Singe à vendre

Auteur : Yohko the demo… Ouais je sais, apparitions très aléatoires… TT sorry

Série : Les feux de l'amour… Euh… Oups ?

Résumé : Bon on va le faire quand même, depuis le temps… Donc, en gros, on a un Goku acrobate et battu qui se fait recueillir par Sanzo/Gojyo/Hakkaï version services sociaux, bla bla bla, Gyokumen est dirlo du lycée et il yva avec sa gentille voisine Ririn et elle est louche la Gyo. Très. Et puis y a aussi la bande à Kogaiji qu'ils sont des potes à Goku made in le cirque.

Avertissements : Euuuh… PG-13, même si là ça vire carrément très beaucoup gore, langage pas très châtié des fois, chantage mortel, AU jusqu'au bout des ongles. Pas trop OOC j'espère…

Disclaimer : Je les garde depuis très longtemps, ils ont tout bouffé, ils ont cramé le papier peint en essayant d'allumer leurs clopes, ils ont bien failli me tuer un beau tas de fois. Je peux pas les garder maintenant ? Nan ? © Minnekura… Snif…

Note : Je suis désolée, je sais que le délai était vraiment long là pour le coup, mais j'ai dû revoir et recadrer toute mon intrigue (du moins ce que j'en connaissais, à savoir pas grand chose), et en plus j'ai eu un voyage au beau milieu et un pu de déprime qui n'a rien arrangé. J'essaierai quand même de faire mieux pour la prochaine fois, mais honnêtement je garantis rien.

Chapitre quatre : Où l'intrigue commence enfin à se mettre en place

Comme d'habitude, Goku ne suivait pas.

Il regardait par la fenêtre, enviant les oiseaux dans le ciel.

Si libres…

Et comme d'habitude, la moitié des étudiantes ne suivaient pas non plus, les yeux rivés sur lui.

Cette popularité le gênait, et en même temps il s'en fichait.

Il lui arrivait même de ne pas voir ces jeunes femmes aux joues rosées et aux lèvres pulpeuses, qui se retournaient sur son passage.

Heureusement, toutes ne le faisaient pas.

Il continuait à se faire passer pour muet. Ririn râlait souvent, et si au début il s'était senti coupable, il avait fini par comprendre qu'au fond, elle aimait bien son boulot de « secrétaire », comme elle disait. Même si elle s'acharnait, arguant qu'il ne risquait pas de se faire des amis de cette manière, il se contentait de hausser les épaules en lui souriant d'un air désolé. Puis il changeait de sujet de conversation.

Ca la faisait enrager. C'était devenu comme une sorte de rituel entre eux.

Un mot atterrit soudain sur sa table, le tirant de ses pensées. Fronçant les sourcils, il déplia rapidement le papier et lut, d'une écriture fine et allongée :

17h, gymnase. Seul.

Il releva la tête, cherchant du regard qui pouvait bien être l'auteur. Comme d'habitude, les filles détournèrent pour la plupart le regard en gloussant, ce qui amena presque un soupir à franchir ses lèvres.

Il se concentra sur les garçons, sûr que le message provenait de l'un d'eux.

Peine perdue : les seuls regards qu'il put croiser ne l'avancèrent en rien.

Il froissa le papier et le fourra dans sa poche, avant de reporter son regard sur le ciel.

Il n'y avait plus d'oiseaux.


Hou-mei baissa la tête, cherchant à ravaler ses larmes.

En face d'elle, Ni sourit, comme le scientifique qui trouve enfin la solution d'un problème particulièrement compliqué.

Ca y est mademoiselle ? Vous avez compris ?

Apparemment pas.

Si ! Euh… Oui monsieur.

Ni sourit d'un faux air désolé avant de tourner lentement la tête.

A droite.

Puis à gauche.

Puis de nouveau à droite.

Hou-mei gémit.

Tu sais bien que ce que je fais là, c'est pour ton bien. Tu n'as pas le choix. A moins que tu veuille retourner là-bas ?

Non !

Il fit une pause, laissant le silence s'installer. Un silence dur et oppressant, qui mettait les nerfs à vif et les roulait dans des tapis de braises.

Puis il lui attrapa vivement le menton, d'un geste si rapide qu'elle ne put l'éviter et se contenta de sursauter, avec dans les yeux cet éclair de douleur mêlée de peur qui caractérisait ceux qui passaient devant l'homme.

Si tu ne fais pas ce que je dis, ton vieux père mourra faute de soins. Tu le laisserais périr sans même faire un geste pour l'aider, alors que tu sais très bien que je peux le guérir sans problème ? Serais-tu à ce point insensible ?

La jeune fille émit un étrange bruit, à la lisière du cri étranglé et du gémissement.

Pardon ?

Je… Rien monsieur.

Bien reprenons donc.

Oui monsieur.

Ce n'était qu'un filet de voix, mais elle s'efforçait de le rendre ferme.

Piètre tentative qui n'aurait pas trompé un enfant.

Sa main gauche se serrait et se desserrait convulsivement, signe imparable de sa peur.

Peur ou nervosité ? Ni n'avait encore jamais trouvé avec exactitude. Sans doute un subtil mélange des deux.

Ils entrèrent dans une immense pièce emplie de machines étranges et de tuyaux, qui ressemblait de manière effrayante à l'image qu'on se fait tous plus ou moins du laboratoire de Frankenstein : sombre, complexe, incompréhensible, et glauque.

Elle alla s'asseoir à sa place habituelle et tendit son bras.

Ni sourit, puis alla chercher ses instruments.


- Bonjour monsieur Hakkaï !

Bonjour Shunrei.

La jeune femme sourit gentiment. Elle avait relevé ses longs cheveux blonds en une natte qui pendait sur son épaule et portait sur sa hanche un panier de linge, qu'elle allait visiblement étendre.

Donnez-moi ce panier, je vais vous aider.

Sans écouter ses protestations, il lui prit le linge et se dirigea vers la cour.

Ce n'était d'ailleurs pas vraiment une cour. Simplement une sorte de terrasse très large qui donnait sur un terrain vague. Depuis le temps que ce terrain était à l'abandon, il commençait d'ailleurs à se couvrir d'herbes folles qui lui donnaient un air plus fier que ne le faisaient la boue et les détritus en tous genres.

Vous n'êtes pas au travail aujourd'hui ?

Non, d'après Gojyo je suis malade et je devrais rester couché.

Mais que faites-vous ici alors !

J'avais besoin de prendre l'air. Et ne vous en faites pas, je suis bien couvert.

Shunrei fit la moue, visiblement pas convaincue. Néanmoins, elle ne protesta pas plus et continua d'étendre le linge avec délicatesse et toute la précision de l'habitude. Elle s'occupait du linge de toute la pension, et tout était toujours impeccablement lavé et plié lorsque la pile de linge était rendue à son propriétaire.

C'est gentil de faire tout ça pour nous.

Monsieur Hakkaï… Ca doit bien faire une dizaine de fois que vous me dites ça !

Et bien, ça fera onze…

Shunrei sourit légèrement, amusée.

Que devient Goku ?

Il va mieux. J'ai l'impression qu'il nous fait plus confiance maintenant. Mais je n'arrive pas à savoir si c'est lui qui est devenu plus fort ou si c'est nous qui avons fait nos preuves…

Un peu des deux, sans doute.

Oui, sans doute…

Shunrei accrocha une dernière épingle, puis ramassa son panier en soupirant.

Fini ! Une bonne chose de faite.

C'est vrai.

Hakkaï fronça les sourcils, avant de se frotter légèrement la tempe. Il sentait vaguement qu'il y avait un problème quelque part, mais sans parvenir à l'identifier clairement. Shunrei se tourna vers lui en souriant, mais son visage était troué par endroits. Des vers sortaient des creux et frétillaient doucement, comme s'ils étaient en train de dévorer la peau de son visage.

Mais ce n'était même pas Shunrei, c'était une autre femme, dont le sourire lui était douloureusement familier. Et elle lui souriait tendrement, tendait la main vers lui… Une main mangée par les vers et à moitié décomposée…

Hakkaï tomba à genoux et rendit son repas précédent, et encore d'autres dont il n'avait pas le souvenir.

Lorsqu'il releva les yeux, il n'y avait plus personne en face de lui. Il était dans une immense plaine désolée et vide. Le sol était gris, taché par endroits de rouge ; le ciel était rouge, et d'épais nuages noirs y tournoyaient infiniment.

L'atmosphère était lourde et tendue, il y avait comme quelque chose de suspendu dans l'air, quelque chose d'horrible qui risquait d'arriver incessamment.

Hakkaï se surprit à frissonner.

Soudain, une voix grave retentit derrière lui, le faisant sursauter.

Il se tourna lentement, craignant de reconnaître cette voix si étrangement déformée.

Sanzo se tenait debout, mais sa tête retombait sur son torse. Il dégoulinait de sang, et ses vêtements étaient proprement déchiquetés.

Hakkaï se rapprocha prudemment, osant à peine respirer.

Aussi fut-il surpris lorsque Sanzo releva brutalement la tête, révélant un sourire démoniaque et une gorge tranchée !

Il lui attrapa le bras et le serra fortement, manquant le lui briser. Puis il rapprocha sa tête de la sienne, presque jusqu'à la toucher, et se mit à rire d'une voix décomposée qui était à la fois semblable et différente de celle qu'il avait normalement.

Le rire se mua soudain en toux, puis la toux s'étrangla et le blond se mit à vomir du sang sur Hakkaï.

Il se libéra brutalement, totalement paniqué, puis trébucha et tomba sur le sol boueux.

Au-dessus de lui, Sanzo le dévisageait avec des yeux rouges. Du sang sortait de sa bouche et de son nez, coulait à flot de sa gorge. Il tendit une main vers lui, mais cette main était couverte de sang.

Aussi soudainement qu'il avait relevé la tête, tout son corps se mit à se déformer, se dilater. La peau semblait s'écarter et se résorber en même temps, le tout avec d'horribles craquements semblant provenir de ses os. Quelque chose rampait sous l'épiderme, remontait le long de ses bras et de son torse jusqu'à son cou puis son visage. Et en une fraction de secondes, Sanzo se changea en…

Goku.

Hakkaï resta immobile, les yeux écarquillés, trop abasourdi pour bouger.

Le silence était devenu pesant et l'obscurité régnait.

Soudain un coup de tonnerre claqua brutalement, faisant battre à une vitesse plus qu'anormale le cœur du brun.

Une pluie abondante et chaude se mit à frapper le sol avec un grondement de bête sauvage prête à charger.

Plusieurs éclairs lui révélèrent alors Goku, qui était tombé à genoux et le regardait fixement.

Son visage était couvert de sang séché et de bleus ; une de ses paupières pendait lamentablement, révélant une orbite vide.

Il leva la main gauche. Son poignet était tordu, mais l'angle semblait moins dérangeant que celui formé par son bras droit.

Il lui manquait plus de la moitié de la jambe gauche.

Hakkaï sentit le goût de la bile dans sa bouche et se pencha vivement sur le côté pour vomir.

Il eut à peine le temps de relever la tête que Goku se jetait sur lui et se mettait à le bourrer de coups, malgré ses fractures.

Le brun se recroquevillait plus sous chacun des coups, il se sentait trop faible pour se défendre, trop faible même pour éviter les attaques. Il avait envie de hurler, de pleurer ou de supplier, mais son corps même ne lui appartenait plus.

Soudain la pluie de coups cessa, le laissant étendu au sol, tous ses membres parcourus d'une douleur aiguë.

De longues heures passèrent, du moins c'est ce qui lui sembla. La pluie chaude continuait de tomber dru, et ravivait d'autant plus sa douleur et l'atmosphère malsaine. Il lui semblait que quelque chose grandissait en lui, une terreur sans nom qui pourrait bien le dévorer de l'intérieur le moment venu.

Il finit par relever la tête. Il se sentait incroyablement fatigué.

La pluie avait cessé.

Des bruits de pas résonnaient dans le silence.

Puis ils cessèrent, et une main attrapa délicatement son visage. Il ferma les yeux convulsivement, se demandant qu'est-ce qui pourrait bien lui tomber dessus cette fois.

Mais rien ne vint.

Il entendit un bruit sourd à côté de lui, puis la main se mit à caresser doucement sa joue à l'endroit où un bleu le meurtrissait.

Il leva les yeux, et croisa un regard rouge qui lui était étrangement familier.

L'image de Sanzo en sang lui vint brutalement à l'esprit et le fit se reculer, mais elle fut quasiment immédiatement contrecarrée par celle de Gojyo.

Il fronça les sourcils.

Le visage en face de lui était celui d'un enfant, mais il y avait effectivement une forte ressemblance.

L'enfant sourit, et son visage s'illumina.

Les lèvres d'Hakkaï s'étirèrent faiblement devant ce spectacle reposant par rapport à ce qu'il venait de vivre.

Repose-toi. On va s'occuper de toi, mais si tu ne te reposes pas, on ne pourra rien faire. Dors, je reste là.

Hakkaï savait à quel point c'était dangereux de se confier ainsi à un gamin qui, même s'il ressemblait à Gojyo, lui était inconnu ; qu'il pourrait très bien le tuer dans son sommeil ; que même si c'était Gojyo, il pouvait lui aussi avoir changé, comme Sanzo et Goku.

Mais il était à bout de forces. Il se sentait somnolent, et n'arrivait qu'avec peine à garder les yeux ouverts.

Alors il murmura un vague « merci » au gamin, et s'endormit.


- C'est une mauvaise bronchite. Ne vous inquiétez pas trop, il s'en sortira. Dès qu'il se réveillera, pensez bien à lui donner les médicaments que je vous ai prescrits.

Ouais, ouais. Au revoir.

Au revoir.

Le médecin sortit rapidement de la pension, laissant Gojyo au chevet de Hakkaï.

Le roux attrapa son portable et composa rapidement le numéro de Sanzo.

Allez, réponds… Yo le moine !

Ouais, ouais, arrête de gueuler un peu…

Ouais, mais lui faut des médocs. Tu peux les choper en sortant du boulot ?

Euh… 'tends… Je te faxe la liste.

Merci mon chou…

Aïe, nan ça va je déconne arrête de gueuler !

Ouais c'est ça… Oh le con !

Gojyo dévisagea son téléphone, séché.

L'a raccroché !

En grognant quelque chose à propos d'un « stupide blondin asocial », il attrapa l'ordonnance laissée par le médecin et partit dans le bureau.


Un garçon était appuyé contre le mur, les bras croisés. Ses cheveux blonds retombaient devant ses yeux et masquaient son visage.

Goku s'approcha. Aux alentours, il n'y avait que quelques bandes d'adolescents qui parlaient et riaient fort sans se soucier de qui que ce soit d'autre qu'eux-mêmes. Ce ne pouvait être que lui.

Tu voulais me voir ?

L'autre releva vivement la tête, surpris.

C'était Shin.

Alors ? Qu'est-ce que tu me veux ?

Le blond leva la tête vers le ciel, un étrange sourire aux lèvres.

Rien, rien…

Bon…

Goku tourna les talons et repartit d'un pas faussement décidé.

Tu sors avec Ririn ?

L'éclat de voix le stoppa net. Il se tourna lentement, un sourcil levé.

Pourquoi ?

Pour rien…

Goku revint sur ses pas et s'arrêta devant le blond.

On va ailleurs ?


- Tu l'aimes ?

Non !

Alors pourquoi tu m'as demandé ça ?

Pour savoir… Y a pas mal de rumeurs…

Tu me fais pas trop l'effet d'un mec qui s'intéresse aux rumeurs…

T'as l'habitude de juger les gens d'un regard peut-être ?

Le ton était sec, voire cassant.

Relax… On est amis. Juste amis.

Shin se tourna vers lui, les sourcils froncés.

Puis il éclata de rire avant de s'affaler sur le banc où Goku était assis.

Je crois qu'on est tombés au fond du cliché là…

'fectivement…

Le silence se fit, uniquement troublé par les éclats de voix des visiteurs du parc.

Qu'est-ce tu foutais sur le toit ?

Goku se rembrunit aussitôt.

Rien, laisse tomber.

Oookay…

Encore une fois, le silence s'abattit, mais cette fois il véhiculait un fort sentiment de gêne.

Tu m'as envoyé un mot rien que pour savoir ça ?

Quel mot ?

Attends. C'est pas toi ?

Non, je t'ai envoyé aucun mot.

Ah shit. Quelqu'un doit encore m'attendre au gymnase alors.

A quelle heure ?

Cinq heures…

Il est cinq heures et demie, il doit déjà être parti.

Cinq heures et demie ? Merde, Ririn va me tuer !

Goku se leva vivement, ramassa son sac et se mit à courir comme un dératé.

Hey ! Au fait !

Le châtain se retourna.

Depuis quand tu parles ?


Lorsque Goku arriva à l'arrêt de bus, il n'y avait plus qu'une silhouette qui fulminait, appuyée contre le poteau.

Il s'approcha le plus doucement possible, mais dès qu'elle le vit elle se redressa et le foudroya du regard.

GOKU ! MAIS QU'EST-CE QUE TU FOUTAIS BORDEL !

Désolé… Quelqu'un voulait me parler…

Pff… Qui ?

Shin ?

QUOI ?

Goku sourit d'un air désolé, se ratatinant littéralement.

Ririn soupira à nouveau, puis se tourna et partit, bientôt rattrapée par le jeune homme.

Soudain, elle pila et se tourna vers lui, les sourcils froncés.

Tu lui as pas parlé quand même ?

Euh… Si…

J'y crois paaas…

Mais c'est bon, il le répétera à personne.

Et tu crois que tu peux lui faire confiance peut-être ?

Elle le dévisagea attentivement, les lèvres tordues en une moue douteuse. Puis soupira devant son air décidé.

Et bien sûûûr môssieur le croit ! Tu veux que je te dise ? T'es trop naïf comme mec !

Désolé…

Elle leva les yeux aux ciels devant le ton pitoyable qu'il avait pris, puis se tourna vers lui et lui releva le menton.

Mais pourquoi est-ce que tu es toujours si poli ? Pourquoi tu me gueules jamais dessus, pourquoi tu répliques jamais quand Gojyo te fais chier ?

Bah… Ca te passera avant que ça me prenne !

Sur quoi elle se retourna et reprit son chemin en babillant comme à son habitude, laissant un Goku séché sur place.

Bon, tu viens ? Avec un peu de pot on pourra trouver Sanzo à la sortie du boulot, il nous ramènera en voiture…

Au nom du blond, un léger sourire revint sur les lèvres du châtain et il se précipita à la suite de Ririn.

Cette dernière sourit en coin au vu de sa réaction, et se promit de mener une enquête sur les relations que ces deux-là pouvaient bien entretenir…

Soudain un hurlement résonna dans la rue déserte, faisant sursauter violemment les deux amis.

Ririn se retourna vers la ruelle d'où semblait provenir le cri. Arrivée devant, elle put voir deux hommes, une grande brute et un mince de taille moyenne, qui avaient tous deux le visage masqué par une cagoule noire. La brute tenait une petite file d'une dizaine d'années plaquée contre un mur. Elle était à demi évanouie et ses longs cheveux blonds masquaient à moitié son visage sale.

Avec un cri de rage, Ririn se jeta sur l'homme, oubliant totalement son complice. Elle réussit à lui faire lâcher prise et à lui envoyer un coup de poing en pleine face avant qu'un couteau de lancer ne vienne se planter dans son poignet, lui rappelant douloureusement la présence du deuxième homme.

Celui-ci se rapprocha lentement, tandis que la brute la retenait fermement par les épaules.

Le lanceur de couteau se pencha vers elle. On devinait un sourire sous son masque.

Puis il leva lentement un doigt et le plaqua contre ses lèvres avec un petit « shhh » narquois.

Et ce fut le noir.


- Sanzo ? Tu sais où sont Ririn et Goku ?

A ton avis, stupide kappa ? Je rentre du boulot, comment veux-tu que je le sache !

Ils ne sont pas rentrés.

Sanzo déposa le sac de médicaments sur le buffet de l'entrée avant de se tourner vers Gojyo, les sourcils froncés.

Ils ne sont pas à Saiyuki ?

Aucune idée… Maintenant ils sont censés avoir fini les cours et le club de kendo de Ririn est annulé.

Merde…

Sanzo décrocha le téléphone et composa rapidement le numéro de téléphone de l'institut. La sonnerie retentit une fois, puis deux, puis trois, et encore quatre autres avant qu'une voix sirupeuse à souhait ne commence à lui annoncer les horaires du lycée et les diverses manières qui étaient à sa disposition pour s'inscrire. Il raccrocha violemment avant de ressortir, laissant Gojyo coi.

Je suppose qu'il va se démerder tout seul, comme d'hab…

Sur quoi il attrapa le sac de médicaments et s'en retourna au chevet du brun.


Trois coups retentirent à la porte de la caravane. Doku se leva, rajusta son tee-shirt, enfila un pantalon, jura en s'apercevant qu'il était à l'envers, le remit à l'endroit avant d'aller ouvrir la porte qui menaçait de céder sous la pluie de coups impatients qu'elle recevait.

Ouais, ouais, c'est bon… Sanzo ? Kess'tu fous là ?

Goku est là ?

Non… Entre.

La porte se referma derrière un blond passablement énervé et peut-être un peu inquiet. Puis elle se rouvrit sur un Doku qui partait chercher Yaone et Kogaiji, en promettant de revenir rapidement.

Sanzo s'appuya contre un mur en soupirant. Il n'avait même pas une cigarette, le paquet avait été éradiqué durant la journée.

Il se massa lentement les yeux d'une seule main. Ce gosse… Non, cet homme en réalité, était sûrement la pire chose qui lui soit jamais arrivé. Toujours devoir le chercher, le consoler, le rassurer…

Ne jamais savoir quelle était cette sensation qui l'envahissait quand le soir le jeune homme venait se réfugier à côté de lui pour dormir…

Le flux de ses pensées fut arrêté par l'entrée fracassante d'un Kogaiji mode sourcils froncés et d'une Yaone format mère poule puissance mille.


- Quand est-ce que tu l'as vu pour la dernière fois ?

Ce matin, lorsqu'ils sont partis en cours, soupira Sanzo.

Il subissait un véritable interrogatoire, mais ça ne menait à rien.

Où est-ce qu'il irait d'après vous ?

Un silence profond lui répondit. Les trois amis semblaient plongés dans une profonde réflexion.

Je ne sais pas… Ici, sûrement… Ou peut-être viendrait-il chez vous à présent, avança Yaone, pensive.

Ou alors ?

Dans un endroit où il puisse voir beaucoup de choses. En hauteur. Il a un truc avec les hauteurs ce type.

Tous levèrent les yeux au ciel devant le style de la réponse, mais Sanzo se leva néanmoins.

Je retourne en ville. S'il y a du nouveau, appelez Gojyo, il sait où me joindre.

Mais bien sûr… Et pareil de votre côté, n'est-ce pas ?

Bien sûr…

Sur ce dernier soupir, Sanzo sortit de la caravane et partit rapidement, sans prendre conscience des petits yeux aux éclats retors fixés sur lui.


- Bonjour Goku.

La voix était étrange, comme étouffée. Elle était inconnue aussi. Mais cependant étrangement familière.

Goku fronça les sourcils. Il était allongé sur quelque chose de dur. Il avait mal au dos.

Il ouvrit péniblement les yeux, avant de les refermer, ébloui par un néon situé au-dessus de lui. Il leva lentement son bras, qui lui semblait extrêmement lourd, et le rabattit sur ses paupières pour les protéger.

Alors seulement, il prit réellement conscience de la présence de l'Autre.

Il se releva vivement, les yeux à demi-ouverts, cherchant fébrilement un souvenir. Il se rappelait le cri, Ririn qui partait, puis des bruits de lutte… Un homme masqué, un corps inerte, la colère contre lui-même, puis un coup. Et le réveil dans cette salle trop blanche et trop vide.

Une silhouette était assise tranquillement près de l'endroit où il était. Il se frotta les yeux, parvint enfin à éclaircir son champ de vision, pour ne voir qu'un homme masqué.

Il semblait assez grand, vêtu d'une blouse blanche et d'un pantalon noir. Son visage était dissimulé par un fin tissu noir qui lui recouvrait la bouche et le nez. Il avait également des lunettes noires teintées dans lesquelles Goku pouvait voir son reflet.

Bien dormi ?

Il le regarda avec méfiance, et décida prudemment de rester muet.

J'espère en tout cas. Tu te demandes peut-être où tu es ? Je ne te le dirai pas. Je ne te dirai pas non plus depuis combien de temps tu es ici. Mais je suppose qu'une fois dehors tu n'auras aucun problème à l'apprendre. Car oui, nous allons te relâcher, ajouta-t-il devant son froncement de sourcil presque imperceptible. Mais d'abord, tu vas venir avec moi.

Le ton était sans réplique. L'homme se leva et sortit nonchalamment de la pièce, sans se presser ni ralentir.

Goku resta immobile un court moment, les yeux fixés sur le dos de la blouse.

Puis il se redressa et descendit prestement du lit métallique sur lequel il avait dormi.

L'homme le conduisit à travers de longs couloirs blancs éclairés par des néons éblouissants. Derrière eux suivaient deux autres hommes vêtus d'uniformes noirs et armés. Eux aussi portaient masque et lunettes noires. Des gardes, sans doute.

Finalement, ils aboutirent à une grande salle circulaire et totalement vide. Sur les murs s'alignaient des portes blanches d'allure anodine.

Si ce n'est qu'à côté de chaque porte se trouvait un clavier numérique et divers systèmes qui n'auraient pas dépareillés dans un film d'espionnage.

Goku en avait vu un une fois, après une représentation Doku l'avait emmené au cinéma. Il se rappelait son émerveillement devant tous ces systèmes ultra perfectionnés.

Mais maintenant qu'il se trouvait réellement devant l'un d'entre eux, il se sentait plus oppressé qu'autre chose.

Son ravisseur tapa rapidement un code. Goku compta cinq bips d'ordinaire discrets mais qui résonnaient dans le silence uniquement troublé par un ronronnement diffus.

Puis il se pencha vers une sorte de petit objectif qui émit un rayon vert qui scanna lentement son œil.

Enfin, au bout de trois secondes, il se releva et la porte coulissa vers l'intérieur.

Goku entra en frissonnant.

Et réprima avec peine un cri en voyant ce que contenait la salle.

Ririn était allongée sur un lit ressemblant à s'y méprendre à ceux des hôpitaux. Des tubes fins et translucides de ses narines, de ses bras et du bout de ses doigts. Rien ne semblait couler à l'intérieur.

La jeune femme habituellement si vive et bronzée avait le teint pâle et de grands cernes noirs. Elle paraissait incroyablement petite et fragile ainsi abandonnée.

Goku écarquillé les yeux, puis se tourna vivement vers l'homme. Il dut se mordre vivement la langue pour ne pas hurler et sentit le goût du sang dans sa bouche, lui rappelant des souvenirs d'obscurité et de terreur.

Quant à celui qui semblait à l'origine de ce hideux changement, il regardait calmement la scène, les mains dans les poches.

Il se rapprocha lentement et posa sa main sur l'épaule du jeune homme. Celui-ci frissonna de dégoût, mais ne bougea pas.

Tu vois. Elle est entre nos mains. Ne t'inquiète pas, elle va très bien. Mais d'un seul claquement de doigts, je peux provoquer sa mort, lui murmura-t-il à l'oreille.

Puis il s'éloigna et sortit de la pièce. Hébété, Goku jeta un dernier regard à Ririn avant de le suivre. La porte coulissa avec un chuintement presque inaudible et la procession se reforma : d'abord l'homme, suivi quelques pas plus loin par Goku entouré des deux gardes.

Ils passèrent par d'autres innombrables couloirs, tous semblables, pour finalement arriver dans une salle qui aurait pu sembler chaleureuse.

Elle était spacieuse, meublée par un bureau, des chaises et de petites armoires en bois de pin. Les murs étaient peints en jaune pâle et très doux, ce qui conférait à cette pièce une luminosité chaude, bien qu'elle fût dépourvue de toute fenêtre.

Cependant quelque chose de difficilement identifiable était encore plus malsain et écoeurant que le reste du bâtiment.

Peut-être était-ce la peluche.

Sur le bureau, au milieu des papiers et des cahiers rangés avec soin, trônait une peluche de lapin.

Il lui manquait un œil, et un peu de rembourrage sortait par l'orbite crevée. Tout son corps de tissu était rapiécé et recousu, et c'était une chose absolument immonde que ce jouet semblant l'emblème des pires exactions que cet homme devait sans doute commettre.

Il s'assit derrière le bureau, croisa les mains et d'un signe de tête enjoignit Goku à faire de même.

C'était une scène bien étrange que ces deux hommes assis l'un en face de l'autre comme dans n'importe quelle situation banale, à ceci près que l'un était masqué et que l'autre était son prisonnier.

Sans compter la haine implacable que Goku commençait sérieusement à ressentir envers son ravisseur, accompagnée d'un sentiment diffus de culpabilité.

Je vais être clair avec toi. Quand je veux quelque chose, je l'obtiens toujours. Par quelque manière que ce soit.

Il marqua une courte pause et dévisagea froidement son vis-à-vis, le mettant comme à défi de le contredire pour mieux argumenter. Mais le châtain tint son rôle de muet et n'ouvrit pas la bouche.

J'ai besoin de matériel que l'on ne peut trouver que dans ton lycée, pardon, collège d'études supérieures. C'est assez ironique qu'avec des moyens aussi grands que les miens je sois mis à mal par une simple école mais c'est ainsi. Les restrictions en vigueur sur ce type de matériel sont très fortes.

Goku cilla et se mordit de nouveau la langue, plus légèrement cette fois.

« Quelle merde… »

Il s'agit d'une sorte de petite boîte métallique bleue, d'environ cinq centimètres de côté. Elle se trouve dans les sous-sols, sous les laboratoires, dans une petite salle avec une porte verte. Le seul système de sécurité est une caméra qui enregistre tous les mouvements devant la porte, côté couloir bien entendu. Il y a également une caméra à l'intérieur. Pour ouvrir cette porte il faut une clé qui se trouve avec les autres clés, dans le bureau de la directrice.

Nouvelle pause. Nouvel échange de regards glacials. L'homme sembla sourire.

Débrouille-toi comme tu peux. Je veux que après-demain à vingt-et-une heures tu aies déposé la boîte derrière le gymnase, dans la poubelle devant les rosiers.

Une main le saisit par l'épaule et un des soldats le tira violemment en arrière, vite tempéré par l'injonction du chef, qui voulait le garder en état. Un grognement s'ensuivit, puis le chef se leva, s'approcha, se pencha vers lui et lui murmura d'un ton presque… Tendre :

N'oublie pas que nous avons Ririn. De ta réussite dépend sa vie. Tu échoues, tu fais le malin, elle meurt, ou peut-être pire. Et même si tu t'en fiches d'elle, ce dont je doute fort, n'oublie jamais que nous savons tout de toi. Qui tu es. Qui tu fréquentes. Qui tu aimes.

Sur ces derniers mots qui le firent frissonner, Goku sentit un choc sur sa tête et la douleur qui lui vrilla le crâne lui arracha un gémissement à demi étouffé, avant que l'inconscience ne le submerge.


Sanzo enrageait.

Cela faisait maintenant vingt-quatre heures que Goku avait disparu.

Et ils n'avaient bien sûr aucune nouvelle.

Il roulait lentement dans les rues de la vile en pestant contre les fugueurs, les motards et la maladie de Hakkaï.

Peut-être sa rage lui servait-elle à camoufler un autre sentiment, plus profond et plus honteux, qu'il rejetait avec application. Il n'avait pas à ressentir d'inquiétude pour un stupide gosse.

Il n'avait jamais ressenti ça pour aucun de ceux qu'on lui avait confié. Jamais. Il n'était pas question qu'il commence avec Goku. Même s'il était plus âgé que les autres. Même s'il était tellement plus beau et attirant que les autres.

Sanzo rectifia vivement sa trajectoire pour ne pas se prendre un poteau en secouant la tête. Qu'est-ce qu'il lui prenait de penser des trucs pareils ?

C'était pas non plus comme s'il allait se mettre à jouer les homos fous d'amour ! Il éprouvait simplement de la tendresse qu'on aurait pu dire paternelle. Voilà, il avait toujours cette stupide tendance à vouloir remplacer le père des enfants qui n'en avaient pas eu. Ca n'était pas différent pour Goku, voilà tout.

A l'instant même où cette pensée lui vint à l'esprit, il sut que c'était un mensonge.

Il sut aussi qu'il allait droit dans de gros ennuis.


Goku errait dans les rues désertes de la ville. De temps à autres, il croisait des passants, seuls comme lui ou rassemblés en couples ou petits groupes.

Il avait effroyablement mal au crâne, et la douleur lui martelait les tempes avec une telle force qu'il avait du mal à se concentrer sur autre chose que ses pieds afin de ne pas tomber.

Il s'était réveillé derrière une grosse poubelle, dans une ruelle qui puait et lui avait rappelé de mauvais rêves.

Après avoir vérifié qu'il avait bien encore tous ses membres en relativement bon état, il avait tenté de retrouver le chemin de la pension. La nuit tombait, et ça n'avait pas rendu sa progression plus facile. Il était complètement perdu maintenant.

Soudain, une canette vide traîtresse se dressa devant son pied sans qu'il la voie et il s'étala lamentablement sur le trottoir.

S'en était trop. Il resta là, allongé de tout son long sur le trottoir sale dans les ténèbres de plus en plus croissantes. Une ou deux voitures passèrent, ainsi qu'un groupe de motos pétaradantes. Un inconnu buta sur lui et poussa un juron mais repartit sans s'arrêter en pestant contre « les jeunes d'aujourd'hui, tous des ivrognes… Feraient mieux de rester chez eux… »

Ca y est, les larmes lui venaient aux yeux. Il avait froid.

Si seulement Nataku était là…

Ce souvenir lui arracha encore quelques larmes.

Puis une autre image s'imposa à son esprit.

Sanzo.

Quelque chose en lui changea imperceptiblement. Il se redressa sur ses avant-bras, replia les jambes sous lui et se releva doucement, animé d'une nouvelle énergie.

Il avait fait une promesse. Il voulait être aussi fort que Sanzo. Aussi fort que Gojyo et Hakkaï. Il passa sa main sous son col roulé et effleura le collier d'acier qu'il n'avait toujours pas ôté. Gojyo le traitait souvent de sado-masochiste à cause de ça, mais il se contentait de sourire légèrement et de faire mine de lever la main. Aussitôt une bagarre des plus amicales s'engageait entre eux deux.

Gojyo lui avait sans aucun doute été d'une grande aide pour lui permettre de s'intégrer.

Bien que Goku ne pouvait s'empêcher de remarquer que Gojyo prenait toujours bien garde à ne pas se faire trop menaçant en sa présence.

Cette précaution qu'il savait nécessaire lui laissait toujours un arrière-goût amer. Il se sentait impuissant et puéril, incapable de se débarrasser de cette peur incontrôlable.

Il secoua légèrement la tête, en grimaçant sous la douleur. Il fallait vraiment qu'il arrête de digresser comme ça dans ses pensées s'il voulait retrouver la route de la pension.

Il se mit en route avec détermination. Il voulait montrer à Sanzo qu'il était fort. Il voulait remercier Hakkaï et Gojyo en guérissant.

…Il voulait chasser de son esprit l'image obsédante de Ririn pâle comme un cadavre.

Il s'arrêta, chercha le nom de la rue. Il le trouva, et se sentit encore plus stupide et perdu. Il ne savait absolument pas où il pouvait bien être.

Soudain, une voiture se gara derrière lui, le faisant sursauter. La portière claqua bruyamment et une silhouette connue se dirigea vivement vers lui.

Goku bon sang !

Sanzo s'arrêta à moins d'un mètre du jeune homme et serra ses poings pour s'empêcher de le prendre dans ses bras.

Pas d'effusions stupides et mal placées.

Tu n'as rien ?

Goku remua vivement la tête, avant d'essayer de camoufler une grimace de douleur.

Sanzo soupira de soulagement. Puis, laissant toute la colère, l'inquiétude /la peur / refoulées surgir, il lui administra une tape sur la tête.

Baka ! Imbécile ! Crétin de singe va ! On peut savoir ce qui t'a pris ? T'es complètement malade ou quoi ?

Goku se recroquevilla instinctivement, un peu plus à chaque nouvel éclat. Les paroles de Sanzo faisaient mal, très mal.

Sanzo s'arrêta soudain de crier, lorsqu'il se souvint de la situation. Il leva les yeux au ciel en se maudissant intérieurement de son manque de tact et de psychologie.

Ok. Allez viens, on rentre. Tu nous expliqueras à la pension.

Il repartit vers la voiture. Arrivé devant sa portière, il tourna la tête et haussa un sourcil.

Goku était toujours au même endroit, la tête baissée, triturant son col.

Il revint sur ses pas et saisit doucement le menton de son vis-à-vis. La châtain tenta de résister, mais finalement releva la tête et plongea ses étranges yeux dorés dans ceux de Sanzo.

Celui-ci eut un choc. Ses yeux étaient remplis de larmes, et elles commençaient à couler même s'il faisait tout pour les retenir.

Sanzo sentit une étrange sensation au creux de son ventre. Il avait l'impression que son cœur venait de le lâcher.

Il avait fait pleurer Goku.

Il ne valait pas mieux que le patron du cirque qui le battait.

Le châtain se dégagea brutalement et essuya rageusement ses yeux. Bon sang, pourquoi pleurait-il ? Alors qu'il s'était juré…

Soudain, une main saisit son épaule, et bien que le geste fût doux, il sursauta violemment.

Puis, n'y tenant plus, il se retourna et jeta un regard suppliant au blond.

Sanzo se contenta de le serrer doucement dans ses bras, hésitant, ne sachant pas ce qu'il faisait.

Mais lorsque Goku se jeta dans l'étreinte avec une force presque désespérée, il sut que ça n'était pas si mauvais.

Et il resserra son tour son emprise, savourant la délicate caresse des cheveux de Goku qui lui chatouillaient la joue.

Ce dernier soupira presque imperceptiblement. Il avait l'impression d'avoir enfin trouvé sa vraie place. Il était si bien. Il avait tout oublié, ce pourquoi il pleurait à l'instant, les magouilles de l'homme masqué, Ririn, le vol qu'il devait commettre… Tout.

Il appréciait simplement à sa juste valeur un trop rare moment de tendresse.


- Comment va Hakkaï ?

Mieux. La fièvre baisse un peu. Mais je ne sais pas quand il sera sur pieds…

Shunrei s'inquiète.

Ouais. Elle est déjà venue. Et Gok' ?

Ce surnom est stupide. Il est avec moi.

Aaah… Fallait le dire plutôt imbécile de moine !

La ferme pervers !

Bah bah bah… Arrête tu vas me vexer. T'es où ?

Dans la voiture, je rentre.

Ok… Je prépare la champagne ? T'as un ton presque gentil, ça fait bizarre…

Urusei…

T- iens, passe-moi Gok' s'te plaît.

… Allô ?

Goku ! Et bah, tu voulais nous quitter ? T'en as déjà marre de Sanzo c'est ça ? Entre nous, je comprends parfaitement.

Le téléphone portable à son oreille, Goku laissa un léger sourire étirer ses lèvres à la boutade. S'il savait…

Toute blague mise à part, qu'est-ce que t'as fait de tes vingt-quatre heures et quelque de liberté ?

Goku se mordit les lèvres. Les paroles de l'homme masqué lui revinrent à l'esprit, ses menaces à peine dissimulées. Il ne pouvait pas leur dire la vérité. C'était à lui de régler cette histoire seul.

Mais il pouvait peut-être les mettre sur la voie.

Je… Cherchais Ririn… Commença-t-il d'un ton hésitant. Hier soir, je l'ai pas vue à l'arrêt de bus, alors je suis parti à sa recherche et je me suis perdu. Je suis désolé.

Son ton s'était affermi au fil de ses paroles. Au fond, il se contentait de cacher une partie de la vérité.

Sanzo soupira et Gojyo laissa échapper un petit rire incrédule.

Nan. Sérieux ?

Euh… Ben oui.

J'y crois pas, t'as trouvé le moyen de te paumer ici ! Là j'hallucine, sans déc.

Sa belle-mère nous a téléphoné hier soir, elle va passer quelques temps chez elle, intervint Sanzo.

Hein ?

Goku se tourna vers Sanzo, incrédule. C'était impossible…

T'inquiète pas pour elle. Elle reviendra vite, mais la loi l'oblige à passer un minimum de temps chez sa tutrice légale.

Ah…


Goku s'endormit paisiblement, du moins en apparence. Sanzo s'assit sur le fauteuil qu'il avait installé à côté du lit, comme tous les soirs.

Il se rendit compte avec surprise que ce simple geste lui avait manqué la veille.

Il soupira discrètement, pour ne pas réveiller l'endormi.

Goku avait insisté pour revenir dès le lendemain au lycée. Sanzo et Gojyo le lui avaient vite accordé, même s'ils se méfiaient toujours.

En fait, Sanzo ne voulait pas vraiment le laisser repartir. Cette idée le mettait mal à l'aise. Une sorte d'inquiétude sourde qui ne le lâchait pas.

Mais Gojyo avait réussi à le convaincre, arguant qu'il valait mieux montrer leur confiance à Goku, que c'était la méthode qu'ils avaient toujours employée et qu'elle marchait très bien. Sanzo s'était rendu à ces arguments. Au fond, la psychologie suivant de près les drames n'était pas son fort, et il en avait plus qu'assez de se prendre la tête avec ça.

Goku fronçait convulsivement les sourcils dans son sommeil. Il devait sans doute rêver.

Il émit un léger gémissement. Le rêve devait plutôt tourner au cauchemar. Sanzo accueillit presque avec plaisir ce retour à la normale et posa délicatement sa main sur son front, juste en dessous du diadème. Il la laissa errer jusqu'à la joue puis tracer le contour de la mâchoire en une légère caresse.

Goku laissa échapper un autre gémissement, plus marqué, puis se tourna sur le côté.

Dos à Sanzo.

Ce dernier fronça les sourcils. C'était la première fois qu'il voyait le châtain se détourner de lui dans son sommeil.

Il frissonna. Il n'était pas du genre à croire aux pressentiments, mais là c'était trop.

Il y avait un problème.

Sanzo s'endormit peu après. Il passa une très mauvaise nuit, la première depuis que Goku avait débarqué dans sa vie.


Yohko : Pfou. Fufufu.

Sanzo : Yohkoooo… C'est quoi au juste ce début de… De… Raaah SHINE !

Goku : Méééé pourquoi c'est toujours moi qui morfle ?

Gojyo : Parce que t'es pas beau.

Hakkaï, fait un signe de la main : je crois que j'ai eu ma part Goku.

Tous, se tournent vers l'auteuse : YOHKO !

Yohko, se cache : vous voyez ! Ils sont méchants avec moi ! Pas étonnant que je sois longue à écrire ! TT

Tous : menteuse !

Yohko : review ? Quand même ? Zentils lecteurs ?

Doku : s'il en reste…

Yohko : TT Missant. Mon moral. Snif.