Salut à tous ! :)
Quelques mots sur cette fiction : Les étoiles filantes sont les larmes du ciel. Du moins c'est ce que disent toutes les histoires. Alors comment expliquer que l'une d'elle ait rendu le sourire à une petite fille ? L'espoir que lui apporta cette rencontre changea radicalement son destin et celui de toute une nation. – Clexa –
Les personnages de la série The 100 ne m'appartiennent pas, tout comme les musiques que je peux utiliser dans l'histoire.
Je remercie tout particulièrement MaraCapucin d'avoir accepté d'être ma bêta et de relire mes nombreuses fictions pour que la lecture vous soit plus agréable, mine de rien c'est beaucoup de travail.
Je vous souhaite une bonne lecture et je vous retrouve en bas ! :)
Étoile filante
Chapitre n°12 - Cuivré presque doré
Ooh, ooh, ooh, I'll be the heart that won't give up
Ooh, ooh, ooh, I'll fill your lungs so you won't drown
Ooh, ooh, ooh, so you won't, so you won't drown
I'll be the one, the one who'll save you now
So you won't, so you won't drown
I'll be the one, the one who'll save you now
ARMNHMR – Save You Now (feat Rico & Miella)
Clarke
Je n'arrive pas à croire ce qui m'arrive. C'est un véritable cauchemar ! Je suis recroquevillée sur moi-même, les yeux fermés en espérant de façon stupide que tout ceci s'arrête au plus vite. Même quand Anya m'a annoncé que Lexa était en danger, je n'aurais pas pu imaginer un tel… désastre.
La guerre.
Avant cette nuit, je ne connaissais de ce mot qu'une définition abstraite lu dans un dictionnaire, vu quelques images dans les rares livres d'histoires qui nous ont suivi sur l'Arche ou seulement entrevue dans les films. Je pensais naïvement que ceux qui imaginaient ces scènes exagérait tout. De toute évidence, je me suis lourdement trompée.
C'est pire, tellement pire.
Derrière un écran, nous sommes protégés. La violence et la mort ne sont que des mises en scène. Un simple mot peut tout arrêter. Il est tout simple : couper. Mais ici, maintenant, je pourrais bien le hurler à tue-tête, rien n'y ferait. Ils continuaient de s'entre-tuer.
C'est réel.
Le sang, les cris, les odeurs, les claquements des épées, la détonation si reconnaissable des armes à feu, le bruit sourd de corps qui s'effondre, les supplications des blessés pour obtenir de l'aide, les prières pour vivre un peu plus longtemps, juste un peu plus et cet effluve, celle méconnue du feu, de la poudre, de la sueur mais surtout de la mort. Au milieu de ce déchaînement, le pire visage de l'Homme se révèle. Je pensais connaître tous les travers de notre espèce. J'ai vraiment cru que je ne pourrai pas voire plus abject.
Et pourtant…
Je me force à ouvrir de nouveau les yeux. Ils sont irrités à cause de la fumée mais surtout des larmes que je n'ai pas pu retenir. Je n'aperçois que des brides des combats. Je n'y comprends pas grand-chose. J'ai du mal à réaliser que lorsque certains s'écroulent, ils ne se relèveront pas. Plus jamais. Mon cœur me fait mal. Il bat trop vite. J'ai même du mal à respirer. L'air est étouffant, devenu presque irrespirable à cause des fumées lourdes, noir et toxique.
Mais au milieu de ce carnage, je la trouve elle. Lexa.
Lexa est majestueuse. Absolument incroyable. Presque divine.
J'ai déjà eu l'occasion de la voir combattre. Du moins, c'est ce que je pensais. Maintenant que je la vois se soulever contre ce peuple venu nous attaquer. Je comprends que lors de ses entraînements, Lexa ne laisse entrevoir qu'une minuscule parcelle de ce qu'elle est véritablement. Ici, elle dévoile une force brute que je n'aurai jamais pu deviner. Elle est capable de construire une stratégie en une fraction de seconde, tout en nous protégeant.
Le temps que je me rende à Tondc, accompagné d'un certain Lincoln qui s'est fait incendier par Anya à travers la radio afin qu'il obéisse à ses ordres, que je rejoigne Lexa, lui explique la situation et que nous revenions au campement une bonne partie des cent avaient disparus. Les guerriers que Lexa avaient laissé pour nous protéger aussi manquaient à l'appelle. Les choses ont commencé à dégénérer quand Heda a ordonné que l'on pourchasse le peuple de la Montagne avant qu'il ne soit trop tard. Elle a aussi exigé que le campement soit inspecté dans les moindre recoins pour retrouver toutes personnes qui auraient pu échapper à l'ennemi.
Dix. Nous ne sommes plus que dix.
Ironie du sort, on nous a traînés sur un champ de bataille ou nos chances de survie avoisine le néant. Nous sommes tous dans le même état. Perdus entre l'horreur de la situation et quelque peu subjugués par la force de l'armée d'Heda. Même Bellamy et Murphy qui ont pu réchapper à l'assaut des Maunons n'ont pas tentés quelque chose de stupide depuis que la garde rapprochée de Lexa nous à coller dans un coin en nous hurlant de ne pas bouger avant de partir au combat.
Par moment, un homme ou une femme qui semble à bout de force accourt vers nous avec un des notre dans ses bras, sur son épaule ou son dos. A chaque fois, ce guerrier prend à peine le temps de déposer un corps inerte mais en vie à nos côtés, de nous lancer un regard. Malgré leur fatigue évidente ils se relancent immédiatement dans le combat. Je suis un peu plus impressionnée à chaque fois par leur comportement. Il découle d'eux une dévotion sans faille. Ce qui m'impressionne le plus c'est que cette ferveur au combat n'est inspirée que par une seule et unique personne : Heda. Pas Lexa mais bien Heda.
Depuis un moment déjà, je n'ose plus la quitter des yeux. Je suis terrifiée à l'idée qu'elle puisse s'effondrer et ne plus se relever. Je ne peux pas expliquer cette peur encore plus écrasante que celle que je puisse moi-même être blessée ou pire. A cet instant il n'y a qu'elle qui compte. Pas Heda puisque tout le monde est parfaitement attentif à ce qui peut lui arriver mais Lexa. Je m'inquiète pour Lexa. Je me demande ce qu'elle peut ressentir. Alors que de mon côté, une étrange crainte m'habite, celle de la voir complètement disparaître.
Lexa s'efface au profit de Heda. Je l'ai bien compris. Mais j'ai aussi découvert une parfaite cohabitation entre les deux. Cette fois-là quand elle a ouvert les yeux après des jours sans la moindre réaction. Lexa et Heda ne faisaient qu'une. Il devrait toujours en être ainsi. Je ne sais pas pour quelle raison, elle ne laisse entrevoir qu'une infime partie d'elle. J'ai envie de le découvrir et pour que ce soit possible, aucun de ses visages ne doit disparaître.
Alors à cet instant au milieu de la barbarie et de la mort, je suis inquiète. Inquiète de la voir sourire. Inquiète de me rendre compte qu'elle est parfaitement dans son élément. Inquiète de réaliser qu'elle prend un réel plaisir à se battre.
Une voix s'élève par-dessus tout le brouhaha incessant du combat qui fait rage. Un mot. Un seul mot dans la langue des natifs et tout s'arrête. Avec une certaine incompréhension je regarde impuissante les survivants du peuple de la montagne s'enfuir alors que ceux qui se battaient jusqu'alors si ardemment rester sur place. Leurs visages ne mentent pas. Ils n'en ont pas fini. Alors pourquoi ne bougent-ils plus. L'horreur de la situation me fait me redresser quand je comprends que certains des cent sont encore entre leurs mains. Je fais un pas, puis deux et un son étrange raisonne. En une fraction de seconde, tout le monde s'enfuit. Lexa aboie des ordres, les miens sont emmenés loin de moi. J'ai à peine le temps de réagir que mon poignet est agrippé brutalement
Je fuis. Je n'en connais pas la raison et pourtant c'est ce que je suis en train de faire. Je me retourne vivement sans que mes jambes ne perdent le rythme. Mes amis, mon peuple comme l'appelle Heda disparaissent avec les Maunons. Pourquoi subitement les laisser faire
Je découvre alors une sorte de fumée jaune pale sortir du sol. J'oscille entre une certaine forme de fascination et une profonde incompréhension. Il me faut du temps pour comprendre que nous ne sommes pas les seuls à prendre la fuite. Ce sont les croassements des oiseaux au-dessus de ma tête qui m'alertent en premier, puis un petit animal qui se faufile entre mes jambes et enfin un grand cerf qui court juste à côté de moi. Il se passe quelque chose de si grave que même eux prennent la fuite.
Je me fais bousculer dans tous les sens entre d'autres hommes et les animaux. C'est une véritable débandade. Pourtant une main s'accroche toujours fermement à mon poignet. Jusqu'à cet instant, je n'avais pas réalisé que c'était Lexa. J'essaye de rester concentrer sur sa présence, sur le sentiment de sécurité qu'elle m'inspire alors même que la situation semble plus que désespérée. Je perçois parfaitement que l'ombre de la fumée très certainement mortelle gagne du terrain
Quand je sens que notre rythme ralentit. Je ne comprends pas. Je me retourne vivement pour voir ce que j'imagine être le brouillard acide avaler plusieurs personnes sous mes yeux impuissant. Est-ce que Lexa aurait abandonné ? Va-t-elle briser sa promesse de me protéger et m'abandonner ? Je n'ai pas le temps d'aller plus loin dans mes réflexions que je sens mon corps être littéralement balancé vers le haut. J'étouffe difficilement un râle quand quelque chose de dur arrête ma chute bien avant le sol. J'ai un moment d'absence quand je crois reconnaître des sabots. Je peux à peine me redresser pour comprendre ce qu'il se passe que nous partons à une vitesse folle.
La course de ce que j'imagine être un cheval me malmène. Je suis arquée sur sa coupe et j'ai le souffle éreinté à chacun de ses mouvements. J'ai rarement été aussi soulagé que lorsqu'il s'arrête finalement. Mais c'était avant d'être descendu de force et de nouveau trainé à une rapidité folle derrière Lexa et d'être propulser en avant dans une grotte sombre et humide. Les cris d'agonie me figent sur place. Comment j'ai pu les ignorer jusque-là ? Je me fais bousculer à plusieurs reprises avant de me recroqueviller dans un coin pour me mettre en sécurité.
Lexa se tient dans une fine parcelle de lumière par laquelle entre d'autres personnes. Elle encourage tous ceux qui l'entendent à la rejoindre. Je n'ai d'yeux que pour elle. Et puis, l'éclat qui l'entoure change. Le décor devient cuivré presque doré. J'associe immédiatement cet événement au brouillard, au danger. Pourtant, elle ne sourcille pas. Lexa reste droite comme un I devant l'entrée, elle attendra jusqu'au dernier moment pour sauver le plus de monde. Mon cœur devient incontrôlable quand la fumée s'élève au-dessus d'elle. Lexa ne se replie toujours pas. Elle se contente de serrer son poing. Elle tremble. D'un geste vif, son poing s'écrase contre une paroi et une sorte de porte blindée surgit du sol.
C'est le noir total. Je ne suis même pas capable d'entre apercevoir mes mains. Un bruissement et je sens une personne s'installer près de moi.
- Klark, je reconnais parfaitement la voix de Lexa. Tu vas bien ? Tu n'es pas blessée ?
- Je ne suis pas blessée.
- Tu es toujours essoufflée ?
A cette simple remarque, je bloque complètement ma respiration. Je ne suis pas essoufflée. Je suis simplement trop effrayé pour accomplir cet exercice mécanique normalement. Je ne sais pas comment lui expliquer combien j'ai été choqué par l'horreur de ce que je viens seulement de découvrir : la guerre.
- Klark ?
- Je vais bien, je murmure sans y croire moi-même.
- Tu…
- Heda, appelle une voix féminine au loin, la lumière devrait déjà être déclenchée.
- Je reviens tout de suite, m'informe Lexa avant de se lever, non sans presser doucement ma main dans la sienne.
Je ne sais pas exactement combien de temps, je reste seule dans une pénombre parfaite avec mes pensées. Je me force à reprendre une constance. Malheureusement, je suis comme piégé dans l'horrible souvenir des scènes dont j'ai été spectatrice. Je pensais que l'image de mon père se faisant aspirer par l'immense infini qu'est l'espace serait à jamais la pire scène à laquelle je devrais assister.
Je me suis lourdement trompée.
Subitement, c'est une toute autre peur qui m'étreint. Une qui j'en suis certaine a déjà effleuré l'esprit de Raven. Celle de notre peuple. Ils sont déjà tellement cruels, si monstrueux… la Terre n'enlaidirait-elle pas qu'un peu plus leurs traits de caractère déjà si disgracieux ?
Les armes… il y a tellement d'armes sur l'Arche, des hommes et de femmes entraînés aux combats. D'ailleurs pour quelle raison il y a autant de gardes ? Que feront-ils quand ils réaliseront que la Terre qu'on leur a toujours promise ne leur appartient pas ? Seront-ils capables de l'accepter ? Comment s'assurer qu'ils ne déclenchent pas le genre d'atrocités auxquelles je viens d'assister ?
Je sursaute en sentant une main sur mon épaule. Il me faut du temps pour réaliser que la lumière nous inonde de nouveau. Je fronce les sourcils en découvrant sa blancheur, elle est artificielle. Je penche la tête en arrière. Des néons. J'ignorais que les natifs avaient accès à ce genre de technologie. Puis je remarque que la plupart sont éteint et que ceux qui fonctionne tressaute.
- Klark ?
- Je suppose que vous ne savez pas changer une ampoule.
- Quoi ?
- Cet endroit, ce n'est pas vous qui l'avez conçu, j'ancre mes yeux dans ceux de Lexa, n'est-ce pas ?
- En effet. Nous l'avons trouvé il y a trois cycles de saisons complètes. Il nous protège du brouillard acide. Nous en avons trouvé une petite dizaine comme celui-là. Anya et Raevan sont dans l'un d'entre eux.
- Des bunkers, je souffle.
- Je ne connais pas ce mot. Je ne sais pas à quoi tu penses que ces endroits servent.
- C'était pour survivre aux bombardements, j'explique. Ce qui a détruit la Terre et explique que je vivais là-haut.
- Tu es née sur Terre ?
- Non.
- Alors comment tu peux savoir ce qu'est un boomkeur ?
- Je l'ai lu, je baisse les yeux, dans les livres d'Histoire et, les larmes s'accumulent sans tomber, j'ai vu les bombes tout détruire dans une reconstruction. C'est un spectacle horrible. Le pire de ce que l'Homme est capable de faire. Des gens… de vraies personnes sont sûrement venues se réfugier ici et un jour ils sont sortis. Soit ils sont morts dans d'atroces souffrances, tués par la Terre ou, j'affronte de nouveau son regard, ils sont devenus tes ancêtres. Je ne m'explique toujours pas que vous puissiez être en vie.
- Tu veux dire qu'à l'origine nous ne serions qu'un seul et même peuple ?
- Ce serait trop facile, je secoue la tête de droite à gauche. Nous venons tous de la Terre. Mais faire partie du même peuple… il y a peu de chance.
- Je vois, elle plisse les yeux, nous parlerons de ce sujet plus tard, tu sembles perturbée.
- Je le suis.
- Klark…
- Je n'avais jamais assisté à, j'ai subitement un déclique et je me redresse peut-être un peu trop vite, il y a des blessés ? Je peux aider ?
Mon regard passe sur chaque personne à ma porte. J'analyse rapidement la situation. Je vois mal mais je n'entends personne se plaindre. Ils sont tous tellement calmes, presque stoïques. Après ce qu'il vient de se passer, comment peuvent-ils être à ce point impassible ?
Il me faut encore plus de temps pour réaliser que certaines personnes qui m'entourent sont jeunes, beaucoup trop jeunes pour participer à ce genre de choses. Cette prise de conscience m'empêche presque de respirer. J'ai un mal fou à prendre une simple inspiration alors que mon coeur, lui, implose à toute vitesse dans ma poitrine.
- Klark, c'est à peine un murmure. Tout va bien. Ne t'agite pas, tu vas inquiéter les autres.
- Je…
Mon regard devient fou. Il ne se pose nulle part et en même temps s'arrête sur toutes les incohérences qu'il trouve. J'ai un mal fou à assimiler ce que je commence à comprendre. Ce monde est dur, bien plus que le mien. Et c'est Lexa qui est à la tête de tout ça… comment peut-elle le supporter ? Je me sens tellement accablée pour elle.
- C'est moi qui les alarme et pas la situation ?
- Tout est calme maintenant. Les Maunons ne peuvent plus nous atteindre, ils sont retournés chez eux et le brouillard qu'ils laissent derrière eux pour couvrir leurs arrières ne peut pas franchir ces murs. Tout va bien.
- On se sent presque à la maison, souligne la voix d'Octavia. Même sur Terre nous devons nous terrer dans une boite hermétique grise. Je ne sais pas si c'est apaisant ou effrayant. Tiens Clarke, elle me tend un réceptacle, tu dois reprendre des forces, boire et manger.
- Merci.
- Je m'appelle Octavia Blake, elle tend sa main vers Lexa, merci de nous avoir protégés.
- O', panique la voix de Bellamy.
- Oups, elle grimace, je devrais y retourner avant que mon frère retourne tout ce qui lui passe sous la main pour me retrouver. Je… j'aimerai juste savoir combien de temps nous allons devoir rester enfermés ? Je crois, son regard devient particulièrement triste, que je suis devenue un peu claustrophobe.
Sans que je ne puisse intervenir, Octavia se retourne et se dirige vers son frère. Je ne la connais pas très bien, à vrai dire personne ne la connait hormis Bellamy. Elle doit se sentir terriblement seule.
- Quel était son crime sur l'Arche ?
- Pardon ?
- Tu m'as dit que chacun d'entre vous avez été condamné à l'emprisonnement puis à la Terre parce que vous aviez défié l'autorité. Je te demande quel est son crime pour savoir si je peux lui faire confiance.
- Octavia, je la fixe en prononçant son prénom. Tu me demandes quel est le crime d'Octavia ?
- Oui.
- Être née, je souffle. Être née, je répète en croisant le regard de Lexa. Le crime d'Octavia Blake est simplement d'être en vie.
- Je te demande pardon, je devine sans mal la colère aussi bien dans sa voix que dans ses yeux, comment est-ce possible ?
- Par la loi.
- Klark, elle n'a jamais prononcé mon prénom aussi abruptement.
- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Je n'ai pas fait la loi.
- Comment vivre peut-elle être interdit par la loi ? C'est absurde !
- Exactement pour la même raison pour laquelle j'ai été condamné : par manque d'air.
- Et ce manque d'air justifie vraiment l'exécution d'une personne simplement parce qu'elle est née ?
- Cette loi existe depuis trois générations alors oui, je suppose que c'est justifié. Je ne dis pas que je suis d'accord mais j'ai grandi avec cette interdiction et Octavia dans la peur d'être découverte, pour sa vie mais aussi pour celle de sa mère.
- Vos lois sont stupides !
Je suis entièrement d'accord. Mais je me demande si je peux me permettre de le dire. Je ne voudrais pas risquer de compromettre la vie d'innocents toujours piégés sur l'Arche. J'observe Lexa avec une grande attention. Une part de moi me souffle que je peux lui faire confiance. Seulement, je me demande jusqu'où je peux aller dans mes révélations.
Tout en continuant ma réflexion, je porte la gourde en bois à mes lèvres. Je prends une gorgée d'eau et la referme, les yeux dans le vague. Ce qu'à dit Octavia un peu plus tôt me trotte dans la tête. C'est vrai que dans ce bunker, on se sent presque comme à la maison mais je ressens un étrange malaise en me trouvant ici. Je ne dirais pas que je suis claustrophobe pourtant, je me sentirais bien mieux dehors.
- Vous vous retrouvez souvent dans ce genre d'endroit ?
- Est-ce une façon détournée de changer de sujet ou une vraie question ?
- Un peu des deux, je suppose.
- Pourquoi me poser cette question ?
- Pour savoir si je dois me réhabituer à l'enfermement. Octavia a raison… cet endroit ressemble à l'Arche et c'est assez angoissant.
- Tu veux dire, que le monde des étoiles ressemble à cet endroit ?
- C'est d'une tristesse affligeante, n'est-ce pas ? Dis-moi simplement que vous ne vivez pas enfermés, je demande en me frottant nerveusement le bras. Je me contenterai de cette réponse.
- Nous venons dans ce genre d'endroit seulement quand nous sommes attaqués, confirme-t-elle.
- Je suis rassurée, je réponds tout doucement.
- Klark, elle laisse traîner mon prénom, tu es certaine que tout va bien ?
- Je vais bien. Je ne pourrai simplement plus vivre enfermée. Je crois que si ça devait arriver, je tournerai folle et mon âme d'artiste se languit déjà des couleurs.
- D'accord.
- Tu n'as pas compris grand-chose à ce que je viens de dire, je ris, n'est-ce pas ?
- Le principal est que tu ailles bien.
- Et toi, tu n'as pas été blessée ?
- Les Maunons sont des lâches ! Tout ce qu'ils savent faire, c'est fuir et se cacher dans leur montagne !
- Ce n'est pas ce que je t'ai demandé.
- Ce sont de piètres combattants !
- D'accord, je souris, mais tu ne réponds toujours pas à ma question.
- Si j'étais blessée, je ne pourrai pas me soigner ici et en aucun cas, maintenant.
- Rassure-moi, je reprends hésitante, tes guerriers ne pensent pas que tu es un genre d'être immortel.
- Non, je l'entend sourire. Bien sûr que non. Beaucoup d'entre-eux m'ont même déjà vu saigner. Mais je ne peux en aucun cas me montrer faible avant la fin de la bataille.
- Parce que ce n'est pas fini ?
- Tant que le brouillard acide ne sera pas entièrement rétracté, la réponse est non Klark.
- Et comment va-t-on savoir que c'est fini ?
- En restant à l'écoute. Les hommes restés à l'arrière nous préviendrons quand le danger se sera éloigné.
- D'accord. Je ne suis pas entièrement convaincu mais d'accord.
- Est-ce que je peux te demander de prévenir Anya ? Dis lui que le danger est presque passé, que je vais bien. Elle non plus ne supporte pas d'être enfermée. Elle doit, Lexa fait une pause, comment tu as dit un peu plus tôt ? Tourner folle, c'est bien ça ?
- Je vais la prévenir.
J'attrape le petit sac à côté de moi et récupère un des bricabrac de Raven qui nous permet de communiquer. Je dois plisser les yeux pour le mettre dans le bon sens et trouver sur quels boutons appuyer. La pénombre qui règne n'aide pas. Je fini par percevoir le grésillement qui indique que le champ de communication est prêt.
- Rae, j'appelle. Rae tu me reçois ? Rae ?! Raven Reyes bouge tes fesses de latina et réponds moi sur le champ !
- Putain mais Clarke, qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ? Tu ne peux pas me laisser plus de deux minutes pour répondre ? Sérieusement ?!
Un soupir de soulagement m'échappe. Je ne sais pas pourquoi mais j'étais inquiète pour elle. En fait si, je sais exactement ce qui a réveillé mes angoisses. J'ai conscience que Raven n'aurait jamais supporté d'assister aux différents enchaînements de violence dont j'ai été témoin. Elle se serait probablement enfui ou pire… elle se serait imposée entre eux pour essayer d'endiguer ce combat. Je suis reconnaissante qu'elle ait pu échapper à cette terrible réalité qu'est la guerre.
- Lexa voulait simplement faire savoir à Anya que c'était presque fini et qu'elle allait bien.
- Et c'est juste pour ça que tu m'as fait courir ?
- C'est une information des plus importantes.
- Joder de mierda, pendejo deja de hablar estupideces !
- Tu as conscience que s'il y a une chose que je comprends en espagnol, ce sont les insultes ?
- Vete a la mierda !
- C'est bon, je soupire, tu peux calmer le jeu-là ?
- Piensas disculparte ?
- Tout va bien ? Demande Lexa. Je ne comprends pas ce qu'elle dit.
- Moi non plus, je soupire lasse en me frottant les paupières, je ne comprends pas à traitre mot de ce que Raven dit ! En général, c'est sa façon de bien me faire comprendre que j'ai merdé.
- J'ai prévenu Anya, la voix de Raven raisonne de nouveau alors que je ne m'y attendais pas. Gracias a Dios, elle va peut-être enfin arrêter de vriller d'un bout à l'autre du bunker comme un foutu lion en cage ! Elle voudrait tout de même savoir quand elle pourra sortir.
- Je peux parler, demande Lexa.
- Bien sûr, j'appuie sur le bouton, c'est bon maintenant Anya et Raven t'entendent.
- Anya, je veux que tu restes sur place jusqu'à ce que je vienne te chercher. Je t'interdis de bouger avant mon arrivée, tu es bien plus proche de la montagne que nous. Le brouillard acide pourrait ne pas être complètement dissipé. Alors, tu restes et tu attends. Est-ce que c'est clair ?
Un long silence suit l'ordre de Lexa et je sens que cette absence de réponse la rend nerveuse. J'ai remarqué qu'il n'y a qu'avec Anya qu'elle laisse ressortir certaines émotions disons normales. J'ai un peu de mal à comprendre leur relation. Elles semblent très proches et en même temps diamétralement opposées. Ce qui les lie l'une à l'autre n'est pas tangible, c'est quelque chose qui pour moi se trouve au-delà de la confiance.
Quand la réponse se fait finalement entendre, je suis frustrée de ne percevoir que des mots qui n'appartiennent pas à la langue que je connais. Une longue conversation s'ensuit sans que je ne puisse rien comprendre. Je m'en désintéresse presque aussitôt si bien que lorsque Lexa me rend le dispositif de communication, je suis surprise.
- Je te remercie.
- C'est Raven qu'il faut remercier, je hoche les épaules.
- Je dois reconnaître que cette science ne me paraît pas néfaste. L'idée de pouvoir communiquer en tout temps avec Anya me plait. Sa présence et ses conseils me manquent énormément quand nous sommes séparées.
- Vous devez rarement l'être, après tout Anya est ton général.
- Tu te trompes Clarke.
- Vous êtes souvent séparées ? A cause, je peine à déglutir, de la guerre ?
- Oui et non. Anya refuse de mettre un seul pied à Polis à cause des actions de mon prédécesseur. Elle est parfois forcée d'y venir et d'y séjourner mais elle n'y a pas sa place. Beaucoup ne comprennent pas que je l'ai choisie elle comme général mais encore moins se font à l'idée, même après tout ce temps, qu'Anya ait accepté de m'entraîner quand j'étais encore une simple Nightblood. A mon tour de te poser une question. Quel était le crime de Raevan sur l'Arche ?
- Est-ce que tu comptes me poser cette question pour chacun des cent ? Autant te prévenir tout de suite, je ne connais pas la situation de tout le monde.
- Mais tu connais celui de Raevan et elle est en ce moment même seule avec la personne en qui j'ai le plus confiance. Je veux seulement m'assurer qu'Anya est en sécurité.
- Rae n'a commis aucun crime, je soupire.
- Mais tu as dit…
- ... je sais ce que j'ai dit, je la coupe. Raven, je fais une pause qui doit sembler interminable à Lexa et pourtant, elle ne me presse pas. Je ne connais pas bien les détails mais elle s'est portée volontaire.
- Volontaire, répète Lexa peu convaincue.
- Oui, elle, Miller, un autre gars que je ne connais pas et Bellamy sont adultes. S'ils avaient commis un crime, ils auraient été exécutés, pas envoyés sur Terre. Les trois premiers étaient volontaires. Bellamy est ici sans autorisation. Tu n'as pas à t'inquiéter, je pense. Il veut simplement protéger sa petite sœur : Octavia.
- Pourtant, elle semble de plus en plus perplexe, tu m'as dit que tu ne savais pas si vous surviveriez à votre arrivée sur Terre.
- C'est exact.
- Alors, pour quelle raison saugrenue Raevan est ici si c'était si dangereux ?
- Raven à mille et une raisons de s'éloigner le plus possible de l'Arche. Mais il n'y en a qu'une seule, je suppose qui explique sa présence sur Terre. J'avoue que je ne lui ai pas posé la question. Je déteste quand elle fait ce genre de choses. La réponse que tu attends Lexa est celle-ci : pour moi.
Lexa réfléchit intensément à ma réponse. Je profite de ce moment pour la détailler. Je l'avais déjà remarqué mais son armure est à peine recouvrante. Je me demande quelle en est l'explication. Je connais tous les points vitraux qui me semblent indispensables de protéger pourtant aucun ne l'est. Ce qui est vraiment impressionnant, ce sont les marques de peintures sur son visage. Le noir charbon accentue son regard et lui donne encore plus de prestance. J'essaye de ne pas m'attarder sur le sang qui tâche sa peau mais c'est un exercice difficile. Je ne peux m'empêcher de me demander à combien de personnes ce liquide vital peut appartenir.
Je ferme les paupières pour éloigner cette vision mais alors une toute autre image s'imprime derrière ma rétine. Encore. La guerre. Et en son centre Lexa qui se trouve être parfaitement dans son élément. Elle se dresse sur une pile de cadavres avec un fin sourire sur les lèvres, le regard levé vers la montagne. Elle est plus que Heda. Une reine de la Guerre, pareil à cet ancien Dieu de l'Olympe.
- Donc, la voix de Lexa me fait sursauter, tu n'es pas seulement sous ma protection mais aussi sous celle de Raevan.
- Nous nous protégeons mutuellement, je confirme. Raven est comme une sœur depuis, je fais une pause en repensant au terrible événement qui nous a rapprochées, que ma mère l'a soignée et ramenée chez nous. Elle n'avait plus personne. Nous sommes devenues sa famille, je suppose.
- C'est une bonne chose que je ne sois pas seule à veiller sur toi. J'ai une autre question sur Raevan. Pourquoi est-ce que c'est la seule qui semble entraînée ? Elle est très rapide et Anya a précisé qu'elle n'avait pas conscience de ses limites.
Je ne suis pas certaine de savoir comment expliquer à Lexa les raisons de la condition physique parfaite de Raven. Pour qu'elle puisse comprendre, il faudrait que notre façon de vivre sur l'Arche lui soit plus familière. La réponse est évidente mais je sais parfaitement quelle sera incompréhension pour une personne qui pense encore que nous sommes des étoiles tombées du ciel.
- Tu ne comptes pas répondre, me presse-t-elle.
Clairement, je ne peux pas déclarer texto : "Parce que Raven aime voler." Ce serait trop saugrenue comme réponse.
- Klark ?
- Disons simplement que ces fonctions demandent une capacité physique irréprochable.
- Ces fonctions ?
- Son rôle sur l'Arche, je précise.
- Oui, ça j'avais compris. J'essaye de comprendre en quoi ses capacités physiques sont importantes pour créer de la science.
- Ah. Et bien… elle doit aller dans des endroits dangereux ?
- Ta réponse ressemble à une question.
- Non mais je rêve, je soupire. Et ne t'avise pas de dire que je suis éveillée. C'est une expression, je me frotte les paupières lasse. Je ne sais pas comment répondre à ta question pour que tu comprennes. Raven fait ou plutôt faisait sur l'Arche des choses qui pour toi, défie l'entendement. Et si son physique ne suivait pas, elle ne pouvait tout simplement pas faire son métier. Est-ce que tu as idée à quel point il est difficile de toujours être au top de sa forme avec de l'air qui se raréfient, nos ridicule portions de nourriture et à peine un demi litre d'eau par jour ?
- Je n'arrive déjà pas à comprendre comment qui que ce soit peut manquer d'air, hormis une personne sur le point de se noyer.
- Très bon exemple, je rebondis. Pour rester sous l'eau il faut prendre une forte inspiration, n'est-ce pas ?
- Oui.
- Et bien si Rae a de telles capacités c'est parce qu'elle est une des personnes qui est capable de retenir sa respiration le plus longtemps. Quand la plupart tiennent une poignée de secondes, Raven pourrait rester plusieurs minutes. Par moment, là-haut, c'est un peu comme avoir la tête sous l'eau.
- Tu as raison. Je ne comprends pas.
Un rire nerveux m'échappe. Je n'aurais pas penser qu'expliquer qu'une personne qui doit sortir en dehors de l'Arche est obligé de s'entraîner pour que son corps tienne le coup. Evidemment que Lexa ne peut pas comprendre. Elle pense que nous vivions justement là où Raven se rendait parfois pour effectuer des réparations à haut risques. Et elle adorait ça !
Une fois, il y a eu un incident et elle a failli mourir. Là-bas à l'extérieur. Elle a passé une vingtaine de jours dans le coma. Une des pires périodes de ma vie. Quand elle a finalement ouvert les yeux j'ai voulu lui faire promettre de ne plus risquer sa vie de la sorte, que c'était stupide et qu'il y avait certainement plus compétant qu'elle pour effectuer des sorties en dehors de l'Arche.
Raven n'a pas répondu à ma demande. Elle s'est contentée de sourire. J'ai découvert quelque chose dans ses yeux que je suis toujours incapable de décrire. Elle s'est redressée alors que ma mère lui avait formellement interdit, j'ai commencé à paniquer avant de comprendre qu'elle tendait simplement le bras pour récupérer le collier qu'elle avait elle-même forgé. Elle l'a observé un long moment alors moi aussi. La forme de l'oiseau était la même que certains de ceux en papier qu'elle s'acharnent à plier à chaque fois qu'elle trouve une feuille. Elle était capable d'échanger des rations de nourriture pour faire des origamis. Elle disait que c'était la seule activité capable de la rendre complètement sereine.
Après un moment, elle a replacé le collier autour de son cou. Ses doigts continuaient de tracer les contours de cette forme si particulière et chère à son cœur. Alors elle m'a dit une chose que je ne pourrais jamais oublier. J'observe Lexa et lui répète tout doucement :
- Tu savais que Raven voulait dire "corbeau" ?
- Je l'ignorais, je souris, il y a longtemps j'ai donné la même réponse.
- Et qu'arrive-t-il à un corbeau à qui on a coupé les ailes ?
- Il ne peut plus voler, cette fois c'est un petit rire qui m'échappe quand je réalise que ce sont encore les mêmes mots. Ai-je dit quelque chose d'amusant ?
- Non. La bonne réponse est : le corbeau meurt parce qu'il n'a plus de raisons d'être.
- Cette conversation va-t-elle mener quelque part ?
- La raison d'être de Raven c'est de voler comme tout autre oiseau. Si on essaye de l'arrêter, elle meurt lentement. Alors pour éviter que ses ailes lui soient enlevées elle devait s'entraîner. Voilà. C'est la réponse que tu attendais. Je sais que tu ne la comprends pas mais c'est la seule vérité.
- Il est logique que les étoiles puissent voler.
- Je ne sais pas pourquoi, je lâche un long soupire, mais je m'attendais à cette réponse. Tu te trompes Lexa. Il y a très peu d'étoiles comme tu nous appelles qui savent voler. A ma connaissance, en comptant Raven, ils ne doivent pas être plus de cinq a le pouvoir. Et Rae est la plus jeune et le plus douée d'entre eux, je réfléchis, d'ailleurs c'est la seule femme.
- Donc tu ne sais pas voler. Pas étonnant que tu sois tombée du ciel.
Je m'apprête à lui répondre en lui expliquant pour la énième fois que je ne suis pas une étoile et que je ne vivais pas dans le ciel mais sur l'Arche. Mais je retiens mes mots en découvrant un léger étirement de ses lèvres. C'est à peine perceptible. Pourtant, il est bien présent. Lexa serait donc en train de se moquer de moi ? Est-ce que c'est vraiment possible ? J'ignorais qu'elle en était capable.
- Oui, je souffle attendri, ce n'est pas étonnant. J'aurai dû apprendre quand j'en ai eu l'occasion.
- Et dire qu'après la guerre contre les Mounons, notre plus grande crainte sera une pluie d'étoiles filantes qui nous tombera sur la tête.
- Le ciel ne te tombera pas sur la tête Lexa, je lui assure. Cette peur n'est bonne que pour des personnages de BD.
- Oserais-je demandé…
- Non, je secoue vivement la tête. Je ne suis définitivement pas prête à avoir cette conversation.
- Pop culture, prononce-t-elle de cette façon si atypique avec son fort accent auquel je me suis habituée. Je ne pourrai pas comprendre si tu n'essayes pas de m'expliquer.
- Certaines choses ne s'expliquent pas. Il faut les vivre pour les comprendre.
Lexa est sur le point de rebondir et je dois dire que j'attends sa répartie de pied ferme. Pourtant pas un mot ne franchit ses lèvres. A la place, elle fronce très légèrement les sourcils avant de détourner les yeux. Je crois qu'elle a entendu quelque chose d'important. Et elle n'est pas la seule. Il me faut un moment pour comprendre qu'il n'y plus aucun bruit dans le bunker. Je n'ai jamais connu un tel silence, même si toute l'Arche décidait de rester silencieuse, le bruit des moteurs eux ne s'arrêtaient jamais. Je me sens soulagée quand j'entends une ampoule grésiller.
Puis un long son résonne au loin. Je ne peux pas en être certaine mais je pense qu'il s'agit d'une personne qui souffle dans une corne. La tonalité est grave et dure longtemps. Je sens mes poils se hérisser sur mes bras. Pendant un temps, j'en viens à penser que le son ne s'arrêtera jamais. Puis finalement le silence nous entoure de nouveau encore plus pesant que le précédent. A cet instant je comprends parfaitement le sens de l'expression : "Toute angoisse est imaginaire, le réel est son antidote".
Alors Lexa se redresse brusquement ce qui ne fait qu'alimenter mes peurs. Elle hurle dans cette autre langue tout en resserrant certaine partie de son armure. Elle scande une phrase qui me semble plus importante en empoignant son épée. Encore une fois, il n'y a plus qu'elle, tout ce qui n'est pas sa personne s'efface. C'est la raison pour laquelle lorsque plusieurs de ses guerriers répondent à l'un de ses cris en cœur, je sursaute violemment.
Après un temps, ils redeviennent tous silencieux. Ils paraissent impatients. Je les observe rapidement. Certains agrippent fermement leurs armes, d'autres ont un gigantesque sourire qui barre leur visage, ou alors préfèrent agrémenter leurs traits de nouvelles peintures de guerre. J'en remarque qui semble prier, quand j'en découvre finir goulûment une gourde de bois avant de la jeter à leurs pieds. Je repère même des blessés se relever malgré les protestations à peine murmurées de ceux qui les veillait.
Puis ce que je pense être le son d'une corne se fait de nouveau entendre. La tonalité n'oscille à aucun moment. C'est tellement long. Je me demande comment un homme peut avoir autant de souffle. C'est alors qu'une petite fille blonde qui ne doit pas avoir plus de huit ou dix ans s'avance. Elle s'arrête exactement au même endroit où Lexa s'est postée un peu plus tôt, s'égosillant pour que les survivants suivent sa voix et viennent se mettre à l'abri. Le silence règne à nouveau alors l'enfant se tourne assez vers Heda pour la voir acquiesce et juste comme ça, sa petite main appuie sur le bouton d'ouverture de la porte du bunker. Les natifs se ruent à l'extérieur, j'attends qu'ils passent tous devant moi avant d'oser me redresser.
La blondinette s'arrête devant moi. Elle m'observe d'une étrange manière. Je finis par complètement l'ignorer quand je comprends que j'ai perdu Lexa de vue. Je commence à paniquer comme jamais auparavant quand j'entends finalement sa voix. Alors la petite fille glisse sa main dans la mienne et m'attire dehors. En sortant à l'air libre, je suis tout autant ébloui que le jour de mon arrivée sur Terre. Je ne parviens pas à savoir combien de temps nous sommes restés enfermés.
Je me laisse entraîner en tentant de m'habituer à la luminosité qui m'entoure. Mon cœur émet un sursaut quand je comprends que l'enfant m'a conduit tout droit vers Lexa. Elle parle avec les hommes et les femmes qui font partie de sa garde rapprochée. Il y en a qui me lancent des regards noirs. Je ne fais pas même semblant de me détourner de leur assaut silencieux. Je reste droite dans mes bottes. Je ne compte pas perdre. J'ai l'habitude de ce genre de combat et avec des adversaires bien plus déterminés qu'eux, Raven Reyes en première ligne. Ils peuvent toujours courir avant de me voir ne serait-ce que cligner des paupières dans ce genre de situation.
Lexa finit par remarquer leur petit manège mais elle ne dit rien. Elle est parfois tellement indéchiffrable. Elle s'évertue à me dire que je suis sous sa protection et pourtant par moment, elle ignore tout simplement des menaces plus que évidentes. Il lui faut une éternité pour les congédier. Elle dit un mot, un seul et l'enfant les suit.
- Et bien, elle tourne la tête vers moi tout en restant parfaitement droite, dos à moi, qui l'aurai cru ? Mon étoile, elle sourit et ne fait rien pour le cacher, peut tenir tête à mes plus grands guerriers. Tu les as impressionnés, l'étirement au coin de ses lèvres n'en finit plus de s'agrandir. Je te remercie pour ton courage Klark, les avoir de notre côté est une très bonne chose. D'autant plus en sachant Titus toujours dans les parages.
Je ne suis pas certaine de savoir quoi répondre à ces remerciements. Je reste interdite un moment. Il y a trop de données que je ne comprends pas. Ce monde, la Terre a ses propres codes et j'y ai posé le pied depuis trop peu de temps pour assimiler toute sa complexité. Mais il y a une chose qui est indéniable, lorsque Lexa m'a surnommée son étoile, mon palpitant est parti en fibrillation comme jamais.
Lexa se retourne complètement puis s'avance vers moi. Nos regards se croisent et pendant un bref instant elle est de nouveau entièrement elle. Je découvre la vraie Lexa. J'ai un mal fou à assimiler tout ce que je peux alors lire dans ses yeux. Je me découvre bien plus importante que ce que je suis vraiment. Mon cœur manque un battement, ma respiration se bloque et finalement je me détourne d'elle.
Elle s'arrête un peu trop près de moi à mon goût ses pieds fermement ancrés pile en face des miens. Sans que je m'y attende, ses doigts glissent sous mon menton. Son geste fait encore une fois réagir mon corps dans des extrêmes affolants.
- Klark, prononce-t-elle avec une certaine fragilité quand nos regards se croisent à nouveau, tu n'as plus rien à craindre, dans ses yeux la vraie Lexa irradie, reléguant complètement au second plan Heda, le danger est passé. Je t'ai protégé comme je te l'avais promis.
- Tu l'as fait, je confirme d'une toute petite voix à peine audible.
- Merci, pour elle aussi c'est à peine un murmure. Merci de ne pas avoir appris à voler et d'être tomber du ciel comme une étoile filante. Merci de me laisser une chance de payer ma dette. Je ne laisserai rien ni personne ne serait-ce penser a te faire du mal.
Ses doigts s'éloignent, laissant derrière eux le fantôme d'une caresse qui restera certainement gravée sur ma peau jusqu'à la fin des temps. Elle m'accorde un sourire. Elle ferme les paupières en prenant plusieurs grandes inspirations. Elle est vraiment sereine. Elle murmure quelques mots dans sa langue et lorsqu'elle rouvre les yeux, je sais que le moment privilégié que je viens de passer avec elle est passé pour cette fois. C'est de nouveau Heda qui règne dans son regard.
- Maintenant allons chercher Anya et Raevan.
- C'est une très bonne idée. J'ai la sensation de ne pas avoir vu Rae depuis une éternité.
- Je connais ce sentiment, m'assure-t-elle.
- Avec qui y allons-nous, je demande en observant autour de nous.
- Personne.
- Comment ça : "personne" ? Vous savez que si les… Mou-machin reviennent, je ne sais pas me battre ?!
- Je le sais oui, je crois qu'elle est attendrie par mon intervention. Mais ne t'en fais pas, ils ne reviendront pas. Les Maunons sont repartis se terrer et ne réapparaîtront pas avant un moment. Et puis, je suis parfaitement capable de me débarrasser d'un petit groupe si besoin.
- Est-ce vraiment raisonnable de ne partir que toutes les deux ?
- Je ne sais pas si c'est raisonnable, me répond-elle avec calme, mais c'est la bonne chose à faire, m'assure-t-elle, pour Anya.
- Oh.
- C'est une solitaire et elle ne donne sa confiance à personne. Je lui ai dit que j'irai la chercher alors c'est ce que je vais faire.
Un sourire menace d'étirer mes lèvres. J'observe Lexa fixement pour tenter de le retenir mais finalement il n'y a rien à faire. Imaginer Anya à qui il faut mille et une peine pour lui arracher deux mots si c'est un bon jour coincé seule avec Raven qui est tout l'opposé est un gag à lui tout seul. Un rire m'échappe finalement. Je me reprend rapidement en me raclant la gorge.
Encore une fois, je comprends que ma réaction à été incompréhensible pour Lexa. Je me demande comment je peux lui expliquer ma réaction avant de me retrouver une nouvelle fois à rire en me rendant compte que ma sœur de cœur doit s'en nul doute en faire voir des vertes et des pas mûres au très grand général de l'armée d'Heda.
- Nous devrions nous dépêcher, je reprends le plus calmement possible, j'ai la sensation que Raven Reyes représente tout ce qui pourrait faire sortir Anya de ses gonds !
- "Sortir de ses gonds" ?
- L'agacer.
- Je pensais que Raevan Raeyez ne représentait pas une menace.
- Certainement pas pour l'intégrité physique d'Anya mais en ce qui concerne son désir de calme et de solitude, j'ai de nouveau un mal fou à retenir à sourire moqueur, disons qu'il n'y a pas plus dangereux que Rae. Tu trouves que je parle beaucoup, trop peut-être, je ris, crois moi je suis une petite joueuse en comparaison de Raven.
- "Petite joueuse", répète-t-elle calmement pour me faire comprendre qu'elle ne comprend à nouveau pas cette expression.
- Comment est-il possible de, je me stop net, je ne dois pas m'énerver. "Petite joueuse", sérieusement ? Je ne suis pas assez forte, je réfléchis, médiocre ? Voilà, je suis médiocre par rapport à Raven en ce qui concerne le débit de paroles.
- En effet, une légère grimace anime ses lèvres, nous devrions nous hâter.
Nous nous mettons en route. J'ai un mal fou à suivre le rythme que Lexa impose. A un moment, je me prends une pierre ou une racine dans le pied, à un autre une branche manque d'égratigner mon visage. Je fini par presque lui courir après, le souffle court quand elle semble simplement effectuer une promenade de santé.
Pourtant, je ne dis pas un mot pour ralentir le rythme. Je ne voudrais pas me prendre une remarque sanglante ou pire me retrouver de nouveau malmenée sur la coupe d'un cheval ! Toujours est-il que j'ai la sensation de marcher très rapidement depuis des heures quand Lexa s'arrête brusquement. Evidemment, je ne remarque rien et continue d'avancer jusqu'à ce que mon pauvre nez entre dans une violente collision avec son dos.
Je retiens de justesse un juron et même un cri de douleur. Je n'oublie pas que nous sommes sur les terres de l'ennemi. Mais non d'un chien, qu'est-ce que ça fait mal !
- Il y a un problème ? je demande à voix basse.
- J'entends quelque chose d'étrange.
- Vraiment ? Je tends l'oreille. Je pense que je ne suis pas sur Terre depuis assez longtemps pour, je me coupe net, je cligne des yeux un nombre incalculable de fois. Est-ce que c'est… non, je laisse traîner, c'est impossible, je conclu.
- Donc, reprend Lexa avec précaution, tu entends aussi ?
- Ça ne peut pas être ce que j'entends donc on va dire que non.
- Klark !
- Je te dis que ce que j'entends ne peut pas se trouver sur Terre alors laisse tomber !
- Et qu'est-ce que tu crois entendre ?
- The Imperial March, je répond plus sur le ton de l'interrogation que de l'affirmation.
- Qu'est-ce que c'est que cette chose encore ?
- De la musique, je réponds mi-blasée, mi-enjouée. Rassure-moi, je rebondit presque aussi vite, vous connaissez la musique sur Terre ? Parce que si ce n'est pas le cas, je trouve un moyen de retourner sur l'Arche et fissa !
- Nous connaissons la musique, je lâche un soupir de soulagement. Nous avons l'habitude de chanter et de danser pour célébrer les saisons. La musique est présente à plusieurs de nos cérémonies importantes, Lexa marque un temps de pause. Il n'y a qu'une événement qui se doit de rester silencieux enfin qui ne pourrait pas être agrémenté de cette frivolité : le conclave puis l'ascension. Pour ce qui se déroule à leurs suite, je suppose que c'est une très grande fête, une grande tristesse embrume ses yeux. Il faut croire que la mort se doit d'être célébrée. Les réjouissances dont je me souviens étaient, tout son visage se ferme et je découvre une nouvelle part d'elle : sa fragilité. C'était juste révoltant. C'est en partie parce ces festivités étaient à mes yeux injustifiables que je me suis enfuie.
Je crois qu'elle a fini. Pour autant, je n'ose pas intervenir. C'est, j'en suis certaine la première fois qu'elle aligne autant de mots les uns à la suite des autres. Je n'arrive pas à déterminer d'où provient cet accablement qui cette fois se devine parfaitement chez elle. Je ne suis pas stupide. Il est aisé de comprendre que cet évènement : ce conclave, suivi de cette ascension à marqué Lexa. Et, pas dans le bon sens du terme.
J'ai l'étrange sensation que si je prenais la parole maintenant, son ressentiment pourrait s'amoindrir. Sans avoir la moindre idée d'où provient cette conviction, j'ai la certitude que je n'ai aucunement le droit de m'immiscer dans cet épisode du passé de Lexa.
- Et donc, reprend-elle avec de nouveau cette prestance qui la définit, comment une musique venant des étoiles peut se faire entendre ?
Je ris doucement. Il faut dire que si une seule musique doit véritablement venir des étoiles, The Imperial March est tout indiqué pour.
- Heureusement que ce qu'annonce cette musique n'est pas venue avec nous.
- Un ennemi, s'inquiète-t-elle. Vous avez des musiques pour annoncer l'arrivée d'un ennemi ?
- Seulement dans les films et ce chef d'œuvre annonce l'arrivée d'un des méchants les plus emblématiques du cinéma. A défaut de pouvoir un jour te faire voir ce film, il faut absolument que je te dessine Dark Vador !
- Pop culte, interroge-t-elle de nouveau en peu de temps.
- Ouais, je laisse traîner, le mot a presque été inventé pour Star Wars alors oui, j'acquiesce, c'est de la grande pop culture !
- Tout ceci n'explique pas comment nous pouvons l'entendre.
- Je pense qu'il n'y a qu'une réponse possible : Raven Reyes est passé par là !
Voilà pour le nouveau chapitre de cette fiction. J'espère qu'il vous a inspiré et qu'il vous a plu ! Des suppositions pour la suite ? J'ai hâte de connaître vos réactions sur ce chapitre en premier lieu marqué par la première confrontation de Clarke avec la guerre puis par le petit rapprochement Clexa. J'espère que leurs échanges toujours difficiles vous amuse un peu, peut-être même beaucoup. La fin prédit le retour du Ranya qui est resté enfermé un long moment seule à seule… à votre avis, tout c'est bien passé ou il va y avoir de l'eau dans le gaz (ou comme le disait une de mes précédentes fictions : il y a de l'ice-tea dans le coca !) Anya peut-elle survivre à une Raven déchaînée mettant la main sur un tas de technologies intéressantes ?
Les Notes :
Note n°25 : ARMNHMR j'avoue que je n'ai pas grand-chose à dire sur eux. Je ne suis pas vraiment à jour sur la musique électronique. Donc hormis le fait que la chanson Save You Now provient de l'album The Free World en 2020 je ne vais rien vous apprendre de plus. Et même sur Rico & Miella qui donne de la voix à la chanson, je n'ai pas grand-chose à dire. Je ne vous suis pas très utile sur cette note-là...
Note n°26 : « C'est bien connu : nous, les Gaulois, n'avons peur que d'une chose, c'est que Le ciel nous tombe sur la tête ! » L'expression rendu célèbre par les irréductibles gaulois de Goscinny et Uderzo, est entré dans le langage courant. Il signifie se retrouver face à une situation accablante et inattendue. Mais saviez-vous qu'elle est tiré d'une histoire vraie ? 336 avant Jésus-Christ, Alexandre le Grand monte sur le trône. Après plusieurs victoire, l'empereur doit consolider des alliances parfois fragiles et entame donc une tournée diplomatique. Il reçoit plusieurs délégations des pays voisins dont, les Celtes. Alexandre leur demanda ce qu'ils craignaient le plus au monde, persuadé que son nom s'étendait dans leurs contrées et serait leur réponse. Il fut déçu quand ils répondirent qu'ils ne craignaient que la chute du ciel.
Note n°27 : « Toute angoisse est imaginaire, le réel est son antidote » est une citation d'André Comte-Sponville qui provient d'Impromptus. L'écrivain est aussi professeur de philosophie et ces nombreux ouvrages sont réputés pour leur clarté et leur pédagogie en mettent la philosophie à la portée de tous.
Note n°28 : The Imperial March est un thème musical présent dans la franchise Star Wars. Il a été composé par John Williams pour le film Srar Wars épisode V : L'Empire contre-attaque. The Imperial March est un des thèmes musicaux de film les plus connus, devenant la signature sonore de chaque apparition à l'écran du personnage Dark Vador.
Note n°29 : Star Wars est un univers de science-fiction créé par le réalisateur, scénariste et producteur George Lucas. D'abord conçu comme une trilogie cinématographique sortie entre 1977 et 1983, l'univers s'accroît ensuite de trois nouveaux films entre 1999 et 2005 qui racontent des événements antérieurs à la première trilogie. Les droits d'auteur de Star Wars sont achetés en 2012 par la Walt Disney Company le septième épisode de la saga et premier de la troisième trilogie (épisodes VII, VIII et IX) sort au cinéma en 2015. Disney+, lance en 2019 la série The Mandalorian, précédant d'autres séries mettant en scène des personnages comme Obi Wan ou Ahsoka. Voilà... j'ai fait le plus court possible !
Je suis évidemment ouverte à toutes les critiques, qu'elles soient positives ou négatives, à condition que le commentaire soit constructif.
En espérant vous retrouver pour le prochain chapitre !
GeekGirlG
