Titre: Destin
Auteur: Maeve Fantaisie (ou Maeve tout court :) )
Disclaimer: Les personnages ne sont pas à moi mais appartiennent aux géniaaaaales Clamp! (Kurogane: Cet auteur admire les Clamp mais elle n'est pas triste de ne pas nous posséder: elle est trooop bizarre! ; L'auteur, tout sourire: On me le dit souvent! ; Kurogane: Tu m'étonnes...).
Résumé: Il cherche toujours... mais pour l'instant il se souvient.
Genre: Tsubasa Reservoir Chronicle! (Kurogane: Tu parles! On n'apparaît même pas dans l'histoire! ; L'auteur: Maiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis euh! ; Kurogane: ... (il faut dire que la réponse de l'auteur est hautement spirituelle - -;) ; Fye: Kurochan est un râleureuh! ; Mokona: Kurochan est un râleureuh, Fye et Mokona: Kurochaaan est un rââleuuuuureuh! ; Kurogane: OH, CA VA, HEIN!)
Couple: Bah, toujours l'homme et lui (qu'est-ce que je les aime ces deux-là:) )
Note: Pardon à ceux qui m'ont attendue, et un grand merci à Lyra Squirrel, Sofela, Saroux et Kokoroyume pour vos encouragements!
Note 2: Pardon aussi à ceux qui voulaient la suite de la dernière fois, parce-que... et bien là c'est un flash-back! (pourquoi je sens des regards noirs se poser sur moi?)
Je vous souhaite une bonne lecture :)!
Comment tout cela avait-il commencé, déjà? Pour lui, une seule chose était certaine: tout ce qui s'était passé était entièrement de sa faute...
Destin, chapitre II: Commencement
Son monde originel était peuplé de vampires: ces créatures de la Nuit, condamnées à une faim éternelle, qui se repaissaient du sang des humains... Dans son monde, le pays de Babylon (1), son travail était de les chasser. Puissant magicien, il était un "hunter" célèbre pour son implacable cruauté. Il accomplissait ce travail avec froideur et indifférence, et c'était d'ailleurs très souvent arrivé qu'il tue des êtres humains pour atteindre ses objectifs.
Pourquoi vivait-il ainsi? Simplement parce-qu'il ne savait pas vivre autrement. Ne ressentant rien, étant indifférent à tout, c'était presque comme s'il était moins vivant que les vampires eux-mêmes, qui ne menaient pourtant qu'un semblant de vie. Son travail, c'était en somme de rendre à la Mort ceux qui osaient la défier. Oui, il n'était qu'une machine vide et glacée au service de la Mort elle-même.
Mais lui...
Lui aussi était un chasseur de vampires, pourtant, contrairement à lui, il n'avait jamais ôté une vie. Contrairement à lui, il ne désirait qu'une chose: trouver un moyen de soulager les vampires et d'apaiser leurs souffrances.
Il effectuait ce travail par Amour du genre humain.
Un sentiment qui lui était totalement inconnu et parfaitement incompréhensible.
Les hommes étaient cruels, et même plus que lui, quoi qu'ils disent. En outre, quel que soit le monde dans lequel ils vivaient, ils arrivaient toujours à dénaturer leur environnement, le pourrissant de l'intérieur par leurs actions viles et égoïstes. Cela, durant tous ces voyages à travers des dimensions différentes, l'homme avait maintes fois eu l'occasion de le remarquer. Et puis, après tout, un vampire n'était rien de plus qu'un être humain qui n'était plus capable de réfréner ses vils instincts.
Alors comment faisait-il pour les aimer, lui? Etre humain ou vampire, il venait en aide à tous ceux qui souffraient...
En somme, ils étaient le négatif l'un de l'autre, opposés comme le sont le Soleil et la Lune, l'Amour et la Haine.
La Vie et la Mort...
Au final, c'était peut-être ce profond antagonisme qui l'avait poussé vers lui.
Auprès de lui, il se faisait passer pour un homme gentil au sourire doux. Cela était facile: il lui suffisait de revêtir l'un de ses innombrables masques. Et puis, il était tellement naïf... Pour parfaire son déguisement, il allait jusqu'à le protéger de temps à autre.
Mais pourquoi faisait-il tout cela? Dans quel but?
Lui qui était si pur, peut-être qu'à son contact il pourrait...
Non.
Impossible.
S'il se donnait toute cette peine, c'était pour mieux l'abuser, c'est tout. Au bout du compte, il le tuerait.
Il n'était que l'une de ses nombreuses proies...
Quelle autre raison pourrait-il y avoir?
Ils vivaient donc ainsi, sans trop savoir pourquoi, lorsqu'un jour, un clan de vampires complota dans l'ombre pour se débarasser de lui.
Ce jour-là (ou plutôt cette nuit-là, puisque les vampires ne sortent qu'une fois le soleil couché), l'homme avait éliminé plusieurs hauts dirigeants vampires. La journée (donc la nuit, en fait) avait doncété pour le moins harassante, d'autant qu'il avait été malade, et qu'il avait dû veiller sur lui.
Il travaillait trop. De plus, une menace pesait sur la ville depuis quelques temps, alourdissant l'atmosphère, et cela l'inquiétait. Quel dévouement, vraiment...
L'homme empruntait donc une ruelle sombre, songeur et exténué, quand il tomba dans l'embuscade tendue par les vampires.
Sans crier gare, une nuée de chauves-souris s'abattit sur lui, l'aveuglant un instant. Cependant, bien vite, une épée constituée de magie apparut dans la main de l'homme qui se précipita sur les bestioles, un sourire sarcastique aux lèvres. Qui donc osait ainsile défier?
Mais l'homme, occupé avec les chauves-souris qui arrivaient toujours plus nombreuses, n'avait pas remarqué la dizaine de vampires cachés en haut du plus proche immeuble, vampires qui profitaient de la diversion provoquée par ces dernières pour murmurer des incantations.
Ces vampires étaient des anciens magiciens et "hunters". Ils n'arrivaient certes pas à la cheville de l'homme question magie (2), mais en combinant leurs pouvoirs avec la connaissance dont ils avaient hérité en devenant vampires, ils pouvaient se révéler très dangereux.
Le sort qu'ils proféraient était un sceau. Au bout d'une minute, sous l'action des incantations, apparut une longue forme serpentine d'aspect gélatineux qui luisait faiblement à la lumière de la lune. Au signal d'un vampire, toutes les chauves-souris s'envolèrent d'un seul coup, hors de portée de l'homme, et le serpentin luminescent fondit brusquement sur ce dernier, l'emprisonnant de ses anneaux, engluant tout son corps.
L'homme, déséquilibré, tomba au sol. Le serpentin se solidifia alors, le paralysant totalement, absorbant ses dernières forces.
Le sceau était posé, l'homme ne pouvait plus remuer un membre...
Il était prisonnier.
Les vampires poussèrent un cri de triomphe. Ils l'emmenèrent dans la grotte qui leur servait de repaire et le jetèrent sans ménagement sur le sol.
Comment avait-il pu se faire prendre au piège? C'était impossible! Il était certes fatigué, les vampires avaient certes attaqué lâchement, mais ce n'était pas une excuse! Cela n'aurait jamais dû arriver... Jamais.
Le chef des vampires s'approcha de l'homme. Ce dernier lui jeta un regard empli d'une fureur glacée. Plusieurs vampires sursautèrent de frayeur. L'homme eut un rictus méprisant:
- Et que comptez-vous faire de moi, maintenant? Vous voulez me "convertir", je suppose, comme vous l'avez fait avec les auteurs de ce sceau?
- Evidemment, répondit le chef sans trop se démonter.
L'homme haussa les sourcils. Se concentrer, il fallait se concentrer...
- Inutile, vous ne pourrez pas briser ce sceau: il est constitué d'une magie qui vous est inconnue, et à l'instant où je vous parle, il a déjà dû absorber le peu de forces qui vous restait...
Il haussa les épaules.
- D'accord, faites ce que vous voulez, mais je ne garantie pas que je serai un vampire loyal.
Ses yeux lancèrent des éclairs.
- Vous le regretterez d'une manière ou d'une autre...
Le vampire ouvit des yeux ronds.
- Vous ne vous préoccupez donc pas de votre propre sort?
- Cela m'est égal, répondit l'homme d'une voix totalement neutre. Mon propre sort... et le reste. Tout m'est parfaitement égal.
Les vampires frissonèrent, soudain glacés. Ces paroles étaient si... effrayantes. Même eux entrevoyaient tout ce qu'elles impliquaient.
Finalement, l'idée de faire de cet être un vampire n'était peut-être pas si judicieuse que cela...
- Dans ce cas...
Le chef se pencha vers lui, les canines sorties, un air bestial sur le visage. L'homme le fixa droit dans les yeux sans bouger.
C'est le moment qu'il choisit pour intervenir.
xXxXxXxXxXx
Que faisait-il ici?
Il ne faisait pas le poids face à eux, et il le savait, alors pourquoi était-il là?
... Parce-qu'il ne voulait pas pour lui d'une telle existence.
Il venait échanger sa vie contre la sienne. Il préférait devenir lui un vampire plutôt que ce soit lui qui vive sous le joug de la Nuit et de la Faim éternelles. Il préférait souffrir lui plutôt que de le voir souffrir...
A lui, sa vie ne lui était pas "égal"...
Les vampires acceptèrent avec joie, et en échange de la promesse de le relâcher et de ne plus jamais s'attaquer à lui, il devint donc vampire...
Sous ses yeux.
... Imbécile.
Idiot niais et stupide amoureux du genre humain.
Les vampires ne respectent jamais leurs promesses.
xXxXxXxXxXx
Il avait eu beau crier, tempêter, hurler qu'il ne méritait aucunement qu'il le sauve, qu'il ne tenait pas à l'existence, le menacer... Rien n'y avait fait.
La cérémonie avait eu lieu et lui, toujours prisonnier du sceau, épuisé, incapable d'utiliser ses pouvoirs, n'avait pas pu l'en empêcher.
Il n'avait pas pu le protéger...
A la fin du rituel, encore lui-même pour quelques minutes encore, il se tourna vers lui et lui sourit doucement, ses yeux émeraude si profonds le regardant avec douceur... puis il s'évanouit.
En voyant son visage blême et inconscient, il poussa un hurlement.
Hurlement de Rage face à son impuissance.
Hurlement de Haine envers lui-même.
Mais surtout hurlement de Désespoir, Désespoir qui provenait d'un sentiment encore plus profond qui lui était jusqu'alors inconnu, mais qui dominait à présent tout son être.
Son coeur lui sembla se déchirer... Puis finalement il se tut, demeurant vide et immobile.
Durant sa plainte, c'était comme si la terre elle-même avait retenu son souffle...
Mais maintenant les vampires, revenant de leur surprise, le fixaient de leurs yeux écarlates, moqueurs.
Celui que l'on appelait "l'Ange de la Mort" pouvait donc se mettre dans un tel état? Il avait donc un coeur? Au final, il n'était donc rien deplus qu'un vulgaire humain!
Ils éclatèrent d'un rire cruel.
Cependant, l'homme ne les voyait ni ne les entendait. Ses yeux dorés restaient fixés sur la silhouette aux cheveux bruns mi-longs étendue à leurs pieds.
Il ne pouvait ôter de son esprit l'image de ces yeux vert émeraude qui à présent étaient fermés mais qui, en se réveillant, ne seraient certainement plus jamais les mêmes...
De ce sourire qui, certainement, ne reparaîtrait plus jamais...
C'est alors seulement qu'il prit conscience de ce feu qui était né en lui et qui lui dévorait le coeur.
xXxXxXxXxXx
Les vampires se lassèrent bien vite de rire face au manque de réaction de l'homme. Vexés qu'il ne leur prête ainsi aucune attention, ils prirent donc pour cible de leurs railleries le naïf jeune homme qui avait osé leur faire confiance. Au son de leurs sifflements moqueurs, l'homme leva brusquement son visage vers eux.
Ses yeux flamboyaient.
Les vampires se turent aussitôt et reculèrent, pétrifiés.
Alors le sceau se brisa, d'un seul coup, et l'homme se dressa de toute sa hauteur, stable sur ses jambes comme si ce dernier n'avait jamais existé.
L'aura qui l'entourait crépitait comme le feu...
Et puis soudain, la terre se mit à trembler.
xXxXxXxXxXx
Les vampires poussèrent des cris d'effroi. La grotte semblait littéralement frémir de rage!
Des stalactites se décrochèrent et tombèrent comme autant de pieux sur la foule des suceurs de sang complètement affolés...
Les secousses destabilisèrent l'homme qui, arrivé au bout de ses forces, sombra alors dans un abîme de ténèbres.
xxx
Quand il reprit ses esprits, la grotte, toujours debout, était vide et silencieuse. Plus aucune trace des vampires... ni de la silhouette étendue au sol.
L'homme se leva soudain et regarda tout autour de lui. C'est alors qu'il remarqua qu'on avait posé sur lui un manteau blanc immaculé.
Son manteau...
Le sol était recouvert de petits tas de poussière, signes bien visibles que des vampires se tenaient là quelques instants auparavant, et qu'ils avaient été tués. Mais l'homme ne les vit pas...
Il serra le manteau contre lui et quitta la grotte sans se retourner.
xXxXxXxXxXx
Sa soeur jumelle.
Elle n'était pas chasseur de vampires, parce-qu'elle n'avait que peu de pouvoir, mais elle veillait sur lui avec toujours énormément de tendresse, et attendait toujours son retour à la maison avec anxiété.
Il devait l'avertir...
Mais il n'en eut pas besoin. Quand elle le vit arriver, elle comprit immédiatement ce qui s'était passé.
Elle ne lui en voulut pas. Elle sourit en lui disant que son frère n'avait fait que réaliser son souhait: lui qui l'avait toujours protégé, il avait voulu le protéger en retour, lui, au moins une fois.
- C'était son voeu le plus cher...
Comment...
Comment pouvait-elle sourire alors qu'il n'était plus là?
Il répondit sèchement:
- Il aurait agi ainsi pour n'importe qui. Que ce soit moi ou un autre, peu importe: il ne supportait pas que quelqu'un souffre, qui que ce soit.
Les yeux de la jeune fille étincelèrent.
- Plus que tout autre, il savait ce que signifie être un vampire, et il a choisi de vivre cette existence pour que tu n'aies pas à la vivre, toi. Il n'aurait pas fait cela pour n'importe qui...
Elle le regarda dans les yeux.
- Il l'a fait parce-que c'était toi.
Il déclara alors d'une voix dure:
- Je suis un assassin. Je ne mérite pas que l'on se sacrifie pour moi. Moi plus que tout autre...
Il baissa les yeux, puis murmura:
- Quelqu'un tel que lui n'aurait jamais dû se sacrifier pour moi...
Elle lui sourit une nouvelle fois.
- Quelles que soient les fautes que l'on a commises, tout le monde a le droit d'aimer et d'être aimé... (3) Tu sais, l'Amour est impartial et n'épargne personne, ajouta-t-elle gaiement sur un ton de "connaisseur".
Il tourna son regard doré vers elle, légèrement surpris. Elle lui souriait toujours...
La flamme crépitait en lui en des sanglots silencieux et invisibles.
Elle l'embrassa sur la joue.
- Malgré tout, je suis heureuse... Lui qui ne vivait que pour les autres, il a enfin pu trouver un souhait rien qu'à lui, et s'il a pu le trouver c'est grâce à toi...
Elle attrapa son manteau.
- Où vas-tu, demanda-t-il tout en connaissant déjà la réponse à sa question.
- Le rejoindre. Je ne le laisserai pas supporter le fardeau de la Nuit tout seul.
Il amorça un pas vers elle. Elle l'arrêta du regard:
- Non: toi tu dois vivre, parce-que c'était ce qu'il désirait... Elle sourit à nouveau. Surtout, ne t'en veux pas!
Puis elle claqua la porte, le laissant seul avec la petite flamme qui brûlait toujours au fond de lui.
xXxXxXxXxXxXxXxXxXxXx
Nox City, la ville de la Nuit, ville oubliée par le soleil et occupée presque dans son intégralité par des vampires. Presque tous les hauts-dirigeants à ailes de chauve-souris résidaient dans cette ville soumise à la corruption et au crime. Les chasseurs de vampires envoyés là-bas, contrairement à ce qu'on pourrait penser, n'étaient pas revenus morts... mais on ne pouvait pas dire qu'ils soient revenus vivants non plus...
Pour les autorités, la situation était désespérée. Aussi choisirent-elles de s'occuper de leurs petites affaires comme si de rien n'était, et d'ignorer les hurlements de souffrance qui s'élevaient chaque jour de la ville obscure.
C'est alors qu'il arriva.
Il détruisit tout sur son passage.
Hauts dignitaires ou pauvres, criminels ou enfants, tous les vampires qui vivaient dans la ville furent froidement massacrés. Les mortels corrompus jusqu'à l'os qui s'opposèrent à lui furent tués sans la moindre hésitation, avec la plus totale indifférence.
Et à chaque meurtre, l'homme ne se départissait pas de son sourire...
Les mortels les plus avisés, d'un commun accord, décidèrent d'un "repli stratégique". De toute manière, comme l'homme ne se souciait pas plus des immeubles que des êtres autour de lui, ils n'avaient plus trop d'endroit où se cacher... Ils se tapirent donc derrière des monceaux d'immeubles tombés au sol et observèrent la scène, guettant la moindre occasion qui leur permettrait de fuir sans être vus.
L'homme, tout de noir vêtu, se découpait à la lumière de la lune et des lampadaires encore debouts de la ville dévastée. Le sol était jonché de débris de bâtiments, bâtiments soufflés par le flux de magie déployé par l'homme pour perpétrer son massacre. Massacre pas encore achevé, d'ailleurs.
Les derniers habitants de la ville s'étaient rassemblés pour lancer leur ultime assaut. Ils étaient à découvert et fixaient le "hunter" de leurs yeux écarlates, les canines sorties afin de camoufler, vainement, leur peur.
Dès qu'ils l'avaient vu entrer en ville, ils avaient su que c'était fini.
Lui, parfaitement impassible, les observait, son bras droit prolongé par une épée de ténèbres constituée de magie pure.
Les mortels tapis dans l'ombre retenaient leur souffle.
Soudain, les vampires se jetèrent en avant, avec la ferme intention d'au moins blesser l'être qui se tenait devant eux avant de mourir.
C'était encore mal le connaître.
Il les cueillit un à un, les transperçant de part en part de son épée obscure, esquivant avec aisance toutes leurs attaques. Les vampires transpercés explosaient en une fine poussière grise, qui scintillait à la lumière de la lune avant de recouvrir le sol et l'assassin lui-même. Parfois, une fleur pourpre jaillissait, signe qu'un mortel mêlé aux vampires venait de mourir tout comme eux sous la lame de l'être, qui déjà sautait avec grâce vers son prochain adversaire, insensible au bruit mat que faisait alors le corps sans vie en tombant sur le sol.
Un ballet.
C'était un véritable ballet funèbre.
Les mortels qui s'étaient cachés, malgré les frissons de terreur et de dégoût qui parcouraient leurs corps, étaient incapables de détacher leurs yeux de cette danse mortifère, hypnotisés par celui qui en était l'auteur. Et en l'observant ainsi, ceux qui l'avaient déjà vu à l'oeuvre auparavant sentirent soudain que quelque chose n'allait pas.
Ils comprirent ce qui clochait lorsqu'ils aperçurent le visage de l'homme à la pâle lumière de la lune qui s'élevait, sanglante, dans le ciel au-dessus d'eux.
Son sourire...
L'homme souriait toujours lorsqu'il effectuait son "travail". C'était l'une de ses caractéristiques: quand il tuait, un sourire moqueur et méprisant étirait toujours ses lèvres. Ce sourire montrait à quel point la Vie avait peu d'importance à ses yeux...
Mais ce soir-là, son sourire sous cette lune écarlate était différent. Il avait quelque chose de mécanique, de figé, comme s'il avait été sculpté sur son visage, comme on sculpte un sourire sur une statue de pierre. L'homme ne semblait l'arborer que par pure habitude. Ce sourire ne reflétait pas son habituel mépris des hommes. Il ne reflétait même rien du tout...
Et, justement parce-qu'il ne reflétait rien, il n'en était que plus terrible.
Cependant, ce sourire n'était encore rien comparé à son regard ...
Cet être avait toujours regardé les autres avec sarcasme, les dardant de ses yeux dorés. Les vampires d'ailleurs ne supportaient pas son regard acéré et glacial, à plus forte raison qu'il les paralysait de terreur.
Mais ce soir-là, nulle trace de sarcasme dans son regard... Ses yeux dorés étaient voilés et ne fixaient rien, perdus au fond d'eux-mêmes dans des pensées nébuleuses et sombres. Ils paraissaient ainsi horriblement vides. Vides de sens, vides de vie.
Ce qu'on apercevait au fond de ses prunelles n'était que néant et ténèbres.
Les hommes tapis frémirent d'horreur et de terreur. L'être qu'ils avaient sous les yeux n'était qu'un pantin mû par la Mort elle-même... Son âme semblait s'être envolée ailleurs, hors de lui-même.
Ils étaient paralysés. Ils savaient maintenant qu'ils ne pourraient pas lui échapper, que la Mort continuerait sa progression jusqu'à ce que tous les habitant sans exception soient tués...
C'est alors qu'ils entendirent un chant s'élever dans les airs.
L'oiseau qui accompagnait toujours le "hunter" volait dans le ciel au-dessus d'eux. Il avait un bec recourbé et des serres tranchantes, et ses plumes foncées luisaient à la lumière de la lune.
Il volait, volait haut dans l'obscurité de la nuit, mais son vol avait quelque chose de désordonné, de fou. Il changeait brutalement de direction, battait parfois des ailes frénétiquement, montait puis piquait brusquement, mais toujours, toujours, son regard se tournait vers le ciel, comme s'il y cherchait quelque chose. Alors qu'il passait près d'eux, ils purent apercevoir l'éclat doré de ses yeux.
C'était lui qui chantait.
Son chant s'élevait dans les ténèbres et résonnait au-dessus des décombres de la ville, puissant et douleureux. Il trouva un écho dans le coeur des hommes tapis, qui se recroquevillèrent sur eux-mêmes, les mains plaquées sur leurs oreilles, le corps secoué de sanglots qu'ils n'arrivaient pas à réfréner, les larmes coulant sans s'arrêter sur leurs visages effondrés.
Ce chant avait ouvert un abîme en eux, abîme qui menaçait de les engloutir. Il avait déchiré leur coeur corrompu, le criblant de milliers d'épines de glace. Les hommes gémissaient et serraient entre leurs bras leur être gelé, consumés par une douleur incommensurable...
Ce chant n'avait qu'un nom, et c'était Désespoir.
Quand la Mort vint les trouver, ils s'en rendirent à peine compte, et la dernière image qu'ils emportèrent fut celle de cet oiseau fou cherchant désespérément le Soleil qu'il manquait à son ciel...
xXxXxXxXxXx
Plusieurs jours.
L'homme, plongé dans un état second, parcourut ainsi son monde, de long en large, décimant presque inconsciemment des populations entières de vampires sur son passage, durant plusieurs jours.
Plusieurs jours. C'est le temps qu'il lui avait fallu pour prendre la pleine mesure de ce qu'il avait perdu...
Il les avait cherchés partout, mais aucune trace d'eux, nulle part.
Il dut donc se rendre à l'évidence: les jumeaux vampires avaient changé de dimension.
Son pouvoir à lui ne lui permettait de faire le voyage qu'une seule fois. Tout comme le leur, d'ailleurs...
Soit.
Il choisit de gagner le monde dans lequel séjournait la Sorcière des Dimensions.
Il les retrouverait coûte que coûte.
Notes:
(1): Je trouve que ce nom convient parfaitement pour son monde! (même si je ne suis pas allée le chercher très loin, c'est vrai :) )
(2): C'est normal: c'est lui le plus fort! Hihi!
(3): "Il y a des péchés inexpiables, mais il n'y a personne à qui il soit interdit d'aimer", n'est-ce pas Hokuto :)? (X/1999, Clamp)
xXxXx
L'auteur, toujours contente: Et voilà, ce second chapitre est terminé: youpi! Il est un peu bizarre, surtout qu'il fait le triple du précédent... Mais je voulais à tout prix terminer le flash-back dans ce chapitre, alors... (retour du petit garçon aux yeux verts dans le prochain chapitre!). En plus, il y a pas mal d'action, et je ne suis pas très douée pour ça... Et puis, il n'est pas très joyeux! (mais comment j'ai fait pour écrire ça, moi?). Mais il me plait quand même:). J'espère que c'est le cas pour vous aussi. Surtout, n'hésitez pas à me faire des commentaires! (et à critiquer, aussi!).
(courbette) Merci à tous ceux qui m'ont lue, et je vous dis à bientôt au prochain chapitre :)! (et pardon encore pour l'attente...)
Maeve