Salut à tous ! :)

Quelques mots sur cette fiction : Les étoiles filantes sont les larmes du ciel. Du moins c'est ce que disent toutes les histoires. Alors comment expliquer que l'une d'elle ait rendu le sourire à une petite fille ? L'espoir que lui apporta cette rencontre changea radicalement son destin et celui de toute une nation. – Clexa –

Les personnages de la série The 100 ne m'appartiennent pas, tout comme les musiques que je peux utiliser dans l'histoire.

Je remercie tout particulièrement MaraCapucin d'avoir accepté d'être ma bêta et de relire mes nombreuses fictions pour que la lecture vous soit plus agréable, mine de rien c'est beaucoup de travail.

Je vous souhaite une bonne lecture et je vous retrouve en bas ! :)


Étoile filante

Chapitre n°17 - Mon amie, ma presque sœur

Speak into the silence

We never wanted violence

We have to stay, unite

No one left outside

For us to overcome the things that we have done

I want to see the change before I die

Isak Danielson - Silence

Lexa ∞

Quand la nuit est tombée, j'ai été obligé de retourner au campement avec Clarke. Je peux garder certains de mes guerriers éloignés jusqu'à une certaine limite. Ne pas voir Anya redescendre de cette falaise avant le crépuscule a déjà bien saturé mes émotions. Le calme de mon étoile a été loin d'arranger mon humeur. Mais voir revenir Raven seule, a été "le pompon" comme vient de le dire la jolie blonde installée à côté de moi. C'est une expression. Je ne suis pas certaine d'en comprendre le sens mais si c'est proportionnelle à mon énervement qui vient de se décupler alors je suis entièrement d'accord !

J'observe Raven qui ne semble absolument pas affectée par la situation désastreuse mais qui a tout de même la décence de ne pas tenter de me convaincre que les choses pourraient être pires. D'ailleurs, elle est silencieuse depuis un moment. Je ne peux m'empêcher de me demander ce que son attitude cacher. Je suis certaine qu'elle en sait bien plus que ce qu'elle accepte de me dire. Elle ignore peut-être qu'elle possède cette information capitale à mes yeux pourtant je sais qu'Anya ne l'aurait pas laissée seule sans une bonne raison.

-Qu'est-ce qu'elle t'a dit exactement avant de partir ?

-Qu'elle devait aller chercher quelque chose. Après elle m'a demandé de te rejoindre et de t'expliquer tous mes "machins" de science.

-Tu n'aurais jamais dû la laisser partir Rae, s'esclaffe Clarke.

-Et qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? Anya est armée et dangereuse. Je suis pacifiste et je ne possède que des outils.

-Je peux vous laisser seules sans que vous vous entre-tuer ?

-Tu veux me laisser seule avec elle, s'indigne Raven en me pointant du doigts.

-J'ai promis d'aller aider les guérisseurs à concevoir quelques remèdes, répond calmement Clarke. Je suis sûre que vous allez vous entendre, en se redressant, elle lève les deux pouces comme un signe d'encouragement.

J'observe mon étoile sortir de la tente qui abrite tous les conseils de guerre. Je ne la quitte pas des yeux jusqu'à ce qu'elle soit rejoint par Indra. Je souris même en apercevant Triss les suivre discrètement. Anya a eu une très bonne idée en impliquant cette petite.

Anya…

Toute mon attention se recentre immédiatement sur Raven. J'ai conscience que mon regard est certainement trop dur. Mais je ne peux pas m'en empêcher. Je suis trop inquiète. Mon mentor, ma seule amie a un comportement des plus étrange et ce depuis que son chemin à croisé celui de la meilleure amie de Clarke. Coïncidence ? J'en doute fort !

Raven Reyes est forcément responsable !

-Arrête de m'assassiner avec ton regard, soupire la brune. C'est super flippant. Je ne sais pas où est partie Anya. Elle a dit qu'elle n'en aurait pas pour longtemps. C'est tout.

-Vous avez été particulièrement longues.

-Il m'a fallu du temps pour récupérer tout ce dont, elle désigne son sac, j'avais besoin.

-Tu vas pouvoir tuer, Raven grimace en entendant ce mot, le brouillard.

-Laisse-moi un peu de temps et je vais le rendre inopérant, oui. Par contre, je vais avoir besoin de retourner au bunker, pour l'électricité euh… la lumière et l'énergie qui alimente certains de mes appareils.

-Je demanderai à quelqu'un de t'accompagner demain, au lever du soleil.

-Merci.

-Tu es certaine qu'Anya n'a rien dit, j'insiste.

-Désolée mais non, elle secoue la tête avant de faire une longue pause. Il y a bien une chose. Mais c'était quand nous étions encore là-haut. C'est… qu'est-ce que c'est une aidan kom Gilt Valley ?

La prononciation de Raven n'est pas la bonne mais je n'ai aucun mal à comprendre. Je me redresse brusquement et me précipite vers elle. C'est stupide. Mais j'ai la sensation que si je ne retiens pas ce moment, il va disparaître. Quand j'agrippe fermement ses épaules, l'amie de Clarke écarquille les yeux sans pour autant chercher à se détacher de ma prise.

-J'ai dit quelque chose de mal, cherche-t-elle à savoir. Si c'est le cas, j'en suis désolée. Je pense avoir répété une phrase d'Anya mais je me suis peut-être trompé.

Alors c'est vraiment Anya qui a prononcé ces mots ? Devant Raven ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui a pu la pousser à aborder même succinctement un sujet si douloureux pour elle ? Elle… je ne suis jamais parvenue à aborder ce sujet avec elle ! Jamais ! Je n'ai essayé que rarement mais à chaque fois, j'obtiens la même réaction. Anya se renferme complètement.

Juste après mon ascension, j'ai su grâce à la mémoire collective des anciens Heda ce que renfermait le douloureux passé de mon mentor. J'ai voulu en discuter avec elle. J'espérais simplement pouvoir alléger son cœur de son passé si douloureux. Mais quand j'ai abordé le sujet, quelque chose à changer dans son regard. Et après, elle n'a pas dit un mot durant deux cycles complets de lunes.

J'ai trouvé cette épreuve terrible. D'autant plus que j'ai compris que même après tout ce temps, elle était encore en deuil. Et c'est toujours le cas aujourd'hui. Anya marche au milieu de fantômes dont elle est la seule à se souvenir. Elle force sa mémoire a ne pas les oublier. Parce qu'il n'y a plus qu'elle pour se remémorer de son peuple, de ses traditions, de son histoire mais aussi et c'est le plus terrible du visage de chacun de ses membres.

-Lexa, la voix de Raven me ramène un peu violemment à la réalité, tu commences à me faire mal.

-Désolée, je relâche complètement ses épaules. C'est… ce n'est pas quelque chose que je m'attendais à entendre. Je… Anya a vraiment prononcé ces mots ?

-Oui. Enfin je crois, elle fronce les sourcils, ta réaction commence à me faire douter.

-Il faut que je vois Anya, je décrète.

-Mais pourquoi, interroge Raven dans mon dos, qu'est-ce qu'elle a dit ?

-C'est… ce n'est pas à moi de t'en dire plus. Je dois…

Retrouver Anya ! J'ai besoin de m'assurer qu'elle va bien et qu'elle ne va pas complètement disparaître. Je veux la voir et m'assurer qu'elle va bien. Je sors de la tente en trombe. Je me retourne plusieurs fois pour dévisager Raven. Il n'y a rien a faire. Je ne comprends pas. Pourquoi elle ? Comment expliquer qu'Anya l'ai choisie elle ?

Je suis tellement perturbée par la situation que je ne remarque pas tout de suite que Gustus me suit et donc que Raven est restée seule. J'ai promis à Clarke de veiller sur elle, comme je le ferai pour sa personne. Alors j'ordonne à mon garde personnel de rester avec l'amie de mon étoile. En premier lieu, il refuse de m'obéir mais j'insiste alors il finit par la rejoindre.

Je me rend ensuite rapidement mais sans précipitation vers les terrains d'entraînement. Je ne voudrais pas que mon comportement puisse inquiéter mes hommes. Je ne la trouve pas. Je me force à réfléchir plus. Je connais Anya. Où aurait-elle pu se réfugier après une conversation difficile ? La forge !

Je me retourne, regarde dans toutes les directions avant de me rendre compte que j'ignore où se trouve la forge dans le campement. Cette information m'a peut-être échappé mais ce n'est certainement pas le cas d'Anya. Je me force à pousser ma réflexion à l'extrême. Je suis forcément passé devant à un moment ou à un autre. Ce n'est pas parce que je n'y ai pas fait attention que ce n'est pas arrivé.

Ne parvenant pas à me souvenir, j'alpague un jeune homme qui passe devant moi. Je décèle sans mal son effarement. Je ne prends pas le temps de le rassurer et lui demande immédiatement la direction que je dois prendre pour rejoindre la forge. Il m'indique le chemin sans grande conviction mais je décide de lui faire confiance et dès qu'il a fini, je m'y rend.

Un soupir de soulagement m'échappe quand je reconnais le vacarme de la forge. Je dois me retenir pour ne pas me précipiter. Je préfère me positionner de telle façon à ce que l'on remarque rapidement ma présence. Ma stratégie fonctionne puisque rapidement, un homme grand, couvert de suie me rejoint.

-Heda, prononce-t-il avec un très grand respect. Que puis-je faire pour vous ?

-L'un de vous aurait-il vu mon général ?

-Anya, demande-t-il avec un sourire timide qui m'indique qu'il la connaît. Je ne l'ai pas vu aujourd'hui Heda. Et personne n'entre dans la forge sans se présenter devant moi. Pas même votre général Heda.

-Tu protége bien les armes, je le félicite en commençant à réfléchir à un autre endroit ou mon amie aurait pu se réfugier.

-Il est normal que j'en prenne soin. Elles t'appartiennent toutes Heda.

-Je te remercie pour tes services, je lui assure en reculant. Si Anya vient ici, fais-lui savoir que je la cherche.

-Entendu.

Je m'éloigne déçue. Je cherche une autre idée en élevant le regard vers le ciel. J'observe les étoiles. Un sourire m'échappe. Je leur lance un remerciement silencieux pour m'avoir apporté Clarke et c'est après que je remarque la pleine lune. Je l'observe un moment avant de comprendre enfin où s'est réfugiée Anya.

Je quitte le campement sans me faire voir. Je rejoins discrètement le village des Triku. Je le traverse sans perdre de temps. Rapidement je ne suis plus entourée par les maisons mais par des arbres. Je continue d'avancer à la lueur de la lune, les pieds au plus près de la source qui s'écoule depuis le grand lac qui se trouve sur les terres de mon enfance. En arrivant au bord de l'eau, je découvre Anya perché tout en haut de son arbre. Elle a le regard rivé vers le ciel. Son dos bien droit appuyé contre le tronc, sa jambe gauche se balance lentement dans le vide et elle tient un objet étrange entre ses mains.

Je m'avance lentement, sans faire de bruit pourtant il ne faut que quelques pas pour qu'elle dévie son regard vers moi. Elle m'observe un moment avant que son regard ne tombe sur ses mains et plus exactement sur ce qu'elle tient entre ses doigts. Je m'approche, reste un moment au pied de l'arbre avant de me hisser au plus près de mon amie, sur la branche la plus solide à sa droite.

-Je me suis inquiétée, c'est tout ce qui me viennent pour le moment.

Un fin sourire étire ses lèvres mais c'est la tristesse qui transparaît. Je suis incapable de la lâcher des yeux. Les mots ne suffisent pas dans cette situation. Ils ne suffiront jamais. Anya a choisi le silence pour se protéger. Mais surtout parce qu'elle a refusé de devenir ce que les mercenaires qui ont décimés son peuple ont voulu faire d'elle. Ils l'ont laissé en vie pour qu'elle témoigne de leur violence, qu'elle imprègne chaque personne qu'elle croisait d'une peur implacable mais elle se l'est interdit. Anya a gardé le silence.

Du moins, jusqu'à aujourd'hui ? Qu'est-ce qui a bien pu la convaincre de parler après tout ce temps ? Je ne parviens pas à comprendre.

-Qu'est-ce que Raevan a bien pu te dire pour t'inquiéter à ce point ?

-Je suis inquiète depuis que tu l'as suivie. Gravir cette falaise sans corde était irresponsable ! Tu aurais pu tomber et mourir !

-Personne n'a été blessé.

-Tu as osé envoyer Raevan seule alors que tu savais que j'aurais préféré te voir.

-Elle n'a pas eu l'occasion de te dire que je n'en avais pas pour longtemps ?

-Si j'ai eu le temps de te rejoindre, c'est que ton absence a été trop longue.

-Je suis désolée, elle fait tourner l'étrange objet entre ses mains.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Quoi ?

-Dans tes mains, je précise en ayant bien conscience qu'elle n'est pas dans son état normal, qu'est-ce que c'est.

-Oh, elle le relève en parfait équilibre dans la paume de sa main droite, jusqu'à ce qu'il se trouve devant ses yeux, c'est un souvenir. J'y ai beaucoup pensé depuis que j'ai rencontré Raevan.

-Pourquoi ?

-Je pense qu'elle pourrait le réparer.

-Je ne comprends pas.

-Raevan m'a dit qu'elle était une guérisseuse pour les objets. Alors, je me dis que peut-être… elle pourrait… peut-être, elle laisse traîner. Oui, la tristesse la transcende de nouveau, peut-être.

-Cesse de te torturer et demande-lui.

-C'est ce que je devrais faire, tu as raison.

-Je peux aussi te l'ordonner.

-Il est vrai que ça faciliterait les choses, son sourire redevient un peu plus vrai. Mais il reste un problème.

-Tu oserais me désobéir ?

-Ce ne serait pas la première fois Lexa.

-Ne dis pas ce genre de chose à n'importe qui !

-Il n'y a que toi et moi, me rappelle-t-elle avec douceur.

-C'est vrai, je souffle soulagée. Alors quel est le problème ?

-Pour dire la vérité, elle se redresse juste assez pour déposer l'objet devant elle, en équilibre précaire, je ne suis pas certaine d'en avoir envie.

Anya s'adosse de nouveau contre le tronc et elle observe avec beaucoup d'attention, la petite boîte rouillée. Je ne parviens pas à déterminer quel est son ressenti. Alors j'essaye de le deviner en le fixant à mon tour. Mais finalement, il n'y a qu'une question qui peut m'aider à comprendre :

-Il s'agit d'un bon ou d'un mauvais souvenir ?

Le silence. C'était prévisible. Je le sais pourtant. Anya n'évoque jamais son passé. J'ignore la raison qui me pousse à insister. C'est faux. C'est en réalité une évidence. Je me dis que si elle est parvenu à parler, même de brides avec Raven. Il n'y a aucune raison qu'elle en soit incapable avec moi. Du moins, c'est ce que je pense. Après tout, nous sommes amies.

Pourtant, je m'apprête à changer de sujet. Je n'ai aucune envie d'insister. Pas alors que la douleur irradie son regard. Mais a ma plus grande surprise, Anya répond :

-Ce n'est pas parce que le souvenir est bon que la souffrance est moins grande.

Anya vient vraiment de…

-Je vais encore réfléchir. Je suis désolée de t'avoir inquiété pour rester aussi incertaine.

-Ce n'est rien, je lui assure. Tu… tu veux m'en dire plus ?

-A quel propos ?

-Anya…

-Pas encore.

-C'est parce que tu hésites à cause de cet objet que tu as laissé échapper que tu étais une aidan kom Gilt Valley ?

-Quand est-ce que j'ai dit ça ?

-Je ne sais pas. Je sais seulement que Raevan voulait en connaître la signification.

-Je n'ai pas remarqué que je l'avais évoqué.

-Vraiment ?

-C'est… je ne saurai pas l'expliquer mais… c'est facile de lui parler.

-Ah oui, je m'étonne. Parce qu'elle est vraiment très bavarde, encore plus que Klark. Et parfois, elle parle très longtemps pour ne rien dire ou pire sur des sujets incompréhensibles.

-Raevan est plutôt silencieuse avec moi.

Je fronce les sourcils, véritablement étonnée par cette information. Raven est devenu le pire cauchemar de plusieurs de mes guerriers. En partie parce qu'elle est incapable de se taire. Alors comment expliquer qu'elle soit différente avec Anya ? Est-ce que ce serait un stratagème ? Ce serait possible ! L'amie de Clarke est très intelligente, trop peut-être. Mais s'il s'agit d'une fourberie, quel est son but ? Je n'ai décelé chez elle aucune trace de malhonnêteté. Faudrait-il que je la surveille plus ?

-Tu voulais me voir pour quelque chose en particulier, poursuit Anya, faisant fit de ma méfiance à l'égard du comportement de Raven.

-M'assurer que tu étais en vie était une priorité.

-Je suis toujours en vie, un sourire étire ses lèvres, plus grand que d'habitude. Il est difficile de me tuer. Tu devrais le savoir depuis le temps.

-Anya, je… j'ai besoin de toi.

-Ne laisse personne t'entendre dire ça.

-Nous sommes seules, je réponds en écho à sa propre réponse un peu plus tôt, et je suis très sérieuse. Ne te mets plus en danger comme aujourd'hui, s'il te plaît.

-Je suis désolée Lexa, nos regards se croisent. Il est vrai que lorsque j'ai vu Raevan commencer à gravir cette falaise. Je n'ai pas réfléchi avant de la suivre.

-Je ne peux pas te perdre, je poursuis, pas toi aussi, j'avoue à demi-mot.

-Je serai plus prudente.

-Anya…

-Je te donne ma parole.

-Merci.

Je suis rassurée. Enfin. Je n'arrive pas à concevoir que je puisse la perdre. Je sais qu'au combat, elle surpasse un très grand nombre de nos ennemis. Elle est bien plus stratège que n'importe qui. Encore une fois, elle porte à elle seule, le savoir d'un peuple qui s'est éteint et qui était connu pour être le meilleur sur un champ de bataille. Mais ce n'est pas la raison pour laquelle je souhaite la garder à mes côtés et elle le sait. Si j'ai besoin d'elle, ce n'est pas non plus parce qu'elle a été mon mentor. Mais bien parce qu'avec le temps, elle est devenue mon amie, ma presque sœur.

C'est étrange parce que c'était avant que Titus vienne me chercher pour m'emmener à Polis. J'avais peut-être six ou sept ans et pourtant, je me souviens parfaitement du jour où Anya est arrivée chez les Trikus. Il faut dire que je n'avais jamais vu une telle agitation dans le village. Absolument tout le monde était inquiet. Le chef du clan, le guérisseur et même l'Ancienne s'agitait autour d'une petite fille au regard baissé, qui était recouverte de sang, de boue et qui malgré les différentes requêtes des miens restait silencieuse. Je pense qu'aucune personne présente ce jour-là a pu oublier.

Mais il y a un souvenir encore plus fracassant. Un qui me hantera jusqu'à la fin de ma vie. D'autant plus qu'encore aujourd'hui j'ignore ce qui a poussé Anya a faire ce choix. C'était l'année de mon dixième cycle de saisons. Comme tous les Natblidas j'ai été autorisé à rentrer chez moi pour la grande fête de l'été.

J'ai eu le droit à une quasi liberté durant vingt-un jours, ce qui ne s'était jamais produit auparavant et qui n'a plus eu lieu ensuite. C'est sans nul doute un de mes meilleurs souvenirs. Je me suis amusée comme n'importe quel enfant l'aurait fait. J'ai joué, j'ai passé du temps avec ma famille, j'ai chassé. Je me suis contenté de profiter du moment.

Je n'étais pas encore consciente des machinations et des ambitions de certains. Alors que je me contentais de m'amuser, de profiter de chaque instant. Certains membres importants de Polis qui m'avaient accompagné ainsi qu'Ismaël, l'autre Natblida qui venait des Trikus, de cinq ans mon aîné, nous ont poussé à aller voir Anya. Mais à ce moment-là, elle n'éveillait ni mon intérêt, ni ma curiosité. Je savais qu'elle n'était pas une vraie Triku et que l'Ancienne avait décrété qu'elle était sous sa protection. Hormis ces détails, j'ignorais tout d'elle. Et, ce n'était certainement pas assez pour me pousser à m'éloigner de ma sœur avec qui je passais tout mon temps.

Ismaël en revanche avait suivi les recommandations. Il avait le même âge qu'elle, ce qui aurait pu les rapprocher. Pourtant une fois qu'elle eut compris son objectif, dès qu'elle le voyait approcher, Anya disparaissait dans les arbres avec une dextérité incroyable. Il avait tenté sa chance de nombreuses fois mais à chaque fois, soit elle restait silencieuse, soit elle se volatilisait.

C'est le jour où j'ai vu un autre Natblida arriver au village pour discuter avec Anya que j'ai commencé à m'interroger à son sujet. Nous étions vingt-sept enfants au sang noir. Je me souviendrai à jamais de leur visage et de leurs prénoms. Ils resteront en moi comme l'encre sur ma peau, indélébile. Cet été-là, ils sont tous venus, sans exception, chez les Trikus avec un seul objectif : parler à Anya. Et aucun d'eux n'a su retenir son attention.

Je ne saurai pas expliquer ce qui m'a tenu à l'écart. C'était peut-être parce qu'il n'était pas difficile de voir qu'elle ne souhaitait pas recevoir toute cette attention. Pourtant, je me suis mise à beaucoup l'observer. J'essayais de la comprendre et surtout de saisir son importance aux yeux des conseillers d'Heda. Je suppose que de son côté, Anya ne s'expliquait pas que je sois la seule à ne pas tenter ma chance. Ce qui m'a finalement poussé à aller vers elle, c'est quelque chose de tout simple : ma sœur était avec elle au bord du lac. Elles étaient toutes les deux en train de fabriquer des filets pour la grande pêche du dernier jour de la fête de l'été. Alors je les ai rejoint et je me suis installée près d'elles. Je suis restée silencieuse, comme elles et j'ai façonné un panier en bois pour le poisson.

C'est tout.

C'est tout ce que j'ai fait. Rien d'autre. Pourtant quand j'ai raconté cette histoire une fois de retour à Polis personne n'a voulu me croire. Parce qu'avant que je parte, Anya a arrêté le cortège. Elle s'est planté devant moi, m'a fixé pendant un long moment avant d'annoncer haut et fort qu'elle acceptait de m'entrainer. Je n'ai su qu'après que c'était le premiers mots qu'elle prononçait depuis son arrivée chez les Trikus. Personne n'a jamais compris son choix, moi incluse.

-Anya, je reprends après cette longue réflexion. Pourquoi tu, elle tourne son regard vers moi, non, je détourne les yeux, rien.

-Tu as besoin de quelque chose ?

-Non. Ce n'était rien. Oublie.

-Très bien. Nous devrions y retourner, un soupir lui échappe. Ton absence va finir par se faire remarquer.

-Attends, je l'arrête alors qu'elle s'apprêtait à bondir. Il y avait bien quelque chose que je voulais te demander.

-Je t'écoute.

-C'est…

-Qu'est-ce qui t'arrive Lexa ? Tu agis bizarrement.

-Klark m'a fait une demande. Je ne peux pas y répondre et je me demandais si tu accepterais de, j'hésite.

-De quoi, elle sourit.

-Est-ce que tu pourrai lui enseigner le Tri, je demande rapidement, et aussi à se défendre ? Ne réponds pas tout de suite, je l'arrête. Je sais que je suis la seule personne à qui tu as accepté de prodiguer ton savoir. Et, je passe ma main droite sur ma nuque, pour sentir la boursouflure qu'à laisser la flamme sur ma peau le jour de l'ascension, j'en connais les raisons. Je sais que c'est trop te demander. Mais il n'y a personne d'autre en qui je puisse avoir plus confiance. Il s'agit de… Klark, mon étoile filante.

-Lexa…

-... s'il te plaît, je la coupe.

-Je n'ai pas l'intention de refuser, répond-elle avec une grande douceur.

Je reste complètement ébahie par sa réponse. Je ne m'y attendais pas. Je m'étais persuadée qu'elle allait refuser. Je m'étais préparée à passer plusieurs jours à devoir la convaincre de m'aider.

-Je ne te le demanderai pas si j'avais le droit de lui apprendre moi-même.

-Je sais.

-Anya, je reste incertaine, tu es sûre ?

-Je ne crois pas me tromper en disant qu'elle et toi, vous ne faites qu'un. Tu l'aimes, n'est-ce pas ?

-Je… oui.

-Alors, je suis sûre. Je vais m'occuper de l'enseignement de Klark parce qu'elle est une extension de toi. Si je ne le faisais pas, elle sourit, c'est comme si je brisais la promesse que je t'ai faite en acceptant de devenir ton mentor.

Je dois avouer que je n'avais pas du tout imaginé ce genre de réponse de la part d'Anya. Je suis heureuse qu'elle accepte aussi facilement. Je ne sais pas du tout à qui j'aurai pu demander ce service à part elle. Il y a d'autres personnes très compétentes mais aucune en qui je puisse avoir confiance comme c'est le cas avec elle. Je sais déjà que je n'aurai aucun mal à laisser Clarke seule avec elle. Je ne passerais pas ma journée à m'interroger sur le déroulement de la journée en étant terrifiée à l'idée que ma jolie blonde revienne blessée ou contrariée sans aucune raison.

Depuis que je suis Heda, j'ai eu l'occasion de découvrir d'autres enseignements que celui d'Anya. Il y a énormément de personnes qui veulent se dévouer à l'éducation des Nightblood. Pour le moment, j'ai refusé tous ceux qui sont venus me voir. Je les trouve trop durs et exigeants. J'ai été à la place de ces enfants que l'on entraîne pour prendre ma place le jour de ma mort. J'estime savoir de quoi ils ont besoin. Titus est déjà assez difficile avec eux. Je n'ai pas envie qu'en plus, ils se fassent malmener par un tiers.

J'ai eu beaucoup de chance d'avoir Anya.

-Merci, c'est à peine un murmure. Je… vraiment merci Anya.

-C'est normal Lexa.

Pourtant, je sais que ce n'est pas le cas, pas avec son passé. Je ne dis rien de plus. Je ne souhaite pas la forcer à aller plus loin. Alors je me contente de lui sourire et elle me rend mon attention. J'ai vraiment beaucoup de chance de l'avoir encore aujourd'hui.

Je commence à descendre de l'arbre. J'ai conscience que le moment est passé. Il est plus que temps que je retourne au campement. Une fois les deux pieds au sol, je lance un regard vers Anya qui n'a pas bouger pour le moment. Elle observe encore cet objet étrange qui appartient au passé et qu'elle appelle souvenir. Sous mes yeux, elle le range précipitamment avant de sauter et de se réceptionner sans aucune difficulté à mes côtés. Je secoue lentement la tête. Il y a bien longtemps que j'ai arrêté de m'inquiéter pour elle quand elle fait ce genre de choses. Et pourtant, n'importe qui d'autre ce serait briser la jambe en sautant de cette hauteur, moi comprise.

-Allons-y, dit-elle une fois parfaitement droite, avant que l'on m'accuse encore une fois de complètement t'accaparer.

-Qui ose te dire ce genre de chose ? Tu es mon général. Il est normal que nous passions du temps ensemble.

-Ne t'en fais pas Lexa, ce sont simplement des personnes jalouses qui ne comprennent pas que tu ais choisie de me garder à tes côtés. Je ne fais pas attention à eux.

-Parce que tu te fiches de ce que tout le monde pense mais ce n'est pas une raison. Te désavouer c'est renier mon propre jugement.

-Si tu le dis, elle rit doucement.

-D'ailleurs, je soupire, il va falloir que tu me remontre la stratégie que tu as imaginée cette nuit. Je pense qu'il est possible que ça fonctionne.

-Je te le présenterai de nouveau demain, elle acquiesce alors que nous longeons le village.

-Pourquoi pas en arrivant ?

-Je l'ai perdu.

-Tu ne perds jamais rien, je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

-Un oiseau l'a emporté.

Cette réponse me fait froncer les sourcils. Je ne comprends pas. Serait-il possible que le temps qu'elle a passé avec Raven lui permet maintenant non seulement de comprendre mais en plus de construire une expression ? Je réfléchis un moment au sens caché qui pourrait expliquer cette phrase. Ne trouvant rien, je reprends incertaine :

-Je ne comprends pas. Qu'est-ce que tu veux dire par : un oiseau l'a emporté ? Tu n'aurais pas laissé ce papier important sans surveillance.

-Raevan en avait besoin et un oiseau l'a emporté.

Je ne saisis toujours pas la teneur de ses propos. Alors qu'elle place les deux mains dans les poches de sa veste en abordant un sourire plus grand que d'ordinaire. Elle prend un peu d'avance en marchant plus vite que moi, se retourne et me demande :

-Tu savais que Raevan voulait dire corbeau ?

-Vraiment ?

-Leurs prénoms ne sont peut-être pas si étranges finalement.

-Je me suis bien habitué à Klark, je souris, même si d'après elle, je le prononce mal.

-Ce n'est pas pareil, elle se replace près de moi et avance à mon rythme, tu connaissais son prénom avant qu'elle ne tombe du ciel.

-Tu apprécies Raevan, c'est un constat pas une interrogation.

-Elle est intéressante.

-Tu veux l'accompagner ?

-Elle s'en va quelque part, s'étonne Anya.

-Elle m'a expliqué qu'elle devait retourner au boomkeur pour, je réfléchir, parvenir à détruir le brouillard. Je dois envoyer quelqu'un pour veiller sur elle. Alors je te repose la question : tu veux l'accompagner ?

Son absence de réponse me surprend. Je prends le temps de la détailler et remarque immédiatement qu'elle réfléchit à la question. Je pourrais presque la croire en pleine élaboration d'une stratégie. Il est rare de la voir concentrée à ce point. Je ne pensais pas que ma proposition la plongerait dans de telles incertitudes.

-Nous n'avons jamais été aussi proche d'en finir avec la montagne, reprend-elle après un temps. Il serait préférable que je reste à tes côtés.

-Nous sommes en effet capable de réduire à feu et à sang nos ennemis et ce pour la première fois depuis d'aussi loin que les mémoires que je porte peuvent s'en souvenir.

-Donc, ma place est sans hésiter à tes côtés.

-Mais pour quelle raison avons nous cette chance ?

Anya s'arrête net à la fin de ma question. Je continue d'avancer de quelques pas avant de me rendre compte qu'elle ne me suit plus. Je souris un peu malgré moi. Je prends volontairement plus de temps pour me retourner vers elle. Je veux qu'elle comprenne d'elle-même l'importance de Raven pour nous.

Je pense que la jeune femme a de grande chance de devenir essentiel pour mon amie. Il est simplement trop tôt pour lui faire remarquer. Je n'ai pas l'intention pour autant d'accentuer la distance entre elles. Bien au contraire, je vais tout faire pour les rapprocher. D'autant plus si cette autre étoile tombée du ciel est capable d'apaiser le cœur d'Anya.

-Sans Raevan, nous ne pouvons rien, déduit-elle. Sans elle, nous restons complètement démuni face à notre ennemi.

-Exact.

-Tu veux que je la protège ?

-Je ne te l'ordonnerai pas, j'assure en plaçant ma main droite sur mon arme et l'autre dans mon dos. C'est à toi seule de prendre cette décision Anya. Qu'importe ce que tu choisis de faire ou non, j'enverrai quelqu'un avec elle parce qu'elle ne peut pas… plus, je me corrige, rester seule. D'elle dépend notre victoire.

-Qui sont tes autres choix, demande-t-elle en mettant de nouveau un pied devant l'autre.

-Je n'y ai pas encore réfléchi, j'avoue en la suivant. Je ne pensais pas te le proposer.

-Pourquoi le faire dans ce cas ?

-Tu l'apprécie, je réponds sans la moindre hésitation.

-C'est tout ?

-Tu n'apprécie personne Anya.

-C'est faux !

-Hormis moi et Triss, personne.

-Je…

-Le respect ce n'est pas la même chose, je la coupe avant qu'elle ne me donne un tas de noms sans la moindre importance. Le fait que je sois une des seules personnes à qui tu accordes ton respect et ton amitié est une des raisons principales qui m'a poussé à te choisir comme général. J'ai une confiance absolue en toi. Mais je ne peux pas être ton unique relation pour toujours Anya. Je n'aime pas te savoir seule quand je suis à Polis. Si tu apprécie Raevan, essaye de devenir son amie.

-Donc tu veux que je la protège pour que nous devenions potentiellement amies, réplique-t-elle perplexe.

-Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai dit.

-C'est ridicule, décrète-t-elle. Tu ne vas pas te passer de ton général pour de simples suppositions. Je reste avec toi.

-Comme tu veux, un sourire un peu joueur étire mes lèvres, j'enverrai quelqu'un d'autre pour l'accompagner.

-Qui ?

L'empressement et l'inquiétude dans sa voix ne m'échappent pas. J'en rirais presque mais nous venons de franchir de nouveau les limites du campement. Je reprends donc immédiatement ma posture d'Heda et je sais qu'Anya va aussi se renfermer comme elle en a l'habitude.

Nous passons devant plusieurs guerriers qui nous saluent avec respect. Je dévisage certains d'entre eux qui lancent des regards mi-avide, mi-effrayé à Anya. J'ai fini par m'habituer à voir une majorité de mes hommes la dévisager et pourtant, je continue de souhaiter leur sauter à la gorge. Anya ne mérite pas cette méfiance. Je peux comprendre que l'envie puisse les gangrener mais la peur… c'est inacceptable !

Je suis la seule à pouvoir émettre un jugement sur sa personne. Pour la simple et bonne raison que je suis la seule à tout connaître d'elle. Je suis la seule à avoir conscience que sa survie est liée à une machination et en aucun cas aux nombreuses affabulations qui se disent parfois tout bas dans les rangs. Je déteste qu'ils puissent se permettre de la juger.

-Qui, insiste-t-elle plus bas. Qui vas-tu envoyer avec elle ?

-Je l'ignore.

-Ce n'est pas acceptable, grogne-t-elle en continuant de contrôler le son de sa voix. A qui penses-tu immédiatement ?

-Toi, je souffle.

-Mais je ne peux pas, elle me lance un regard noir.

-Donne-moi une seule bonne raison de ne pas y aller.

-Je dois te protéger.

-Et qui m'a protégé ce matin quand tu as poursuivi Raevan sans réfléchir.

-Ce n'est pas du tout pareil, répond-elle excédé.

-Anya, je souffle, tu ne me dois pas ta protection. Tu me l'accorde et je l'accepte. S'il te plait, essaye de penser un peu plus à ce que tu te dois à toi-même.

-Tu n'aurais pas ce genre de propos avec quelqu'un d'autre, son ton monte quand elle passe la porte de mon logement.

-C'est vrai, je referme derrière moi.

-Alors arrête de le faire avec moi. Je ne suis pas différente. Tu es Heda et je suis…

-... mon amie, je la coupe. Tu es mon amie et ma confidente, bien avant d'être mon général.

-Ne me traite pas différemment !

-Mais tu es différente ! Je veux seulement, je soupire quand elle me tue d'un regard. C'est bon, je passe une main dans mes cheveux, je vais te faire une liste de ceux qui pourraient accompagner Raevan.

-Aucun qui ne soit trop violent et aucun fanatique qui ne comprendrait pas sa science.

-Autant, je comprends la seconde demande. Autant, la première m'étonne. Il faut un bon combattant pour la protéger.

-Un bon combattant, elle acquiesce, mais un qui ne soit pas agressif. Raevan déteste la violence.

-Tu penses que nos guerriers pourraient-être malveillants envers elle ?

-Il en faut un, poursuit-elle sans répondre à ma précédente question, qui ne tue pas.

-Un qui ne tue pas, je répète complètement démunie par sa demande.

-C'est important, précise-t-elle.

-Anya, elle croise mon regard, tu as conscience qu'un guerrier qui ne tue pas, ça n'existe pas ?

-Il faut trouver une solution, décrète-t-elle. C'est très important.

-Mais enfin…

Ma réponse est interrompue par l'arrivée de Clarke qui m'offre un grand sourire en passant la porte. J'aperçois Gustus qui me fait un signe de tête, je le congédie d'un geste de la main. Je n'ai pas besoin de lui alors que je suis avec Anya.

-Tout va bien, demande la jolie blonde en me rejoignant. Tu sembles contrariée pourtant, elle sourit à mon amie, je constate que tu as retrouvé Anya.

-Je ne suis pas contrariée, je réponds immédiatement.

-Notre discussion était tout à fait normale.

-Pas tout à fait, j'interviens, non.

-Comment ça ?

-Anya, tu… tu te rends compte que la personne que tu demandes pour accompagner Raevan n'existe pas ?

-Vous parlez de Rae, réagit Clarke alors qu'elle croque dans une pomme, pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle a fait ?

-Rien du tout, je la rassure. Elle doit simplement retourner au boomkeur et je dois trouver quelqu'un pour l'accompagner.

-Envoie n'importe qui, me suggère Clarke, Raven Reyes est d'une bonne constitution. Tout le monde l'aime.

-Tu vois Anya, je force un sourire, je peux envoyer n'importe qui.

-Bien sûre que non, s'acharne-t-elle.

-C'est quoi le problème, se renseigne mon étoile. Elle a eu des propos anormaux ? Ou pire, elle s'avance un peu trop dans l'espace personnelle d'Anya, fait quelque chose d'inapproprié ?

-Il y a eu un événement qui t'as inquiété quand vous étiez seules ?

J'ai raison. Il s'est passé quelque chose qui a, haut delà d'avoir retenu l'attention d'Anya, l'a inquiété. Je dois avouer que cette information m'intrigue au plus haut point. Mon amie ne s'interroge pas seulement sur le fait qu'elle puisse apprécier ou non Raven. Elle s'inquiète pour la jeune femme. Un comportement que je ne lui connaît avoir que pour deux autres personnes : moi-même et Triss.

Je glisse mon regard jusqu'à Clarke, tout semble parfaitement normal jusqu'à ce qu'elle semble comprendre une information qui m'échappe encore. Alors, elle fronce les sourcils et toutes les marques de l'inquiétude se devinent sur son visage. Elle s'éloigne très légèrement d'Anya, son regard se fige sur ses pieds avant de dériver vers la porte. Elle a envie de partir.

-Rae a, sa voix est tremblante, je m'approche pour tenter de la rassurer. Elle a fait une crise d'angoisse ?

Clarke attend une réponse de notre part mais aucune de nous ne comprend sa question. Alors qu'Anya réfléchit encore à la signification des propos de mon étoile. Je réagis plus vite en lui avouant :

-Nous ignorons ce qu'est une crise d'angoisse.

-Une peur qui nous fige sur place, tente d'expliquer Clarke. Une perte de contrôle de ses réactions qui se caractérise par une terreur intense et incontrôlée.

-C'est ce qui est arrivé à Raven, confirme Anya.

-Et merde !

Clarke se précipite pour récupérer sa veste. Quand elle ne la trouve pas à sa place, elle marmonne en la cherchant par tout. Je ne l'avais pas encore vu à ce point inquiète. Et pourtant, depuis qu'elle est tombée du ciel, il lui est arrivé plus d'une situation que beaucoup aurait trouvé ingérable. Je m'approche lentement en prononçant tout doucement son prénom. Elle lève à peine les yeux sur moi. Son comportement me blesse mais en même temps, je comprends. Elle est inquiète pour son amie.

-Il y a un danger, demande Anya la voix légèrement déformé.

-Non, répond Clarke, ce qui semble rassurer mon général, mais je veux tout de même m'assurer qu'elle va bien. Sur l'Arche, je sais exactement ce qu'elle aurait fait pour aller mieux mais ici, elle secoue vivement la tête, Rae n'a aucune échappatoire. Je…

La porte claque, ce qui me fait légèrement sursauter puisque toute mon attention était centrée sur Clarke. Je me retourne et ne trouve aucune trace de mon amie. Un sourire m'échappe un peu malgré moi. Anya peut-être tellement bornée parfois mais c'est quand elle agit sans réfléchir que sa vraie personnalité transcende. Elle ne s'en rend pas encore compte mais Raven devient un de ses piliers. Je suis à la fois heureuse et un peu jalouse de ce constat.

-Klarke, je la saisis par les épaules.

-Je dois y aller !

-C'est évident mais…

-Il n'y a pas de "mais" dans ce genre de situation Lexa, pas quand ça concerne une personne que j'aime.

-Anya est déjà partie s'assurer que Raevan se porte bien.

-Vraiment, elle fronce les sourcils, pourquoi ?

-Je pense qu'elle ignore elle-même la réponse à cette question.

-C'est pas grave ! Il faut tout de même que je m'assure que Rae aille bien. Elle est devenue maître dans l'art de faire semblant. Et je suis une des seules capable de savoir avec certitude si elle ment ou non quand une personne lui demande si elle va bien.

-Elle, je crois enfin comprendre ce qui commence à rapprocher Anya de l'amie de Clarke. Il lui est arrivé quelque chose de vraiment horrible, n'est-ce pas ? A Raevan, je précise sans réel raison. C'est… un événement innommable dont elle ne parle jamais mais qui l'a façonné ?

-Comment, Clarke me fixe d'une étrange manière, tu as deviné ? Oh mon Dieu, elle écarquille les yeux, ce genre de chose t'es arrivée ?

-Pas à moi, je me retourne vers la porte que vient de passer mon amie, mais à Anya.


Voilà pour le nouveau chapitre de cette fiction. J'espère qu'il vous a inspiré et qu'il vous a plu ! Des suppositions pour la suite ? J'ai trop envie de savoir ce que vous pensez de la dynamique entre Lexa et Anya. Vous appréciez leur relation ? Est-ce que vous commencez à comprendre ce qui est arrivé à Anya ? Quelles sont vos suppositions pour la suite ? Vous avez des attentes particulières ?

Je suis évidemment ouverte à toutes les critiques, qu'elles soient positives ou négatives, à condition que le commentaire soit constructif.

Les Notes :

Note n°39 : Isak Danielson est un chanteur et compositeur suédois. En 2012, où il a auditionné à X Factor Sweden, où il termine troisième Il est surtout connu pour sa chanson Always et ses albums Yours (2018) et Remember to Remember Me (2020) dont fait partie la chanson du chapitre : Silence. Vous avez peut-être entendu une de ses chansons dans la série Marvel Cloak & Dagger, intitulée Ending.

En espérant vous retrouver pour le prochain chapitre !

GeekGirlG