Salut à tous ! :)

Quelques mots sur cette fiction : Les étoiles filantes sont les larmes du ciel. Du moins c'est ce que disent toutes les histoires. Alors comment expliquer que l'une d'elle ait rendu le sourire à une petite fille ? L'espoir que lui apporta cette rencontre changea radicalement son destin et celui de toute une nation. – Clexa –

Les personnages de la série The 100 ne m'appartiennent pas, tout comme les musiques que je peux utiliser dans l'histoire.

Je remercie tout particulièrement MaraCapucin d'avoir accepté d'être ma bêta et de relire mes nombreuses fictions pour que la lecture vous soit plus agréable, mine de rien c'est beaucoup de travail.

Je vous souhaite une bonne lecture et je vous retrouve en bas ! :)


Étoile filante

Chapitre n°11 - Cette Fille... femme

When I look back,

I look back on the times you tried to hide

Inside your delicate mind

In the end, in the end I'm just the same as you

And it's alright, just stay by my side

And I will hold on...

RHODES – Close Your Eyes

Anya ⸙

C'est fini.

Le danger est passé.

Il ne reste plus aucun Maunon encore debout.

Raeven est en sécurité, enfin.

Je range mon arme et passe de corps en corps pour m'assurer que s'ils ne sont pas morts, la fin est proche. Je m'accroupis près d'une femme a qui je n'ai rien fait de plus qu'une entail au bras. Sans leurs armes, nos ennemis sont bien faibles. Je fronce les sourcils et soupire avant d'encercler avec beaucoup de force son bras pour que le sang ne jaillisse plus. Pourtant elle continue de suffoquer.

Je ne dois pas avoir de pitié. Son peuple est bien plus cruel que tous les nôtres. Et point non négligeable, ils ont décidé de s'en prendre à Raven : grave erreur !

- Pourquoi être sorti de votre montagne ? Pourquoi vous en prendre à Raevan ?

- Pour son intelligence, toussote-t-elle, pour son sang, un sourire mauvais apparaît sur ses lèvres, et si nous avons échoué, elle se tourne vers la position de Raven et j'enrage avant de remarquer son absence et de complètement paniquer, d'autres y parviendront. C'était une opération à grande échelle.

- Raevan, j'appelle. C'est pas vrai, je manque de tomber quand la femme me retient par la cheville, lâche-moi immédiatement, ma voix tonne et mon regard se noircit.

- Vous allez perdre, elle rit, nous survivrons, nous sommes les seuls vrais héritiers de la Terre et si vous ainsi que ce nouveau peuple devez tous périr pour notre prospérité et bien soit.

Saleté de monstre sans cœur ! J'ai déjà rencontré bien trop de personnes comme elle dans ma vie. J'aurai pu choisir de lui épargner la lente agonie qui l'attend mais elle ne mérite aucune pitié. Je lui fais lâcher prise et je me mets à courir pour retrouver Raven.

J'ai du mal à me concentrer, j'imagine le pire. Je me dis qu'un autre groupe de Maunons que je n'aurai pas repéré ont profité de la diversion que je leur ai offerte pour entraîner Raven dans la montagne. Si c'est le cas, il est probable que je ne me le pardonne jamais. Je me suis rarement précipitée à ce point, mes yeux sont partout. Je me retiens de hurler son nom parce que j'ai bien compris que ce groupe n'était pas le seul dans les parages et il ne sert à rien d'attirer leur attention plus que nécessaire.

Je m'arrête net devant l'étrange pliage en papier que Raven a confectionné et m'a donné. Je me penche pour le ramasser. Je retire un bout de feuille qui s'est coincé entre les pliures et range précieusement ce cadeau dans l'une de mes poches. Ce moment a été plus que nécessaire, j'ai repris le contrôle de mes émotions. Le calme. Il m'habite de nouveau et je dois le rester si je veux avoir une chance de retrouver Raven.

Je remarque les taches de sang sur le sol, rien d'alarmant mais j'en ai tout de même un pincement au cœur. J'espère sincèrement qu'il ne lui est rien arrivé de grave. Je suis cette piste et je fini par entendre des sanglots avant de la voir recroqueviller sur elle-même, seule, loin de tout danger. Je m'approche lentement, sans faire le moindre bruit. Je reste attentive à tout ce qui peut nous entourer. Je n'oublie pas la menace de cette femme mourante, il y a d'autres Maunons dans le secteur.

- Raevan, je murmure tout doucement en me mettant à sa hauteur.

J'attends une réaction qui ne vient pas. Il me faut un peu plus de temps pour réaliser que ses deux mains sont plaquées sur ses oreilles et que ce que je prenais pour des sanglots n'en sont pas. Il s'agit de mots, d'une phrase ou deux qu'elle répète inlassablement. Je suis frustrée parce qu'il ne s'agit ni de la langue commune, ni de celle des Trikus. Je ne comprends pas du tout.

Je me rapproche un peu plus. J'hésite alors que je ne le fais jamais mais je fini tout de même pas déposer délicatement ma main sur son épaule. Elle sursaute presque violemment, je n'ose pas rester en contacte avec elle. Je retire ma main au même moment où ses yeux se posent sur moi. Elle est effrayée, rien ne permet de douter.

Il faut que je trouve un moyen de la rassurer. J'inspire profondément, je lève lentement mes bras pour qu'elle puisse parfaitement les voir et conclure que je ne lui ferais pas de mal. En revanche j'ignore ce qui inspire mon prochain geste, celui qui me fait retirer ma capuche, abaisser le foulard sur le bas de mon visage et effacer une partie de mon maquillage de guerre avec un pan de ma manche.

- Tu n'as rien à craindre, je lui assure. Le danger est passé.

- Vous avez tué ces gens.

- En effet. C'était eux ou toi.

- Vous êtes une meurtrière.

- Une tueuse, je fronce les sourcils, pas une meurtrière.

- Il y a vraiment une différence ?

- Evidemment, je m'offusque, je ne prendrais jamais une vie pour le plaisir.

Raven s'apprête à me répondre mais j'entends du bruit. Alors je plaque rapidement ma main sur sa bouche, me redresse légèrement et lui fait signe de ne pas faire de bruit. Je repère rapidement le fameux autre groupe de Maunons, mais il ne semble pas à notre recherche pour le moment. Il est préférable de rester discret. Je ne veux pas risquer de perdre à nouveau Raven de vue.

Je me réinstalle près d'elle, les doigts bien serrés sur la poignée de mon arme. Je ne suis pas rassurée. Je n'aime pas être sur le territoire de ces monstres. Je me concentre sur ma respiration. Il faut absolument que je reste maître de mon esprit et de mon corps. Je ne dois pas sur-réagir, ni par peur, ni par colère.

Je me relève avant de me remettre accroupie aussitôt en repérant encore un autre groupe de Maunons. La femme mourante n'a pas menti, ils sont nombreux. Sauvegarder Raven n'est plus mon seul objectif, il faut aussi et surtout que je prévienne sans attendre Lexa de cette attaque. Je grogne en Tri avant de plonger mon regard dans celui de ma vis-à-vis, je soupire et lui annonce tout bas :

- Nous ne pouvons pas rester ici.

Elle acquiesce doucement de la tête. Je prends le temps de bien observer les alentours pour parer à toute éventualité. Si j'étais seule, je ne m'inquièterais pas à ce point mais j'ignore tout des capacités physique de Raven. Enfin, je ne sais rien hormis le fait qu'elle est rapide.

- Tu te sens de courir.

- Je devrais y arriver.

- Parfait, tu vois le buisson là-bas.

- Il y a des buissons partout.

- Les épines vinette, je précise.

- Ah oui, un rire étrange lui échappe, c'est tout de suite beaucoup plus clair.

Je l'observe un moment avant de comprendre qu'elle ne sait pas du tout ce que sont des épines vinettes. Et si cette information me laisse un moment perplexe, je me souviens finalement qu'elle vient tout droit du ciel. Je jette un rapide coup d'œil vers le haut. Je fronce les sourcils en réfléchissant. Oui, je suppose qu'il n'y a pas ce genre de choses d'où elle vient.

- Très bien, je retiens de justesse un soupir et préfère lui tendre la main, allons-y ensemble.

- Je veux bien, elle semble hésitante, mais ne tuez plus personne. Promettez.

- Tu veux que je laisse un ennemi qui allait te tuer pour collecter ton sang vivre, je m'offusque.

- Collecter mon quoi, elle fait une grimace dégoûtée. Ce sont des vampires ? Ce genre de chose est réel ? Ce n'est plus fictif ?

- Je ne sais pas ce que sont des vampires.

- Des suceurs de sang avec d'énormes crocs, des capes, une ambiance sombre, des pieux et n'oublions pas l'ail !

Absolument tout ce que Raven vient de dire n'a pas le moindre sens ! Pourtant, je ne réagis pas. Je préfère éviter de repousser notre fuite. Et puis pourquoi elle ne prend pas ma main ? C'est très désagréable !

- Nous y allons ? Je demande.

- Vous n'avez pas promis.

- Je ne laisserai pas ces monstres s'en prendre à nous. Si c'est eux ou nous, il n'y aura pas d'hésitation !

- Dans ce cas, je ne viens pas.

- C'est stupide, je m'agace. Il faut que nous partions, maintenant !

- Promettez avant, exige-t-elle en plongeant avec beaucoup de détermination ses yeux dans les miens.

J'en rage ! Ce n'est pas possible ! Mais pourquoi est-ce qu'elle réagit de cette façon ? Je ne comprends pas ! Qu'est-ce qu'elle attend de moi au juste ? Que je reste bien sagement sur le côté, l'arme dans son fourreau pendant que des meurtriers parce qu'eux en sont c'est certain, s'en prennent à nous ? C'est un suicide déguisé !

- Je ne supporte pas la vue du sang, poursuit-elle sans me quitter des yeux, ni la violence, ajoute-t-elle. Je ne vous suivrais pas tant que je n'aurais pas la confirmation que vous... ne tuerez plus.

Je n'arrive pas précisément à savoir pourquoi ces mots me touchent tant. Peut-être parce qu'une part de moi comprend parfaitement ce que Raven veut transmettre. Malheureusement, le sang et la violence font partie de la vie. Et même si Lexa tant à changer ces dynamiques ancestrales que notre mode de vie est plus calme, presque paisible, les choses restent compliquées.

J'ai accepté de ne pas me venger pour cette petite fille qui ne parlait que de paix et qui est finalement devenue Heda. Pourtant la rancœur, la rage et ce vide qui gangrènent tout mon être ne me laisse pas une seconde de répit.

Je comprends Raven mais je ne pourrais jamais être comme elle et pourtant...

- Très bien...

Je laisse traîner ces deux mots alors que des pas rapides se rapprochent. Je prends avec force son poignet et je la pousse à se lever rapidement. Elle trébuche légèrement, se rattrape en s'appuyant sur mes épaules. Mon cœur s'emballe et j'entends à peine ma voix quand je poursuis :

- ... je promets.

Je ne jette pas un œil en arrière. Je ne prends pas le temps de m'assurer que Raven est prête. Je me contente de courir. Je fuis... mais contrairement aux autres fois, je ne suis pas certaine de savoir quoi. Est-ce que ce sont les hommes des Montagnes ou plus extravagant mais aussi plus plausible : ce que cette fille, correction femme, tombée du ciel vient de réveiller dans mon cœur ?

Je ne suis pas assez prudente mais l'urgence me force à prendre des risques. Je tressaille à chaque fois qu'un bruit me semble plus prononcé qu'un autre. Je n'ai pas l'habitude de me déplacer dans ces conditions. Le pire, c'est que j'ai la sensation que c'est bien moi qui fait le plus de boucan alors que malgré quelque maladresse de sa part Raven est des plus silencieuses.

Pourtant, à chaque fois que je me tourne assez vers elle pour m'assurer qu'elle parvient à suivre le rythme. Je remarque combien elle souffre. Je peine à imaginer le genre d'entraînement qu'elle a dû subir pour accepter de fournir un tel effort alors que la douleur prend largement le dessus. Je me demande encore une fois, pour quelle raison Raven semble la seule à avoir la capacité de survivre.

J'entends plusieurs groupes nous entourer. Je ne vais pas pouvoir continuer à ce rythme. Il faut que j'accélère pour prévenir Lexa du danger mais aussi pour être certaine que ces monstres tout droit sortis de leur montagne ne nous rattrape pas. Seulement, Raven ne pourra jamais tenir ce rythme sur une aussi longue distance. Elle a besoin de repos et de panser ses plaies.

Il faut que je trouve rapidement une solution. Si seulement je n'avais pas promis de ne pas tuer à nouveau. Qu'est-ce qui m'a pris ? Donner ma parole sur quelque chose d'aussi important dans un tel moment. C'est vraiment n'importe quoi ! Cette fille… femme me fait faire et dire n'importe quoi ! C'est absurde !

Je n'ai aucun mal à repérer les points stratégiques qui me permettrait d'attaquer et de me débarrasser d'au moins deux autres groupes. A la place, je fuis comme une lâche. Je fronce les sourcils alors que je perçois sans mal le rythme de Raven ralentir, elle fait peu de bruit mais je reste focalisé principalement sur ces derniers. Je me retourne, un seul coup d'œil me permet d'évaluer la situation. Elle ne va plus tenir longtemps.

Les traits de son visage sont tordu par la douleur. Mais ses yeux… ses yeux sont teintés d'une détermination telle que j'en ai rarement vu. Ce n'est pas la situation qui lui confère un tel regard. Raven est sans nulle doute une personne qui à l'habitude de se relever et de se battre dans n'importe quelle situation. Comme moi. C'est peut-être pour cette raison que je suis aussi curieuse, voire même à ce point attirée vers elle. D'une certaine manière, nous nous ressemblons.

Je ralentis assez pour être à sa hauteur. Une part de moi me souffle de l'abandonner là. La faiblesse n'apporte que la mort. Mais je ne peux pas m'y résoudre. Je dois… veux la sauver. Alors, je tends assez le bras pour agripper son poignet et l'aider à reprendre de la vitesse.

- Tiens bon, nous sommes presque arrivées à une planque. Les Maunons ne nous y trouveront pas.

Cette décision n'a absolument rien à voir avec mon plan initial mais je dois prendre des décisions rapidement. Je vais d'abord mettre Raven en sécurité. Ensuite, j'irai prévenir Lexa. Je ne peux de toute évidence pas faire les deux à la fois. Faire passer en premier la jeune femme venue des étoiles est un choix risqué, je pourrais arriver trop tard pour prévenir mon peuple, protéger Heda et diriger l'attaque. Pourtant, je choisis en tout état de cause de suivre ce plan.

Je n'abandonnerai pas Raven !

Quand j'aperçois enfin l'endroit qui va apporter un peu de répit à la jeune femme épuisée qui me suit pourtant sans se plaindre, je ralentie très légèrement. Je n'aime pas du tout les bruits que je perçois autour de nous. C'est comme si nous étions complètement encerclées. Les Maunons sont partout. Ils n'ont jamais été aussi nombreux à sortir en même temps. Est-ce que c'est notre armée qui les a poussés à un tel extrême ou les étoiles tombées du ciel ?

Je m'appuie sur la carcasse d'un objet inconnu qui vient du passé et qui cache une de mes planques habituelles. Je suis essoufflée. Il est rare que je me retrouve dans de tels états. J'ai dû bien plus m'inquiéter que ce que je pensais. Mes émotions ont pris le dessus, elles ont même débordé et elles ont influencé mon corps. C'est inhabituel. Un seul regard vers Raven et je comprends parfaitement ce qui a provoqué cet état.

- Entre, je dis tout doucement. Tu y seras en sécurité.

- Est-ce que c'est une voiture ?

- Une quoi ? Non, je secoue vivement la tête, ce n'est pas important ! Entre vite, ils sont partout. Je te suis.

Je pensais seulement laisser Raven ici et repartir aussitôt pour prévenir les autres mais ce serait trop dangereux. Je préfère attendre encore un peu que le danger passe. J'ai l'avantage du terrain. Je les rattraperai un peu plus tard. Je perçois un bruissement plus inquiétant. Ils sont là. J'écarquille les yeux, effrayée pas pour moi mais pour celle que je m'acharne à sauver depuis tout à l'heure et aussi en repensant à cette stupide promesse.

Je passe à mon tour dans la relique du passé sans faire attention. Raven est encore là et je la bouscule. Je la rattrape juste à temps avant que son corps n'entre en collision avec le métal, ce qui aurait provoqué un bruit qui aurait forcément alerté nos assaillants.

- Qu'est-ce que tu fais encore là, je grogne. Tu as bien failli nous faire repérer !

- Il y a un trou béant. Je ne voulais pas tomber.

- Je n'ai pas le temps pour ça, et sans plus de préambule, je la pousse, un petit cri lui échappe, je grimace, observe les alentours, j'aperçois une ombre se rapprocher, j'espère qu'ils ne nous trouveront pas, j'empoigne mon arme. S'ils y parviennent, promis ou non, je les tue !

Et je saute à mon tour. Je me réceptionne parfaitement bien à côté du corps de Raven étalé sur le matelas qui a sans nul doute ralentit sa chute. Je l'observe et remarque en une fraction de seconde qu'elle me fusille du regard. J'arque un sourcil avant de détourner les yeux. Personne n'a jamais osé me lancer ce genre d'avertissement silencieux hormis Lexa. Je souris malgré moi, elle a un sacré caractère.

- C'est parfait, je l'entends se redresser, ce n'était déjà pas assez douloureux. Je vous remercie.

- De rien, je réponds par mécanisme.

- Ce n'était pas de vrai remerciements, acerbe-t-elle sans la moindre émotion ce qui attire aussitôt de nouveau mon regard sur elle. Ne me regardez pas comme ça, soupire-t-elle. Tout mon corps me fait mal, je suis forcément de mauvais poil et comme il n'y a que vous à proximité, c'est forcément vous qui allez tout prendre. Lo siento, no lo siento.

- J'apporterai de quoi soigner tes blessures quand je reviendrais.

- Parce que vous comptez partir ? Non, hum, hum, elle secoue la tête de droite à gauche à une vitesse folle, hors de question ! Prefiero morir ! Je ne reste pas seule ici ! Si encore je savais où était ce "ici", je ne dis pas mais même là c'est un non ferme et définitif ! Je ne reste pas seule ici, son regard est vraiment effrayant. No te dejare mas !

- Tu resteras ici, je lui assure, même si je dois t'attacher !

- En quoi est-ce que vous seriez mieux que ceux qui viennent juste de le faire ?

- Je viens de te sauver la vie !

J'ai envie de hurler. Je ne supporte pas l'idée d'être comparé pour une seconde fois à ces monstres ! Je ne suis pas du tout comme eux.

- Un point pour vous mais ce n'est pas pour autant que je vais rester ici !

- Il faut que tu restes ici !

- Non !

- Je dois prévenir Heda du danger et tu ne peux pas suivre donc : je pars et tu restes !

- Je vais venir, elle se redresse très difficilement, et suivre parfaitement. Je ne vous ralentirais pas.

- N'as-tu aucune conscience des limites de ton corps ? Tu tiens à peine debout.

- J'ai connu pire ! Je peux suivre mais certainement pas rester enfermée dans un endroit sombre et étroit. Oh pire ce que je risque c'est me faire passer un savon par Clarke, j'ai l'habitude. Je ne resterai pas ici alors passons immédiatement à autre chose.

- Mais comment c'est possible d'être à ce point obstinée, je marmonne en me redressant. Tu restes, j'ordonne en bousculant à peine son épaule pour qu'elle s'effondre. Je préférerais ne pas avoir risqué ma vie pour sauver la tienne et que tu meurs juste après.

- Je…

- Ça suffit, cette fois le ton monte malgré moi.

Il me faut un moment pour réaliser que Raven vient de me faire sortir du contrôle constant que je m'impose. Je viens de crier sur elle. Je n'ai jamais hurlé sur personne. J'écarquille les yeux subitement en réalisant que quelqu'un m'a peut-être entendu. Je regarde aussitôt vers le haut. J'attends quelques secondes. Je serre plus que de raison la poigne de mon arme. Je clos mes paupières pour me concentrer. Plusieurs insultes m'échappent quand je perçois sans mal des pas et des voix se rapprocher de nous. Comment est-ce que j'ai pu être à ce point imprudente ?

Un regard vers Raven me suffit pour m'assurer qu'elle a saisi l'urgence de la situation. Un soupir m'échappe. Je suppose que je ne vais plus avoir à la convaincre puisque désormais je vais être obligé de rester avec elle. Je m'en veux tellement ! S'il arrive quoi que ce soit à Lexa, je ne pourrais jamais me le pardonner.

- Je crois que ceux qui se sont enfuis sont là !

- Encercler les !

- Ne pas tuer, je grogne. C'est vraiment n'importe quoi, et j'appuie avec force sur le bouton à ma droite, je connais parfaitement son emplacement. Nous sommes maintenant bloquées ici ensemble, tu es contente ?

Un bruit très reconnaissable, se fait entendre. La porte se ferme. Les Maunons se précipitent. J'ai le temps de croiser le regard de l'un d'entre eux avant qu'une énorme dalle ne nous sépare définitivement. Je lâche un soupir juste avant que les lumières artificielles ne jaillissent. Bien que cet endroit m'ait sauvé la vie de nombreuses fois, je le déteste. J'ai conscience que cet endroit appartient au passé. J'y ai emmené Lexa une fois après qu'il m'ait sauvé du brouillard de ces lâches et même les voix des anciens Heda n'ont pas pu nous dire avec exactitude quel était cet endroit. C'est en partie pour cette raison que je ne m'y sens pas en sécurité, tout ce qui est inconnu à un potentiel dangereux.

- Un bunker, la voix de Raven me fait sursauter. Depuis le début, nous étions dans un bunker ? Il fallait le dire que ce n'était pas tout riquiqui et sombre, j'aurai fait moins d'histoires pour rester.

Je fixe Raven avec mille et une questions en tête. D'abord : Qu'est-ce qu'un bunker ? Ensuite : En quoi est-ce rassurant ? Puis : C'est quoi riquiqui ? Et enfin : Comment ça, elle aurait fait moins d'histoire ? Donc j'aurais pu la laisser ici depuis le début si j'avais su que cette chose était un bunker ? C'est complètement aberrant !

- Trop bien, elle file à toute vitesse vers le fond de la pièce. Des ordinateurs ! Une console de communication ! Kia ! Il y a même une boîte de pièces détachées et des outils ! C'est le paradis ici !

Je l'observe passer d'un endroit à un autre en s'extasiant sur un nouvel objet inconnu, tout en lui donnant un nom en restant bouche bée. Est-ce que toutes ces choses ont vraiment une utilité quelconque ? Moi qui pensais que ce n'était rien d'autre que de banale attrape poussière…

- Oh trop bien, j'écarquille les yeux en la découvrant en équilibre précaire la main dans un tiroir, il y a même à manger !

- Tu vas tomber, je me précipite alors qu'elle commence à trébucher. Je n'arrive pas à le croire, je grogne une fois qu'elle est hors de danger. Tu es déjà blessée pourquoi tu fais quelque chose d'aussi inconscient ?

- Vous me tenez bien ?

- Evidemment !

- Alors je vais regarder encore plus haut, elle me fait un clin d'œil avant de se mettre sur la pointe des pieds.

- Tu fais exprès d'être aussi inconsciente ?

- C'est inné chez moi !

- Tu es blessée.

- Bingo ! Trousse de secours ! Je me disais aussi que c'était indispensable dans un bunker ! J'ai bien fait de fouiller en dépit de la douleur.

- Pourquoi ? Une boîte blanche ? C'est complètement inutile, je recule alors qu'elle descend de son perchoir.

- Pas du tout. Il y a de quoi me soigner dans cette boite.

Curieuse, je m'approche mais plisse le nez quand je ne reconnais aucun des remèdes que j'ai pu utiliser. Raven observe avec une grande attention les soi-disant traitements. Il me faut un temps pour remarquer l'écriture. Pourquoi écrire sur des médicaments ? Je prends l'un d'eux et l'observe en plissant des yeux. Je penche la tête sur le côté avant de fixer de nouveau Raven. J'hésite un moment avant de demander :

- Tu sais lire ?

- Je sais lire un tas de langue, elle sourit. J'ai lu absolument tous les livres qui se trouvent sur l'Arche, trop peu à mon goût. Attendez, elle se redresse et plonge ses yeux dans les miens, vous ne savez pas lire ? Alors pourquoi vous n'avez pas touché à mes affaires cette fois-là ?

- Je n'ai pas l'habitude de me faire surprendre, je réponds les joues en feu.

- Mais vous avez pris l'origami, elle sourit.

- L'origami ?

- L'oiseau en papier, celui que vous m'avez confié tout à l'heure.

- Un oiseau, je souffle en le récupérant dans ma poche. Un oiseau, j'essaye de le voir en le plaçant de plusieurs manières différentes.

- Attendez, Raven me le subtilise sans que je n'ai le temps de réagir, voilà, elle le place sous mes yeux, comme ça. Vous avez le bec, juste ici, elle laisse son index passer doucement sur le papier, là les ailes et la queue juste ici, elle sourit d'autant plus. Vous le voyez maintenant ?

Je le vois. Etrangement, je trouve cette chose inutile, magnifique. Je dois me retenir de sourire. C'est plus difficile que d'habitude. Alors je détourne les yeux mais j'ai la très mauvaise idée de la regarder : elle. Cette Raven Reyes est vraiment sublime. J'ai rarement rencontré une femme aussi belle. C'est déstabilisant. Ses traits sont si différents de ce que je peux connaître.

Et ce sourire… pourquoi les étoiles sourient autant ? N'est-ce pas considéré comme une faiblesse ? Je ne dévoile cet aspect de ma personnalité qu'avec Lexa, personne d'autre. Pourquoi Raven se divulgue-t-elle aussi facilement devant une inconnue ? N'a-t-elle pas peur ?

- Oh mais j'y pense, son changement de ton et de comportement soudain me fait sursauter. Lexa ! Enfin Heda ! Vous vouliez lui parler ! Je… je peux peut-être faire quelque chose. Dommage que je n'ai pas mon propre système de communication, ce serait plus facile que de tout reprendre depuis le début mais je peux le faire.

- Tu peux parler avec Lexa ? Je demande dubitative.

- Pas tout à fait. Je vais parler avec Clarke qui elle va prévenir Lexa, avec ça, elle pointe un objet qui me semble plus suspect qu'autre chose. Allez mon grand, elle appuie sur un bouton et il y a encore plus de lumière qui jaillit, montre-moi ce que tu as dans le ventre.

- Euh. Ce n'est pas dangereux ?

- Bien sûr que non ! Ah ! C'est vrai que Lexa n'aime pas la science vous non plus je suppose. Mais entre mes mains, la science n'a rien de mauvais. Je vous le promets. Je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider.

- Donc, je passe mon sac de transport devant moi au même moment où Raven se tourne vers moi, cette chose aussi, je sors l'objet qui lui a permis de retrouver Clarke, c'est de la science ?

- Vous l'aviez depuis le début, elle se redresse vivement. Pile ce dont j'avais besoin ! Je peux ?

- C'est à toi. J'ai aussi tes chaussures, je les sors, enfin je suppose que c'en est.

- Parce que ce que vous avez aux pieds sont peut-être de vraies chaussures ? Ces Nike sont collectors c'est un vrai miracle que j'ai pu les garder en état aussi longtemps sur l'Arche ! Ce sont des bijoux ! Des bijoux je vous dis !

- Tout ce que tu dis n'a absolument aucun sens.

- Laissez tomber, elle soupire. Je prends ça, elle me subtilise son étrange objet, je m'occupe de trouver un moyen de communiquer avec Clarke pendant ce temps-là, protéger mes Nike.

- Je ne vais pas protéger tes soi-disant chaussures.

- C'est bien dommage parce qu'elles valent au moins une vingtaine de portions de nourritures ! Vous vous trimballez avec ça dans mon campement et tout le monde pleure pour les avoir.

- C'est ridicule !

- Si vous le dites, elle commence à s'activer autour de ce qu'elle a appelé une console de communication. En fait, je m'appelle Raven.

- Je sais.

- C'était une manière de vous demander votre prénom.

- Pourquoi ne pas tout simplement le demander ?

- Clarke a raison, elle rit. Discuter avec un natif c'est épuisant, elle se tourne vers moi à peine une seconde le temps de me sourire. Donc, elle se reconcentre sur son travail, comment vous vous appelez ?

- "Vous", je souffle, est-ce que tu as pris un coup sur la tête ? Tu vois plusieurs personnes ? Depuis tout à l'heure, tu dis vous mais je suis seule.

- Sérieusement, elle se retourne vivement. Vous… enfin tu ne comprends pas le vouvoiement ? Dire "vous", c'est une marque de respect. Je… c'est quelque chose qu'on utilise pour les personnes plus âgées ou que l'on vient de rencontrer.

- C'est étrange, je plisse le nez peu convaincu par son explication.

- Dans ce cas, je ne le ferai plus. Comment tu t'appelles ?

- Ai laik Anya kom Trikru.

- Anya kom Trikru encantada y gracias.

Je reste un moment figé sur place. Entendre mon prénom être prononcé par une autre personne ne m'a jamais fait cet effet. Je ne saurais pas l'expliquer. Après un temps, je finis par me rapprocher et la regarde travailler. C'est une habitude que j'ai prise : l'observer. Je n'avais pas encore eu l'occasion de le faire d'aussi près. Je suis d'autant plus subjuguée.

- Je crois que j'y suis ! On fait un teste Anya ?

- Je ne suis pas sûre de comprendre ce que tu veux faire.

- Tant pis ! On y va ! Clarke ? Tu m'entends ? Clarke ?

- Rae ! Mais bordel où es-tu passée ? Je sais que tu es en colère par rapport à tout à l'heure mais une vraie amie ne disparaît pas de cette manière ! Je suis folle d'inquiétude !

- Euh. Clarke ?

- Quoi ? Ramène tes fesses de latino hélico presto avant que je ne détruise tout tes précieuse pièces de bidule et de machin !

- Je te préviens Clarke, reprend-elle calmement alors que son regard referme une terrible colère, si tu oses toucher à mes affaires : je te tue !

- Tu ne peux pas la tuer, je m'offusque. Elle est sous la protection d'Heda !

- C'est une façon de parler, elle grogne. Quoi que… si elle ose… je ne réponds plus de rien ! Est-ce que c'est ma faute si je suis bloquée dans un bunker ? Bref, reprenons. Clarke, elle soupire, est-ce que Lexa est toujours au campement ? Il faudrait que nous lui parlions de toute urgence.

- Nous ?

- Anya et moi.

- Anya et toi ? Depuis quand il y a un Anya et toi ? Quand est-ce que vous vous êtes…

- Blondie ! Concentration !

- Désolée. Lexa est rentrée.

- Il faut qu'elle aille la voir, je décrète.

- Il fait nuit et il y a des vampires qui rodent, ce n'est pas l'idée du siècle.

- Dans ce cas, elle doit se faire accompagner.

- Je pense que tout le monde est rentré avec Lexa.

- Certainement pas ! Je peux lui parler ? Comment est-ce que cette chose fonctionne ?

- Tu appuies là, elle me montre un bouton, et tu parles.

- Klark, c'est Anya. Tu m'entends ?

- Elle t'entends. Tu n'es pas obligée de hurler.

- Je t'entends. Qu'est-ce que vous faites avec Rae ?

- Pas de "vous", intervient Raven en appuyant sur mes propres doigts pour se faire entendre, au vu de mon expérience, contente-toi du "tu" Blondie !

- Raevan s'est fait enlever, j'explique avec calme.

- Non mais ça ne va pas de dire ça, hurle cette dernière. Vous… pardon : tu veux que Clarke fasse une crise cardiaque ?

- Comment ça Raven s'est fait enlever ?! s'égosille Clarke.

- Tin-tin-tin ! Maintenant nous sommes foutues… elle va tellement être inquiète qu'aucune de nous n'allons pouvoir en placer une !

- Clarke, je hurle plus fort pour couvrir sa voix mais elle continue de déblatérer.

- C'est inutile, m'informe Raven.

- Les cent, Lexa et tout mon peuple sont en danger de mort, j'insiste, alors ressaisis toi !

Contre toute attente, mon intervention fonctionne. Raven semble tout aussi surprise que moi.

- Lexa ? En danger de mort ? J'écoute !


Voilà pour le nouveau chapitre de cette fiction. J'espère qu'il vous a inspiré et qu'il vous a plu ! Des suppositions pour la suite ? J'ai hâte de connaître vos réactions sur ce premier chapitre du point de vue d'Anya. Son duo avec Raven risque d'être explosif, n'est-ce pas ?

Je suis évidemment ouverte à toutes les critiques, qu'elles soient positives ou négatives, à condition que le commentaire soit constructif.

Les Notes :

Note n°24 : RHODES est un musicien, auteur-compositeur et interprète anglais. Il publie son premier EP Raise Your Love 2013 et son second intitulé Morning en 2014. Son premier album Wishes sort le 18 septembre 2015 et c'est dans ce dernier que le titre Close Your Eyes apparait. Vous avez pu entendre RHODES dans The Shannara Chronicles avec Bloom, dans Supergirl et The Vampire Diaries avec Let It All Go (duo avec Birdy) ou dans Reign avec Your Soul...

En espérant vous retrouver pour le prochain chapitre !

GeekGirlG