Écrit pendant que j'étais en clinique, un peu décousu car pas écrit d'une traite...

On se retrouve un matin à faire semblant.
Pour donner l'impression que tout est au mieux.
Mener une vie des plus normales possible, pour cacher cette haine qui gronde, qui nous ronge peu à peu.

Il a le monde sur ses épaules de 17 ans, mais garde le sourire.
Il se balade avec elle, l'embrasse, la prend dans ses bras.
Mais elle, elle sait.

Elle l'observe dans l'ombre depuis cinq ans. Elle connaît tous ses regards, tous ses mots.
Et elle devine ses maux.

Elle sait.
Elle sait qu'il s'en va.

Peu à peu, il s'en va.
Il voit peu à peu disparaître tous les gens qui l'aident, ou l'ont aidé. Qui l'aiment.
Ses parents, même s'il ne s'en souvient pas vraiment.
Sirius, son parrain. Dumbledore, son… mentor ? Protecteur ?
Et tant d'autres…

Tel un feu sacré la révolte gronde en lui.
Il voudrait tuer le traître.
Tuer Voldemort.
Tuer la graine noire implantée au plus profond de lui et qui chaque jour grandit, s'alimentant de sa colère, de sa rage, de sa haine.

Elle voit la lueur de ses yeux verts s'éteindre.
Elle voit bien qu'il a mal.
Lui est aveugle.

Le vert de ses yeux s'est obscurci.
Elle seule l'a vu.
Son frère est bien trop occupé à jouer au chat et à la souris avec Hermione.

Et elle a mal, mais le soutient du mieux qu'elle peut.
Mais après cette année ? Dans quelques jours ?

Lui sera dehors. Elle, toujours dans cette école.

Elle le sait, il s'en va.
Maintenant, elle a froid.

À deux, ils sauvent les apparences. Combien de temps encore ?

C'est l'été. Elle attend de voir la chouette blanche arriver vers elle comme l'été précédent.
Mais Hedwige ne vient pas.
Ron a l'air préoccupé.
Hermione arrive sous peu avec ses parents. Elle a l'air grave, se jette dans les bras de Ron. Ils sont ensemble maintenant.

Mais à elle, fillette silencieuse, on ne dit rien…
Mais elle sait.
Elle seule a toujours pu comprendre son petit ami.
Elle sait ce que c'est d'être possédé, d'être rongé.

Mais elle se tait.

Et lui… Lui a disparu.

Il n'est plus question de sauver les apparences, elle pleure. Il l'a abandonnée. Apparences ?

Il a appris tant de choses.

Déjà, qu'il devait s'éloigner des gens afin de ne pas mettre leurs vies en danger.
Il a appris a dissimuler son aura, ses pouvoirs magiques.

Il se terre. Il se cache. Il suit les activités des mangemorts de près. Lit les horreurs de la gazette à son sujet.
Ils l'avaient déjà fait passer pour fou, alors pourquoi pas pour lâche, ou même mangemort ?

Il s'en moque.

Il surveille. Note.
Il sait qu'on le recherche.
Mais lui a trouvé ce qu'il cherchait. Le quartier général de Voldemort.

Il sait. Il va agir. Bientôt. Sous peu.

Le Lord Noir s'agite, ces temps-ci.
Las de rechercher un Survivant qui apparemment a disparu de la surface de la terre, il prépare un coup d'éclat, pour se rappeler au bon souvenir du monde sorcier.
Il enverra ses mangemorts, et restera avec une garde minime dans son QG. Il ne se déplace que pour les grandes occasions, comme tuer Potter…

Il agira à ce moment là. Et tout se finira enfin.
Il pourra mener la vie qu'il entend.

Il est couvert de sang.
Sa baguette à la main, il joue les blessés graves. Se traîne jusqu'à la « salle du trône. »

Le Lord sait déjà qu'il est là. Qu'il est blessé.
Du moins le croit-il. Voilà ce qui importe. Les Apparences.

Le Seigneur Noir a l'air terrifiant, mais lui n'a pas peur. Apparences encore.

La vois s'élève, sifflante.
« Potter ! Tu as fini par ramper hors de ton trou, fou suicidaire ! Tu es là, devant moi, comme toujours. Mais cette fois tu rampes, tu espères te faire passer pour un serpent, mais tu n'es que vermine. Cette fois Potter, plus de Survivant ou de Seigneur des Ténèbres, seulement toi contre moi ! »

Voldemort ne craint pas le Survivant. C'est un jeune homme faible, sans défenses, blessé. De plus, n'est-il pas à l'abri avec ses horcruxes ?
Il ignore qu'il n'en reste désormais plus qu'un, et que Potter l'a justement sur lui….

« Tu ne dis rien, Potter ? Tu as peur, peut-être ? Tu as raison. Tu sais ce qu'il se passe en ce moment n'est-ce pas ? »

Ne rien laisser paraître. Apparences.
Il y a bien longtemps qu'il ne sait plus rien du monde sorcier, la gazette ne pouvant être qualifiée de source d'information fiable.

« Mes mangemorts sont partis détruire Hogwarts. Ta maison, ta famille, tes amis. »

Il ne réagit pas. Il n'a plus de maison, ni amis. Il les a abandonnés.
Voldemort essaie de l'affaiblir, de l'énerver, de lui faire perdre le contrôle. Voldemort veut le voir rampant, suppliant d'épargner ses amis. Il veut le Survivant à ses pieds. Ce dernier a décidé de ne pas lui faire ce plaisir.

« Tu t'en moques, Potter ? Soit. Tu n'es plus rien, même plus un sauveur. Tu es considéré comme la cause de la perte de ce monde. Je gagne, Potter. »

« Avada Kedavra ! »

Le Survivant lança l'horcruxe qu'il avait au creux de la main dans le rayon vert, se projetant à l'écart afin de se protéger de l'explosion qui va inévitablement suivre.

Hébété, le Lord Noir regarde le trou dans le sol, et cherche le jeune homme du regard.

Nulle part.
Est-ce Potter qui a explosé ainsi ? Est-il finalement enfin victorieux, après ces années de lutte et de rage ?

La douleur qu'il ressent soudainement dans ses reins et son ventre le détrompe bien rapidement.

Le dégénéré l'a attaqué à l'arme blanche. Il est sûr de lui. Alors, cette explosion ? Et si c'était…. ?

« Parfaitement, Jedusor. Tu as compris. Tu t'es détruit toi-même, en détruisant ce dernier horcruxe. Et maintenant, je finis le travail. Je vais accomplir la destinée qu'on m'a imposée. Que tu m'as imposée en me marquant… »

Le jeune homme retire l'épée du corps décharné de son adversaire. Voldemort titube, ivre de douleur.
Potter est bel et bien un serpent, il a été plus que rusé.
Il a lâché sa baguette, il est seul, serait-ce la fin ?

Un autre coup d'épée, le sang gicle à nouveau.
Voldemort le regarde comme s'il n'était qu'illusion. Mais la douleur est bien réelle.
Il tombe à genoux.

Et d'un geste, Potter lui coupe la tête.

A regrets.

Cette épée qu'il a conjurée ne lui aura que trop facilité la tâche.
Trop…facile… Sans doute.

La terreur sorcière est à ses pieds, coupée en deux.

Pris d'un accès de rage, le jeune homme coupe, tranche, hurle, s'éclabousse encore de sang.

Puis il tombe à genoux, hurlant sa rage. Hurlant sa peine, sa douleur.
N'a-t'il pas tué ?

À ses côtés, il ne reste plus que de la bouillie de ce qui fut Lord Voldemort. Sa rage l'a changé en charpie.

Mais ce n'est pas fini…
Il se redresse, se relève. Parcours la pièce du regard. Aperçoit une porte vers laquelle il se dirige.
Un long couloir. Des cris, des râles.

Les geôles.

Bien conscient de son apparence, un jeune homme hirsute, couvert de sang et de chairs, il s'y rend. Ouvre les cellules.
Délivre les gens.

Seule une personne le reconnaît, il a tellement changé.

Il amène son index devant ses lèvres, lui intimant de faire silence.

Et disparaît…

fin