Pour info :

La première partie de cette histoire s'étendra sur une vingtaine de chapitres et s'arrêtera à la fin de l'année scolaire. Il y aura ensuite une deuxième partie, pour la deuxième année, qui correspondra au premier tome d'HP, puis une troisième partie, etc., car l'histoire ne s'arrêtera pas à l'apprentissage d'Amelia, vous vous doutez bien ;)

Autre remarque :

Vous vous apercevrez peut-être que certains chapitres postés ont été modifiés dans les heures qui suivent. Pas de grosses modifications, mais juste des broutilles comme des mots en gras ou en italique. C'est normal, je prends juste en main le site, qui a du mal à laisser intactes les mises en forme de mes documents... Bref, je vais me méfier et faire mon possible pour que la première version postée d'un chapitre soit définitive.

Bonne lecture !

Chapitre 3 : Le jardin d'Hagrid

Septembre 1990 – Poudlard

Comme l'avait annoncé Dumbledore, le professeur Chourave emmena Amelia visiter le château. Il lui fut impossible, en revanche, de demander un plan, car les salles, les couloirs et les escaliers avaient une fâcheuse tendance à changer de place, comme si l'envie les prenait, un beau matin, de partir en balade.

Heureusement, les occasions de se perdre dans le château étaient rares. Sa nouvelle routine voulait qu'elle aille de sa chambre à la Grande Salle, et de la Grande Salle au parc de Poudlard, puis du parc à la Grande Salle et de la Grande Salle à sa chambre, sachant que sa chambre n'était qu'à une volée d'escaliers de la Grande Salle.

Même la bibliothèque, qu'Amelia avait pourtant bien repérée lors de sa visite avec le professeur Chourave, demeurait hors d'atteinte pour quiconque n'avait pas percé le mystère de cet escalier qui changeait de trajectoire et d'inclinaison pas moins de six fois par jour.

Le parc de Poudlard, quant à lui, avait l'avantage de ne pas trop changer d'un jour à l'autre. Les dernières journées ensoleillées le rendaient particulièrement agréable l'après-midi, comme en témoignaient les nombreux groupes d'élèves qui prirent d'assaut les pelouses dès les premiers jours de septembre.

Amelia avait eu quelques jours pour profiter du parc et de ses dédales de fleurs et d'arbustes, mais dès le lundi qui suivit son arrivée, le professeur Chourave la convoqua à huit heures dans la serre n°1, c'est-à-dire son bureau.

« Comme vous le savez, et nous en avions parlé lors de notre entretien, la première année d'apprentissage est très générale, » démarra-t-elle de but en blanc. « Vous aurez donc jusqu'à la fin de l'année scolaire pour chercher et trouver un sujet d'étude pour les deux autres années. Je dois vous avertir de bien réfléchir avant d'arrêter votre choix, car vous serez par la suite considérée comme une spécialiste de votre sujet, et il vous sera difficile de sortir de votre champ d'étude sans vous décrédibiliser. »

« Je prends note, » se borna à répondre Amelia.

« Bien. »

Le professeur Chourave saisit une liasse de parchemins un peu chiffonnés et posa le tout devant Amelia, qui s'en saisit et comprit vite de quoi il s'agissait.

« L'ensemble de mes notes de cours pour le mois de septembre, » expliqua le professeur Chourave. « Je sais que vous avez largement le niveau, n'ayez crainte, mais vous ne m'assisterez que dans les leçons allant jusqu'à la quatrième année, dans un premier temps. »

« Je comprends. »

« Les notes sont là pour que vous puissiez vous approprier correctement le contenu exact des leçons, j'imagine que le programme de mon collègue de Ferruccia n'est pas exactement identique au mien… »

« Il y a quelques différences, » confirma Amelia en parcourant rapidement les premières fiches.

« J'insiste sur le fait que vous serez à ces leçons en tant qu'assistante, c'est-à-dire que vous aiderez au besoin les élèves pour les travaux pratiques, vous répondrez aux questions des uns si je suis occupée avec les autres, vous irez chercher du matériel de protection si nécessaire, et ainsi de suite, mais vous ne serez pas directement en charge de l'enseignement à proprement parler. »

Amelia acquiesça, très à l'aise avec l'idée de ne pas avoir le rôle principal. Elle avait justement redouté que le professeur Chourave lui demande de faire certains cours à sa place…

« C'est une situation qui pourra évoluer en fonction de votre aisance face aux élèves, » poursuivit le professeur Chourave. « D'ici la fin de l'année, vous pourriez être amenée à assurer quelques leçons de première ou deuxième année… si vous vous sentez suffisamment à l'aise, bien sûr ! » ajouta précipitamment l'enseignante en voyant Amelia lui jeter un regard inquiet. « En dehors des leçons, » poursuivit-elle, « vous viendrez me retrouver ici-même ou dans la serre n°4 pour divers travaux d'entretien de notre collection botanique. »

Elle fouilla un instant dans une des nombreuses piles de parchemins qui recouvraient la quasi-intégralité de son bureau et en extirpa finalement un parchemin un peu déchiré.

« Voilà un double de mon emploi du temps, avec tous les cours de la semaine, ainsi que nos séances individuelles. Je compte sur votre assiduité, évidemment… »

« Évidemment, » répéta mécaniquement Amelia.

« Si vous souhaitez laisser des affaires, il y a des casiers à l'entrée des serres, les élèves ont l'habitude de déposer leur équipement en début d'année, cela leur évite de les transporter ou, plus sûrement, de les oublier. D'ailleurs, vous avez tout l'équipement qu'il faut ? Gants, cache-oreilles, lunettes de protection ? »

« J'ai tout ce que vous m'aviez conseillé. »

« C'est parfait alors, » commenta le professeur Chourave en se levant. « Dans ce cas, Amanda, je vous donne rendez-vous à dix heures pour les serdaigles et serpentards de troisième année. Je me suis arrangée pour que ce soit les premiers de la semaine, ils ne sont pas trop turbulents, en principe… »

Il restait donc pratiquement deux heures à occuper quand Amelia se retrouva hors du bureau du professeur Chourave. Décidant de ne pas trop s'éloigner pour ne pas être en retard, Amelia se dirigea vers le potager qu'elle avait déjà aperçu de loin, un peu à l'écart des serres.

S'agissait-il du potager qui approvisionnait les cuisines de Poudlard ? Amelia regretta un instant de ne pas avoir pensé à poser la question au professeur Chourave. À Ferruccia, un grand potager, peut-être bien aussi grand que la Grande Salle, s'étalait à l'extérieur des bâtiments. Le maître botaniste, Bertoldo Fiorina, également celui qui avait encouragé l'apprentissage d'Amelia, dirigeait une petite équipe de jardiniers recrutés parmi les élèves, qu'Amelia avait volontiers rejoints dès sa première année.

Le potager de Poudlard, en revanche, était bien petit par rapport à celui de Ferruccia, mais d'après ce qu'Amelia avait expérimenté de la cuisine de Poudlard, les légumes étaient plutôt rares dans les plats proposés, et plus rares encore dans les assiettes.

Pour l'heure, les courges étaient les principales occupantes du lopin de terre. Il y en avait de toutes les formes, toutes les couleurs, toutes les tailles, certaines étaient même déjà creusées en lanterne d'Halloween, ce qui ne les empêchait pas de pousser.

« Pas touche aux citrouilles ! » grogna une grosse voix juste derrière Amelia.

Celle-ci se retourna, un peu effrayée, et fit face à une stature d'une taille démesurée. Amelia avait beau être grande, elle dut pencher exagérément la tête en arrière pour considérer le visage de l'homme, rond, presque enfantin si ce n'était les rides qui étiraient ses yeux noirs et brillants comme des carabes. Une masse de cheveux noirs, emmêlés et probablement jamais coupés depuis plusieurs décennies, tombaient sur son visage et ses épaules.

« Je regardais juste, je n'allais pas les voler, » fut tout ce qu'Amelia trouva à dire.

Le visage de l'homme se radoucit, ses yeux devinrent même sympathiques.

« T'es nouvelle ? » interrogea le géant en dépassant Amelia pour se rapprocher des courges.

« Je suis l'apprentie du professeur Chourave. »

« Ah ! » fit l'homme en se retournant brusquement, un air ravi sur le visage. « Ça m'revient, le professeur Chourave m'avait parlé qu't'allais arriver ! C'est quoi ton nom, déjà ? »

« Amelia. »

« Moi c'est Hagrid, tout le monde m'appelle juste Hagrid. »

Amelia fut un instant effrayée quand le bonhomme lui tendit sa main, qui engloutit celle d'Amelia ainsi que tout son avant-bras, mais la poigne restait gentille et se relâcha vite, comme si Hagrid avait peur de lui casser le bras – ce qui avait déjà dû arriver, mais Amelia préféra ne pas y penser.

« T'as déjà vu des courges ? » questionna Hagrid en se tournant de nouveau vers le potager.

« Pas aussi belles que ça, » admit Amelia en se détendant.

« C'est que je leur mets de la bouse de veracrasses à la plantation, alors ça leur donne une belle allure. »

« C'est un bon engrais, » confirma Amelia, « à condition qu'elle ne soit pas trop décomposée. »

« J'en mets de la bien fraîche, » assura Hagrid avec fierté. « Mais dis, » continua-t-il d'un air sérieux, « toi qui t'y connais, tu crois que je peux leur en remettre au pied pendant leur croissance ? »

Tout en discutant potager, Hagrid et Amelia serpentèrent entre les lianes de courges. Il n'y avait guère d'autres légumes, hormis de monstrueux plants de haricots, qu'Amelia reconnut comme des haricots étincelants, dont les graines germaient très facilement – ce qui rendait leur récolte particulièrement compliquée car la moindre graine lâchée par inadvertance se mettait à germer sitôt après avoir touché le sol.

« Il leur manque quand même un p'tit quelque chose, » finit par marmonner Hagrid en s'arrêtant devant un potiron bleu particulièrement ornemental.

Il resta silencieux un instant, puis jeta un coup d'œil à Amelia. « T'as du temps libre, parfois ? »

« Ça peut arriver, » répondit prudemment Amelia.

« J'crois qu'elles ont du mal à dormir, » confia Hagrid avec inquiétude.

« Ah… ah bon ? » fit Amelia, interloquée.

« D'habitude, j'prends le temps de leur chanter des comptines pendant la sieste, » continua Hagrid avec mélancolie. « Cet été, il a tellement plu que j'suis pas sorti souvent leur rendre visite… »

« Il est peut-être encore temps, » voulut le rassurer Amelia, qui n'avait jamais entendu parler de cette technique.

« Tu crois qu'tu pourrais t'en occuper ? » demanda Hagrid avec espoir.

« Je ne sais pas trop, » hésita Amelia, qui ne voulait pas refuser, par peur de vexer l'homme. « Je ne connais pas vraiment de chanson… »

Déçu, Hagrid laissa ses épaules s'affaisser. Amelia eut tout de suite des remords. « Par contre, je sais siffler, » tenta-t-elle, « ça pourrait marcher, ça, siffler ? »

Hagrid se redressa aussitôt, le visage lumineux. « J'ai jamais essayé, ce s'ra l'occasion ! »

Mettant sa gêne de côté, Amelia promit de revenir dans l'après-midi pour siffler quelque chose aux citrouilles, puis repartit vers les serres d'un pas allègre. Tout en parcourant rapidement les notes de sa tutrice pour le cours à venir, Amelia repensa à sa scolarité. La discussion avec Hagrid lui avait rappelé les nombreuses séances de jardinages animées par Bertoldo Fiorina, le botaniste de Ferruccia.

Ces séances figuraient parmi les quelques bons souvenirs de sa scolarité, qui avait été somme toute assez morose. Ferruccia était remplie d'élèves prétentieux, issus de la grande bourgeoisie sorcière, et sans être officiellement discriminée par son origine semi-moldue, Amelia n'avait jamais été bien intégrée dans ce milieu malgré tout assez puriste. Elle ne s'en était jamais plainte, préférant de loin la solitude ou la compagnie des artichauts.

Mais sans cours et avec les serres du professeur Chourave ou le potager d'Hagrid, ces trois années à Poudlard s'annonçaient bien plus intéressantes, et Amelia franchit d'un pas enthousiaste l'entrée de la serre n°2.