« …sieur Lebedev ? Monsieur Lebedev ? Vous m'entendez ? Il devrait se réveiller, je lui ai injecté une potion… Ah, c'est bon, il ouvre les yeux ! Monsieur Lebedev ! Ne vous inquiétez pas, vous vous trouvez actuellement à l'hôpital Ste Mangouste pour les maladies et blessures magiques ! Madame Granger-Weasley et monsieur Potter vous ont amené ici peu après votre malaise. Est-ce que vous pouvez parler ? »
Nikita embrassa du regard le plafond immaculé de la pièce, puis posa son regard sur son interlocutrice, une jeune infirmière aux jolies boucles brunes et à la voix mélodieuse, avant de jeter un coup d'œil sur les côtés, où il aperçut des lits d'hôpital alignés dont la moitié environ était occupée.
Il se trouvait aux urgences. S'il avait fait un malaise – ce qui était possible, ses souvenirs s'étaient quelque peu brouillés après sa sortie du bureau de la directrice – c'était parfaitement logique : l'infirmerie de Poudlard était vide à l'heure actuelle puisque c'étaient les vacances. Le centre de soins sorcier le plus proche était Ste Mangouste.
Soudain, une deuxième personne pénétra dans son champ de vision, un visage familier cette fois-ci : Harry Potter le dévisageait, sourcils froncés, l'air préoccupé.
« Hermione a dû partir, elle a beaucoup de travail, expliqua-t-il d'un air neutre. Vous vous sentez mieux ? Un Guérisseur devrait bientôt arriver pour vous examiner. »
Nikita fit la moue et croassa d'une voix rauque :
« Pas besoin. Je vais mieux. Laissez-moi partir maintenant, je vous prie… où est-ce que je dois aller payer ?
« Non, non, non, vous n'allez nulle part ! s'écria l'infirmière de sa petite voix effarée tout en l'attrapant par le bras pour l'empêcher de s'enfuir.
« Je ne suis pas Guérisseur mais j'ai aussi comme l'impression que vous ne devriez pas quitter le lit, intervint Harry en haussant le sourcil. Vous avez l'air plus mort que vif…
« C'est… mon teint naturel, ça fait partie de mon charme, rétorqua Nikita du tac au tac. À moins que… vous ne craigniez que je sois un zombie ou un vampire ?
« Maintenant que vous le dites…
« Allez-vous enfin vous rallonger, s'il vous plait, monsieur Lebedev ? pépiait entretemps la jeune infirmière au bord de la crise de larmes. Je vous préviens, obéissez ou je vous injecte une puissante potion de sommeil !
« Obéissez-lui, ou je vous stupéfixe », le menaça le directeur du Bureau des Aurors à son tour.
Lebedev se laissa retomber sur son coussin en poussant un long soupir.
« Très bien, laissez-moi me faire examiner… mais je tiens à ce que mon Guérisseur soit tenu au secret médical et ne divulgue rien aux employés du Ministère, se tourna-t-il vers l'infirmière qui acquiesçait vivement, soulagée de le voir se tenir tranquille.
« Pas si vite, le coupa Harry. Vous êtes potentiellement un nouveau professeur à Poudlard, autrement dit un fonctionnaire. Votre état de santé devra être renseigné auprès de vos supérieurs. Et si jamais votre – prétendue, jusqu'à preuve du contraire – maladie cache quelque chose d'illégal…
« … ce sera alors de votre ressort, oui, je sais, geignit l'homme alité de force. Rassurez-vous, monsieur Potter : Minerva McGonagal sera dûment informée du nécessaire dès que ma situation professionnelle sera clarifiée. De toutes manières, je sais déjà de quoi il en retourne » marmonna-t-il sa dernière phrase en aparté.
Harry, qui l'avait entendu, l'examina avec attention. Le Russe semblait assez calme à présent, les traits de son visage étaient détendus. Ses yeux pâles étaient perdus quelque part dans le vague. Depuis son malaise, ses joues avaient repris quelques couleurs.
« Où est ma canne ? » demanda-t-il soudain.
L'Auror s'attendait à cette question.
« Il existe des lois de restriction sur les baguettes magiques en Grande-Bretagne. Votre baguette officielle a bien été enregistrée à l'Ambassade, mais pas celle contenue dans votre canne. Je l'ai apportée au service des Objets Magiques pour qu'on l'examine. »
Il se pencha un peu vers Lebedev, qui ne cillait pas :
« Arriver avec une baguette illégale sur le territoire… ce n'est pas un très bon début pour quelqu'un qui veut prouver son innocence, je me trompe ?
« Du tout au tout ! sourit Nikita. Il n'y a pas de baguette dans ma canne !
« Pourtant, Hermione a dit que…
« Madame Granger-Weasley a fait erreur, comme vous. Ma canne est magique, certes, mais n'a rien d'illégal – j'ai vérifié avant de poser le pied en Angleterre. Et il se trouve que j'en ai actuellement besoin, alors si vous vouliez bien me la rendre, ça m'arrangerait… »
Le directeur du Bureau des Aurors avait froncé les sourcils une deuxième fois et tentait à présent de voir dans son regard s'il mentait – sans succès. Quelque part, il ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une pointe d'admiration pour cet homme qui avait peut-être réussi à berner Hermione, la personne la plus intelligente qu'il connaisse.
Pourtant, un point obscur subsistait…
« Pourquoi avoir besoin de cette canne si vous êtes allongé dans un lit ? questionna-t-il.
« Comme je viens de le dire, elle est magique. Elle m'aide à supporter la…aaaAArgh !... »
Subitement, Lebedev s'était plié en deux de douleur. L'infirmière – qui s'était un peu éloignée durant la conversation pour s'occuper d'un autre patient – fut près de lui en un bond, paniquée.
« Je ne comprends pas, bredouillait-elle, il avait l'air d'aller mieux…
« Appelez un Guérisseur », la pressa Harry en prenant le pouls du malade sur son poignet – comme on le lui avait appris durant les cours de premiers soins à administrer à une victime.
L'infirmière hocha la tête et partit en courant. Le rythme cardiaque de Lebedev baissait rapidement, de même que sa tension. Il avait l'air d'être soumis au sortilège Doloris – mais cela paraissait bien être une maladie réelle, Harry n'en doutait plus. Du regard, il balaya la pièce, à la recherche d'une potion anti-douleur à portée de main ; en vain, les étiquettes des flacons étaient trop petites. Marmonnant un « ça va aller » au souffrant, il se précipita vers la table basse où quelques fioles étaient alignées et le fouilla désespérément des yeux, avant de se raviser et de reprendre son sang-froid : un Guérisseur n'allait pas tarder à arriver, il n'était pas sur un champ de bataille mais dans un hôpital. Il se fustigea même mentalement de cette manie qu'il avait à vouloir systématiquement sauver les gens qu'il croisait…
Un Guérisseur arriva enfin au trot, sa longue robe verte flottant derrière lui. Il examina brièvement le patient – toujours en pleine « crise » – et le transporta d'un coup de baguette. En une seconde, Lebedev se retrouva ailleurs, sans doute dans une pièce voisine, isolé des autres patients.
Harry alla s'enquérir de l'endroit où se trouvait l'homme qu'il surveillait. À l'accueil, on lui indiqua la pièce et l'étage, et il en remercia les employés. Il n'avait sans doute plus rien à faire ici, Lebedev n'était probablement pas en état de discuter. Un peu contrarié mais néanmoins songeur, intrigué par ce qu'il venait d'apprendre, l'Auror s'en alla de l'hôpital pour rejoindre le Ministère en transplanant.
OooO
« Le voilà… quatrième étage, chambre 144, dit l'employé de l'hôpital d'une voix douce.
« Merci, répliqua Minerva McGonagal.
« Vous pouvez nous laisser, ordonna Hermione, visiblement nerveuse.
« C'est vrai ce qu'on raconte ? s'enquit Caius Thickey, membre délégué du Conseil d'Administration de Poudlard, qui les avait accompagnés. Qu'il aurait été mordu par une Veracrasse géante qui l'aurait infecté ? Et qu'il serait actuellement en train de se transformer lui-même en Veracrasse géante ?
« Qu'est-ce que… bien sûr que non ! s'exclama Hermione – qui avait été sur le point d'ouvrir la porte de la chambre. D'où sortent ces histoires ?!
« Les Veracrasses, ça n'a même pas de dents », fit remarquer Harry à mi-voix.
Cette réaction catégoriquement sceptique désarçonna le petit bureaucrate replet, qui ouvrit la bouche avant de la refermer aussitôt sans rien ajouter. Déjà exaspérée par son attitude de colporteur de ragots, la directrice du Département de la Justice magique fit néanmoins signe aux trois personnes derrière elle de la suivre lorsqu'elle eut ouvert la porte.
La pièce était assez petite mais confortable, avec les incontournables murs blancs d'hôpital et une petite fenêtre donnant sur l'extérieur. Le lit contenant le malade était au centre, sous la fenêtre, à côté d'une table de chevet où n'était posée que sa baguette. Le malade en question sembla d'emblée ravi de les voir arriver et se redressa un peu sur ses coussins pour mieux les observer.
Deux journées s'étaient écoulées depuis son hospitalisation d'urgence. Nikita semblait aller un peu mieux – ses cernes étaient moins profondes et ses pommettes plus colorées – mais paraissait toujours gravement malade. D'après l'infirmier qu'ils avaient croisé, il ne pouvait plus marcher – ce pourquoi ils avaient dû se déplacer pour venir le voir. Malgré l'énergie qui se dégageait constamment de son regard, il était évident qu'il s'était considérablement affaibli en peu de temps.
« Bonjour, mesdames, messieurs ! salua-t-il d'une voix plus basse et un peu plus pâteuse que d'habitude. Que me vaut cet immense privilège ?
« Bonjour, professeur Lebedev, répliqua poliment Hermione. Après ce qui s'est produit avant-hier, nous nous sommes tous naturellement inquiétés… Votre Guérisseur est-il dans les parages ?
« Aucune idée ! Merci de votre sollicitude, ça me touche. »
Tandis que le Russe leur adressait un sourire éclatant – en total contraste avec son piteux état – Hermione lançait un regard menaçant à Caius Thickey qui, visiblement déçu de ne pas avoir aperçu de Veracrasse géante après avoir passé le seuil de la porte, se préparait manifestement à poser la question au malade. L'expression de la directrice du bureau de la Justice convainquit néanmoins le bureaucrate à demeurer silencieux.
« Au fait, intervint Harry en s'avançant vers le lit, tenez, voici votre canne… Je l'ai faite examiner par le service des Objets Magiques, puis le professeur McGonagal m'a répété ce que vous lui aviez dit à son sujet… j'estime que cela ne présente aucun risque, et si ça peut réellement vous aider à aller mieux…
« Merci, infiniment merci ! »
Le Russe s'était jeté avec avidité sur l'objet que l'Auror lui avait tendu et le serrait à présent presque amoureusement contre sa poitrine étroite. Étonnés, ses visiteurs le regardèrent sans dire un mot.
Très vite, une liane de chèvrefeuille se dressa et ondula un instant dans le vide avant de s'enrouler comme un serpent autour du cou de son propriétaire. Harry fit un pas en avant, prêt à intervenir en cas de danger, mais la directrice de Poudlard le stoppa d'un geste : la plante n'était pas en train d'étrangler le Russe, elle avait seulement l'air… de vouloir lui venir en aide. Une étrange lueur verdâtre commença à filtrer à travers les feuilles collées à la peau de Lebedev, et ce dernier soupira d'aise.
Enfin, les rameaux reprirent leur place initiale sur la branche de noyer et le sorcier la posa précautionneusement sur la table basse, à côté de sa baguette.
« Qu'est-ce que… qu'est-ce que vous venez de faire, au juste ? s'enquit Caius Thickey.
« C'est de la magie noire, vous ne comprendriez pas, répliqua joyeusement Nikita.
« Qu'est-ce que vous nous cachez, monsieur Lebedev ? tonna sévèrement McGonagal. Inutile de nous mentir, de toutes manières on finira tous bientôt par l'apprendre…
« Vous n'avez donc pas d'autres chats à fouetter ? s'irrita soudain le Russe. Vous êtes tous là, à me rendre visite… Vous avez certainement du travail important. Laissez-moi. Et si ça peut vous faire plaisir, j'abandonne ma candidature de professeur de magie noire ! »
L'annonce était si brutale qu'elle laissa tout le monde interloqué.
Soudain, un nouvel arrivant perturba le silence qui s'était instauré quelques instants plus tôt. C'était le Guérisseur de Nikita – un grand jeune homme mince à l'air austère, doté d'une petite barbichette noire et d'un nez retroussé. Il dévisagea tout le monde de ses yeux noirs et froids.
« Qu'est-ce que vous faites tous ici ? demanda-t-il sèchement.
« On est sa visite, expliqua Hermione. On nous a annoncés à l'accueil. Je travaille au ministère, ainsi qu'Harry Potter ici présent… et voici la directrice, Minerva McGonagal… »
À l'évocation du nom du Survivant, le Guérisseur avait écarquillé les yeux et entrouvert la bouche de stupeur ; habitué à ce type de réaction, Harry lui tendit simplement la main, que l'autre serra machinalement, soudain pâle.
« D'a… d'accord, bégaya-t-il lorsqu'il eut repris ses esprits. En… enchanté, monsieur Potter… Par Merlin, si j'avais su…
« Dites, fit soudain Harry qui venait d'avoir une idée. Vous pourriez certainement beaucoup nous aider en nous disant de quoi souffre cet homme », désigna-t-il Lebedev sur son lit.
Le Guérisseur, encore tout embrouillé, hocha la tête avec ferveur.
« Oh oui, bien sûr !... Monsieur Nikita Lebedev est un cas médical très intéressant, il souffre d'une maladie très rare, la Moldulite – aussi appelée syndrome de Combustion Magique Interne – qui se traduit par une détérioration plus ou moins rapide de ses organes par les flux magiques entrants et sortants de son corps. C'est un peu comme s'il avait le corps d'un Moldu et l'âme d'un sorcier : l'un détruit l'autre à petit feu. C'est… »
Il eut soudain l'air de se rendre compte de ce qu'il venait de faire et mit sa main devant sa bouche, le visage tout rouge. D'un air désolé et plein de supplication, il regarda Nikita, visiblement agacé.
« Oh… pardon… je ne voulais pas… c'est ma première année de service et je n'ai presque pas dormi la nuit dernière, ça doit être ça qui… C'est juste que c'est la première fois que je vois un cas de Moldulite à un stade aussi avancé – je ne pensais même pas que les victimes de cette maladie pouvaient survivre au-delà de vingt ans ! Je n'ai pas pu en discuter avec les collègues puisque vous m'aviez interdit d'en parler, je suis vraiment désolé, il fallait que ça sorte…
« Ça ne fait rien Wilson, ils auraient bien fini par le savoir de toutes manières, le rassura Lebedev en faisant disparaitre sa colère.
« Je… je crois que je devrais partir à présent… merci, à tout à l'heure… »
La porte se referma vivement derrière lui. À présent, tous regardaient Nikita avec des yeux ronds.
Il détourna le regard d'un air dégouté.
« C'est pour ça que je voulais postuler à Poudlard, expliqua-t-il. Durant la dernière année de ma vie, je voulais me rendre utile en transmettant ce que je savais… mais peu importe maintenant. Je pensais que j'aurais assez de temps lorsque j'ai quitté la Russie, mais… d'après Wilson, il ne me reste que trois mois, peut-être moins… la maladie a commencé à attaquer mes poumons. »
Il avait dû s'interrompre car sa gorge s'était nouée. Il refusait toujours de croiser le regard des autres personnes présentes dans la pièce. Tous étaient en état de choc face au poids des révélations.
Caius fut le premier à reprendre contenance :
« Bon… eh bien, puisque votre candidature est annulée, monsieur Lebedev, je crois que je n'ai plus rien à faire ici… je vous souhaite bon courage et… sincèrement navré pour votre maladie… »
De sa main moite, il lui serra la main tout en fuyant son regard et se glissa précipitamment hors de la pièce après avoir bafouillé un « au revoir » qui s'apparentait davantage à un « adieu ».
Les quatre sorciers restés seuls dans la pièce se sentirent tous pris d'une gêne affreuse. Harry, prenant son courage à deux mains, se résolut enfin à dire :
« Je… je suis vraiment désolé pour… pour ça, j'ignorais…
« Arrêtez de vous excuser monsieur Potter, ça ne fait rien. J'aurais certainement agi d'une manière similaire à votre place. »
Impossible de déterminer si le maitre Occlumens mentait ou non ; en tous cas, cela brisa la glace.
« Je vous prie d'accepter nos plus plates excuses, déclara Hermione en inclinant humblement la tête. Nous n'avions aucune idée de… enfin, de votre… situation… »
Elle se perdit elle-même dans son discours sous le regard implacable et un peu cruel du malade, qui, faute de meilleure distraction, se délectait à présent froidement du malaise instauré.
« Nikita, parla McGonagal en dernière d'une voix vibrante. Vous êtes venu ici avec un noble but, mais… vous voilà éloigné de votre famille, de vos proches… dans l'état où vous êtes, impossible de vous transporter par Portoloin ou par Poudre de Cheminette. Désirez-vous qu'on contacte quelqu'un en Russie ?...
« Non, non, surtout pas ! s'écria le malade d'une voix rauque.
« Pourquoi ?
« Je… je ne veux pas que mes amis sachent… pour eux, j'ai simplement disparu à l'étranger. Cela vaut mieux pour tout le monde.
« Et pour votre famille ?
« Ma tante paternelle Suzy est morte il y a six ans, Adélaïde – ma deuxième tante – ne supporterait pas une autre perte… Elle est très âgée et a pratiquement perdu la notion du temps, mais elle a accumulé une grande fortune grâce à son commerce, on s'occupe bien d'elle. »
Il déglutit, hésitant à continuer.
« Je… j'ai créé une Illusion de moi-même dans sa maison, se résolut-il enfin à avouer. Elle me voit tous les jours, pense que je suis avec elle, à ses côtés. L'Illusion continuera à tourner longtemps après ma mort – jusqu'à la sienne pour être précis, je l'ai programmée pour ça. Ma tante est heureuse ainsi. Il ne faut surtout rien lui dire. »
McGonagal le regardait d'un air plein de compassion. Hermione, choquée, avait ramené ses mains contre son visage. Ce fut elle qui demanda :
« Et… et vos parents ?...
« Inutile, répliqua-t-il d'un ton sans appel. Ils sont morts – dans mon cœur du moins. Je n'ai aucune idée de l'endroit où ils se trouvent et c'est tant mieux. »
Harry hocha sombrement la tête.
« Il n'y a donc personne qui on pourrait prévenir…
« Personne. Vous devriez me laisser à présent. Je n'ai aucune envie de vous accabler avec mes problèmes alors qu'on ne se connait pratiquement pas sur le plan personnel… »
Son regard triste disait pourtant autre chose que ses mots. Il se sentait seul, misérable, abandonné, les trois sorciers le virent tout de suite.
Le professeur McGonagal s'avança résolument vers son lit, animée d'une énergie nouvelle, et abattit son poing sur le matelas :
« Il y a certainement quelque chose à faire ! affirma-t-elle d'une voix ferme. On va faire venir les meilleurs Médicomages du pays, ils vont certainement trouver une solution ! »
Elle se pencha un peu vers lui, ses yeux gris-verts luisants de détermination.
« Vous aurez votre poste de professeur, je vous le garantis ! »
Nikita se contenta de ricaner tout en secouant la tête.
« J'ai déjà tout essayé, croyez-moi. J'ai passé toutes ces années à étudier la magie et tous ses liens avec la vie, je n'ai rien trouvé… il n'y a rien… aucune solution… à moins que je ne change de corps, cette maladie est incurable. Je ne peux pas modifier aussi radicalement mon organisme. »
La directrice soupira tout en baissant le regard. Elle savait qu'il n'avait aucune raison de mentir. Masquant à peine sa profonde pitié, Hermione Granger-Weasley s'avança à son tour et dit à voix basse :
« Y a-t-il quelque chose que nous puissions faire pour vous, professeur Lebedev ? »
Il se plongea brièvement dans ses pensées.
« Oui, annonça-t-il enfin. Je déteste les hôpitaux. Est-ce que… est-ce que vous pourriez convaincre les Guérisseurs de me laisser partir… oh, je ne compte pas voyager loin, seulement rejoindre ma chambre au Chaudron Baveur. »
Il eut un sourire un peu gêné.
« Je ne supporte plus ces murs », désigna-t-il d'un geste la pièce dans laquelle il se trouvait.
Hermione et Harry se regardèrent, tandis que Minerva McGonagal fixait le paysage londonien à travers la fenêtre – pour les Moldus, l'hôpital apparaissait comme une vieille bâtisse laissée à l'abandon. Au bout de quelques secondes, Harry marmonna :
« On… on va essayer.
« Harry ! le reprit Hermione, paniquée. Il… il est malade, ils vont sans doute vouloir le garder en observation…
« J'ai assez d'argent pour me payer un Guérisseur à domicile, intervint Nikita. Je désire seulement quitter cet endroit, mais on me l'a refusé, ils croient certainement que j'ai l'esprit perturbé – c'est souvent le cas des mourants apparemment. Merci monsieur Potter… si vous réussissez à les persuader…
« Je vais parler à l'administration. Ils ne peuvent pas refuser quelque chose à un fonctionnaire haut placé du Ministère. Et si Hermione veut bien m'aider… »
La femme pinça les lèvres mais acquiesça. Elle n'avait aucune raison de dire non.
« On a beau de pas beaucoup se connaitre, je repasserai néanmoins vous voir, Nikita, l'assura soudain le professeur McGonagal. Navrée de ne pas avoir pu vous avoir comme collègue… »
Sans ajouter un mot de plus, la vieille dame sévère sortit à grandes enjambées.
