Le temps passa et les vacances d'automne arrivèrent enfin, à la plus grande joie des élèves et de leurs professeurs. Au terme de négociations serrées, la permission d'organiser des parties de vol « amicales » réunissant toutes les Maisons finit par être accordée aux étudiants, sous la condition que madame Bibine reste sur le terrain durant les premières séances pour les surveiller. Toute cette affaire, au début assez discrète, finit par faire parler d'elle lorsqu'une liste d'inscription des volontaires commença à circuler à travers les classes : le bout de parchemin, probablement ensorcelé par Nikita (bien que personne ne pût jamais le prouver avec certitude), se déplaçait de manière parfaitement autonome et complètement aléatoire, voltigeant librement à travers toutes les pièces – salles de cours, dortoirs et même toilettes – , s'arrêtant de temps à autre devant un élève pour que celui-ci puisse y inscrire son nom et coupant impitoyablement ceux qui tentaient de le retenir prisonnier ou de l'abîmer. L'initiative intrigua beaucoup de gens si bien que, malgré la trentaine d'élèves effectivement inscrits, une bonne soixantaine de personnes supplémentaires se présenta le jour venu et s'installa dans les gradins, curieuse de voir ce qui allait se passer.

Trois des quatre capitaines d'équipes de Quidditch s'étaient proposés pour superviser cette première séance – Marcus Flint, le capitaine de Serpentard, n'avait pas souhaité participer, certainement peu enjoué à l'idée de devoir côtoyer ceux qu'il considérait personnellement comme ses « ennemis ». Pourtant, les élèves de Serpentard – notamment ceux de cinquième année – étaient plutôt nombreux à être venus, bien qu'un peu tendus et se tenant farouchement à l'écart. Parmi eux, Adrian Pucey (qui fut le seul joueur de l'équipe de Serpentard à s'inscrire), Zoe Rottle, Martin Bole et, au grand étonnement de Nikita, Melwys Stingers. La fière préfète aux cheveux châtain clair ondulés coupés juste au niveau des épaules et au nez retroussé lui adressa un regard plein de défi lorsqu'elle passa devant lui.

« Sympa, l'idée que t'as eue. Ça fait bien longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de voler. »

L'expression qui passa dans ses yeux compléta sa phrase par : « Et ça fait bien longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de faire tomber des gens de plusieurs dizaines de mètres de haut. » ; Nikita, qui le comprit, frissonna, mais garda un sourire confiant, presque provocateur. Melwys n'avait pas mauvais fond en réalité, elle était juste un peu… sadique, parfois. En tous cas, la séance étant supervisée par des capitaines d'équipe chevronnés et par madame Bibine, la Serpentard n'aurait aucune occasion de nuire.

Entre-temps, des balais magiques avaient été distribués à la plupart des participants et madame Bibine énonçait les mesures de sécurité indispensables à respecter. Bien sûr, ceux qui étaient venus n'étaient pas de ceux qui ne savaient pas se servir d'un balai : sans être des joueurs de Quidditch chevronnés, ils avaient tout de même les bases nécessaires, donc pas d'inquiétudes à avoir de ce point de vue-là. De plus, les balais fournis par l'école étaient dotés d'un système de limitation de vitesse, pour éviter au maximum que les élèves ne puissent se blesser : le danger était par conséquent assez minime.

Enfin, quelqu'un apporta la boite contenant des balles de Quidditch magiquement modifiées pour être molles comme des ballons en mousse – mis à part le faux Vif d'Or, qui lui, était simplement plus gros et plus lent que l'original. Les participants, enthousiastes, enfourchèrent leurs balais et s'élancèrent dans les airs, certains avec confiance, d'autres plus prudemment ; Nikita, qui fut l'un des derniers à s'élever, put remarquer la présence de Ginny Weasley, rayonnante de joie, et cela le ravit.

Un peu tanguant, s'agrippant avec force au manche pour ne pas tomber, le Russe décrivit un grand arc-de-cercle au-dessus du terrain couvert d'herbe et alla se positionner aux côtés de Cédric Diggory, à côté des buts au nord. Le sixième année avait été son principal appui au cours de tout ce projet – en fait, il en avait encore plus fait que lui, demandant l'autorisation à tous les directeurs des Maisons et même au professeur Dumbledore en personne lorsque le professeur Rogue lui avait refusé son assentiment. L'élève populaire de Poufsouffle et Nikita s'entendaient à merveille : lorsque Cédric vit le Serpentard, il lui adressa un grand sourire triomphant.

« Alors Nikita, tu tiens le coup ? Tu as l'air un peu nerveux sur un balai…

« Tout va bien, je gère ! répliqua joyeusement l'interpellé. Ça fait presque un an que je n'ai pas volé… il faut simplement que je reprenne l'habitude !

« Au fait, dis-moi : à Durmstrang, ils sont forts comment, les joueurs de Quidditch ? demanda soudain Diggory.

« Très forts. Surtout l'équipe masculine des Faucons du Nord, ils ont Victor Krum comme Attrapeur…

« Victor Krum ?! s'exclama Cédric. Quoi, il étudie encore à… ? »

Mais il n'eut pas l'occasion d'achever sa question, car on l'appelait pour venir aider les autres à répartir les participants dans les différents rôles d'une équipe.

Il y eut toute une série de tests de vol, de passes, de marquage de but et d'acrobaties aériennes que les joueurs des équipes officielles – Davies, Diggory, Dubois, Pucey, Chang, les frères Weasley, Johnson, Macavoy et O'Flaherty – firent passer aux « débutants ». Zoe et Martin furent pris comme Poursuiveurs et Melwys – sans grande surprise – comme Batteuse. Ginny, l'une des plus jeunes participantes (on avait refusé l'inscription aux premières années, qui prenaient encore des leçons élémentaires de vol), s'avéra agile et rapide, ce qui en fit une bonne Attrapeuse. On songea d'abord à faire endosser à Nikita le rôle de Poursuiveur, mais étant donné sa propension extraordinaire à lâcher systématiquement le Souafle quand il était censé l'attraper, on jugea préférable d'en faire un Batteur – une position de laquelle il ne représentait de danger pour personne, puisqu'incapable de toucher les Cognards de sa batte.

Comme prévu, on dispersa aléatoirement les membres des différentes Maisons pour former les équipes, au nombre de trois, chacune comportant quatre Poursuiveurs, deux Batteurs, un Gardien et deux Attrapeurs. Lebedev se retrouva en compagnie de Roger Davies, Adrian Pucey et Ginny Weasley ; pour une raison qui lui sembla bien mystérieuse, on le désigna comme capitaine de cette équipe hétéroclite.

« Bien les gars, dit-il d'une voix plus aiguë qu'à l'accoutumée, peu à l'aise avec l'altitude. Je ne sais pas trop pourquoi vous avez décidé ça, mais je vais diriger notre équipe… »

Quelques élèves pouffèrent discrètement de rire.

« Pour commencer, continua-t-il, il faut nous demander : qu'est-ce qui est fondamentalement nécessaire à l'établissement de tout lien de cohésion dans un regroupement humain relativement conséquent – comme c'est notre cas aujourd'hui – afin de motiver ses membres individuels dans leur quête inconsciente de dépassement de soi et de reconnaissance par autrui ?

« Hein ?

« Deux. Non, faux. Ce qui est fondamentalement nécessaire, c'est d'établir un pacte collectif basé sur la construction d'une individualité symbolique propre à ce groupe…

« Abrège ! gueula Adrian Pucey.

« …bref, en d'autres mots, ce qu'il faut à notre équipe, c'est un nom ! » conclut précipitamment le Russe.

Les joueurs sous ses ordres se regardèrent, assez enthousiastes.

« Cool ! fit Ginny. Vous avez des idées, les gens ? Perso, je propose : « les Chauve-Furies » ! Vous en dites quoi ?

« Hmm… un peu violent, hésita Carla Brawn, une quatrième année à Poufsouffle. Je dirais plutôt… « les Joyeux Niffleurs » !

« Ça fait beaucoup trop Poufsouffle, je refuse, s'indigna Roger Davies. Pourquoi pas plutôt : « les Aigles » ?

« Original ça, dis-donc, se moqua Adrian.

« C'est une blague, l'aigle c'est LITTÉRALEMENT l'emblème de Serdaigle ! protesta Carla.

« Je ne vois pas en quoi c'est un problème, se renfrogna Davies, vexé dans son ego.

« Bon… alors, « les Toucans Turquoise » ! C'est mignon ça, les toucans ! affirma une autre Serdaigle.

« Pfff… Plutôt crever, marmonna Zacharias Smith, un Poufsouffle assez arrogant mais suffisamment curieux pour s'être inscrit.

« « Les Diricos Drogués », alors !

« Non, « les Phénix de Glace » !

« « L'équipe d'Adrian Pucey, le roi du monde ».

« Peuh… « Les Snallygasters », ça sonne mieux !

« « Les Manticores » !

« « Les Vouivres » !

« « Les Dragons » !

« STOP ! s'écria soudain Lebedev. Assez ! »

Tous se turent et fixèrent le regard sur le capitaine, attendant impatiemment son verdict.

Celui-ci ne tarda pas à venir :

« Puisque la démocratie ne fonctionne manifestement pas… j'instaure la dictature ! Nah ! Vous n'aurez plus votre mot à dire ! Mouahaha ! »

Son rire de grand méchant ne fut malheureusement pas très crédible, puisqu'il était complètement recroquevillé sur son balai, angoissé à l'idée de tomber.

« Et… du coup ? intervint Carla. On va s'appeler comment ? »

Nikita plissa les yeux et réfléchit intensément. Tout-à-coup, ses yeux luirent de satisfaction :

« « Les Particules Quantiques » ! »

Il y eut un gros blanc. Le regard des joueurs était vide de toute trace de compréhension.

« Qu'est-ce que c'est ? osa enfin quelqu'un s'enquérir.

« Un truc moldu, je crois, répondit un Serdaigle.

« C'est nul, se plaignit Zacharias.

« C'est tout pourri ! approuva Ginny.

« Peut-être, mais c'est mon idée, et c'est moi qui décide ! argua Nikita d'un petit air victorieux. Vous m'avez désigné comme chef, je me suis accaparé les pleins-pouvoirs, à vous d'en assumer les conséquences maintenant ! Mouahaha !

« Va falloir trouver une guillotine, les gars, souffla Adrian Pucey. C'est comme ça qu'ils font, en France.

« Il est russe, fit remarquer Roger Davies. Mieux vaudrait une révolution bolchevique.

« Ah ouais, pas faux… Je peux jouer le rôle de Staline ?

« Certainement pas ! On préfère encore garder ce tsar fou ! gloussa Hortense Cohen, une Serdaigle de sixième année.

« Ha ! Je vous entends ! s'exclama théâtralement le concerné. Cessez donc de fomenter ces infâmes trahisons et allons rejoindre les autres équipes, elles discutent déjà de l'organisation des matchs à venir. »

Ses « sujets » obtempérèrent et ils glissèrent tous gracieusement dans les airs en direction du centre du stade, où effectivement les autres s'étaient déjà rassemblés.

Contrairement à eux, les deux autres équipes avaient – par chance – écopé de davantage de « joueurs officiels » : l'équipe des « Affreux Gnomes » comportait Fred, George, Heidi Macavoy, Diggory et Cho Chang, et celle des « Esprits Frappeurs » Angelina, Dubois et Maxine O'Flaherty. Par ailleurs, cette dernière était également dotée de Melwys Stingers, qui était remarquablement douée pour quelqu'un qui n'avait pas l'habitude de voler (elle révéla en fait par la suite à quelques-uns de ses amis qu'elle aimait passer son temps à s'entrainer pendant les vacances sur le terrain aérien de son manoir familial) ; la jeune fille adressa une œillade carnassière accompagnée d'un geste de menace explicite de sa batte à Nikita – sa victime de prédilection depuis le fameux cours de Défense Contre les Forces du Mal où il l'avait humiliée – lorsque celui-ci passa devant elle.

On décida en tirant à la courte-paille que le premier match de la saison serait inauguré par un affrontement entre les Particules Quantiques et les Esprits Frappeurs : les deux équipes tout juste formées se répartirent sur le terrain, un peu confusément puisqu'il s'agissait principalement de débutants. Puisque ces matchs étaient purement amicaux, aucun entrainement n'était nécessaire, Nikita avait bien insisté dessus lorsqu'il avait développé son idée auprès de Dubois et de Diggory : le seul but de toute cette manœuvre, c'était de profiter et de s'amuser, tout simplement. L'ambiance devait demeurer légère et détendue !

Madame Bibine, un peu surprise de la rapidité de l'organisation des élèves de ce nouveau « club », lança les balles en mousse et l'affrontement put débuter.

Les règles avaient subi quelques modifications pour être moins dangereuses et rendre le jeu plus abordable : tout d'abord, il y avait davantage de joueurs par équipe – neuf en tout – dont deux Attrapeurs – qui bénéficiaient par ailleurs d'une plus grande facilité à chercher le faux Vif d'Or, plus lent et volumineux que son modèle standard. Les Cognards étant mous et donc parfaitement inoffensifs, une règle avait été rajoutée, stipulant que tout joueur s'étant fait toucher par un Cognard devait immédiatement descendre au sol avant de pouvoir continuer à jouer – pour créer une déstabilisation artificielle. Les autres règles étaient à peu près les mêmes.

Les Poursuiveurs des deux équipes s'élancèrent avec des cris de joie pour attraper le Souafle, tous excités à l'idée d'enfin participer eux-mêmes à ce moment enivrant ! Il y eut une courte bataille chaotique, au terme de laquelle Clara Brawn, de l'équipe des Particules Quantiques, put arracher la grosse balle rouge des mains avides de Melissa Viperyn. Sa joie ne fut cependant que de courte durée, car voilà que Terrence Fogarty le lui reprenait sournoisement…

Les joueurs « officiels » se tenaient un peu en retrait, souriants à la vue de leurs camarades moins expérimentés s'essayer maladroitement à cette activité qu'ils maitrisaient si bien. D'un accord tacite, ils s'étaient tous mis d'accords pour laisser participer de préférence les « débutants », pour ne pas accaparer systématiquement toute la gloire. Étonnamment, même Adrian Pucey – désigné Gardien – se montra très courtois, malgré les appréhensions des joueurs des autres Maisons à son encontre, car habitués à l'opportunisme et à la mauvaise foi des Serpentards.

Le match, bien qu'amateur, était pourtant très serré, tous le prenant mortellement au sérieux : Terrence, un quatrième année de Gryffondor, avait presque atteint les buts où patientait Adrian, mais Roger Davies – second Batteur des Particules Quantiques avec Nikita – parvint à lui envoyer un Cognard. Conformément aux règles modifiées, Terrence fut contraint de descendre au sol après avoir lâché le Souafle, qui passa aux mains d'Hortense. Celle-ci tenta une passe à Zacharias, mais ce dernier la manqua et le Souafle fut repris par les Esprits Frappeurs. Des péripéties riches en retournements de situation s'enchainèrent ainsi durant plusieurs minutes avant que quelqu'un ne parvienne enfin à marquer un but : c'était Clara, réussissant à passer juste devant le nez d'Angelina (ayant endossé le rôle de Gardienne).

Des « hourras ! » s'élevèrent d'un peu partout, tant sur le terrain que dans les gradins, où les amis de joueurs individuels se réjouissaient de leur réussite collective. La félicité ne fut cependant pas de longue durée, car les Esprits Frappeurs s'étaient à présent emparés du Souafle et se rapprochaient dangereusement de Pucey, qui tournoyait lentement autour des trois buts, réfléchissant à la stratégie qu'il devait adopter pour ne pas être humilié comme Angelina Johnson par un débutant.

Entre-temps, Ginny Weasley, Shoma Ichikawa, Olivier Dubois et Maxine O'Flaherty, les quatre Attrapeurs, patrouillaient au-dessus du combat, attentifs à la moindre lueur dorée. Le faux Vif d'Or avait beau être plus gros, il n'en demeurait pas moins difficile à trouver… Aucun d'entre eux – y compris les deux joueurs « officiels » – n'avait jamais endossé ce rôle délicat au cours d'un match : la partie était donc plutôt équilibrée entre eux, bien que Ginny et Shoma fussent des débutants. Par malchance, la balle tant convoitée demeura invisible…

Nikita avait passé la première partie du temps à supporter bruyamment chaque membre de son équipe qui parvenait à s'emparer temporairement du Souafle – ou juste à se démarquer d'une quelconque manière – à un tel point que les élèves dans les gradins commencèrent à se demander s'il comptait jouer réellement, et que ceux sur le terrain le trouvèrent très vite insupportable : il était vrai que le Serpentard beuglait à s'en rompre les cordes vocales à la moindre passe, faisant parfois sursauter ceux qui étaient trop près de lui. Avec son grand sourire benêt habituel, il avait complètement délaissé sa batte de Batteur, accrochée à sa ceinture ; lorsque Roger Davies lui fit une passe de Cognard pour qu'il le dévie sur un joueur adverse, il se contenta de baisser tout naturellement la tête et la balle sortit momentanément du stade.

Sa situation confortable et fortement inutile changea cependant brusquement lorsque Melwys Stingers, jusque-là trop occupée à harasser les Poursuiveurs, s'intéressa enfin à lui, affichant un grand sourire sadique. Il ne l'avait pas aperçue – elle s'était approchée par derrière, sa batte meurtrièrement brandie au-dessus de la tête – et elle parvint à se placer à environ deux mètres de lui, attendant patiemment son heure…

L'occasion se présenta enfin : un Cognard dévié passa à portée de batte. La jeune fille le frappa de toutes ses forces et envoya cette balle devenue bolide en plein dans la tête de son rival.

Heureusement, les balles étaient en mousse et les joueurs portaient tous des casques de protection : Nikita fut certes déstabilisé par la surprise, il ne lui arriva rien. Il se retourna simplement vers Melwys, yeux grands ouverts de stupeur.

« Ha ! s'exclama celle-ci. Je t'ai bien eu ! Je savais bien que tu ne pouvais pas lire dans mes pensées, sinon tu m'aurais sentie arriver ! »

Le Russe mit une fraction de seconde avant de comprendre, ce qui le fit sourire mystérieusement : elle en était donc toujours là… Il reprit très vite ses esprits et plongea vers le sol en se détournant de la Serpentard, qui ne sut quoi penser de son étrange réaction.

Dès lors cependant, Nikita n'eut plus un instant de répit : la préfète s'était jurée de l'embêter au maximum et ne cessait plus de lui envoyer des Cognards. Le match ne semblait même plus l'intéresser : avec un grand sourire carnassier, elle harcelait son camarade de classe, qui fuyait tant bien que mal. Les Particules Quantiques ressentirent un grand soulagement de ne plus l'entendre s'égosiller comme un demeuré toutes les trois secondes…

Ils en arrivèrent même à croiser le fer : Nikita, pris d'une lassitude soudaine, s'était stoppé, attendant morosement l'arrivée de sa poursuivante, et avait décroché sa batte de sa ceinture. Lorsque Melwys parvint à son niveau, il lui lança sur un ton de défit :

« Alors, engeance félonne, tu m'attaques à distance ? N'ose-tu donc pas te confronter à moi au corps-à-corps ?

« Ha ! Traitre infâme ! Tu oses me traiter de couarde, toi ? ricana Melwys, se prenant à son jeu avec malice. Puisque c'est ainsi, tu vas subir la foudre de mes impitoyables assauts !

« Très bien, parjure ! En garde !

« Taïaut ! »

Brandissant leurs battes comme des épées, les deux Serpentards fendirent les airs de leurs armes improvisées et les firent s'entrechoquer : bientôt, un terrible combat d'escrime s'engagea dans les airs, sous les yeux incompréhensifs et étonnés des spectateurs.

Ces derniers avaient d'ailleurs bien du mal à suivre tous les événements sur le terrain : entre le match principal, très vite devenu complètement bordélique, cette scène d'escrime complètement improbable et trois des quatre Attrapeurs, qui semblaient enfin s'être lancés à la poursuite de quelque chose, il y avait de quoi avoir du mal à savoir où donner de la tête en premier. Le match semblait globalement se dérouler en faveur des Particules Quantiques, bien qu'elles n'aient que dix points d'avance : tout reposait sur les épaules des Attrapeurs.

Soudain, d'un côté en bas des gradins, des exclamations stupéfaites se firent entendre : tous se tournèrent rapidement vers ce nouveau centre d'attention et eurent du mal à en croire leurs yeux. Ginny Weasley, la plus jeune des joueurs présents, poursuivait désespérément et de toutes ses forces une balle dorée de la taille d'un petit melon, bras tendu vers l'avant. Le faux Vif d'Or, bien que plus lent que l'original, demeurait très dur à saisir – surtout pour une deuxième année aussi peu expérimentée. Malgré la chance qu'elle avait eue en se tenant à sa proximité, il semblait assez improbable qu'elle parvienne à l'attraper.

De leur côté, les Poursuiveurs des Particules Quantiques délaissèrent complètement le Souafle et se précipitèrent vers la jeune fille dans l'objectif de l'aider au maximum. Les Attrapeurs adverses étaient loin pour le moment, mais commençaient à se rapprocher dangereusement, voyant que quelque chose de nouveau semblait s'être produit. Il fallait coûte que coûte aider la benjamine Weasley à s'emparer du Vif d'Or !

D'un accord tacite, les quatre Poursuiveurs se disposèrent en une formation approximative pour tenter d'emprisonner la petite balle entre eux. Le faux Vif était trop gros et balourd pour les éviter s'ils se trouvaient pile sur son chemin : c'est exactement ce qu'ils firent.

La balle dorée se stoppa d'abord net en tombant sur Hortense, qui écarta un bras comme pour l'empêcher de continuer. Elle dévia sa trajectoire en partant vers le haut… mais buta contre Zacharias, qui l'insulta copieusement. Comme désemparée, elle tenta d'aller à droite… mais une fois de plus, dut se confronter au corps d'un élève. Au moment où elle allait tenter de repartir par le bas, une petite main fusa et l'agrippa fermement par l'aile gauche : Ginny avait pu profiter de ce ralentissement pour atteindre le faux Vif d'Or, et poussait à présent un grand cri de victoire.

Le match s'arrêta donc sur cette note joyeuse et tous redescendirent vers le sol, la tête un peu tournante et les muscles des jambes en compote à force de serrer le manche du balai. Tous se ruèrent pour applaudir et féliciter Ginny, même les Esprits Frappeurs perdants – en particulier Dubois, surpris et très fier d'avoir découvert ce talent inattendu. Nikita aussi vint vers eux en courant, tout enflammé par le triomphe de son équipe, et commença à débiter haut et fort un discours partiellement incohérent sur la beauté d'une victoire collective, la stratégie guerrière médiévale et la physique quantique, qu'Adrian se fit un plaisir d'interrompre en lui administrant une grande tape dans le dos pour le calmer. Même Melwys prit la nouvelle avec beaucoup de fair-play, ayant eu l'occasion satisfaisante de faire une partie d'escrime avec son « ennemi juré » en plein durant un match de Quidditch – ce qui ne se produisait pas tous les jours, il fallait bien l'admettre.

La foule dans les gradins ne fut pas de reste en matière d'acclamations : tous étaient très heureux d'être venus et d'avoir pu assister à une partie aussi loufoque, et de nombreux nouveaux élèves se portaient soudain volontaires pour s'inscrire au « club de vol », si bien que Nikita, Dubois et Diggory durent décréter qu'il y aurait des alternances de groupes d'une séance à l'autre, pour qu'il y ait suffisamment de places pour tous. Le petit phénomène originel avait pris une ampleur bien plus importante que prévue initialement !