Note : Encore un chapitre compliqué pour Oliver, heureusement qu'il n'est pas seul pour affronter ses démons…

Elisa : Merci beaucoup pour ta review ! Felicity va bientôt faire son apparition :)

Chapitre 6

Allongée dans son lit, Kara peinait à trouver le sommeil, inquiète pour son ami si anéanti. Après avoir accepté de rester auprès d'elle pour se remettre de ses jours de torture, il était retombé dans l'état morose et apathique qui l'habitait depuis son retour, comme si leur dispute avait sapé toutes ses forces.

Il avait retiré sa veste avec difficulté, s'était installé dans son canapé et Kara l'avait rejoint après avoir déposé son sac d'affaires dans sa chambre. Elle lui avait redit que quoi qu'ait raconté Chase, il n'était pas un monstre et méritait de vivre une belle vie. Oliver avait refusé de parler plus de ce qu'il avait vécu et elle n'avait pas insisté.

Pour rompre le silence et mettre un terme à ses pensées noires, elle lui avait parlé de sa vie, de ses amis, de son travail de journaliste, de son rôle de Supergirl et des défis qu'elle affrontait au quotidien. Tout pour le distraire. Il l'avait écoutée, sans forcément commenter mais avec attention. C'était un tout nouveau monde qu'il avait à portée de main et s'il choisissait de rester ici, ce petit aperçu de la vie à National City serait une bonne introduction.

Au moment de cuisiner, Kara l'avait encouragé à l'aider, un assistant ne serait pas de trop, et à sa grande joie, Oliver avait accepté sans protester. Il avait commencé à émincer les oignons avec des gestes dignes d'un professionnel, certainement grâce à ses compétences de ninja en matière de lancer de poignard, jusqu'à ce qu'elle allume les feux sous la poêle. Le silence soudain l'avait inquiétée et elle s'était retournée sur une vision qui lui serrait encore le cœur. Figé, Oliver observait les flammes danser sous la poêle, les phalanges blanches autour de son couteau suspendu au-dessus des légumes. Elle avait tout éteint en un clin d'œil mais le mal était fait. Pendant quelques secondes, elle l'avait ramené dans cette cellule en compagnie d'un homme qui lui brûlait le torse.

Kara avait posé la main sur la sienne et pendant une seconde infinie, il avait hésité, raffermissant sa poigne sur le couteau, avant de finalement le lui remettre, presque à regret. Sans un mot, les yeux hantés, il s'était enfermé dans sa chambre jusqu'à ce que Kara l'en fasse sortir pour manger. Il avait de nouveau enfilé son jogging gris confortable et elle avait tout fait pour le garder dans le présent en continuant de parler pour deux. Alex était passée pour traiter ses blessures et il s'était laissé faire sans broncher.

À la fin de la journée, Oliver l'avait remerciée avant de lui souhaiter bonne nuit et Kara espérait vraiment faire mieux le lendemain.

Elle s'endormit finalement, l'esprit occupé à chercher des façons d'aider son ami tout en évitant de lui faire revivre des horreurs. Un bruit sourd la réveilla au petit matin comme en témoignait la lueur qui passait derrière ses rideaux et les oiseaux qui gazouillaient déjà. Elle se frotta les yeux en tendant l'oreille. Une respiration saccadée dans la pièce d'à côté. Un gémissement. Kara se leva en quatrième vitesse et se rua jusqu'à la porte d'Oliver qu'elle n'hésita pas à ouvrir, jetant toute précaution par la fenêtre.

Allongé sur le ventre à même le sol, en sueur, il respirait vite, comme s'il venait de faire un gros effort. Kara se précipita sur lui en demandant qu'est-ce qu'il s'était passé, s'il était tombé, et posa une main rassurante dans son dos en s'agenouillant à ses côtés. Il ferma les yeux et secoua légèrement la tête.

-Je voulais juste me vider l'esprit, dit-il dans un murmure défait.

Kara analysa la situation, son état physique épuisé, sa position au sol, son lit un peu trop éloigné de sa table de nuit. Elle se retint de justesse de le traiter de stupide en réalisant ce qu'il avait fait.

-Du sport ? dit-elle complètement sous le choc. Oliver, ton épaule…

-Je sais, la coupa-t-il. Je n'arrive pas à me relever.

La frustration transparaissait dans sa voix malgré toute la lassitude qu'il exsudait. Si elle n'était pas venue, il serait resté comme ça sans plus essayer de se redresser, ayant rendu les armes face à son corps malmené. Avec une extrême délicatesse pour ne pas empirer sa douleur, elle le retourna et le porta jusqu'à son lit. Il murmura qu'il ne voulait pas être allongé et elle utilisa sa super vitesse pour arranger les oreillers dans son dos pour qu'il puisse être confortablement assis. Passablement énervée par son manque de discernement, elle lui tendit un peu brusquement son écharpe d'immobilisation qu'il posa sur ses genoux.

-Je peux t'aider à la mettre.

-Plus tard. Mon épaule est un peu trop à vif pour l'instant.

-On se demande pourquoi, répliqua-t-elle avec ironie.

Kara fit le tour du lit et s'installa à côté de lui sans lui demander son avis, et pendant quelques minutes, pas un mot ne passa leurs lèvres. Oliver n'était pas stupide, il savait que faire des pompes ne pouvait être qu'une mauvaise idée mais ça ne l'avait pas arrêté. S'il le fallait, elle attendrait ici toute la journée pour avoir des explications. Finalement, il leva la main pour se frotter le coin des yeux comme s'il essuyait ses larmes avant de leur laisser une chance de couler.

-Parle-moi, dit-elle doucement.

-Il m'a tout pris, avoua-t-il dans un souffle.

Elle voulait le contredire, il avait encore sa famille, ses amis sur qui il pouvait compter, Chase l'avait peut-être affaibli physiquement mais il retrouverait sa force. Elle garda ses encouragements en elle, c'était la première fois qu'il mentionnait son tortionnaire, qu'il se confiait sur ce qu'il ressentait. Le moment des rassurances viendrait plus tard, l'important maintenant était de l'écouter.

Kara lui prit la main qu'il avait reposée entre eux et il la serra doucement, le regard rivé sur le mur devant lui.

-Ma mission en tant que Green Arrow n'a plus aucun sens. Mes amis… même ma sœur, si ils savaient le quart des choses que j'ai faites, ils me vireraient de leurs vies. Et mon corps… je n'ai plus aucune force. Je n'ai plus rien.

Il termina la voix brisée, complètement anéanti. Il pensait vraiment que sa vie n'avait plus de sens et Kara connaissait trop bien ce sentiment. Sans hésitation, elle décida de se confier, ce qu'elle faisait rarement, son passé était secret et elle n'aimait pas s'appesantir sur sa perte. Mais Oliver avait besoin de voir qu'il n'était pas seul dans sa souffrance et qu'il pourrait s'en sortir.

-Il y a treize ans, j'ai tout perdu quand ma planète a explosé. Ma famille, mes amis, ma culture, mon peuple, ma langue. Tout est parti en fumée en quelques secondes. Je me suis retrouvée ici où on me proposait de commencer une nouvelle vie, mais c'était impossible. Simplement respirer était une insulte envers les miens. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais celle qui avait survécu, tant de gens avaient été meilleurs que moi. À chaque fois que j'essayais de faire un pas en avant, j'étais retenue par toutes ces personnes que j'avais tant aimées et qui n'étaient plus là.

Cette époque avait été la plus sombre de sa vie. Tout avait été une épreuve. Oliver tourna la tête vers elle, et au-delà de la douleur partagée, elle lut son admiration dans son regard troublé.

-Je ne savais pas ça. Tu es si solaire.

-Les gens qui m'entouraient ne m'ont pas laissée dépérir. Ils m'ont accompagnée pour chaque pas en avant. Tu peux compter sur nous tous, Oliver.

Il n'avait pas à affronter ses démons seul. Son ami détourna les yeux mais ne lâcha pas prise sur sa main, puisant dans son réconfort, s'accrochant à l'espoir qu'elle faisait naître dans le monde noir qu'il voyait.

-Tu n'étais pas la cause de tout ce qu'il y a de mal dans leur vie.

-Toi non plus.

-Ce sont mes propres actions qui m'ont conduit ici. J'ai créé Prometheus.

-C'est ce qu'il veut que tu croies. Mais tu n'es pas responsable de ses actions à lui.

Il secouait déjà la tête pour réfuter ses propos et lui lâcha la main pour s'essuyer le coin des yeux, même si aucune larme ne coulait.

-J'entends ses mots, tout le temps, dit-il sans la regarder. Je n'arrive plus à me battre.

Kara se demanda si c'était pour ça qu'il l'écoutait toujours avec attention, pour étouffer les paroles de son tortionnaire. Le cœur serré, elle le vit reposer sa main sur ses genoux, pour éviter de reprendre celle de Kara qui l'attendait sur le matelas. Il ne s'agissait pas d'un geste inconscient, il pensait ne pas mériter son réconfort. Elle lui prouverait le contraire.

-Tout serait mieux si… j'abandonnais.

Kara préférait presque sa colère de la veille à cette lassitude et ce désespoir dans sa voix. Mais il lui parlait enfin, c'était un grand pas en avant et elle l'accompagnerait aussi longtemps qu'il le lui permettrait. Et s'il n'avait plus l'envie ni la force de remettre son costume de justicier, personne ne l'y obligerait.

-Tu as le droit d'arrêter de te battre. De laisser de côté Green Arrow, ton équipe saura protéger ta ville. Ça ne veut pas dire que tu abandonnes quoi que ce soit, tu fais juste une pause dans ton combat.

Il secoua la tête et lorsqu'il lui accorda toute son attention, la détresse que son visage reflétait lui coupa le souffle.

-La vie n'est qu'une bataille sans fin et… je suis fatigué, Kara. De tout.

Un poing de glace se referma sur son cœur et elle se redressa vivement, s'agenouillant à côté de lui pour lui faire face, le prenant par les épaules dans son besoin de l'ancrer avec elle et de le ramener à la raison.

-Je t'interdis d'abandonner. Même si tu souffres maintenant et que tu ne vois que le mal, je te promets qu'il y a beaucoup de belles choses à vivre. Je suis sûre que Théa te dirait la même chose.

Même si elle ne l'avait rencontrée que brièvement, elle avait vu l'amour qui les liait et elle avait la conviction que pour elle, Oliver ne renoncerait pas à la vie. Car c'était ce qu'il lui avouait à demi-mots. Tout était trop douloureux, il voulait rendre les armes et mettre fin à son calvaire.

Mais parler de sa sœur brisa quelque chose en lui et son masque se craquela, révélant la profondeur de la souffrance qui l'habitait.

-J'ai détruit tout ce qu'il y avait de bon en elle, dit-il dans un sanglot déchirant. Je n'aurais jamais dû revenir.

Ses larmes qu'il libérait enfin lui étreignirent le cœur et Kara passa la main dans sa nuque pour l'attirer contre elle. Il se laissa faire et pleura contre son épaule, s'autorisant enfin à craquer après des jours de combat intérieur. Kara lui redit qu'il n'était pas la cause de tous les maux, que sa sœur était une belle personne et qu'elle détesterait l'entendre parler comme ça, qu'il n'était pas un monstre et qu'il pouvait compter sur tous ses amis, quel que soit son passé.

Finalement, elle le tint simplement dans ses bras alors qu'il se libérait un peu de sa détresse et des démons qui le rongeaient.