Singe à vendre
Auteur : toujours la même, et non je n'ai pas disparu dans la nature… Yohko is back !
Série: Ca commence par Gensomaden et ça finit par Saiyuki…
Résumé : ben toujours le même : un jeune acrobate qui se fait battre à sang, un inspecteur des services sociaux qui se croient à l'armée et une directrice qui joue un étrange double jeu… Et le collège d'études supérieures G. Saiyuki qui domine tout ce beau monde.
Avertissements : Ca va mieux, je me calme un peu. Bah faut bien que Goku soit en forme si je veux une suite… Donc, quelques grossièretés une fois de temps en temps, encore un tout chtit mini chouia d'angst sur les bords, kawaï attaque suprême, shonen ai si on lit entre les lignes. J'espère que c'est quand même un peu visible… Et mystère aussi.
Disclaimer : Je vénère Kazuya Minnekura. Vraiment. Je suis prête à lui voue un culte si elle veut. Alors elle peut bien me les prêter un peu non ?
Gojyo : moi je n'appartiens qu'à moi-même et aux belles femmes…
Yohko : Bref, pas à moi. Snif.
Merci à tous mes reviewers que j'adore ! Et vraiment, désolée de vous avoir fait attendre si longtemps, mais je viens à peine de récupérer Internet. Pardon pour mes fautes…
Chapitre deux : où l'on apprend bien des choses…
Goku était toujours seul, le soleil était parti. Il l'avait laissé dans l'obscurité la plus totale et maintenant les ombres étaient de retour. Il faisait froid et il neigeait, mais cette fois la neige était rouge comme du sang.
Goku tremblait, recroquevillé contre un mur, les bras autour de ses genoux relevés. Il avait si froid, peut-être qu'il allait mourir ?
Non, il ne voulait pas mourir. Nataku serait tout seul s'il mourait, tout seul contre Lui. Alors il devait se battre.
Et vivre.
Soudain une voix à son oreille, une voix dure, rendue pâteuse par l'alcool !
- Imbécile… Nataku est mort… Je l'ai tué !
Goku hurla. De terreur, de colère, de douleur.
Il hurla jusqu'à ce que sa voix se brise et que le silence revienne autour de lui, obscur et oppressant.
Le couloir de l'hôpital était bondé de clients, de médecins et d'infirmières, pour le plus grand bonheur de Gojyo qui draguait sans retenue et pour le plus grand malheur de Sanzo, qui commençait à envisager sérieusement de tuer tout le monde, là maintenant.
Hakkaï quant à lui restait d'un calme imperturbable, souriant comme d'habitude devant l'air énervé du blond.
Finalement, un médecin vint vers eux. Hakkaï se leva et lui serra la main, tandis que Sanzo soupirait. De soulagement, d'énervement ? Impossible de le savoir.
- Vous venez pour l'acrobate ? Suivez-moi messieurs, invita l'homme en se dirigeant vers une porte.
Un rien plus tard, il fermait en douceur la porte d'un grand bureau clair.
La pièce était inondée de lumière ; en son centre trônait un large bureau d'angle où tous les papiers et cahiers étaient rangés au millimètre près. Pas une feuille ne dépassait du tas, c'en était impressionnant.
D'ailleurs, le bureau entier respirait la propreté et l'ordre.
Le médecin s'assit et invita les trois hommes à en faire autant.
Hakkaï prit place ainsi que Sanzo dans deux grands fauteuils de cuir noir, tandis que Gojyo s'appuyait nonchalamment sur le dossier du siège de Hakkaï.
Ce bureau le rendait nerveux. Il n'aimait pas les hôpitaux, car toutes les pièces étaient à ce point aseptisées et impersonnelles qu'elles semblaient avoir été produites dans une usine à la chaîne. Le roux haïssait au plus haut point ces pièces sans âme. Peut-être parce qu'elles lui rappelaient trop l'orphelinat…
- Parlons donc de votre protégé. Il se nomme Son Goku et est orphelin. Le cirque l'a trouvé lorsqu'il avait environ quatre ans et le gérant l'a depuis adopté.
Il fit une pause dans l'attente d'une marque d'étonnement ou d'attention, mais le silence le plus complet fut sa seule réponse.
- Parlons maintenant médical. Il a subi de graves traumatismes, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Je crois qu'il a le plus grand nombre de marques de coups, de blessures et de cicatrices que cet hôpital aie jamais vu. Il est vraiment en très mauvais état, mais la mort suite à ces traumatismes-là n'est pas à craindre. La médecine fait des miracles de nos jours…
Le ton était entendu, et sans doute les trois collègues auraient dû sourire ou répondre quelque chose ; mais comme la dernière tentative, celle-ci fit un plat et le médecin reprit son explication presque piteusement.
- Le problème le plus important reste sans aucun doute celui de son esprit. Notre psychologue s'y perd. Le garçon…
- Il a au moins dix-huit ans, le coupa Gojyo d'un ton sec.
- Bref, mon patient refuse de parler, acheva l'homme brutalement. Il n'a pas prononcé un seul mot, et ce même lorsqu'une infirmière lui a par mégarde cogné une plaie. Il a violemment gémi, mais n'a rien dit. Et s'il n'y avait que ça…
Le médecin soupira et secoua la tête.
- On va pas vous arracher les mots de la bouche non plus, grogna Sanzo, exaspéré par ces pauses.
- Il fait beaucoup de cauchemars et se montre très violent dans son sommeil. Il semble vouloir se défendre, mais le problème est qu'il a failli tuer une infirmière qui tentait de le réveiller. Et régulièrement, on le retrouve assis sur une chaise. Il semble attendre quelque chose, mais allez savoir quoi !
Hakkaï sourit pensivement, puis sembla se reconnecter à la réalité.
- Très bien, je vous remercie monsieur. Nous allons devoir régler quelques papiers à présent si ça ne vous dérange pas, mais est-ce que Sanzo et Gojyo peuvent aller le voir ?
- Bien sûr, mais il vient de s'endormir et ça m'étonnerait qu'il se réveille avant plusieurs heures vu les calmants que nous avons dû lui administrer.
- Bah… C'est quel numéro ?
- 271. L'étage en dessous, à droite des escaliers.
- Merci, dit Gojyo avant de sortir, suivi d'un Sanzo en manque de nicotine qui se demandait quand il pourrait enfin avoir sa cigarette.
Hakkaï se demanda s'il était vraiment le seul à avoir entendu cette note sarcastique dans la voix du roux… Sans doute.
- Bien entendu, il a été transféré… Rah, saloperie d'hôpital !
Gojyo et Sanzo cherchaient depuis dix bonnes minutes la chambre de Goku, et durant ce laps de temps, Sanzo avait effrayé cinq infirmières, outré deux médecins par ses jurons et failli buter un infirmier, tandis que Gojyo restait calme et goguenard, draguant tout ce qui bougeait, sauf les vieux croûtons.
Rien de changé dans ce vieux monde…
Finalement, les deux comparses finirent par mettre la main sur un médecin qui, après un intense foudroiement oculaire, s'empressa de leur indiquer la bonne direction avant de partir en courant dans le couloir opposé.
La chambre était petite et propre, meublée de deux chaises, d'un lit et d'une table.
Néanmoins, Sanzo trouva une différence par rapport aux autres chambres aseptisées au possible.
Peut-être était-ce dû au patient lui-même ; Goku dormait roulé en boule au milieu de draps chiffonnés dont la plupart traînaient par terre.
Peut-être était-ce le bouquet de fleurs aux couleurs vives qui égayait un peu la pièce.
Ou peut-être encore les trois personnes déjà présentes dans la pièce.
Il y avait là la jeune fille qui les avait guidés à leur arrivée au crique, et qui leur sourit gentiment. A ses côtés se tenait le dresseur aux longs cheveux roux, qui les toisa –et plus particulièrement Sanzo- avec méfiance. Enfin un grand brun à la stature étonnamment musclée était accoudé à la fenêtre.
Yaone fut la première à rompre le silence pesant.
- Je crois que nous n'avons pas été présentés correctement… Je me nomme Yaone, illusionniste de profession.
Gojyo sourit largement, comme s'il trouvait la situation particulièrement amusante.
- Sha Gojyo, se présenta-t-il avec une parodie de courbette.
- Moi, c'est Dokugakuji sourit le brun, la main sur son torse. Mais vous pouvez m'appeler Doku, précisa-t-il devant la grimace de Gojyo.
Kogaiji et Sanzo se fixaient toujours en chiens de faïence, les poings serrés. Finalement, le roux rompit le silence.
- Je m'appelle Kogaiji, mais vous le savez déjà.
- Genjyo Sanzo. Qu'est-ce que vous foutez là ?
- On vient rendre visite à un ami. C'est interdit ?
Sanzo foudroya Doku du regard, lequel Doku qui ne broncha pas, trop habitué aux regards tueurs de Kogaiji.
- Vous avez une manière bizarre de prouver votre amitié, releva tranquillement Gojyo. Parce que vous saviez, non ?
Le silence s'installa en grande pompe dans la pièce, étouffant dans l'oeuf toute idée de l'auteur d'introduire un quelconque bruit incongru.
Les cinq se flinguaient du regard.
Enfin, Sanzo et Kogaiji se flinguaient du regard. Doku et Gojyo alternaient coups d'œil amusés aux deux adversaires et œillades de défi et Yaone portait toute son attention sur Goku.
Soudain, tous ces échanges furent interrompus par un gémissement.
Goku commença à se débattre contre des agresseurs invisibles, les paupières agitées de tressautements.
Peu à peu, ses gémissements prirent de l'ampleur, pour finir par se muer en un long cri désespéré, qui exprimait une douleur et une peur quasiment insupportables.
Une infirmière paniquée fit irruption dans la chambre, des cachets blancs à la main. Elle se rua sur son patient et voulut les lui faire avaler, mais une main ferme repoussa son bras.
- Mais mons… Balbutia-t-elle en direction de Gojyo, qui avait légèrement perdu son légendaire sourire.
- Plus de calmants, grogna Sanzo en faisant expérimenter à la femme l'emprise de son regard mortel.
Se faisant sa main entra en contact avec celle de Goku, qui, au lieu de la repousser comme tous s'y attendaient, l'agrippa violemment.
Aussitôt, le visage du châtain s'apaisa, et un très léger sourire sembla même effleurer ses lèvres.
L'infirmière fronça les sourcils, déconcertée par ce brusque changement.
- Bien, sortez tous à présent. Allez, allez ! Tout le monde dehors, ce garçon a été battu jusqu'au sang et même plus, il a besoin de re-pos ! Fini les visites !
Tous obéirent aussitôt, mais lorsque Sanzo réussit enfin à se libérer de l'emprise de Goku, celui-ci se recroquevilla brutalement sur lui-même en gémissant.
L'infirmière soupira en ressortissant ses cachets, mais cette fois ce fut la main de Sanzo qui l'arrêta.
- Laissez tomber, je reste.
- Mais…
- Je le calme.
La pauvre femme n'était pas de taille à lutter contre la détermination de Sanzo et s'empressa de sortir, les sourcils tout de même légèrement froncés.
Le blond s'assit au chevet du lit en soupirant et posa sa main sur le bras de Goku, le calmant immédiatement.
Gojyo passa la tête par l'entrebâillement de la porte et sourit largement, moqueur.
- Maman poule, maintenant ?
- DEHORS !!!
« T'es chiant toi, tu sais ? Ouais, très chiant. J'étais tranquille et il a fallu que tu t'amènes. T'abuses. Et en plus de ça il faut que je reste pour te border comme un gosse. T'as dix-huit ans bordel ! Pas quatre !
…
Rah et arrêtes de te cramponner à ma main comme ça ! C'est bon, je vais pas partir, cette bonne femme serait fichue de te bourrer de soporifiques encore.
…
Te fais pas trop d'illusions, je vais pas jouer les baby-sitter toute ma vie non plus !
…
Et maintenant je dialogue par la pensée avec un mec qui roupille comme un loir… »
Sanzo soupira. Il contemplait le visage de Goku, perdu dans ses pensées. Ses yeux erraient sur le visage calme au teint très légèrement bronzé.
Il avait des traits délicats, et de très longs cils qui effleuraient presque ses pommettes légèrement saillantes. Ses longs cheveux châtains étaient étalés sur l'oreiller et les rayons du soleil jouaient dessus, provoquant de superbes reflets dorés.
Son front était ceint d'un étrange diadème doré, que personne jusqu'ici n'avait pu lui enlever.
Le regard améthyste s'attarda un instant de trop sur les lèvres rosées, qui devaient être en temps normal très douces, mais étaient aujourd'hui gercées au possible.
Puis il tomba sur le collier de fer qui enserrait toujours son cou . Ils ne savaient pas où était la clé, et l'on ne pouvait risquer de l'enlever par la force, ce qui risquait de blesser le jeune homme.
Sa main bandée serrait de toutes ses forces celle de Sanzo, et c'était saisissant de constater le contraste entre sa main grande et blanche et celle, légèrement plus petite et bronzée, pansée de toutes parts, de Goku.
Il sourit dans son sommeil, et ce sourire sembla illuminer tout son visage. La vision était si enchanteresse que Sanzo ne put même pas empêcher ses lèvres de se courber à leur tour.
- Tu t'appelles Goku, c'est ça ?
Goku hocha la tête. Il aimait bien le grand brun qui lui parlait. Il avait une voix douce et souriait gentiment, et on sentait que ce sourire n'était pas faux.
- Je m'appelle Hakkaï. Et voici Gojyo et Sanzo, que tu as déjà vu.
Nouveau hochement de tête.
Les quatre hommes se trouvaient toujours à l'hôpital. Goku était assis dans son lit aux draps défaits, et fixait tour à tour Hakkaï, assis sur une chaise à son chevet, Gojyo, appuyé contre le mur en face de lui et surtout Sanzo, adossé au garde-fou de la fenêtre ouverte. Une légère brise agitait ses cheveux et ceux de Gojyo, les faisant flotter de manière irréelle.
- Nous faisons partie d'une organisation sociale marginalisée, c'est-à-dire que nous travaillons indépendamment de l'Etat. Malheureusement, cela occasionne parfois quelques problèmes.
Hakkaï fit une courte pause puis reprit.
- Dans ton cas par exemple, il nous faut une famille d'accueil. Or en tant que société privée, l'Etat ne peut pas nous aider à en trouver une. Les familles qu'il reste ne sont en général pas…
- C'est merdique, le coupa Gojyo. Si t'y vas, développa-t-il devant l'air intrigué de Goku, t'es sûr de devenir chômeur professionnel et de mendier dans la rue plus tard.
Un éclat de peur passa fugitivement dans les yeux du châtain ,mais il se contenta d'hocher la tête, attendant la suite.
Cela faisait maintenant près d'une semaine qu'il était là. Ses blessures guérissaient rapidement bien qu'il garda de nombreuses cicatrices et quelques côtes cassées, mais il n'avait toujours pas dit un mot.
- Nous te proposons de venir vivre chez nous. Tu es bien sûr libre de refuser, mais il semble que ce soit la meilleure solution dans l'immédiat. Tu seras majeur dans quelques mois et alors tu pourras t'établir où bon te sembleras…
- Mais en attendant c'est ça ou rien. Acheva sèchement Sanzo.
Hakkaï sourit.
- C'est un peu brusque, mais c'est à peu près ça…
Goku ouvrit la bouche, pour la refermer aussitôt.
Il se rendait bien compte que ces trois hommes ne le forceraient jamais à quoi que ce soit. C'était la première fois qu'il avait le choix avec quelqu'un d'autre que Ko, Nataku, Yaone ou Doku, et cette sensation le paniquait complètement.
Finalement, alors qu'il avait l'impression de se noyer dans ce choix qu'il ne comprenait pas, son regard se posa sur Sanzo.
Ce dernier était perdu dans ses pensées et tirait machinalement sur la cigarette qu'il avait allumée malgré l'interdiction.
Il semblait totalement insouciant du sort de Goku.
Curieusement, et malgré la tristesse que cette pensée fit éprouver au jeune homme, ce fut elle-même qui le décida. Ces trois hommes semblaient si sûrs d'eux-mêmes, si forts. Rien ni personne ne devait leur faire peur. Il avait appris que Sanzo avait frappé le chef et Ko sans hésiter, ce qui était même selon Gojyo une mauvaise habitude.
Goku les admirait tous. Depuis qu'il avait vu Nataku se faire frapper à sa place, il voulait devenir fort.
Fort comme ses sauveurs.
Fort comme le soleil qui lui avait tendu la main.
Ne plus jamais voir quelqu'un se sacrifier pour lui.
Alors Goku se tourna cers Hakkaï et hocha la tête. Et il récidiva fermement après le « sûr ? » de Hakkaï.
Oui, il était sûr. Ses yeux rencontrèrent ceux de Sanzo, qui souriait presque.
Alors Goku fut bien, bien loin de regretter sa décision.
Sanzo, Hakkaï et Gojyo habitaient dans une sorte de pension dite « familiale ». C'est-à-dire que les locataires avaient chacun leur appartement mais qu'ils passaient leurs repas ensembles, et vivaient de manière beaucoup plus proche et solidaires que les habitants d'un HLM. Chacun connaissait l'autre, et personne ne s'en plaignait.
A part peut-être Sanzo, mais il se plaignait de beaucoup de choses.
C'est du moins ce que disait Gojyo jusqu'à ce que le sujet de ses railleries ne manque l'assommer.
La pension Gunlock était une imposante bâtisse, qui avait sans doute dû être superbe il y a peu, mais qui aujourd'hui se contentait d'être agréable à la vue. Goku dévorait chaque détail des yeux, de grands yeux d'enfant émerveillé.
Lorsque le groupe entra, une vieille femme très énergique vint à leur rencontre, un sourire encore plus grand que celui d'Hakkaï aux lèvres.
- Vous voilà enfin ! Et… Mais c'est le petit ? Demanda-t-elle en fixant son regard sur un Goku assez gêné.
- Madame Ban, je vous présente Son Goku. Goku, voici Madame Ban, la concierge et cuisinière en titre de la pension.
- Cuisinière, cuisinière… Vous me flattez jeune homme ! Rougit-elle. Ici, chacun met la main à la pâte, expliqua-t-elle en souriant à Goku. Et bien, je suppose que je vais vous laisser l'installer correctement !
- A ce soir madame.
- SAAAANZOOOO !!!!
Le susnommé cessa soudainement de chercher la bonne clé et de pester contre les trousseaux de Gojyo, pris de sueurs froides.
Dans l'escalier retentit un tintamarre digne de la charge d'un troupeau d'éléphants.
Une jeune fille finit par bondir sur le palier et se planta fermement devant le groupe, les poings sur les hanches.
Elle était vêtue d'un court débardeur rose superbement échancré et d'un jean si déchiqueté qu'il lui découvrait toute une jambe recouverte de résille noire.
Elle arborait un sourire absolument terrifiant sui semblait à deux doigts de lui déchirer les joues. Soudain, aussi vive que l'éclair, elle se jeta sur Sanzo et se retrouva en deux temps trois mouvements sur les épaules d'un blond fumant de colère.
- Saaaanzoooo… Ronronna-t-elle en tapotant le crâne de sa victime, t'as pas vu mon chat ?
- Rien à battre de ton chat ! descends de là !
- Bonjour Ririn, salua Hakkaï tout en ouvrant la porte avec le trousseau qu'il venait de prendre à Sanzo.
Le petit groupe entra. L'appartement était grand, meublé simplement mais avec classe. Ils se dirigèrent tous vers un salon où deux canapés et un fauteuil entouraient une table basse où trônait un jeu de mah-jong.
Gojyo s'affala sur un canapé et s'alluma une cigarette tandis que Sanzo se débarrassait enfin de la jeune fille en l'envoyant bouler sur l'autre sofa.
Puis le blond s'assit à son tour sur le fauteuil, sortit des lunettes de sa poche avant d'ouvrir un journal qui traînait sur la table et de se plonger dedans sans plus se préoccuper du monde extérieur.
Hakkaï prit le sac de Goku pour l'amener dans une chambre et se tourna vers son possesseur qui n'osait pas entrer, son éternel sourire aux lèvres.
- Vas-y ! Ne t'inquiètes pas, quand ils sont occupés ils ne mordent pas, plaisanta-t-il.
- J'ai entendu ça Hak' ! lança Gojyo depuis son canapé.
Finalement, Goku entra doucement dans la pièce et vint se poster derrière le fauteuil de Sanzo.
C'est alors seulement que Ririn sembla le remarquer.
- Bah… T'es qui toi ? Demanda-t-elle très intelligemment.
- Il s'appelle Goku, signala Sanzo, toujours caché derrière son journal.
- Mais t'es acrobate au cirque permanent ! Chuis déjà allée voir, c'est gééénial ! J'adore ton numéro, mais je préfère quand même celui des bêtes…
Elle allait lui demander ce qu'il faisait là quand elle surprit le regard meurtrier que Sanzo lui jetait par-dessus son journal et se rappela quel métier faisaient les trois hommes.
- Oops. Et à part ça, tu vas venir au collège Saiyuki ?
Goku, qui s'était intéressé à la conversation lorsqu'elle s'était orientée vers le cirque, se rembrunit et haussa les épaules.
Il revoyait Kogaiji, Yaone et Doku, souriants, lors de son arrivée au crique ; Nataku, répétant la chorégraphie de son combat contre le chef ; Yo, le rattrapant in extremis pour le renvoyer vers un autre trapèze…
Et puis le sang.
Le châtain secoua vivement la tête, cherchant à chasser ces visions.
Mais il ne pouvait pas, elles le hantaient, le sang les cris la neige le noir l'horreur !
Goku se recroquevilla soudain sur lui-même avec un grognement, ses mains crispées sur son diadème. Il voulait que ça cesse, que la douleur s'arrête !
Ou qu'elle le prenne à jamais.
Mais plus ces visions.
Tout à coup il sentit une présence à ses côtés. Il se rejeta vivement en arrière avec un semblant de cri… Pour se retrouver assis par terre, face à deux yeux améthystes qui n'exprimaient rien.
Sanzo attrapa délicatement ses deux mains et les serra dans la sienne. Puis il leva le bras et laissa courir ses doigts sur la joue de l'acrobate, essuyant ses larmes.
Goku ferma les yeux et déglutit difficilement, son cœur battant encore à tout rompre. Néanmoins il se sentait mieux, cette main était si fraîche, presque familière, elle atténuait la douleur et chassait ses souvenirs sombres.
Peu à peu, Goku se calma et se laissa aller dans les bras de Sanzo, se blottissant contre son torse rassurant, les paupières fermées.
Le blond soupira, mais referma quand même ses bras autour du corps abandonné, si confiant.
- Demain, je vais inscrire Goku à Saiyuki.
- Ouais. Il est grand temps que ce gosse apprenne que la vraie douleur est devant un pupitre dans une salle de classe !
- Gojyo…
Les trois collègues étaient assis dans le salon. Ririn était repartie, Goku dormait comme un loir et la télévision allumée produisait un bruit de fond somme toute agréable tandis qu'ils se disputaient une partie de mah-jong.
- Je vais l'inscrire, mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée de le faire intégrer tout de suite.
- Non. Il est trop vulnérable. Trop instable. Trop muet, assena Sanzo d'un ton sans réplique. Ron.
- Raah tricheur !
- Apprends les règles, crapaud !
- Ma, ma… C'est vrai que Goku ne semble pas prêt.
- Le mieux, c'est p'têt de lui demander son avis non ?
Gojyo haussa les épaules, un sourire aux lèvres.
- M'enfin, ce que j'en dis… L'expert en psychanalyse ici, c'est Hak'…
Hakkaï sourit à son tour, légèrement gêné.
- Je pense que tu as raison. Sanzo ?
- Mouais…
Le blond tira sur sa cigarette en haussant les épaules. Qu'est-ce qu'il pouvait bien en avoir à faire ?
- Donc, voté à la quasi-unanimité, moins une demie voix pour un moine pas convaincu…
- La ferme !
- Je suis vexé.
Goku dormait.
Cela faisait vingt heures d'affilées qu'il dormait, mais selon le médecin se n'était qu'un « repos amplement mérité ». Pas de quoi s'inquiéter donc.
Le seul problème, c'est que Sanzo était obligé de le veiller, sans quoi le jeune homme faisait cauchemar sur cauchemar.
De quoi développer une vraie phobie du sommeil.
Alors, assis à son chevet, Sanzo tuait le temps comme il pouvait.
Il avait déjà lu deux fois son journal, fini un livre sur une guerre quelconque, fumé un paquet de cigarettes.
Et maintenant, il examinait dans ses moindres détails le visage de l'endormi.
Décidemment, Goku avait un beau visage. Fin, racé, il arborait dans son sommeil un calme inouï, au total opposé de l'angoisse constante qu'on pouvait lire dans ses yeux la journée.
Le blond était aussi captivé par son diadème. Il exerçait une fascination inexplicable sur Sanzo, sans qu'il puisse expliquer pourquoi. Il émanait de l'objet il ne savait quoi qui lui donnait l'impression d'une grande terreur refoulée.
« Mais je deviens vraiment fou » réalisa soudain le blond.
Il leva les yeux au ciel et resta dans cette position, la tête en arrière, une de ses mains toujours emprisonnée dans celles de Goku.
- Tu sais que tu m'emmerdes, toi ? Soupira-t-il finalement.
Ce n'était même pas un reproche. Juste une constatation, comme s'il parlait d'une chose inébranlable.
Ses yeux retombèrent finalement sur Goku. Il était beau. Simplement beau.
Sanzo se surprit à souhaiter qu'il parte.
Oui, il voulait qu'il s'en aille. Car s'il restait, il ne savait pas combien de temps son armure tiendrait.
Peu, sans doute.
Soudain, ses pensées furent interrompues par le claquement d'une porte et la voix de Gojyo.
- Yo le moine ! T'es où ?
Tout en parlant, le roux continuait à chercher dans les pièces, n'attendant aucun réponse, tandis que Hakkaï rangeait les quelques courses.
Soudain, un cri retentit dans l'appartement, glaçant le sang des deux arrivants par la terreur qu'il exprimait.
Ils se précipitèrent vers la chambre d'amis… Et s'arrêtèrent brusquement en y trouvant un bien étrange tableau.
Goku était recroquevillé sur le lit et se balançait d'avant en arrière en hoquetant doucement, tandis que Sanzo était assis à ses côtés, ses bras entourant ses épaules. Il lui parlait, mais les deux hommes ne pouvaient comprendre ses murmures de là où ils se trouvaient.
Finalement, Hakkaï ferma la porte silencieusement et reparti vers l'entrée en souriant, suivi d'un Gojyo se demandant qu'est-ce qu'il avait bien pu fumé pour avoir une hallucination pareille.
C'était la première fois qu'ils voyaient Sanzo consoler un enfant battu. D'habitude, c'était toujours l'un d'eux deux qui s'en chargeait, Sanzo les prenait plutôt en charge lorsque les blessures étaient moins visibles.
Décidemment, Goku était un cas des plus particuliers.
La nuit venait de tomber, et la représentation commençait.
Dans un coin des coulisses, Kogaiji, Doku et Yaone discutaient avec animation.
- Kogaiji-sama ! On ne peut pas le laisser comme ça !
- Je ne veux pas que tu ailles là-bas. C'est trop dangereux.
- Kogaiji-sama…
Yaone soupira, puis reprit fermement.
- Kogaiji-sama. C'est mon métier de ne pas être vue. Faites moi confiance.
- Elle a raison Ko. Arrête un peu de materner !
Le roux décocha un regard noir à Doku, croisa les bras puis soupira à son tour.
- Bon, vas-y…
Yaone sourit.
- Je ne vous décevrai pas.
Elle s'inclina brièvement puis se retourna et se fondit dans les ténèbres.
- Brrr… J'aime pas quand elle disparaît comme ça.
- Doku ! En piste !
- J'arrive, j'arrive…
Doku attrapa ses flambeaux puis se tourna vers Kogaiji, qui regardait toujours la sortie obscure du chapiteau.
- Hey. Zen. T'en fais pas, c'est une grande fille, elle saura se débrouiller sans sa maman !
- Grrr… Dégage ! Jeta le roux tandis que le cracheur de feu partait en riant vers la scène.
Un rien plus tard, le public retenait son souffle et applaudissait devant ses longs jets de feu.
- Je viens !
Hakkaï se dirigea rapidement vers l'entrée et ouvrit grand la porte.
Doku, Kogaiji et Yaone se tenaient sur le palier.
- Bonjour. Entrez, proposa le brun se laisser paraître sa surprise.
- Merci bien, sourit Yaone en entrant, suivie des deux autres hommes.
Ils se rendirent dans le salon, où Sanzo se contenta de foudroyer Kogaiji du regard avant de se replonger dédaigneusement dans la lecture de son journal.
- Où est Goku ? Demanda Kogaiji en rendant son regard au haut du crâne de Sanzo, qui seul apparaissait au-dessus du papier.
- Dort.
Hakkaï sourit à la réponse du blond.
- Il dort, reformula-t-il en peu plus clairement.
- Pouvons-nous le voir ?
- Bien sûr. Venez.
Les trois visiteurs suivirent Hakkaï pour se retrouver devant une chambre d'amis.
- Je vais vous laisser.
Goku dormait vraiment profondément.
C'était la première fois depuis des années que Kogaiji le voyait dormir aussi paisiblement.
Yaone s'approcha doucement et s'assit sans bruit sur le lit.
Hésitante, elle leva la main, puis la posa doucement dans les cheveux du jeune homme, aussi légère qu'un souffle de vent.
Néanmoins, Goku dut percevoir la caresse car il entrouvrit les yeux, les sourcils froncés, gêné par la faible luminosité de la chambre. Il sembla mettre un moment à se rappeler où il était, mais son visage finit par s'éclairer. Et lorsque ses yeux se posèrent sur Yaone, il sourit franchement.
Puis il se releva à moitié, les yeux toujours à moitié fermés. Les trois visiteurs sourirent, attendris par le tableau si mignon.
- Yo… Kess'vous faites là ? Demanda Goku le plus naturellement du monde, la voix légèrement enrouée par ses quelques trente heures de sommeil ininterrompues.
Les réactions le surprirent : Yaone étouffa une légère exclamation, Doku leva un sourcil en souriant et Kogaiji fut en deux pas auprès du lit.
- Goku… Tu parles ?
- Ben oui… Pourquoi ?
- Parce que ça fait bien deux semaines que t'as pas dit un mot, pauvre tâche !
Sous les éclats de voix, le châtain baissa piteusement la tête et eut un mouvement de recul à peine perceptible, mais qui ne passa pas inaperçu. Yaone mit sa main sur le bras de Kogaiji et fronça les sourcils.
- Pardon Ko… Chuis vraiment désolé, je…
La voix suppliante sembla ramener le dresseur à la réalité et au calme. Il soupira et s'assit sur le lit.
- C'est rien va… Mais pourquoi t'as rien dit ? On s'inquiétait…
- Ben…
Goku hésita, se mordilla légèrement la lèvre puis finit par hausser les épaules.
Le silence s'installa dans la chambre. Mais ce n'était pas un silence gêné ; ces quatre se connaissaient depuis bien longtemps et le silence entre eux n'était qu'une autre forme de communication.
- Désolé, finit par souffler Goku.
- Arrête de t'excuser. Ca devient chiant à force. Si tu te tais, c'est bien que t'as une raison, et si t'as une raison t'as qu'à nous la dire. C'est pas plus compliqué que c'est, résuma Doku, les mains dans les poches, appuyé contre le mur
- Ben… Chais pas… Qu'est-ce que je pourrais leur dire ?
- Bonjour, merci, s'il vous plaît, au revoir, où sont les chiottes please ? J'en sais rien moi, y a quand même pas mal de mots qui existent nan ?
Une fois de plus, Goku resta muet, les yeux fixés sur les couvertures.
Kogaiji soupira.
- Bah… Tu nous le dira bien quand tu voudras.
- Ouais… C'est pas grave, laissez tomber. Pourquoi vous êtes là ?
- On est venus te voir, c'est interdit ?
Goku sourit.
- Et on est venus t'apporter ça.
Yaone posa sur le couvre-lit une petite clé. Leur ami fronça les sourcils.
- C'est quoi ?
Pour toute réponse, la jeune femme montra le fer qui enserrait toujours son cou.
- Je suis allée la récupérer hier soir.
- Ouais, ça commençait à devenir franchement cucu ce bout de chaîne que tu te trimballes…
Goku se sentait prêt à exploser en sanglots, mais il tint bon. Ils lui parlèrent du cirque, des autres qui lui passaient tous le bonjour, et de tant de choses qui constituaient toute sa vie.
Et lorsqu'ils durent partir pour la répétition, Goku se contenta de remuer la main en au revoir.
Ca faisait trop mal de parler. Parce que chaque mot lui rappelait les mercis qu'il n'avait jamais dits.
Merci à tous trois de s'occuper de lui sans regarder son passé.
Alors Goku ramassa la clé et la rangea soigneusement dans un tiroir. Puis il rabattit les couvertures et ferma les yeux.
Il ne voulait surtout pas perdre cette clé, mais il ne se sentait pas encore prêt.
Il se rendormit rapidement, sans voir les yeux violets fixés sur lui.
Ririn s'éloigna de la fente du mur par laquelle elle espionnait depuis quelques temps.
- Alors il parle…
Un sourire fendit ses joues.
- Nouveau challenge pour Ririn !
EEEET… C'EST FINIIIII !!!!
Mwahahahaha. J'ai aucune idée pour la suite, mais à part ça tout va biiiiien !
Sanzo, dégaine super shoureiju : T'as intérêt à en trouver vite fait, et des bonnes. Et à nous relâcher vite fait.
Yohko, boude : Beuh…
Gojyo: c'est moi où ce chapitre est vraiment light ?
Hakkaï : c'est aussi mon impression… Le niark du dernier chapitre ne serait-il pas justifié ?
Yohko : la vengeance est un plat qui se mange froid. D'abord.
Goku : … … … sueurs froides … … …
Yaone : Laissez un review s'il vous plaît. Ca fait toujours plaisir à l'auteur, et peut-être qu'elle se calmera et ne nous fera pas trop de mal…
Tous : PITIE !!!
