Salut à tous ! :)
Quelques mots sur cette fiction : Les étoiles filantes sont les larmes du ciel. Du moins c'est ce que disent toutes les histoires. Alors comment expliquer que l'une d'elle ait rendu le sourire à une petite fille ? L'espoir que lui apporta cette rencontre changea radicalement son destin et celui de toute une nation. – Clexa –
Les personnages de la série The 100 ne m'appartiennent pas, tout comme les musiques que je peux utiliser dans l'histoire.
Je remercie tout particulièrement MaraCapucin d'avoir accepté d'être ma bêta et de relire mes nombreuses fictions pour que la lecture vous soit plus agréable, mine de rien c'est beaucoup de travail.
Je vous souhaite une bonne lecture et je vous retrouve en bas ! :)
Étoile filante
Chapitre n°16 - Raven veut littéralement dire corbeau
Where do you go, fantastic dreambird ?
Take me away to somewhere
Take me away from here !
Scorpions - Yellow Raven
Raven
Allongée contre le sol froid et dure, je souris. Je perçois le bruit de l'eau mais ce sont les battements de mon cœur qui ont toute mon attention. Je ne saurais pas l'expliquer mais à cet instant, je n'ai qu'une pensée en tête : c'était mieux que de voler !
Jamais. Je dis bien jamais, je n'aurai cru pouvoir avoir ce genre d'idées farfelues. Après tout, à mes yeux cette sensation unique qui m'envahissait quand je sortais de l'Arche m'était devenu essentiel.
C'était une part de moi, au même titre qu'un membre de mon corps, comme mon bras ou un organe bien plus indispensable. J'avais besoin de mes ailes pour me sentir vivante.
Depuis mon arrivée sur Terre, je me pose beaucoup de questions. Je ne savais plus sur quels pieds danser. Je n'avais simplement plus de raison d'être. Après tous les défis que j'ai dû relever pour survivre puis trouver un sens à mon existence, une part de moi était terrifiée par un constat : Clarke ne me suffirait pas.
Je saisis doucement la chaîne autour de mon cou. Je la fais glisser entre mes doigts avant de dessiner lentement les contours de l'oiseau sculpté. Il tournoie lentement, apaisant tout. Je suis de nouveau en phase avec moi-même. C'est un sentiment agréable qui me transcende de part en part : j'existe !
Je ne suis en aucun cas, cette petite fille au corps brisé. Je ne suis pas non plus cette gamine effrayée à qui on explique maladroitement que si elle est en vie c'est simplement grâce à ses capacités intellectuelles indispensables pour la pérennité de l'Arche. Je veux bien de temps en temps redevenir celle qui malgré les pronostics d'Abby à pu remettre un pied devant l'autre. J'accepte de rester émerveillée. Je refuse d'être une marionnette désarticulée face à son passé traumatique. J'ai besoin de me sentir vivante. Et je ne me suis jamais sentie à ce point empli par ce sentiment.
La main d'Anya surgit près de mon pied gauche. Je me redresse. Je m'attends à me prendre une soufflante dont je vais me souvenir certainement jusqu'au tout dernier jour de ma vie. J'ai conscience que son énervement est justifié alors je ne vais rien dire jusqu'à ce qu'elle ait fini de me crier dessus.
Je la vois soulever le poids de son corps avec une aisance déconcertante. Elle a une force brute qui forge le respect et l'admiration. Les muscles de ses bras se bandent encore légèrement avant que dans une suite de gestes impressionnants, elle parvient à se retourner pour s'asseoir près de moi. Je suis d'abord surprise qu'elle ne dise pas un mot. Je pensais vraiment qu'elle allait me hurler dessus pour faire passer ses nerfs mais rien. Son calme me rend étrangement bien plus nerveuse. Son regard fixe l'horizon alors je décide d'en faire de même et d'attendre sagement sa sentence.
Rien ne vient.
Je regarde le paysage en contrebas, comme elle. Mais le silence prolongé commence à m'inquiéter, peut-être même à me rendre mal à l'aise. Alors, je me force à détourner les yeux pour observer son profil. Anya me paraît presque trop sereine. Je commence à me faire une idée sur sa personnalité et je ne pensais vraiment pas qu'elle était du genre à contenir sa rancœur. Ou alors… il me manque une information capitale qui peut expliquer son comportement.
Puis, quelque chose d'inattendu se produit. Anya sourit. Pas ce petit étirement parfois moqueur qui étire légèrement ses lèvres. Mais bien, un véritable sourire qui barre presque la moitié de son visage.
Son comportement me fait froncer les sourcils. Il est rare que je l'avoue mais je ne comprends absolument rien à la situation !
- Anya, je tente incertaine. Tu n'es pas sérieusement en train d'évaluer la possibilité de me pousser du haut de cette falaise pour voir mon corps se disloquer à ses pieds ?
- Pardon ?
L'effarement que je découvre dans ses yeux quand elle décide finalement de se retourner brusquement vers moi est un soulagement. Je me sens à mon tour souriante. Je secoue doucement la tête, lâche un petit rire avant de préciser :
- Je voulais juste en être sûre.
- Pourquoi je voudrais… c'est absurde !
- Tu ne disais pas un mot, je hoche les épaules. Il était normal que je commence à m'inquiéter.
Anya m'observe de plus en plus outrée. Je comprends rapidement qu'elle ignore quoi répondre à ce genre d'allégations. Je me sens moqueuse et je pourrais encore jouer avec elle. Mais je n'oublie pas que c'est une guerrière hors pair et qu'elle pourrait très rapidement me faire ravaler mes petites moqueries.
- Arrête de me regarder de cette manière. Je voulais juste "briser le silence", je mime rapidement les guillemets avant de reprendre, ton mutisme devenait inquiétant. Je pensais que tu serais en colère contre moi.
- Je suis en colère contre toi, confirme-t-elle.
- Et bien hurle sur moi qu'on en finisse ! Comme on dit chez nous : "Il faut crever l'abcès" ou encore "vite arracher le pansement".
- Pour quelle raison est-ce que tu penses que j'ai envie de hurler sur toi.
- Tu es en colère, je lui rappelle incertaine.
- Oui.
- Et doooonc, je laisse traîner.
- La colère va passer. Le reste, j'en doute.
- Tu es comme une énigme, je réponds avec un grand sourire.
Son regard m'indique qu'elle ne comprend pas l'implication de mes mots. Je suppose qu'il serait difficile de lui faire comprendre qu'être une énigme est à mes yeux un compliment. Je choisis de ne pas insister, en partie parce que j'ignore comment me justifier. Mais si elle me pose des questions, je chercherai une réponse qui je l'espère pourra satisfaire sa curiosité.
Son silence reste étrange, je dirais même inexplicable. J'ai évidemment remarqué que les natifs n'étaient pas bavards et qu'Anya fait preuve d'encore plus de mutisme. Pourtant, en général quand elle a quelque chose à dire, elle sait se faire entendre. Après tout, je l'ai déjà vu tenir tête à Lexa, qui est la personne la plus importante parmi ce nouveau peuple. Pourtant, dans leur échange il n'y avait aucune réelle confrontation. Elle sait simplement appuyer là où il faut pour obtenir la réaction qu'elle attend. C'est assez impressionnant pour être souligné.
J'observe beaucoup. C'est dans ma nature. J'ai donc rapidement compris qui était important au campement. J'ai repéré les membres du conseil de guerre, ceux qui pouvaient être hostiles sans pour autant représenter une menace ou encore ceux qui par leur capacité physique se trouve juste sous les ordres d'Anya. Il y a tout de même un point que je ne parviens pas à éclaircir et je vous le donne dans le mille, il concerne cette énigme qui en ce moment se trouve assise à côté de moi sans dire un mot. En effet, beaucoup la respecte dont Lexa mais encore plus ont peur d'elle. Parfois après son passage un mot que je ne comprends pas encore franchit les lèvres et une certaine torpeur habite sa simple signification.
Stedaunon.
Je viens à nouveau agripper l'oiseau sculpté qui pend à mon cou. Une fois n'est pas coutume, je la regarde. J'essaye de comprendre, de la comprendre. Il est vrai qu'elle est impressionnante mais tout de même pas, au point de provoquer ces réactions quelque peu disproportionnées. Je ne comprends pas. Et comme toutes les questions restées sans réponse, je ressens le besoin de gratter pour trouver une réponse. Pourtant, je me retiens pour la simple raison que j'ai la sensation que si je pousse Anya trop vite ou trop loin, elle va complètement se refermer. Je déteste l'idée d'être incapable de résoudre cette complexité qui se trouve sous mes yeux. Alors je me dois d'être patiente et pour une fois, je vais éviter de juste foncer tête baissée.
- Je suis désolée, je souffle attirant de nouveau son attention sur moi. Je suis désolée si mon impulsivité t'as effrayée. Je sais que je parais par moment irréfléchis mais ce n'est vraiment pas le cas. Quand je me suis lancée, j'étais certaine de pouvoir atteindre le sommet sans problème.
- Je l'ai rapidement compris, je lui lance un regard interrogateur. Que tu atteindraient ton but sans problème, précise-t-elle.
- Mais je t'ai effrayé et j'en suis désolée.
- Je n'avais pas encore rencontré une personne capable de faire ce genre de chose sans se protéger.
- Si tu parles de l'absence de corde, je vais me permettre de te rappeler que toi aussi tu as gravi cette falaise sans assurance.
- Ce n'est pas comparable.
- Et pourquoi ?
- Je suis une… aidan kom Gilt Valley.
Je retiens ma réponse quand je perçois l'immense tristesse qui marque sa voix quand elle prononce cette simple phrase. De nouveau, son regard s'éloigne pour s'évader dans le grand horizon. J'ai remarqué que les natifs ressentaient une grande fierté à faire partie d'un clan. Cette appartenance fait partie de leur identité. C'est une part d'eux qui les rends heureux. Pas Anya. D'ailleurs malgré qu'elle vive avec les Triku je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que lorsqu'elle se présente elle se contente de dire : Ai laik Anya. Elle ne poursuit pas avec : kom Triku. Le fait qu'elle évoque aujourd'hui la Gilt Valley est peut-être un indice que je ne devrais pas ignorer.
- C'est tout de suite beaucoup plus clair, je souris légèrement moqueuse, merci pour ta réponse.
- Ce que je suis ne peut pas être expliqué.
- Je suis d'accord. Mais il n'y a qu'une conclusion qui s'impose : nous sommes toutes les deux des têtes brûlées, je ris quand mon expression l'effraye. Insouciante, je souffle pour répondre à ses interrogations, prête à affronter le danger sans trop réfléchir parce que nous avons confiance en nos capacités physiques.
- Je suppose qu'en effet, je suis une tête brûlée.
- C'est certain, je ris. Bon, je frappe doucement dans mes mains, avant de me redresser, allons voir la bête !
Je me retourne pour détailler la machine qui se dresse fièrement devant moi. Une chance, la mécanique et les pièces sont assez semblables à ce qui constitue l'Arche. Je m'approche mais avant que je ne puisse y apposer ma main, quelque chose me retient. Il me faut un moment pour comprendre que c'est Anya qui m'empêche de poursuivre mon analyse.
- Tu es certaine que ce n'est pas dangereux ?
- Ce n'est qu'une machine.
- C'est le réceptacle qui abrite la science qui crée le brouillard acide, me corrige-t-elle avec sérieux et une certaine inquiétude.
- Mais ce n'est qu'une machine, j'insiste.
- Je ne comprends pas. Est-ce que je dois être rassurée ?
- Évidemment, une machine est inoffensive. Sauf si nous nous retrouvons propulsé dans un monde dystopique à la Terminator, là, les machines ça craint ! Mais, je souris, cherchant à la rassurer, nous ne sommes pas dans un film donc aucune de nous n'est en danger.
Anya relâche mon poignet non sans lancer quelques regards inquiets vers la grosse cuve qui se dresse devant elle. Je manque d'éclater de rire quand je la vois à peine oser lui donner un faible coup de pied afin de s'assurer qu'il reste impassible. Elle doit certainement décider qu'elle va rester surveiller ce qui a ses yeux n'est rien d'autre qu'un monstre puisque lorsque je me déplace pour trouver les ordinateurs, elle reste parfaitement immobile.
Je sors quelques outils et commence par démonter calmement l'unité centrale. Il ne me faut pas longtemps pour la désosser complètement. Je récupère ensuite une unité que j'ai conçue grâce au matériel récupéré dans le bunker. Si je ne me suis pas complètement planté et que les souvenirs de mes lectures sur l'Arche sont exactes, je devrais réussir à cloner toutes les données du Mont Weather sur l'appareil.
Je n'ai pas pensé une seule seconde que je pourrais tout détruire aujourd'hui. J'ai besoin d'étudier la constitution des machines ainsi que le processus qu'ils utilisent quand ils déclenchent le brouillard acide. Une fois le téléchargement effectué, je remonte minutieusement l'unité centrale et allume ensuite l'ordinateur. Le craquer et passer au-dessus des pare-feux est un jeu d'enfant. Il est encore plus facile de les pirater que l'Arche et cerise sur le gâteau, j'ai enfin du bon matériel.
Je trouve sans mal leur fréquence de communication et cale une des radios de ma confection sur leur ondes. Les voix qui résonnent dans un grésillement font approcher Anya. Je lui tends, avec un sourire, avant de retourner pianoter sur le clavier.
- Ce sont les Maunons que j'entends ?
- Oui.
- Tu es certaine que cette science n'est pas un peu de la magie ?
- Tout dépend de la perspective, je souris un peu plus.
- Et ils ignorent que nous les entendons ?
- S'ils arrivent à me démasquer malgré toutes leurs négligences en matière de sécurité, je leur tire mon chapeau ! Leur défense est ridicule !
- Les Maunons sont des ennemis redoutables, se renfrogne-t-elle.
- Sur le champ de bataille, je n'en doute pas.
- Sur le champ de bataille, sans leurs armes à feu et leur brouillard, ils ne seraient rien.
- Je vais tâcher de régler au moins un de ces problèmes, je lui assure.
- Leur défense n'est pas ridicule, insiste-t-elle. Si c'était le cas, la montagne serait tombée il y a bien longtemps.
- Dans ce cas, ils défendent bien leur montagne mais très mal leur science.
- Vraiment ?
- Je t'assure. Tiens, je fais quelques clics, regarde, les images que diffusent leurs caméras s'affiche à l'écran, maintenant en plus d'entendre, je peux tout voir et ils n'en savent rien justement parce que leur défense est mauvaise.
- C'est… inattendu.
- Ils sont négligent certainement parce qu'ils savent que vous n'avez pas les armes pour les attaquer en utilisant comme eux la science. Ils ignorent qu'avec moi dans votre camp, l'équilibre est rétabli. Je dirais même que nous avons l'avantage.
Le silence retombe alors que, comme moi, Anya observe à l'écran les faits et gestes de notre ennemi commun. Je cherche où se trouvent les membres des cent qui se sont fait enlever mais aussi la présence des natifs. Je continue de passer des images d'une caméra à une autre quand Anya se redresse. Si je remarque son état d'alerte, je ne perçois aucun danger alors je poursuis ma tâche.
Quand je comprends qu'il y a trop d'images à analyser pour le moment, je passe à autre chose. J'ouvre le registre des personnes qui vivent dans la montagne. Il va falloir que je conçoive un organigramme pour savoir qui est important. L'exercice ne sera pas difficile. Il suffira encore une fois d'observer pour les comprendre.
J'ouvre un nouveau fichier qui m'interpelle. Ce sont des rapports médicaux. Je ne suis pas certaine de tout comprendre, je vais avoir besoin de l'expertise de Clarke mais si je ne me trompe pas, les conclusions que j'ai émises la fois où je les ai rencontré est la bonne. Pour eux, la vie à la surface est impossible. Un simple contact avec l'air leur est fatal. Je m'apprête à ouvrir le dossier suivant intitulé : Projet Soleil Levant quand Anya saisit mon épaule.
- Arrête tout, me demande-t-elle avec empressement.
Je ne cherche pas à discuter. J'agis rapidement pour effacer mes traces et éteindre l'ordinateur. Je replace tout exactement comme je l'ai trouvé en arrivant. Je récupère mes affaires, sans oublier d'éteindre la radio et referme mon sac que je place sur mon épaule droite. Je fais un signe de tête à Anya pour lui indiquer que je suis prête, mais ses yeux ne sont pas sur moi, ils cherchent quelque chose d'autre.
Encore une fois, je suis incapable de comprendre ce qui l'alerte. Je ne vois ou n'entends rien qui pourrait expliquer son comportement. Je reste pourtant silencieuse ne voulant en aucun cas attirer l'attention s'il y a vraiment un danger tapi dans l'ombre. Puis je perçois un déclic qui pourrait s'apparenter à l'ouverture d'une porte. J'ai à peine le temps d'écarquiller les yeux qu'Anya m'attire déjà vers elle, plaquant une de ses mains sur ma bouche, se plaçant dans mon dos et me forçant à reculer rapidement. Je suis surprise par son arrêt brusque et je comprends l'utilité de sa paume qui emprisonne une bonne partie de mon visage quand elle amortie la propagation de mon exclamation surprise.
Je comprends rapidement que nous sommes parfaitement cachées dans l'ombre d'un renfoncement entre deux unités centrales. Je n'arrive pas à croire qu'Anya ait pu réagir aussi vite. Elle est incroyable. Je suis absolument certaine qu'elle avait pris en compte toutes les possibilités pour nous rendre imperceptible au cas où cette situation arriverait. Alors que de mon côté, je n'étais obnubilée que par la technologie que je devais analyser.
Un pas lourd et une respiration forte se rapproche. Je ferme les yeux pour m'ordonner silencieusement de me calmer alors que mon cœur se propulse frénétiquement dans ma poitrine. Je suis effrayée. Un geste d'Anya attire mon attention et m'oblige à laisser mes cils se redresser. La main qui était jusque-là placée sur ma hanche s'éloigne pour se placer sur le pommeau de son arme aussitôt mon palpitant recommence ses envolées incontrôlable. J'ai envie de lui demander de ne faire de mal à personne mais j'ai trop conscience de la situation et choisit de rester silencieuse. J'espère qu'elle ne percevra aucun danger et qu'elle restera près de moi.
Je ne veux voir personne mourir.
J'ai bien compris que les Maunons étaient l'ennemi et contrairement à moi, ils ne connaissent pas la pitié. Pourtant, c'est plus fort que moi. La simple idée d'assister au dernier souffle d'une personne aussi mauvaise soit-elle me révulse au plus haut point. Je vais devoir me faire une raison. Je le sais. Si les guerres pouvaient subsister sans qu'il n'y ait un seul mort, ça se saurait. Mais tout de même si ce moment pouvait encore être repoussé, je me sentirais beaucoup mieux.
Je perçois plus que je n'entends des murmures à mon oreille. Je pense d'abord que l'intensité est trop basse pour que je comprenne un traître mot. C'était avant de réaliser qu'Anya énonce une phrase, peut-être deux dans sa langue. Je tente de tourner très légèrement la tête dans sa direction afin d'assimiler ce qu'elle cherche à me dire dans ses yeux. Mais j'ai à peine le temps de commencer à me mouvoir qu'elle resserre sa prise sur ma mâchoire. Elle répète les mêmes mots comme une ritournelle. Je ne crois pas avoir déjà décelé une telle douceur dans sa voix. Je l'écoute attentivement. Je vis chacune de ses annotations. J'arrête presque de respirer à chaque pause, son souffle qui se répercute au creux de mon oreille fait frissonner tout mon corps.
Je suis complètement décontenancée. Je ne pensais pas un jour pouvoir être rassuré par une notion incompréhensible. Je suis désensibilisée de mes plus grandes peurs, par l'inconnu.
Une ombre s'approche dangereusement. Elle est gigantesque. Je sais pertinemment que sa grandeur et sa déformation presque monstrueuse est parfaitement explicable scientifiquement parlant. Seulement à cet instant, j'ai perdu tout raison. Alors qu'un gant orange saisit l'écran sur lequel j'effectuais mes recherches il y a encore peu, je sursaute. Je n'en comprends pas la raison mais Anya relâche son arme pour me couvrir de ses deux bras protecteurs, d'ailleurs sa main sur ma bouche relâche lentement la pression et maintenant son geste ressemble plus à une caresse.
Je suis complètement ahuri quand pour la seconde fois, j'entends sa voix, encore les mêmes mots. J'ai la sensation que ses paroles résonnent autant que l'onde de choc après une explosion. Pourtant, je me doute qu'il ne s'agit de nouveau pas plus d'un chuchotement. J'ai la conviction qu'en aucun cas, elle ne mettrait nos vies en danger. Anya ne cherche pas à attirer l'attention de cet homme confiné dans une combinaison de survie mais bien à me rassurer.
Et je dois bien avouer qu'elle parvient parfaitement à le faire.
Le temps s'étire d'une étrange façon. Je suis absolument incapable de dire depuis combien de temps nous nous sommes toutes les deux repliées dans l'obscurité pour nous cacher quand l'ennemi se décide finalement à partir. Je me détends légèrement mais comme Anya n'a pour le moment fait aucun geste pour nous dégager, je reste impassible. Du moins, je le suis à l'extérieur parce qu'intérieurement c'est une réplique assez flippante de la fin d'Armageddon !
Le problème, c'est que je ne sais pas si mon état est lié au stress qu'a engendré la situation. Ou plus incongru mais tout de même possible puisque ce ne serait pas la première fois que je me retrouve dans ces conditions : la proximité d'Anya.
- C'est bon rudz rook, elle me relâche complètement, c'est fini.
Je fais un pas. Je suis chancelante. Je glisse ma main droite sur l'unité centrale pour garder mon équilibre. Je tremble comme une enfant à peine réveillée d'un cauchemar. Je jette un rapide coup d'œil vers Anya, évidemment elle est déjà en pleine possession de ses capacités. Je suis certaine qu'à ses yeux cette situation ne l'a pas du tout inquiétée.
Après tout, être plongé corps et âme dans ce genre de situation d'alerte. Je dirais même d'urgence, c'est son quotidien.
De mon côté, quand je dois vivre ce genre de stress, je suis foudroyée par un mal être des plus tenace. Je suis piégée dans cette cabine minuscule. Je ressens de nouveau les nombreux coups de pieds dans mon estomac balancer violemment par des rangers coquées. Je pourrai presque percevoir la terrible douleur des côtés qui se brisent sous cet assaut qui dans mes souvenirs ne semble jamais en finir. C'est l'enfer. Parce que la douleur physique est incapable d'effacer, le pire qui me soit arrivée cette terrible nuit.
- Raevan…
Anya pose délicatement sa main sur mon épaule. Pourtant c'est comme si son contact m'avait brulé. Je m'éloigne rapidement. Si j'écoutais mon instinct, je me recroquevillerais sur moi-même comme un pauvre animal blessé. Je pleurais toutes les larmes de mon corps. Je hurlerais jusqu'à ce que mes cordes vocales me lâchent, jusqu'à ce que mes poumons soient complètement vides.
Mais quand on est un oiseau, on ne s'écrase pas au sol comme un poids lourd. On ne s'effondre pas. Non on s'élève. On vole. Pour toujours et à jamais. Et je suis un oiseau. Un corbeau. Je suis Raven Reyes et je ne sombre pas.
- C'est bon, j'effectue un geste vague vers Anya en me redressant, je vais bien. Je vais bien, je répète en prenant une véritable inspiration. J'avais simplement besoin de temps. Désolée, j'expire exagérément bruyamment en passant une main dans mes cheveux. Je m'excuse sincèrement.
- Tu es, elle fronce les sourcils. Je connais ce genre de réactions. Tu as été stunfie, elle cherche le bon mot, tétaniser, elle prononce la traduction avec un manque d'assurance qui ne lui ressemble pas, je crois que c'est le bon mot, par quelque chose qui appartient à era out, elle se mordille la lèvre inférieure, hier, précise-t-elle dans la langue que nous avons en commun, au passé.
- Parce que tu as déjà connu ce genre d'état, je demande, un brin moqueuse et avec beaucoup de scepticisme, toi ?
- Il se trouve que c'est parfois encore le cas.
- Vraiment ? Dans ce cas, je suis désolée, je panique. Je ne voulais pas insinuer que tu étais insensible. C'est juste… tu parais tellement forte.
- Je le suis.
- Evidemment.
- Dans le boomkeur j'ai… si je n'étais pas sortie à temps, je me serais retrouvée dans cet état. Prends ton temps.
Je crois d'abord qu'elle me confie ceci pour me rassurer. Je m'apprête à lui lancer une réplique cinglante que je retiens finalement. Il y a quelque chose dans ses yeux qui me pousse à lui faire confiance. Anya connaît la souffrance. Elle l'a côtoyée de très près. Je peux le sentir. Je pense que les personnes qui ont été mises en miettes par un évènement et qui se sont forcé à se reconstruire. Parce qu'elle refusait de n'être défini que par le pire moment de leur vie. Ces personnes-là sont capables de se reconnaître.
Et, c'est définitivement présent dans le regard d'Anya : la résilience.
Je prends encore quelques minutes pour me remettre totalement de mes émotions. J'aimerai interroger un peu plus Anya. Mais je sais mieux que personne que dans ce cas très précis, la curiosité mal placée est plus que malvenue. Je me retiens donc encore une fois les nombreuses questions qui se forment les unes après les autres mais à qui je refuse un droit de passage dans la réalité.
Quand je me sens prête, je fais un pas un seul et Anya me semble bondir depuis le sol. Il semblerait qu'elle se soit assise en attendant que je reprenne le dessus. Je ne n'aurais pas pu croire qu'elle avait une telle confiance en moi. Hormis avec Lexa, elle ne baisse jamais sa garde. C'est très impressionnant mais surtout, son comportement m'a l'air épuisant. Qu'elle puisse se relâcher en ma présence m'étonne. Après tout, je ne suis rien de plus qu'une étrangère tombée du ciel.
- Attends !
- Un problème, je demande étonnée par son empressement. Ne me dis pas qu'ils sont de retour, j'observe les alentours inquiète, je ne suis pas prête pour ça.
- Non, elle fouille dans l'une de ses poches, j'ai juste, elle sort quelque chose, tiens.
Je reste quelque peu interdite devant la feuille de papier criblé de dessins pliée en quatre qu'elle me tend. Il ne me faut pas longtemps pour qu'un grand sourire étire mes lèvres.
- C'est pour toi, elle insiste quand je ne bouge pas.
- Merci, je ne parviens plus a m'arrêter de sourire.
Je prends doucement son offrande. La texture de leur papier est plus rustique que celui que je connais et la couleur est bien plus grisâtre. Mais ce n'est pas important. Certainement pas à cet instant. J'observe les coups de crayons présent, l'encre noir qui prend place sur toute sa surface en le dépliant entièrement.
- Ce n'est pas important ?
- Moins que ta tranquillité d'esprit.
- Encore merci.
Je m'installe sur le bord du bureau qui voit trôner l'ordinateur. J'effectue les plis avec beaucoup de précaution. Je prends mon temps. Je sens que le regard d'Anya suit chacun de mes gestes. Je me sens infiniment mieux. Il y a peu d'activités capables de me rassurer comme le fait la création d'origami. Ce n'est pas vraiment explicable et c'est certainement ce qui me fait le plus de bien.
- Tu ne fais pas la même forme que d'habitude, remarque-t-elle assez facilement.
- C'est vrai, je souris. Je te fais un vrai corbeau. J'ai pris l'habitude de faire des grues mais les autres formes d'oiseaux sont aussi intéressantes.
- Pourquoi un corbeau ? Demande-t-elle en se penchant un peu plus.
- Tu l'ignores peut-être, je finalise l'origami et me retourne pour lui tendre, mais Raven veut littéralement dire corbeau. Et quitte à avoir perdu mes ailes, je peux encore les façonner sur le papier.
- Je ne peux pas le prendre.
- Bien sûr que si, je prends sa main gauche et y dépose l'oiseau. Il est à toi. Merci pour ce moment d'évasion. Je suis prête maintenant.
Malgré ma dernière phrase, je ne fais rien pour m'éloigner. Mon regard reste fixé sur la main d'Anya qui ne bouge pas. Je finis par relever les yeux et ne découvre pas l'air intrigué qu'elle aborde le plus souvent mais un sourire timide. Elle est heureuse que je lui ai offert cet origami. Rien qu'avec ce constat, mes lèvres s'étirent aussi. Il est tellement difficile d'obtenir une réaction de la part d'Anya qu'à chaque fois qu'une émotion transparaît, l'écho de son ressenti me submerge.
Elle finit par ranger le corbeau en papier avec beaucoup de délicatesse dans une poche intérieur de sa veste. Nos regards se croisent et j'ai un moment d'arrêt et tout implose en moi. Je suis obligée de retenir mon prochain geste. J'ai envie de vérifier par moi-même les battements de mon cœur. De toute façon, je n'ai pas besoin de vérifier. Je sais déjà que les pulsations sont trop rapides. En comprendre la raison est une autre histoire.
- Mochof.
Anya ne me laisse pas le temps de répondre que déjà, elle me tourne le dos. Elle s'avance rapidement du bord de la grotte, si rapidement que pendant un court instant, je pense qu'elle va sauter. Evidemment, elle s'arrête à temps et une longue expiration qui a été retenue trop longtemps se libère. A quoi je pensais ? Evidemment qu'elle n'aurait pas pris ce risque. Pourtant, elle se rapproche encore du bord. Son pied gauche fait dégringoler quelques pierres dans le vide. Elle évalue la situation mais j'en ignore la raison.
Je m'approche à mon tour en resserrant les sangles de mon sac à dos. Je m'accroupis près d'Anya qui réfléchis toujours en silence. Je ne comprends toujours pas ce qui la perturbe. Les prises que je dois prendre pour redescendre m'apparaissent parfaitement. Je relace mes chaussures, en les serrant plus qu'habituellement. J'attends encore un moment avant de lui demander :
- A quoi tu penses ?
- Je ne trouve pas de point d'ancrage pour la corde qui ne serait pas visible pour les Maunons.
- Nous n'avons, j'hésite, pas besoin de corde.
- C'est vrai.
- Alors pourquoi veux- tu installer une corde ?
- Parce que la prochaine fois, nous ne serons pas seules à monter.
- Je ne comprends pas.
- Si tu trouves vraiment un moyen d'en finir avec le brouillard, elle fait une pause pour me jauger. Je ne veux pas t'effrayer mais ce sera la dernière bataille de cette guerre. Du moins, je l'espère. Nous allons récupérer nos peuples.
- D'accord, ma voix tremble.
- Et si tu réussis, ils viendront ici pour comprendre et cette fois se cacher ne suffira pas.
- Arrête avec tes : si, je baisse les yeux. Je vais y arriver.
- Alors, il est d'autant plus important de prévoir un passage pour ceux qui vont nous accompagner la prochaine fois.
- Il va y avoir des morts, je ne peux m'empêcher de demander.
- J'espère qu'il n'y en aura pas ici. Pour toi, elle ajoute après un moment, j'espère qu'il n'y en aura pas ici mais…
- … il n'y a pas de guerre sans mort, je complète. Très bien, j'inspire profondément, il faut monter.
Je me penche pour saisir une prise. Anya me retient par le bas de ma veste. Un seul regard me suffit pour comprendre qu'elle ne saisit pas mes intentions. Je lui souris afin de la rassurer. Comprenant que mon intention n'est pas suffisante pour y parvenir, je me retourne complètement et je lui explique :
- Juste un peu plus haut, j'ai repéré un arbre coincé dans la roche. Je pense qu'il sera assez solide pour atteler une corde.
- Quand l'as-tu remarqué ?
- Avant de monter, je hoche les épaules.
- Avant de monter, elle répète comme si je venais de dire quelque chose d'absurde.
- Quand tu te disputais avec Lexa.
- Je ne me… j'essayais simplement de la rassurer.
- Évidemment, je ris. Je fais toujours ça avec Clarke aussi.
Elle ne répond rien mais ses doigts se desserrent. Je garde le sourire en me replaçant exactement au même endroit qu'un peu plus tôt. J'observe les alentours pour trouver la prochaine prise. Quand j'étais au pied de la falaise, je n'ai pas pris le temps d'évaluer la situation au-delà de l'entrée de la grotte. Il est donc indispensable que je ne me précipite pas. Chacune de mes actions doit-être mûrement réfléchis.
Je prends de l'élan, utilise le balancement de mon corps et bloque mon pied droit dans un renforcement de la roche que je viens de repérer. Parfait ! Je relève les yeux pour prendre le temps d'analyser la situation. Le soleil m'éblouit légèrement pourtant je parviens à évaluer rapidement la situation et grimpe. Comme tout à l'heure, je sens la présence d'Anya juste derrière moi. Je ne jette pas un regard vers elle. Ce genre de distraction pourrait me coûter cher comme un aller-simple vers l'au-delà.
J'aimerais pourtant comprendre comment elle gravit cette falaise. Par moment, elle me semble bien plus rapide et efficace que moi. Et surtout, j'ai la conviction qu'elle prend moins de risques. Mes gestes me semblent parfois trop ample, trop risqués par rapport à ce qu'elle entreprend. La différence vient certainement tout simplement de notre apprentissage. J'ai toujours dû jouer les "acrobates" pour atteindre des points insolites presque inaccessibles sur l'Arche. Alors que de son côté Anya a appris l'escalade, sur des surface rugueuse et pleine.
Il n'empêche que j'aimerais bien apprendre. Ce sentiment est loin d'être nouveau. J'ai toujours eu une envie insatiable pour les connaissances en tout genre. Mais cette fois, c'est un peu différent. Parce que je dois bien avouer que ce que je désire vraiment, ce n'est pas connaître une autre façon de gravir une falaise mais bien de passer du temps avec Anya.
Je ne saurai pas l'expliquer. Et je ne pense pas en avoir besoin. Les faits sont là : j'apprécie passer du temps avec elle.
Je veux comprendre ce qui se cache sous ses silences. Je veux résoudre l'énigme qu'elle représente. Le mystère qui entoure sa douceur qui en une fraction de seconde peut se transformer en une violence peut commune m'intrigue au plus haut point. Je veux découvrir ce qu'elle voit quand elle reste complètement stoïque plusieurs minutes devant un horizon parfaitement lisse. Je veux trouver et surtout révéler la vraie Anya.
Pourquoi ? Je n'en sais rien du tout ! Et c'est peut-être justement ce qui rend cette situation si grisante !
- Raevan attend, j'arrête mon geste alors que j'allais atteindre la base du tronc. Il faut vérifier que l'arbre n'est pas mort avant de t'appuyer dessus. Quand ils sont emprisonnés dans la roche, il arrive qu'ils soient complètement vides et qu'ils se transforment en poussière quand on les touche.
- Okay, je laisse traîner. Et comment je fais pour en avoir le cœur net ?
- Le quoi ?
- Expression, je balaye en trouvant un meilleur appuie pour mon pied gauche afin de transférer une partie de mon poids sur ma jambe plutôt que dans mes bras. C'est pour dire : en être certain.
- Je m'en occupe, mais ne bouge plus.
J'acquiesce en guise de réponse. Je tourne très légèrement la tête pour entrapercevoir ce qu'elle fait. Le champ visuel est très restreint. Je soupire. Attendre n'est pas vraiment mon point fort. Je ne comprends pas vraiment ce qui va suivre quand je vois Anya prendre plus de hauteur. J'ai envie de la suivre. Mais elle m'a demandé de rester en place. Alors je ne fais rien.
Une fois qu'elle est placée parfaitement au-dessus du tronc, je la regarde se positionner d'une étrange façon. Elle se fond presque avec la roche. Je pourrais croire que si elle le souhaitait, elle pourrait y disparaître. Je suis incapable de la quitter des yeux. Ses appuis, sa position et même sa respiration frôle la perfection. Et puis, subitement, Anya lâche tout au niveau des jambes. Je jure que j'arrête complètement de respirer. Je suis persuadé qu'elle va tomber et je réfléchis déjà à un moyen de la rattraper. J'ai la désagréable sensation de me retrouver dans un mauvais film qui use et même abuse des ralentis.
Pourtant, je sais déjà que je ne parviendrais pas à la rattraper. Pas si je veux survivre.
Et puis au dernier moment, je la vois prendre un appui des plus étrange avant qu'elle ne parvienne à se retourner d'une manière des plus insolite. Son pied droit s'élance vers le tronc et… rien. Tout reste parfaitement intact. Pas de poussière. Pas d'Anya qui tombe dans une chute mortelle. Je la vois sourire avant de bondir pour parfaitement se réceptionner entre les branches. Elle se penche et me tend la main :
- Il n'y a pas de danger.
- J'ai frôlé la crise cardiaque, je souffle avant d'accepter sa main tendue et de la laisser me hisser.
Je me retrouve debout près d'Anya sur le tronc qui, il y a encore une seconde représentait tous les dangers. Je lâche un long soupir avant de ressentir peut-être pour la première fois de ma vie les effets du vertige. Je pense que la sensation n'a rien à voir avec la hauteur mais bien avec la situation. Je crois que je n'aurai jamais pensé à me retrouver droite comme un I sur cet arbre. Je me serai contenté de glisser la corde autour et de redescendre.
En fait, je suis absolument certaine que je ne me suis jamais retrouvée dans ce genre de configuration. Et si c'est en effet vertigineux, c'est surtout magnifique. Je finis par apprécier entièrement le moment.
- Wow.
- Tu dois te sentir comme chez toi, répond Anya.
- Comment ça ?
- D'ici, tu pourrais presque toucher le ciel.
A la fin de sa remarque, je me retourne et la découvre accroupie. Elle a déjà entouré un point fort de l'arbre avec la corde. Et maintenant, elle effectue des nœuds sans même regarder ses mains. Ses yeux sont rivés vers les cieux. Je n'ai aucun mal à voir qu'elle essaye d'imaginer l'Arche ou même le style de vie que je devais avoir au milieu des étoiles.
- C'est vrai, je laisse à mon tour mon regard divaguer, je pourrais presque.
- Le ciel doit te manquer.
- Pas vraiment.
- C'est pourtant ton monde, celui ou tu as grandi. Ton clan.
- Crois-moi, mon monde était bien étroit. L'Arche c'est comme un bunker au milieu du vide, aucun moyen de sortir, de s'échapper. Il n'y a pas, je ferme les yeux, de chaleur, d'air, j'inspire profondément, tout y est austère. Alors non, tout ça ne me manque pas.
Voler me manque. Je ferme les yeux. Le vent s'engouffre dans mes cheveux, titille la peau de mon visage et me fait rêver. J'imagine l'absence de gravité et mon corps s'élever. Je fais un pas, la pointe de mon pied se trouve au bord du vide. Un instant, juste un instant j'essaye de concevoir ce que me laisser tomber me ferait ressentir. Je recule brusquement en me souvenant que je ne pourrai plus me jeter dans le vide sans risquer ma vie.
La gravité, l'une des constantes fondamentales qui régit l'univers, est si contraignante sur Terre.
- Il n'y a rien qui te manque ?
- Peut-être baisser les yeux pour admirer la Terre, je souris.
- Me retrouver entourée des champs de blé, d'orge, d'achillée et surtout des champs de colza, c'est ce qui me manque le plus.
J'avais donc raison. Anya n'est pas une Triku. J'en suis maintenant certaine parce que ces derniers ne sont pas des cultivateurs mais des chasseurs. Je ressens l'envie dévorante de lui poser un tas de questions. Mais encore une fois, je ne sais pas comment elles vont être accueillies alors je me retiens. Et choisit de renchérir :
- La bibliothèque. Lire me manque. Et pourtant, je connaissais déjà tous les livres qui comme nous ont réchappé à la fin du monde.
- Entendre le courant du fleuve, les fluctuations de ses déviations et être capable de savoir ou je me trouve avec exactitude rien qu'en écoutant l'eau. Oui, elle s'assoie au bord de la branche à laquelle elle a ficelé la corde. C'est quelque chose qui me manque.
- La musique, je reprends en m'asseyant à côté d'elle, en faisant attention de ne pas tomber. J'écoutais de la musique, tout le temps. Il existe des tout petits objets, pas plus grands que la moitié de ton pouce qui se place dans les oreilles, ça s'appelle des écouteurs. J'étais dans mon élément, quand il y avait juste moi et la musique. C'est ce qui s'approche le plus de la liberté.
- Les bruits et la chaleur de la forge, je la vois sourire, mais ses yeux sont remplis d'une immense tristesse. J'avais l'habitude de m'y réfugier. J'aimais regarder les armes prendre vie dans le feu et sous les coups. La précision des finitions me fascinait.
- Tu sais battre le métal ?
- Non.
- Je pourrais t'apprendre si tu le souhaite, j'assure avec un grand sourire.
- Tu possède vraiment ce savoir ?
- Démonter, remplacer, remettre et régler des pièces en tout genre, c'est ce que je fais. Mais quand les pièces sont trop abîmées ou inexistantes, il faut bien les créer. Je suis une guérisseuse mais pour les machines.
- Tu répares les objets ?
- Ouais.
- Tous les objets, demande-t-elle avec un certain intérêt.
- Disons que je prends soin de ceux qui me sont confiés.
Le silence retombe entre nous. Je prends donc le temps de profiter de la vue époustouflante qui m'est offerte. J'agrippe mon collier et le laisse tourner entre mes doigts. Je fixe l'horizon, la couleur bleu du ciel commence à déteindre à l'ouest, laissant des nuances orangé s'imposer ici et là, pour se perdre au milieu de la forêt. Des oiseaux planent au-dessus de nos têtes, que j'observe un long moment. Ils sont magnifiques, je dirais même majestueux. Quand ils s'éloignent, mon attention dévis vers le bas. Je remarque seulement que je ne percevais presque plus le bruit assourdissant de la cascade.
- Nous devrions y aller rudz rook. Lexa va vraiment nous en vouloir si nous nous attardons.
Voilà pour le nouveau chapitre de cette fiction. J'espère qu'il vous a inspiré et qu'il vous a plu ! Des suppositions pour la suite ? 100% Ranya ! Que pensez-vous de leurs discussions, leur confession et du petit surnom qu'Anya donne à Raven ? Des suppositions pour sa signification ? Est-ce que vous commencez à mieux cerner Anya qui reste tout de même très discrète. Une énigme à la hauteur de la grande Raven Reyes !
Je suis évidemment ouverte à toutes les critiques, qu'elles soient positives ou négatives, à condition que le commentaire soit constructif.
Les Notes :
Note n°36 : Scorpions… est-ce que je vais me faire des ennemis si je dis que c'est un groupe de Hard Rock ? Bon... je ne le fais pas souvent mais je vais faire un petit tout sur Wikipédia (je reviens) ! Oh, Hard Rock ! Deuxième vérification sur Génius... Hard Rock et Heavy Metal. Voilà ! Que les fans de Métal, du Hellfest et toute autres catégories ne se rebelle pas, j'ai été voir deux sources, mais si j'ai tort, dites-le-moi (gentiment) en commentaire. J'ai failli me faire lyncher récemment sur ce sujet... Bref, le groupe connaît un prestige planétaire grâce à des titres hard rock tels que No One Like You en 1982 ou Rock You Like a Hurricane en 1984 et des ballades à l'instar de Still Loving You (1984) ou Wind of Change (1990)10 et Send Me an Angel en 1990, des chansons à grand succès commercial. Je ne vais pas m'amuser à lister les membres parce qu'il y en a 18 anciens et 6 actuels mais si je ne dois en citer qu'un c'est : Rudolf Schenker (présent depuis 1965). Yellow Raven est sortie en 1976 sur l'album Virgin Killer.
Note n°37 : Terminator est un film de science-fiction américain réalisé par James Cameron et sorti en 1984. Il met en scène dans les rôles principaux, Arnold Schwarzenegger, Michael Biehn et Linda Hamilton. Traitant du voyage dans le temps (Vous devez commencer à connaitre mon amour pour cette thématique) et de la menace que pourraient faire naître des robots créés par une superintelligence. Ce film est devenu l'un des classiques du cinéma d'action et d'anticipation des années 1980. Le succès du film a conduit à la création d'une franchise, avec, notamment, une saga de films, une série télévisée, ainsi que plusieurs jeux vidéo. En 2008, le film est sélectionné par le National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès américain pour y être conservé, en raison de son "importance culturelle, historique ou esthétique". Pour la musique, c'était Brad Fiedel qui était aux commandes qui est surtout connu pour sa participation sur les deux premier Terminator.
Synopsis : En 2029 (On s'en rapproche dangereusement...), une guerre oppose ce qui reste de l'humanité, décimée par un holocauste nucléaire aux machines dirigées par Skynet qui est un système informatique contrôlé par une intelligence artificielle qui a pour objectif la suprématie des Machines sur les hommes. La résistance humaine, menée par John Connor étant sur le point de triompher. Skynet envoie alors dans le passé, en 1984, un Terminator qui est un assassin cybernétique à l'apparence humaine, afin de tuer la mère de John, Sarah Connor et ainsi d'empêcher la naissance de John, afin de l'effaçant de manière rétroactive son existence et ses actes futurs. En réaction, John envoie à la même époque Kyle Reese un résistant humain, afin de protéger sa mère.
Note n°38 : Armageddon est un film catastrophe américain réalisé par Michael Bay (Bad Boy (2), Pearl Harbor, The Island, Transformers (5), Ambulance...) et sorti en 1998. Le film reçoit des critiques plutôt négatives dans la presse, il rencontre un immense succès auprès du public. Il reçoit par ailleurs quatre nominations aux Oscars 1999. La B.O. comporte trois titres d'Aerosmith dont : Come Together (écrite par John Lennon, Paul McCartney) Synopsis : Alors qu'elle se trouve en mission en orbite terrestre, la navette Atlantis est détruite par une pluie de météorites qui termine sa course sur New York. Et qui révèle une catastrophe majeure : un astéroïde de la taille du Texas s'écrasera sur Terre dans dix-huit jours. Dan Truman, directeur des opérations de vol à la NASA, envisage la mission de la dernière chance : envoyer des astronautes pour qu'ils y creusent un puits dans lequel sera insérée une charge nucléaire. Pour ce faire, il fait appel à Harry Stamper (Bruce Willis), le plus grand spécialiste en forage pétrolier.
En espérant vous retrouver pour le prochain chapitre !
GeekGirlG
