Salut à tous ! :)
Quelques mots sur cette fiction : Les étoiles filantes sont les larmes du ciel. Du moins c'est ce que disent toutes les histoires. Alors comment expliquer que l'une d'elle ait rendu le sourire à une petite fille ? L'espoir que lui apporta cette rencontre changea radicalement son destin et celui de toute une nation. – Clexa –
Les personnages de la série The 100 ne m'appartiennent pas, tout comme les musiques que je peux utiliser dans l'histoire.
Je remercie tout particulièrement MaraCapucin d'avoir accepté d'être ma bêta et de relire mes nombreuses fictions pour que la lecture vous soit plus agréable, mine de rien c'est beaucoup de travail.
J'espère que ceux et celles qui ont passé leur bac il y a quelques semaines et même préféré lire que de réviser ont eu leur examen ! Si c'est le cas, félicitations ! Si vous allez au rattrapage, rien est perdu ! J'ai obtenue mon premier bac au rattrapage avec 8,02/20 soit 78 points a aller chercher mais je l'ai eu. Pour le second bac, c'était tout l'inverse, j'ai eu une mention "bien"... comme quoi... bref, félicitations ou bonne chance pour la dernière ligne droite !
Je vous souhaite une bonne lecture et je vous retrouve en bas ! :)
Étoile filante
Chapitre n°06 - Déroutantes
Hear the fallen and lonely cry out
"Will you fix me up? Will you show me hope?
The end of the day and we're helpless
Can you keep me close?
Can you love me most?"
Vancouver Sleep Clinic – Someone to Stay
∞ Lexa ∞
J'observe à distance les deux amies, leur proximité et même leur façon de parler l'une avec l'autre me semble étrange. Je crois même que leur attitude m'agace. Je n'arrive pas à comprendre comment il est possible de se sentir à ce point en sécurité avec une personne si proche. A leur place je me sentirais étouffée, pour ne pas dire oppressée, donc d'autant plus en alerte.
A chaque fois que je vois Clarke toucher cette Raven Reyes un peu trop longtemps ou avoir un geste tendre, ma mâchoire se crispe et mes poings se resserrent à leur paroxysme. Je marche quelque peu énervée d'un arbre à un autre pour tenter jusqu'ici vainement d'évacuer toute cette colère qui refuse de me quitter. Je ne sais même pas pour quelle raison je suis dans cet état.
Au moins ma protégée n'est pas en danger et c'est pour le moment le principal. Je dois donc me concentrer sur ce point très précis. Il faut que je calme mes sentiments au plus vite. Je n'aime pas ces effusions qui ruinent mon contrôle parfait. Je sens presque physiquement le masque d'Heda disparaître pour ne laisser que Lexa et c'est tout sauf le bon moment pour une telle révélation. Ce serait prendre un risque inconsidéré.
Je suis tellement plongée dans mes pensées pour reprendre le contrôle que je suis surprise quand je vois apparaître Clarke dans mon champ de vision. Je ne suis jamais prise au dépourvue. Il faut vraiment que je me reprenne. Si je ne réagis pas tout de suite mes ennemis vont profiter de ma faiblesse passagère sans la moindre hésitation et pourrait bien parvenir à m'éliminer. Ce qui serait fâcheux d'autant plus maintenant que mon chemin à pour la seconde fois croiser une parcelle du ciel qui me donne envie de vivre.
- Ne vous avisez plus jamais d'attenter à la vie de Rae, ordonne durement Clarke.
- Tout va bien Blondie, n'en fait pas tout une histoire.
- Tout ne va pas bien, elle répond sans me quitter des yeux et je dois dire que je suis impressionné par l'intensité de son regard, elle a l'âme d'un chef, promettez-moi que vous ne tenterez plus jamais de lui faire du mal Lexa, plus jamais !
- Franchement, je perçois comme de la lassitude dans la voix de l'amie de la blonde, c'est loin d'être la première fois qu'on menace ma vie. Arrête de provoquer notre peut-être seule alliée chez les, elle fait une pause, qu'est-ce qu'ils sont au juste ? Des Terriens ? Mais nous aussi. Qu'est-ce qu'ils seraient plus juste de dire ?
- Rae !
- Quoi, s'égosille-t-elle presque, elle fait vraiment beaucoup de bruit, c'est une question pertinente ! Oh ! Je sais ! Les Natifs, c'est bien ça les Natifs ! Le terme vous plaît Lexa ?
Je suis surprise que Raven s'adresse à moi directement, d'autant plus en utilisant mon prénom et non mon titre. Il faut dire que les personnes qui l'utilisent encore sont extrêmement rares. Je crois que je serais capable de les compter sur les doigts de mes mains. Je suis tellement surprise que je quitte Clarke des yeux pour l'observer et tenter de comprendre quel genre de personne elle peut bien être.
Raven Reyes ne ressemble physiquement à aucun individu que j'ai pu rencontrer au cours de ma vie et pourtant, j'ai croisé le chemin d'énormément de personnes. Les traits de son visage sont atypiques, ses cheveux très noirs tout comme la couleur des ses yeux, je décèle à peine ses pupilles. Elle n'est pas très grande et ne me paraît pas particulièrement musclée et pourtant, sa vitesse et son aisance pour rejoindre Clarke m'ont surprise. Je n'ai pas eu le temps de réagir pour l'éloigner. Ce qui est très frustrant quand je commence à réaliser que si cette femme avait voulu s'en prendre à mon étoile, j'aurai réagi trop tard.
Il y a aussi sa façon de parler. Elle utilise le même genre de terme incompréhensif que Clarke. Mais il y a autre chose comme une certaine accentuation des syllabes. C'est nouveau et quelque peu déstabilisant.
- Ne lui adresse pas la parole aussi nonchalamment Rae, pas tant que nous ne serons pas certaines qu'elle n'atteindra plus à ta vie !
- Si je ne devais plus parler aux personnes qui ont essayé de me tuer, je ne discuterais plus qu'avec mes machines !
- Hey, Clarke se retourne vivement vers son amie, moi je n'ai jamais essayé de te tuer !
- Ah oui ? Et le jour où tu m'as enfermé accidentellement dans la réserve de médicaments ? Si c'était quelqu'un d'autre que ta mère qui m'y avait trouvé, je me serais faite exécuter !
- C'était un accident, s'offusque la blonde alors que ses joues prennent une légère teinte rosée, et il fallait bien que tu dormes quelque part ! Après la mort de ta mère, tu n'avais plus nulle part où aller. Heureusement que ton cerveau était essentiel pour l'Arche, sinon ces tirants t'auraient fait payer pour les crimes de ta mère.
- C'est ce qu'on appelle communément un homicide involontaire, Blondie.
- Absolument pas ! Je t'ai sauvé la vie !
Mon regard passe de l'une à l'autre avec beaucoup de perplexité. Leurs voix augmentent d'intensité à chaque prise de parole. Je ne suis pas certaine de savoir à quoi exactement je suis en train d'assister. A part quand il s'agit d'enfants, je ne crois pas avoir déjà rencontré qui que ce soit faisant volontairement autant de bruit.
J'ai l'impression d'assister à un débat houleux entre deux nations qui voudraient entrer en guerre l'une contre l'autre, mais aucune arme n'entre en jeu et si leurs discours est violent et qu'elles hurlent, il ne semble pas pouvoir se finir en véritable tuerie.
Je reste d'autant plus dans l'incompréhension la plus totale quand après un argument de Raven que je n'ai pas véritablement écouté, un silence lourd de sens s'installe entre les deux amies. Par précaution, j'en serre de nouveau mon arme. Je ne sais pas du tout comment se peuple est capable de réagir. Les deux jeunes femmes pourraient parfaitement se sauter dessus et s'arracher les yeux à mains nues. Mais c'est la chose la plus absurde qui soit qui brise ce silence : des éclats de rires.
- Bon, reprend Clarke après s'être calmée, vous promettez, elle se tourne vers moi pour me prendre à partie, oui ou non ?
- Je promets si elle s'engage à ne pas attenter à ta vie.
- Est-ce que ça veut dire que je n'ai plus le droit de faire des expérimentations quand tu es dans les parages ?
- Je ne vois pas comment ce serait possible, tu es toujours en train d'inventer et de créer quelque chose de nouveau Rae.
- Oui, elle plisse son nez d'une étrange façon, mais parfois ça fait boum, c'est inévitable !
- C'est bon, grogne Clarke, tu ne m'as pas tué jusque-là, je pense pouvoir encore survivre à tes expérimentations ! Promets-lui qu'on en finisse !
- Bon, elle me fait un grand sourire, je promets, puis un clin d'œil, cruz de madera, cruz de hierro, si miento me voy al infierno !
Je n'avais pas réalisé que les étoiles avaient leur propre langage, comme nous avons le Tri. Nous sommes chanceux de pouvoir tenir une conversation dans une même langue, même si certains termes me sont inconnus. Depuis que je l'ai rencontré, pas un instant je n'ai pensé au fait que peut-être Clarke serait incapable de me comprendre.
- Tu as ton propre dialecte, je souligne en regardant Raven.
- Mince, reprend Clarke, je n'avais même pas remarqué que tu avais changé de langue. Je suis trop habitué. C'était simplement une autre façon de promettre, n'est-ce pas Rae ?
- Hum.
- J'aime bien la sonorité de ce dialecte.
- Un héritage presque oublié, répond tristement la jeune femme. Sur l'Arche, nous sommes à peine une vingtaine à le parler. Mais, un grand sourire apparaît sur ses lèvres, je ne désespère pas et compte bien endoctriner Blondie !
- Oh mais je comprends parfaitement ce que tu dis Reyes, je suis simplement incapable de le parler et donc de tenir une conversation.
- Je ne désespère pas ! Si tu arrives à apprendre tout ce qui se trouve dans les pavés de médecine, ce n'est pas l'espagnol qui va te faire peur.
- De mon point de vue, apprendre à sauver une vie me semble bien plus important que de remplir ma tête avec des prononciations impossibles et une conjugaison à se taper la tête contre un mur.
- Je ne comprends pas, j'interviens, toutes les deux, vous faites partie du même peuple mais vous ne parlez pas le même dialecte ? Est-ce qu'il y aurait de clans sur votre, je réfléchis rapidement pour me souvenir du nom que Clarke et cette jeune femme donne au ciel, Arche ? Seriez-vous nées ennemies et devenues amies par la circonstance des choses, par une alliance ?
J'attendais une réponse immédiate, après tout ma question est simple et détaillée. Pourtant, elles semblent toutes les deux réfléchir intensément à la question. Je comprends rapidement que c'est l'amie de Clarke qui va prendre la parole la première. Alors je me concentre pour tout comprendre de son explication juste au cas où, sa réponse comporte à nouveau des termes qui me sont inconnus.
Je la fixe donc avec une grande attention et me retrouve quelque peu déconvenue quand c'est finalement la voix de Clarke qui résonne :
- Je te préviens Rae, si tu oses lui faire une réponse à la Roméo et Juliette, je te tue !
- Mais je n'ai rien dit du tout, s'offusque son amie.
- Je te connais trop bien ! Tu allais le faire, je sais que tu allais le faire !
- Tant pis… de toute façon, je ne saurais pas quel rôle m'aurait collé à la peau. Toi, t'es clairement Juliette mais moi… la laisser pour compte, qu'est-ce qu'il me reste ? Mercutio ?
- Reyes, hurle la blonde, arrête, cette conversation ne doit avoir ni queue ni tête pour Lexa !
- Ni queue, ni tête ? Je répète en essayant de comprendre.
- Sérieusement, elle se retourne vivement vers moi, de tout ce qui vient d'être dit c'est tout ce que vous relevez ?
-Trop drôle, s'esclaffe la brune.
- Que ce soit bien claire pour tout le monde, Clarke lance un regard noir à son amie qui, je dois l'avouer, fonctionne parfaitement bien, à partir de maintenant plus aucune expressions imagées ou références à la culture en général sont acceptées dans cette conversation. Je n'ai pas envie de m'arracher les cheveux à… et merde !
Raven rit de plus belle. Je me surprends à me sentir quelque peu apaisée par cette ambiance. Mais dès que je sens un léger étirement se pointer au bord mes lèvres, je me ressaisis immédiatement. J'espère que personne n'a remarqué mon moment d'égarement.
Je peux à la limite accepter que ce genre de chose puisse arriver en la présence de Clarke. Mais cette autre fille que je ne connais absolument pas, c'est hors de question et surtout, c'est dangereux.
Ces étoiles filantes sont véritablement déroutantes, toutes ce qu'elles en sont. J'espère que je ne vais pas regretter de vouloir trop m'approcher pour apprendre à les connaître.
- Oubliez tous ce qui vient d'être dit Lexa, reprend Raven avec un grand sourire, entendre pour la seconde fois mon prénom franchir les lèvres de cette jeune femme me fait frissonner, simplement, Clarke et moi n'appartenons pas à la même classe sociale.
- Parce que c'est une Skai Princess.
- Elle a plutôt bien compris la situation.
- Je ne suis pas une princesse, s'insurge Clarke. Ne mets pas ce genre d'idée dans la tête de Lexa !
- Comment pourrait-elle mettre une idée dans ma tête, je demande. Peut-être avec ce genre de chose, je pointe l'étrange dispositif entre les mains de Raven du doigt, encore, je me racle la gorge pour contrôler ma méfiance et ma colère, de la science.
- Excellent, pouffe Raven.
- J'en ai marre, souligne en même temps Clarke, j'abandonne.
- Tu t'es piégée toute seule Blondie !
- Est-ce que, je fronce les sourcils agacée, vous vous moquez de moi ?
- Plus de Clarke en fait, s'amuse Raven. "Mettre une idée dans la tête", c'est simplement une expression, une façon de parler, rien d'autre. Comme "Mettre la charrue avant les bœufs", "Tomber dans les pommes", "Couper l'herbe sous le pied", "Avoir des larmes de crocodile"...
- Rae, arrête toi là, tu veux.
Alors que les deux jeunes femmes recommencent à se chamailler. Je tente d'analyser ce qui vient d'être dit. Je me répète intérieurement et lentement la première expression comme l'a appelé Raven : "Mettre la charrue avant les boeuf". C'est complètement stupide ! Comment labourer la terre si la charrue se trouve devant les bêtes ? Il n'y a absolument aucune logique.
Je passe donc à la suivante en tentant de rester calme. En faisant bouger mes lèvres sans produit le moindre son pour le : "Tomber dans les pommes". J'ai beau retourner cette phrase dans tous les sens, il n'y a rien à faire. Si on tombe dans les pommes, on tombe dans les pommes, point. Il n'y a rien d'exceptionnel qui mérite que l'on puisse vouloir s'en vanter.
"Couper l'herbe sous le pied" est la prochaine phrase que je décide d'essayer de comprendre. Je tente d'imaginer ce qu'il adviendrait si un faucheur voulait tenter l'expérience. Je grimace en ne voyant qu'une seule issue à cette terrible main d'œuvre, la perte d'une jambe ou pire de la vie ! Ce ne serait véritablement pas une bonne idée !
Il ne me reste plus que la dernière qui est : "Avoir des larmes de crocodiles". Et si je sais pertinemment ce que sont des larmes, je ne sais pas du tout ce que peut bien être qu'un crocodile. Je ferme les yeux, pas plus d'une seconde ou deux afin d'interroger silencieusement mes prédécesseurs. Je n'obtiens aucune réponse immédiate. Je suppose que si je veux explorer et approfondir ma réflexion à ce sujet, je vais devoir méditer. Rien que je ne puisse faire actuellement.
Alors, je me contente d'ouvrir à nouveau les paupières, particulièrement frustrée de n'avoir aucune réponse. Leur façon de parler est véritablement des plus étrange. J'aimerais que les choses soient plus simples.
- Reyes, le même grésillement qu'un peu plus tôt me fait immédiatement fixer le bracelet de Clarke, Reyes, réponds ! Je te cherche partout depuis un moment et je viens de trouver toutes tes affaires éparpillées près d'un point d'eau.
- C'est Monty ? Demande Clarke impressionnée.
- Il fallait bien que je fasse un teste ou deux avant de vraiment m'atteler à te retrouver. Le génie demande du temps et des expériences !
- Combien de personnes ont enlevé leur bracelet pour que tu arrives à faire ce machin ?
- Juste Monty, Jasper et moi.
- Trois, le regard de Clarke s'assombrit et je crois déceler des larmes dans ses yeux, ça fait trois, l'Arche va penser que trois d'entre nous sont morts.
- Plus que ça en fait, ils…
- Reyes ! Je commence à paniquer là ! D'abord la Princesse Griffin et maintenant toi ? Où vous êtes toutes les deux ?
- Je vais répondre.
Alors que je m'attendais à ce qu'elle parle simplement, elle se met à trifouiller dans son objet construit à l'aide de la science.
Je ne peux m'empêcher d'être méfiante. Je me rapproche de Clarke pour l'éloigner du danger en cas de besoin. Et après plusieurs manipulations qui me semblent absolument incompréhensible, Raven appuie sur un bouton et dit :
- Je suis là Monty, n'alerte pas toute la garde nationale ou l'armée !
- Une armée, je répète assez fort pour que seule Clarke m'entende, quelle armée ? Tu n'as parlé d'aucune force armée.
- Parce qu'il n'y a pas d'armée, répond-elle sans même m'accorder un regard.
- Pourtant, elle vient bien de parler d'une armée, j'insiste.
- Hein ? Quoi, elle se tourne enfin vers moi, mais non, elle agite ses mains, ce n'est pas du tout, elle soupire. C'est encore une façon de parler.
- Il n'y a pas d'armée ? Je demande confirmation.
- Pas d'armée. C'est… Rae lui a simplement demandé de ne pas s'inquiéter et de ne pas partir à sa recherche.
- Pourquoi ne pas juste dire ça alors ?
- Parce que c'est plus long, elle tente.
- Vous devriez éviter de parler de ce genre de choses sans réfléchir, les miens pourraient le prendre comme une menace.
Le regard que Clarke m'accorde à la fin de ma demande préventive est indescriptible. C'est comme si elle essayait de me comprendre sans même faire d'effort, que ses yeux lui suffisait pour passer au-delà de ma carapace. Je me suis rarement sentie à ce point déstabilisée et tout ce qui découle de cet échange c'est un :
- D'accord.
Je ressens une étrange sensation, comme si j'en avais eu trop peu. Pourquoi ne m'accorde-t-elle seulement qu'un mot ? Le fait qu'elle ne cherche pas plus à argumenter m'angoisse. Son comportement change, je n'en comprends pas la raison et j'en suis toute retournée. Clarke a une capacité déconcertante à me faire passer d'une émotion à une autre sans prévenir alors même que j'étais persuadée que mes sentiments avaient tous fini par s'éteindre.
Je ne m'intéresse à plus rien d'autre qu'elle. J'oublie totalement son amie, Raven Reyes. Alors que concrètement, c'est elle qui devrait attirer toute mon intention à cet instant. Après tout, le fait qu'elle soit capable de communiquer avec les siens à distance pourrait être une menace. Qui sait ce qu'elle est à ce moment même en train de dire à cette voix étrange qui fait écho dans cet objet conçu par et pour la science.
Je suis focalisée sur ce qui m'intéresse le plus en oubliant les menaces potentielles. C'est de cette manière que l'on se fait tuer mais je dois bien avouer que pour le moment tout ceci me semble dérisoire.
Tout ce que je veux c'est : être avec Clarke, apprendre à la connaître et continuer à me sentir enfin exister pour la première fois depuis des années. Je vis pour moi et pour de vrai depuis que mon regard a croisé le sien. Pour rien au monde je voudrais que ce sentiment s'efface. Alors je vais le garder jalousement le plus longtemps possible.
- Qu'est-ce que vous en pensez Lexa ? Me demande Raven.
- Pardon ?
Je déteste l'avouer mais je n'ai pas écouté un mot de ce qui vient d'être dit. Je détaille Raven comme si son visage était capable de me répondre avant sa voix puis Clarke qui ne semble pas en accord avec ce qui vient d'être dit. Je suis donc en alerte. Mais je suis perturbée par le franc sourire de la brune. Quelqu'un peu me dire ce qu'il se passe encore ?!
- Je vois, le sourire de l'amie de Clarke s'accentue encore, vous étiez "perdue dans vos pensées", elle exécute le même geste étrange avec ses doigts que la blonde en prononçant les quatre derniers mots, ça arrive même aux meilleurs, elle me fait un clin d'oeil, en fait, surtout aux meilleurs. Je suis moi-même constamment "dans la lune" !
- Arrête tout de suite ce petit jeu Reyes !
- C'est bon, elle soupire devant l'agacement de son amie, je vais lui expliquer, je ne suis pas sadique, elle me regard et esquisse un petit sourire, être "perdue dans ses pensées" ou "dans la lune" veut simplement dire que vous êtes distraite, en pleine réflexion. Ce que je voulais dire c'est simplement que votre esprit était absent de cette conversation. On peut aussi dire : être "coupé du monde", "plongé dans ses pensées" ou "perdu dans les nuages", mais il y en a un tas d'autres !
- Que tu vas éviter de lister maintenant, s'il te plaît.
- Je ne vois pas pourquoi ! Si tu ne lui expliques rien, elle ne risque pas de comprendre et tu vas encore plus t'agacer. C'est ce qu'on appelle communément "un cercle vicieux" ou comme je préfère dire : espiral descendente !
J'ai la sensation que Raven fait exprès d'utiliser des expressions simplement pour énerver Clarke. Je n'arrive pas à savoir si ce comportement m'exaspère comme la blonde ou s'il m'amuse. Je dois avouer que leur façon de communiquer, leur attitude, leur sourire… en fait, absolument tout dans leur comportement est certes nouveau mais surtout agréable.
Elles semblent simplement être heureuses et c'est agréable !
Et puis après un certain temps, je réalise qu'en effet si Raven prend le temps de m'expliquer calmement les choses, Clarke ne le fait pour ainsi dire jamais. Je me demande quelles sont les raisons qui la poussent à ne pas vouloir m'intégrer dans sa façon de parler. Je suis attristée par ce constat, sans réelle explication. Je me reprends rapidement pour éviter que mon état puisse se voir, l'amie de la blonde me semble bien plus observatrice que cette dernière.
- Mon esprit ne pourra jamais être absent, je réponds, je suis Heda. Mais il est vrai que je réfléchissais. Cette fois, je t'écoute Raevan Raeyez, j'assure en la fixant.
- Je suggérai que comme vous ne vouliez pas quitter Clarke, que je retourne au campement sans vous deux pour rassurer tout le monde.
- Pourquoi ? je fronce les sourcils en agrippant mon arme par réflexe.
- C'est évident, poursuit-elle sans vraiment remarquer mon malaise face à la situation. Il faut que nous trouvions la bonne façon d'annoncer aux autres votre présence. Il y a quelques personnes qui seront, j'en suis certaine, récalcitrantes ou même effrayées. Essayez de comprendre, nous avons été envoyés ici pour mourir ou apporter l'espoir qu'une autre vie est possible. Là-haut, elle pointe le ciel de son index, ils sont foutus et ils sont prêts à tout pour survivre, je jette un regard vers Clarke de nouveau agacée par son "impossible". Nous avons des décisions à prendre.
- Qu'est-ce que vous suggérez ? Je demande sans quitter la blonde des yeux.
- Il faut du temps pour construire un plan, répond cette dernière, surtout à Rae. Prenons la nuit pour réfléchir et retrouvons-nous ici demain. Je suis bien en sécurité avec vous Lexa, n'est-ce pas ?
- Evidemment, je me renfrogne en bombant légèrement le torse, tu es sous ma protection.
- Je pense que ça a le mérite d'être clair, s'amuse Raven.
- Mais pour toi, s'inquiète Clarke, ça va aller ? Personne ne va comprendre que tu sois partie à ma recherche et revenue sans moi. Tu es, elle réfléchit, son petit nez se plisse, je la trouve sublime, du genre très acharnée !
- Ne t'en fais pas pour moi Blondie, je vais m'en sortir comme toujours. Je suis une survivante, elle conclut avec un air triste.
Je m'attendais à ce que Clarke rebondisse sur ce point ou même poursuivre la conversation mais il n'y a que le silence. Je ne crois pas m'être déjà sentie à ce point mal à l'aise sans en connaître la raison. C'est peut-être à cause de l'absence de parole alors que ces deux-là aiment énormément parler, ou parce qu'elles n'osent plus vraiment se regarder ou encore à cause de cette peine, qui ne fait que grandir dans le regard de Raven.
D'ordinaire la souffrance ne me fait pas réagir, tout le monde connaît la douleur au moins une fois dans sa vie, certaines choses sont inévitables. Le monde dans lequel nous vivons est cruel.
Je ressers mes poings et ma mâchoire se crispe quand je réalise que ce regard, celui de Raven, est différent. Du moins, je viens de comprendre pourquoi il me dérange à ce point. Il me rappelle ma propre détresse, tout celle que je ne laisse pas entrevoir. Je me rends compte après coup qu'en réalité très peu de personnes doivent voir cette amertume dans les yeux de cette jeune femme, je ne suis pas certaine que même Clarke le remarque. Parce que je vois ses lèvres ou plus précisément son grand sourire.
Raven fait semblant, elle porte un masque, loin d'être aussi sophistiqué que celui d'Heda mais tout de même, il est parfaitement en place et elle ne semble pas vouloir ou pouvoir l'enlever en la présence de Clarke comme je pourrai le faire avec Anya.
Je doute que ma présence soit à prendre en compte parce qu'elles n'ont en aucun cas adapté leur comportement déroutant depuis le début. Cette jeune femme m'intrigue de plus en plus. Pas de la même manière que Clarke, c'est évident. Mais je vois en elle ou plutôt en nous, notre collaboration un brillant avenir.
Quand je la vois s'éloigner en faisant de grands signes ridicules à Clarke et peut-être même à moi, je fais un pas vers elle pour la retenir. Seulement je n'en connais pas encore la raison. Qu'est-ce qui me prend ? Je n'agis jamais sans savoir ce que je vais faire.
- Attends, elle se retourne et je me retrouve parfaitement stupide à ne pas savoir ce que je vais bien pouvoir dire de plus, tu veux nous retrouver ici demain, je trouve finalement, mais quand ? Et seras-tu seulement capable de nous rejoindre ici même ?
- On a qu'à dire, que ce soit Clarke qui me réponde me fait légèrement tressaillir, même heure, il y a un moment de silence, quinze heures, qu'est-ce que c'est que cette façon de parler encore, ça te convient Rae ?
- Yep ! Quinze heures ici, c'est parfait. Je serais sûrement un peu en retard, le temps de vous trouver.
- Justement, je rebondis, ne serait-il pas plus prudent que je… nous, je me corrige, te retrouvions plutôt ? Je ne voudrais pas vexer l'une ou l'autre mais il me semble que vous n'avez pas un excellent sens de l'orientation.
- Je vois, Raven éclate de rire. C'est vrai, je suis incapable de me repérer dans ce milieu, elle plisse les yeux, certainement pour trouver le terme adéquats, boisé mais je suis prête à parier que vous ne seriez pas capable de vous repérer au milieu des plaques grises qui nous entourent sur l'Arche.
- C'est bien pour cette raison que je vous propose de te retrouver. Je suis une excellente pisteuse. Tu n'as qu'à t'éloigner assez du campement des cent et je te retrouverais.
- Vous en faite pas, elle tend son étrange objet, j'ai ce qu'il faut. Tant que Clarke aura son bracelet, je pourrais la repérer.
Cette idée me plait autant qu'elle me déplait et je serais bien incapable d'en expliquer la raison. Il faut dire que d'être capable de savoir en tout temps où pourrait se trouver la blonde est agréable. Mais je crois que je préférais posséder ce pouvoir, qu'il ne soit pas entre les mains d'une autre personne. Pas même celles de Raven.
- D'ailleurs, elle revient sur ses pas en sortant un objet que je ne parviens pas à reconnaître, je vais tenter d'améliorer rapidement ce dernier.
- Qu'est-ce que c'est, je me décale assez pour lui faire barrage.
- Euh…
- Lexa, soupire Clarke dans mon dos, je pensais que nous avions convenu que Raven n'était pas une menace !
- Mais elle tient une arme !
- Ah, semble enfin comprendre la principale intéressée, mais pas du tout ! C'est un tourne-visse, tout ce que je pourrais zigouiller avec c'est une machine !
- Zigouiller, je répète incertaine.
- Tuer, traduit cette fois Clarke. Mais elle ne serait même pas capable de faire du mal à une machine, je l'ai vu pleurer en démontant une cafetière hors service une fois.
- Hey, s'offusque la brune, cette cafetière n'avait pas demandé qu'on la dissèque et je n'avais que huit ans ! Si j'étais resté aussi sensible, je serais incapable de bosser comme il se doit. Sur l'Arche c'est soit tu démontes pour reconstruire, soit tu crèves !
- Tout va bien Lexa, Clarke dépose une main sur mon épaule et si je dois me battre pour ne pas surréagir dès le contacte après un temps, je l'apprécie, laisse la approcher.
J'acquiesce en me décalant. Je n'en connais pas la raison, mais à cet instant précis, je ne fais pas confiance à ma voix et je refuse de l'utiliser. J'observe alors avec beaucoup de curiosité Raven travailler sur le bracelet de Clarke. Elle semble terriblement habile. Parfois, je suis obligée de plisser les yeux pour voir à défaut de comprendre ce qu'elle fait. Elle change parfois d'objet pour travailler, en gardant un dans ses cheveux, entre ses lèvres, en confiant un à Clarke en en mettant un dans l'une de ses nombreuses poches. Comment pouvait-elle cacher toutes ces choses sur elle ? J'aurais dû la fouiller ! Absolument tout ce qu'elle utilise pourrait être transformé en arme, j'en suis certaine !
- T'as bientôt fini ? s'impatiente Clarke.
- Tout juste, sourit Raven avant qu'un étrange bruit me fasse légèrement sursauter, on fait un essai ? Je ne suis pas trop sûre de moi sur ce coup. Je suis passé de tout ce machin, elle tend son étrange objet, à ça, elle pointe le bracelet. Donc, j'entend un bruissement qui fait frissonner, je connais très bien ce bourdonnement, il accompagne souvent les Mounons quand ils osent sortir de la montagne, vas-y essaye, tape deux fois sur le dispositif que je viens d'installer et parle.
- Okay, Clarke s'exécute, un, deux, essai.
Je suis absolument perdue quand j'entends sa voix se répéter parfaitement un peu plus loin. Elle est simplement déformée mais les mots sont exactement les mêmes. Raven fait exactement la même chose et cette fois, sa phrase se répercute jusque dans le bracelet. Je bondis, agrippe le poignet de Clarke et le fait tourner dans tous les sens pour comprendre.
- Doucement Lexa !
- Quel genre de magie est-ce là ?
- Encore une fois, ce n'est pas de la magie, répond Clarke avec un mince sourire, mais de la science.
- Je n'aime pas la science, je réponds durement.
- Je sais, elle répond tout doucement. Mais Rae, elle soupire par le nez avant de fixer son amie, la science et Rae c'est comme une grande histoire d'amour, elle passe plus de temps avec les machines qu'avec de vraies personnes, elle serait incapable de faire du mal avec ses inventions.
- Ouais, je me retourne pour aviser de la réaction de son amie, qui se gratte nerveusement l'oreille, il faut se méfier tout de même, je fais attention mais rien ne me dit qu'un jour une de mes inventions ne se terminera pas en bombe nucléaire. La science est dangereuse, confirme-t-elle, je suis d'accord avec Lexa sur ce point. Tout dépend des mains dans lesquelles se trouve ce, elle me fixe, ce pouvoir.
- Tout est une question de balance, reprend Clarke, une personne choisit ce qu'elle fait d'un couteau, soit elle coupe une pomme, soit elle tranche la carotide d'une autre personne.
Je me souviens que nous avions déjà eu ce genre de conversation après qu'elle ait tué la lampe. Je soupire décidée à lui faire confiance, à elle mais aussi à Raven. D'autant que je n'oublie pas que cette dernière aurait peut-être les capacités pour nous débarrasser du brouillard acide. J'aimerai lui en parler dès maintenant mais le jour commence à tomber.
- Si tu es toujours en accord avec cette décision Clarke, je reprends, nous devrions nous séparer maintenant.
- Pas de soucis ! J'ai laissé un tas de matériel en bordel, j'espère que rien n'a disparu.
- Attends, la retient Clarke en la prenant dans ses bras, ce qui me contrarie à nouveau, fais attention à toi.
- Toujours !
- N'importe quoi, murmure à peine la blonde, tu te mets plutôt toujours dans des situations impossibles.
- A qui la faute, rit doucement Raven. Sérieusement, elle se détache des bras de son amie, gardez-là à l'œil Lexa. Clarkie a une fâcheuse tendance à se mettre en danger sans même s'en rendre compte.
- Je ne la quitterai pas des yeux, j'assure.
Cette fois, elle nous quitte sans plus s'attarder. Je reste sur place parce que je comprends que Clarke n'est pas encore prête à s'éloigner. Je ne suis pas certaine de savoir ce qu'elle regarde avec autant d'insistance, son amie a disparu depuis longtemps.
- Je suis différente, n'est-ce pas ?
- Je ne comprends pas, je réponds.
- Quand je suis avec Rae, je suis différente.
C'est vrai que maintenant qu'elle le souligne, Clarke me semblait plus distante par moment. Mais en même temps, elle paraissait tellement heureuse. En fait, absolument tout son comportement me semblait anormal mais j'ai cru que pour elle c'était habituel.
- Je ne suis pas certaine de comprendre.
- Raven est sans nulle doute la personne que j'aime le plus au monde, je ressens un douloureux pincement au cœur. Mais quoi que je fasse, elle est tout le temps triste. Vous l'avez remarqué aussi ?
- Son masque, j'acquiesce.
- En voilà une jolie expression, elle sourit. Oui, Raven se cache derrière un masque, tout le monde le fait un peu mais elle… c'est tout le temps.
Comme moi, c'est peut-être pour cette raison que j'ai fini par lui faire confiance aussi facilement. Parce que nous nous ressemblons.
- Vous l'avez entendu quand elle a dit qu'elle n'était pas certaine de vouloir que l'Arche puisse nous rejoindre ?
- En effet.
- Si vous devez de nouveau partir mettre votre armure et être prête à vous battre pour me venger…
- Quand tu veux, je la coupe.
- Lexa, elle murmure à peine mon prénom et je suis hypnotisée par son regard alors que les battements de mon cœur s'emballent. Il faut que vous compreniez quelque chose d'important, il n'y a pas que moi à venger, mais aussi Raven et absolument tous les cent.
- Mais, je reprends la bouche sèche, c'est impossible.
- C'est impossible, confirme-t-elle et je ne pensais pas cela possible et pourtant, je suis encore plus en rogne que tout à l'heure, pour le moment, reprend-elle et je m'engouffre dans cette brèche qui me permettrait de rendre la pareille à Clarke.
- Quand ?
- Le jour où l'Arche descendra nous rejoindre sur Terre, dit-elle avec conviction. Là-haut, elle pointe le ciel du doigt, il reste énormément d'étoiles à protéger quand elles descendront mais il y en a aussi dont vous… nous devrons nous méfier.
- Le Chancelier, je me souviens.
- Et tous les membres du Conseil, même ma mère.
Voilà pour le nouveau chapitre de cette fiction. J'espère qu'il vous a inspiré et qu'il vous a plu ! Des suppositions pour la suite ? J'ai hâte de connaître vos réactions sur les échanges du trio Lexa, Clarke et Raven. Il y a un peu de jalousie dans l'air mais elle finit par passer ou pas… mais dans l'ensemble, elles ont trouvé un terrain d'entente.
Je suis évidemment ouverte à toutes les critiques, qu'elles soient positives ou négatives, à condition que le commentaire soit constructif.
Les Notes :
Note n°13 : Vancouver Sleep Clinic est un chanteur et musicien de musique électronique plus précisément d'ambient qui est un genre de musique, dont les limites sont difficiles à définir. Le pionnier du genre est Brian Eno. Voilà ce qu'il dit sur ce genre : "La musique ambient doit être capable d'accommoder tous les niveaux d'intérêt sans forcer l'auditeur à écouter ; elle doit être discrète et intéressante". Someone To Stay est un single sorti en 2016. Vous avez peut-être entendu cette chanson dans The Good Doctor.
Note n°14 : Roméo et Juliette est une tragédie de William Shakspeare. Écrite au début de sa carrière, elle raconte l'histoire de Roméo Montaigu et de Juliette Capulet, qui s'aiment malgré la haine que se vouent leurs familles et connaissent un destin funeste. Il existe plus de 20 opéras qui raconte cette histoire. Roméo et Juliette a aussi inspiré plusieurs œuvres de jazz, dont l'énorme chanson Fever de Peggy Lee. La plus célèbre des comédies musicales adaptées de la pièce est West Side Story, , lancée à Broadway en 1957, elle fait l'objet d'une adaptation au cinéma en 1961 et d'un reboot de Steven Spielberg en 2021. La tragédie a connu énormément d'adaptations au cinéma la plus connue reste sûrement Roméo + Juliette de Baz Luhrmann, sorti en 1996.
En espérant vous retrouver pour le prochain chapitre !
GeekGirlG
