Salut à tous ! :)

Quelques mots sur cette fiction : Les étoiles filantes sont les larmes du ciel. Du moins c'est ce que disent toutes les histoires. Alors comment expliquer que l'une d'elle ait rendu le sourire à une petite fille ? L'espoir que lui apporta cette rencontre changea radicalement son destin et celui de toute une nation. – Clexa –

Les personnages de la série The 100 ne m'appartiennent pas, tout comme les musiques que je peux utiliser dans l'histoire.

Je remercie tout particulièrement MaraCapucin d'avoir accepté d'être ma bêta et de relire mes nombreuses fictions pour que la lecture vous soit plus agréable, mine de rien c'est beaucoup de travail.

Je vous souhaite une bonne lecture et je vous retrouve en bas ! :)


Étoile filante

Chapitre n°22 -Ne pas devenir une supernova

If I ain't got nothing, I got you

If I ain't got something, I don't give a damn

'Cause I got it with you

I don't know much about algebra, but I know 1+1 equals 2

And it's me and you

That's all we'll have when the world is through

Beyoncé - 1+1

Clarke

Le comportement de Gustus a changé à l'instant même où le Président Cage a pris la parole. Il est devenu immédiatement plus hostile. Depuis que nous sommes enfermés, s'il ne m'a pas à proprement parlé fait du mal, ses propos sont de plus en plus cinglants. Il prétend que j'ai rendu Heda faible. Il me confie qu'avec Titus, ils n'attendaient qu'une chose qu'elle me perde afin qu'elle redevienne elle-même. La sorcellerie est même évoquée.

J'ai rapidement pris la décision de ne pas lui répondre. Je me suis dit que ce serait plus raisonnable et que si ses déblatérations n'attirent rien d'autre que le silence, il finira peut-être par se calmer. Et puis, je ne voudrais pas qu'il interprète mal une de mes réparties et qu'il utilise une maladresse de ma part pour justifier une quelconque attaque.

Durant son agitation, il a laissé la radio sans surveillance à mes pieds. J'ai entendu un message peu de temps après ma dernière conversation avec Lexa. Raven a changé la fréquence de la radio. Evidemment, intelligente comme elle, elle n'a pas donné plus d'indications mais il faut dire que je n'en ai pas besoin. Je connais ma meilleure amie par cœur.

C'est ce qui explique que dès que Gustus a l'imprudence de me tourner le dos, je me penche légèrement en avant pour tenter de changer la station. La manipulation est simple et ne demande que quelques clics. Le problème c'est que j'ai les mains liées et que mon Cerbère personnel à la bougeotte. Une grande partie de mes tentatives meurt dans l'œuf et je commence à me sentir particulièrement frustré.

Je voudrais simplement indiquer à Lexa d'une façon ou d'une autre que je vais bien. Qu'elle n'a pas à se soucier de moi. Qu'il lui suffit d'agir, nous réfléchirons aux conséquences plus tard. En supposant qu'il puisse encore y avoir un nous après tout ça… je l'espère.

Je commence à désespérer quand la porte du conteneur s'ouvre avec fracas. Je m'engouffre dans cette opportunité sans même réfléchir. L'attention de Gustus étant ailleurs, je me saisis de la radio et cale la fréquence sur 4-7147. J'ai un moment de sursaut quand je ne perçois pas une voix mais le refrain de la chanson All Star de Smash Mouth. Il n'y a pas de doute, Raven Reyes est bien passé par-la !

J'ignore pour quelle raison, j'entends de la musique alors que je m'attendais a des indications pour la suite. En fait, je suis tellement déconcerté que j'en oublie d'observer mon environnement. Si bien que lorsque je me sens tirer vers le haut, un hurlement m'échappe. Je me cogne violemment la tête contre une paroie. Je me débat et mes pieds trouvent difficilement le sol. Quelque peu étourdie, j'essaye de me libérer en insultant mon agresseur. Je deviens finalement complètement muette quand le froid d'une lame se place dangereusement sur ma gorge. Paniquée, je relâche même la radio que j'étais parvenu à garder en main.

Gustus prend la parole, sa voix est forte. Ses cris m'assomment presque. Je ne comprends rien de ce qu'il dit mais j'ai un mauvais pressentiment. La main qui maintient mon épaule se resserre assez pour me faire mal. J'ai la désagréable sensation qu'à chaque fin de phrase ses doigts se crispent un peu plus, m'arrachant quelques grimaces et me faisant serrer les deux poings pour mieux assimiler la douleur. Je ne vois pas bien. D'abord parce que le conteneur ne laisse pas entrer de lumière hormis le petit filet qu'à créer l'ouverture de la porte. Ensuite parce tout ce qui m'entoure est flou, certainement à cause du coup sur la tête.

J'ignore donc qui vient de faire cette entrée fracassante. Je ne distingue rien de plus qu'une silhouette même avec toute la concentration du monde et en plissant les yeux. Je ne bougeais déjà pour ainsi dire plus du tout, mais quand je perçois le bruit d'une lame sortir lentement de son fourreau, j'arrête complètement de respirer. Cette situation craint un max ! Les choses vont forcément mal finir !

C'est du tri qui répond à Gustus, je connais encore trop peu de mot pour comprendre la teneur des propos. En revanche, le calme et la voix m'est familière. Je suis prête à mettre ma main à couper qu'il s'agit d'Anya.

-Il est absolument impensable de préférer la vie d'une vulgaire étrangère, fauteuse de troubles, à celle des milliers d'autres qui vivent à Polis ! Je la tuerais moi-même pour Heda s'il le faut !

La pression de la lame s'accentue, étant parfaitement aiguisée, ma peau ne résiste pas longtemps et du sang s'écoule sur ma gorge. Je respire fort. Je cherche à retenir ma vie plus longtemps. Mon cœur fait des embardées qu'il faut que je calme si je veux éviter d'accélérer les choses. Je tente de me projeter dans un souvenir agréable afin de retrouver le contrôle sur mes émotions mais rien n'y fait, je suis complètement paniqué.

Il y a quelques jours à peine, j'ai promis à Lexa de rester le plus longtemps possible à ses côtés. Je n'ai aucune envie de devenir une putain de supernova !

-Je te l'interdis.

La froideur d'Anya quand elle prononce ces mots me fait frissonner. A cet instant précis, j'ignore exactement à qui elle parle. C'est peut-être à Gustus pour qu'il arrête son geste ou alors à moi à qui elle ordonne de ne pas mourir. Comme si je pouvais vraiment avoir une quelconque influence sur ce point très précis. Et puis, comment fait-elle pour paraître à ce point impassible ? Je suis complètement bouleversée et elle fait preuve d'une retenue et d'une sérénité absolument inexplicable. Lexa m'a dit que c'était dans les moments les plus alarmants que son mentor faisait le plus preuve d'imperturbabilité. Le savoir est une chose, le vivre en est une autre.

-Je ne regarderai pas Heda s'affaiblir de nouveau à cause de ce genre de faiblesse. Il faut agir tant qu'il est encore temps. Je suis un de ses gardes personnels, c'est à moi de le faire, pour son bien.

-Je n'ai pas envie de te faire du mal Gustus mais si tu m'y oblige, je le ferai et je n'aurai aucun regret.

-Comment fais-tu pour ne pas voir à quel point Heda c'est affaibli depuis que cette étoile, il retire la lame de mon cou avant de me propulser en avant, donnant un coup violent au creu de mes genoux, me forçant à m'agenouiller, est tombée du ciel ? Je vais la libérer de ce fardeau avant qu'il ne soit trop tard !

-Gustus, la menace d'Anya est foudroyante.

-Il faut en finir !

Il se décale légèrement. Je ne le vois pas mais je perçois ses gestes. Il place ses bras au-dessus de sa tête et avant même que je n'ai le temps d'agir abat son arme vers moi. Je ferme les yeux et hurle à en perdre mes cordes vocales et puis, rien. Mes cris ne s'arrêtent pas, c'est trop long. J'ose à peine relever mes cils mais une fois fait j'écarquille les yeux à leur paroxysme. J'ai un mouvement de recul, je butte dans les jambes gigantesque de Gustus qui beugle comme un détraqué. Je relève la tête et découvre Anya me surplomber. Je ne l'ai même pas entendu se déplacer.

Je m'éloigne le plus possible au moment même ou un coup de vent plus important ouvre en grand le conteneur me laissant découvrir avec horreur le guerrier se tordre de douleur alors que ses deux mains jonchent le sol, dans l'une d'elles l'arme qui aurait pu m'arracher la vie est encore serrée entre ses doigts. Le sang jaillit un peu partout autour de lui.

Anya lui donne un grand coup de pied dans l'estomac. Il se plie en deux sous la force de cette attaque. Il reste silencieux un moment. Il assimile sûrement la situation. Puis son regard s'arrête sur ses deux membres perdus. Il relève la tête foudroie la générale d'un regard assassin, ses bras se lèvent, imbibant son visage d'un rouge effrayant et de larmes alors qu'il hurle :

-Comment tu as pu ?

-Je n'ai fait qu'accomplir mon devoir de Général, répond Anya avec une absence d'émotion qui me met terriblement mal à l'aise.

-Alors toi aussi tu t'es laissée aveugler par ces étoiles ! Il faut s'en débarrasser avant qu'elles ne fassent plus de mal et réduisent à néant la grandeur d'Heda.

-Je suis le dernier rempart, semble réciter Anya. S'il ne doit plus y avoir que mon corps pour sauvegarder Heda du danger, j'accourais et lui donnerai ma vie pour que son esprit puisse persister le plus longtemps possible dans le corps que son infinie sagesse à choisi de rejoindre comme réceptacle.

-Tu as trahis tes vœux aujourd'hui Général, aboit-il comme un fou.

-Certainement pas, Anya l'allonge grâce à une droite qui si j'en crois le bruit que vient de faire le visage de Gustus lui casse le nez, j'aurais préféré me tromper à ton égard Gustus, elle se mets à sa hauteur et lui pose deux garrots étonnement efficace, si seulement ma défiance ne c'était pas transformé en une véritable trahison. Heda a perdu un grand guerrier aujourd'hui.

-Tu ne m'as jamais apprécié, crache-t-il.

-Comment l'aurais-je pu alors que tu choisis toujours de suivre Titus ?

-Le flamekeeper sait ce qui est bon pour Heda contrairement à toi de toute évidence !

-Le flamekeeper est un monstre, répond froidement Anya en sortant des bandages et en commençant à panser un de ses moignons. Je ne sais peut-être pas encore quand, ni comment, mais viendra le jour où Heda se rendra qu'il n'est rien de plus qu'un serpent. Son venin n'est pas encore parvenu à l'atteindre malgré le fait qu'il ait placé des personnes comme toi dans son entourage. Il n'a jamais cru en Leksa. Je sais au moins une chose, Titus ne survivra pas à cette Heda. S'il le faut, je le tuerais de mes mains.

-Et c'est moi que tu accuses de trahison ? S'attaquer au flamekeeper est passible de la peine de mort !

-Et quel est le châtiment pour s'en être pris à Heda, demande-t-elle en me lançant un regard.

-Je ne m'en suis pas pris à Heda mais à une de ses faiblesses !

-Erreur.

Anya se relève, l'écrasant de toute sa hauteur. Elle range méticuleusement le matériel médical très restreint qu'elle vient d'utiliser dans une sorte de pochette avant de la lacer et de la placer dans son dos. Elle me lance un autre regard, soupire, passe une main dans ses cheveux et sort d'une de ses poches une vraie radio. Je me demande où elle a pu trouver un tel matériel mais je n'ose pas intervenir. En fait, je ne suis même pas certaine d'être encore capable d'user de la parole. Et, je dois avouer qu'Anya m'effraie bien plus que Gustus un peu plus tôt.

-Heda, appelle-t-elle en pressant le PTT.

-Comment va Klark, demande-t-elle immédiatement. Dis-moi qu'il n'a pas osé la toucher ! J'ai besoin de savoir qu'elle va bien.

Anya m'observe alors que Gustus recommence ses déblatérations. Il l'accuse d'avoir précipité Heda vers une mort inévitable. Il devient encore plus virulent qu'avant l'arrivée de l'amie de Lexa. Maintenant, il s'en prend verbalement à nous deux. Mais contrairement à moi, celle qui vient de le mutiler ne fait pas du tout attention à son dialogue de fou certainement animé par la douleur.

-Elle va bien, répond-elle après un temps, elle a une simple égratignure au cou, je comprends alors qu'elle ne faisait rien de plus qu'évaluer la situation. Mais je crois que mes agissements l'ont effrayé. Gustus a voulu, ses yeux s'arrête sur le guerrier, tuer ta Skai Princess. Je me suis débarrassé de la menace qu'il représente mais il est toujours en vie. Il t'appartiendra de décider ce qu'il va advenir de lui.

-Il a essayé de la tuer, la voix de Lexa est déformée et pourtant, je perçois toute sa rancoeur, comment ?

-Heda…

-Dis-moi comment Anya ! Dis-le moi maintenant !

-Heda, ce n'est pas…

-Anya, la façon tranchante de prononcer son prénom m'étonne, je ne pensais pas qu'il serait possible qu'elle puisse parler à celle qu'elle considère comme son amie ainsi, comment ?

La générale serre son poing libre, en marmonnant dans sa langue natale. Elle me lance un étrange regard avant de baisser ses yeux sur Gustus qui toujours à genoux rumine ses ressentiments envers elle. Ce comportement ne semble pas la déranger puisqu'elle se contente de soupirer avant de me fixer de nouveau. Elle s'approche de moi. J'ai un mouvement de recul mais il y a un mur dans mon dos.

-Je ne te ferais jamais de mal Klark, dit-elle avec une grande douceur. Si je n'avais pas agi, tu ne serais plus, elle se saisit du poignard à sa ceinture et libère mes mains, et te perdre est inenvisageable. Heda az loan wit yu Skai Princess, j'entends Gustus surréagir à cette phrase, presque s'étouffer. Parle-lui, elle me tend la radio, essaye de la calmer et ne lui dis surtout pas comment il a essayé de te tuer.

-Pourquoi, je demande toujours méfiante. Pourquoi ne pas lui dire qu'il a essayé de me décapiter ?

-Parce que, son regard s'adoucit, devient même accablé, c'est ainsi que Cosita est morte. Leksa ne supportera pas l'idée qu'elle aurait pu te perdre de cette façon. Tu comprends, j'acquiesce. Il mérite de mourir, elle se tourne assez pour le fusiller du regard, mais pas alors qu'elle est en colère. Calme-la, s'il te plait. Elle prendra une décision après la guerre.

-Mais elle ne pourrait pas le tuer maintenant.

-Bien sûre que si Klark, je suis sa main armée. Quoi qu'elle me demande, j'obéirai à ses ordres mais je préférerai qu'elle n'agisse par colère.

Je parviens à fixer Anya dans les yeux. Elle n'est pas encore tout à fait redevenue elle-même. C'est peut-être à cause du maquillage qui durcit son visage ou du sang présent presque sur chaque parcelle de son corps mais je ne parviens pas à la reconnaître. J'ai déjà remarqué ce basculement radical chez Lexa, pendant qu'elle se battait c'était comme si elle était devenue quelqu'un de totalement différent.

Mais avec Anya c'est encore plus choquant.

J'ai la sensation désagréable que ce visage si effrayant que je découvre révèle sa vraie nature. C'est certainement à cause de son calme. Ou alors, celle que j'ai appris à connaître est son masque alors qu'aujourd'hui, je la découvre telle qu'elle est vraiment. J'espère me tromper. Parce que cette violence dont elle a fait preuve ne me plait pas.

-Je vais lui parler.

-Mochof, elle semble réellement soulagée. Tu veux sortir d'ici, elle se redresse et me tend sa main, évidemment tâcher de sang. Je comprendrais que tu n'aies pas envie de rester.

-Oui, je me relève sans son aide, tremblante, je vais prendre l'air.

En arrivant à sa hauteur, je baisse les yeux et si elle s'en offusque, Anya ne le montre pas. Tout en fixant mes pieds, je me dirige vers la lumière, la sortie. Je vais enfin m'échapper de ce cauchemar.

-Ne t'éloigne pas Kalark, me demande-t-elle alors que je la dépasse.

J'acquiesce et je crois que ce geste lui suffit parce qu'elle ne cherche ni à me retenir, ni à en dire plus. Je pousse la porte et je sens mes jambes me lâcher. Je parviens encore à effectuer quelques pas et je m'effondre contre les parois du conteneur. C'est seulement à ce moment que je me rends compte que ma respiration est toujours erratique. Je tremble comme une feuille en sentant des larmes s'écouler sur mes joues. J'ai eu tellement peur. J'ai tout fait pour garder la tête haute mais la vérité c'est que Gustus m'a fait vivre un enfer.

Qui aurait pu croire que des mots pouvaient à ce point être assassin. Parfois c'est comme s'il m'avait tué. J'ai envie de hurler pour stopper la reconstruction que je revis alors que je suis enfin libre.

Je comprends que la violence ait été nécessaire, d'autant plus lorsque ma main se fige sur la plaie présente sur mon cou. Il allait me tuer. Je n'ai aucun doute sur ce point. Il voulait que je meurs. Il n'a fait preuve d'aucune pitié. C'est la seule raison pour laquelle Anya a dû agir de la sorte. N'est-ce pas ?

-Anya, je te jure que si…

-Lexa, je la coupe en éclatant en sanglots.

-Klark, sa voix s'adoucit immédiatement. C'est bien toi ? Tu… comment vas-tu ma magnifique étoile ?

-Je ne suis pas encore certaine de savoir comment répondre à cette question.

-Je vais tuer Gustus !

-Non, ma voix disparaît au milieu des petits hoquet qui font sursauter tout mon corps alors qu'au milieu des larmes, j'essaye de respirer normalement, non Lexa, je, mes paupières fermés, je suis parfaitement capable de revoir les mains de Gustus au sol, figées au milieu d'une marre de sang, plus de violence, ses hurlement raisonnent comme des acouphènes, s'il te plait.

-Je suis certaine qu'Anya a fait ce qu'il devait être fait, répond-elle durement.

-Lexa, son prénom disparaît au milieu de mes pleurs.

-Il t'a fait du mal, s'il n'est pas puni, d'autres penseront qu'ils pourront en faire de même sans en subir les conséquences.

-Crois-moi, j'inspire profondément pour tenter de contrôler ma voix, il a été puni.

-Qu'est-ce qu'Anya a fait ?

-Elle a… je…

Je sens tout mon corps trembler. Je lâche la radio qui tombe dans un bruit sourd à côté de moi. Je me demande combien de temps cette image me hantera. C'est avec effroi que je remarque que la vision d'horreur à laquelle je viens d'assister se superpose avec celle de mon père. Je ferme les paupières ce qui accentue mes larmes. J'inspire profondément. Mais inévitablement, comme à chaque fois que la dernière vision de celui qui a longtemps été tout mon monde s'impose, je perçois ces voix fantomatiques. Des murmures qui n'existent pas vraiment qui me supplient de les sauver.

C'est intenable !

Je me recroqueville complètement sur moi-même. Je plaque mes mains sur mes oreilles comme si elles étaient capables d'arrêter cet assaut. Je sais qu'elles ne sont pas réelles et qu'aucune action physique ne pourra rien faire pour qu'elles se taisent. Mais dans ce genre de moment, la logique est complètement annihilée.

J'ai besoin de m'occuper l'esprit pour reprendre le contrôle, pour oublier. Je refuse d'être une victime. Je ne me suis jamais confortée dans ce rôle et ça n'arrivera pas aujourd'hui. Je me redresse brusquement. Je chancelle. Il suffirait que je reçoive une pichenette pour m'effondrer mais je ne le ferais pas. Je m'y refuse.

-Anya, j'appelle la voix tremblante.

-Un problème, elle débarque dans la seconde, inquiète. Tout va bien ?

Je fronce les sourcils alors que son visage est propre. Il n'y a plus de trace de peinture ou de sang. En fait, elle s'est complètement changé. Je me demande où étaient ses affaires et comment j'ai fait pour ne pas remarquer un sac ou quelque chose dans le genre. C'est alors que je remarque un bandage à moitié serré sur son bras déjà complètement imbibé de ce liquide rouge qui depuis peu m'effrayait tant.

-Tu es blessée ?

-Ce n'est rien du tout, répond-elle en essayant de mieux fixer le tissu sur sa plaie. Je peux faire quelque chose pour toi ?

-Emène-moi auprès des blessés.

-Pourquoi ?

-J'ai besoin de m'occuper l'esprit et là-bas, je serai utile.

-Lexa, son regard tombe sur la radio à terre, est d'accord ?

-Je me fiche de savoir si elle l'est ou non, j'en ai besoin.

-Très bien, elle grimace en faisant un nœud approximatif qui n'a aucune chance de tenir au vu du sang qui s'échappe déjà du tissu, je vais t'y emmener. Tu saurais comment verrouiller cette porte. Je refuse que Gustus nous y accompagne.

-Il a aussi besoin de soin.

-Non, sa réponse est ferme et définitive. Tu ne soignerait pas l'homme qui vient d'essayer de te tuer.

-En fait, tous les médecins font un serment, celui de soigner tout le monde sans se préoccuper de l'identité du patient.

-Dans ce cas, c'est une chance que tu ne sois qu'apprentie, souligne-t-elle en sortant du conteneur, claquant la porte derrière elle, tu n'es pas tenue de respecter ce serment. J'ai fait les premiers soins. Il ne mourra pas.

Je la fixe avec toutes les forces qu'il me reste, espérant la faire changer d'avis. Il me faut peu de temps pour comprendre que rien de ce que je ferais ne la fera arriver à mes fins. Anya est déterminée à me protéger envers et contre tous, même de moi-même s'il le faut. Et puisque Lexa n'est pas présente, elle agit en son nom. Il est évident qu'elle ne me fera courir aucun autre risque.

-Très bien, je baisse le regard, mais il faudra tout de même envoyer quelqu'un afin de mieux le soigner, je n'en démord pas, en m'avançant pour verrouiller le conteneur. Promets- moi Anya.

-Tu as conscience que Lexa va très certainement ordonner son exécution ?

-Promets-le moi, j'insiste.

-Si tu aimes perdre du temps, elle hoche les épaules avant de ramasser la radio, très bien, je te donne ma parole mais pas avant la fin des combats. Allons-y.

Elle ouvre la marche et je la suis. Il me faut peu de temps pour remarquer que chaque pas qui m'éloigne de ce lieu maudit me retire un poids énorme des épaules. J'étais complètement accablé, semblable à une enfant effrayée mais je reprends lentement le dessus.

-Heda ?

-Je peux savoir pour quelle raison Klark et toi arrêtez subitement de parler ? Je n'ai pas besoin de subir ce genre de traitement en ce moment !

-Je suis désolée Heda. J'emmène Klark au point de soin.

-Pourquoi, je perçois immédiatement l'inquiétude dans sa voix, ses blessures sont plus inquiétantes qu'au premier abord ?

-Non. Elle a dit qu'elle avait besoin d'y aller pour soigner les blessés.

-Parfait, le soulagement est si présent que je souris malgré moi devant cette réaction attendrissante, tu ne la quittes pas des yeux Anya. Je compte sur toi. Et, tant que tu es là-bas, fais-toi soigner. C'est un ordre !

-Très bien, si tu insistes.

-J'insiste ! Je peux parler rapidement à Klark ?

-Oui, j'ai… je veux juste… tu as des nouvelles de Raven, je me tourne brusquement vers Anya, je n'arrive pas à croire que je n'ai pas pensé une seule seconde à mon amie avant cet instant, comment va-t-elle ? Elle s'en sort avec son plan ? Elle n'est pas blessée au moins ?

-Où est Rae exactement, je demande en retenant Anya alors que je m'arrête net.

De toute évidence, j'ai bêtement pensé que si Anya était ici, alors mon amie était aussi en sécurité. Je pense maintenant qu'il est évident que je me suis trompée. Le regard de ma vis-à-vis ne m'aide pas du tout à me rassurer sur la situation. Elle est véritablement inquiète.

-Qu'est-ce que Raven Reyes a encore fait ?

-Je suis désolée Anya, je n'ai plus de nouvelle depuis que la diffusion de la "voix" se fait en continue mais les portes se sont ouvertes il y a un moment maintenant. Je suis à l'intérieur de la montagne.

-Reste concentrée sur la bataille, dit-elle déçue et que son appréhension se décuple. Je donne la radio à Klark, ne reste pas trop longtemps si tu es dans la montagne, tu dois être entièrement concentré sur ce qui s'y déroule. Ne t'inquiète pas pour nous.

Anya me tend la radio en précisant que nous parlerons de mon amie après. Je comprends qu'elle veut libérer Lexa en premier. Je suis tout aussi inquiète qu'elle à l'idée qu'elle prenne le risque de nous parler alors que sa vie est en jeu dans cette maudite montagne.

Je m'éloigne légèrement. J'apprécie qu'Anya n'essaye pas de réduire la distance que je viens d'instaurer. J'ai vraiment du mal a enlever cette image d'elle faisant preuve d'une violence à peine descriptible de mon esprit. J'espère sincèrement que j'y parviendrai avec le temps parce que je connais toute son importance aux yeux de celle que j'aime.

-Lexa, je suis là. Je t'écoute.

-Je veux juste que tu saches une chose, quoi que dise Anya, quoi qu'elle fasse tant que je suis absente ce sera pour te protéger et elle aura entièrement raison. Il y a peu de personne qui connaisse aussi bien qu'elle les horreurs que peuvent faire subir un seul homme. Je sais que pour le moment c'est sûrement difficile mais Klark, tu peux lui faire confiance. Il n'y a aucune personne sur qui tu puisses te reposer, qu'elle. Il n'y a qu'elle mon étoile. D'accord ?

-Je comprends.

-Bien.

-Lexa ?

-Oui.

-Fais attention à toi.

-Promis. Une dernière chose.

-Je t'écoute, j'assure.

-Soigne la blessure d'Anya, elle soupire. S'il le faut, assomme-là ! C'est bien plus grave que ce qu'elle veut bien se l'avouer et c'est entièrement ma faute si elle est dans cet état alors si tu pouvais regarder, je t'en serais reconnaissante.

-Je m'en occupe, je lui assure.

-Merci.

-Nous nous voyons bientôt.

-Promis, répète-t-elle et c'est le dernier mot d'elle que j'entends.

Je reviens lentement vers Anya qui en m'attendant s'est appuyé contre un arbre. Il est vrai que maintenant que je prends le temps de bien l'observer, elle est particulièrement pâle. Elle a dû perdre beaucoup plus de sang qu'il n'y paraît. Il y a aussi une plaie assez profonde qui prend place sur la moitié de son front. Il y a de nombreuses égratignures qui l'entourent et la peau commence à gonfler et bleuir. Elle a dû se prendre un sacré coup sur la tête, j'espère qu'elle n'a pas de commotion, ce sera difficile à déterminer sans image médicale.

-Tu es prête ?

Elle me pose cette question en se redressant, j'observe sa démarche afin de déterminer si elle peut être blessée autre part. Quand elle arrive à ma hauteur, je n'ai rien remarqué d'anormal. Mais quelque chose me dit que s'il y a d'autres problèmes d'ordre médical, elle ne dira rien.

-Je le suis.

-Allons-y dans ce cas.

-Tu seras ma première patiente.

-Un guérisseur peut s'occuper de moi.

-Non. Je vais le faire.

-Tu as peur de moi Klark.

Je suis choquée. Pas par le fait qu'elle ait pu le remarquer. Je n'ai pas été très subtile. Mais par le fait qu'elle puisse ouvertement en parler. Je m'arrête net, elle poursuit sa route sur quelques pas avant de se tourner lentement vers moi. Elle m'adresse un fin sourire et poursuit :

-Ce n'est pas grave. J'ai l'habitude. Je suis une Stedaunon.

-Je ne sais pas ce que c'est.

-Et je ne suis pas certaine de savoir comment te le traduire. Tout ce que je veux dire, c'est que tu n'es pas obligé de me soigner, il y aura d'autres guérisseurs.

-Je vais te soigner Anya, point final.

-Comme tu veux, ma décision la fait froncer les sourcils, je ne t'en empêcherai pas. Allons-y.

-En ce qui concerne Raven, je fais quelques enjambées plus rapide pour la rattraper, c'est quoi l'histoire ?

-Elle m'a poussé de la falaise.

-Pardon ?

-J'ai refusé de la laisser seule alors elle m'a poussé.

-Mais pourquoi ?

-Je viens de te le dire, je refusais de la laisser seule.

-Pourquoi tu es aussi calme alors qu'elle a bien failli te tuer ? Qu'est-ce qu'elle avait encore dans la tête ?

-Je ne sais pas comment mais elle savait qu'ils essayeraient de tuer Lexa, si elle n'avait pas agi de la sorte, Heda serait soit gravement blessé, soit morte. Je suis arrivée juste à temps grâce à Raven. Mais maintenant elle est seule. Il va falloir que je la remercie alors que je suis contrariée.

-C'est de cette façon que tu t'es blessée à la tête ?

-Comme je n'ai pas sauté à temps, l'explosion à brûlé ma corde et elle a cédé sous mon poids. Je crois que c'est dans l'eau que je me suis cogné mais je me suis immédiatement précipitée pour rejoindre Lexa.

-C'est assez profond par endroit, je plisse les yeux. Je vais peut-être devoir recoudre.

-Tu veux me rapiécer comme un vieux vêtement ?

-Je ne suis pas certaine que ce soit la meilleure image mais… oui. Tu n'as jamais été recousue avant ? Lexa m'a dit que tu es souvent blessée comment tu soigne les plaies ?

-Je les brûle quand elles sont graves, si ça ne l'est pas je les panses avec le mélange de plantes adéquates.

-Ouais, je grimace, non, on va oublier la cautérisation si tu veux bien. Ce sera bien plus esthétique, hygiénique et adapté de recoudre. Fais moi confiance.

-Comme tu veux.

Anya s'arrête et je découvre un champ remplis de personnes blessées, allongées à même le sol. Autour d'eux, une petite trentaine de guérisseurs s'activent pour en sauver le plus possible. Mais ils sont largement en sous nombre. J'écarquille les yeux alors que les soins sont parfois procuré à même le sol, dans la poussière et le sang. C'est une catastrophe, si les blessés survivent à leurs blessures, ce sera certainement une infection qui aura raison d'eux.

-Qu'est-ce que c'est que ça ?

-L'endroit où se trouvent les blessés. Là où tu voulais te rendre.

-C'est un désastre, tout est à refaire !


Voilà pour le nouveau chapitre de cette fiction. J'espère qu'il vous a inspiré et qu'il vous a plu ! Anya est arrivée juste à temps pour sauver Clarke qui a été bien ébranlé par cette épreuve. A votre avis, elle va parvenir à pardonner et à ne plus avoir peur d'Anya ? En tout cas, une chose est certaine, elle a survécu à cette épreuve et elle est bien déterminée à sauver le plus de vie possible même si "tout est à refaire".

Je suis évidemment ouverte à toutes les critiques, qu'elles soient positives ou négatives, à condition que le commentaire soit constructif.

En espérant vous retrouver pour le prochain chapitre !

GeekGirlG