Titre : Solidaires
Genre : révisons de mes cours de psychopatho. Et de psycho clinique aussi. Et de psycho sociale (un chouia).
Couple : voyons voir…
Disclaimer : j'ai pas inventé les chupa choups (je me shoote au sucre en ce moment)
Note : ben, apparemment, les tortures de Trotro intéressent moins de monde que les tortures de Heero et Duo. Etrange…
Wufei : Ouf ! Avec un peu de chance, elle fera moins de chapitre sur nous !
Caramelon : Aucune chance ! Parce que moi, ça m'amuse.
Alors, je suis désolée pour ce retard mais à partir de maintenant, je ne sais pas si je pourrais updater toutes les semaines, régulièrement. J'ai beaucoup de travail et des partiels. Bref, je ferais de mon mieux pour être assez régulière et de ne pas trop vous faire attendre.
Ce chapitre a été plus long à écrire pour diverses raisons donc, je ne vais pas vous embêter plus longtemps.
Merci à tous ceux qui m'ont reviewés. Ça m'a grandement aidé pour me motiver. Merci à Sailor Sayuri, Kaorulabelle, Luna Strata, Elangelcaido, Kelidril, Aele, Hanako32, Moonfree, Hades Hiei, Shima-chan, Echizen D Luffy, Thealie et Florinoir.
Désolée si je n'ai pas répondu aux reviews par email. Mais je suis vraiment perdue en ce moment, donc je ne sais plus du tout à qui j'ai répondu ou pas.
Bonne lecture quand même !
Deuxième partie
Chapitre 4 :
Quatre regarda avec des yeux hallucinés sa montre. Il était à peine 16 heures ! Et il avait fini sa journée ? Il avait vraiment du mal à y croire.
Soudain soucieux, il feuilleta de nouveau son carnet de rendez-vous. Il avait forcément oublié quelque chose ! Il n'avait jamais terminé ses journées à 16 heures… Quoique… Ca avait bien du lui arriver à une certaine époque. Cependant, sa routine quotidienne l'avait habitué à finir ses journées bien après 20 heures.
Alors finir à 16 heures, ce n'était absolument pas normal !
Quatre feuilleta son carnet de rendez-vous et passa en revu tous les patients qu'il avait reçu aujourd'hui. Il vérifia qu'il avait bien renouvelé les ordonnances et surtout qu'il les avait données à ses patients. Il s'assura qu'aujourd'hui, il n'était pas de garde à l'hôpital. Il n'avait pas ses analyses à faire. Il avait réservé deux billets d'avion pour Prague en cadeau de mariage d'une de ses innombrables cousines. Lors de la pause de midi, Rashid lui avait téléphoné pour lui rapporter le bilan de la Winner Corporation. Il avait aussi prit des nouvelles de son père qui profitait allègrement de sa retraite à Hawaï avec son vieux pote de collège Howard.
Non. Il n'avait rien oublié. Tout avait été fait. Il avait passé tous ses coups de fils importants. Il avait vu tous ses patients. Aucun n'avait annulé. L'hôpital n'avait pas appelé pour lui demander de faire un remplacement au pied levé…
Donc…
Il avait bel et bien terminé sa journée.
Et au lieu de se réjouir d'avoir du temps libre, d'éprouver un certain soulagement après vérification qu'il n'avait vraiment plus rien à faire, et bien… il ne l'était pas du tout. Il en était même plutôt perturbé. Pour lui, le fait de terminer son travail si tôt n'avait rien de naturel.
Quatre n'était pas un drogué du travail. Ça ne l'enchantait pas spécialement de devoir finir tous les jours vers 20 heures. Mais bon, il avait l'habitude. C'était même devenu une certaine routine. Alors finir sa journée si tôt lui laissait une vague impression d'inachevé. Le sentiment d'un travail bâclé. Et si Quatre n'était pas un bourreau de travail, il restait extrêmement rigoureux.
Prit d'un doute, Quatre décrocha son téléphone et contacta le médecin chef du centre. Une de ses plus proches cousines.
-Infirmerie du Centre de…
-Iria, coupa Quatre. C'est moi.
-Quatre ? Qu'est-ce qui ne va pas mon chou ?
-J'ai terminé ma journée.
-Et ?
-Et il est 16 heures et quart.
-…
-… Je t'écoute.
-… C'est quoi le terme psychologique pour une personne qui adore son cousin, qui se mêle un peu de sa vie privée pour le rendre heureux et qui prend soin de lui ?
-Une emmerdeuse, répondit-il pince-sans-rire.
-C'est pas très psychologique comme terme, rigola la jeune femme
-Alors ? Vas-tu enfin m'expliquer par quel miracle je fini ma journée si tôt ?
-J'ai joué les emmerdeuses.
Quatre soupira. S'il y avait bien une chose qu'il supportait très mal, c'était bien que ses cousines se mêlent de sa vie privée. Ça et les fêtes de Noël.
La période des fêtes était un vrai casse-tête pour Quatre. C'était surtout dans ses moments-là qu'il regrettait d'être né dans la famille Winner avec une dizaines de tantes, près d'une trentaine de cousines (29 pour être plus exact), et autant de petits cousins et de petites cousines à gâter pour les fêtes. Ils se réunissaient tous au principal manoir Winner. Sa seule satisfaction, sa seule véritable distraction, c'était de voir les petits amis de ses cousines les plus jeunes essayant de mémoriser les prénoms des sœurs et des cousines de leur dulcinée. C'était cruel mais Quatre trouvait très distrayant de voir ces pauvres garçons suer à grosse goutte pendant qu'il tentait désespérément de se souvenir du nom de la personne avec laquelle il discutait.
-Franchement Quatre, tu travailles beaucoup trop. Comment veux-tu te trouver une gentille petite épouse si tu restes confiné dans ton bureau ? Tu as presque 30 ans !
Quatre éclata de rire.
-Je suis sérieuse Quatre.
-Iria, ne t'inquiète pas pour moi. Je sais parfaitement me débrouiller seul.
C'était vrai qu'il n'avait pas beaucoup d'aventures. Il préférait grandement passer les rares week-ends de libre ainsi que ses vacances annuelles avec ses amis, sans prise de tête. Prendre du recul. Ne plus penser à ses patients. Il savait depuis le début qu'être psychiatre et psychothérapeute nécessitaient une capacité à prendre du recul, à « oublier » pendant quelques heures les problèmes des autres. Il ne devait surtout pas se laisser submerger. Sinon, il y avait fort à parier qu'il deviendrait lui-même patient d'un autre psy. Il l'avait vu avec certains de ses collègues, certains commençaient par être fatigué avant de s'enfoncer dans une certaine dépression. Ce n'était pas facile de faire complètement abstraction. Surtout quand Quatre se sentait seul. C'était pourquoi il sortait souvent avec ses amis.
Quant à ses petites amies… Et bien, il les plaquait assez rapidement. Parce que parfois, il avait l'impression de faire des heures supplémentaires. « J'ai ressenti ceci… Il s'est passé cela… Qu'est-ce que tu en penses poussin ? Qu'est-ce que je suis pour toi poussin ? Qu'est-ce que tu aimes en moi ? Dis-moi, je suis comment ? »
Pourquoi est-ce que les femmes avaient besoin de tout comprendre ? Avaient besoin de tout savoir ? Et surtout pourquoi elles pensaient qu'il les connaissait mieux que personne d'autre ? Que parce qu'il était psy qu'il avait forcément réponse à toutes leurs questions existentielles ?
Et puis surtout, il avait l'impression que leurs relations ne marchaient que dans un seul sens. Quand elles se sentaient mal, elles venaient se confier et il les écoutait. Elles demandaient toujours des solutions et il ne donnait que quelques conseils d'ordre général. Mais lorsque lui avait besoin de juste parler, qu'on l'écoute, ne serait-ce que 5 minutes, la plupart se contentait de dire « relativise » ou bien « ça ira mieux demain ».
Alors, franchement, les petites amies, il s'en passerait. Jusqu'à ce qu'il se sente près à passer le reste de son existence avec une… chieuse. Il n'y avait pas d'autre mot pour les qualifier. Enfin… S'il pouvait en trouver une qui ne le saoule pas…
-Ecoute Iria. Je suis très touché (mensonge) mais je te demande de ne plus annuler de rendez-vous.
-…
-Promet-moi Iria !
-Ok, ok.
-Merci. Tout va bien à l'infirmerie ?
-Pas de problème de ce côté-là ? Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ?
-Et bien… Je l'ignore peut-être que…
Quelqu'un frappa doucement à la porte. Quatre se figea et consulta pour la énième fois son carnet de rendez-vous. Non, décidément, il ne devait y avoir personne. Donc, c'était forcément une personne qui travaillait ici.
-Iria, je te rappellerai plus tard.
Il raccrocha et invita la personne qui avait frappé à entrer. La tête d'une jeune femme blonde dépassa de l'entrebâillement. Quatre reconnu une de ces infirmières qui travaillaient avec lui. Une jeune femme assez compétente quoiqu'un peu trop gentille. Les résidents du Centre n'étaient pas trop difficiles, mais il ne saurait pas dire si elle pourrait gérer un résident récalcitrant. Enfin, pour l'instant, ce n'était pas trop un problème…
-Docteur Winner, Trowa Barton vient d'arriver.
Quatre la regarda, passablement confus. Trowa Barton ? Ce nom ne figurait pas sur son carnet de rendez-vous. Il en était sûr. Il haussa un sourcil interrogateur.
-Le nouveau résident, crut bon d'ajouter la jeune femme.
-Oui. Oui, très bien. Faites-le entrer !
L'infirmière sortit de la pièce quelques instants. Puis un jeune homme roula vers lui après avoir percuter douloureusement le chambranle de le porte. L'infirmière l'aida à se décoincer puis le conduit devant le bureau. Quatre observa discrètement le nouveau résident. Il était plus jeune qu'il ne le pensait.
Du premier regard, le docteur se fit une opinion. Elle était peut-être fausse. Peut-être vraie. De toute façon, il allait pouvoir le vérifier. Malgré son apparence nonchalante, Quatre le sentait très tendu, comme s'il luttait intérieurement. Contre quoi ? Ca, il ne pouvait pas le deviner.
Quatre avait toujours été comme ça. Du premier coup d'œil, il se faisait une opinion sur les gens. Il les jugeait. A vrai dire, comme tout le monde. Ceux qui disaient qu'ils ne jugeaient jamais les gens avant de les connaître, c'étaient des hypocrites. Il savait que l'être humain ne pouvait pas s'empêcher de catégoriser, de stéréotyper, de définir tous ce qui l'entouraient. Les objets, les animaux comme les êtres humains. Il fallait juste savoir reconnaître ses torts et accepter de laisser une chance aux autres de se faire connaître malgré ses préjugés.
Il ne fallait pas non plus croire que Quatre laissait sa chance à tout le monde. Parfois, il ne pouvait pas. Quand une tête, ou une attitude ne lui revenait pas du tout, il avait pas forcément envie de faire connaissance avec cette personne. Et tant pis pour lui si elle était formidable. Sa grande ambition, ce n'était pas être pote avec la Terre entière. Alors…
Sauf que dans son métier, il devait faire abstraction de ses jugements, de ses stéréotypes, de ses préjugés. Parce que son but, c'était d'aider les personnes en proie à une souffrance psychique qu'ils ne peuvent pas gérer par eux-mêmes. Et il ne pouvait vraisemblablement pas les aider s'il gardait ses préjugés. C'était l'une des clés pour devenir psy. Avoir un esprit critique et objectif. Et surtout une « neutralité bienveillante ». Ce n'était pas synonyme d'indifférence ou de non-intervention, simplement qu'il devait rester objectif. Ne pas prendre de partie, en quelque sorte.
Il y avait bien d'autres conditions. Comme être à l'aise avec son patient. Pouvoir supporter les révélations qu'il allait vous faire. Il devait renoncer à tout jugement de valeur ou référence à ses propres conceptions morales. Il était déjà arriver à Quatre de rediriger vers un collègue, un patient qui le mettait mal à l'aise. (1)
Toutefois, il n'avait pas cette impression avec le jeune Barton. Il lui sourit gentiment quand l'infirmière arrêta Trowa devant le bureau. Quatre garda le sourire alors que le jeune homme face à lui le dévisageait sans pudeur. Le regard de quelqu'un qui restait sur ses gardes. Quatre fit discrètement signe à la jeune femme de sortir de la pièce pendant qu'il s'entretenait avec le nouveau résident.
-Bienvenu au Centre Winner !
Le blond s'était levé et tendait maintenant une main en direction de son cadet. Celui-ci observa quelques secondes la main, puis finalement la serra brièvement. Quatre se rassit et plongea immédiatement sa tête dans les tiroirs. Il en sortit enfin une petite chemise en carton avec un petit cri de triomphe.
-Vous avez de la chance Mr Barton. D'habitude, je ne retrouve pas aussi rapidement mes dossiers… Ca doit bientôt faire 10 ans que je me suis promis de ranger ce foutoir.
Trowa n'esquissa même pas l'ébauche d'une ébauche d'un sourire. Quatre ouvrit son dossier et lut en diagonale toute les annotations.
-Je vois que le dossier a déjà été rempli. C'est votre sœur que j'ai vu l'autre jour ?
Trowa hocha simplement la tête. Le blond se souvenait maintenant de la jeune femme qui était venu le voir. Elle lui avait parlé de son petit frère qui aurait besoin d'une rééducation et peut-être un soutien psychologique à cause de la mort de leur mère et du coma de leur père. Elle lui avait fourni quantité de détail et de conseil à propos de son frère et de son caractère, mais Quatre avait décidé qu'il n'en tiendrait pas compte. Pas que sa sœur se trompait. Cependant, il préférait travailler sur « un terrain vierge ». Parce que seuls, son point de vue et celui de Trowa importait vraiment si celui-ci décidait de suivre une thérapie.
-Bien. Ne tournons pas autour du pot. Le Centre comporte certaines règles. Je vous énumère les principales : interdiction de fumer à l'intérieur des locaux. Interdiction de tuer votre colocataire même s'il vous rend dingue…
Trowa esquissa pour la première fois un petit sourire.
-Espérons que vous n'en arriverez pas là ! (2) Sinon, vos rendez-vous avec le kiné sont VIVEMENT recommandés, pour ne pas dire obligatoires. Après tout, vous êtes majeur, vous faites comme bon vous semble. Voilà, je crois que c'est tout.
Quatre fronça les sourcils, cherchant s'il avait abordé les points vraiment importants. N'en trouvant pas d'autres, il redirigea son attention vers le jeune homme face à lui.
-Des questions ?
Trowa secoua la tête, toujours muré dans son mutisme. Mais cela ne dérangeait pas le jeune psychiatre. Il comprenait. Beaucoup de résident affichait cet air méfiant et scrutateur. Parce que la plupart des gens croyaient qu'il pensait son temps à essayer de lire en eux. Avec ou sans leur autorisation. Ah ça ! On pouvait dire qu'ils n'avaient pas souvent bonne réputation auprès du public. Et avec le nombre croissant de charlatan… Ce n'était pas près de s'arranger.
-Bien. Une infirmière va vous montrer votre chambre.
Quatre se leva, tandis que Trowa recula doucement avec son fauteuil. Le blond se figea soudainement.
-Juste une chose. Votre sœur s'inquiète beaucoup pour vous, et souhaiterait que vous suiviez une thérapie.
-Elle me l'a dit, acquiesça Trowa, l'air sombre.
-J'aurai juste voulu avoir votre opinion à ce sujet.
Trowa leva les yeux vers le psychothérapeute, indécis.
-Je… ça m'est égal, répondit Trowa.
Quatre hocha la tête en signe de compréhension. Et ça ne l'étonnait pas beaucoup. Tous ses patients qui ont été obligé de prendre un rendez-vous avec lui pour quelques raisons que ce soit, par un membre de leur famille ou bien une institution, n'ont jamais éprouvé une grande envie de devoir déballer leurs petits problèmes à quelqu'un qu'ils ne connaissaient pas. Généralement, ils ne voulaient pas de son aide. Ils n'étaient pas là de leur volonté propre. Et cela prenait beaucoup plus de temps pour parvenir à une véritable demande.
Conclusion de l'affaire : le cas de Trowa Barton serait soit très rapide (il ne donnerait pas suite à la thérapie), soit très long et laborieux.
-Je vous verrai dans la semaine Trowa.
Quatre décida que finalement, il avait le temps pour ranger son bureau. C'était une honte pour un professionnel comme lui d'être aussi… peu organisé (bordélique).
Pendant qu'il classait, rangeait, étiquetait, il repensa au nouveau jeune homme. Il ne savait pas vraiment s'il avait vraiment besoin de son aide. De toute façon, il allait lui donner un rendez-vous dans la semaine, lorsqu'il aurait un trou dans son emploi du temps. Il pourrait ainsi se faire une petite idée.
Soudain, il sentit son biper vibrer. Il le décrocha de sa ceinture et lut le court message. Avec un petit sourire amusé, il prit ses clés de voiture et sa veste accrochée au portemanteau. Finalement, il n'aurait pas le temps de finir son rangement.
Dans le hall, il croisa l'infirmière qui avait accompagné Trowa dans sa nouvelle chambre.
-Vous partez Docteur Winner ?
-Une urgence à l'hôpital. Trowa ?
-Il a préféré rester dans sa chambre plutôt que de rejoindre les autres pensionnaires.
Quatre opina du chef. Rien de bien étonnant. Il salua rapidement l'infirmière, deux personnes qui traversaient le hall. Et partit pour l'hôpital.
Il traversa les couloirs, traversés par des dizaines d'infirmiers, de médecins et de patients. Il en salua quelques uns de sa connaissance. Puis arriva finalement devant son bureau. Sur les sièges de la salle d'attente, il aperçut de longs cheveux blonds, d'autres longs cheveux blonds et d'autres longs cheveux blonds foncés. Réléna Darlian accompagnée de son frère Milliardo, et de leur demi-sœur Dorothy Catalonia. Quatre soupira silencieusement et s'avança vers les trois jeunes gens. Il les salua en leur serrant la main, ignorant le sourire mielleux de Dorothy et le regard très intéressé de Milliardo. Puis, il les conduit à l'intérieur de son bureau, quasiment identique à celui-ci qu'il avait au Centre. Il s'approcha de son secrétaire et en sortit un dossier au nom de Darlian.
-Qu'est-ce qui vous amène Melle Darlian ? demanda Quatre.
-J'attends un bébé ! s'exclama-t-elle, joyeusement.
Quatre fronça les sourcils et planta son regard dans celui-ci de Milliardo. Ce dernier hocha imperceptiblement la tête, confirmant les craintes du psychiatre.
-Et vous comptez le garder ?
Réléna sourit rêveusement avant d'acquiescer.
-C'est pour ça que nous venons vous voir Docteur Winner, expliqua Dorothy. Les médicaments que prend ma sœur pourraient mettre la vie de l'enfant en danger et…
-Je veux plus de médicaments, la coupa Réléna.
-Pas question, riposta immédiatement Quatre, quelque peu abrupt.
Réléna pâlit. Le visage de Milliardo s'assombrit tandis que celui de sa demi-sœur rougit sous une évidente colère.
-Comprenez-moi ! Je ne peux cautionner cette suspension. Et je n'ai pas l'impression que vous vous rendiez compte de ce que cela implique. Melle Darlian…
Quatre se pencha vers les jeunes gens, posant ses coudes sur son bureau.
-Avez-vous une seule idée de ce qui se passera si vous arrêtez votre traitement maintenant ?
Réléna hésita.
-Je… je… je veux ce bébé, l'implora-t-elle.
-Réléna a le droit d'avoir cet enfant, renchérit Dorothy.
-Elle en a le droit, concéda Quatre.
Le blond soupira. Comment leur faire comprendre ? Comment leur faire comprendre que Réléna n'était pas une femme comme les autres ? Que pour elle, avoir un enfant était plus compliqué que de supporter pendant 9 mois en moyenne les nausées matinales, les envies incongrues et les sautes d'humeurs ?
Et surtout que Réléna ne pouvait pas se permettre de vivre sans traitement. Non pas que sa vie serait en danger autrement, tout simplement parce qu'elle avait un comportement… incontrôlable. Pour les autres et surtout pour elle.
Dorothy attaqua de plus belle :
-Vous nous avez toujours répétés qu'il fallait que Réléna vive comme les autres et maintenant vous voulez lui enlever le droit le plus fondamental d'une femme : avoir un enfant ?
Quatre grogna intérieurement. Encore une fois, la plupart de ses patients et leur famille ne comprenaient jamais ce qu'il voulait dire. Il était parfaitement clair qu'ils ne se rendaient pas compte que la maladie de leur sœur était sérieuse. Et d'après plusieurs auteurs de psychopathologie, dans la hiérarchie des maladies mentales, la schizophrénie culminait au sommet. Non, Dorothy ne se rendait pas compte de ce que cela impliquait. Pourtant, il leur avait expliqué, en long en large et en travers, et apparemment, il allait devoir tout recommencer. Avec patience.
-Pourquoi ne voulez-vous pas changer son traitement ? Pourquoi ne pas lui en prescrire un autre ? continua Dorothy. Pourquoi… ?
-Docteur, l'interrompit Milliardo. Expliquez-nous…
Quatre hocha la tête en remerciant mentalement le blond. Depuis le début, il semblait avoir la tête sur les épaules, semblait être objectif.
-Je ne peux pas me permettre d'encourager cette grossesse. Déontologiquement parlant. Parce que je n'ai pas l'impression que vous mesurez toute la portée de cet arrêt. Les symptômes de Melle Darlian referont surface. Souvenez-vous dans quelles circonstances Melle Darlian a été amené dans cet hôpital !
Ce jour-là, Quatre était de garde quand les pompiers avaient amené la jeune femme. Ils l'avaient retrouvée marchant pieds nus au milieu d'une autoroute en hurlant que les conducteurs devaient absolument lever le pied parce qu'ils allaient tous mourir. (3) Les schizophrènes en plein délire hallucinatoire mettaient souvent leur vie en danger, les poussant même au suicide. Voilà pourquoi Quatre refusait que Réléna stoppe son traitement. Ce n'était pas jouer simplement les rabat-joie comme semblait le croire Dorothy Catalonia. Il avait un devoir envers ses patients.
-Autre point important. Qui est le père ? Où est-il ?
Milliardo et Dorothy se regardèrent, gênés. Réléna caressait son ventre plat toujours perdu dans ses pensées.
-Nous… nous le savons pas, répondit Dorothy. Hier, elle a fait un malaise. Notre médecin l'a diagnostiqué et nous a révélé qu'elle était enceinte.
Quatre fronça les sourcils.
-Elle ne se souvient pas d'avoir eu… des rapports…
Milliardo s'arrêta là. Dorothy prit la parole.
-Ecoutez Docteur ! Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider Réléna.
-Absolument tout ?
Dorothy et son demi-frère hochèrent vigoureusement la tête.
-Très bien. Je consentirais à modifier et alléger son traitement. Mais elle devra se faire interner.
-Pas question ! cria Réléna, sortie de sa torpeur. Je… je suis pas folle ! Je ne veux pas…
Réléna commença à trembler. Son frère se précipita à ses côtés et la prit dans ses bras en chuchotant des choses rassurantes. Quatre observa la scène. Il était parfaitement clair depuis le début que l'internement dans le cas de Réléna Darlian n'était pas une bonne idée. Malheureusement, si elle voulait amener cette grossesse à terme, il ne voyait pas d'autres solutions.
-N'y a-t-il pas d'autres moyens ? demanda Dorothy, assez pâle.
-Le problème, Melle Catalonia, c'est que Réléna ne doit jamais être seule sans son traitement. 24 heures sur 24. 7 jours sur 7. Jusqu'à ce qu'elle accouche et jusqu'à ce qu'elle reprenne ses médicaments.
-Nous pouvons le faire !
-Melle Catalonia, seriez-vous prête à mettre votre vie entre parenthèse pendant près de 9 mois ? Etre toujours aux côtés de votre sœur ? Ne jamais la quitter des yeux ? Seriez-vous capable de la sangler à son lit pendant la nuit ? De gérer toutes ses crises ? De délire hallucinatoire ? D'apragmatisme ? Ou de fureur catatonique ? (4) C'est quelque chose de très éprouvant Melle Catalonia. Physiquement comme psychiquement pour vous.
Quatre marqua une pose pour mesurer l'effet de ce qu'il venait de dire : ils étaient choqués.
-Si vous vous sentez prêts à sacrifier une partie de votre vie pour veiller sur votre sœur, je veux bien accéder à votre demande.
Dorothy jeta un coup d'œil à Milliardo.
-Mais…, commença la jeune femme. Et les médicaments que vous allez lui prescrire ?
-D'un, je ne sais pas si elle réagira bien à ce nouveau traitement. Et même si c'était le cas, cela n'atténuerait qu'un peu ses symptômes.
-Et votre Centre ? demanda Milliardo.
Quatre secoua la tête.
-Mon Centre n'est pas encore équipé pour s'occuper des personnes comme votre sœur.
Un ange passa. Les deux jeunes gens réfléchissaient et s'interrogeaient du regard. Quatre les voyait hésiter. Il était conscient que ce n'était pas à lui de décider pour la jeune femme. Mais son devoir était de les informer de ce qui les attendait, même si cela n'était pas très réjouissant, et faisait même peur.
-Trois choix s'offrent à vous : l'avortement, l'internement ou vous prenez la responsabilité de vous occuper d'elle. Toutefois, si vous choisissez la dernière option et si je m'aperçois que vous n'arrivez pas à gérer la situation, je demanderais un internement.
Les deux jeunes gens se dévisagèrent puis posèrent leur regard sur leur sœur qui s'était calmée et continuait à caresser son ventre avec un air rêveur. Elle leur sourit et la décision fut immédiatement prise.
Pendant près d'une demi-heure, ils mirent au point les derniers détails. Puis les deux sœurs quittèrent le bureau de Quatre après l'avoir saluer.
-Merci Docteur, dit Milliardo avant de sortir.
-De rien Mr Darlian, lui répondit Quatre avec un sourire bienveillant.
Même s'il avait essayé de les décourager, il était content qu'ils n'aient pas finalement abandonné leur sœur. Beaucoup de gens n'auraient pas eu le courage (ou la folie) de laisser de côté leur vie, de la mettre en parenthèse, pour un proche. Quelque part, cela pouvait se comprendre assez aisément.
-Je vous en prie, appelez-moi Zechs !
Le jeune homme aux longs cheveux blonds lui sourit chaleureusement.
-Ah. Très bien. Au revoir Mr Darlian !
-Zechs.
-Mr Darlian, insista Quatre, qui commençait à ramasser ses affaires.
-Pourquoi… ?
-Nous ne sommes pas assez intimes pour que je puisse vous appeler Zechs.
Le jeune homme s'approcha du bureau et y posa ses deux mains à plat, tout en se penchant vers le psychiatre.
-On pourrait le devenir.
Quatre éclata de rire. Et bien, on pouvait dire que celui-là était tenace. Depuis qu'il soignait sa sœur, ils avaient toujours ce genre de conversation. Cela faisait bien quelques mois que ce jeune homme essayait de le draguer. Au début cela l'avait assez perturbé. Et puis, finalement, cela l'amusait plus qu'autre chose. De toute évidence, le jeune homme aux cheveux longs plaisantait. Enfin, il préférait encore Milliardo Darlian lui faisant du charme que Dorothy Catalonia. Cette jeune femme avait un très fort caractère. Ce qui pouvait passer pour une qualité. Sauf que cela en était quasiment effrayant chez elle. Quand elle voulait quelque chose, Quatre avait l'impression qu'elle faisait tout pour l'avoir, qu'importe les moyens. Cela pouvait être admirable si malheureusement il n'était pas en tête de sa liste. Enfin, Quatre pouvait toujours se rassurer en se disant que pour l'instant, la priorité de cette jeune femme était sa demi-sœur. Il allait pouvoir être tranquille pendant quelques mois…
-Désolé Mr Darlian. Nos rapports actuels me conviennent tout à fait. Au revoir.
Il tendit la main vers Zechs qui la lui serra en signe d'au revoir.
A suivre…
Pff ! Il s'est fait attendre celui-là ! Enfin, j'espère qu'il vous plaira… Moi, il m'a prit pas mal de temps. Enfin, prochain chapitre Wufei ! Où Quatre et Trowa (surtout lui d'ailleurs) feront une apparition. D'ailleurs, les prochains chapitres risqueront d'être moins centré sur un seul personnage. Maintenant qu'ils sont tous (presque) introduits, l'histoire va pouvoir avancer !
Zib
Désolée d'avoir été aussi longue.
Pour Wufei, je ne sais pas quand je le posterai… Ca dépendra de ce que j'ai à faire cette semaine !
(1)Pour ceux que ça intéresse, là je ressors un peu mes cours de 1ère année sur la psycho clinique (ou comment être un bon futur psy… et comment repérer une personne pathologique d'une personne « normale ») et des notions de psycho sociale (différences entre stéréotype et préjugé, concept de catégorisation) Si ça vous intéresse VRAIMENT, je peux vous fournir des détails par mails. Mais si vous ne comprenez pas et que vous avez le flemme de comprendre, c'est pas grave. C'est pas super important pour la suite de l'histoire… normalement ! lol.
(2)Caramelon : gnégnégnégné…
Trowa : …
(3)Cas clinique réel. Un homme avait été retrouvé totalement dévêtu, errant sur une autoroute en plein mois de janvier, parce que Dieu lui a confié la vie de tous les automobilistes qui circulaient sur cette autoroute. C'est ce qu'on appelle un schizophrène paranoïde. On est quand même loin du dédoublement de personnalité, non ?
(4)apragmatisme : personne dans l'incapacité de réaliser une action. Fureur catatonique : personne dans une agitation extrême et incontrôlable.
