Mon nom est personne
Chapitre 3
Leurs yeux meurtris par la lumière qui avait soudain illuminé le couloir terne de l'usine, se remirent à fonctionnaient normalement, doucement, éparpillant petit à petit les larges taches blanches qui voilaient leurs regards.
Le couloir n'était pas rempli d'employés furieux, ni de gardes avides de promotions, et encore moins de sbires démoniaques assoiffés du sang des traîtres. Il était vide.
Riff et Cain avaient sur le visage l'expression même de l'incrédulité.
-On y va? Demanda un voix puérile.
Les deux hommes se retournèrent. Mary les regardait avec une sorte d'inquiétude moqueuse, la main appuyée sur un gros levier, en forme de Y, de fer et de bois duquel sortaient quelque fils dénudés, menaçants. 1 Le couloir était éclairé par de grosses ampoules jaunâtres qui semblaient soudain beaucoup moins brillantes et bien plus poussiéreuses.
-Allons à droite. Ordonna la cadette des Haregreaves.
-Soit.
Cain emboîta le pas à sa sœur, mais Riff ne bougea pas. Il regardait immobile l'autre côté du couloir.
-Je pense qu'il serait préférable d'aller de ce côté ci.
-Nan ! Je veux aller a droite ! S'écria à voix basse Mary, indignée.
-Riff veux aller à gauche nous irons à gauche.
-Mais pourquoi tu le suis toujours lui et pas moi !
-Il suffit ! Tu es bien trop jeune pour comprendre.
Cette dernière remarque avait plus qu'intrigué la fillette, qui, boudeuse, avait finalement suivit ses deux aînés vers l'autre bras du couloir.
Il n'y avait rien de bien particulier ce côté de couloir. A intervalles réguliers il était percé de portes menant à des bureaux, des ateliers ou encore des entrepôts. Il se terminait par un mur de briques et une porte en fer qui avait visiblement été forcée violemment.
Cain l'ouvrit dans le gémissement métallique des gonds trop peu huilés. Elle donnait sur un petit escalier de béton brut et gris. Un courant étrangement froid et mordant s'échappa de cette pièce.
Sans mot dire, Riff passa le premier. Ses talons claquèrent sur les marches, faisant résonner l'escalier légèrement éclairé par les ampoules du couloir. Le comte le suivit, lui-même talonné par Mary. Elle n'aimait pas beaucoup cet endroit. Intuition ou peur, elle ne savait pas, mais elle était sur sûre que rien de bon ne s'était passé là-dessous.
Les escaliers firent un coude et au fond une faible lumière verdâtre découpa les marches et une petite arche qui formait le seuil de la pièce. Les trois jeunes gens entrèrent. Un vent glacé leur balaya le visage, malgré l'absence visible d'une autre ouverture dans la pièce. Mary frissonna, autant son corps que son esprit.
La pièce était très sombre, large et son plafond très bas forçant Riff à incliner la tête. Une atmosphère moite, froide et épaisse, comme chargée de souvenirs, de souffrance, de vie, flottait dans cette salle quasi vide.
Au centre, lugubre et pourtant dégageant un douce lumière verte maladive, trônait une énorme cuve translucide en forme de croix chrétienne.
-Ou sommes nous? Murmura Cain sans attendre de réponse, exprimant seulement sa peur mêlée d'intrigue.
Ils avancèrent vers le récipient de verre. Il était rempli à moitié d'un liquide gélatineux, auquel l'appellation liquide ne convenait pas. C'était un gel, vibrant au rythme des pas des visiteurs. Il rappelait la gelé à la menthe, en plus claire.2 Le fond de la cuve était matelassé et parcouru de ces sangles que l'on ne trouve que dans les asiles de fous, et de multiples fils noirs dénudés et sectionnés.
-Qu'est ce que cela peut bien être? Et à quoi cela à t'il peut servir? Demanda Mary terrifiée
-J'avoue avoir peur de la réponse. Répondit Cain.
-J'en ai assez vu. Souffla Riff, cachant la boule de tristesse indéfinissable qui lui bloquait la gorge.
Le majordome aux cheveux d'ivoire quitta la pièce avec rapidité suivit de prés par le comte. Mary quant à elle resta, prés de la cuve. Elle se hissa sur la pointe de ses pieds fins et plongea timidement sa main dans la gelée. Son bras lui picota légèrement et dans un éclaire douloureux elle le vit. Allongé, les bras en croix, les poignets, chevilles, et torse sanglés, les yeux fermés, les cheveux mal coupés et roux, son corps entièrement pansé et bandé était traversé de toute part de câbles et de files de cuivre.
Il ouvrit les yeux et les pointa vers elle. Ils était entièrement blanc.
Elle arracha la main de cette cuve avec terreur et s'en alla rejoindre son frère, agitant ses mains pour se débarrasser des restes de gélatine qui lui piquait la peau.
-Je l'ai vu! S'écria t elle en les rattrapant.
-Que dit tu? Qui as tu vu? Demanda Cain.
-Le garçon ... dans la cuve.
-Quoi? s'écrièrent les deux aînés.
La violence de ce mots fit reculer la jeune fille. Riff s'agenouilla.
-Qu'est ce que tu as vu précisément? Dit il d'une voix calme et douce.
Il lui attrapa les poignets dans un mouvement lent et rassurant. Mais à peine ses doigts avaient ils frôlés le bras taché de vert, qu'un éclair de douleur lui transperça le crâne. Des silhouettes et sons informes envahirent ses pensés et son esprit.
-Son corps ne lui obéissait plus il tomba à la renverse.
Tout disparut, tout s'en alla et redevint normal.
Seul resta le contact froid du sol, et les taches verdâtre piquetant ces doigts.
-Tu l'as vu ? Souffla Mary.
Riff les yeux écarquillés hocha lentement la tête, sans se rendre compte des fines mains qui l'avait saisit sous les épaules pour tentait de la relever.
-Allons nous en, nous ne sommes que trop restés ici. Nous reparlerons de tout ca à l'hôtel.
Riff se releva et acquiesça. Tous reprirent le chemin du retour, le couloir puis la grand salle qui noyait les quelques volutes de lumière s'échappant de la porte entrebâillée et du couloir. Arrivé à la moitié de la pièce, la grande porte d'acier trembla, puis sonna et se tordit.
Ils se précipitèrent derrière de massive machines d'ou ils attendirent anxieux que les battants de métal cèdent sous les coup de bélier.
Soudain la porte tomba lentement et se fracassa sur le sol dans un horrible bruit de ferraille qui s'en alla rebondir dans le vide de l'usine. Mary tremblant de peur s'empara de la main de Cain qui la serra fortement. Puis il passa son bras autour des petites épaules de sa sœur pour la rassurer. Ils étaient adossés à l'imposante masse froide tandis que Riff fixait le rectangle de lumière grise qui s'était soudain découpé dans la pénombre. Une poignée de silhouettes sombre, le visage mangé par un large écharpe et le corps enveloppé dans de larges manteaux de feutre sombre, s'y découpèrent.
- My lord. Chuchota t il sans quitter la scène des yeux.
Cain relâcha Marywather et hasarda un coup de ses yeux dorée vers les intrus. Il cru s'étrangler en voyant dépasser de l'une des écharpes les long cheveux blond d'un médecin qu'il ne connaissait que trop bien.
- Qu'est ce qu'il fait ici?
Ses petits yeux cruels et brillants inspectaient l'espace et se tournèrent soudain vers Cain. Celui ci se rangea rapidement pour échapper au regard du docteur, mais son dos heurta malheureusement sa cache.
- Will va voir là-bas, on dirait que nous ne sommes pas seuls. Ordonna Jezabel à l'un des hommes encapuchonnés.
Riff pesta, il attrapa les poignets du comte et de sa sœur puis les entraîna vers une plus dense pénombre derrière les tapis qui hier roulaient. Jezabel et le reste de la troupe s'en allèrent vers le fond de l'usine.
Le dénommé Will s'approchait d'eux une bougie à la main. Mary était terrorisée. Ils se déplacèrent encore une fois, s'approchant un peu plus de la sortie.
- Hé ! S'écria l'homme apercevant dans les faibles rayons de la flamme les pas furtifs de Cain et de sa suite.
- Allez! Chuchota Riff en poussant son maître vers la sortie.
La carte à jouer de Delilah se précipita vers les ombres qui trébuchaient en direction du maigre rectangle de lumière. Mais le majordome à la chevelure d'ivoire fut plus rapide. Il l'attrapa par l'épaule, et le fit se retourner avant de lui envoyer son poing anguleux dans la mâchoire. L'homme n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait, qu'il heurta le sol. Sa tête claqua sur le béton alors que Riff s'en alla en courant, secouant énergiquement ses phalanges douloureuses.
Cain dehors avait sortit son fleuret de sa canne et croisait le fer avec une carte à jouer qui faisait le gué. Il n'était pas à son avantage, d'autant plus que sa jeune soeur courait entre ses jambes et donnait parfois quelques coup de pieds dans la direction de l'homme en imperméable noir.
La bataille tournait à l'avantage du garde. Son poignard avait bloqué l'épée du comte, l'obligeant à forcer sur le pommeau de ses deux mains toute en se courbant. Le jeune homme aux yeux dorés serra les dents, sous l'effort. Les gants de cuir de l'homme crissèrent alors qu'il serrait son poing, pour l'envoyer dans les flans de Caïn.
Le souffle coupé il s'effondra, les bras autour de sa poitrine. Mary ivre de peur et de colère décocha un coup de poing malheureux que l'homme de main n'eut aucun mal à éviter. La jeune fille en fut déséquilibrée, ce qu'attendait l'homme pour lui envoyer son genoux dans le ventre. Surprise, elle écarquilla les yeux, avant d'être submergée par la douleur chaude et aiguisée. Elle tomba elle aussi.
Ces quelques mouvements n'avait pris quelque secondes. Quelques secondes durant lesquelles Riff avait accourut.
La carte à jouer ramassa le fleuret de Caïn puis de dirigea vers Mary allongée face contre terre. Il avait tout de suite reconnu le comte, fils protégé de l'arcane majeur, dommage de ne pas pouvoir l'achever, il se contenterait de la gamine.
La lame s'éleva au dessus de son cœur, et frappa.
A suivre ...
1 Ha si les fils électriques bien que totalement anachroniques c'est super effrayant !
2 Sacrés anglais. Ils ont vraiment des goût de chiotte.
Désolé de vous avoir faite attendre et Merci pour vos reviews :
Gayana : La situation de Riff s'éclaire un peu enfin j'espère. Hum ;p. Je suis contente que la fic te plaise et j'espère rester dans se ton. Il est vrai que Caïn n'est pas très bien représenté et j'en suis désolé, il n'est, pas si facile a cerner ! En plus ca fait un baille que je n'ai pas relu « comte cain ».
Neija : Lol oui j'aime bien finir mes chapitres en queue de poisson. Car j'ai toujours adoré les histoires coupées en plein pendant le suspense. Hum je suis peut être un peu sadique aussi lol ... Bref j'espere que ce chapitre te plaira .
Glam Ewan : Merci de lire ma fic voici la suite que j'ai eu ma foi beaucoup de mal à accoucher (oui c'est le mot, et dans la douleur en plus) j'espère qu'elle te plaira.
Mydaya : Oui comte Cain c'est vraiment génial j'adore kaory yuki vive angel sanctuary ! Hum j'avoue ma faute je suis nulle de chez nulle en orthographe et je remercie bien bas les béta lectrices qui on la patience de me corriger. C'est du boulot, y a qu'a voir elles ne voient pas tout. Je suis aussi désolée de vous avoir fait attendre mais apparemment ma cervelle marche moins bien en période de froid. En tout cas voici la suite j'espère qu'elle continuera à te plaire.
