Disclaimer : Rien à moi, tout à JKRowling, sauf Sean Parrish.
Note : je suis désolée pour le retard monstre. Je dois dire que j'ai mis cette fic de côté pas mal de temps, sans compter bien sûr les panne d'inspiration. Mais voici le chap 2, enfin ! J'espère au moins que vous l'aimerez, histoire de pas avoir attendu des mois pour une nullité. en tout cas, je vous remercie pour toutes vos review, je dois dire que je ne m'attendais pas à ce que Prête à tout est autant de succées vu la bizarrerie de la chose lol Par contre soyez indulgent, j'ai strictement rien corrigé alors ça dois être bourré de fautes... pas que ça change de d'habitude, me direz-vous snif snif
Je vous fais un gros bisou à tous et vous dis à la prochaine !
Bonne Lecture !
Lily et Sean étaient à la gare de Londres, au beau milieu d'une foule de personnes qui s'activaient autour d'eux comme des abeilles dans une ruche. Aujourd'hui, ils devaient prendre le Poudlard Express, train réservé aux élèves de Poudlard, qui les conduirait à leur nouvelle école.
Rien qu'à l'idée de voir bientôt son idole, le cœur de Lily battait frénétiquement depuis son réveil. Mais pour l'instant, elle était plus agacée de tourner en rond depuis une bonne demi heure, que rêveuse d'un beau brun à lunette.
Vêtu d'un jean et d'un pull à col roulé vert sur lequel elle avait enfilé un gros anorak, Lily poussait son chariot où elle avait entassé malle et cages d'animaux. Ainsi vêtu, elle savait qu'elle avait une classe folle. L'adolescente devait reconnaître que si Sean était un asociale né, il avait tout de même un goût très sûr pour les fringues.
Son demi-frère et elle marchaient côte à côte sur le quai entre les voies neuf et dix, à la recherche de la 9 ¾. Mais pour l'instant ils n'avaient rien trouvé. Ils s'étaient même fait rabroués par un chef de gare à qui ils avaient demandé de l'aide. Fichu pays peuplé d'abruits ! Ils ne pouvaient pas faire des lieux spéciaux pour les transports en communs magiques ? Ben non, bien sûr ! Il fallait qu'ils utilisent les infrastructures moldus. Grrrr !
Lily aurait bien rouspété pour passer ses nerfs, mais elle ne pouvait même pas se payer ce luxe. Étant Sean Parish, elle se devait s'afficher une indifférence totale saupoudrée d'un zeste d'ennui. Par contre son demi-frère lui, s'en donnait à cœur joie. Il pestait contre tout le monde – des autres voyageurs aux structures administratives arriérées, en passant pas les poubelles mal placées. Il distribuait des œillades assassines à tour de bras – et les collectait – et dispensait son venin avec un acharnement presque hystérique.
Face à ce comportement pour le moins illicite, Lily hésitait entre le rire, l'incrédulité, la honte ou la colère. Etait-elle réellement comme ça ? Par les sorcières de Salem, elle espérait que non ! Elle était sûre que Sean en rajoutait pour l'agacer.
Ils étaient arrivés en Angleterre la veille et avaient passé la nuit chez la sœur de Lily, en attenant de prendre le train ce matin. Cette journée lui avait parue durer une éternité. D'un, parce qu'elle avait hâte de découvrir sa nouvelle école et ses nouveaux camarades, un en particulier. De deux, parce que sa sœur avait été imbuvable.
Pétunia n'avait jamais pardonné à sa jeune sœur d'avoir soutenue leur mère lorsque celle-ci s'était remariée, après neuf ans de veuvage. Elle avait détesté d'emblé leur futur beau-père, Jason Parish, et son fils Sean, et s'était violement opposée au mariage. Lorsqu'il était devenu évident que Claire Evans n'allait pas changer ses projets matrimoniaux pour ce qu'elle considérait comme un caprice, Pétunia avait catégoriquement refusé d'aller vivre aux Etats-Unis. Une violente dispute avait éclaté entre sa sœur et sa mère, mais étant encore mineure, Pétunia n'avait eu d'autre choix que de suivre le mouvement. Dès qu'elle avait atteint la majorité, sa sœur s'était envolée pour son pays natal sans un regard en arrière.
Cela faisait trois ans que Lily ne l'avait pas revu et elle avait été sceptique lorsque son beau-père lui avait annoncé qu'ils séjourneraient chez sa sœur – elle n'aurait jamais pensé que Pétunia aurait accepté de les héberger vu la haine qu'elle leur portait. Haine amplifiait par le fait qu'ils étaient des sorciers. Pour une raison inconnue, il semblait que Pétunia ait tout ce qui sortait un temps soit peu du « normal » en horreur. Cependant, l'adolescente s'était fait une joie de renouer des liens fraternels avec sa sœur.
Mais Lily avait vite déchanté en comprenant que Pétunia ne les avait accueillis que contraite et forcée. En effet, à peine ils avaient mis pieds à terre, que sa sœur leur avait jeté à la figure avec un mépris indicible, qu'elle ne les hébergeait que parce que Jason Parish l'avait menacée de lui couper les vivres si elle refusait. Hé oui ! Pétunia avait beau détesté leur beau-père, elle n'en avait pas moins profité de la situation confortable de celui-ci pour mener une vie oisive. Cette attitude écoeurait Lily.
En tout cas, Pétunia avait profité de cette journée pour lui pourir la vie à coup de moqueries désobligeantes et d'insultes acerbes, pour lui faire payer sa soi-disant trahison. Seul petit détail que sa sœur ignorait, la personne sur qui elle avait déversé son fiel pendant toute un après-midi n'était pas sa petite sœur même si elle en avait l'apparence.
Sean et elle avait dû changer leur apparence sur le paquebot, car ils savaient qu'ils n'en auraient pas le temps une fois débarqués. Il était impossible de faire la transformation chez Pétunia, étant donnée qu'elle n'était pas une sorcière, ils se seraient fait repérer par le Ministère s'ils avaient activé le Dissimulateur de magie, qui avait toute de même besoin d'un minimum de magie pour fonctionner avant de camoufler son existence.
Lily avait eu son lot d'amabilité : « espèce de sale monstre » et autre gentillesse de ce style. Sa mère aussi : « cette idiote aveuglée par un tour de passe-passe ! ». Sean n'y avait pas échappé : « ce pauvre parasite visqueux et arriéré ! ». Sans oublié son beau-père : « cet horrible mafioso de pacotille ! ». Tout le monde y était passé, mais Lily semblait être sa petite préférée vu le soin particulier et l'originalité avec lesquels elle l'avait insulté.
La rouquine avait bien plus d'une fois failli faire bouffer sa langue de vipère à sa chère sœur. Mais elle s'était contenue, sachant parfaitement que le véritable Sean n'aurait jamais perdu son calme dans une telle situation. Il se serait contenté d'ignorer le gêneur. Elle avait donc laissé le soin à son demi-frère de rabattre son caquet à Pétunia. Et fort lui était de reconnaître que Sean y avait excellé.
« Puisque l'argent sale de Jason te répugne tant, je vais l'appeler de ce pas pour lui dire que tu n'en veux plus. » avait-il répliqué sournoisement, la main déjà sur le téléphone.
Pétunia avait considérablement pâli et lui avait arraché prestement l'appareil des mains.
« Comme tu es pitoyable de cracher ainsi sur la main qui te nourrit ! Tes insultes en seraient risibles si elles n'étaient pas si pathétiques ! Tu dis que maman est une idiote parce qu'elle aime Jason, mais toi, il suffit de te lancer quelque pièce d'or pour que tu remues la queue ! Qu'est-ce que tu es prête à faire d'autre pour de l'argent ? Le trottoir ? »
« Oh ! » fut l'exclamation indignée de Pétunia.
« Mais n'insultons pas ces braves femmes qui elles, au moins, travaillent pour subvenir à leurs besoins. »
« Comment oses-tu ! » avait hurlé sa sœur, folle de rage.
« Très facilement, je t'assure. » avait répondu Sean avec un sourire ironique.
Pétunia avait levé la main pour le gifler mais la vue de la baguette de Sean à quelque centimètre de ses yeux l'avait stoppé net.
« Que te voilà bien imprudente, toi qui nous qualifie de « monstre assoiffés de sang ». » avait raillé son demi-frère.
Comme hypnotisé par la baguette de Sean, Pétunia n'avait pu que bégayer lamentablement.
« Bien que tu sois aussi distrayante qu'un veracrasse, je pourrais bien avoir une subite envie de m'amuser avec toi. » avait-il ajouté avec un sourire démoniaque.
Prise d'un fou rire incontrôlable, Lily avait eu énormément de mal à ne pas sombrer dans l'hilarité, lorsque verte de terreur, Pétunia avait baragouiné une pitoyable excuse pour s'échapper. Tentant de son mieux de ne pas leur montrer sa peur, elle avait voulu faire une sortie théâtrale et digne. Mais, elle n'avait réussi qu'à se prendre les pieds dans le tapis pour se ramasser rudement par terre (une coutume familiale semblait-il).
Sean ne lui avait même pas jeté un coup d'œil, alors que Lily était au bord de l'explosion de rire le plus mortel de toute sa vie. Son demi-frère pouvait paraître un peu mou comme ça, mais n'empêche qu'il savait rembarrer comme personne.
Après cet épisode, Pétunia les avait enfin laissé tranquille. Elle était sortie avec ses amies (hé oui, elle avait des amies ! Surprennant, hein ?) pour ne revenir que très tard dans la nuit, les trouvant déjà endormis, dans la chambre d'ami qu'ils avaient du partager. Durant ce temps de répit, Lily et Sean avaient discuté de tas de choses les concernant.
Elle avait appris avec une certaine incrédulité que son demi-frère avait eu sa première expérience sexuelle à douze ans. Elle avait rougi comme une pivoine en entendant les détails, luttant contre sa timidité. Dire que, elle, elle était toujours vierge à dix-sept ! Elle avait aussi découvert que Sean était sorti avec un tas de filles et de garçons depuis son dépucelage. Apprendre que son demi-frère était bi, l'avait tout bonnement scié. Au début, elle n'avait tout simplement pas voulu le croire pour la bonne et simple raison qu'elle n'avait jamais vu Sean avec une seule de ses conquêtes… fille ou garçon !
Mais le jeune homme avait vite fait de la convaincre. Il lui avait raconté avec moult détails certains de ses rapports qui avaient fait rougir Lily de la tête aux pieds. Certaines pauses lui avaient semblée si impossibles à exécuter que Sean avait voulu lui prouver le contraire. Gardant leur vêtements (très important de le préciser) le jeune homme lui avait montrer qu'il était parfaitement possible de se contorsionner de tel façon qu'une partie de l'un puisse rentrer dans une partie de l'autre sans garder la « position standard », comme l'appelait Sean.
Lily était sortie de ce cours improvisé du Kama-Sutra, encore plus vermillon qu'un coquelicot. Mais elle ne regrettait rien puisque cela lui avait permis d'être moins braquée sur la chose. En bonne élève, elle avait répertorié dans un coin de son cerveaux toutes les techniques montrées et les termes employés, pour les ressortir si jamais elle devait avoir ce genre de conservation.
Elle se sentait beaucoup plus à l'aise sur le sujet même si elle rougissait encore comme une gamine lorsque les mots « pénis », « masturbation », « fellation » étaient prononcés. Mais maintenant au moins, elle arrivait à les dire. Ce qui était tout de même un énorme progrès !... on ne se moque pas, s'il vous plait ! Ce n'était vraiment pas le genre de choses dont elle parlait avec ses amies. Les jeunes sorcières américaines étaient beaucoup plus puritaines que leurs congénères moldues.
Elle avait tout de même été étonnée de voir à quel point Sean s'y connaissait dans les rapports charnels. Elle qui croyait qu'il était un asocial dans l'âme ne voyant même pas ceux qui l'entouraient, elle était lourdement trompée. Apparemment Monsieur devenait tout à fait agréable lorsqu'il s'agissait d'assouvir ses plus bas instincts. Même en sachant qu'il avait du sang de faune dans les veines, elle avait du mal à croire que Sean puisse laisser une autre personne l'approcher si intimement. Il était si secret, si distant, si inaccessible, que c'était un véritable défie pour certain de lui adresser la parole.
Lorsque Lily avait voulu lui parler d'elle à son tour, elle avec était étonnée, puis vexée, pour finir par se fâcher tout à fait, quand son nigaud de demi-frère lui avait fait une description très poussé, mais surtout exceptionnellement juste, de son caractère. Elle s'était même à demi étranglée d'incrédulité et de honte quand il lui avait raconté certains épisodes peu glorieux de sa vie.
Comme lorsqu'elle avait voulu monter son précieux One et qu'elle s'était fracassée la gueule à peine décollée. C'était la seule et unique fois qu'elle avait monté son magnifique engin, à son plus grand désespoir. Elle qui adorait le Quidditch, elle avait toujours été écœurée de voir que des imbéciles tels que Douglas Murphy (celui-ci la narguait souvent sur le sujet) s'envolaient librement dans le ciel, alors qu'elle était clouée au sol. On se demandait alors pourquoi elle avait un balai, surtout un tel bijou, lorsqu'on savait sa médiocrité en vol.
Ca, fallait le demander à Sean. C'est lui qui lui avait offert ce balai pour ses dix-sept ans, dans une tentative louable pour lui faire plaisir tout en sachant qu'elle était incapable de le maîtriser. On reconnaissait bien là la patte de Sean. Lui seul avait le don de faire ce genre de cadeau merveilleux et empoisonné à la fois.
En tout cas, elle se demandait comme son demi-frère avait fait pour apprendre sa mésaventure alors qu'elle avait bien pris le soin de faire sa lamentable tentative loin des regards indiscrets.
Il y avait eu aussi cette histoire avec Eddy Thomason. Un crétin fini avec qui elle était sorti en cinquième année et qui était allé raconter à tout le monde qu'ils avaient couché ensemble après leur premier rendez-vous, avant qu'il ne l'a jette par ce qu'elle n'assurait pas au lit. Elle lui avait vite fait ravaler ses mensonges, à ce salopard ! Non mais quel crétin ! Tout ça parce qu'elle avait décidé d'être honnête avec lui et qu'elle lui avait dit à la fin de leur rendez-vous qu'elle n'était absolument pas, même alors ab-so-lu-ment pas attirée par lui.
Bon d'accord, elle avait manqué de tact, mais ce n'était pas une raison pour aller raconter de telles calomnies sur son compte ! Elle avait été estomaquée d'apprendre que son demi-frère savait que c'était elle qui avait mis une potion d'impuissance dans le jus de citrouille de Thomason. Bien sûr, elle avait été suspectée, mais n'ayant laissé aucune trace de son forfait rien n'avait pu être prouvé.
Pourtant, Sean n'avait pas douté un seul instant qu'elle soit la coupable, pour la bonne et simple raison qu'il l'avait vu faire la potion dans sa petite salle personnelle qu'elle avait découverte en troisième année. Scandalisée qu'il sache où était son repaire, elle lui avait sauté dessus pour lui faire cracher depuis combien de temps il savait. Mais, elle s'était vite calmée lorsqu'il lui avait dit qu'il avait rajouté de la sève de Moran à la potion destinée à cet idiot de Thomason, pour rendre l'effet de stérilité permanent.
Elle l'avait tout d'abord fixé avec incrédulité avant d'éclater de rire, pas repentie pour une noise qu'un pauvre adolescent se retrouve stérile à vie à cause d'elle. Lily était gentille, mais lorsqu'on lui faisait du mal, il fallait en payer le prix !
En tout cas, elle avait été vexée comme un hippogriffe de voir que Sean la connaissait bien plus qu'elle ne le connaissait. Bien sûr elle savait que sa mère lui manqué terriblement, qu'il ne se séparait jamais de la chaîne en argent qu'elle lui avait offerte, qu'il adorait son père au point d'accueillir dans sa vie trois inconnues, dont une ayant le don de lui donner des envies de meurtre. Elle savait l'essentiel, le plus important, ce que peu de personne savait.
Mais, il manquait tous ces petits détails qui faisaient que sans eux, Sean ne serait pas ce qu'il était. Petits détails que son demi-frère connaissait parfaitement en ce qui la concernait. Oui, c'était vraiment vexant ! Surtout qu'il n'avait pas eu besoin qu'elle lui en parle pour tout découvrir.
Enfin bon, après une soirée passée à parler et à se goinfrer de divers cochonneries (enfin surtout Lily qui avait déclaré que même si James Potter était le rayon de soleil de sa vie, il était hors de question qu'elle délaisse son précieux chocolat pour lui ! Elle était prête à faire beaucoup de sacrifice, mais pas celui-là. Quand à Sean, la seule idée d'engloutir la douce sucrerie lui donnait des verrues), ils s'étaient couchés, bien plus sereins qu'à leur arrivé. Lily mit cependant beaucoup plus de temps à dormir que Sean, ayant du encore une fois faire face à « l'état honteux » !
Le pire, c'était que lorsqu'elle s'était réveillée, ce matin, elle était à nouveau aussi dure que de la pierre. Sean avait éclaté de rire devant sa mine déconfite. Une fois qu'elle avait pris sa douche et qu'elle avait remédié à son petit problème, elle était allée déjeuner. Ils étaient près depuis deux bonnes heures lorsque Pétunia s'était enfin réveillée. Elle s'était dépêchée de se préparer, ayant hâte de se débarrasser d'eux, surtout qu'elle devait recevoir son petit ami dans l'après-midi. Lily se demandait bien quel homme était désespéré au point de sortir avec Pétunia.
Sa sœur avait eu une moue pincée en avisant leur drôle de bagages mais n'avait rien dit et s'était contentée d'entrer dans l'habitacle de la voiture. Le trajet s'était fait dans un silence pesant où Pétunia leur avait jeté plusieurs coups d'œil haineux au risque de se prendre une ou deux fois une voiture dans la voie de droite. Lily avait été heureuse lorsque sa détestable sœur les avait déposés devant la gare pour repartir en trombe comme si elle avait le Diable à ses trousses.
Maintenant, Sean et elle étaient à la recherche d'une maudite voie dont les contrôleurs ne connaissaient même pas l'existence. Ils ne pouvaient pas faire des centres de transports spéciaux pour les sorciers comme les américains, ces anglais ?
Repérant du coin de l'œil un petit groupe de personne poussant les mêmes chariots remplis de malles et paquets étranges qu'eux, Lily attrapa son demi-frère par la main et lui fit signe de les suivre. Cinq minutes plus tard, ils virent les personnes disparaître dans un mur comme si de rien. S'il n'y avait pas de la magie là-dessous, elle ne s'appelait plus Lily Evans ! Une fois que le petit groupe eut entièrement disparu, elle s'approcha du mur mystérieux et passa la main dessus. Elle sentit ses doigts traverser la matière et eut un petit frisson de surprise.
Sean et elle se regardèrent, puis sans plus hésiter, ils passèrent en même temps le mur de brique. Ils débouchèrent enfin sur la voie 9 ¾ au plus grand soulagement de Lily qui en avait marre de parcourir de longs quais bombés. Cependant, une fois sur le quai, celle-ci resta stupéfaite un instant devant la locomotive rouge d'un style ancien qui crachait de gros paquets de nuages blancs. Elle était magnifique, mais… ce n'était tout de même pas cette antiquité qui allait les conduire à Poudlard, si ?
« Pardon. » demanda soudain une voix derrière elle.
Lily poussa un cri en sursautant, le cœur faisant un triple salto arrière. Elle se tourna d'un coup vers l'imbécile qui s'était donné pour but de la tuer d'une crise cardiaque. Mais là, elle resta bouche bée, les yeux écarquillés, paralysée sur place.
Le garçon qui lui faisait face était grand, finement musclé et bronzé. Il avait des cheveux en bataille qui auraient bien besoin d'un sérieux coup de peigne, des yeux chocolat frangés de cils noirs, un nez droit quoiqu'un peu gros, une bouche fine et rose qui appelait les baisers, un menton volontaire qui trahissait un caractère têtu. Vêtu d'un jeans noir et d'un pull vermillon, il était tout simplement canon. Cool et sexy !
Mais ce qui paralysait réellement la jeune fille, ce n'était pas la soudaine appartition du plus magnifique mâle d'Angleterre, mais le fait que ce beau gosse soit son idole.
James Potter.
Elle l'aurait reconnu dans une marre de mâles !
« Jeune homme, voulez-vous bien libérer le passage ! » s'impatienta un homme.
Lily, qui fixait toujours son idole avec des yeux de merlan frit, reprit ses esprits. Elle cligna plusieurs fois des paupières avant de s'écarter brusquement, écarlate. Ce faisant, elle se prit les pieds dans son chariot et perdit l'équilibre. Elle se raccrocha à la première chose qui lui tomba sous la main pour ne pas se prendre une magistrale gamelle. En l'occurrence, James Potter. Malheureusement, sa manœuvre n'eut pas l'effet espéré. Elle l'entraina dans sa chute et ils s'effondrèrent sur les bagages dans un bruit sonore.
Le boucan attira l'attention de pas mal de monde, qui curieux, se rapprochèrent pour voir ce qui se passait. Dire que les élèves de Poudlard étaient sidérés par la scène qui leur sauta au visage était un euphémisme. En effet, ils semblaient tous passés en mode « stupéfaction divine » : yeux hors orbites et mâchoires fracassées par terre. Ce qui provoquait cette hébétude générale n'était autre que le spectacle de James Potter, l'idole nationale, agressé par un autre garçon qui s'était littéralement vautré sur lui pour l'étouffer de sa bouche.
En bref, ce qu'il fallait comprendre à travers cette vision erronnée de petits adolescents et adolescentes jaloux, c'était que dans leur chute, Lily était tombée sur son idole, et par un malencontreux hasard, leurs bouches s'étaient collées l'une à l'autre. De plus, leur position, Potter coincé entre les bagages et Lily à califourchon sur lui, était dès plus ambiguë.
Lily, elle, avait les yeux grands ouverts de surprise, alors qu'elle sentait sous les siennes les lèvres douces de James Potter. Son regard plongé dans celui du garçon, elle se rendit compte que ses yeux étaient striés de tâches sombres, rendant ses iris encore plus profond, plus envoutant.
Le pire ou le plus meilleur – question de point de vue –, c'était sans aucun doute que leur baiser accidentel n'était pas une gentille petite bise, mais un french kiss !
Elle sentait dans sa bouche la langue de son idole qui s'y était fourrée sans qu'elle sache comment, alors que sa propre langue s'était soudée à l'envahisseur comme pour l'empêcher de partir. C'était étrange… humide… doux… chaud… si chaud… savoureux aussi… chocolaté… sa bouche avait un délicieux gout de chocolat… sucré… suave… huuuummm !
Sans même en prendre conscience, Lily taquina la langue aventureuse de sa sienne, l'esprit embrumé par les diaboliques hormones masculines mutantes qu'elle n'avait pas encore appris à contrôler. Elle sentit parfaitement le tressaillement qui parcourut le corps chaud et dur contre le sien, mais l'esprit en déroute, elle n'en tint pas compte. Contrôlée par ses hormones faunes, elle perdit la tête et roula le patin du siècle à Potter.
« Oh nom de Merlin ! Jeune homme, écartez-vous de Mr James ! » s'écria une voix stridente.
Lily était tellement dans sa bulle que les sons lui parvenaient assourdis. La chute n'en fut que plus rude. Elle fut arrachée de son cocon par une violente douleur à la mâchoire. Des cris se firent entendre. Elle se sentit partir en arrière et atterrir durement sur le sol. Elle cligna plusieurs fois des yeux, comme si elle sortait d'un rêve.
Elle plongea le regard dans ceux d'un James Potter choqué, aux lèvres rouges, légèrement meurtries et humides mais serrées en une fine ligne dure, qui la fixait comme si elle était folle. Ce ne fut qu'alors que Lily comprit réellement ce qu'elle venait de faire. Elle blêmit avant de rougir abondamment, une main sur ses lèvres gonflées.
James Potter, lui aussi très pâle sous son bronzage, la dévisageait toujours d'un air incrédule et colérique, ne prêtant aucune attention à l'homme qui s'était agenouillé près de lui, et qui débitait un impressionnant discours plus long que la muraille de Chine sur les adolescents dévergondés de leur époque.
Lily voulut parler mais une étrange douleur la mâchoire l'en empêcha. Elle toucha précautionneusement celle-ci du bout des doigts. Elle grimaça sous la douleur alors qu'elle tâtait doucement sa peau enflée.
Il m'a frappé ! IL M'A FRAPPE !
Le sang de Lily ne fit qu'un tour. Sans réfléchir, elle se saisit de sa baguette, bondit sur Potter toujours vautrer par terre et lui mit le bout de la baguette sous le cou alors qu'elle le tenait par le col. Elle n'écouta pas les cris perçants de l'autre volatile, tout comme elle ne se soucia pas moins des quatre baguettes pointées sur elle… pour cause, elle ne les vit même pas !
« Espèce de gobelin, tu m'as frappé ! Comment oses-tu ? » s'écria-t-elle, en secouant son idole dans tous les sens.
Potter prit le temps de se dégager des mains agressantes, de pousser Lily de sur ses genoux, avant de répliquer avec un flegme qui ulcéra Lily tant il ressemblait à Sean à cet instant :
« C'est de la pure légitime défense. »
« De la légitime défense ? Contre quoi ? Je n'avais même pas ma baguette ! »
« Certes, mais tu avais ta langue dans ma bouche sans ma permission. »
Lily en resta coite. Elle fixait Potter avec des yeux exorbitants.
« C'était un accident, abruti ! Tu crois que je t'aurais embrassé de mon plein gré ? » se défendit-elle, les yeux flamboyant de rage.
Ouh, la menteuse ! la narguèrent ses hormones.
La ferme !
« Si je réponds à cette question, nous serons embarrassés tous les deux. Mais disons que dans une telle situation, n'importe quel homme aurait réagi de la même manière que moi. » fit simplement Potter en se levant.
« Toi, peut-être, mais pas moi ! Je ne cogne pas le gens à tord et à travers, moi ! » cingla Lily.
« Je devrais peut-être t'embrasser pour vérifier cette certitude. » proposa moqueusement Potter.
Oh oui ! Qu'est-ce que tu attends, beau brun ? gémirent ses hormones.
Fermez-là !... Putain mais depuis quand mes hormones parlent ! Je deviens complètement tarée !
« Et mon poing, tu veux pas l'embrasser, lui aussi ? » jeta agressivement Lily, toutes griffes dehors, fort énervée par ces voix sournoises l'incitant à faire des choses pas très décentes.
Le sourire narquois de Potter signifiant clairement « qu'est-ce que tu disais, il y a une seconde ? », fit comprendre à Lily qu'elle était tombée tête baissée dans le piège tendu. Elle se retint in extremis de lui balancer deux sorts de son cru à la figure. Au lieu d'étriper James Potter, elle tata doucement sa mâchoire en grimaçant.
« Putain, c'est pas vrai ! Je vais avoir un melon à la place de la mâchoire, maintenant ! Ah bravo ! »
Ah bravo ! Maintenant que t'es défigurée comme tu vas le séduire, idiote ! Tu pouvais pas faire attention !
Mais, c'est pas ma faute ! C'est l'autre tas de…
On ne compare l'objet de notre existence avec quelque chose d'aussi répugnant, par pitié ! Tu vas casser le mythe, là, idiote !
Mais ça suffit maintenant ! Qui commande, d'abord ?
Nous !
J'aimerais bien voir ça, tiens…
Lily sentit son sexe se tendre sournoisement. Elle blêmit d'un coup, remerciant le ciel que son anorak cache « l'état honteux ».
Nyark, nyark, nyark ! ricanèrent ses hormones, très fiers de les petites démonstrations.
Argh ! Saleté d'hormones ! Dès qu'on rentre à Boston, je tue Sean et éradique ces trucs démoniaques !
« Que se passe-t-il, ici ? » demanda un homme plutôt grand en uniforme bleu nuit.
Un Auror. Lily le reconnut aussitôt à sa tenue. Il les observa d'un air sévère. Lily déglutit. Merde, elle avait gaffé à mort sur ce coup-là ! Ce n'était vraiment pas le moment de se faire remarquer ! Si jamais ils se faisaient prendre, ses parents allaient les tuer !
« Accident de chariot, Auror Kendall » répondit Potter, avec désinvolture en se levant.
Le dénommé Kendall plissa des yeux.
« Tu es le fils Potter ? » siffla-t-il avec le plus grand mépris.
Si Lily fut surprise par l'attitude de l'Auror, James Potter ne paraissait pas affecter outre mesure et se contenta d'hocher la tête en signe affirmatif.
« Fais attention. Il n'est pas sûr de se faire remarquer à notre époque, Junior. Tu mets la vie des autres en danger avec tes pitreries. A l'avenir, évites de te donner en spectacle. »
Cela ressemblait plus à une menace qu'à un rappel à l'ordre.
« Merci infiniment pour ce conseil très avisé. Maintenant, si vous avez fini, vous pourriez peut-être faire votre travail et éviter qu'un fâcheux incident ne se produise. » sourit affablement Potter, sur un ton si respectueux qu'il ne pouvait être qu'insultant.
Lily en resta bouche bée. Le culot de ce type était sans égale !
L'Auror Kendall grinça des dents, la main serrée sur sa baguette, incendiant l'adolescent du regard. Lily retint son souffle.
« Dispersez-vous ! Il n'y a rien à voir ! » cracha-t-il finalement en se détournant.
La foule ne mit pas longtemps à s'éparpiller, personne n'ayant envie de se frotter à cet homme à la mine peu avenante. Sur un dernier coup d'œil assassin, l'Auror Kendall s'en fut. C'est en le suivant du regard que Lily aperçut le barrage à quelque pas d'eux. Au programme : fouille et contrôle d'identité.
Par les cornes du Taureau d'or ! On va se faire démasquer !
« Tu comptes reste par terre encore longtemps ? »
Lily posa un regard bovin sur Potter. Voyant son manque flagrant de réaction, il soupira et tendit une main large. La jeune fille regarda cette main comme si elle n'en avait jamais vu de sa vie, avant de jeter un coup d'œil méfiant à Potter. Le visage de ce dernier était impassible. Impossible de savoir s'il voulait réellement l'aider ou s'il avait l'intention de la prendre par surprise et de lui casser le nez ou pire encore. On n'aurait jamais cru, à voir son calme, qu'il venait de se faire labourer la bouche par la langue enthousiaste d'un parfait inconnu !
Ce ne fut que lorsqu'elle plongea de nouveau dans ses magnifiques prunelles chocolat que la jeune fille se souvint de qui était en face d'elle. Pas Potter, non, mais James Potter, son idole !
Qu'est-ce que je viens de faire ? MAIS QU'EST-CE QUE JE VIENS DE FAIRE ! hurla Lily en son fond intérieur, en remarquant qu'elle venait légèrement d'insulter et de crier sur son idole. Stupide Lily, stupide !
Accablée par sa propre bêtise, elle se tapa le front de sa main tout en maugréant contre elle-même. Elle n'avait plus qu'une envie : se jeter sur le mur le plus proche, pour se taper la tête dessus jusqu'à ce que mort s'en suive. Non mais quelle idiote !
Quand elle eut enfin fini de se punir pour sa sottise, elle constata que James Potter avait toujours la main tendue. Son visage était parfaitement impassible, mais le léger haussement de ses sourcils montrait clairement tout son doute quant à sa santé mentale.
Il vient de te voir te taper la tête dans tes mains, comme une demeurée, t'étonnes pas qu'il te prenne pour une folle ! se désolèrent ses hormones.
Pitié, je peux mourir ? pleura Lily.
« Ca main. Toi, prendre main. » finit par dire James Potter devant son mutisme.
Sortant enfin de son état semi-comateux, Lily lui jeta un regard noir. Elle accepta tout de même son aide, ressentant une joie assez stupide en se saisissant de sa main. Elle ne put réprimer un frisson de plaisir en touchant cette peau étonnamment douce.
« Arrête de me parler comme si j'étais un demeuré, le gobelin ! » grogna-t-elle pour la forme.
Cependant, un nouvel haussement de sourcils lui apprit que son idole avait parfaitement perçu sa réaction. Elle fit de son mieux pour ne pas lamentablement rougir. Elle se redressa de toute sa hauteur – pas grand chose malheureusement comparé à son idole (Idiot de Sean, pourquoi es-tu si petit !) – et empoussiéra dignement ses vêtements pour se donner une contenance.
Lorsqu'elle se décida afin à le regarder en face, elle constata qu'il la fixait intensément. Son cœur battit plus vite alors qu'elle se demandait s'il était aussi troublé qu'elle par ce qui venait de se passer. A voir son visage imperturbable, on jurerait que non, mais après avoir vaincu pendant sept ans avec Sean, elle savait que les masques cachaient toujours un tumulte d'émotions.
« Tiens, mets ça. Dans dix minutes, il n'y paraîtra plus. » dit Potter en lui lançant un petit étui.
Prise par surprise, Lily n'eut pas le réflexe de tendre les bras pour l'attraper et se le prit en pleine poire. Donc, en plus d'un melon à la place de la mâchoire, elle se retrouvait avec un nez de clown.
Argh, bravo !
Idiote ! ricanèrent ses hormones.
La ferme !
« Crétin, tu l'as fais exprès ! » cracha-t-elle avec un regard de serial killer.
« Jeune homme ! Comment osez-vous prétendre une telle chose alors que les intentions de mon maître étaient on ne peut plus respectable ! Les jeunes d'aujourd'hui ! Aidez-les et c'est à peine s'ils ne vous crachent pas à la figure ! En plus, c'est mon maître qui devrez être indigné après votre lamentable tentative de meurtre par… »
« Marshall, taisez-vous, par Merlin ! Je vous assure que ce jeune homme n'a pas essayé de m'étouffer avec sa langue. Ce n'est qu'un malencontreux accident, pas une tentative de meurtre ! » ajouta-il exaspéré.
Lily lui en fut reconnaissante. Elle était sur le point de commettre un meurtre. Pour qui se prenait cette pie déplumée ?
« Merci et pardon pour ce léger accident. » marmonna-t-elle en continuant à fusiller le dénommé Marshall du regard.
« Ce n'est rien. » dit simplement l'adolescent d'une voix délicieusement grave qui rendit Lily toute guimauve et lui fit oublié l'énervant Marshall. « Ce n'est pas comme si tu l'avais fait exprès, n'est-ce pas ? » ajouta-t-il avec un sourire moqueur.
Pour sûr, elle ne l'avait pas fait exprès ! Elle était même sûre que si elle avait voulu le faire intentionnellement, elle n'aurait pas si bien réussi à se couvrir de honte tout en réalisant l'un de ses plus grands rêves : embrasser James Potter.
Puis, il prit congé avec un « A un de ces quatre ! » suivit par trois hommes – un qui poussait un chariot encombré de malle et paquets, un autre qui transportait une cage où un hiboux noir hululait et le dernier qui n'était autre que la pie déplumée qui jeta un regard meurtrier à Lily.
La jeune fille suivit son idole des yeux, le cœur battant. Elle le vit s'arrêter au barrage, le passer après les contrôles de sécurité, avant d'être harponné par un groupe de garçons qu'elle distingua mal avec la foule. Il les salua, lui semblait-il, de poignets de mains et de tapes viriles dans le dos. Après avoir échangé quelques mots, ils montèrent dans le train.
« Tu t'entraîne pour le record mondial d'apnée ? » chuchota Sean.
Alors seulement, Lily se rendit compte qu'elle avait retenu sa respiration.
Respire, idiote ! se fustigea-t-elle, en jetant un regard noir à son demi-frère.
« Au moins, votre première rencontre restera inoubliable. » crut bon d'ajouter Sean, dans un murmure. « Bien, maintenant passons aux choses sérieuses… SEAAAAANNNNN… »
Lily se tourna lentement vers son demi-frère qui venait de hurler si furieusement son propre prénom. Elle blêmit, puis verdit sous les flammes consumantes qui émanaient de son sosie. Elle était vraiment si terrifiante quand elle était en colère ? Elle sentit tout d'un coup attraper par le col de sa veste et secouée dans tous les sens alors qu'un flot de cris se déversa sur elle.
« ESPECE D'IDIOT ! COMMENT AS-TU PU ME FAIRE CA ! ME VOLER LE PREMIER BAISER DE MON IDIOLE ! C'EST MOI QUI AURAIS DU ÊTRE À TA PLACE ! T'EN AS ASSEZ DE LA VIE, C'EST CA ! »
« Lily, tu m'étrangle… » parvint à dire la jeune fille, d'une voix étouffée.
« TU VOULAIS MOURIR MAIS TU NE SAVAIS COMMENT T'Y PRENDRE, ALORS TU AS DECIDE DE ME POUSSER A BOUT, HEIN ! AVOUE ! MAIS, AVOUE DONC, PAUVRE SATYRE ! » poursuivit son demi-frère en la secouant de plus bel.
Quand Lily réussit enfin à s'échapper de ses mains vengeresses, elle avait atteint une couleur peu définissable entre le bleu, le vert et le violacé.
« Mais t'es malade ! T'as failli me tuer ! » s'écria-t-elle, en massant le cou.
Lily vit avec écoeurement l'amusement briller dans les yeux verts de Sean. Celui-là ! Grrrrrr !
« Sois heureux que je ne t'as pas étripé sur le champ, sale traître ! » répondit Sean, acerbe.
Même si elle était en colère du mauvais traitement infligé, Lily éprouvait une certaine admiration pour les talents de comédien de son demi-frère. Elle aurait réagi exactement comme ça, si les rôles avaient été inversés. Pire même, elle, elle aurait déjà tué Sean !
« Bon ça va, hein ! Je ne l'ai pas fait exprès ! » grommela Lily, contrarié.
« Encore heureux ! » s'écria Sean tout haut. « Tu l'aurais voulu, tu n'aurais pas aussi bien réussi. Oh faite, je te conseille d'être un peu plus calme. Je n'aurais jamais réagi aussi mièvrement si j'avais réellement été à ta place. » ajouta-t-il tout bas pour n'être entendu que d'elle.
« Si tu avais été à ma place, tu serais déjà mort ! » répondit Lily du tac au tac, à voix basse.
Elle empoigna le manche de son chariot et s'engagea sur le quai d'un pas irrité, tout en maugréant intérieurement contre les crétins qui faisaient des réflexions idiotes dans le seul but d'embarrasser de pauvres âmes. Elle aurait bien aimé aboyer des « Quoi vous voulez ma photo ? » aux personnes qui la dévisageaient avec curiosité ou animosité, mais étant Sean, elle se devait de ravaler sa verve. Grrrrr ! Tous des imbéciles, ces anglais !
Sean faisait semblant de lui faire la tête, mais en réalité, il était à deux doigts de mourir de rire. Lily le voyait bien aux tremblements suspects de la commissure de ses lèvres, ainsi qu'à la légère crispation de sa mâchoire. Grrrrrrr ! Fichu frère, il aurait pu défendre sa vertu au lieu de se gausser comme un orque !
Lily était si énervée qu'elle ne s'inquiéta plus du barrage de contrôle et le passa avec un naturel typiquement « seannien ». Quand ils furent autorisés à passer, ils s'empressèrent de montrer dans un wagon avec une nuée d'adolescents. Celui-ci était déjà bombé d'étudiants et de bagages.
Ils slalomèrent difficilement entre ces obstacles à la recherche d'un compartiment vide. Jouant le rôle de son demi-frère, elle laissa à ce dernier à cette dure labeur. Malheureusement, ils étaient tous occupés. Ouvrant pour la énième fois la porte coulissante d'une cabine, Ils firent face à des visages peu amenés. Sean la referma aussitôt, non sans avoir lancé « Bande d'ogresse ! » acide.
Traînant derrière elle sa grosse malle, Lily suivait Sean dans sa quête allant de déception en déception. Elle ne disait rien, se contentant de regarder Sean s'énervait contre tout et tout le monde, partagée entre le rire et l'indignation. Pour la énième fois : était-elle réellement comme ça ? Enfin pour une fois que ce n'était pas elle qui se tapait tout le sale boulot ! Nyark !
Au moment où le train s'ébranla, ils n'avaient toujours pas trouvé de compartiment. Lily commençait à désespérer, en ayant marre de se faire accueillir par des visages fermés les fixant comme s'ils étaient de la vermine. Qu'on vienne lui parler de l'hospitalité britannique après ça ! Même regarder Sean s'égosiller ne la distrayait plus !
Trois wagons plus loin – la gare de Londres aussi –, ils trouvèrent enfin un compartiment vide, ou plus exactement, il n'abritait qu'une seule personne au lieu de la horde d'adolescents inhospitaliers. Il – c'était un garçon – tourna sa tête blonde vers eux et les fixa avec un regard bleu étonné.
« On peut s'asseoir ? » demanda Sean, d'une voix lasse.
De tout façon s'il refusait, Lily s'installerait quand même, na ! Après tout, la cabine ne lui appartenait pas, non mais !
« Oui, bien sûr. » lui répondit le jeune homme avec un sourire accueillant.
Eh bien, voilà l'exception qui confirme la règle !
Sean lui rendit son sourire avant d'entrer. Lily vit avec amusement son demi-frère tenta de mettre sa grosse valise dans le filet prévu à cet effet. Mais apparemment, elle était bien trop lourde pour lui. La jeune fille adossa au battant sans lever le petit doigt pour l'aider, avec une nonchalance qui lui aurait donné des envies de meurtre si les rôles avaient été inversés. Après tout, elle était Sean Parrish, nyark !
« Ne m'aides surtout pas ! » siffla son demi-frère.
« Tu veux de l'aide ? » proposa gentiment le blond. « Cette malle m'a l'air bien coriace. A nous deux, on devrait pouvoir en venir à bout. » Il se leva. « Au fait, je m'appelle Morgan Carter. »
« Lily Evans. » se présenta Sean en serrant la main tendue du jeune homme. « Celui qui se là colle douce, c'est mon frère, Sean Parrish. » ajouta-t-il d'un ton acerbe en jetant un coup d'œil noir à Lily.
N'était-ce pas une lueur d'amusement qu'elle venait de voir passer dans les yeux de Sean ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il manigançait ?
« Parrish ? Vous n'avez pas le même nom de famille ? » nota Morgan Carter, étonné.
« On est demi-frère et sœur, en fait. » précisa Sean. « A trois, on soulève. Un… deux… trois… »
Chacun d'un côté de la malle, ils la soulevèrent. Non sans mal, ils réussirent à mettre le bagage dans le filet. Celle de Sean fut beaucoup plus ardue. Elle était visiblement trop lourde et même à deux, ils ne réussirent pas à la mettre dans les filets. Après quelques tentatives infructueuses, ils la reposèrent, essoufflés.
Ayant pitié d'eux, Lily se décida à intervenir. D'un coup de baguette, elle mit la malle dans le filet. Il eut un petit silence embarrassé.
« Et voilà ! C'est aussi simple que ça. » se moqua Lily avec un petit sourire agaçant.
« On aurait pu y penser nous-même ! » se lamenta Morgan Carter en se grattant la tête de gêne.
Lily eut un sourire au coin… que lui rendit discrètement Sean. Elle se retient in extrémis de froncer des sourcils. Pourquoi était-il si content de lui ?
Idiote ! Tu vois pas qu'il vient de te faire passer pour une demeuré même pas capable de penser à utiliser la magie pour soulever une lourd valise ? Franchement une deuxième année y aurait pensé ! Nous te rappelons tout de même que Sean a ton apparence. C'est Lily Evans qui apparaît comme une idiote, pas Sean Parrish ! T'es vraiment une idiote !
Lily eut à peine le temps de s'indigner du stratagème honteux de son demi-frère que celui-ci l'agressait déjà :
« Tu aurais pu le faire plus tôt au lieu de nous regarder nous casser le dos ! »
Par les sorcières de Salem, était-elle réellement une telle mégère ? Ulcérée, elle le fusilla du regard. Ca l'amusait de la faire passer pour une harpie en plus d'une demeurée ? Crétin ! Mais, Sean ne perdait rien pour attendre ! Il allait voir ce qu'il en coûtait de se payer la tête de Lily Evans ! Elle se vengerait !
« Allons, allons ! » fit Morgan Carter pour calmer Sean.
Sean se retenait de son mieux d'exploser apparemment, mais il y avait toujours cette lueur amusée dans ses yeux. Jouant son rôle, la jeune fille lui fit un large sourire moqueur alors qu'elle était à deux doigts de commettre un meurtre. Il l'incendia du regard, et la rouquine réprima un frisson. Elle comprenait maintenant ce que sa meilleure amie avait voulu dire en comparant ses yeux à un Avada !
« Euh… Lily, je peux t'appeler Lily… hum le proverbe dit que qui ne dit mot, consent… donc Lily, tu es toujours avec nous ? » demanda Morgan en agitant une main devant les yeux flamboyant un feu vengeur de Lily.
Mais oui, fais-moi passer pour une potiche, aussi ! Tu vas me le payer !
Sean cligna plusieurs fois des paupières, avant de lui faire un petit sourire d'excuse. Il lui jeta un regard mauvais de s'installer sur la baquette, face à Lily. La porte du compartiment s'ouvrit à cet instant, livrant passage à un immense brun baraqué comme une armoire et aux yeux bleus. Il se laissa tomber sur la banquette en face de Sean, avec un petit soupire d'aise.
« Largo Vallencci. » se présenta le nouveau venu.
« Lily Evans. » fit Sean. « Ca, c'est Sean Parrish. »
Largo Vallencci allongea ses longes jambes devant lui et ferma les yeux sans plus se préoccuper d'eux.
Non mais quel sans gêne ! Il pourrait demander avant de s'étaler ! s'indigna Lily qui du replier ses jambes pour qu'elles ne soient pas écrasés.
« Fait pas attention à lui, Sean. C'est un parasite. » soupira Morgan.
« Alors, ils devraient bien s'entendre. » marmonna perfidement Sean, en coulant un regard faussement dégoûté vers Lily qui – pour mieux jouer son rôle – lisait tranquillement une BD qu'elle avait sortit de sa poche.
Morgan éclata de rire.
« Vous êtes nouveaux si je ne me trompe. Il ne me semble pas vous avoir vu à Poudlard. » s'enquit le blond.
« On fait parti du programme CEI. » répondit Sean.
« Ah bon ? » s'écria Morgan soudain tout d'excité. « De quel pays venez-vous ? »
« Etats-Unis. » répondit Sean.
« Wow ! J'ai toujours rêvé de m'y rendre un jour ! » s'extasia le blond, les yeux plein d'étoile.
Cependant, il se reprit vite et se pencha brusquement vers Sean. Du coin de l'œil, Lily vit avec satisfaction que son demi-frère se retenait d'ensorceler son voisin. Il était allergique à la proximité humaine… en fait, du moins, à certaines d'entre elles !
« De quelle ville vous venez, exactement ? »
« Euh, Boston. » répondit Sean.
« Wow Boston ! » souffla Morgan d'un ton rêveur. « Pourquoi vous êtes partis ? »
« Une scolarité à Poudlard ne se refuse pas. » répondit Sean d'un ton d'évidence.
« Mouais, c'est vrai que notre école a plutôt la côte. Mais j'aurais pensé qu'avec tous les évènements de ces derniers temps, elle avait été rayée de la liste de la CEI. »
« Au contraire ! On a du se battre pour être sélectionné. Poudlard et Génésis sont les deux écoles les plus demandées. » lui assura Sean, avec une grimace.
« Ah ? Je n'aurais jamais cru que Poudlard était au même niveau que l'école des génies. C'est très glorifiant pour nous ! » s'étonna Morgan. « Alors dis-moi, tu veux faire parti de quelle maison ? »
« Serdaigle, sans hésitation. » décréta Sean avec enthousiasme.
« Ah ? Tu seras dans la même maison que moi alors. »
« Tu es à Serdaigle ? »
« Oui, ainsi que Largo. C'est dommage ! On ne pourra pas se voir puisque tu seras à Eve. »
« Eve ? »
« Oui. C'est ainsi que nous appelons le Poudlard réservé aux filles. Celui des garçons, c'est Adam. Franchement, on se demande dans quel temps on vit ! Il serait peut-être temps d'annuler ce sort stupide qui sépare Poudlard ! » soupira le jeune homme. « Je suis sûr que chez vous les garçons et les filles sont dans la même école. »
« Exacte. On n'a pas ce système de séparation à Salem. »
« La chance ! » envia Morgan.
« Mouais. Quelque fois je me demande vraiment si c'est une chance. » dit Sean en coulant un regard de travers à Lily qui faisait toujours semblant de lire. « Dis, tu peux me dire comment va se passer la Répartition ? »
Lily tendit un peu plus l'oreille tout en tournant la page.
« On ne peut plus simplement. Tu mets le Choixpeau sur la tête et il décide de ta maison selon tes aptitudes, voilà. »
« C'est tout ? » s'étonna Sean, une pointe de déception dans la voix. « Moi qui m'attendait à quelque chose de grandiose comme affronter un dragon ! » soupira-t-il de dépit.
Lily aussi était déçue.
« Affronter un Dragon ? Eh ben, tu en as de l'imagination, toi ! » ricana Morgan.
Eh voilà, ce crétin l'avait encore fait passé pour une idiote ! Comme s'il était pensable qu'ils fassent passer un teste pareil à des gamins de onze ans qui n'avait encore jamais tenu une baguette magique dans leur main pour la plus part. Grrrrr ! Sa liste de griefs contre son demi-frère s'allongeait lourdement.
« Et toi, Sean, dans quelle maison tu veux être ? » s'enquit Morgan.
« Serpentard. » décréta d'office Sean avec un sourire mauvais.
« Vraiment ? » grimaça le blond.
Lily ne prit même pas la peine de répondre et continua de lire.
« Laisse tomber ! Tu ne tireras rien de ce mooncalf. » conseilla Sean avec un geste fataliste.
La porte du compartiment s'ouvrit pour laisser place à un chariot plein de sucreries.
« Vous voulez quelque chose, les enfants ? » demanda une vieille dame.
« Super ! Je commençais à avoir faim ! » s'exclama Morgan en sautant sur ses pieds, la mine gourmande.
Sean le rejoignit aussitôt et sous les yeux ébahis de Lily, acheta une tonne de chocogrenouille. Mais, c'était en chocolat ! Depuis quand son demi-frère mangeait-il du chocolat ? Il était fou, il allait être malade, après !
« Tu prends rien ? » lui demanda Morgan, en étalant sur la banquette son butin.
« Ce n'est pas nécessaire. » dit-elle avec un hochement d'épaule désinvolte.
Devant l'air perplexe du blond, Lily tendit la main, prit avec rapidité une patacitrouille qu'avait achetée Sean.
« Hey ! » protesta Sean, la mine furieuse. « Sale voleur ! Rends-moi ça, tout de suite ! »
Il se jeta sur Lily et entreprit de l'étrangler pour lui faire recracher la sucrerie. Il la secoua dans tous les sens, lui hurlant mille insultes colorées au visage. Lily faisait de son mieux pour respirer et se retenir de tuer Sean sur le champ. Pour réussir dans son entreprise, elle lisait méthodiquement chaque ligne de sa BD.
« Euh… Lily… enfin… tu l'étrangles, là… » parvint à dire Morgan, légèrement stupéfait.
Quand il fut évident qu'il ne lui ferait pas recracher la patacitrouille et que Lily atteint une teinte peu définissable, Sean consentit enfin à la lâcha, non sans maugréer tout ce qu'il savait. Pendant qu'il reprenait son souffle, elle en profita pour lui chiper une plume en sucre. Durant l'opération, sa main avait dangereusement bifurqué vers un chocogrenouille, mais elle s'était reprise à temps. N'appréciant que modérément ce nouveau larcin, Sean lui sauta dessus et entreprit de l'achever. Tout cela sous les yeux de merlan frit de Morgan. Au final, le Serdaigle proposa à Sean de jouer aux cartes explosives, sauvant Lily in extremis de la mort.
Pendant que son demi-frère et Morgan jouaient, Lily, elle s'était nonchalamment étalée de tout son long – pas grand chose en définitive, snif – sur la baquette et continua à feuilleter sa BD.
Dieu que c'est con ! Mais comment peut-il lire ça ? soupira-t-elle intérieurement.
Finalement, elle décida de simuler une sieste. Après tout, dormir était la plus grande passion de Sean !
Elle songea à son arrivée à Poudlard, et son appréhension revint au grand galop. Morgan avait dit qu'ils devaient mettre le Choixpeau sur la tête pour être répartis. Mais qu'est-ce qu'était un Choixpeau ? C'était un objet magique, basé sur un chapeau d'après le nom, aptes à déterminer l'appartenance de chaque élève suivant ses qualités et défauts, selon la maison adéquate. Ce qui inquiétait Lily c'était par quel moyen le Choixpeau analyserait leur caractère. Elle espérait de tout cœur qu'il ne regarderait pas en eux parce qu'où sinon, ils étaient fichus. Car même s'ils avaient un aspect différent, à l'intérieur, ils étaient toujours Lily Evans et Sean Parrish.
Ce fut en faisant un petite prière pour leur salue, qu'elle s'endormit.
Elle fut réveillée en douceur par Sean. C'est-à-dire qu'elle se prit un saut d'eau sur la tête. Elle se leva en sursaut, hébétée, alors que son demi-frère se fendait la poire par terre. Morgan avait l'air consterné et Largo Vallenci vaguement affligé par tant de gamineries.
Lily jeta à son demi-frère un regard de serial killer et serra fort sa baguette qu'elle fut étonnée de la trouver encore en un seul morceau lorsqu'elle s'en servit pour se sécher.
« On devrait se changer. On arrive bientôt à la gare. » suggéra Largo Vallenci en se levant.
« Bonne idée ! » s'étonna Morgan comme s'il doutait que c'était bien son camarade qui l'ait eu. « Honneur aux dames ! »
Sur ce, il poussa Lily et Largo Vallenci hors de la cabine, laissant Sean seul. Lily comprit alors, pour sa plus grande horreur, qu'elle allait devoir se déshabiller devant les deux autres garçons. Par les sorcières de Salem, comment allait-elle se sortir de ce pétrin ? Elle se sentit rougir rien qu'à l'idée de voir des garçons nus… et en plus, ces stupides hormones faunes s'émoustillaient déjà !
C'est pas possible ! Ils ne pensent qu'à ça ! C'est même pas James Potter en plus !
On s'en fout ! Un beau petit cul est un beau petit cul !
… … … … Au secooooouuuurs ! Qu'on m'achève !
Ca peut se faire…
Mais qu'est-ce que c'est que ces hormones ? Meurtrières en plus de perverses ! Au secooouurs !
Ce qu'elle peut être bruyante !
Totalement empêtrée dans sa panique et dans son dialogue intérieur avec des hormones mutantes, Lily ne remarqua pas le groupe d'élève juste derrière elle.
« Dégage, microbe ! » aboya un garçon brun maigre comme un clou, un rictus féroce sur le visage.
Lily ne l'entendit même pas. Enervé d'être ignoré ainsi, il empoigna Lily par le col de son pull et la plaqua contre la paroi du couloir. La jeune fille revint enfin à la réalité. Elle ne comprit pas tout de suite pourquoi cet individu qu'elle ne connaissait ni d'Eve, ni d'Adam l'agressait ainsi.
« Hey, Rookwood, cherches pas la merde ! » intervint durement Morgan.
« Ferme-là, l'erreur de la nature ! C'est entre lui et moi ! » cracha le dénommé Rookwood sans quitter Lily des yeux.
« T'as mal aux ventre ? Tu veux que je te soigne ? » demanda cette dernière très calmement.
« Quoi ? Tu te fous de moi, connard ! » grogna l'autre en levant le poing.
Avant qu'il n'ait pu l'attaquer, Lily lui balança un coup de pieds dans l'estomac. L'autre se plia en deux sous la douleur.
« T'es guéri ? » s'enquit Lily, la tête légèrement penchée sur le côté.
Il eut un blanc, tous fixèrent Lily hébétés.
« Ca doit faire mal, ça ! » compatit narquoisement Morgan.
« Je n'irais jamais te consulter si c'est comme ça que tu traites tes patients. » déclara sobrement Largo Vallenci.
« Sa…laud… » grimaça Rookwood d'une voix encore haletante de douleur. « Tu vas… me le payer ! » gronda-t-il en se redressant.
« T'es pas guéri ? » s'enquit flegmatiquement Lily, le regardant de haut. « On va utiliser un traitement plus fort, alors. »
En cet instant, Lily était terrifiante. Si avec ses cheveux roux et ses yeux verts, elle était impressionnante lorsqu'elle était en colère, ce n'était rien comparé à l'association de sa fureur et du physique de Sean.
« Espèce de petit con ! » ragea Rookwood en se levant d'un bond.
« Ca y est, j'ai fini ! Vous pouvez aller vous changer, maintenant. » annonça joyeusement Sean en sortant de la cabine.
Son arrivée détendit quelque peu l'atmosphère. Toutes les têtes se tournèrent vers lui.
« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-il en fronçant des sourcils, avisant la scène. « Oh non ! Ne me dis pas que tu as recommencé, Sean ? » se lamenta-t-il avec une grimace. « Franchement, tu me gonfles ! Tu peux pas te retenir un peu ? Faut vraiment que tu cherches à ausculter tout ce qui te gêne ? J'espère qu'on n'aura pas d'ennuis à cause de toi, sinon je te tue ! » gronda-t-il en fusillant Lily du regard. « Fais moi voir. Je peux apaiser la douleur. » proposa-t-il à Rookwood.
Tous restèrent éberlues par son haut débit, sauf Lily, légèrement agacée. Sean voulut poser la main sur le ventre de Rookwood mais ce dernier réagit très violement.
« Ne me touches pas, femelle ! » siffla-t-il en la repoussant rudement.
Bien, si Sean devait réagir exactement comme elle, alors ce crétin n'allait pas faire long feu ! Nyark !
« Femelle ? » répéta lentement Sean, un tic nerveux au coin de l'œil. « Je commence à en avoir ras-le-bol de l'hospitalité anglaise ! »
Avant qu'il ne comprenne quoique se soit, Rookwood fit un magistral vol plané à travers le couloir et s'éclata contre la porte du wagon. Il eut un nouveau blanc.
« D'autres amateurs, peut-être ? » siffla-t-il aux copains de Rookwood avec un regard de psychopathe.
Ceux-ci reculent d'un pas, malgré eux. Il faut dire que Sean était impressionnant. Il ressemblait à si méprendre à une lionne protégeant ses petits. Sans demander leur reste, les gêneurs détallèrent, récupérant leur camarades au passage. Un silence suivit leur départ avant que Morgan leur saute dessus, semblant sortir d'un rêve.
« C'est pas vrai ! Mais qu'est-ce qu'ils vous apprennent à Salem ? Vous êtes super forts ! »
« Hey, la crevette ! N'étouffes pas les ricains, veux-tu ? » intervint Largo Vallencci en attrapant son camarade pour soulager un peu Sean et Lily. « Vas plutôt te changer. »
Sur ce il jeta littéralement Morgan dans la compartiment et y entra a sa suite, peu impressionné par la hargne avec laquelle l'insultait le blondinet.
« Parrish, ne reste pas planté là. Tu dois te changer toi aussi. » rappela-t-il avant de disparaître.
Lily se souvint alors qu'elle devait se déshabiller devant deux parfaits inconnus.
Au secourrrrrsss !
Si au moins c'était James Potter !
… …. … Kyaaaaaahhhhh !
Retour fracassant des hormones mutantes !
Sean, peu compatissant pour ses états d'âmes, la poussa sans ménagement dans la cabine, avant de fermer la porte sur elle. Lily ne dut qu'à son entraînement quotidien aux arts martiaux, de ne pas s'étaler de tout son long sur Largo Vallencci. Folle de rage, elle faillit aller exploser la tête de ce scélérat, mais elle se rappela de justesse qu'elle était sensée être Sean, donc parfaitement imperméable à tout ça.
Elle se changea donc en ruminant intérieurement, le visage le plus impassible possible. Bien sûr, elle tourna le dos aux deux autres garçons et s'habilla le plus rapidement possible en espérant de tout son être qu'ils ne l'avaient pas maté dans son dos. Sitôt changé, elle s'étala à la Sean sur la banquette et fit semblant de lire une BD, cachant judicieusement sa rougeur. Elle venait de voir le torse nu de Largo Vallencci…. Il était un putain de bien foutu ! Kyaaaahhhhh !
Quand Sean rentra, elle sentit son regard posé sur elle, mais elle ne sortit pas de son abri. Le reste du trajet fut court. Lily la passa à envier le chocolat de son demi-frère, à chiper des patacitrouilles, à se retenir de participer activement à la conversation et à écouter Morgan expliquer le fonctionnement de Poudlard. C'était dur d'être Sean Parrish, snif… crétin de Sean !
Quand le train ralentit, Lily sentit son ventre se serrait douloureusement. Elle prit une profonde inspiration. Ce n'était pas le moment de flancher !
Ils récupérèrent leurs bagages et se pressèrent hors de la cabine venant enfler la foule déjà dense du couloir. Quelques minutes plus tard, ils étaient enfin à l'air libre, pour la plus grande joie de Lily. Dans la foule, elle vit la tête hirsute de James Potter au loin et croisa le regard noir de Rookwood.
« Les premières années et les élèves de la CEI, par ici ! »
Lily se retrouva devant un géant.
« C'est Hagrid, le garde chasse de Poudlard. Il est un peu farfelu mais super gentil. » informa Morgan. « Bon, nous, on doit prendre les calèches. On se verra au banquet. Bye ! »
Les élèves de première année –qui ressemblait à des nains – lui emboîtèrent le pas aussitôt, la mine peu rassurée. Sean salua chaleureusement Morgan et Vallencci, alors que Lily ne leur prêta même pas attention, avant de suivre la foule de petits nains qui se pressait derrière le dénommé Hagrid.
Elle faillit se rompre le cou une dixième de fois sur le sentier étroit et escarpé qui menait au lac, où ses petites barques les attendaient.
« Voilà le château ! » dit soudain Hagrid alors qu'ils étaient arrivés au bord de l'eau.
« Wooooooow ! » s'exclamèrent les élèves, admiratifs.
Lily eut un frémissement d'excitation. On aurait dit des dizaines de luciole sur du velours noir. Rien que pour ce spectacle, elle avait eu raison de venir ! La voix tonitruante du garde chasse la tira de sa contemplation.
« Tous les mondes dans les barques ! Pas plus de quatre par barque ! »
Elle monta dans l'une avec Sean et deux petits premières années transis de froid et de peur.
« Bien, tout le monde à embarquer ? » s'enquit Hagrid vérifiant que personne n'était laissé pour compte. « Alors, EN AVANT ! »
Dans une synchronisation parfaite, les barques se mirent en route vers le château. De tout le voyage, Lily ne quitta pas un seul instant l'imposante ombre de Poudlard des yeux, comme ensorcelée.
« Baissez la tête ! » ordonna Hagrid, à un moment.
D'un même mouvement, les élèves obéirent alors que les barques traversaient un rideau de lierre. Une fois un long tunnel passait, ils arrivèrent dans une sorte de crique. Ils débarquèrent et montèrent un passage creusé dans la roche qui les conduisit dans le parc de Poudlard. Hagrid frappa trois fois sur la porte en chêne qui s'ouvrit presque aussitôt.
A suivre...
Pas dans 10 ans j'espère...
