Auteur : Caramelon
Titre : Solidaires
Genre : Caramelon
Résumé : un approfondissement du prologue et la suite (enfin vous verrez bien quoi !)
Couple : ben, y en a toujours pas.
Disclaimer : je vous ai déjà dit de pas saouler avec ça…
Note : ben, apparemment, y aura pas de seconde partie.
Gboys (faisant la ronde) : Ouais ! Youpi !
Caramelon (air de suprême de compassion) : Ah ! C'est beau l'espoir !
Merci à tout ceux qui m'ont laissé une review : ptite clad, ma chtite Naïa, Kelidril, la future chauve Yat (XD), Kaorulabelle, Kitty (ouais a bas les préjugés définitifs !), Mithy en vacance (c'est un hommage pas larmoyant !) Puriel, Mayu, Choupette, Kaory, Sailor Sayuri, Hadès Hiei (chez moi, c'est pas petit et mignon, c'est genre petit et invisible lol) Hanako, Moonfree (la gourmande) Youkai (tu seras relativement épargnée par les fins sadiques pour le moment) et Thealie
Première partie
Chapitre 1 :
Duo ne remarqua pas tout de suite la présence de Heero. Il fallait dire que le petit garçon avait passé la première semaine à scruter le portail dans l'espoir qu'il s'ouvre sur ses parents. Les autres orphelins avaient cessé de lui parler. La première chose qu'ils lui avaient demandé était s'il avait été abandonné ou si ses parents étaient morts. Cela avait profondément choqué le petit garçon qui avait réagit violemment, envoyant deux enfants à l'infirmerie. Depuis cet éclat, les autres enfants ne cherchaient plus sa compagnie et évitaient d'aborder le sujet de son abandon.
Un après-midi, une bonne sœur était venue le chercher alors qu'il attendait toujours ses parents sous la pluie. Duo passait le plus clair de son temps dehors, sur les marches de la porte du hall d'entrée, fixant le portail. Et ce n'était pas une petite pluie fine qui allait le déloger. Une sœur était donc venue le récupérer. Elle le ramena dans sa petite chambre pour l'essuyer et changer ses vêtements. Puis elle l'avait conduit dans la petite salle de jeu où se trouvaient tous les autres orphelins.
C'est à ce moment-là qu'il le remarqua.
Duo ne s'était jamais intéressé, depuis qu'il était arrivé, aux autres enfants. Pas qu'il ne les aimait pas. Ils lui étaient juste indifférents.
Pourtant, Heero avait attiré son attention. Son attitude l'avait interpellé. Le petit métis était assis seul. Dans un coin. Près d'une fenêtre. A l'écart des autres. Lisant un livre. Calme.
La majorité des orphelins l'ignoraient royalement. Trois garçons lui criaient dessus en faisant des grimaces. Et cela ne perturbait en aucune manière le petit métis.
Duo ne comprenait pas. Pourquoi se laissait-il faire ? Pourquoi laissait-il les autres enfants se moquer de lui ? Sans réagir ? Se contentant de lire. Comment pouvait-il laisser les autres l'humilier ?
L'enfant ressentit un élan de pitié envers le métis. Il se défit de l'emprise de la bonne sœur qui allait réprimander les turbulents et courut vers les trois garçons en hurlant. Il bondit sur l'un qui tomba en arrière entraînant les deux autres dans sa chute.
-Duo ! cria la Sœur en se précipitant vers les 4 garçons qui se battaient.
Une autre bonne sœur alertée par les cris se rua au secours de sa sœur. Elles séparèrent les enfants.
-Qu'est-ce qui t'a pris Duo ? le réprimanda une Sœur.
Le petit garçon dégagea son poignet retenu par une main de la sœur et ne répondit pas. Il se tourna et se dirigea vers le métis, sous les regards étonnés des autres enfants.
Heero lisait tranquillement, installé près de la fenêtre. Il adorait l'odeur de la pluie. Il lui tardait qu'elle cesse pour respirer le doux parfum de l'herbe mouillée. Cette douce odeur l'apaisait. Il ignorait pourquoi. C'était juste apaisant.
Le métis adorait aussi lire. Il n'avait que 5 ans. Il savait qu'il était en avance par rapport aux autres. C'était peut-être pour cela que les autres enfants le détestaient. En plus de son infirmité, il était plus intelligent qu'eux.
…
Plus intelligent ? Non. Il avait juste une excellente mémoire visuelle. Il ne pensait pas être plus intelligent que les autres. Il avait juste dû développer plus rapidement sa mémoire visuelle que les autres. Il avait été forcé. Il restait persuadé que s'il avait été capable d'entendre les sons, il aurait été un enfant comme les autres.
Mais, il n'était pas un enfant comme les autres.
Le métis interrompit le fil de ses réflexions pour se concentrer à nouveau sur son livre. Son livre préféré. Il venait juste de le recommencer. C'était l'histoire d'enfants tellement turbulents que tous les adultes de la petite ville décidèrent de partir durant une journée pour les punir et pour leur montrer qu'ils avaient besoin des adultes pour survivre. L'histoire dérape. Le jour suivant les parents n'étaient pas de retour. Et les enfants ont vécu par leur propre moyen. (1)
Ce livre fascinait le petit garçon. Il se disait que, finalement, ils n'avaient pas besoin des adultes pour survivre. Les grandes personnes aimaient le leur faire croire pour pouvoir les contrôler. Il en était persuadé.
Evidemment, le petit garçon ne faisait pas encore la différence entre la fiction et la réalité.
Il lisait tranquillement. Lentement. Butant sur quelques mots. Il les mémorisait dans un coin de sa mémoire et se promit d'aller chercher leur définition dans le dictionnaire pour enfant de la bibliothèque de l'école.
Il ignorait royalement les trois gorilles qui lui faisaient des grimaces et qui devaient se moquer de lui d'après ce qu'il avait pu lire sur leurs lèvres. Mais il s'en fichait. Il était sourd. Il n'entendait rien. Alors ils pouvaient se déchaîner autant qu'ils le voulaient.
Ce n'était pas la première fois qu'on se moquait de lui. Les autres enfants le faisaient depuis le début. Il avait l'habitude que ses camarades de classe lui jettent des morceaux de gomme ou de papier quand la maîtresse avait le dos tourné.
Heero suivait une scolarité normale, dans la même classe que les enfants normaux. Le seul petit inconvénient, si l'on pouvait appeler ça, un inconvénient, c'était que le petit métis devait absolument s'asseoir au premier rang et que la maîtresse devait expliquer ses notions face aux élèves de sorte que le petit garçon puisse lire sur ses lèvres. Dans ses conditions, Heero pouvait suivre parfaitement les cours.
Le petit métis se moquait bien de ne pas pouvoir communiquer avec ses camarades de classe. Il avait toujours été d'un naturel solitaire. Et leur monde, leur monde remplit de mots et de sons, n'était pas le sien. Il était conscient qu'il ne pourrait jamais entendre les « jolis » sons. Jamais il ne pourrait écouter de la musique. Entendre cette pluie qu'il affectionnait tant, tomber. Le chant des oiseaux. On ne pouvait pas dire qu'il le regrettait, puisqu'il ne les avait jamais entendu et que cela ne lui manquait pas. Il savait juste, grâce à ses livres, que certains sons étaient « jolis » et apaisants.
Non, on ne pouvait pas dire que Heero en était malheureux. Il n'avait toujours pas éprouvé le besoin de parler, de se lier d'amitié avec quelqu'un. S'il avait besoin de quelque chose, il savait que Sœur Véronique serait là. Il n'avait pas besoin de plus. Il ne connaissait pas autre chose. Alors qui était-on pour dire qu'il était malheureux parce qu'il n'entendait pas et ne parlait pas ? Qui était ces enfants, certes inconscient de leur comportement, comportement toutefois calqué sur celui des adultes, qui soit le prenaient en pitié, soit le méprisaient ? Qui était-on pour dire que ce petit garçon avait manqué de chance ?
Une seule chose qu'il regrettait : ses parents. Il n'en avait plus aucun souvenir. Il ne se souvenait même pas comment il était arrivé dans ce parc. Il aurait voulu au moins se rappeler leur visage. Leur odeur.
Une odeur.
Une odeur nouvelle, qu'il n'avait jamais senti jusque là, interrompit sa laborieuse lecture. Une légère odeur de pluie, de cheveux mouillés, puis la même odeur qui imprégnait ses propres vêtements.
Le petit métis leva la tête et tomba sur deux iris où luisait une lueur interrogative. Deux orbes bleus.
Bleus.
Non, ce n'était pas le mot qui convenait. Ils étaient bien bleus, mais pas seulement. Il y avait quelque chose de plus. Quelque chose qui ne permettait pas d'affirmer qu'ils étaient bêtement bleus. Comme étaient les siens. Heero se promit mentalement d'aller rechercher dans son dictionnaire toutes les variantes du bleu.
Un petit garçon qu'il ne connaissait pas se tenait devant lui. Habillé avec les vêtements fournis par l'orphelinat. Ses courts cheveux châtains humidifiés par la pluie qui tombait toujours.
Pour la première fois de sa vie, du moins d'aussi loin que remontait sa courte mémoire, Heero était surpris. Il fixait le petit garçon face à lui avec un air de totale incompréhension. Qu'est-ce qu'il pouvait bien lui vouloir ? Pourquoi il ne l'ignorait pas comme les autres ? Pourquoi se contentait-il de le dévisager sans se moquer de lui comme les autres ?
C'était la première fois qu'il le voyait. Il devait être nouveau. Il ne devait pas être au courant. En tout cas, il allait l'être très vite. Et comme les autres, il allait l'ignorer ou se payer sa tête.
Très vite, l'incompréhension fut alors remplacé par une profonde indifférence.
Duo le trouvait étrange. Ce petit métis était étrange. Il était passé de la surprise à la curiosité. De la curiosité à l'incompréhension. De l'incompréhension à l'indifférence. Tout ça sans dire un seul mot. Pourquoi est-ce qu'il ne parlait pas ?
Le petit garçon était venu lui demander pourquoi il ne se défendait pas quand les trois autres orphelins disaient du mal de lui, mais la palette d'émotion qui avait traversé le visage du petit lecteur lui avait fait oublié ce pourquoi il était venu. Duo était maintenant juste intrigué.
Ils se regardaient simplement. Autour d'eux, les autres enfants avaient repris le cours de leur jeu et ne faisaient plus attention à eux. Et eux deux les ignoraient de même. Les yeux dans les yeux, chacun se demandant pourquoi l'autre ne parlait pas.
Une seule personne observait la scène. Une personne qui avait souvent espéré voir Heero se lier d'amitié avec d'autres enfants que lui, même si c'était encore trop tôt pour dire que ces deux petits garçons deviendront amis. Elle s'approcha d'eux et s'accroupit en face du métis.
-Heero, l'appela-t-elle, en même temps qu'elle exécutait quelques gestes.
Le petit lecteur dirigea son attention sur la Sœur Véronique.
-Je te présente Duo.
Heero le salua d'un mouvement de tête.
-Duo, voici Heero.
Le châtain lui sourit chaleureusement.
-Salut ! lança-t-il en secouant sa main.
Heero hocha de nouveau la tête et l'incompréhension se peignit une nouvelle fois dans les prunelles du métis. L'autre le dévisageait avec curiosité. Puis il pivota vers la bonne sœur.
-Pourquoi il répond pas ? Il a pas envie de parler ou quoi ?
Sœur Véronique lui sourit avec indulgence et secoua la tête.
-Heero ne peut pas t'entendre, ni te répondre, Duo, lui répondit-elle.
-Ah… C'est dommage.
Le petit Duo esquissa une petite moue déçue. Mais son attention fut rapidement détournée. Là où était assis Heero, la fenêtre donnait sur la cour d'entrée de l'orphelinat. Le regard de Duo fut automatiquement attiré par l'épais portail en fer forgé. Et il oublia tout le reste. Heero. La bonne sœur. Les autres.
Le petit métis, le voyant absorber dans sa contemplation, reprit le cours de sa lecture. Sœur Véronique se releva pour rejoindre la Sœur qui surveillait également les enfants.
Pendant près d'une heure, les deux enfants ne bougeaient pas. Duo fixait toujours aussi intensément ce portail qui refusait obstinément de s'ouvrir. Heero avait abordé son deuxième chapitre. Toutefois le métis jetait des coups d'œil à son camarade. Juste pour voir s'il était toujours là. Même si le châtain ne faisait rien d'autre que regarder dehors, il restait près de lui. Et ça, c'était nouveau. Ce n'était pas la première fois que des enfants essayaient de faire sa connaissance. De devenir son ami. Mais comme Heero ne pouvait pas communiquer normalement, les enfants se lassaient vite de sa compagnie et partaient vite jouer avec les autres. Heero en avait l'habitude. Et puis, cela l'arrangeait un peu. En général, ceux qui essayaient de le connaître tentaient de le faire parler. Ou bien ils énuméraient tous ce qu'il ne pouvait pas entendre. Ils le dévisageaient comme une bête curieuse. Avant de l'ignorer.
Mais ce n'était pas le cas du châtain. Certes, il ne lui parlait pas. Cependant il semblait, comme lui, éviter la compagnie des autres orphelins. Et pas la sienne. Heero devait se l'avouer, pour la première fois, cela lui faisait plaisir. Que quelqu'un reste tout de même avec lui sans éprouver le besoin de parler.
Heero jeta un énième coup d'œil à Duo. Duo qui avait disparut. Duo qui n'était plus là. Qui n'était plus près de lui. Qui était partit. Le petit métis sentit un sentiment de déception. Finalement, Duo était comme les autres. Il aurait du le savoir. Ça se passait toujours comme ça. Pourquoi croire que ça pouvait être différent cette fois ? Parce qu'il lui semblait sympathique ? Parce qu'il était venu de son plein grès lui parler ? Non, Duo était comme les autres. Il faisait partie du monde des sons. Pas de son monde silencieux. Duo était simplement retourné auprès des autres.
Heero soupira et le chercha du regard juste pour confirmer ses soupçons. Il le trouva évidemment près des autres enfants, regroupés autour d'une bonne sœur. Le métis détourna le regard et se replongea dans sa lecture, reprenant son train-train quotidien.
La pluie avait enfin cessé de tomber. Heero pouvait sentir encore l'odeur de la pluie qui parfumait l'atmosphère. Il avait bien envie de se promener dehors. Mais les nuages grisonnants menaçaient encore. Les Sœurs ne le lui permettraient pas. Cependant, il espérait quand même pouvoir sortir avant de dîner. Ou bien avant d'aller se coucher.
Soudain, une tranche de pain tartinée de chocolat envahit son champ de vision. Il leva les yeux et capta celui de Duo. Duo qui était revenu. Lui souriant franchement. Lui tendant la tartine. Il en tenait une dans sa main.
-Tiens ! lui dit-il en avançant un peu plus sa main.
Machinalement, Heero se saisit du morceau de pain avec un air interrogateur.
-C'est le goûter, lui répondit Duo.
Le métis hocha la tête pour lui signifier qu'il avait comprit. Duo fronça les sourcils d'un air de méditation. Il mordit dans sa tartine tout en réfléchissant. Heero en fit également de même. Le petit garçon observait pensivement le métis. Il comprenait mieux pourquoi celui-ci ne répondait pas quand les autres enfants s'amusaient à ses dépens. C'était vraiment dommage qu'il ne puisse pas entendre ni répondre. Mais bizarrement, cela ne semblait pas attrister Heero plus que ça.
Duo finit d'avaler sa tartine et se lécha les doigts avec gourmandise. S'il y avait bien une chose qu'il adorait par-dessus tout, c'était bien le chocolat. Contrairement à Heero, qui n'en était pas fan. Il aimait bien l'odeur que ça dégageait, mais le chocolat ne faisait pas partie de ses saveurs préférées. Toutefois, c'était une première pour lui : quelqu'un d'autre que Sœur Véronique lui avait apporté son goûter. Duo avait pensé à lui et ça le déstabilisait. Alors même s'il n'aimait pas particulièrement la pâte à tartiner, il la manger.
Soudain Duo se tourna vers lui. Il lui tapota l'épaule pour capter son regard. Heero releva la tête.
-Tu sais ce que je dis ? lui demanda Duo.
Heero opina du chef, sérieux.
-Comment ?
Le métis sembla réfléchir quelques instants. Puis il tendit un doigt tremblant vers les lèvres de Duo. Celui-ci le dévisagea sans comprendre.
-Quoi ? J'ai du chocolat partout ?
Heero resta quelques secondes, incertain d'avoir bien compris. Duo tira sur sa propre manche et s'essuya la bouche. Puis il fixa de nouveau le petit métis.
-J'en ai encore ?
Heero abaissa son doigt et baissa la tête. Ses épaules furent secouées de courts soubresauts. Duo, intrigué, se pencha en avant. Le métis avait plaqué ses mains devant sa bouche et son corps était secoué de spasmes. Son vis-à-vis essaya de le regarder droit dans les yeux.
-Heero… Tu rigoles ?
En même temps que les soubresauts se faisant plus violent, le métis hocha brièvement la tête. Duo resta interdit pendant quelques instants avant d'être prit à son tour par un petit fou rire. C'était la première fois que les deux petits garçons rigolaient franchement qu'ils étaient à l'orphelinat. C'était tellement nouveau pour lui que Heero sentait ses larmes au bord des yeux. Ca faisait tellement de bien, rire. Mais ça faisait mal au ventre aussi. Cependant, malgré sa douleur, c'était irrésistible : il avait envie de rire. Et de voir que Duo l'accompagnait le rendait encore plus euphorique.
Peu à peu, il se calma et Duo fit de même. Le petit garçon avait aussi les larmes aux yeux, larmes qu'il essaya avec le revers de sa manche. Ils se dévisagèrent quelques instants. Puis Duo prit la parole.
-Alors ? Comment tu sais ce que je dis si t'entends pas ?
Heero se concentra. De toute évidence, Duo n'avait pas comprit son geste tout à l'heure. Il pourrait toujours lui parler avec les signes mais Heero savait par expérience que très peu de personnes pouvaient le comprendre. Et il ignorait si Duo savait lire ou pas…
Le métis ne savait pas comment s'y prendre. Et Duo attendait toujours une réponse compréhensible.
C'était frustrant. Heero se sentait frustré. Il savait qu'il pouvait toujours faire signe à Sœur Véronique pour qu'elle traduise, mais il ne le voulait pas. Il voulait se faire comprendre tout seul. Sans l'aide d'une tierce personne pour communiquer. Mais il ne savait pas comment faire. Parce que pour une fois, il voulait « parler », tout seul.
Heero commença à bouger d'énervement sur sa chaise. Il fronçait les sourcils, cherchant un moyen de se faire comprendre. Duo, sentant que le métis n'arrivait pas à lui répondre, posa une main apaisante sur l'épaule avec un sourire chaleureux.
-C'est pas grave, Heero.
Des larmes de frustrations roulèrent sur les joues du sourd-muet. Il secoua la tête en signe de négation.
Pour lui, c'était grave. Il avait encore une fois la preuve qu'il ne pourrait jamais se débrouiller tout seul, sans l'aide des autres. Il prit conscience qu'il n'était qu'un enfant et que s'il continuait à ne faire aucun effort pour communiquer sans l'aide de Sœur Véronique, il ne pourrait jamais se débrouiller seul. Heero fixa les prunelles de Duo avec un air de détermination. Il allait se faire comprendre. Il devait se faire comprendre.
Duo ne savait pas trop ce qui se passait dans la tête du métis. Mais il sentait que celui-ci était déterminé à lui dire comment il comprenait. Alors il attendit. Et se concentra sur le petit garçon assis face à lui.
Heero lui brandit soudain son livre. Duo s'en saisit et regarda la page ouverte, sans comprendre. Le métis tapota une page écrite.
-Heu… livre ?
Heero secoua la tête et tapota une nouvelle fois la page.
-Heero, je sais pas lire moi !
Le métis hocha précipitamment la tête en souriant. Duo le regardait, perplexe. Il ne voyait pas en quoi le fait qu'il ne sache pas lire pouvait aider le petit métis à comprendre ce qu'il disait. Heero voyant son état d'hésitation, soupira. Duo n'avait pas compris, encore une fois. Mais Heero était déterminé. Il arracha le livre des mains de Duo et captura son regard. Puis il fit semblant de lire, son doigt suivant les lignes. Duo se pencha en avant. Puis il tapota l'épaule du petit garçon lorsqu'une idée lui traversa l'esprit.
-Tu lis ? demanda-t-il quand Heero posa ses yeux sur lui.
Le visage du métis s'éclaira d'un grand sourire satisfait, et quelque peu soulagé. Mais Duo restait perplexe.
-Tu lis ? Mais y a rien d'écrire sur moi… !
Heero pointa une nouvelle fois les lèvres de Duo.
-Tu lis sur la bouche ?
Heero acquiesça, tout heureux. Duo médita sur ce qu'il venait de comprendre : Heero savait ce qu'on lui disait parce qu'il le lisait sur la bouche ? Il fallu encore quelques minutes, durant lesquelles le métis le dévisageait craignant d'avoir échouer encore une fois, pour que le concept de « lire sur les lèvres » prenne un sens pour Duo. Au début, il ne comprenait pas comment il pouvait lire sur les lèvres. Parce que techniquement, il n'y avait rien à lire… Jusqu'à ce qu'il comprenne que c'était une expression. Expression qu'il avait déjà entendue. Qu'on lui avait déjà expliquer. Il y avait longtemps. C'était sa maman. Mais il ne savait plus pourquoi elle le lui avait expliquer…
-Tu veux dire que… quand on dit des mots, la bouche, elle bouge. Et toi, tu comprends les mots qu'on dit qu'avec la bouche qui bouge et sans les sons ? résuma Duo.
Heero acquiesça de nouveau, tout excité. Il avait réussi ! Duo avait réussi à le comprendre ! Il avait réussi à communiquer tout seul ! Il avait eu du mal. Mais il y était arrivé !
Duo, lui aussi, était content. Il avait vu que le métis avait eu du mal. Et il était content d'avoir réussi à comprendre. Et aussi impressionné par le fait que Heero pouvait lire sur les lèvres sans entendre les sons.
-Dis Heero, je peux rester ?
Le métis se figea de surprise, l'espace de quelques secondes puis hocha la tête, ravi. Duo sourit puis s'éloigna précipitamment et revint en traînant une chaise derrière lui. Il la cala près de la fenêtre et s'y assit dessus. Il croisa les bras sur le rebord de la fenêtre et reprit sa surveillance. Heero esquissa un sourire enchanté et reprit sa lecture.
Quelque fois, de rare fois, Duo l'interrompait et lui posait des questions. Pour Heero, ce n'était pas dur de se faire comprendre puisque les réponses étaient soit oui, soit non. Ils discutaient ainsi pendant quelques minutes, puis chacun reprenait le cours de leurs occupations.
Ils passèrent tout le reste de l'après-midi près de la fenêtre. Le soir même, ils dînèrent côte à côte, sous l'œil humide de bonheur de Sœur Véronique.
Le lendemain, puisque le temps le permettait, Heero alla s'asseoir, là où il se réfugiait toujours, c'est-à-dire, dans un creux que formait la haie de laurier. Il s'asseyait là, et passait son temps à lire, ou bien à dessiner. C'était ce qu'il aurait fait si Duo ne l'avait pas suivit. Et Heero en fut heureux. Il avait maintenant la preuve que Duo ne le rejetterait pas et ne l'ignorerait pas comme les autres.
Heero passa une bonne partie de l'après-midi à Duo quelques signes. Du genre : bonjour, nonne nuit, merci, je suis désolé… Des phrases bateaux. Puis chacun avait reprit une nouvelle fois ses activités…
A suivre…
Bon, c'est définitif, il ne reste qu'un chapitre avant de passer à la seconde partie !
Duo : Mais… mais… t'avais dit au début qu'il y aurait pas de seconde partie !
Caramelon : Aaahhh ! C'est trop beau l'espoir ! Mais c'est encore plus jouissif de le retirer ! Gniark, gniark, gniark !
Quatre : Quelle cruauté ! J'aurai jamais imaginé ça venant de toi !
Caramelon : Qui aime bien, châtit bien ! Et si vous saviez à quel point je vous aime !
Heero : On est pas obligé de savoir.
Wufei : A vrai dire, on VEUT pas savoir.
Trowa : … Cara, tu es sûre de vouloir faire une deuxième partie ?
Caramelon : CER-TAI-NE ! CATEGORIQUE !
Trowa : Malgré ce que tu réserves à Réléna ? Ce qui va être drôlement prise de tête ?
Caramelon : … J'avais oublié… Bof, pour le nombre de fois qu'elle va apparaître dans cette fic…
Quatre : Tant pis Trowa, t'auras essayé…
Caramelon : Mwahahahahahah !
(1) Je pourrai toujours vous dire le titre de ce livre si vous ne connaissez pas (et accessoirement, si ça vous intéresse et si je retrouve mon livre qui doit être enfoui sous des tonnes d'autres bouquins). Moi, je l'ai adoré. Mais j'étais en CM2 à cette époque donc… ça date quoi ! N'empêche, c'était mon rêve : une vie sans adulte ! Aujourd'hui, un peu moins puisque j'en suis une. Aujourd'hui, se serait une vie sans ses mioches, ses sales petits merdeux qui entrent au collège. Bon sang, je sais pas comment c'est dans les autres villes, mais ici, c'est des chieurs nés !
