Salut à tous ! :)

Quelques mots sur cette fiction : Les étoiles filantes sont les larmes du ciel. Du moins c'est ce que disent toutes les histoires. Alors comment expliquer que l'une d'elle ait rendu le sourire à une petite fille ? L'espoir que lui apporta cette rencontre changea radicalement son destin et celui de toute une nation. – Clexa –

Les personnages de la série The 100 ne m'appartiennent pas, tout comme les musiques que je peux utiliser dans l'histoire.

Je remercie tout particulièrement MaraCapucin d'avoir accepté d'être ma bêta et de relire mes nombreuses fictions pour que la lecture vous soit plus agréable, mine de rien c'est beaucoup de travail.

Je vous souhaite une bonne lecture et je vous retrouve en bas ! :)


Étoile filante

Chapitre n°13 - C'est incompréhensible !

L'amour veut m'faire creuser ma tombe

M'arracher l'cœur et puis poser ma bombe

Certes il a sauvé des vies

Comme il m'a fait v'la les hématomes

Qui peut rejoindre ma cause ?

Qui peut soigner mes plaies ?

Qui peut couper mes chaînes ?

Georgio et Tsew The Kid - Ailleurs session #2

Anya ⸙

Plus j'observe Raven Reyes, plus je me dis que cette fille… femme est unique en son genre.

Premièrement, elle est inarrêtable. Elle passe d'un endroit de ce qu'elle appelle un bunker à un autre, fouillant comme un petit écureuil avant l'hiver et revient avec une trouvaille qui me semble inutile. Parfois, elle m'en explique l'usage. A d'autre moment elle s'affaire autour pendant ce qui me paraît durer une éternité. Ou alors elle est tellement enthousiasmée par ce que son interminable quête lui fait découvrir qu'elle s'exclame dans cette langue chantante qui à chaque fois me fait sourire.

Deuxièmement, elle est infatigable, la preuve en est : nous sommes enfermées depuis un laps de temps qui me semble interminable et à chaque fois que je lui demande si elle veut dormir elle répond négativement. Elle continue de refuser de se reposer alors que je vois parfaitement les signes de fatigue apparaître un à un. Elle est douée pour cacher qu'elle lutte mais je suis incapable de ne pas voir les signes. Elle est épuisée mais refuse même de s'allonger. Je me suis d'abord dit que si elle s'acharnait à ce point a rester éveillée c'était parce qu'elle ne me faisait pas confiance, que je lui faisait peur. Mais il est devenu rapidement évident que je ne l'intimidais pas, pas même un peu. Je n'arrive donc pas à comprendre qu'elle puisse guerroyer ainsi contre son propre corps sans aucune raison apparente.

Troisièmement, elle sourit beaucoup, encore plus que n'importe quelles autres étoiles. Son comportement me laisse perplexe car en opposition je sais qu'elle se heurte en plus à son refus de prendre du repos aussi et surtout à de vraies douleurs qui la font à peine grimacer. Parfois, je la vois avoir une réaction plus virulente sous les assauts des élancements de ses plaies dont certaines saignent encore. J'ai à peine le temps de faire un pas vers elle pour la soutenir que la souffrance disparaît de son visage effacé par ce sourire qui m'intrigue tout autant qu'il m'agace dans cette situation très précise. Je connais parfaitement cette brûlure que fait naître notre corps quand il est accablé par des entailles, des lésions qui se teignent de bleu ou toute autre souffrance que fait naître un choc. Mais tout ceci ne semble pas l'affecter outre mesure. Je pensais être une force de la nature. Alors pourquoi son comportement commence à me faire douter de mes propres capacités à encaisser les sévices des coups et autres dommages ?

Quatrièmement, elle utilise la science non pas pour faire du mal mais pour créer des rêves.

Créer des rêves… je laisse mon regard passer sur chacune des figurines qu'elle a conçu en tordant ou en brûlant ce qu'elle a appelé des "cintres". Je tends la main pour effleurer du bout de mon index l'une d'elle. Un fin sourire étire mes lèvres alors qu'un souvenir lointain et heureux s'impose. Il aurait adoré toutes ces histoires que Raven déblatère depuis qu'elle a trouvé un "tourne-disque". Il l'aurait écouté avec toute son attention, les yeux grand ouverts et se serait certainement exclamé d'effroi au moment opportun. En fait, je suis certaine qu'il n'aurait pas supporté de rester un simple spectateur. Il aurait fini par se lever et aurait participé. Il aurait prit une des ses figurines, pour gâcher la fiction parfaitement ficelé de cette femme venue des étoiles et il en aurait inventé une autre.

Il aimait raconter des histoires. Il créait des rêves.

-La princesse Leia te plait, Raven prend la figurine que je ne faisait que frôler avec un grand sourire, c'est un bon personnage ! Je comprends, elle n'est pas du genre princesse "en détresse" mais une femme qui manie la politique a merveille, sensible, elle sait se battre et utiliser les arme et même la force !

Cette façon de parler. Cette passion. A cet instant précis, Raven Reyes lui ressemble tellement. Une infinie tristesse s'empare de tout mon être. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas pensé à lui. J'avais oublié qu'après les bons moments le pire revenait en cascade. La fin.

Il me manque, horriblement.

Je sursaute quand Raven prend ma main et ouvre ma paume pour y déposer le petit personnage en métal. Je fronce les sourcils, ne comprenant pas son geste.

-Si tu le veux, c'est à toi.

-Non, je perçois à peine ma propre voix.

-Je vois, elle rit. Je te le donne quand même parce qu'à mon humble avis ton rejet n'est pas très convainquant.

-Non, je tente encore mais c'est de nouveau inaudible.

-Et puis, Leia aussi est général, je suis étonnée par cette information. Qui se ressemble, s'assemble, garde la figurine.

-Non, j'essaye une dernière fois alors que je me trouve de plus en plus ridicule.

-Il est très malpoli de refuser un cadeau, dit-elle fermement, je dirai même durement.

-Pardon ?

Un sourire triomphant apparaît sur ses lèvres. Je me retrouve incapable de comprendre sa réaction. D'autant plus qu'elle répond à mon interrogation dans cette autre langue. Elle me laisse sans réponse alors qu'elle est en colère. Elle se retourne brusquement pour chercher "Obi Wan" et poursuivre son histoire en me laissant sans aucune explication sur son énervement.

Comment est-il possible de changer d'émotion aussi vite ? Raven est mécontente oui ou non ? Si une quelconque rancœur existe, je préfère le savoir ! Je ne vois pas comment je pourrai adapter mon comportement à l'avenir si elle ne m'explique pas ce que j'ai fais de mal.

Il me faut un moment pour comprendre ce qui m'agace véritablement. Je serai prête à changer, pour elle. Pour cette fille… femme que je connais à peine et dont je devrais ignorer les états d'âme. Alors pourquoi est-ce que je m'en soucis ? Parce que Raven Reyes m'intrigue. Elle représente à elle toute seule une énigme telle que je n'en ai jamais connue.

Alors je l'observe continuer à me raconter "la guerre des étoiles". J'ai bien compris que cette guerre n'avait rien à voir avec la réalité, bien qu'elle vienne aussi des étoiles. Comme je le disais, Raven créer les rêves. C'est une conteuse née. J'aime l'écouter, la regarder prendre une figurine alors que sa voix change en fonction du personnage dont elle vient de se saisir. En réalité, le fond m'intéresse peu. Je dirai même que c'est incompréhensible. Il y a trop de termes qui me sont inconnus pour que son récit trouve un sens. Mais l'étudier, la découvrir passionnée et patiente à la fois, n'oubliant aucun détail est incroyable.

Je serre mes poings pour chasser le passé et tenter de rester bien ancré dans le présent. Une douleur naît dans la paume droite de ma main. Je l'ouvre brusquement, me souvenant qu'à l'intérieur se trouve Leia. La figurine m'échappe, d'un geste je la rattrape. Je crois que je n'ai pas attiré l'attention de Raven. Sa voix continue de m'entourer alors que je fixe chaque petits détails de cette princesse devenue général. Raven construit vraiment des choses intriguantes et belles. J'ai du mal a croire qu'elle ait pu concevoir quelque chose d'aussi sophistiqué en peu de temps.

Et puis, sans que je m'y attende de la musique jaillit bien trop fort de son "tourne-disque". J'écarquille les yeux, mettant une main sur mon cœur pour m'habituer a la sensation. Je n'arrive toujours pas à comprendre comment je peux entendre quoi que ce soit sans musiciens et instruments. Pourtant, ce que je perçois est plus que réel. Un frisson parcourt tout mon corps et les poils se dressent sur mes avant-bras. Je suis renversée, complètement envoûtée par la mélodie qui a un tempo modéré avant d'imploser dans une certaine violence fascinante. J'imagine une armée terrifiante avancer vers moi quand Raven s'exclame au-dessus du son toujours exagérément répandue dans cet espace clos :

-Et paf ! C'est ainsi que le grand et terrible Dark Vador, elle dépose une nouvelle figurine au centre de la table, est né !

Mon regard passe du nouvel arrivant à Raven. Cette dernière semble satisfaite de ma réaction. Pour la première fois depuis un long moment, elle ne dit plus un mot. Elle se contente de sourire. Je n'ai pas vraiment conscience que la musique se poursuit alors que mes yeux se retrouvent complètement happés par les siens. Une sorte de fascination grandit en moi. C'est assez étrange d'en prendre conscience, d'ordinaire les gens m'ennuient tous, sauf Lexa.

Je suis incapable de me détacher de l'emprise de son regard sur moi. C'en devient de plus en plus déstabilisant. J'atteins un stade des plus risible quand je réalise entendre mon prénom au loin, d'autant plus au moment où je comprends que je suis appelé depuis un certain temps puisque je perçois parfaitement l'inquiétude dans la voix de Lexa. Il me faut énormément de temps pour m'éloigner de l'attraction presque chimérique que m'a imposée cette étoile aussi intrigante que magnifique et encore plus pour concevoir que seule la voix d'Heda est présente.

Son absence me contrarie avant que je ne me souvienne que c'est certainement cette "radio". Je ne perds pas un instant de plus, prends l'étrange engins en main, m'applique à le manipuler comme Raven me l'a appris avant de devoir hurler pour me faire entendre :

-Je peux sortir ? J'ai besoin de sortir !

-Anya, même avec la déformation de sa voix, je perçois sans mal le soulagement de Lexa. Tu vas bien ?

Je fronce légèrement les sourcils, étonnée par son inquiétude. Ce n'est pas inhabituel que nous nous faisions du souci l'une pour l'autre. C'est seulement que cette fois, elle ne fait rien pour le cacher. Je ne la vois pas et pourtant, je sais déjà que, qu'importe avec qui elle se trouve Heda ne trompera personne. A cet instant, elle est juste Lexa.

-Anya, insiste-t-elle, me pressant de répondre.

-Tu as fait de moi ton général. Il serait malvenu de me voir plier devant une fille… femme, seule et non armée.

-Tu peux ouvrir la porte, je manque de lâche brusquement la "radio" a cette information mais je me souviens de tout le temps que Raven a mit à la concevoir alors, je la pose délicatement, je suis devant, poursuit-elle, je t'attends.

-Quelles sont les nouvelles, crie ma compagne involontaire dans ce long isolement.

Je ne lui réponds pas, trop pressée de retrouver le grand air. Je déteste plus que tout être enfermé. Raven Reyes a montré un nombre incalculable de fois qu'elle avait une intelligence qui dépassait largement celle de n'importe qui d'autre. Quand elle me verra ouvrir en grand la porte, monter l'échelle et rejoindre la surface, elle sera amplement capable de faire la bonne conclusion sur la situation.

La main gauche sur le premier barreau j'ai un moment d'hésitation. J'ignore quoi faire de la figurine. Un nouveau souvenir soudain qui foudroie tout mon être me transcende. J'entrepeçois parfaitement son sourire, comme s'il était juste devant moi. Je suis envahie par des sentiments effroyable qui en cascade me font revivre le pire moment de ma vie. J'inspire profondément. Je choisie de rejeter toute cette peine. Je fixe un instant l'amas de fil de fer, me retourne hâtivement vers Raven avant de le placer furtivement dans une de mes commence à grimper et enclenche l'ouverture de la porte avec mon pied quand je suis à sa hauteur.

L'ascension me semble durer une éternité. La lumière du soleil paraît si loin. Quand je m'extirpe enfin du "bunker", je prends une forte inspiration et je relâche tout. Je clos mes paupières et recommence, encore et encore, jusqu'à complètement l'effacer de mon esprit. Il y a certains moments qui ne doivent définitivement pas reprendre vie. Quand je sens que j'ai repris le contrôle, je m'avance vers l'ouverture béante de la carcasse qui selon Raven se trouve être une "voiture". J'ai à peine effleuré l'acier brulant, chaufé à blanc par le soleil qui nous écrase de sa chaleur depuis quelque jour qu'une main forte agrippe mon poignet.

D'instinct, je cherche à me libérer en tirant mon bras vers moi. Mais j'ai à peine le temps de me mouvoir qu'une seconde emprise d'une grande force me retient en s'ancrant sur mon épaule. Il ne me faut que très peu de temps pour évaluer la situation. Je suis mal engagée mais pas encore morte. Je sais que j'ai promis de ne pas tuer mais s'il s'agit de défendre ma vie, j'enfreindrai mon serment sans le moindre état d'âme.

-Anya, la voix de Lexa produit un véritable retournement de situation, subitement je ne cherche plus à m'échapper. Je connais ce regard, c'est à peine un murmure. Tu m'as dit que tu allais bien. Dois-je en conclure que tu m'as menti ?

-Arrête de dire n'importe quoi, je grogne pour la forme, aide-moi plutôt à m'extirper de là !

-C'est ce que je m'apprêtais à faire mais tu as eu envie de m'attaquer sans aucune raison, sans lâcher ma main, elle recule et je bondis pour atterrir prestement en face d'elle.

-Sans aucune raison, je répète incrédule.

Heda sourit ou il est plus juste de dire que c'est Lexa qui s'essaye à cet exercice. Je me laisse surprendre par son comportement avant d'écarquiller les yeux en comprenant qu'elle a laissé son masque se fissurer alors que nous ne sommes certainement pas seule. Je me mets alors à chercher frénétiquement ceux qu'elle a choisis pour l'accompagner afin de me retrouver. Si j'estime qu'ils ne sont pas dignes de confiance, qu'ils pourraient utiliser cet instant de faiblesse au dépend de Lexa, je les tuerais sans la moindre hésitation.

Encore une fois, je me fiche d'avoir donné ma parole à Raven que je ne tuerai plus personne tant qu'elle serait dans les parages. Parce qu'il y a un autre engagement bien plus important qui m'incombe : celui de protéger Heda. Je lui ai assuré le jour de notre première leçon alors qu'elle n'était encore qu'une Natblida qu'à mes côtés, elle serait toujours en sécurité. Une offre que je lui ai réitéré quand elle a gagné le conclave. Je m'assure de mes fonctions avec beaucoup d'attention et je n'ai jamais ressenti une quelconque obligation à m'acquitter de mon devoir. Si je devais un jour me sentir forcée ou écrasée par les exigences de Lexa, deux choix s'offriront à moi, la quitter ou la tuer.

Je suis plus qu'étonnée en ne découvrant finalement que Clarke à ses côtés. Je fixe la blonde avec beaucoup d'attention. Je ne la quitte pas des yeux et rapidement, elle me rend mon regard, ne déviant pas, renforçant même l'échange.

-Est-ce que toutes les personnes qui me sont un tant soit peu proches compte faire subir cette épreuve à mon étoile ? Anya, Lexa soupire, je t'ordonne de cesser ce petit jeu immédiatement ! Klark est digne de confiance.

-Evidemment, je ferme les paupières avant de me les frotter finissant mon geste en pinçant doucement l'arrête de mon nez. Pardonne ma méfiance Heda mais c'est le rôle qui m'incombe.

-Pas quand nous sommes seules, me rappelle-t-elle.

-Mais nous ne le sommes pas, je ne peux m'empêcher de la corriger.

-D'ailleurs, réagi Clarke en accourant me bousculant légèrement au passage se penchant à l'intérieur de la voiture, où est Raven ? Rae, elle hurle. Ne me dites pas, elle se retourne brusquement vers moi, les poings sur les hanches, un regard dur, que vous l'avez assommé pour la faire taire !

-Pourquoi j'aurai fait quelque chose d'aussi stupide ?

-Parce que vous aimez le silence !

-Encore ce "vous", je grimace. Je ne m'y fais pas.

-Anya, intervient Lexa, où est Raevan ?

-Qu'est-ce que j'en sais, je suis ici, pas en bas. Peut-être qu'elle s'est enfin effondrée ! Je n'arrive pas à croire que quiconque puisse rester éveillé aussi longtemps.

-Elle n'a pas dormi, s'étonne Lexa. Toi non plus ?

-Comment j'aurais pu, alors que tu m'as expressément demandé de veiller sur elle ?

-Klark, reprend Lexa avec une once de soupçon dans la voix, pour quelle raison le fait que Raevan n'ait pas dormi ne t'inquiète pas ? Alors que tu as complètement surréagit pour une égratignure ?

-Disons juste que Raven et le sommeil ça ne fait pas bon ménage, c'est si elle s'était endormie que je me serais inquiétée alors ses blessures auraient sans nul doute été bien plus grave que ce qu'elle m'a décrit à la radio. Excusez-moi une minute, elle lève son index entre nous, se penche de nouveau vers le trou qui mène au "bunker" avant de s'époumoner, Raven Reyes ne m'oblige pas à venir te chercher !

-On se calme Blondie, la tête de la brune choisie pile ce moment pour apparaître, je ne suis pas sourde non plus. J'avais deux trois choses à ranger c'est genre la caverne d'Alibaba en bas, elle s'extirpe à son tour de la "voiture" et je fais tout pour ne pas recroiser son regard. Je veux revenir ici pour que tout ce qu'il a viennent avec moi au campement. Il s'agit de survie pure et dure. En attendant, elle se contorsionne pour atteindre la poche arrière de son pantalon, manoeuvre difficile avec les trois énormes sac qu'elle porte sur ses épaules, cadeau, elle donne plusieurs boites noir à Clarke, j'ai gardé quelques feuilles de papiers pour moi mais les crayons sont tous à toi.

-Sérieusement, Clarke prend avec beaucoup d'entrain le cadeau de Raven, merci ! Je t'ai déjà dit que tu étais la meilleure ?

Clarke conclut sa phrase avec une étreinte des plus malvenue. Je n'arrive vraiment pas à comprendre les épanchements des étoiles pour les effusions tactiles. Je détourne les yeux. Je n'ai aucune envie d'être témoin de ce genre de chose. Je me surprends à serrer les poings et à contracter la mâchoire, encore une réaction inattendue de ma part.

-Clarkie, je suis heureuse de te revoir vraiment mais là, tu m'étouffes et tout ton amour est très douloureux !

Raven a à peine fini sa phrase que j'interviens sur la seule chose qui m'a sembler vitale :

-Eloigne-toi tout de suite Klarke, je m'avance dangereusement, tu lui fais mal !

-Hey, d'un geste fluide que je ne comprends pas vraiment, Raven parvient à s'interposer entre nous, tout va bien. J'ai exagéré la situation. C'est simplement de l'humour. Je t'ai expliqué comment ça fonctionnait. Je vais bien, répète-t-elle, je plonge mes yeux dans les siens et je conçois à la croire. Il n'y a pas mort d'homme.

-Qui est mort, je demande aussitôt.

Tout ce que j'obtiens en réponse, ce sont des éclats de rire. Raven plaque une main sur ses côtes certainement douloureuse, cette fois je me retiens pour ne pas intervenir de façon inconsidéré. J'expire longuement par le nez. Je détourne les yeux pour joncher la réaction de Lexa qui se contente d'hocher les épaules :

-Encore une de leurs expressions, je suppose.

Je me dis qu'elle a sûrement raison. Je m'apprête à lui en faire part mais je m'arrête avant même de prononcer un mot. Il y a quelque chose d'étrange dans son comportement. J'analyse rapidement la situation mais rien ne me semble inhabituel hormis le fait que nous sommes en présence de deux parcelles du ciel.

-Heda, je tente incertaine, un problème.

-Non, un minuscule sourire étire ses lèvres, de ceux que je suis la seule à remarquer, c'est tout le contraire. Ton regard de tout à l'heure, je sais parfaitement ce qu'il signifie et il a complètement disparu. D'ordinaire il s'impose bien plus longtemps. Je suis heureuse que pour cette fois, ce ne soit pas le cas.

-Lexa…

-... vraiment, elle me coupe la parole, en agrippant mon épaule avant de s'avancer pour rejoindre Clarke et Raven, heureuse, souffle-t-elle pour que je sois la seule à l'entendre. Klark, Raevan, nous devons rentrer maintenant.

-Tu les ramènes avec nous, je l'interroge, alors que Titus est toujours là ?

-Leur campement n'est plus sûr. Les Maunons s'en sont pris à eux aussi, certains des cent sont leurs prisonniers. Je ne laisserai plus Klark seule.

-D'accord. Mais que fait-on pour Titus ?

Lexa inspire profondément, signe qu'elle réfléchit à la situation. Je sais comme elle, qu'exposer Clarke à cette sangsue n'est pas une bonne idée. Je déteste cet homme, ce n'est pas nouveau. Après tout, c'est lui qui murmurait à l'oreille de l'ancien Heda. Il a une place de choix sur la liste de noms que je compte bien décimer avant la fin de ma propre existence. Mais son rôle de flamekeeper le rend indispensable à Heda alors je ronge mes envies de vengeance et j'attends. Je sais déjà qu'à un moment où à un autre il dépassera les bornes et que ce jour-là, Lexa le laissera à mes bons soins.

-Il y a une autre solution, conçoit-elle, Anya, tu pourrais les emmener toutes les deux, tu sais où. Elles y seront en sécurité.

-Je refuse que nous soyons séparées.

-C'est trop loin, j'objecte en même temps que Clarke.

-Dans ce cas, nous n'avons pas d'autre choix que de les ramener avec nous.

-De toute façon, je n'allais nulle part !

-Je ne vois qu'une seule façon d'éloigner Klark de Titus. Elle doit rester en permanence sous ta garde Anya. Tu ne la quitteras pas des yeux.

-Je ne sais pas comment je pourrai faire ça.

-Tu le feras si je t'en donnes l'ordre, n'est-ce pas ?

-Heda, je me position de façon à ce qu'elle comprenne que je m'adresse à ma supérieure et non plus à mon amie, plaçant mes mains jointe dans mon dos qui est parfaitement droit, mon regard vissé dans le siens, tu ne peux pas me donner cet ordre, pas alors que nous sommes en guerre. Je suis ton général. Ma place est à tes côtés, pas aux leurs.

-Est-ce que tu comptes refuser toutes mes propositions, s'agace-t-elle.

-Propose-moi quelque chose qui ne soit pas stupide et je te suivrais.

-Anya !

-Heda ?

-Est-ce que tu comptes au moins m'aider à trouver une solution ?

-Nous pourrions rester dans le bunker, tente Raven.

-Non, les trois voix s'accordent parfaitement.

-Okay, elle place ses mains devant elle en signe de paix, pas de bunker… dommage, je me serais éclatée. Au revoir, elle fait un signe de main au trou, mes doux rêves de mécanique.

-Arrête ton cinéma Rae, nous allons revenir pour que tu embarques le reste du matériel qui te semble indispensable. D'ailleurs, tu n'as pas l'impression d'en avoir fait trop ? Trois sacs, vraiment ?

-J'ai cru qu'il fallait que je me la joue Flash a tes hurlements, si j'avais su qu'il me restait du temps, j'en aurais pris plus ! J'ai laissé le tourne-disque, elle plisse le nez. Je peux peut-être redescendre pendant que vous accordez vos violons ! Euh, elle me fixe, plutôt que vous preniez une décision. Je peux faire vite.

-Hors de question, je refuse, tu restes là où je peux te voir avant que tu ne te blesses encore.

-Mais vous êtes en pleine déblatération !

-J'ai dit non !

Un long soupire échappe à Raven, elle roule des yeux comme une enfant capricieuse à qui on a refusé un beignet de sucre au solstice d'été. Je ne m'attarde pas plus longtemps sur sa réaction puisque c'est celle de Clarke qui m'alerte. Elle agrippe fermement le visage de son amie et le tourne un peu trop virulemment dans tous les sens, semblant l'analyser avec beaucoup de précaution.

-Qui êtes-vous et qu'avez vous fait de ma Raven Reyes ?

-Tu fais exprès de me malmener depuis toute à l'heure ? J'ai mal partout !

-Je suis sérieuse, Clarke la lâche aussi vite qu'elle s'en est prise à elle, depuis quand il est aussi facile de te faire céder ?

-Je n'ai pas cédé facilement.

Clarke la fixe un long, très long moment mais elle n'obtient aucune réaction. Je fini par les quitter des yeux pour une nouvelle fois interroger Lexa silencieusement sur leur comportement. Elle se contente de nouveau d'hocher les épaules. Je suppose qu'elle les trouve tout aussi étranges que moi.

-Et si je partage leurs gardes entre toi, Indra et Gustus ?

-Sérieusement, grogne Clarke en perdant de toute évidence le combat de regard qu'elle a elle-même entamé, il fallait me le dire qui suffisait d'avoir cette fille, elle me désigne vaguement, dans ma poche pour avoir ne serait-ce qu'un iota d'influence sur toi. Je me serai évité bien des ennuis.

Je m'apprête à répondre que je ne pourrai pas tenir dans une poche avant de me rétracter. Quelque chose me dit que cette remarque récoltera de nouveau des moqueries. Je me contente alors d'un rapide regard vers Raven qui bouge ses lèvres très lentement pour me laisser deviner ces mots : "N'entre pas dans son jeu". Je ne suis pas certaine de savoir ce que ça signifie mais je décide définitivement de me taire sur la situation, préférant rebondir sur la proposition de Lexa.

-Je pense que nous n'aurons pas de meilleures solutions. Sur un champ de bataille, je confierai ma vie à Indra et Gustus est, un sourire mauvais étire mes lèvres, acceptable.

-Tu es la seule que Gustus n'impressionnes pas.

-C'est bien ce que je dis : acceptable.

-Même-moi, je trouve qu'il en impose. C'est un très grand guerrier.

-Il est vrai que ses techniques de combat sont satisfaisantes et parfois efficaces.

-Lexa, intervient Clarke inquiète, tu vas vraiment confier ma sécurité à quelqu'un en qui Anya n'a pas confiance ?

-Qui n'a pas confiance, je fronce les sourcils, je m'acharne à dire que Gustus est un choix acceptable. Il est loin d'être médiocre et ces capacités seront suffisantes pour vous protéger. Je suppose, un regard vers Raven, finalement, j'hésite. Si j'ai un doute de dernier moment, je me tourne vers Lexa, j'enverrai Triss le suivre.

-Tu enverras Triss, répète Lexa étonnée, tu as donc plus confiance en une jeune fille à peine formée qu'en un guerrier reconnue de tous ?

-Je ne parle pas de protection mais de surveillance, je rétorque. Si elle voit quoi que ce soit d'anormal, elle me fera prévenir aussitôt. Personne n'est aussi rapide que cette petite.

-Comme tu veux, Lexa secoue la tête. Nous pouvons y aller maintenant. J'ai dit aux membres du conseil de guerre que je ne tarderais pas à revenir.

Personne ne tergiverse alors Heda ouvre la marche suivit de près par Clarke. Raven fait quelque pas a sa suite avant de remarquer je ne sais comment que je ne les suis pas. Elle se retourne, plisse les yeux puisque le soleil est dans mon dos et contre toute attente, elle ne dit pas un mot. J'attends encore un moment mais aucune phrase ne sort de sa bouche. Elle me fait un petit signe de tête pour m'inviter à la rejoindre. Je répond par la négation de la même manière.

Si elle fronce les sourcils, certainement intriguée par mon refus, elle finit par se retourner. Pendant un instant, je me demande si la distance qui la sépare des autres n'est pas trop grande. Mais, alors qu'elle est blessée et surchargée, quelques foulées lui suffisent pour les rattraper. Je suis à la fois impressionnée et toujours plus intriguée par ses capacités physiques qui rendraient jaloux plus d'un des guerriers sous mon commandement.

J'attends encore, comme je le fais à chaque fois. Je place mes deux mains dans les poches de ma veste. Je lève complètement la tête vers le ciel et j'inspire profondément. Je déteste vraiment devoir rester enfermé. Il n'y a pas grand chose au monde capable de me rendre à ce point mal à l'aise que d'être cloîtré entre quatre murs. Mes doigts but contre un petit objet et je décide de l'ignorer pour le moment, préférant ressortir ce que Raven appelle un "origami". Je le place comme elle me l'a appris et à travers les rayons du grand astre de vie, je l'observe avec bien plus d'attention.

Il est vrai que maintenant, je suis parfaitement capable de voir l'oiseau qui se cache derrière cet étrange pliage. J'ai remarqué que Raven portait un collier qui lui ressemble. Je ne sais pas si elle en a conscience mais elle le triture beaucoup. C'est de cette manière que j'ai relevé qu'il était important à ses yeux. Je me demande s'il est lié à un état d'esprit, à une croyance ou à une personne. Je soupire. Il faut que j'arrête de me poser autant de questions à son sujet. Mon intérêt à son égard m'a beaucoup trop éloigné de Lexa et je n'ai pas pu être présente pour elle lors d'une battail capital. Si elle avait été blessée ou pire, jamais je ne me le serais pardonnée.

Je me reconcentre sur le moment, range le présent de Raven à sa place et observe les alentours. C'est bon, j'ai attendu bien assez longtemps. Je passe une main sur mes cervicales, étirant ma nuque et m'avance lentement vers les arbustes. Je passe à travers sans faire le moindre bruit et pourtant je ne fais pas la bêtise d'égarer mon regard vers mes pieds. Aux yeux de tous, je disparaît complètement au milieu de ce que la forêt connaît de plus dense. J'avance comme si je faisais partie intégrante des bois, comme si j'étais un de ses esprits que l'on découvre page après page dans les histoires pour enfants.

J'avance efficacement et furtivement comme seuls ceux qui étaient appelés les invisibles de la vallée dorée savaient le faire.

Il me faut peu de temps pour rattraper Heda et les deux étoiles. Je les protège depuis l'ombre du bosquet. Je suis attentive à chacun des bruits qui m'entoure et prête à bondir en dehors de l'obscurité si besoin. Je fini par me rendre compte que le rythme est plus lent que d'ordinaire. Je suppose que Lexa c'est adapté à leur allure ou de ce que j'en sais au moins à celle de Clarke. C'est peut-être ce qui explique que le regard d'émeraude de celle qui est devenue mon apprentie puis la plus grande leader que ce monde ait connu jusque là soit en train de me chercher. Je souris malgré moi. Il y a bien longtemps qu'elle ne s'était essayée à cet exercice. Ses yeux passent sur moi sans me voir et continuent leur analyse. Je suis plus prudente que d'ordinaire. Je sais parfaitement que s'il ne doit y avoir qu'une personne capable d'entrevoir ma présence dans ces moment-là, ce doit être Lexa.

Ce n'est pas parce que jusque-là, elle n'y est jamais parvenue sans que je l'ai décidé qu'il en sera toujours de même. J'ai appris il y a longtemps à ne jamais la sous-estimer. Lexa évolue très vite et il est vrai que sur bien des points, elle m'a surpassé. Je garde pourtant encore quelques secrets jalousement. Durant un temps, c'était parce que mon esprit méfiant continuait de se défier d'elle. Maintenant, c'est simplement parce que je suis une des rares personnes qui si elle le voulait vraiment pourrait la battre en combat singulier. Ma seule présence l'oblige à toujours s'améliorer, je dirai même à se surpasser.

Je marche maintenant lentement, presque au ralenti. Les simples battements de mon cœur me semblent trop bruyants comme si Lexa serait capable de les percevoir et donc de me repérer. Je ne la quitte pas des yeux tout en restant parfaitement consciente de tout ce qui m'entoure. Du moins, c'est ce que je pensais jusqu'au moment où je me fais surprendre aussi bien par la voix de Raven que par le contenue de sa phrase :

-Ne devrions nous pas attendre Anya ?

C'est seulement à ce moment très précis que je remarque que si son regard n'est pas entièrement sur moi, il se trouve parfaitement dans ma direction. Elle sait où je me trouve. J'en suis si retournée que je n'ose plus bouger. Pourtant elle ne quitte pas ma position des yeux. Je n'ai tout de même pas été assez stupide pour être vu d'une fille… femme qui ne connait rien à l'art du camouflage.

-Ne t'en fais pas Raevan, Anya n'est pas loin. Elle ne l'est jamais. Elle réapparaîtra quand nous serons arrivées. C'est de cette manière qu'elle assure nos arrières. Allons-y, nous y sommes presque.

Lexa reprend son avancée tout comme Clarke mais Raven ne les suit pas. Il ne faut pas longtemps pour que ses yeux s'arrêtent parfaitement sur moi. Je ne pense pas qu'elle me voit à proprement parler mais tout de même son regard ainsi arrêté sur ma personne me perturbe.

Puis d'un geste lent, à peine perceptible ses doigts glissent jusqu'à son collier avant qu'elle ne fasse un pas, un seul dans ma direction. J'arrête complètement de respirer. D'ordinaire, j'aurais fait en sorte de m'enfoncer un peu plus dans les profondeurs des bois. Mais cette fois, il est trop tard. Elle m'a déjà repérée. Elle sait pertinemment où je me trouve.

-Qu'est-ce que tu regardes Rae ?

Raven détourne les yeux, cette inattention ne dure pas plus d'une seconde ou deux mais je m'engouffre dans cette opportunité et me dissimule complètement derrière le tronc énorme d'un arbre à ma portée. Je place une main sur ma bouche afin d'être certaine qu'aucun bruit ne m'échappe. L'autre se trouve sur mon abdomen, je m'ordonne silencieusement de me reprendre avant que je n'effectue une erreur plus flagrante encore. Je lève les yeux. Une branche solide se trouve juste là. Ma décision est prise, en quelques gestes fluides, je me hisse et poursuit ma surveillance depuis les hauteurs.

-J'aurais juré, la voix de Raven me fait tressaillir, qu'elle était là.

-Anya, interroge Lexa, certainement pas. Je ne connais personne capable de la voir si elle ne le décide pas.

-Vous êtes certaine que, elle me cherche dans la zone où je me trouvais il y a encore peu, je suis soulagée en remarquant qu'elle ne dévie pas vers le haut, ce n'était pas elle.

Lexa fronce les sourcils. Certainement encouragée par l'insistance de Raven, elle finit aussi par me chercher exactement dans la même direction. Mais contrairement à celle qui est tombée des étoiles, Heda, elle n'oublie pas de scruter la cime des arbres et encore moins leurs branchages.

-Pour ce que j'en sais, Anya pourrait tout aussi bien déjà être arrivée, pourtant elle continue de scruter chaque recoin, et si c'est le cas, elle va être infernale en me faisant bien comprendre que notre lenteur est des plus ridicules.

-Raven je sais que tu es du genre à analyser le moindre détail mais cette fois c'est surement rien, sourit Clarke en lui prenant la main. Nous connaissons mal cet environnement. Tu apprendras à ne plus te faire surprendre. C'était certainement juste un animal inoffensif.

-Dans ce cas, il était grand cet animal, répond Raven pensive en relâchant la pression qu'elle exerçait sur son pendentif.

-Tu ne veux pas laisser tomber, demande son amie. Je suis épuisée et je ne doute pas que toi aussi.

-Je ne pense pas, commence la brune.

-Je resterai avec toi, la coupe l'étoile de Lexa. Tu as besoin de repos si ce n'est pour toi, au moins, elle désigne sa tête, pour lui.

-D'accord, son regard me cherche une dernière fois puis elle se détourne, allons-y. Tu as raison, je suis exténuée.

-J'ai toujours raison, s'extasie-t-elle avant de passer son bras sous celui de Raven qui s'éloigne enfin, non sans lancer plusieurs regards en arrière.

Finalement la seule qui reste sur place, c'est Lexa. Elle observe un moment les amies. Puis sans que je m'y attend, elle s'adresse à moi :

-Anya, si tu es vraiment là. Il va falloir que tu m'expliques comment Raevan a pu te voir.

Je me ferai une joie de lui expliquer bien que cette situation soit honteuse. Encore faudrait-il que je comprenne ce qu'il s'est passé. J'ai beau revoir les évènements encore et encore, je ne comprends pas comment cette fille… femme a pu me distinguer. C'est incompréhensible !

Lexa presse le pas pour rattraper Clarke et Raven. Je me permets seulement de reprendre une inspiration digne de ce nom. Je me laisse un moment pour me remettre de mes émotions. Puis, je m'aventure un peu plus en extérieur sur la branche sur laquelle je me suis réfugiée. Je m'arrête pile avant le point de rupture qui pourrait faire céder le bois sous mon poids. Alors, je m'élance comme une funambule qui participe parfois aux foires. Dans les airs, mon corps prend des angles qui pourraient paraître improbables pour une personne qui n'est pas habitué à l'exercice. Pourtant, sans réel effort, une prise parfaite me hisse sur une autre branche. Je fais trois pas rapides et je recommence l'exercice, bondissant d'arbre en arbre me déplaçant bien plus aisément que si j'étais au sol.

Je suis dans mon élément, là où j'évolue le plus facilement. Je bondis, cours, escalade et m'aventure là où peu d'homme ose se rendre. J'entends alors presque la voix de mon père, comme s'il était encore capable de me guider dans cette pratique, comme s'il me l'enseignait encore et que j'avais tout à apprendre. Je ne suis pas tombée depuis très longtemps au cours de ces acrobaties et pourtant parfois, c'est comme si son rire grave me faisait de nouveau fulminer alors que j'avais une partie de mon corps brisé par la chute. Ses moqueries me rendait folle de rage. J'étais persuadée que ces pratiques n'étaient pas pour moi. Je détestais ses enseignements. Il était tellement dur avec moi, bien plus qu'avec n'importe qui d'autre. Je préférais bien plus le maniement des armes dans lequel j'excellai mais à ses yeux, ça ne suffisait pas, ça ne suffisait jamais. Son regard intransigeant et son sourire acerbe m'intimant de me relever, toujours. Rester à terre c'était mourir un peu de la pire des manières. Et pour lui c'était inacceptable.

Je me laisse glisser presque tomber au sol. J'atterrie parfaitement bien. Je perçois des armes être dégainées et des pas rapides. Je me redresse et foudroie les imbéciles qui ont laissé ce périmètre sans sentinel. Mon message silencieux fonctionne parfaitement bien, je le distingue à leurs traits tirés et d'autant plus quand ils balbutient :

-Gé… génaral, vo-vous êtes d-de retour.

-En effet, je réponds d'un ton hargneux.

Mais de quel grand sens de l'observation ces deux imbéciles font preuve. Constater que je suis de retour alors que je viens de les surprendre mérite de prompt compliment. Et non, je ne suis absolument pas enclin à m'en prendre à eux parce que j'ai été désarçonnée par une fichue étoile qui n'a pas été capable de rester là où est sa place : dans le ciel ! Encore moins parce l'ombre de la présence écrasante de mon père continue de rôder autour de moi. Je ne suis pas de ceux qui renverse leur courroux sur une personne parce que son égo a été meurtri. Seulement, je reconnais ces deux-là et ce n'est pas la première fois que je les surprends loin de leur poste de surveillance et nous sommes en guerre ! S'ils n'apprennent pas de leurs erreurs, la prochaine fois, il pourrait y avoir des morts !

Je me rapproche d'eux mes doigts resserrés sur le pommeau de mon épée. Je n'ai pas l'intention de dégainer. Je n'en ai pas besoin pour leur faire comprendre que si j'étais un ennemi ils seraient sans le moindre doute couvert de sang, jonchés au sol à lutter pour prendre une simple inspiration. Je souris. Je n'ai pas besoin d'une stratégie, les mettre à terre, je dirais même les humilier sera un jeu d'enfant. Après mon intervention, ils auront peut-être enfin la jugeote de ne plus déserter leur poste !

-Anya, je me détourne, resserre ma prise sur mon arme et fixe avec encore plus d'animosité que les imbéciles : Titus qui se dirige vers moi comme si le monde lui appartenait. Peut-on savoir où se trouve Heda, son ton hautain me fait sortir très légèrement ma lame et placer mon pouce sur le côté tranchant, sans appuyer, n'est-elle pas partis te chercher ?

Les deux hommes que je m'apprêtais à corriger profitent lâchement de son intervention pour s'éloigner mais cette fois, ils ont l'intelligence de rester dans le périmètre qui leur est alloué. Je ne sais pas ce qui m'agace le plus qu'ils aient ainsi pu profiter de la situation ou que ce soit Titus qui en soit à l'origine. Tout bien considéré, il n'y a pas de doute à avoir. C'est lui, c'est toujours lui. Il n'y a personne d'autre que lui dans mon entourage capable de me faire enrager de la sorte. A chaque fois que je le vois, je n'ai qu'une chose à l'esprit : comment est-ce que je vais le tuer ?

Je le considère avec tout le dégoût qu'il m'inspire. Je n'ai aucune intention de lui répondre. Si je devais lui adresser la parole pour autre chose que la sécurité de l'esprit d'Heda, je suis certaine que je m'en rendrais malade. Je sais qu'il a conscience de mon aversion à son égard, raison pour laquelle il s'est si farouchement opposé à ma nomination au rang de général. Il connaît aussi parfaitement les origine du ressentiment qui un jour me fera planter ma lame dans sa gorge pour le regarder s'étouffer dans son propre sang. En fait, peu m'importe la manière, ce qui a de l'importance c'est qu'il succombe de ma main.

C'est justement ce qui le rend nerveux en ma présence, je suis la seule preuve vivante de l'une de ces plus tragiques erreurs ! Pourtant, il se permet encore et toujours d'agir de façon suffisante à mon égard comme s'il savait qu'il était intouchable. Alors qu'en réalité il ne l'est pas. J'ai su me retenir jusqu'ici mais s'il continue d'agir avec insolence je finirai par ne plus répondre de mes actes. Je ne connais que trop bien la satisfaction qui me gagne quand la vengeance me fait rayer un des noms qui se trouve sur cette liste qui continuera de me hanter jusqu'au jour où je finirai par éliminer le dernier qui s'y trouve.

J'ai accepté de stopper ma vendetta pour Lexa. Parce que j'ai découvert cette parcelle d'espoir qui me manquait dans le regard de cette petite fille. J'ai arrêté de punir ceux qui ont détruit jusqu'à mon existence même parce qu'une enfant qui ne faisait que parler de paix avait une chance certes infime mais tout de même une chance de devenir Heda. Un jour.

Quand Lexa a gagné le Conclave, j'ai pris conscience de deux choses importantes. Que lorsque j'ai pris l'initiative de la former alors qu'avant elle, j'avais toujours refusé de donner ne serait-ce qu'un conseil. Cette décision était la bonne. Mais aussi que je ne pouvais plus me permettre d'abattre mon châtiment sur les coupables de cet acte méprisable qui est à l'origine de tous mes maux. Je devais refouler mes instincts revanchards si je voulais rester aux côtés d'Heda. La première qui ne désirait que deux choses : la réunification des clans et la paix. Si je voulais continuer d'être dans son entourage, je ne pouvais pas incarner tout ce qu'elle cherchait à détruire alors pour elle, je me contiens.

Pourtant, je sais qu'il serait très facile de franchir la ligne que je me suis moi-même interdit de dépasser. D'autant plus avec une personne comme Titus qui gravite dans mon entourage et qui se pavane comme un foutu coq, se prenant pour un roi. Il devrait pourtant savoir que le comportement majestueux de l'animal importe peu lorsqu'il n'a plus de tête. Il lui devient alors très difficile de continuer de régner. A ce que je sache aucun homme décapité est resté longtemps au pouvoir.

-Je t'ai posé une question Anya. Où est Heda ?

J'accentue la pression de la pulpe de mon pouce sur le tranchant de la lame. L'acier de mon arme étant parfaitement affuté, je perçois quelques gouttes de sang s'écouler jusqu'à mon poignet. Je fixe Titus en continuant de me convaincre que de l'étriper ne serait pas une bonne idée. Je crois bien que je ne suis pas loin de céder. À cet instant, je me fiche bien des conséquences mais une impulsion inattendue me permet de me retenir : la voix de Raven Reyes.

Je quitte alors sans regret la personne horripilante que se trouve être Titus pour voir apparaître Lexa suivit de près par les deux amies. Je ne suis pas assez stupide pour me laisser aller à un sourire. Je suis bien incapable d'oublier la présence d'une des personne les plus excécrable qui m'est été donné de rencontrer. Je doute qu'il les ait déjà repéré alors toujours sans un mot, je m'éloigne pour les rejoindre. Quand Heda se rend compte de ma présence, je lui fait un signe qu'elle seule peut comprendre pour qu'elle ait l'occasion d'éloigner son étoile.

Les négociations ne s'éternisent pas et heureusement, Clarke suit Indra sans aucune protestation. Mais je dois dire que je suis troublée en découvrant que Raven n'en fait pas de même. Quand j'arrive à leur hauteur consciente que Titus n'est pas loin derrière, je demande quelque peu abruptement :

-Pour quelle raison est-elle encore là ?

-Hey, Raven fait un grand signe attirant encore plus l'attention sur sa personne, est-elle complètement inconsciente du danger qui rôde autour d'elle, je suis juste là. Ne parle pas comme si ce n'était pas le cas, son regard est dur, il n'y a pas grand-chose que je déteste plus que cette attitude !

-Raevan voulait te parler, m'expliquer Lexa.

-Titus arrive, je réponds en essayant de ne pas laisser transparaître mon angoisse à l'idée qu'il puisse la rencontrer. Et il faut que nous rejoignions le Conseil de guerre. Je n'ai pas le temps de lui… de te parler.

Je conclus en m'obligeant à croiser son regard. J'espère qu'ainsi elle comprendra l'urgence de la situation. Encore une fois, Raven est loin d'être stupide alors il y a une chance pour qu'elle saisisse l'importance qu'elle s'éloigne rapidement. Pendant un instant, je pense que j'ai échoué puisque tout ce que je récolte c'est un soupir. J'écarquille les yeux et je crois que je commence littéralement à paniquer quand je la vois se débarrasser de l'un de ses sacs.

-Qu'est-ce que tu fais ?

Le regard que Raven me lance m'intime de ne plus dire un mot. Si elle croit que je vais me laisser faire, elle se trompe ! Je fais un pas menaçant vers elle. Lexa me fait un signe de tête pour me dissuader. Mais c'est finalement le bruit sourd du sac que la brune laisse tomber à terre qui m'arrête net. Je n'aurais jamais pensé qu'il pouvait être aussi lourd. Alors je la regarde avec horreur s'accroupir afin de l' ouvrir et commencer à fouiller dedans. J'ai un moment de lucidité, me retourne et réalise qu'il est trop tard. Titus est déjà là.

-Heda, je disais justement à Anya que je ne vous attendais plus. Vous avez été particulièrement longues, je suppose que celles tombées du ciel t'ont ralentis.

-Vous êtes particulièrement impoli, intervient Raven en se redressant les bras chargés de feuilles.

Je dévisage Raven. Je n'arrive pas à croire qu'elle ait osé s'adresser ainsi à Titus. D'ailleurs, Lexa l'observe avec un regard atterré et je suis certaine que j'en fais de même.

-La moindre des choses quand on s'adresse à un groupe de personnes c'est de s'assurer connaître tout le monde, poursuit-elle avec calme alors que tout dans sa posture démontre qu'elle est agacée. Ne vous en faites pas Titus, elle prononce son nom comme s'il s'agissait d'un vile serpent, j'ai l'habitude d'être méprisée, je l'ai été toute ma vie, jusqu'au jour où il est devenu évident que j'étais la seule capable d'effectuer certaine tâche. Vous apprendrez donc, elle tend ses feuilles vers moi sur lesquelles je découvre différents schémas et annotations, je les réceptionne et elle continue, que je ne suis pas "une de celles tombées du ciel". C'est d'ailleurs une analyse étriquée de ce qu'il s'est passé. Parce que si nous étions tombés nous aurions explosé. J'ai fait en sorte qu'une carcasse d'un autre temps puisse voler et qu'il atterrisse plus ou moins sans dommage. Et, je m'appelle Raven Reyes.

-Raevan, je tente avant qu'il ne la considère comme une menace.

-Je n'ai rien à ajouter en ce qui le concerne, pourtant, elle reste là à toiser Titus.

-Raevan, je prononce de nouveau, incertaine.

-J'ai profité des ordinateurs du bunker pour étudier Mont Weather. Il se trouve que l'Arche possède beaucoup d'informations à son sujet. Je t'ai dessiné un plan en noir à l'échelle de la structure principale. J'ai indiqué les portes qui pourraient être affaiblies en vert. J'ai aussi fait une étude pour évaluer les possibilités d'agrandissement, toutes les annotations en rouge représentent seulement des hypothèses. Et j'ai joué des statistiques pour deviner où pourraient se trouver leurs armes, j'ai détaillé mes calculs et mes conclusions en bleu. Il n'y a qu'un endroit possible en ce qui concerne la conception du brouillard acide, j'y ai fait des annotations approximatives qui pourraient permettre de s'en débarrasser. Il y a une chose inquiétante, si j'en crois le registre que j'ai trouvé, ils possèderaient des missiles et pour s'en débarrasser ce sera un véritable enfer mais j'y réfléchis déjà. Voilà, son regard passe successivement de Lexa, à Titus en finissant par moi, j'ai dit ce que je voulais. Maintenant, je m'en vais.

Et sans que je ne puisse ne serait-ce que penser à la retenir pour qu'elle m'explique plus en détail ce que je pense être d'une importance capitale, Raven fait volte-face. Je la regarde s'éloigner complètement interdite avant de laisser tomber mes yeux sur l'amas de feuilles dans mes mains. Puis comme au ralentis, je dévis mon regard vers Lexa qui paraît tout aussi stupéfaite que moi.

-Tu as passé deux jours entiers avec Raevan et tu n'as pas remarqué qu'elle élaborait un plan contre les Maunons ?

-Comment j'aurais pu le deviner ?

-Tu étais avec elle, tout le temps !

-Mais absolument tout ce qu'elle faisait était incompréhensible ! Dès qu'elle trouvait quelque chose de totalement insignifiant, elle en parlait comme s'il avait une importance capitale. Crois-moi, tu n'aurais pas voulu te retrouver à ma place. Cette fille… femme est capable de passer d'un sujet à un autre en un claquement de doigts. C'est exténuant ! J'ai même dû finir par écouter le récit d'une guerre des étoiles qui n'était pas une vraie guerre des étoiles parce que rien de tout ce qu'elle racontait ne s'est passé dans la réalité mais dans un "film".

-Stor Wors et Dork Vodar. Klark m'en a parlé.

-Je ne pense pas avoir déjà entendu Anya prononcer autant de mots, remarque Titus que je fusille aussitôt du regard.

-Je vais aller étudier ces plans avec le conseil de guerre, rejoins moi quand tu en auras fini avec lui.


Voilà pour le nouveau chapitre de cette fiction. J'espère qu'il vous a inspiré et qu'il vous a plu ! Des suppositions pour la suite ? J'ai hâte de connaître vos réactions sur ce second chapitre du point de vue d'Anya. Vous en avez un peu plus appris sur son passé, sa personnalité et sa relation avec Raven ne fait que ce… compliquer.

Les Notes :

Note n°30 : Georgio est un rappeur et chanteur français originaire du 18e arrondissement de Paris. Après s'être fait connaître sur Internet, il sort Bleu noir, son premier album, produit grâce à un financement participatif en 2015. Le 4 novembre 2016, il publie son second album Hera, une hymne à la vie. En 2018, il sort son troisième album XX5. Et en 2021 il sort son quatrième album Sacré. Tsew The Kid est un auteur-compositeur-interprète français, de pop urbaine. Son nom d'artiste vient du suffixe malgache "-ntsoa" prononcé "tsew", venant de "soa" un terme positif rappelant la bonté, la beauté, le bien, et "The Kid" est un hommage à Billy the Kid, jeune hors la loi mythique de la fin du XIXe siècle, créant un paradoxe avec le suffixe. En 2020, Georgio sort deux titres nommer Ailleurs Session dont celle de ce chapitre : Besoin de Personne.

Note n°31 : La Princesse Leia Organa d'Alderaan, est un personnage de fiction, femme politique sensible à la Force dans l'univers de Star Wars, née en 19 av. BY au Centre médical de la République sur Polis Massa. Elle est interprétée par Carrie Fisher dans la première et troisième trilogie de la saga. L'actrice qui a personnifié Leia depuis le premier film de la saga en 1977 est morte à 60 ans le 27 décembre 2016. Leia est la fille du légendaire Jedi Anakin Skywalker et de l'ex-reine Padmé Amidala, sénatrice de Naboo. Elle est également la sœur jumelle du chevalier Jedi Luke Skywalker. Sa mère meurt en leur donnant naissance tandis que son père bascule du côté obscur de la Force sous le nom de Dark Vador. Leia bébé est alors cachée et adoptée par la reine Breha Antilles Organa et son mari, le sénateur et prince consort Bail Organa, souverains de la planète Alderaan.

Note n°32 : Alibaba et les quarante voleurs est une histoire d'origine persane. Il s'agit d'un récit que l'on présente souvent comme faisant partie des contes Mille et une nuits, traduits par Antoine Galland en 1701. Mais ne ferait pas partie des manuscrits originaux, il aurait été rajouté tardivement à l'ouvrage comme Sinbad le marin et Aladin ou la Lampe merveilleuse.

Note n°33 : Flash est le nom de plusieurs personnages de fiction appartenant à l'univers de DC Comics. Les différents Flash sont tous dotés de la capacité de se déplacer à très grande vitesse (des Speedsters). Le costume du super-héros Flash est souvent rouge et jaune, avec au centre un éclair sur fond blanc pour désigner sa vitesse. Mais le tout premier avait également un casque d'acier, inspiré du dieu grec Hermès (ou Mercure chez les Romains), doté lui aussi, d'une vitesse hors du commun. Il a été créé par Gardner Foxet Harry Lampert. Il existe entre autre : Jay Garrick, Barry Allen, Wally West, Bart Allen. Au cinéma, il est joué par Ezra Miller dans le film Justice League sorti 2017 mais aussi dans la Zack Snyder's Justice League diffusée sur HBO Max en mars 2021. Il aura son propre film The Flash réalisé par Andrés Muschietti en 2022. Flash a aussi eu sa propre série, à deux reprises, en 1990 où Barry Allen est interprété par John Wesley Shipp. Le personnage de Flash, encore jeuneet sans son costume bien qu'il porte des vêtements et des accessoires marqués de l'éclair apparait aussi dans la série Smallville. Et puis, il y a l'arrowerse où Barry Allen est interprété par Grant Gustin. Il est introduit dans deux épisodes de la saison 2 d'Arrow avant d'avoir sa propre série. Dans le film Arrête-Moi Si Tu peux (2002), le personnage interprété par Leonardo DiCaprio prend le pseudonyme de Barry Allen lors d'une de ses arnaques. La série The Big Bang Theory fait de nombreuses allusions à Flash. Un t-shirt du personnage Sheldon Cooper reprend les couleurs de Flash. Dans l'épisode 6 de la saison 1, pour Halloween, les quatre personnages principaux masculins se déguisent tous en Flash sans se concerter.

Je suis évidemment ouverte à toutes les critiques, qu'elles soient positives ou négatives, à condition que le commentaire soit constructif.

En espérant vous retrouver pour le prochain chapitre !

GeekGirlG