Note : Merci pour vos reviews. J'ai tapé ce chapitre tout en écoutant en boucle la musique de Forrest Gump. Vous êtes prévenues, cette musique n'aide pas à l'optimisme. LOL.

Disclaimer : Stargate Atlantis et les personnages sont la propriété des créateurs de la série.


Chapitre 2

Quartiers de Rodney – Trois semaines plus tard

- Ne bougez pas Rodney.

- Je déteste ça. Pourquoi il faut que j'en mette une ?

Carson soupira.

- Ce n'est pas tous les jours qu'on s'habille pour faire la fête.

- Ouais. La fête.

Il y avait de la tristesse dans la voix du scientifique.

- Voilà ! Je suis le spécialiste en noeud de cravattes. Regardez Rodney. Vous allez toutes les faire tomber ce soir.

Carson força Rodney à se regarder dans le miroir, mais celui-ci ne releva que très peu la tête, il ne voulait absolument pas voir son reflet.

- Je n'ai pas envie d'y aller. Même si sur Terre c'est le réveillon du jour de l'an, je ne vois pas pourquoi on le fête içi aussi.

- C'est une occasion de nous détendre, d'apprécier le fait que nous soyons encore en vie.

- Ouais, murmura Rodney en fermant les yeux.

Après quelques minutes de silence, Carson enchaîna.

- Il vous manque ?

Rodney releva tout à coup la tête.

- Qui ?

Carson mit la main sur l'épaule de son ami.

- A votre avis ?

Rodney détourna les yeux.

- Tous les jours. Chaque matin, quand je me réveille, je revois le jour où ... Rodney déglutit, je revois son regard, sa souffrance. Je pensais que tuer Modulan rendrait ma peine moins douloureuse mais non.

- La vengeance ne remplace pas la perte d'un ami. (1) De toute la base, vous étiez celui qui était le plus proche de lui. Vous formiez une équipe d'enfer. Maintenant vous devez continuer à vivre. Vous avez eu une deuxième chance, il y a trois semaines. Atlantis vous a sauvé la vie, à vous de saisir cette chance.

- Je ne crois pas à tout ça. L'incident à l'infirmerie était un simple incident. Atlantis est une ville, elle n'a pas d'âme. De toute façon, je vous ai déjà demandé de ne pas remettre ça sur le tapis.

- Ok. Excusez moi. Bon, nous allons être en retard. On y va ?

- Partez sans moi. J'arrive dans quelques minutes.

- Ca va aller ?

- Oui oui.

Carson sortit, Rodney se dirigea vers sa commode et ouvrit l'un des tiroirs. Il prit une couverture et la déplia. A l'intérieur se trouvait le drapeau américain qu'il avait reçu lors de l'enterrement de John. Plié en triangle, comme le veut la coutume. Il y a sept mois, il était devant sa tombe et il avait rêvé. Rêvé que le temps s'était arrêté, qu'un aigle royal était venu, et qu'il lui avait fait comprendre en poussant des petits cris que John allait bien. C'est fou ce que l'esprit peut imaginer par désespoir. Rodney y avait d'abord cru, mais les jours passèrent et son cerveau réalisa qu'il avait totalement inventé ce passage. C'était trop irréel. Et Rodney s'était mis à travailler et à vivre comme si de rien était. Il ne fallait pas que quelqu'un sache tout ça, sinon on l'enfermerait. John était mort, un point c'est tout.

Il replia la couverture et la remit dans le tiroir. Il se leva et prit la direction du mess, l'année s'achevait ce soir. Il devait faire au moins semblant d'aller bien.

oOo

- Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un ... Bonne année !

Même si sur Atlantis les jours étaient plus longs, une horloge atomique avait été installée. Elle permettait de savoir l'heure exacte au SGC. Rodney avait rajouté un cadran qui affichait la date. C'est comme ça que sur Atlantis, ils purent fêter le passage à la nouvelle année.

Des bouchons de champagne sautèrent et les gens s'embrassèrent, certains plus que d'autres, c'était le meilleur moyen de voir les couples qui s'étaient formés.

Rodney resta en retrait, essayant de composer un sourire. Mais intérieurement c'était très dur. Il ne pouvait pas s'empêcher de penser à ceux qui n'étaient plus là. Markham, Peter Grodin, Brendan Gaul, Abrams, Johnson, Wagner, Peterson, Dumais, Hayes et surtout John Sheppard. John, John, John. Au plus profond de lui Rodney hurlait son prénom, il l'appelait. Il lui demandait pourquoi il était parti, pourquoi il l'avait laissé seul avec une si lourde tâche à porter, celle de protéger Atlantis. Et par moment il se sentait si las, si mélancolique, certaines journées étaient plus dures que d'autres. Ce soir c'était pire que tout. Laisser derrière lui une année de souffrance et de remise en question, pour commencer une nouvelle année pleine de doutes et solitudes. Mais il n'était pas seul, il avait encore pleins d'amis, Carson, Radek, Teyla, Elisabeth. Cette dernière arrivait justement vers lui, un verre à la main.

- Tenez Rodney, c'est pour vous. Bonne année.

Rodney prit le verre et enlaça tendrement Elisabeth.

- Merci Elisabeth. Bonne année à vous aussi.

- Si vous voulez parler, n'hésitez pas à venir me voir. D'accord ?

Encore une fois, l'écossais avait trop parlé.

- D'accord, mais ne vous inquiétez pas, je vais bien.

Pourquoi Rodney avait l'impression que la phrase sonnait faux dans sa bouche ? Non, il n'allait pas bien, mais il fallait qu'il vive avec. Vivre, c'était le mot exact. Il se donna mentalement une claque et but son verre de champagne d'une traite.

Quelques minutes plus tard, il quitta le mess pour retourner à son laboratoire. Il voulait s'occuper l'esprit en analysant des textes anciens. Il entra dans le téléporteur et appuya sur l'écran.

Les portes s'ouvrirent, mais Rodney resta figé, regardant tout autour de lui. Il se demanda un instant s'il avait appuyé au bon endroit. Il n'était pas devant les laboratoires, il était ... il ne savait même pas où. Il faisait sombre, quelques lumières étaient allumées au bout d'un long couloir. La scène ressemblait étrangement à un film d'horreur, lieu sombre, froid, humide.

Il se retourna pour appuyer à nouveau sur l'écran, mais celui ci se referma d'un coup.

- D'accord ... Courage McKay. Il y a sûrement un escalier au bout de ce couloir. Ou tout du moins la solution à cette enigme. Il tâta sa cuisse pour récupérer son arme.Espèce d'idiot, tu es en tenue de soirée. Pas besoin de porter une arme lors d'une fête.

Il y a deux ans, jamais il n'aurait pensé à chercher une arme, il en avait peur. Mais maintenant il était devenu un scientifique armé, capable de se battre, tout comme Daniel Jackson. Au début, Daniel était un archéologue, puis le temps a passé et il se comporte maintenant comme un militaire. Rodney était pareil, militaire mais scientifique avant tout.

Il sortit du téléporteur et avança dans le couloir. Tous ses sens étaient en éveil. John aurait été fier de lui.

Il entra lentement dans la seule pièce éclairée. Une énorme machine circulaire se trouvait en son centre, et devant la machine ... John.

Il était là, les mains sur les hanches, fier et aussi immobile qu'une statue. C'était la copie conforme de la statue d'Eisenhower érigée à Abilène au Kansas (2). Rodney mit son poing sur sa bouche pour étouffer un rire. John se vexa, ce n'était pas la réaction qu'il aurait voulu voir.

- J'ai de ces hallucinations ! Je crois que j'ai bu trop de champagne ce soir, déclara Rodney avant de partir dans un énorme fou rire.

TBC.

(1) Citation tirée de « L'homme des Caraïbes » d'Hugo Pratt, illustrateur italien de bandes dessinées (1927-1995).

(2) Taper dans google « statue eisenhower abilene » et regardez dans la section images.