Maudits:

Pourtant, moi aussi je suis un humain!

Winry poussa un léger cri de terreur. Elle en avait vu des choses troublantes. Comme le jour où Alphonse, piégé dans une armure, avait amené son frère, le corps couvert de sang et amputé d'un bras et d'une jambe, chez elle. Mais ça, jamais elle n'avait vu une chose pareille. Elle était habituée à voir des alchimistes faire, dire, et écrire des choses farfelues, mais un humain qui se volatilise, laissant place à une espèce de souris, cela dépassait toutes ses croyances.

Alphonse ne bougeait pas. Il ne montrait aucun signe de stupéfaction, d'inquiétude ou autre. Il restait là, à contempler cet animal, qui était un humain quelques minutes auparavant.

Edward gardait ses bras le long de son corps, les yeux écarquillés, sa pupille fixant intensément la petite forme grise, qui elle non plus ne cillait pas.

Tohru, qui commençait à trouver la pression que les autres personnes présentes exerçaient devenait trop lourde à supporter, joignit ses mains et émit un toussotement exagéré, espérant ramené les autres à la réalité.

Edward se baissa vers l'animal, toujours en les fixant droit dans les yeux.

« Qui es tu? »

Yuki détourna le regard, hésitant. Mais, maintenant qu'il avait montré sa vraie nature à une personne dont il ne connaissait ni passent ni présent, il devait continuer.

« Dans la famille Soma, nous sommes maudits depuis plusieurs siècles. Nous sommes maudits par les douze animaux du zodiaque chinois, plus un. »

Il laissa le temps à son assistance de digérer ses paroles.

« Comme vous pouvez le voir, je suis maudit par l'esprit du rat. Il y a donc douze autres personnes de maudites: le chien, le sanglier, le cheval, le bœuf, le coq, le singe, le dragon, le serpent, le lapin, le tigre, le mouton et…le chat. Mais lui il ne fait pas vraiment parti des douze. »

« Pourquoi ça? » questionna Winry, incrédule.

Tohru, qui avait laissé Yuki faire son discours, prit la parole.

« Et bien, il y a longtemps un Dieu dit aux animaux, qu'il organisait une fête le lendemain. Il ne fallait surtout pas être en retard. En entendant cela, le rat, sournois, alla chez le chat, et lui dit qu'une fête avait bien lieu, mais le surlendemain.

Le lendemain, tous les animaux, hormis le chat, se rendirent à la fête. La souris arriva la première, sur le dos du bœuf. Depuis, le chat et la souris se haïssent mutuellement. »

Un ange passa.

Yuki regarda Tohru, comme pour vérifier si elle avait bien finit, et poursuivit son récit.

« Voilà pourquoi le chat ne fait pas vraiment parti des douze…Mais ceci n'est qu'une légende. Pourtant, nous nous référons tous, à cette légende » murmura Yuki, fixant ses petites pattes crochues.

« Comment vous transformez vous? » questionna Edward.

« Je ne saurais pas te dire la nature de la malédiction. Mais lorsqu'une personne de sexe opposé se jette sur nous, nous nous transformons.

Nous pouvons aussi communiquer avec les animaux de même nature que nous. Nous avons une constitution fragile, et nous tombons souvent malades »

Edward regarda une dernière fois la petite souris. Il se releva et dit simplement:

« Je ne crois pas à cette histoire

« Eh Oh! Je suis une souris! Tu as vu un humain qui se transforme en souris! Tu as besoin d'autres preuves? » vociféra Yuki.

Edward passa une main dans ses cheveux.

« Bon…Je dois dire que j'ai bien une preuve devant les yeux mais… »

'Pouf'

Un nuage blanc refit surface, cachant un Yuki, nu, ramassant en vitesse ses vêtements.

Quelques instants plus tard, Yuki revint, fraîchement habillé, les joues légèrement colorées.

« Euh…Je dois dire que notre temps de transformation est assez aléatoire »

Edward regarda Yuki comme s'il ne l'avait pas vu depuis longtemps. Il remit sa veste d'un geste banal et déclara:

« J'ai peut-être la solution à votre problème »


Mon printemps…est de retour…

Il faisait frais ce jour-là. Hatori aimait ce temps là. Un grand ciel nuageux, avec une température à vous geler les entrailles.

Il marchait calmement dans la rue. Il réfléchissait à ce qu'il avait vécu, il pensait à Elle. Son printemps, qui avait réchauffé son éternel hiver. Elle avait dégelé son cœur.

« Kana… » Laissa t'il s'échapper en un souffle.

Il se maudit d'avoir prononcé son nom. Il devait l'oublier, jamais il ne devait penser à elle. Même si elle avait sauver son cœur du trou noir. Pourrait il un jour, trouver un nouveau printemps? Aurait il le droit de voir à nouveau le soleil briller dans son cœur? Pourrait il vivre…dans l'amour?

Il secoua la tête comme pour se contredire. Il n'y aura pas d'autres 'Kana'. Plus jamais.

« Hatooooriiii! »

Oh…Non…Cette voix…Cela ne peut être que…

« Qu'est ce que tu fiches ici Ayamé?

« Et bien! Tu as passé la journée à marcher et à errer sans but! On s'inquiète nous!

« …Qui ça 'nous'?

« Mon chien et moi! » répondit Ayamé, désignant la petite bête noire du doigt.

Hatori regarda l'homme en face de lui droit dans les lieux.

« Bon…à qui as tu volé ce chien?

« Oh! Mais il a suivit Shiguré! Techniquement, c'est lui qui l'a volé!

« Recherche son propriétaire…

« Impossible! Mon très cher frère est en danger! Il a disparu depuis ce matin! Je suis sûr et certain qu'il est en train de se faire violer dans une ruelle sombre!

« …En gros tu es en train de me dire de m'occuper de ce chien?

« Exactement! » Conclue Ayamé, secouant ses cheveux blancs, noués en une longue tresse.

Il partit en sautillant, laissant un Hatori incrédule et un chien tout aussi perplexe.

Au moins je ne suis plus tout seul.

Il partit avec son nouveau compagnon vers un parc. Les chiens aiment bien les parcs. C'est aussi le lieu de rendez-vous de tous les maîtres et leurs chiens. Il trouverait bien celui de ce chien.

Grand nombre de personnes aurait jugé ce parc comme chaleureux et accueillants.

Mais pour Hatori, c'était une véritable torture. Tous ces gens. Tous ces enfants. Toutes ces familles. Tous ces couples. Ça le rendait malade. Car il savait que plus jamais il ne se baladerait en couple avec une femme, il n'aurait jamais d'enfants, et il ne fondera jamais de famille.

Il poussa un long soupir de résignation. Ce n'était pas la peine de se torturer l'esprit ainsi.

« Eh! Monsieur! »

Hatori, ne se doutant pas que c'était lui que l'on hélait, continuait sa route vers la dépression nerveuse.

« Monsieur! »

Cette fois, Hatori se retourna, et vit une jeune femme, blonde, les cheveux flottants dans le vent.

Le chien se mit à japper joyeusement.

Ah! Elle doit être sa maîtresse!

Le chien se jeta dans les bras de la jeune femme, lui léchant le visage.

« Moi aussi je suis contente de te revoir Hayate! » rit elle.

Son rire était pur, et plein de vie. Hatori se sentit submergé par tout un tas de sensations, déjà connues auparavant.

« Je savais bien que si je venais ici, je retrouverais bien son maître » sourit il.

La jeune femme posa son chien et se présenta.

« Bonjour, je m'appelle Riza Hawkeye, merci d'avoir retrouvé mon chien.

« Je suis Hatori Soma, et je n'ai aucun mérite, c'est un…'ami' qui a retrouvé votre chien »

Riza regarda le 'sauveur' de son chien plus attentivement. De dos et avec ce manteau noir, elle avait faillit le prendre pour Mustang. Cela dit en passant, cet 'Hatori' était tout aussi séduisant que Mustang. Riza se prit à rougir.

Hatori, humait le parfum de la jeune femme. Un parfum de fraîcheur. Pas l'un de ses parfums bien trop lourd et malodorants. Il aimait son odeur. Poussé par tous les sentiments qu'il retrouvait peu à peu, il se prit à dire une phrase qu'il n'aurait jamais dû dire.

« Vous voulez prendre un verre? »

Elle accepta. C'était la moindre des choses, il avait retrouvé Black Hayate.

J'apprécie cette sensation. Cette douce brûlure, qui hypnotise mes sens. Je l'ai déjà ressentie. Une fois. Rien qu'une seule fois. Ce jour-là, il neigeait. Et cette neige, s'est transformée en un joli printemps verdoyant. Mon printemps.

Petit à petit.


Roy Mustang, marchait avec cette allure qui lui était familière. Une allure régulière. Ni trop lente, ni trop rapide. Il réfléchissait. D'étranges pensées lui venait à l'esprit. Il s'imaginait avoir retrouvé le chien de son lieutenant. Et celle-ci, voulant le remercier, lui offrait un baiser.

Il chassa cette idée de la tête.

C'est malsain. Je ne dois pas avoir une telle image de Riza.

Puis petit à petit, l'image du baiser se changea en une autre image. Il s'imaginait toujours Riza, nue dans ses bras.

C'est de pire en pire! Vraiment! Il faut que j'arrête de penser à elle de cette manière!

Puis, tournant la tête vers les vitrines des magasins, il aperçu quelque chose qui le fit vaciller. Son cœur sembla cesser de battre un court instant, puis s'emballer de plus belle. Il se sentait faible et minable. Là, en face de lui. Dans un bar de Central. Riza était assise avec un homme.

Jamais il n'était venu à l'esprit du colonel que Riza puisse être avec quelqu'un.

Non…Ce doit être son frère ou quelqu'un de sa famille. Restons prudent. Je vais tirer cette affaire au clair.

Il entra dans le bar, et se mit à errer dedans, comme si il ne cherchait rien de spécial. Il prit un air étonné et se tourna vers la table où était assise Riza, et son présumé fiancé.

« Oh! Lieutenant Hawkeye! Quelle surprise! Mais que faites vous ici » demanda t'il en évitant de regarder l'inconnu.

«J'ai bien le droit de prendre un verre de temps en temps, non, colonel? »

Vu le ton cassant, je suis partis sur de mauvaises bases.

« Hem…Oui…Vous ne me présentez pas votre ami?

« Oh! Nous nous connaissons depuis quelques minutes! Il a retrouvé Hayate! » dit elle en désignant le chien noir à ses pieds.

Il se sentit rassuré. Elle n'éprouvait -apparemment- aucun sentiments pour cet homme. Mais il n'aimait pas les regards qu'il lui lançait.

« Puis-je me joindre à vous?

« Je vous en prie colonel » dit elle en enlevant son sac à main de la banquette pour faire de la place à son supérieur.

La proximité de son colonel eut pour effet de faire rougir Riza. Hatori le remarqua. Son regard s'assombrit et tendit la main vers le colonel.

« Bonjour, je m'appelle Hatori Soma » dit il avec un sourire commercial.

Mustang lui aussi adopta un sourire commercial et lui tendit la main.

« Je suis le colonel Roy Mustang. Je suis très heureux de faire votre connaissance . »

Ces derniers mots sonnaient faux, Riza l'avait bien sentie.

Cette petite pause au bar allait être drôlement longue.

Jamais je n'aurais cru, que son sourire, puisse être aussi important pour moi.


Lorsqu'ils sortirent enfin du bar, il était tard. Très tard. Les deux hommes, qui voulaient absolument connaître son 'adversaire', avaient poussé la 'pause alcool' jusqu'au dîner. Riza, qui n'avait rien put faire pour les en empêcher, s'était contentée de manger en silence, et de soupirer toutes les deux minutes.

Ils marchaient à présent, dans les rues fraîches de Central. Il n'y avait pas un chat. Pas une âme qui vive.

La lune était somptueuse. Elle était pleine et brillait de mille feux. Tout était calme et silencieux. Trop calme et trop silencieux.

Hatori se sentit poussé, il tomba, la tête la première.

« Oh! Quel maladroit je fais! » s'excusa le colonel avec un sourire jusqu'au oreilles.

Oh! Ça! Tu vas me le payer mon bonhomme! Pensa Hatori, avec une furieuse envie de meurtre.

Riza jeta un regard noir à son colonel, qui s'arrêta de sourire aussitôt, et aida Hatori à se relever. Fatale erreur. Du moins, pour l'homme à terre. En l'aidant à se relever, et l'enlaça délicatement dans le dos. Ce qui devait arriver arriva. Un nuage blanc apparu. Riza ne sentit plus le poids qu'elle tentait de soulever. Volatilisé. Il n'était plus là. Elle écarquilla les yeux. Ses vêtements étaient encore présents. Et une petite forme, ressemblant à un hippocampe, plus qu'a autre chose, remuait et tenter de respirer.

Je suis mort!