SI ! Il est là ! Le septième chapitre !
Et cette fois-ci je n'ai pas d'excuse pour le retard...
Et j'arrête de me plaindre de la longueur de mes fics... Parce qu'en fait je crois que je n'aie aucun contrôle dessus...
Dédicace : A ma Nami ! n.n Pardon, ça a été beaucoup plus long que prévu... je crois que je ne vais répondre au mail que demain matin, toutes mes excuses... /pitits yeux pleins de larmes/
Et en espérant que je ne vais décevoir l'attente de personne...
« NAMI-CHERIE ! »
Le cuisinier se pencha par-dessus le bastingage, dardant un regard éperdu de servitude sur le petit groupe qui avançait vers le bateau, la rouquine en tête. Lui-même, Pipo et Chopper avait regagné le navire en fin de matinée, après avoir consciencieusement fouillé chaque recoin de la ville.
... Que Sandy n'ait pas tardé à se mettre à la recherche de Chopper plus qu'à celle de Chani, ayant saisit au vol des brides de conversation entre passants où il était question d'une « pauvre petite peluche perdue qui pleurnichait dans une ruelle, » était d'une importance secondaire.
Quant à Pipo, il avait déclaré avec fermeté que Chani ne se trouvait pas dans les boutiques de farces et attrape qu'il avait inspectées.
« Où étiez vous passés ? On vous a cherché partout ! Tu m'as tellement manqué, ma Petite Tarte à la Mirabelle Napée de Sucre Glace Caramélisé ! »
La tarte à la mirabelle en question enjamba lestement la rambarde de bois et s'approcha du blondinet, le saisissant sans douceur par le col de sa chemise.
« C'est FINI, ces surnoms débiles, oui ? »
« ... Argh... Pardon, mon Canari en Sucre, je... Argh... »
« ET NE ME PARLES PAS D'OISEAU ! »
« Oui, mon Mille-Feuille à la Vani... Nami. »
« T'inquiète, elle a passé une mauvaise journée. Ça va lui passer. »
La jeune fille tourna vers l'escrimeur un visage ravagé par une fureur bouillonnante.
« Comment ça, une mauvaise journée ? J'ai passé une très bonne journée, au contraire ! Excellente ! Je n'en ai pas l'air ? »
Silence.
« L'important, c'est qu'on ait retrouvé Chani, » ajouta t-elle en reprenant lentement son calme.
Pipo jeta un léger regard surpris et circulaire sur le pont du Vogue-Merry.
« Ah bon ? » fit-il remarquer en haussant les sourcils.
Lourd silence. Nami eut la désagréable sensation qu'elle allait avaler sa langue. Elle ferma longuement les yeux, un tremblement nerveux parcourant ses avant-bras. Il fallait qu'elle étrangle quelque chose.
Sandy recula prudemment.
« Très bien. Où est-ce qu'elle est, encore ? »
Robin étouffa un petit rire discret et tapota gentiment le dos de la rouquine, réprimant avec sagesse l'envie de lui faire remarquer qu'elle n'allait pas tarder à devenir une experte en matière de disparition d'enfants.
« Du calme. Elle est sur le bateau, je l'ai vu filer vers les cabines, tout à l'heure. Elle suivait Scouic. »
Nami inspira lentement, fourrant son visage entre ses mains et tentant de reprendre un semblant de contrôle sur elle-même. Il était grand temps que cette histoire se finisse et qu'ils retrouvent les parents de la petite, où elle allait devoir se contenter de dessiner les cartes d'un asile psychiatrique.
« Bien, très bien, » finit-elle par soupirer, « Alors écoutez : il faut qu'on retrouve ses parents, nous sommes bien d'accord, ça ne peut pas continuer comme ça. On ne peut pas la garder indéfiniment ; je sais que ce sera très dur de la quitter... »
Zorro observa ses ongles avec intensité.
Robin cligna deux fois des yeux.
Sandy hocha la tête avec détermination.
Luffy eut un hoquet qu'il aurait pu qualifier d'incrédule s'il en avait connu le terme.
Chopper essuya une larme.
Pipo songea à ses expériences scientifiques et autres mixtures bizarres qu'il pourrait bien reprendre un jour – Nami avait été odieuse avec lui lorsqu'elle avait surpris Chani jouant à la dînette avec une substance explosive de provenance plus que suspecte. Il avait dû lui promettre de lui payer un brushing.
Scouic émit un grondement indifférent – même si certains oiseaux auraient peut-être pu le qualifier autrement.
Chani bailla.
La fillette se calfeutra dans l'ombre du mas et entreprit paisiblement d'accrocher des bigoudis dans les poils râpeux de Scouic, à quelques mètres de l'équipage.
« ... Mais ses parents doivent être morts d'inquiétude. Et d'après ce que j'ai pu constater, ils ont l'air d'être d'une importance considérable... A présent qu'on nous a vu avec elle dans une grande ville, on peut parier qu'ils vont envoyer la Marine à nos trousses. »
« La Marine est déjà à nos trousses. »
Robin saisit la jeune femme par un bras avant qu'elle n'ait eut le temps de se jeter sur le sabreur.
« ... Quant bien même. Il faut qu'on leur rende la petite avant qu'ils ne pensent qu'on l'a enlevée »
« C'est vrai qu'il existe des cinglés dans le monde. »
« ... Donc : Chani doit nous dire qui est son père. Il faut qu'on le sache, à tout prix, et par tous les moyens ! C'est devenu vital ! »
Derrière le mas, deux éclats bleus déchirèrent l'atmosphère de l'après-midi.
« Où est-ce qu'elle est, d'ailleurs ? »
Derrière le mas, un seul et pauvre bigoudi rose tenait compagnie aux quelques poils d'un gris douteux qui maculaient le plancher.
Tous les regards se tournèrent vers Robin.
« Je ne sais, pas, moi, » fit la jeune femme, un brin agacée, « je vous ai dit qu'elle avait filé vers les cabines... Je n'en sais pas plus... »
« Très bien. Dans ce cas, on largue les amarres en vitesse avant qu'elle n'ait eut le temps de quitter le bateau si jamais l'envie lui en prenait, on se sépare, on la cherche, on la trouve et on lui fait cracher le morceau. »
Ses compagnons de fortune échangèrent un long regard de lassitude désespérée.
« Eh ! Zorro ! Tu sais ce que c'est que ça ? »
L'escrimeur, intrigué, se pencha sur Chopper et saisit le drôle de petit engin que la peluche lui tendait.
« ... Nan, » marmonna t-il en le faisant précautionneusement rouler sur sa paume. C'était bizarre, étrange, il n'avait jamais vu ce genre de chose auparavant, alors qui sait si ça n'allait pas lui exploser à la figure.
Et puis Zorro n'aimait pas le rose.
« Je l'ai trouvé près du mas. Ça agrippe les poils... »
« Ah... Sandy ? »
Le blondinet leur jeta un oeil par-dessus ses fourneaux.
« Ouais ? »
« Tu sais ce que c'est, ça ? »
Le blondinet étouffa un hoquet de surprise, ouvrant la bouche et écarquillant grand les yeux. Sa cigarette glissa lentement de ses lèvres et atterrit confortablement sur le plat de tomates frémissantes qui cuisaient sous son nez.
Zorro et Chopper prirent mentalement note de se passer de repas ce soir.
« ZORRO ? Tu portes des bigoudis ? »
L'escrimeur inspecta avec méfiance l'expression béate du cuisinier.
« ... Nan. N'importe quoi. Je sais même pas ce que c'est. »
« Ooh. Quel dommage. »
« ... »
« ... C'est pour se faire boucler les cheveux. »
« ... ? ... Et alors, à quoi ça sert, de se faire boucler les cheveux ? »
« Les femmes, Zorro. Ce sont les femmes, qui épanouissent leur beauté scintillante à l'aide de ce genre d'instrument. Après s'être lavé les cheveux, elles enroulent leurs mèches soyeuses dans ces petits cylindres, et resplendissent de beauté lorsqu'elles les enlèvent quelques heures plus tard. »
(NdB : Parce qu'elles le valent bien.) (Pardon.)
« Elles doivent ressembler à des choux-fleurs... »
« J'ai jamais vu ni Robin ni Nami faire ça, moi... »
« Il leur faut un peu d'intimité, voyons. »
Il évita de préciser qu'en général, la plupart des utilisatrices de bigoudis avaient plus de soixante longues années derrière elles.
Ses deux merveilleuses déesses faisaient comme elles le souhaitaient pour affiner leur beauté.
« Qu'est-ce que vous faîtes-là ? »
Ils tournèrent tous trois la tête, avisant une rouquine furibonde qui, venant d'entrer dans la pièce et les trouvant en train de discuter le plus sereinement du monde, les lardait de regard foudroyants.
« Il me semblait vous avoir demandé de chercher Chani ? C'est trop compliqué, peut-être ? »
« Non, mais, franchement, elle est sur le bateau, alors elle va bien finir par pointer le bout de son nez, donc pas la peine d... »
« Rend-moi ça. »
L'escrimeur suivit le regard de la jeune femme.
« Ah... C'est à t... »
« Oui. »
Elle s'approcha et s'empara de son bien d'une poigne acérée, drainant de douloureuses traînées rougeâtres sur la paume de l'escrimeur. Qui retint une grimace de souffrance.
« ...Nghrgl... Coupe-toi les ongles... »
Chopper nota avec inquiétude la rougeur subite qui avait envahi le visage de la navigatrice.
Nami aurait-elle de la fièvre ?
« Et je t'interdis formellement de fouiller dans mes affaires est-ce bien clair ? »
« Nan mais j'ai pas fouillé dans tes af... »
« Tu l'as fait. »
« Nan mais j... »
« La ferme. »
« M... »
« Tais-toi. »
Silence.
Zorro contempla longuement la rouquine cramoisie qui le défiait du regard.
« Tu ressembles vraiment à une mandarine confite, comme ça, tu sais, » susurra t-il avec mépris alors que les yeux du fruit en question s'agrandissaient d'horreur scandalisée.
« OUI ! Ma Jolie Petite Mandarine Confite à moi ! »
Les trois pirates se tournèrent vers Sandy, qui, un sourire béat égaré sur ses lèvres, contemplait la rouquine avec extase.
Son sourire ne tarda pas à fondre plus vite qu'une boule de neige avec laquelle jonglerait Ace lorsqu'il saisit le regard de la mandarine.
Il étouffa une petite toux gênée et se détourna pour bichonner ses tomates cuites. (Un instant, il lui sembla qu'il lui manquait quelque chose ; il fronça les sourcils, perplexe, mais, ne voyant pas ce que cela pouvait bien être, il se contenta de se rallumer une cigarette.) (Ceci échappa totalement à Nami.)
La jeune femme reporta son attention sur les deux autres.
« Cherchez Chani, » gronda t-elle avant de sortir de la pièce en emportant le bigoudi.
« Je n'ai pas fouillé dans ses affaires. »
« Je... Je vais aller retourner chercher la petite, hein...»
« Drôlement bien cuisinées, mes tomates, aujourd'hui... »
« ... »
« ... »
C'était une trace d'un rouge graisseux, qui, souillant le mur du couloir, courait sur le bois telle une veine dans un avant-bras.
Pipo eut un frisson d'horreur lorsque son regard saisit sa présence dérangeante.
Du sang.
Du sang maculait le bateau.
Quelqu'un avait été blessé.
Par quelque chose qui était certainement doté de griffes et de crocs puissants.
Le courage de Pipo ne fit qu'un seul et petit tour : il tourna les talons et alla chercher Zorro.
« Zorro... »
« Et moi je te dis de ne rien dire. Il a dit lui-même qu'elles étaient bonnes, ses tomates, alors qu'est-ce que tu veux que ça leur fasse ? »
« Mais... C'est pas très honnête... Quant même... »
« Rien à voir avec l'honnêteté. Si on le dit maintenant, tu vas voir qu'il va nous reprocher de ne pas lui avoir fait remarquer aussitôt. Ça va râler. »
« Tu... Tu crois ? »
« Certain. »
Et puis franchement, et sans que ce soit de la méchanceté gratuite de sa part, l'escrimeur était très curieux d'observer l'équipage ingurgiter de la nicotine en toute innocence.
Dans leur dos, Pipo toussa pour attirer l'attention.
« Zorro, il y a du sang dans le couloir. »
« Où ça ? »
« Mais là, sur le mur ! »
« Mais où, sur le mur ? »
Pipo écrasa un doigt tremblant d'exaspération sur la trace rougeâtre.
« Là ! »
« Ah, là... Excuse moi, mais franchement, je m'attendais à de grosses éclaboussures un peu partout, moi... »
« Zorro, il y a une trace de sang tout le long du mur ! »
« Oui, c'est bon, j'ai vu. Elle continue jusqu'où, comme ça ? »
« Mais comment veux-tu que je le sache ? Tu penses bien qu'il était plus intelligent d'aller d'abord alerter la population avant d'aller voir où ça menait. J'ai agis en fonction de mon devoir. »
« Bien sûr, » soupira le sabreur.
Il fixa longuement la marque écarlate, avant d'y déposer un doigt prudent. Il le porta à ses lèvres, goûtant la substance d'un bout de langue encore plus prudent.
Il écarquilla les yeux, un éclair d'inquiétude alarmée lui rétractant soudainement les pupilles.
« Pipo. La chose qui a saigné ce truc là n'est pas humaine. »
« Ngh... »
Les deux protagonistes (Chopper s'était courageusement proposé pour protéger les tomates cuites) scrutèrent silencieusement le couloir qui leur faisait face, et dont l'extrémité semblait s'être drapée dans un voile d'une noirceur abyssale.
« Bon, bah, on va voir si on peut cuisiner la créature, alors... » marmonna l'escrimeur en étouffant un bâillement et en se grattant la nuque, avant d'avancer placidement en direction du bout du couloir.
La main de Pipo se crispa sur le bras de l'escrimeur.
« Attend. Peut-être. Qu'il vaudrait mieux. P-prévenir tout l'équipage. Juste au cas où. »
« Bon, si t'as peur d'une bestiole blessée, reste-là, je m'en fiche. Mais lâche mon bras parce que tes ongles me font mal. »
« J-je n'ai pas peur. Enfin si : j'ai peur de ne pas pouvoir assurer pleinement ta sécurité. »
« ... »
Le silence et le regard de l'escrimeur devinrent soudainement bien pesants.
Pipo déglutit.
« ... Bon, allez, on va lui faire sa peau à ce sale monstre ! » s'écria t-il en dépassant le sabreur d'un pas énergique et en s'enfonçant dans les profondeurs obscures du ténébreux boyau.
Zorro le suivit en soupirant.
« J'ai entendu un bruit... »
Le chuchotement s'était élevé dans la nuit presque palpable du couloir, perçant avec peine l'obscurité qui les enveloppait telle un lourd manteau de velours sombre.
« Oui, Pipo. C'est nous qui marchons. »
« Ah. »
Silence.
« Quelque chose nous suit... »
« C'est moi qui te suit, Pipo. »
« Ah. »
Silence.
« Il y quelque chose devant... »
« Oui, Pipo. La porte. »
« Ah. »
Silence.
« Je suis certain qu'elle nous épie... »
« Qui ça ? »
« Chani... »
« ... »
Silence.
« Il... »
« LA FERME ! »
« Désolé. »
Silence.
« Pipo. »
« Quoi ? »
« Retire tes ongles de mon bras. »
« Pardon. »
L'escrimeur se dégagea prestement et parcouru les quelques mètres qui les séparaient de la porte au pas de course. Il l'ouvrit à la volée et se rua sur le pont, avalant goulûment une profonde gorgée de l'air salé et frais qui soufflait au large.
Se retrouver dans l'entourage de Pipo pouvait parfois donner la désagréable sensation d'asphyxier.
« Zorro. Ça continue par là. »
Le sabreur se rapprocha et suivit le regard du jeune homme, avisant la marque rouge vif qui continuait de ramper sur le mur extérieur des cabines.
Ils remarquèrent qu'elle obliquait de plus en plus vers le bas, pour finir par atterrir sur le sol et se diriger vers le pont avant.
« Bon, ben, on va aller voir ç... »
« Qu'est-ce que vous faîtes là ? »
Le jeune homme aux cheveux verts ferma longuement les yeux, grinçant des dents. Il se tourna lentement du côté de la rouquine.
« Et ben, » commença Pipo, « en fait, on a trouv... »
« On cherche Chani. Et puis arrête de surgir dans le dos des gens quant ils ne s'y attendent pas. Mais ne t'inquiète pas, on cherche Chani. »
La navigatrice le scruta intensément du regard. Elle semblait douter de sa sincérité.
« Mais... Qu'est-ce que c'est que ça ? »
Elle écarta brusquement les deux pirates, pour se pencher devant les planches souillées de rouge et observer la longue ligne écarlate qui semblait émerger du néant de la porte du couloir pour s'étendre jusqu'à l'infini.
Ou du moins, jusqu'à la figure de proue, avisa l'escrimeur en apercevant, tout proche de la tête de mouton, un petit monticule hétéroclite et indéterminé qui était de toute évidence le point d'arrivée de la ligne rouge.
« Zorro dit que ce n'est pas le sang d'un être vivant normal, » expliqua le canonnier au dos de Nami.
« C'est... »
La rouquine se releva et se retourna, une expression de choc profond figée sur sa figure.
Les deux autres la regardèrent avec inquiétude.
« C'est mon rouge à lèvre ! » s'exclama t-elle d'une voix rauque.
« ... Quoi ? »
« ... Pardon ? »
« Quelqu'un joue avec mon rouge à lèvre ! »
Elle se jeta sur l'escrimeur, saisissant le col de son T-shirt avec fureur.
« Tu joues avec mon rouge à lèvre ! »
Zorro écarquilla les yeux.
« Mais t'es malade ? C'est n'importe quoi ! »
« Absolument pas ! Tout à l'heure tu jouais avec mes bigoudis ! »
« ... »
« Tu bousilles mon maquillage ! »
« Mais lâche-moi, espèce de folle... Pipo. Pipo ! Dis-lui que je n'ai rien fait à son maquillage ! »
Pas de réponse. les deux pirates s'écartèrent l'un de l'autre et se rapprochèrent du jeune canonnier qui, intrigué, était allé ramasser l'étrange monticule et le fixait à présent de deux yeux exorbités.
Ses deux compagnons sentirent les leurs atteindre à peu près le même diamètre.
Ce que Pipo tenait à la main, c'était une petite figurine faite de bigoudis roses enchevêtrés les uns aux autres et percée de toutes parts par une bonne dizaine d'épingles à cheveux.
A sa taille étaient accrochées trois limes à ongles.
Tenues bien au chaud sous le couvercle transparent de la poêle à frire, les tomates reposaient en toute sécurité sur la table de la cuisine.
Chopper les fixait avec intensité, conscient que sans son étroite surveillance leur avenir potentiel se serait sans aucun doute retrouvé au fond de l'estomac d'un certain capitaine. Du moins avant l'heure.
Il n'était pas inquiet.
Zorro lui avait assuré que si jamais il y avait un blessé, il se chargeait de l'amener dans l'infirmerie et d'aller aussitôt prévenir le jeune médecin.
Or il n'était toujours pas venu le chercher.
Il n' y avait donc pas de blessé.
A moins que Zorro ne soit blessé lui-même, bien sûr.
Mais c'était impossible. Il s'agissait de Zorro.
Chopper n'était donc pas inquiet.
Il concentra encore un peu plus son regard sur les tomates.
Dans son dos, Chani entra dans la cuisine et se dirigea vers le placard. Elle leva ses jolis yeux bleus vers l'étagère la plus haute, sur laquelle trônait un imposant panier de pommes bien mûres et fraîchement rapportées du marché.
Elle tendit un petit bras.
Et l'agita inutilement à deux mètres du panier.
Mais non, Chopper n'était pas inquiet, bien sûr que non. Il avait confiance en ses camarades, se disait t-il en se tournant vers la fillette, en la rejoignant, en prenant forme humaine, en saisissant une pomme et en la lui tendant.
Chopper allait tranquillement attendre que Zorro revienne pour lui dire qu'il n'y avait pas de dégâts.
Car Zorro ne s'était pas fait déchiqueter par l'abominable bête tapie dans l'ombre. Non, évidemment que non.
Chopper allait donc rester dans la cuisine.
D'ailleurs, si on ne trouvait pas Chani, ce n'était pas non plus parce qu'elle s'était faite dévorée par la bête.
Chani ne s'était pas faite dévorée par la bête.
« Mon Dieu, Chani s'est faite dévorée par la bête... »
Chani mâchouilla tranquillement sa pomme, son regard intensément bleu posé sur la Grosse Boule de Poil.
Elle n'avait pas cillé depuis un nombre inquiétant de secondes.
« Peluche, » finit-elle par sortir.
« ...Quoi... ? CHANI ! TU ES LA ! »
Chopper retrouva instantanément sa forme habituelle et serra fortement la fillette contre ses poils.
Chani se dégagea aussitôt et se remis à le fixer avec intensité.
« Zolie peluche. Pleine de poil. »
Chopper cligna des yeux.
« P... Pardon ? »
« Peluche. »
« Mais... Mais non, je ne suis pas une peluche ! » s'insurgea Peluche.
Chani lui saisit un bras.
« Peluche, » répéta t-elle.
Il leur avait pourtant demandé de surveiller la cuisine.
Il avait demandé à Chopper et Zorro de surveiller la cuisine. Pas grand chose, juste l'espace d'une dizaine de minutes, le temps qu'il aille chercher le sac de poissons frais rangé dans la cale.
Mais non, de toute évidence, ces deux-là avaient dû trouver la tâche insurmontable.
Puisque la seule personne qui restait à présent dans la pièce, confortablement affalée sur une chaise et le ventre bien plein, c'était Luffy.
Le cuisinier grinça des dents.
Zorro allait passer un sale quart d'heure.
Sandy s'approcha et réveilla son capitaine d'un vigoureux coup de pied sur le ventre.
« AÏE ! Ah... Ah ? Sandy ? NAN ! Fais pas ça ! J'ai pas tout mangé, j'ai pas tout mangé, je te le jure ! J'ai fait attention ! »
Sandy ouvrit les placards en grand, et constata que seul le tiers des provisions (prévues pour quatre mois) avait disparu.
« Mouais, c'est vrai, » marmonna t-il à mi-voix.
Il jeta un coup d'œil sur la table.
« T'as même pas touché aux tomates ? »
« J'arrivais pas à enlever le couvercle... »
« ... »
« Comment est-ce qu'on fait ? »
« Compte pas sur moi pour te l'expliquer. »
Sandy était sous les ordres d'un type qui ne savait pas retirer le couvercle d'une poêle à frire.
« Où sont Chopper et Zorro ? »
« Chais pas, ils étaient pas là quant je suis arrivé. »
Ni Sandy ni Luffy n'aimait particulièrement le rose. Pas plus qu'ils n'aimaient voir voler des trucs roses au dessus de leur tête sans explications. Voire des trucs tout court.
Ils fixèrent donc un instant en silence le machin rose qui venait de surgir de derrière leur dos, de rebondir sur le couvercle des tomates, et qui gisait à présent sur la table.
Ils se retournèrent.
Nami tentait de les incendier du regard.
« QUI joue avec mon maquillage ? »
« ... »
« ... »
« LEQUEL d'entre vous deux a boutiqué cette chose avec mes big... mes... instruments pour les cheveux ? Et mes limes à ongles ? Et mes épingles ? QUI a fouillé dans mes affaires ? Et surtout, SURTOUT, QUI A ECRASE MON ROUGE A LEVRE PARTOUT SUR LES MURS DU BATEAU ? »
« Je te jure que je n'ai touché à rien, mon Petit Cœur d'Amour ! Tu te doutes bien que je ne ferais jamais une chose pareille ! »
« Je crois pas que ce soit moi. ...Ça se mange, le rouge à lèvre ? »
« Une minute, c'est une figurine de Zorro, ce truc ! »
Le cuisinier venait de s'emparer de la chose rose et l'examinait béatement, un sourire crétin répandu sur ses lèvres.
Zorro le lui arracha et l'aplatit violemment entre ses deux mains, le réduisant à l'état d'une vulgaire chair à pâtée rosâtre et épineuse.
« ZORRO, MES BIGOUDIS ! »
« Cette figurine ne me représentait pas. »
« Pourtant... On aurait dit les trois sabres... »
« Non. »
« Zorro, puisque t'es là, » intervint plaisamment le blondinet, « explique-moi pourquoi tu as laissé la cuisine en plan. »
Zorro le fixa un instant en silence.
« J'ai pas laissé la cuisine en plan. J'ai demandé à Chopper de la surveiller. »
Long silence. Les pirates présents s'entre-regardèrent.
« Où est Chopper ? »
C'est à cet instant qu'un effroyable rugissement de souffrance poussée à son paroxysme retentit à l'avant du bateau.
Interloquée, Chani jeta un vague coup d'œil au miroir qu'elle venait de présenter à Son jouet.
Elle n'y vit rien d'anormal.
« Pourquoi t'as crié comme ça ? Qu'esse qui t'as fait peur ? »
Sous ses trente couches de maquillage (mélange détonnant de poudre pour visage, de rouge à lèvre et de crème de soin), Chopper eut une moue écoeurée et désapprobatrice.
Il n'osait pas parler de peur d'avaler la mixture.
Il tenta vainement de se défaire de ses liens.
« Nan, attend, bouze pas, tu vas tout déranzer... »
Elle resserra fermement les lourdes cordes qui enserraient le petit corps poilu de Chopper – et n'en laissait dépasser que la tête, et rajusta les bigoudis roses et autre rubans pailletés perdus dans la fourrure capillaire de sa peluche.
Une zolie coiffure, voilà ce qui l'arrangerait au mieux.
Elle rajouta une couche de rouge à lèvre framboise sur le nez de la pauvre victime.
« Toi auzzi, Scouic, viens par là. »
La Créature se rapprocha docilement et laissa sa Gentille Maîtresse ajouter deux ou trois bigoudis de plus parmi ceux qui fourmillaient déjà dans ses poils rares, courts et râpeux.
... Chopper évita de se demander comment la petite gamine réussissait à les y faire tenir.
Au dessus de leur tête, dans l'encadrement de la trappe qui menait à la cale, cinq paires d'yeux les fixaient avec ahurissement.
Robin était contente ; elle venait tout juste de retrouver le livre qui manquait depuis un très court laps de temps à sa bibliothèque personnelle.
Il était posé à plat sur le sol, grand ouvert, dans un petit recoin du pont arrière ombragé par deux tonneaux d'eau douce.
Elle s'agenouilla et lu avec attention le titre de la page sur laquelle il était ouvert.
Le Vaudou de Nos Jours
Chapitre 7 : Comment plonger un ennemi dans un sommeil profond
Attablée devant un appétissant plat de petit gâteaux fourrés à la confiture de figue, Chani refusait obstinément et de prendre un gâteau, et d'ouvrir la bouche.
Par instant, elle jetait un petit regard mélangeant désappointement et inquiétude du côté de Zorro.
Dans un coin de la cuisine, Sandy et Pipo venait de plonger le pauvre Chopper dans un tonneau d'eau chaude et étaient à présent occupés à le débarrasser de toutes ses fanfreluches.
Personne n'avait pensé à approcher Scouic.
« Dis-moi, Chani. S'il te plaît. Dis-moi. Qui est ton Papa ? »
Les deux pupilles bleues se fixèrent sur la jeune femme.
Silence.
« Ne me regarde pas comme ça, trésor... On ne peut pas te garder éternellement avec nous... Ton papa et ta maman doivent être très très inquiets pour toi... »
Silence.
« Bon, ça va, tu vois bien que c'est inutile, elle dira rien, cette gosse... »
« Si tu dis ça, c'est évident que maintenant, elle va rien nous dire ! Il faut avoir un peu de psychologie, dans la vie, Zorro ! »
« La psychologie, c'est avant tout de ne pas quitter un port quant une gamine inconnue vient de monter sur le bateau. »
« Ça n'a rien à voir avec la psychologie, ç... »
« Pourquoi tu dors pas ? »
« ... »
« ... »
« Il faut dormir. Zinon tu vas mourir. Il faut dormir. Il faut des vitamines. »
Chani fixait intensément Zorro.
« T'as pas dormi de la zournée. Ze veux pas que tu meures. »
« Mais... »
Les lèvres de Chani tremblèrent.
Zorro se dépêcha d'aller s'allonger dans un coin.
Satisfaite, la gamine se mit à grignoter un gâteau.
« Chani... Ton papa... »
Elle reposa le biscuit et se renferma.
« Robin, tu ne peux pas venir m'aider ? Tu as l'air de savoir t'y prendre, avec elle... »
La jeune femme se contenta de tourner la page de son manuel sur le Vaudou.
« Oh, bon, ça va, j'ai compris ; j'abandonne... Parce que vous faîtes vraiment aucun effort... La situation finira bien par s'arranger d'elle-même... »
« Mais oui, exactement, mon Petit Mouton à la Grenadine ! » s'exclama le blondinet en arrachant un élastique des poils de Chopper. (AÏE !) « Ça va s'arranger, tu vas voir ! Ne t'inquiètes pas ! En attendant : ça vous dirait de vous mettre à table ? J'ai mijoté un bon petit plat de tomates et de poissons frits, rien que pour vous deux, mes Amours Vanillés ! »
Chopper se tapit au fond de sa bassine et Zorro au fond de son sommeil.
« Moui... Tout ce que j'espère, » soupira la rouquine, « C'est que ses parents ne vont pas nous retrouver avant qu'on ne les retrouve... »
Sur le pont avant d'un des bateaux les plus imposants de la marine, Tashigi scruta l'horizon enflammé par le soleil couchant.
Sa main se crispa sur la rambarde ; le navire de chapeau de paille était en vue.
« Commandant Smocker ! » cria t-elle en se retournant vivement. « Le navire de chapeau de paille ! A portée de canon ! »
A quelque pas d'elle, Papa s'étouffa dans son cigare.
« QUOI ? Déjà ? Mais qu'est-ce qu'ils foutent ici ? »
« Je ne sais pas, mon commandant. Mais c'est une chance inouïe ! Il faut en profiter ! Abordons-les ! »
« NON ! Non... Au contraire... Nous allons ralentir le bateau... Et les laisser gagner un peu de terrain... Voilà... C'est ça... C'est ce qu'il faut faire... »
« ... ? Mais ? Mais pourquoi, commandant... ! »
« Lieutenant Tashigi, dans la vie, il faut de la prudence en toute chose. »
« Mais... »
« Rien ne vous dit qu'ils n'ont pas une arme terriblement destructrice à bord. »
Nami est-elle du genre à se maquiller ?
Smocker est-il marié ?
Smocker est-il du genre à avoir des enfants ?
Est-il possible qu'une gamine de quatre ans sache déjà lire ?
Où donc Chani a-t-elle appris ce qu'était le vaudou ?
A quoi Scouic va-t-il ressembler une fois les bigoudis enlevés ?
Qu'est-ce donc qu'un mouton à la grenadine ?
Pourquoi est-ce que je pose toutes ces questions ?
... Bouchou pas savoir... T.T°
