« Entrez ! »

D'un pas un peu timide, le visiteur tant attendu pénétra prudemment dans le bureau directorial – restauré après la guerre pour ressembler à celui qu'avait occupé Dumbledore pendant de longues années. Actuellement, trois sièges étaient occupés : celui de la directrice McGonagal, celui où était assise Hermione Granger-Weasley, directrice du Département de la Justice magique et celui d'un individu qui lui parut familier d'emblée et qui, d'après le dossier qu'on lui avait fourni, n'était nul autre que cet étudiant étranger qu'il avait pu croiser quelques fois à Poudlard lorsqu'il était en troisième année, Nikita Lebedev.

Le célèbre sorcier qui venait d'arriver fit signe au Russe de rester assis lorsque celui-ci fit mine de se lever respectueusement ; le professeur McGonagal créa aussitôt magiquement une chaise dotée d'un coussin de velours, pile entre les deux autres invités. Harry Potter, directeur du Bureau des Aurors – car ce n'était nul autre que lui qui venait de passer la porte – s'assit prestement et s'excusa en quelques mots de son retard. Personne ne semblait lui en vouloir, tous lui sourirent aimablement : après tout, il devait gérer trois gamins de sept, huit et onze ans respectivement.

« Bien, reprit McGonagal ce qui était visiblement le fil de la discussion, nous disions donc que le Conseil d'Administration de Poudlard, favorablement influencé par le parcours professionnel de monsieur Lebedev, a donné son accord pour une période d'essai de cours de Magie Noire Théorique dans mon établissement. Monsieur Lebedev sera sous la surveillance d'un Auror durant ses séances de cours et devra faire examiner sa baguette tous les trois jours par des employés du Département de la Justice, pour vérifier s'il ne s'en est pas servi à des fins illégales sur des élèves ou des collègues. »

À chaque fin de phrase, Nikita acquiesçait avec le sourire. Les hautes mesures de sécurité prises à son encontre ne semblaient pas l'impressionner outre mesure. Harry remarqua qu'il avait l'air anormalement maigre et fatigué, comme s'il était malade : méfiant, il l'examina de la tête aux pieds, sans toutefois noter quoi que ce soit de suspect – hormis cette étrange canne-bâton sur laquelle s'enroulait une plante vivante qui ondulait légèrement, à moins que ce ne fût qu'un effet de son imagination.

« Très bien, intervint Hermione, jetant de temps à autre un coup d'œil nerveux au Russe qui se tenait parfaitement calme et détendu. Pour être franche, cette idée ne m'enchante guère – mais il est cependant vrai que monsieur – ou devrais-je dire, au vu de son parcours, le professeur – Lebedev a avancé des arguments de poids en la faveur de sa cause…

« Hmm…, grommela Harry, plus à l'aise pour discuter avec son amie qu'avec son ex-professeur de Métamorphose. Pour ma part, je suis assez réticent : on sait tous ce que Voldemort est parvenu à faire en ayant seulement lu quelques ouvrages de la Réserve – alors consacrer des cours entiers à cette matière dangereuse et meurtrière ? Ce serait de la folie !

« Si je puis me permettre, commenta Lebedev de sa voix douce et conciliante, Voldemort est une exception… c'était un sorcier doté d'une très grande puissance, bien supérieure à la moyenne, mais malheureusement dépourvu de la moindre once de moralité... sans doute à cause du manque d'amour reçu durant son enfance, d'après ce que j'ai pu lire à son sujet.

« Merci, je sais : je l'ai combattu durant dix-sept ans ! le coupa sarcastiquement Harry.

« Bien sûr, bien sûr, je n'avais pas pour intention de vous manquer de respect, monsieur Potter ! s'excusa aussitôt le Russe en esquissant un geste pacifique. Je tenais simplement à faire remarquer que… Voldemort n'était pas un homme comme les autres…

« Ça non : c'était un monstre ! murmura Hermione en grimaçant.

« … et que par conséquent, on ne peut pas s'attendre à des résultats similaires de la part d'étudiants normaux, continua Nikita. De plus, le simple fait que la magie noire est prohibée lui confère une aura attractive auprès de certains adolescents rebelles : en faire une matière scolaire comme une autre, bourrer leurs crânes de principes théoriques complexes et leur montrer qu'en réalité, la parcelle illégale ne représente qu'une goutte dans un vaste océan bien plus passionnant et excitant à explorer pourrait permettre de canaliser leurs velléités criminelles et d'assouvir leur soif de savoir. Certes, il leur sera alors plus facile d'apprendre en autodidactes des sorts offensifs de magie noire que s'ils étaient de parfaits novices en la matière… mais qui vous dit qu'ils le feront, qu'ils s'en serviront ? Bien sûr, il y aura de futurs criminels parmi eux… mais cela est inévitable, il y en aura toujours. Et grâce à ces cours, d'autres personnes seront capables de comprendre leur magie et de la contrer au besoin…

« Pour ça, il y a la Défense Contre les Forces du Mal, argua Harry – pourtant un peu moins assuré que précédemment.

« Les sorts enseignés en cette matière sont malheureusement très insuffisants, le contredit Nikita. Cela est dû au fait que la source dont ils proviennent est bien moins puissante que le flux créé par la vie, puisé par les utilisateurs de magie noire. Bien sûr, ces sorts sont utiles face à des maléfices mineurs, des Créatures ou comme moyens préventifs – assommer son adversaire, le désarmer, lui faire pousser des furoncles sur le visage pour le distraire… mais face à une magie noire puissante comme une armée d'Inferi, une invocation démoniaque ou une malédiction ? Même les Aurors n'en savent que très peu à ces sujets, imaginez des civils ignorants confrontés par hasard à un mage noir mal intentionné ! Mais si la population sorcière anglaise recevait une solide formation, ne serait-ce que théorique, n'importe quel sorcier pourrait au moins savoir comment défaire l'œuvre d'un puissant criminel ! »

Harry remarqua Hermione froncer les sourcils, cherchant des contre-arguments. Elle finit par prendre la parole, un peu hésitante :

« D'accord, mais comment savoir quel effet contrebalancera l'autre, professeur Lebedev ? Je veux dire : vous affirmez qu'en connaissant les bases de la magie noire, les générations futures de sorciers sauront également mieux comment en combattre les utilisateurs maléfiques… Mais n'y aurait-il alors pas également davantage d'utilisateurs – ou en tous cas, de mages noirs correctement formés, donc d'autant plus puissants que les « autodidactes » comme vous les appelez – et donc l'effet bénéfique de la diffusion de ce savoir ne serait-il pas annulé, voire inférieur aux inconvénients ?

« Très bonne remarque, la soutint le professeur McGonagal – jusque-là arbitre de leur débat.

« Effectivement, sourit aimablement Nikita, voici un point qui est sujet à discussions. Pour tenter de mieux l'élucider, je propose qu'on s'intéresse aux statistiques des pays où la magie noire est enseignée à l'école. J'ai établi une liste non exhaustive – il est souvent difficile d'accéder aux programmes scolaires de certaines petites écoles de magie recluses, notamment celles en Chine et celles de certains pays africains qui tiennent à la discrétion de leurs traditions, bien qu'il soit très probable que la magie noire, du moins sous certaines de ses formes, y soit enseignée. Voilà »

En même temps qu'il parlait, il tira de l'intérieur de sa cape une liasse de documents tenant ensemble grâce à une cordelette noire en cuir de dragon. Presque avec avidité, Hermione se pencha sur eux lorsqu'il les lui tendit et entreprit de les lire à toute vitesse lorsqu'ils se retrouvèrent entre ses mains. Tous la regardèrent du coin de l'œil, amusés : face à l'incertitude d'un mystère, elle éprouvait le besoin viscéral d'assouvir sa curiosité et de combler immédiatement son manque de connaissances. C'était cette qualité qui avait fait d'elle une élève si brillante et qui l'avait par la suite propulsée si haut dans la hiérarchie.

Au bout d'environ une minute, la directrice du Département de la Justice magique releva les yeux et hocha pensivement la tête, réfléchissant à toute allure. Entretemps, la liasse de documents avait été transmise au professeur McGonagal, qui l'examina attentivement et la feuilleta pour voir de quoi il était question.

« Monsieur Lebedev a raison, conclut Hermione presque à contrecœur. Il ne semble pas y avoir de différences statistiques significatives en ce qui concerne la criminalité sorcière si on prend en compte la criminalité moldue – qui est une source d'influence non négligeable sur notre communauté – entre les pays qui enseignent et ceux qui interdisent toute forme de magie noire. Il semblerait même que dans certains pays enseignant la magie noire à l'école, cette criminalité soit légèrement moindre…

« Bien évidemment, ces résultats sont à prendre avec des pincettes, intervint Nikita, tout sourire. J'ai effectué cette étude seul avec relativement peu de moyens, elle mériterait une relecture de la part de spécialistes en la matière et d'autres séries d'études pour apporter une confirmation… malheureusement, peu de sorciers sont qualifiés en matière d'études statistiques, surtout en Europe de l'Est où tous les domaines liés de près ou de loin aux Moldus sont dénigrés…

« Bien, je prends en compte votre remarque et vous remercie de votre franchise, répliqua Hermione – un peu surprise. Euh… puis-je vous poser une question personnelle ?

« Si vous voulez.

« Je suis étonnée de voir qu'un mage noir russe tel que vous se soit autant intéressé aux Moldus. Je veux dire… c'est… assez atypique… »

Elle avait l'air un peu confuse à présent et triturait nerveusement une mèche de ses cheveux crépus. Nikita ne parut pourtant pas offensé le moins du monde.

« Oh… la manière méthodique et rationnelle qu'ont les Moldus d'appréhender le monde me plait beaucoup. Ce sont eux qui ont inventé l'approche scientifique, pas nous. Et ils en savent bien davantage que beaucoup de sorciers sur les lois élémentaires de la nature – bien qu'ils soient aveugles à toutes ses composantes magiques, mais comment le leur reprocher ? Rien que pour ça, on leur doit une fière chandelle. »

Harry se dit que soit Lebedev jouait incroyablement bien la comédie, soit il était sincère – ce qui serait encore plus surprenant. Quoi qu'il en fût, le « mage noir russe » avait confortablement croisé les jambes, attendant patiemment que quelqu'un reprenne le fil de la discussion d'origine.

Le directeur du Bureau des Aurors accéda à son souhait avec une pointe d'irritation dans la voix :

« À vous entendre, dit Harry d'un ton un peu bourru, prodiguer un enseignement en magie noire aux élèves serait bénéfique dans la lutte contre les mages noirs… l'argument me parait un peu contradictoire. Sans parler du fait que pour vous, visiblement, les Aurors ne sont qu'une bande d'ignorants incapables de se montrer réellement efficaces parce qu'ils n'ont pas passé des heures à étudier la théorie des différentes méthodes pour sacrifier des chatons à la gloire de Satan… »

Il se rendit compte lui-même que, derrière son sarcasme, il avait en réalité assez mal pris l'idée de Lebedev selon laquelle les Aurors n'en sauraient que « très peu » sur la magie noire, chose qui nuirait à la qualité de leur travail. De toutes évidences, Lebedev s'en aperçut immédiatement car il sembla soudainement un peu gêné tout en affichant un air vaguement désolé.

« Reconnaissez tout de même qu'avoir davantage d'expertise en matière de magie noire ne pourrait que rendre service aux membres de votre institution. Tenez, par exemple, l'un de vos plus précieux alliés face à Voldemort n'était nul autre que Severus Rogue, un sorcier qui s'est beaucoup intéressé à la magie noire. Je me suis un peu penché sur son cas lorsque le ministère anglais a décidé de divulguer les informations après la guerre : Rogue était un Occlumens et un Legilimens de très haut niveau. Et c'était par conséquent l'un des meilleurs duellistes de son temps : il me semble que vous-même, madame la directrice, malgré vos compétences plus qu'exceptionnelles, avez échoué lors de votre confrontation avec lui puisqu'il pouvait prévoir chacune de vos actions. Rien qu'une formation correcte en Occlumancie – qui, comme vous le savez sans doute, est une branche de la magie noire – serait grandement profitable aux futurs Aurors – sans même parler des bienfaits que leur prodiguerait une bonne maîtrise de la Legilimancie en matière de prévention des crimes ! »

Nikita disait vrai, Harry en avait conscience. Rogue, en son temps, était quasiment impossible à battre avec des techniques « conventionnelles » de duel magique : ce n'était pas tant sa puissance intrinsèque, que davantage sa capacité à prévoir les actions de l'adversaire et à le déstabiliser, qui avaient fait de lui un sorcier aussi redoutable au combat. Pourtant, il demeura campé sur ses positions, refusant toujours de donner raison à quelqu'un qui proposait d'enseigner la magie noire à des enfants innocents :

« Si on suit votre logique jusqu'au bout alors selon vous, en tant que maître Legilimens internationalement reconnu, vous pourriez facilement battre un Auror entrainé et expérimenté ? le nargua-t-il sur un ton de défi.

« C'est ce que je pense, oui, répliqua placidement le Russe sans ciller.

« D'avance je vous préviens : interdiction de vous castagner dans mon bureau », intervint le professeur McGonagal en fixant ses deux anciens élèves d'un œil sévère.

Nikita Lebedev éclata de rire, un air franc et bon enfant sur le visage. Harry, d'abord un peu surpris, finit par sourire également face au ridicule de la situation : qu'est-ce qui l'avait pris de quasiment provoquer cet homme en duel, rien que pour lui donner tort dans un débat ? Décidément, le fait de retourner à Poudlard le faisait à nouveau agir comme un gamin irresponsable ! Il remarqua aussi l'air exaspéré qu'avait pris Hermione et se sentit tout de suite un peu honteux.

« Bien, reprit la directrice de Poudlard, je pense que tout a été dit… Monsieur Lebedev, souhaiteriez-vous ajouter autre chose pour essayer de convaincre monsieur Potter de votre idée ?

« Au sujet des cours de magie noire ? Non, inutile, je pense que j'ai fait ce que j'ai pu… En revanche, je pense que monsieur Potter se demande actuellement ce que j'aurais bien pu faire si je m'étais retrouvé face à lui en duel. Il n'aurait pas lancé Expelliarmus – trop prévisible, même pour lui – mais m'aurait attaqué avec le maléfice Bloclang, qu'il pense être l'un des seuls à connaitre puisque ce sort a été inventé par un certain… Prince de Sang-Mêlé… oh, je vois, c'était le surnom de jeunesse de Severus Rogue ! Le livre se trouve caché dans la Salle Sur-Demande – tiens, je n'étais pas au courant de l'existence d'une telle salle, c'est très intéressant ! – derrière une cage à côté d'un placard… mais il n'existe plus à l'heure actuelle, l'intérieur de la Salle a brûlé il y a dix-sept ans…

« Co… comment ? s'exclama Harry en se levant de sa chaise et en reculant d'un pas, abasourdi – machinalement, il avait agrippé sa baguette, comme lorsqu'il se trouvait face à un danger. Personne ne peut être au courant…

« Il a lu dans tes pensées, souffla Hermione, demeurée calmement assise mais non moins impressionnée. Votre baguette… elle est incrustée dans votre canne, n'est-ce pas ? s'enquit-elle en désignant l'objet posé à côté de Lebedev. C'est comme ça que vous avez pu lancer Legilimens sans qu'on ne le voie ? »

Nikita se contenta de sourire.

« Un magicien garde toujours ses secrets ! fit-il d'un air insouciant et énigmatique. En tous cas, monsieur Potter, vous n'avez pas l'air de porter l'Occlumancie dans votre cœur… si vous voulez, je peux vous aider à apprendre à mieux maitriser votre esprit ? Je serais certainement un professeur plus pédagogue que Rogue...

« Non merci, rétorqua sèchement l'intéressé. Sortez de ma tête, maintenant !

« Comme il vous plaira », haussa Nikita les épaules.

Il effleura délicatement sa canne puis dévisagea tour à tour les trois autres personnes dans la pièce d'un air presque candide. Harry, un peu rassuré, se rassit à sa place. Cet étrange personnage n'avait pas menti en affirmant être capable de déstabiliser un Auror expérimenté…

« Bon, reprit le professeur McGonagal, sur ces entrefaites-là… je propose que nous nous arrêtions ici pour aujourd'hui. Nous nous reverrons sans doute d'ici moins d'une semaine, vous me donnerez alors votre avis définitif sur la proposition de monsieur Lebedev qui sera alors soit acceptée, soit refusée. Réfléchissez-y bien et agissez selon ce que vous dictent votre raison et votre cœur…Bien, à présent, si vous voulez bien m'excuser… »

Tous se levèrent en même temps – à l'exception de Nikita, qui peinait visiblement à se mettre debout, même en s'appuyant sur sa canne. Harry en déduisit que sa première impression avait été la bonne : le Russe était bel et bien malade. Un peu inquiète, Hermione s'en était approchée, voyant qu'il avait brusquement pâli comme s'il était à deux doigts de faire un malaise. Il la rassura cependant d'un frêle sourire accompagné d'un hochement de la tête et parvint à se redresser en reportant tout son poids sur sa canne, le front moite, soufflant le plus discrètement possible pour ne pas alarmer les personnes autour.

« Je vous souhaite une bonne journée, dit solennellement McGonagal – tout en gardant un œil préoccupé sur son invité russe.

« Merci, vous aussi », répondit Nikita le premier d'une voix plus faible que d'habitude.

Il devait sans doute déployer de gros efforts pour s'empêcher de trembler.

« Merci, professeur McGonagal, renchérit Hermione. Ce fut un plaisir ! Harry ?...

« Hmm… Merci, professeur », marmonna l'interpellé tout en lorgnant suspicieusement Lebedev.

Sa maladie… sachant qu'il était un mage noir, cela pouvait signifier beaucoup… Plus de soixante ans auparavant, lorsqu'il était venu faire une demande semblable au professeur Dumbledore, Jedusor avait également eu l'air malade – Harry s'en souvenait pour l'avoir vu dans la Pensine. Lebedev aurait-il créé des Horcruxes ?... Se préparait-il à faire un sanglant coup d'état ?

L'homme ne sembla pas lui prêter la moindre attention, visiblement trop focalisé sur les pas chancelants qu'il effectuait prudemment grâce à l'appui solide de sa canne. Hermione était sortie du bureau de la directrice en première, Harry comptait passer par la porte en dernier pour surveiller le mage noir qui avançait lentement, laborieusement. Sous sa longue cape sombre, on ne voyait pas grand-chose, mais l'Auror se doutait que ses jambes tremblaient de manière incontrôlable. Il songea que cet homme n'avait pas à se chercher un nouveau métier mais devrait plutôt aller se faire examiner par un Guérisseur…

Ils atteignirent la porte, où ils serrèrent tous les trois la main du professeur McGonagal, qui la ferma derrière eux. La cheminée officielle qui devait les ramener à Londres se trouvait dans la Grande Salle, deux étages plus bas.

Ils descendirent un par un les escaliers en colimaçon gardés par la gargouille, sans prononcer un mot. Harry brûlait d'envie de faire part de ses inquiétudes à Hermione dès qu'ils se retrouveraient seuls, mais tant que Lebedev était avec eux, il se contenta de serrer les lèvres.

Ce fut dans le couloir du deuxième étage que l'accident se produisit. L'école, vide à cette époque de l'année – c'étaient les vacances d'été – avait éveillé la nostalgie des trois adultes, marchant silencieusement côte à côte – Harry et Hermione devant, Nikita un peu en retrait, se trainant avec une difficulté évidente. Les deux anciens Gryffondors admiraient le paysage visible par les larges fenêtres donnant sur la Cour Intérieure : cela suscitait tant de souvenirs heureux ! Harry se remémora lorsque, la première fois, alors qu'il était en deuxième année, le professeur McGonagal l'avait amené au bureau de Dumbledore, croyant qu'il était impliqué dans l'affaire des pétrifications d'élèves Nés-Moldus – il s'était plus tard avéré qu'en réalité, un énorme Basilic caché sous le château depuis plus de mille ans avait fait le coup. Beaucoup d'émotions – certaines plus joyeuses que d'autres – le liaient à ce vieil établissement…

Soudain, Hermione et lui entendirent un bruit sourd juste derrière eux. Par réflexe, Harry brandit sa baguette, s'attendant inconsciemment à une attaque sournoise de la part du « mage noir » qui les accompagnait – mais l'abaissa dès qu'il eut posé les yeux sur le sol.

Nikita Lebedev s'était évanoui.