sortait du poste en compagnie de sa petite famille.

Finalement, cette journée s'annonçait désastreuse.


Après avoir quitté le poste de police, Steve, Catherine et Melany avaient fait un saut à Bayer Estate. Steve et Catherine s'étaient succédé à la douche et avaient enfilé des vêtements propres, Steve se débarrassant enfin de la tenue qu'il avait enfilé en hâte vendredi soir !

Puis ils avaient tous les trois rejoint l'équipe au food truck de Kamekona. Chin, Kono et Max étaient naturellement présent. Barry était également de la partie. Après sa réactivité et son efficacité remarquable pour effectuer les tests nécessaires sur les vêtements de Dennis Barrett, sans oublier l'acharnement dont il avait fait preuve pour fouiller le Silverado jusqu'à retrouver dedans un cheveu qui, après analyse, se révéla appartenir à Dennis Barrett, Danny avait trouvé plus qu'évident de l'inviter à se joindre à eux.

Le maître d'hôtel et les convives déjà présents avaient gratifié de longues et joyeuses acclamations l'arrivée du trio. Catherine avait salué sobrement ses amis. Steve les avait remerciés. Puis il s'était tourné vers Barry à qui il adressa chaleureusement toute sa reconnaissance et sa gratitude. Il accueillit honorablement le technicien comme le nouveau membre officiel de l'équipe. Melany, en revanche, s'était comportée comme n'importe quel enfant qui débarquait au sein d'une assemblée déjà constituée, uniquement d'adultes qui plus est, soudée et bruyante. L'adolescente s'est dissimulée derrière Steve aussitôt les premiers signes constatés d'agitation. Lorsque son père la présenta officiellement et qu'elle fut contrainte de sortir de sa cachette, elle adressa un sourire gêné et un timide geste de la main au groupe. Et comme tout le monde l'accueillit avec compassion, bienveillance et surtout patience, elle finit par se détendre. Kamekona lui offrit même, à l'occasion de son anniversaire, une semaine de repas gratuits. Melany repéra immédiatement l'entourloupe derrière cette offre si généreuse. Cela fit beaucoup rire l'équipe, qui n'avait absolument pas vendu la mèche. Kamekona fut dans un premier temps vexé avant de céder à l'amusement, approuvant la perspicacité de l'adolescente et reconnaissant avoir souhaité faire payer à Steve ses repas au cours de cette semaine le double de leur prix.

Puis le vendeur de crevettes servit ses clients. Tous les convives attaquèrent leur repas avec enthousiasme. Sauf Melany. L'adolescente toucha à peine à son assiette. Les conversations allaient bon train, relatant essentiellement des événements des dernières quarante-huit heures. Ceux qui ne savaient pas voulaient absolument connaître les détails qui leur manquaient pour comprendre la résolution de toute cette histoire. Et ceux qui savaient s'occupaient des explications. Le rôle de Melany fut largement mis en avant et complimenté. Les propos restaient cependant respectueux de l'adolescente et de la tragédie qu'elle venait de traverser. Ce fut également l'occasion pour l'équipe d'en apprendre un peu plus sur leurs nouveaux membres. L'intérêt se porta toutefois principalement sur Barry.

Melany avait participé aux échanges, en de rares occasions, brièvement, seulement quand quelqu'un la sollicitait répondant, quelques mots à peine à chaque fois. Mais elle se contentait essentiellement d'écouter et d'observer cette joyeuse famille, cette Ohana. Mais l'adolescente, face à toute cette effervescence, avait rapidement décroché.


- Steve McGarrett ne connaît donc pas le repos. Même après avoir passé trente-six heures en garde à vue, il vient chasser les méchants. Un dimanche après-midi qui plus est !

Steve releva à peine les yeux de son ordinateur lorsque Danny entra dans son bureau. Il devait récupérer des affaires supplémentaires pour Melany chez elle, à Kapahulu. Il était en route lorsqu'il avait éprouvé le besoin urgent de faire un crochet par le QG.

- Qu'est-ce que tu fais là, Danny ?

- Je suis convoqué au tribunal demain matin. Je témoigne au procès sur l'affaire Capillery. J'avais complètement oublié. Je suis venu pour relire le dossier. Mais c'est surtout à toi qu'il faut poser la question. Alors, qu'est-ce qui t'amène ?

- Quelque chose me dérange depuis ce matin. Ça n'arrête pas de me trotter dans la tête, expliqua Steve. Alors je suis venu vérifier.

- Tu penses vraiment que c'est le moment ? réprimanda Danny. Tu ne penses pas plutôt que tu devrais être avec Melany ? Là. Maintenant. Tout de suite.

- C'est à propos de Cindy, déclara Steve.

- Oh…

Danny s'assit.

- Pourquoi Dennis Barrett tuerait Cindy ? souleva Steve.

Danny grimaça. Il n'avait absolument pas réfléchi à la question. La question ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Dennis Barrett reconnu coupable et non pas son meilleur ami avait déjà été une telle victoire et un tel soulagement qu'il n'avait pas poussé le raisonnement plus loin pour connaître le pourquoi du comment.

- En plus, son visage m'est familier, enchérit Steve. Alors j'ai creusé un petit peu. Dennis Barrett n'existe pas. C'est un nom d'emprunt.

Danny releva un sourcil.

- J'ai donc entré sa photo dans différentes bases de données.

Steve fit pivoter son ordinateur. Sur l'écran apparaissait une photo de Dennis Barrett, qui qu'il puisse être. L'image n'était pas de la meilleure des résolutions, mais sa qualité était largement suffisante pour permettre à Danny d'apercevoir l'arme que l'assassin de Cindy tenait dans la main et le cadavre gisant derrière lui.

Danny releva le second sourcil. Toute cette histoire devenait de plus en plus étrange.

- C'est un tueur à gage, révéla Steve.

- Un tueur à gage ? répéta Danny, pas certain d'avoir bien entendu.

- C'est son mode opératoire de faire porter le chapeau à un proche de la victime. Comme ça, la police locale ne se doute de rien. L'armée lui court après depuis des années. Interpol, les services secrets de divers pays aussi. Sans succès. Sa véritable identité n'est même pas connue.

Quelqu'un aurait mis un contrat sur Cindy ?

- Apparemment.

- Une idée de la raison ?

- Non, je ne vois pas. Cindy n'est a priori pas une personne de valeur. Elle n'exerce pas de métier sensible. Elle ne semble pas faire partie d'une quelconque organisation peu importe son objet ou d'une famille importante. Du moins pas que je sache pour la famille. Sa mère est une toxicomane de Chicago. Mais elle ne m'a jamais dit qui était son père.

- Peut-être une affaire d'espionnage ? supposa Danny.

- Tu crois ?

- Ça pourrait être possible. Vie solitaire, origines floues, penchant pour les secrets. Et regarde ton statut, déjà à l'époque où vous vous êtes rencontrés. Sans oublier celui de ta mère.

- Cindy m'aurait alors approché par intérêt !

Cette idée répugna Steve.

- Cindy semblait plutôt sincère à l'époque, dans ses sentiments, s'opposa-t-il.

Mais en y réfléchissant, son meilleur ami disait très probablement la vérité, malheureusement.

- Mais si c'est vrai, ça pourrait expliquer son départ précipité en apprenant qu'elle était enceinte, continua Steve, tristement. Cet enfant ne faisait pas du tout partie du plan et risquait de tout compromettre. Tout ça est d'autant plus plausible que Doris et Joe savaient pour Melany.

- À ce propos, tu as pu en discuter avec Joe ? voulut savoir Danny.

- Pas encore. Je ne sais pas où il est. L'armée m'a dit qu'il est en déploiement et que sa mission est confidentielle. En plus, je préfère lui en parler en face à face

- Tout cela semble quand même bien compliqué.

- Je ne vais pas te contredire. Mais quelque chose m'embête avec cette théorie. Pourquoi Cindy n'a pas avorté ?

- Peut-être que sa grossesse lui a fait prendre conscience de la moralité douteuse de sa mission. Et elle a fui, certainement pour échapper à cette vie-là.

- Alors pourquoi avoir gardé la même identité ?

Danny ne répondit pas. Steve venait de soulever une chaussette célibataire.

- Si tout ça est vrai, venir me trouver en octobre a sûrement attiré l'attention sur elle. De ses ennemis ou de ses employeurs, enchaîna Steve en secouant la tête.

Il n'arrivait pas à admettre cette hypothèse. C'était tellement improbable !

- Elle ne semblait pas vraiment emballée par l'idée de me demander de l'aide. Et pour cause, c'est peut-être ce qui a scellé son arrêt de mort.

Il y avait beaucoup de regrets dans sa voix. Une partie de ces regrets était liée à cette prise de conscience. L'autre concernait Melany. Pauvre enfant… Peu importe de quoi il s'agissait, elle se retrouvait mêlée à des affaires aux rouages bien complexes. Steve espéra que l'adolescente n'ait pas conscience de tous les secrets et de toutes les machinations qui entouraient son existence. Un tel fardeau ne devrait jamais se balancer au-dessus de la tête d'une adolescente de treize ans. Et pourtant sa fille en avait un.


Steve rentra chez lui, la voiture pleine de sacs et de cartons, eux-mêmes débordant d'affaires appartenant à Melany. Steve avait rapporté essentiellement des vêtements et ses affaires de cours. Il avait également prit quelques livres, autrement dit une petite dizaine. L'adolescente lisait actuellement le premier tome de la saga Hunger Games. Il prit donc les trois livres de Suzanne Collins. Dans sa pile à lire, Steve trouva une autre trilogie, de James Dashner cette fois. Incertain de savoir lequel était le premier, il prit à nouveau les trois tomes. Il avait sélectionné deux ou trois autres livres dont il trouvait le titre ou la première de couverture sympa. Il voulait laisser le choix à Melany. Il voulait surtout lui apporter de la matière pour s'occuper afin de ne pas avoir à revenir dans deux jours. Steve avait également pensé à récupérer Doudou rouge, le lapin acrobatique, et P'tit Vi' ainsi que la photo de l'homme au costume. Ne connaissant toujours pas son identité, Steve le surnommait ainsi.

Melany, alertée par le bruit de la porte, sortit de la chambre qu'elle occupait et descendit.

- Est-ce que vous pourriez m'emmener aux écuries ? demanda-t-elle en arrivant en bas des escaliers. Je voudrais aller voir Vivaldi.

À sa voix éteinte et sa petite mine, Steve devina que sa fille avait encore pleuré.

- Tu veux y aller maintenant ? s'enquit Steve en posant le carton qu'il avait dans les mains.

Catherine apparut à son tour dans le salon.

- Si ça ne vous dérange pas, réclama Melany, timidement.

- Non, aucun problème, assura Steve, quoique quelque peu embêté. Allons-y.

- Tu peux prendre ma voiture, proposa alors Catherine. Pendant que vous êtes là-bas, je m'occuperai de vider la tienne.

Steve remercia sa petite amie avec un sourire, échangea les clés de la Silverado contre celle de la Corvette puis ressortit de la maison, devancé par Melany.

Le trajet jusqu'au HHC se fit en silence. Steve ne chercha pas à lancer une conversation. Il sentait bien que Melany n'avait pas envie de parler, préférant observer le paysage défiler sous ses yeux. La destination atteinte, Melany fila aussitôt au boxe de son cheval, suivi d'un peu plus loin par Steve. En chemin, il fut intercepté par le Coach McFalls.

- Commandant McGarrett, c'est un plaisir de vous revoir.

- Le plaisir est partagé.

Les deux hommes échangèrent une poignée de main.

- Oh… Je pense que vous devez être plus heureux que moi Commandant.

- Plutôt soulagé, nuança Steve. Soulagé d'être arrivé au bout de ces trente-six heures de folie. Et surtout soulagé par leur dénouement.

- Je n'en doute pas. Je voudrais vous présenter mes excuses.

- Pourquoi donc ? suspecta Steve.

- J'ai laissé Melany partir sur ce cross. Je n'aurai jamais dû. Elle aurait pu se tuer.

- Vous n'aviez aucune idée de ce qui s'était passé ?

- Non, aucune, confirma McFalls.

Steve rejeta les excuses. Il comprenait parfaitement. Le Coach, avec la gestion d'une telle compétition, avait dû courir dans tous les sens tout le week-end, être sollicité par tout un chacun à longueur de temps. Il n'avait probablement pas eu beaucoup de temps pour dormir et encore moins pour se tenir au courant de l'actualité.

- Comment elle s'en sort ? demanda alors McFalls.

- Moins bien qu'elle ne veut bien l'admettre, regretta Steve.

- Ça demandera du temps, mais elle s'en remettra. Surtout avec vous à ses côtés. Vous êtes un homme bon. Je ne doute pas que vous vous révèlerez être un père exceptionnel.

Sur ces paroles encourageantes, les deux hommes se séparèrent. Le Coach retourna au rangement de son domaine après ce week-end chargé et Steve rejoignit sa fille. Il la trouva dans le boxe de Vivaldi, assise contre le mur, juste à côté de la porte, caressant de temps à autre le bout du nez de son cheval qui se tenait la tête baissée vers l'adolescente. Tous deux semblaient comme en communion.

- Si tu veux venir t'asseoir, Steve, tu peux.

Steve s'exécuta alors. Vivaldi se désintéressa momentanément de sa cavalière pour venir farfouiller dans les mains de Steve. Peut-être que ce nouvel arrivant apportait quelques friandises à grignoter. Mais comme ce n'était pas le cas, l'étalon gourmand revint vers Melany.

- Je suis contente qu'il t'aime bien, sourit l'adolescente. À croire qu'il avait compris.

Elle caressa le bout du nez de son cheval.

- Au fond, je pense que je le savais. Tous les indices étaient là. Mais une part de moi refusait d'y croire. J'ai fini par me persuader que je ne les voyais que parce que je voulais les voir donc que ce n'était pas possible. Ça semblait trop parfait.


Steve ferma les rideaux et sortit discrètement de la chambre, refermant la porte derrière lui avec délicatesse. Il descendit les escaliers à pas feutrés et rejoignit directement Catherine qui observait le couché de soleil sur la plage.

En rentrant du HHC, il était l'heure de manger. Encore une fois, Melany toucha à peine à son assiette et parla très peu. À la fin du repas, elle salua Steve et Catherine puis se retira dans la chambre qu'elle occupait.

- Melany s'est endormie sur son dictionnaire de français, rapporta Steve, amusé.

Il s'assit aux côtés de la jeune femme qui vint aussitôt se blottir contre lui.

- J'ai eu un peu de mal à lui faire lâcher son stylo tellement elle le tenait serré.

- Elle a passé trois jours difficiles.

- Et ce n'est pas fini, regretta Steve.

Il chassa une feuille venue s'échouer à cause de la légère brise sur le drap entendu sur le sable.

- Elle m'a appelé Steve tout à l'heure. Et elle m'a tutoyé. Pour la première fois, révéla Steve retrouvant un peu de gaieté. Par contre, elle fuit toujours le contact visuel avec moi.

La gaieté redescendit aussitôt.

- Laisse-lui le temps, conseilla Catherine. En quarante-huit heures, elle a vu sa vie basculer complètement. En découvrant qui était son père, elle a peut-être obtenu tout ce qu'elle souhaitait. Mais en contrepartie, elle a perdu tout ce qu'elle avait.

- Tu as raison, reconnut Steve.

- Je sais. Je suis la voix de la sagesse, affirma Catherine en tendant sa joue.

Steve sourit, attendri et amusé, et offrit à la jeune femme ce qu'elle réclamait en déposant un furtif baiser sur sa pommette. Après ça, Steve lui rapporta alors les découvertes qu'il avait faites dans l'après-midi concernant le meurtre de Cindy. Catherine l'écouta avec attention et consternation.

- Tu vas lui en parler ? demanda-t-elle.

- Oui, acquiesça Steve. Mais pas maintenant. Perdre sa mère. Découvrir qui est son père. Ça lui fait déjà suffisamment à encaisser pour le moment. Je ne veux pas lui en rajouter davantage.

- Tu as raison, approuva Catherine.

- J'ai été à bonne école.

Les deux amants échangèrent un sourire, s'embrassèrent puis reprirent leur position initiale, profitant de la présence réconfortante de l'autre.

- Je suis désolé, lança Steve après quelques minutes pendant lesquelles un silence paisible s'était installé.

- Pour ? réagit Catherine en tournant la tête vers lui, les sourcils froncés.

- De t'avoir arrachée à ta famille et surtout à Lucas.

- Ce n'est pas si grave, assura Catherine

Mais son visage disait le contraire. Elle était déçue d'avoir dû écourter son séjour, forcément. Mais elle n'en voulait pas pour autant à Steve.

- De toute manière, si je n'avais pas décidé de rentrer, mon petit frère m'aurait poussée à coup de pied dans l'avion. Il ne voulait pas que je te laisse traverser cette épreuve tout seul. Et moi non plus. Je voulais venir t'aider. Même si je n'ai pas fait grand chose au final.

- Au contraire, réfuta Steve. Ta présence et savoir que tu ne doutais pas de moi ont été la plus grande aide que tu pouvais m'apporter.

- Je ne savais pas que tu pouvais te montrer si romantique, chambra gentiment Catherine en se tournant totalement vers son petit ami.

- C'est une facette de ma personnalité que je ne réserve qu'à ma perle rare.

Catherine sourit. Elle avait si longtemps détesté ce surnom. Mais avec le temps Steve avait su lui en montrer sa beauté.

- Je t'aime Matelot.