Titre : Solidaires
Genre : je me pose encore la question.
Couples : je vois que ma petite boutade de fin de chapitre a suscité pas mal de remous. XD Vous voulez du 1+2+1 ? Vous êtes prêtes à quoi pour ça ?
Disclaimer : Un chimpanzé a volé un concombre des montagnes dans un supercoureur olympique. Aucun sens ? Pas plus que de faire un disclaimer à ce niveau-là.
NOTE IMPORTANTE 1: ce chapitre est plus court que les autres. Il m'a prit beaucoup de temps parce que je n'étais pas du tout satisfaite. Donc j'ai raccourci des passages qui de toute façon n'étaient pas très importants pour la suite de l'histoire (d'une manière générale, l'histoire sera moins longue que ce que j'avais prévu au début). J'espère que ce chapitre vous décevra pas. Parce qu'encore une fois, j'ai des doutes…
NOTE IMPORTANTE 2 : la note importante 3est pour ceux ou celles qui ont des problèmes avec la chronologie et les raisons pour laquelle Heero n'apparaît pas encore mais plutôt au chapitre prochain. Donc, si ça va, passez carrément à la lecture du chapitre !
NOTE IMPORTANTE 3: normalement j'aurai dû faire ce chapitre plus concentré sur Heero mais j'ai décidé de le faire sur Tro et Duo pour l'essentiel. Pour deux raisons.
La première : mieux expliquer la fin du chapitre précédent. Et encore… L'inimitié entre Duo et Trowa ne sera pas tout à fait expliquée. Ils se sont juste saoulés au début, mais il en faut plus pour cordialement détester quelqu'un…
La seconde : à partir de maintenant, la fic va être plus chronologie. Les premiers chapitres ne suivaient pas une chronologie temporelle, donc c'était plus difficile à suivre, même si j'ai essayé de faire simple.
Donc, voici comment je vois les choses.
L'histoire de la seconde partie commence le samedi, fin d'après midi (16h environs). Duo, Hilde et Maia sont entraînés de force à l'orphelinat. Heero ramène les enfants. Trowa arrive avec l'ambulance et Quatre panique parce qu'il a fini sa journée beaucoup trop tôt. Peu de temps après, Trowa prend possession de sa chambre. Dans la soirée, voire dimanche très tôt le matin, Duo essaye de se tirer de l'orphelinat, rencontre Heero et vous connaissez la suite.
Dimanche : Duo passe sa journée à l'hôpital avec Iria. Puis va voir Quatre qui l'intègre au Centre. Histoire ridicule de la fumée de cigarette et incendie de la couverture de Tro. Punition un soupçon manipulatrice de Quatre.
Lundi : Wu a une note de Quatre lui disant qu'il aurait un énième patient (Tro).
Milieu de semaine : Tro va voir Wu pour la première fois.
Voilà, j'espère que ce qui ont été perdu ont été récupéré lol !
Ce chapitre concernera Tro et Duo du lundi au mercredi. Puis le chapitre prochain concernera Heero et sa famille d'accueil pendant le week-end. Puis ce sera la rentrée pour eux (enfin surtout pour Heero et Duo. Tro n'est là que pour redevenir bipède)
Enfin, merci pour toutes les reviews. Ça m'a vraiment encouragée ! Bonne lecture ! Je suis désolée de pas avoir pu répondre aux reviews de Raziel et de Andromeda Aries. (j'ai pas vos adresse e-mail) En tout cas merci tous les deux!
Deuxième partie
Chapitre 7 :
Quand l'infirmière l'avait accompagné dans sa nouvelle chambre, Trowa avait été grandement soulagé. Visiblement, le deuxième lit n'était pas occupé. Il serait donc seul. Ne restait plus qu'à espérer que cela dure.
Ça n'avait pas duré plus d'une journée.
Quand il était revenu dans sa chambre le lendemain après avoir passé l'après-midi en compagnie de sa sœur, il avait eu la mauvaise surprise d'y retrouver un drôle de type à la natte assis en équilibre sur le bord de la fenêtre. Il le connaissait pas et au vu du sac qui avait été visiblement jeté négligemment sur le lit inoccupé jusqu'à présent, il n'avait pas fallu longtemps à Trowa pour comprendre qu'il allait devoir se coltiner un colocataire. Au début cela ne lui avait fait ni chaud ni froid. Avec un peu de chance, c'était peut-être un type comme lui, pas forcément bavard, préférant le silence aux bavardages inutiles.
Trowa avait roulé jusqu'à son lit et, à l'aide de ses bras, avait basculé dessus. Il s'était installé confortablement contre les oreillers pendant que l'infirmière avait rangé son fauteuil dans un coin. Puis elle était sortie et pas une seule fois son colocataire s'était tourné vers lui. Il avait simplement repris son activité, à savoir fumer. Et personnellement, cela aurait été égal à Trowa, si la douce brise de cette fin d'été ne faisait pas revenir la fumée à l'intérieur. Et n'étant pas très doué en diplomatie, il avait demandé au natté d'éteindre sa cigarette qui avait prit tout de suite la mouche. Le ton avait monté malgré son tempérament plutôt terre-à-terre. Il était pas idiot. Il savait qu'ils étaient peut-être pas destinés à devenir de grands amis, mais il aurait voulu qu'ils s'entendent un minimum pour que leur colocation se passe sans problème. Trowa n'avait jamais cherché les ennuis. Il avait assez de problème de son côté à régler pour en créer d'autres. Mais apparemment son nouveau colocataire agissait comme si on avait empiété sur son territoire. Il lui faisait bien comprendre de par son attitude, le son de sa voix que Trowa n'était pas le bienvenu. Et cela l'avait finalement pas mal énervé. Cela avait donc fini par l'incendie de sa couverture puis terminé devant le directeur avec la fameuse punition qui allait rendre la vie de Trowa, qu'il pensait déjà pénible, infernale.
Et les disputes commençaient déjà tôt le matin. A vrai dire, dès le réveil de Trowa. Il était une personne matinale (1). Il était toujours au meilleur de sa forme le matin même si l'après-midi il semblait plus proche du mollusque que de la pile électrique. Ce qui n'était pas du tout le cas de Duo. Faut dire aussi pour sa défense que Trowa se levait tous les matins vers 8 heures et que Duo devait se lever pour l'amener à la cafétéria pour le petit-déjeuner. Et si une infirmière ne les surveillait pas de loin, Duo aurait déjà poussé le fauteuil de Trowa dans les escaliers. Mais il arrivait tout de même à se venger en faisant son possible pour cogner le fauteuil de Trowa dans tous les obstacles qu'il pouvait croiser. Et n'étant pas encore habitué au lieu qui l'entourait, c'était le plus souvent le mur ou les portes encore fermées de l'ascenseur. Duo ne s'aperçut pas tout de suite que grâce à ça, il commençait à s'habituer au lieu, que son sens de l'orientation s'améliorait de jour en jour.
Mais même malgré ce fait, Duo n'arrivait toujours pas à se faire à l'idée qu'il ne voyait rien. Qu'il ne verrait probablement plus jamais. Que dorénavant, lorsqu'il se réveillerait, il serait toujours dans le noir. Pourtant, malgré tout, il cherchait encore la lumière. Juste un point de lumière. Lumière qu'il ne trouvait jamais. Et pourtant, il cherchait toujours. Et cela ralentissait le développement de ses autres sens. Les aveugles se servent de leurs autres sens, généralement l'ouie, mais ils développaient aussi une sorte de 6ème sens, pour « sentir » ce qui les entourait. Et Duo était encore trop focalisé sur la perte de sa vue.
Les journées passaient trop lentement aux yeux des deux jeunes hommes. Au rythme de leurs disputes où parfois, ils en venaient aux mains. Ils se s'entendaient sur rien. N'avaient pas envie d'aller aux mêmes endroits. Ne voulaient pas faire les mêmes choses. Et étaient contraints pourtant à rester ensemble. Enfin, il y avait quand même une envie qu'ils avaient en commun : se nourrir. Sauf qu'ils n'avaient pas les mêmes horaires.
Insultes. Coups de poings à l'aveuglette pour Duo. Coups de coudes pour Trowa.
Situation risible et burlesque. Les autres résidents et personnels avaient parfois l'impression de regarder en direct un vieux film des années 20-30. Genre Laurel et Hardy. Ou Charlie Chaplin. Limite, genre les vieux dessins animes Tex Avery ou Looney Toons !
Quatre, qui recevait des rapports assez régulièrement, ne désespérait pas de les voir s'entendre. Ces deux jeunes hommes se ressemblaient en bien des points : frustration et colère. Il n'y avait qu'eux qui pouvaient se comprendre un minimum, comprendre ce que l'autre pouvait ressentir. Quatre avait confiance. Sans le savoir, ils pourraient donner à l'autre le soutien qu'ils espéraient. Et même si ce n'était pas encore tout à fait évident, ils étaient en bonne voie. Leurs bagarres ne signifiaient pas grand-chose. Juste qu'ils faisaient des ajustements. Juste pour connaître les limites de l'autre. Ils apprenaient juste à se respecter. Pour Duo, ça avait toujours été sa manière d'agir. Et inconsciemment, Trowa adaptait son comportement au sien.
Au milieu de la semaine, toutefois, leur quotidien fut interrompu. Alors que Duo avait été obligé encore une fois de se lever aux aurores pour amener Trowa à son premier rendez-vous chez le kinésithérapeute, Iria l'avait accosté à la sortie de leur chambre.
-Trowa, une infirmière va t'accompagner à ton rendez-vous. Duo, tu viens avec moi.
Duo avait senti que Iria était gravement sérieuse. Il n'y avait pas cette pointe de malice qui faisait d'elle une femme enjouée, et qui agaçait habituellement Duo. Non, cette fois, la voix de la jeune femme était posée, grave, presque sèche. Duo s'était finalement dit qu'il préférait la voix agaçante de malice. Elle l'avait ensuite conduit à l'extérieur et l'avait fait monté dans une voiture.
-Qu'est-ce qui s'passe ? demanda finalement Duo après quelques minutes de silence pesant. Silence qui le rendait mal à l'aise.
-C'est Maia.
Duo sursauta et se retourna.
-Hil' ?
Il ne s'était même pas rendu compte de sa présence. « Pas étonnant ! J'vois que dalle ! »
-Hil' qu'est-ce qui s'passe ?
-J'ai été obligé d'hospitaliser Mariemaia, cette nuit, répondit Iria. Vous êtes sa seule famille, alors vous avez le droit de la voir aujourd'hui. Et de connaître les conclusions des examens.
Un sanglot étouffé se fit entendre. Duo se tourna vers l'arrière de la voiture, et chercha Hilde du regard. Mais il voyait rien. Rien. Que dalle. Nada. Que tchi. Qu'est-ce qu'il donnerait pas pour pouvoir voir ? Il avait besoin de voir. Pour se rassurer. Il n'aimait pas du tout les sons qu'il entendait. La façon dont on lui parlait. Les reniflements de Hilde. Il avait besoin de voir. Juste pour s'assurer qu'il rêvait. Que ce qu'il entendait ne signifiait rien. Frustration. Peur. Perdition. Colère.
-Hil' !
Duo tendit sa main que la jeune adolescente agrippa et serra de toutes ses forces. Duo grimaça légèrement mais ne dit rien. La douleur que lui infligeait sa petite sœur d'adoption le ramenait sur terre. Duo avait maintenant les idées plus claires, moins parasitées par sa frayeur. Il ne savait pas ce que Maia avait. Il ne savait pas si c'était grave ou non. Mais Hilde avait besoin de lui et il ne devait pas flancher. Pas maintenant.
-Duo… J'ai… la trouille. P'tain… Elle… a pas mérité ça… Elle…
Sa gorge se noua et Hilde se tut. Elle ne pouvait plus rien dire. Et Duo, son frère, n'arrivait plus à la rassurer. Avant, avant il avait toujours ce regard qui avait le pouvoir de lui faire espérer. De croire que tout irait mieux. Ce regard à demi amusé qui lui disait que de tout façon, ils avaient connu pire. Qu'ils se faisaient du mouron pour rien. Qu'ils allaient en rire après ! Non, maintenant, il n'y avait plus rien dans son regard. Rien. Pas la moindre impression de vie. Les pupilles restaient fixes. Elles étaient larges, assombrissant un peu plus les yeux de Duo. Lui conférant une expression inquiétante. Voire effrayante. Mais pas du tout rassurante. Hilde détestait ses yeux. Là. Maintenant. Tout de suite. Parce qu'elle avait vécu avec un Duo qui s'exprimait le plus souvent avec ses yeux. Et que là, elle avait l'impression de contempler les yeux d'un mort. Rien qui puisse apaiser sa détresse.
Le reste du voyage se passa en silence. Lorsqu'ils arrivèrent à l'hôpital, Hilde et Duo se tenaient toujours la main et se laissaient guider par Iria. Duo essayait tant bien que mal d'empêcher l'inquiétude le ronger, se répétant inlassablement que tout irait bien. Que ces gens, les médecins, avaient une tendance à la paranoïa et donc que Maia n'avait finalement rien de grave. Ou plutôt était-ce lui qui était parano ? Après tout, Iria n'avait rien dit qui puisse justifier ses craintes. Ou peut-être était-ce parce que justement elle n'avait rien dit qu'il avait des craintes… Parce que si ce n'était pas si grave, Iria l'aurait tout de suite rassurer, non ? Et en y réfléchissant, Iria ignorait comme lui ce que pouvait bien avoir Maia. Alors…
Duo secoua la tête. A ce train-là, il allait faire une indigestion mentale. Ça ne servait finalement à rien qu'il essaye de comprendre, parce qu'au final, ça n'avait pas d'importance. Il allait bientôt savoir. Il saurait bientôt si c'était sérieux.
Il ne savait pas depuis quand, mais Duo prit conscience qu'il était assit sur un siège pas très confortable, d'ailleurs. Il entendait des murmures près de lui. Des voix qu'il ne reconnaissait pas. Des gens qu'il ne connaissait pas donc. Et une odeur l'entourait. Une odeur désagréable. Une odeur « piquante ». Un peu comme la sensation du citron sur la langue. Une odeur d'antiseptique. Une odeur que l'on retrouve dans tous les hôpitaux, cliniques. Chez les dentistes aussi, même si Duo ne pouvait pas le savoir puisqu'il n'y était jamais aller (2).
-Iria, j'ai les résultats.
Duo fut sortit de ses pensées, ou plutôt de son expérience olfactive et releva la tête vers le son d'où provenait la voix.
-Bonjour, je suis le docteur Sally Po. Tu es la grande sœur de Mariemaia, je suppose. Et toi, tu es Duo (il acquiesça). Venez dans mon bureau. Nous y serons mieux pour parler.
Duo sentit une main se poser sur son épaule et le pousser doucement en avant. Encore une fois, il se laissa mener jusqu'à ce qu'il supposa être le bureau du docteur Sally Po. On lui indiqua ensuite un fauteuil où il put s'asseoir.
-Maia a une infection pulmonaire, commença le médecin. Ordinairement, elle aurait très bien pu guérir avec un peu de repos et quelques antibiotiques. Seulement, elle présente une déficience immunitaire inquiétante…
Les épaules de Duo se tendirent un peu plus. Une chose qu'il détestait chez les médecins : pleins de mots scientifiques pour paraître compétent et rien de bien concret. Duo ne comprenait rien, du moins il n'arrivait pas à saisir ce qu'impliquait toutes ses explications. Il ne savait pas ce qu'elle essayait de dire mais elle avait intérêt à arrêter. Si elle pensait que ça les ménagerait, Hilde et lui, elle se plantait, royal. Duo se concentra de nouveau sur ce que racontait Sally.
-… ne s'est pas déclaré. Mais elle est quand même infectée par le H.I.V. (3)
Duo poussait devant lui le fauteuil de Trowa, alors qu'ils se promenaient dans le parc du Centre. Trowa, dans la perspective de prendre l'air (il supportait mal ces derniers temps de rester trop immobile). Duo dans le but d'en griller une parce qu'il avait les nerfs. Ça faisait plus de 24 heures qu'il avait appris pour Maia. 24 heures qu'il ruminait. Qu'il fulminait. Pourquoi elle ? Quand ? Pourquoi elle ? Est-ce qu'il aurait pu l'empêcher ? Pourquoi elle ? Et surtout comment ? Par qui ? Qui devait payer ? Mais surtout, surtout pourquoi elle ?
Après que le docteur Po leur avait appris la nouvelle, elle leur avait demandé de faire des tests. Ils n'auraient la réponse que la semaine prochaine. Il se foutait carrément de savoir si lui était contaminé ou non. Avec toutes les conneries qu'il avait faites, ça serait pas trop étonnant. Mais il espérait, et s'il était croyant il aurait prié, que Hilde ne soit pas non plus infectée. Ni Solo d'ailleurs. Il avait envie de hurler. De frapper. De se défouler. N'importe quoi ou qui aurait fait l'affaire. Il avait accumulé tellement de colère face à son impuissance qu'il se sentait prêt à exploser.
D'un geste rageur, il poussa plus violemment le fauteuil sans faire attention aux instructions que lui criait répétitivement Trowa. Un cri de douleur interrompit la rumination mentale du natté.
-Bordel Duo ! Tu peux pas faire attention ! Merde ! Ca fait une plombe que je t'gueule qu'on fonce droit sur un banc.
-Ca va ! Ecrase ! Y a pas mort d'homme !
Duo s'éloigna finalement en sortant son paquet de cigarette et son briquet. Il ne savait pas vers où il se dirigeait, mais il voulait s'éloigner de son colocataire sinon il ne répondait plus de rien. Trowa fronça les sourcils. Il ne savait pas ce qu'avait Duo, mais depuis qu'ils s'étaient réveillés, il agissait bizarrement. Sur le chemin, il n'avait même pas essayé de l'envoyer contre les murs (mis à part le banc, mais là, il avait plutôt l'impression que Duo ne s'en était même pas rendu compte). Il ne s'était pas même pas énervé quand il lui avait répété inlassablement qu'ils allaient droit sur un banc. Il n'avait pas rechigné comme à son habitude quand Trowa lui avait dit qu'il voulait faire un tour dehors. Duo contestait toujours les envies de Trowa même si au fond de lui, ses propres envies rejoignaient celles du jeune homme. Visiblement, Duo avait d'autres soucis en tête et Trowa n'allait pas s'en plaindre. La perspective d'une journée tranquille le réjouissait. Parce que de toute évidence, Trowa n'avait pas la plus petite envie de savoir ce qu'avait Duo. Il avait ses propres problèmes. Notamment, des douleurs lancinantes dans ses jambes depuis sa séance avec le kiné. Et dire que le lendemain il devrait y retourner… Trowa se massa les cuisses en grognant, espérant détendre légèrement ses muscles.
-Saleté de chinois ! Y a pas ! C'est pas une licence de kiné qu'il a, marmonna-t-il.
Trowa réprima un grognement de douleur. Il se demandait si c'était normal qu'il ait aussi mal. Un massage pour éviter les courbatures ? « Mon cul ouais ! »
-Il l'a eu où sa licence ! Dans un resto chinois ?
Trowa grogna encore. Il sentait la douleur qui irradiait ses membres. Il avait l'impression que des milliers d'aiguilles lui transperçaient les muscles. Depuis son réveil de l'hôpital, c'était la première fois qu'il sentait aussi bien ses jambes. Et pourtant, il pouvait toujours pas marcher !
-C'était pas un massage ! Carrément un pétrissage ! Je…
-P'tain ! Tu m'saoules !
Trowa arrêta son massage, un peu stupéfait. Duo était à une vingtaine de mètre et Trowa n'avait pas le souvenir d'avoir parlé si fort.
- Tu penses vraiment qu'à ta gueule ! continua le natté.
Trowa fronça les sourcils et sentit la colère l'envahir. Non mais pour qui il se prenait ? Trowa était toujours entrain de lutter pour qu'il fume pas dans leur chambre. Qui était toujours entrain de négocier même quand ils voulaient faire les mêmes choses. Alors, avant qu'il lui parle d'égoïsme, il ferait mieux de prendre conscience de son propre comportement… !
-T'es qui pour me juger ?
-Qui je suis ?
Duo ricana.
-Pour les types comme toi, un déchet. Une merde. Un rat.
-Les types comme moi ?
-Ouais, les gosses gâtés pourris. Genre j'arrête pas de me plaindre.
Le sang de Trowa ne fit qu'un tour.
-P'tain ! Tu connais rien à ma vie, alors parle pas de ce que tu sais pas !
-J'ai pas besoin de connaître ta life. Rien que t'entendre te plaindre suffit. Non mais regardez-moi ce pauvre éclopé ! Qu'il est malheureux l'éclopé !
-Ta gueule ! hurla Trowa.
-Quoi ? T'es pas content ! Qu'est-ce t'attend pour venir me foutre ton pied au cul ? Oh oui, c'est vrai, j'oubliais, il peut pô marcher le pôvre petit handicapé ! Il peut pô bouger.
Duo cracha à terre.
-P'tain ! Si t'étais pas aussi coincé, si t'étais pas entrain de t'apitoyer sur ton sort, tu te bougerais le cul pour marcher ! Mais non, t'es là, entrain de pleurer sur ton pauvre sort. « Personne ne m'aime, bouh ! » « Pourquoi je remarche pas tout de suite ? ». « J'ai trop mal ! »
Le visage de Duo se faisait presque méprisant.
-Fais chier ! Tu t'rends compte quand même que dans ton pas d'cul, t'as vachement d'bol ? Tu t'rends compte qu'une gosse qui vit à deux pas d'ici est entrain de crever du Sida ! Et toi, tu viens l'ramener avec tes malheurs de gosse d'riche ! Mais merde ! Ferme-la !
Le silence s'installa. Un silence pesant, lourd. Duo jeta rageusement sa clope. Il exultait de rage. Dire qu'il y avait quelques jours il se plaignait lui aussi d'être aveugle, d'avoir une vie merdique. Ce que Maia vivait et allait vivre lui avait remit les idées en place. Et cette gueulante valait aussi bien pour lui-même que pour Trowa. Il l'accusait de ne penser qu'à lui et à ses propres problèmes et il s'accusait lui aussi du même crime.
Trowa vit successivement la colère, puis la douleur et la détresse passer sur le visage de son colocataire, avant qu'il ne redevienne sans véritable expression. Alors il comprit finalement que c'était pas vraiment dirigé contre lui. Mais plutôt contre eux deux. Une manière comme une autre de les recoller à la dure réalité qui les entourait. Même si leurs mauvaises habitudes allaient reprendre le dessus d'ici quelques jours.
-Je suis désolé.
-M'en tape de tes excuses ! P'tain Trowa ! T'as les moyens de r'marcher, bouge-toi ! T'as bien ta famille qu'attend que tu les rejoins, non ? Alors secoue-toi ! Et tire-toi d'ici dès que t'as les moyens !
Trowa secoua la tête. Sa famille qui l'attend ? Quelle famille, au final ? Sa mère ? Là où elle était, il avait pas vraiment envie d'y aller tout de suite… Son père ? Là où il était, il n'avait qu'à y rester et y crever tout seul, la bouche ouverte. Sa sœur ? Elle avait assez affaire avec son rejeton de quelques semaines qui faisait pas encore ses nuits. Et puis, dès qu'il sortirait d'ici, il comptait pas squatter chez sa sœur. Il comptait reprendre son semblant de vie en France et reprendre ses études. D'ailleurs, il n'avait pas de nouvelles de ses prétendus amis.
-Tu ne peux pas comprendre, lui dit-il simplement.
Trowa ne savait pas exactement ce qu'il voulait dire par là, mais de toute façon, il ne savait plus quoi dire.
-Ouais, t'as p'têt raison, concéda Duo, sans savoir quoi répondre non plus.
Le natté reprit son paquet de cigarette et s'en alluma une autre, décidé cette fois à la finir et d'en jouir le plus longtemps possible. Gueuler sur Trowa lui avait fait du bien, et il se sentait moins tendu. Mais restait toujours ce léger malaise…
Trowa, quant à lui, repensait à ce que lui avait dit Duo. Et même si ça l'énervait de devoir l'admettre, Duo avait quelque part raison. Il n'y avait que lui qui pouvait réapprendre à marcher. Personne ne pouvait le faire à sa place. Pas même son kiné ! Comme disait le proverbe : quand on veut, on peut. Alors prenant son courage à deux mains (ou plutôt les accoudoirs de son fauteuil), il posa ses deux pieds sur le sol et poussa sur ses deux bras pour se mettre debout. Il ne se redressa même pas qu'il bascula en avant, ses jambes ne supportant pas le poids de son corps. Il s'étala à terre avec un « oumpf » retentissant.
-Tro ? Hey ! Tro ? Qu'est-ce qu'y a ?
Trowa grogna de douleur avant d'échapper un chapelet de jurons qui aurait fait rougir un docker.
-Et ben, Tro ! J'dormirai moins con c'soir. Y en avait que j'connaissais !
-Ta gueule et viens m'aider à me relever.
Duo s'avança prudemment, si guidant à la voix de son colocataire.
-Bah qu'est-ce que tu fous par terre ?
-M'suis viandé, marmonna Trowa, qui essayait désespérément de se mettre en position assisse.
Duo s'arrêta tout net et éclata de rire.
-Comment t'as pu te viandé alors que t'es sur roulette ?
-Essayé de me mettre debout. Arrête de rire comme un bouffon et viens m'aider !
Ne pouvant pas réprimer son fou rire, Duo s'avança néanmoins vers Trowa qui lui indiquait la direction à suivre. Pas du tout concentré et tout à son fou rire, Duo trébucha sur quelque chose qui était visiblement en travers de sa route. Il s'écroula et son rire stoppa net.
-P'tain ! Mais c'est quoi cette merde !
-Mes jambes, répondit Trowa avant d'éclater de rire à son tour.
-Pas un pour rattraper l'autre, hein ? bougonna Duo.
Vaincu par l'hilarité de Trowa, Duo sentit son fou rire revenir en force. Pendant près d'une dizaine de minutes, ils restèrent affalés ventre à terre, mort de rire. Puis, petit à petit, ils reprirent leur sérieux. Duo se releva, légèrement essoufflé, et aida Trowa à s'asseoir. Celui-ci tira vers lui le fauteuil qui était heureusement à portée de main puis demanda à Duo à l'aider à s'y installer. Ce fut laborieux, mais ils y parvinrent. Puis Duo les ramena vers le Centre.
-Hey Trowa ! C'est pas parce qu'on s'est marré qu'on est pote, ok ?
-T'inquiète Duo ! Pour moi, tu seras un éternel chieur !
-Ouais et pour moi, un éternel geignard.
Tous deux sourirent sans que l'autre le remarque. Pour la première fois, ils s'entendaient sur la même chose.
A suivre…
Caramelon : Fini ! Yeah ! Finalement, il est aussi long que les autres chapitres… On aurait pas dit au début !
Duo : Waouh ! Comment j'l'ai mouché le Tro ? Besoin de Kleenex ?
Trowa : Arrête de t'la péter Duo ! Comme qui dirait : à charge de revanche !
Caramelon : Et ben ! Ca promet ! Ca promet ! Bon prochain chapitre, apparition d'un grand absent : Heero ! Alors heureux ?
Heero :… Pas vraiment.
(1)Duo : Ce qui n'est absolument pas le cas d'une fanfikeuse de votre connaissance !
Caramelon : Bah quoi ! D'après les trucs débiles qu'on demande par sms, j'ai été ourse dans une autre vie (grognon et en hibernation par tous les temps et par toutes saisons ! Je crois que j'en ai gardé des séquelles.)
(2)Quelle chance ! D'ailleurs, j'ai une question : y a-t-il une seule personne au monde qui aime aller chez le dentiste ?
(3)Avant que vous hurliez, je vous rassure à moitié : je ne pense pas que je ferai mourir Maia dans la fic. Elle va mourir, c'est certain (dure condition humaine !). Mais pourquoi le sida (ou ici le hiv pour le moment) ? Ben parce que c'est quand même le lot de tous ses gosses qui vivent dans la rue. Il n'y a pas que la drogue ou la violence qui les menacent. Et vous ne savez pas encore ce qui est arrivé aux deux sœurs et vous le saurez plus tard…
