Chapitre 2

Hermione se leva mais près d'elle personne : le maître des potions s'était éclipsé. Pas étonnant, se dit-elle, elle ne s'attendait pas à ce qu'il la réveille avec un baiser ou encore un plateau repas mais quand même…

Elle ne se prit pas la tête plus longtemps que cela car elle retourna dans sa chambre pour se préparer pour le petit-déjeuner : on ne savait jamais, il pouvait être en bas et dans ce cas-là, il fallait qu'elle soit présentable. Elle descendit mais là encore personne. Elle commençait à s'inquiéter quand Viviane et le repas arrivèrent.

- Viviane, vous n'auriez pas vu ou ne serait-ce qu'aperçu Rogue ce matin ? dit la jeune femme.

-Non, ma dame….

Cela cogita fort dans l'esprit d'Hermione. Il se défilait, pas de doutes mais pourquoi ? Ca s'était tellement bien passé la veille. Elle n'avait pas eu à se plaindre : il avait été attentionné, tendre et puis il avait des attributs que personne n'aurait soupçonné. Enfin…

-Bien, bien, vous savez, pour le début de conversation que nous avons eu hier…

C'est là que la jeune servante se mit à genoux et s'excusa, disant qu'elle n'était qu'une souillon et qu'elle n'aurait jamais dû parler de cela avec une dame comme elle (en l'occurrence Hermione). Cette dernière fut flattée par la dernière partie mais elle voulut réconforter Viviane et connaître la raison de sa panique… Non ce n'est pas vrai, en fait elle s'en fichait complètement. Ce qu'elle voulait, c'était parler de ses problèmes à elle.

-Relevez-vous, déclara Hermione limite agacée.

Viviane obéit et regarda la dame avec réticence. Hermione, elle, hésitait à lui parler de ce qui la tracassait. Cette fille avait l'air un peu cruche et elle redoutait le fait qu'elle ne puisse lui apporter les conseils voulus mais elle se lança quand même

- Soyons clairs, on est entre femmes et cela reste entre vous et moi. Si jamais j'apprends que vous en avez parlé à quelqu'un d'autre, cela va mal se passer, okay ?

La jeune servante hocha plusieurs fois la tête tout en tremblant. On est mal barrées, pensa Hermione.

-Bien, bien, voilà hier fut ma toute première fois. Pas ma première fois avec un homme, Merlin m'en a préservé, mais celle avec votre maître ou seigneur, enfin je ne sais pas comment vous l'appelez. Depuis, je ne l'ai pas revu et je ne sais pas trop quoi en penser. A votre avis, il m'évite ou pas ?

-Euh, répondit Viviane pendant plusieurs minutes., vous savez ce n'est encore que le matin et il avait peut-être une mission à accomplir.

-Rooo, une mission, une mission, on n'est pas chez les chevaliers de la Table Ronde ici. Et puis même s'il était pressé, moi je vous parle juste d'un petit geste de sa part, c'est tout.

-Comment ça un geste de sa part ? dit la jeune servante d'un air presque candide.

Hermione la fixa longuement. Elle eut même envie de se donner une tape dans la tête. Elle pensa : « Comment cela un petit geste…A ton avis, tu le fais exprès ou quoi ! » Finalement, elle se résigna à couper court à la discussion, sachant qu'elle ne pourrait rien en tirer de bon.

Dès que Viviane s'en alla, par un heureux hasard, Rogue se présenta à table. Elle tenta de choper son regard mais il ne daigna pas tourner sa tête vers elle. Décidément, elle avait du mal à le comprendre mais pas grave.

- Ecoute, tu sais pour hier soir, je…

- Non, il ne s'est rien passé hier soir donc il n'y a rien à dire, l'interrompit-il

Elle fut un peu vexée par la remarque mais elle se dit que la réaction de Rogue était prévisible : il ne voulait pas trop s'attacher à elle, c'est tout. Il ne fallait jamais désespérer en amour.

-Si, si, il y a eu quelque chose hier soir et c'était vraiment…beau. L'osmose que j'ai senti entre nous deux, tu ne peux pas passer à côté.

Bateau comme remarque mais bon…

-Ce n'était pas grand chose. Je n'étais pas tout à fait moi-même. J'étais à moitié endormi. D'ailleurs, je t'ai confondu avec une autre personne voilà…une jeune fille que j'ai rencontré

dans un …Lilia…

Hermione était trop bouleversée pour dire quoique ce soit. D'accord pour prendre des coups mais là, c'était…douche froide accompagnée de coups de massue et traînage dans la boue !

Mais vite, elle repensa à la nuit et se dit que…qu'il mentait trop mal car ce n'était pas Lilia qu'il prononçait mais bien Hermione. Lilia et Hermione, ce n'était pas la même chose mais elle joua la carte de la fille ultra vexée. Juste pour voir comment il réagirait.

-Tu…tu te rends compte de ce que tu viens de dire là. C'est horrible ! Rogue, vous…tu n'as pas le droit de me faire ça ! J'ai un cœur merde ! J'aurais dû m'en douter, vous ne savez pas ce qu'est l'amour, vous n'aimez que vous, espèce de lâche, moi qui avait des sentiments pour vous, c'est… hurla t'elle.

- Je vous interdis de me dire cela ! Quel droit avez-vous ? Vous pensez qu'en une nuit, on découvre les gens. Ce qui s'est passé hier n'est ni plus ni moins qu'une erreur, cela ne se reproduira plus, vous m'avez bien compris ?…Attendez, qu'avez-vous dit?

Ahhh, il avait entendu. Bien, bien. Pour conclure le truc, il fallait qu'elle pleure et qu'elle fasse une sortie du tonnerre. Des larmes coulaient alors sur les joues de la jeune femme et effectivement, Rogue avait très bien entendu le « Moi qui avait des sentiments pour vous ».

Il sentit alors qu'il avait été trop loin sur ce coup-là. Il tenta désespérément de se rattraper.

-Non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire…dit-il

Mais l'erreur était faite et elle avait déjà quitté la pièce en trombe.

Il se prit la tête dans les mains. Il avait été vraiment affreux avec cette pauvre jeune fille. Après tout, c'était lui l'adulte, lui qui aurait du mettre une barrière entre eux deux, ce qu'il n'avait pas fait. Il avait également menti auparavant. Il avait abusé d'elle car elle a oublié le meurtre qu'il avait commis. Et maintenant il lui disait que la nuit d'avant avait été du chiqué et qu'il pensait à une autre femme ! Femme qui n'existait même pas en plus ! Il n'avait jamais de connu de Lilia ! Non, c'était indigne de sa part, il devait absolument se rattraper.

C'est ainsi que dès le soir de l'incident, il se rendit auprès d'Hermione et pour se faire pardonner, un dîner avec musiciens. La jeune femme, contente de voir que Rogue tenait un peu à elle, tenta l'approche mais il la repoussa, invoquant la différence d'âge trop importante et le fait qu'ils soient trop différents. La journée d'après, Rogue fut gentleman et lui fit faire le tour de son domaine. Quand ils arrivèrent au niveau de l'écurie, elle vit une litière. Elle se tourna alors vers Rogue pour savoir.

-Maintenant, montez vous préparer. J'ai prévu de rendre visite à un seigneur qui se trouve pas très loin d'ici et…j'ai pensé que cela vous plairait de venir. C'est la raison pour laquelle.. enfin la litière.

Dis tout de suite que tu meures d'envie que je t'accompagne, se dit Hermione, surexcitée.

Sans se le faire répéter, la jeune femme obéit. Arrivée dans sa chambre, elle vit plusieurs sacs remplis d'affaires qui ne lui appartenait pas, bien sûr. C'est la qu'elle vit la nuisette, cela la rendit complètement gaga. Rooo, il avait même pensé à cela, trop chou.

Rogue l'attendait dans la cour du château.. Deux des hommes de Rogue l'aidèrent à monter dans la litière et ils se mirent ensuite en route.

Elle n'arrêta pas de penser à Rogue mais en vain. Elle était encore sous le coup de la nuisette. Le professeur n'était pas sur de ses sentiments. Malgré ce qu'il lui avait dit, elle continuait à espérer. Elle l'aimait, ce n'était plus un doute pour elle. Elle se dit alors qu'elle ne se désarmerait pas et qu'elle n'hésiterait pas à donner un petit coup de pouce au Rogue s'il le fallait.

Le soleil couchant, ils arrivèrent à destination.

Dès qu'elle descendit de la litière, elle eut droit à un petit briefing de la part de Rogue.

- Nous sommes chez un seigneur avec qui je dois signer un accord commercial. N'oubliez pas que vous êtes ma femme ici donc tenez-vous à carreaux.

Elle acquiesça et ils entrèrent dans la demeure. Un jeune homme vint à leur rencontre. Plutôt bel homme, blond tel un viking. Quand Rogue le vit, il ne put s'empêcher de vérifier si sa « femme » n'avait pas eu une réaction…Il ne s'était pas trompé, Hermione était comme envoûté par le regard bleu du garçon, un regard dans lequel on pouvait se plonger et ne plus jamais remonter à la surface. Alléluia, se dit-elle, voilà celui qu'il me faut

Rogue la gratifia d'un coup de coude, qui la tira de son émerveillement. Comme si ce qu'il venait de faire ne suffisait pas, il prit la main d'Hermione et y déposa un baiser.

Rogue, qui avait l'air de trouver cette bise sur la main trop longue dit :

-Ca va, ca va, vous pouvez vous relever maintenant

La jeune femme sourit alors car elle avait vu l'air tendu qu'arborait le professeur : ce garçon serait parfait, tout simplement parfait.

-Allons, mon mari, faites preuve de courtoisie envers lui. N'oubliez pas qu'il nous accueille chez lui.

Rogue fulmina mais en silence.

-Laissez ma dame, vous savez, j'ai l'habitude des pères jaloux. Je me présente Maël pour vous servir. J'espère qu'il vous sera fait bon accueil.

Une certaine personne faillit s'étouffer et trouva ce Maêl fort prétentieux, au point même de lui foutre son poing dans la gueule mais il se retint.

-Elle a dit mon mari en s'adressant à moi et non père, réussit-il à dire

-Excusez-moi, monsieur, je… n'avais pas entendu. J'imagine que vous devez rejoindre mon père car il vous attend dans la grande salle. Suivez cet enfant, il vous montrera le chemin

Un jeune garçon apparut et Rogue lança un dernier regard à la jeune femme avant de partir.

« Tu parles qu'il n'avait pas entendu » se dit le maître des potions.

Maël fit un signe à Hermione.

-Quant à vous, belle demoiselle, je vais vous montrer vos appartements.

Quelques heures plus tard, Rogue débarqua. L'autre était encore là et ils avaient même l'air de bien s'amuser, lui et sa femme…enfin Hermione plutôt.

Comme ils n'avaient pas l'air de remarquer sa présence, il s'éclaircit la gorge assez fort pour qu'ils se retournent.

-Oh mais quelle heure est-il ? demanda Maël

-Il doit bien être 22h30-23h, dit froidement Rogue.

Hermione n'arrivait pas à y croire : il…il était jaloux. Non elle se devait de vérifier. Ne jamais passer à des conclusions hâtives, jamais.

-Nous nous sommes quittés depuis si longtemps, déclara t'elle en le regardant, le temps passe bien vite avec Maël à mes côtés.

Elle posa sa main sur l'épaule du jeune homme, qui lui aussi posa la sienne sur celle que la jeune femme venait de poser, toujours sur son épaule à lui.

-C'est que madame est d'une agréable compagnie, ajouta t'il.

-Ohhhhh, arrêtez, vous allez me faire rougir.

Voilà la phrase qui fut de trop pour notre ami Rogue. Ne supportant plus la comédie qui se déroulait sous ses yeux, il décida d'y mettre un terme.

-Ce n'est pas que je veuille vous virer, jeune prince, mais comprenez qu'après une longue séance de discussion avec votre père je sois fatigué. J'ai donc besoin d'une nuit de sommeil auprès de ma femme, j'ai bien dit ma femme et non ma fille. Je crois qu'il est inutile de vous faire un dessin pour vous expliquer ce que ce nous allons faire, voilà, dit-il en insistant bien sur tous les mots.

Le jeune homme, mal à l'aise après ce petit speech, se résolut à s'en aller, ce qui laissa seuls Rogue, pas content et Hermione, souriante

-De quoi avez-vous parlé aussi longtemps ? demanda t'elle avec précaution

- De rien qui ne pourrait vous intéresser. Par contre, vous, ça avait l'air de.. .bien aller quand je suis arrivé.

C'était sûr, cela sentait la jalousie à plein nez, se dit Hermione. Elle décida de ne rien dire.

- Ne me dites pas qu'il vous plaît ! ajouta t'il.

-Arrêtez de dire n'importe quoi. C'est vous qui êtes… Bref, vous avez mal pris sa remarque de tout à l'heure et voilà. Il essaie de vous déstabiliser et vous, vous êtes tombés en plein dedans. C'est vrai qu'il a essayé de me séduire un peu…Et puis vous-même m'avez clairement expliqué que…

Comme il était de dos, elle en profita pour se rapprocher et coller son corps contre le sien.

- De toute façon, il n'y a que vous qui comptiez. J'ai cru que vous l'aviez compris. Surtout après …

Rogue, toujours de dos, se raidit.

-Non, ne recommencez pas. Je vous ai déjà dit que nous ne pouvions pas..

- Pourquoi Rogue, pourquoi ? Je ne suis plus votre élève, vous n'êtes plus mon prof. Nous sommes un homme et une femme.. J'ai besoin de vous, de votre corps contre moi…Comment vous faire comprendre ? murmura t'elle.

Il se retourna. Une lueur d'espoir apparut : elle le sentait trembler dans ses bras et le regard qu'il posait sur elle… Cependant, son visage se ferma et son regard redevint noir : sa fameuse carapace.

- Quand comprendrez-vous que ce n'est pas possible vous et moi ? dit-il.

Il alla se coucher sans dire un mot de plus.

-Tu ne pourras pas toujours me rejeter Rogue.

Elle se releva et alla s'installer dans le lit. Au bout de quelques minutes, il ne put s'empêcher de demander : « Finalement qu'est-ce que vous vous êtes dit ?».

Elle rit mais ne répondit pas. La jalousie est un vilain défaut, pensa t'elle, surtout quand on est amoureux et qu'on le cache. Cela peut nous perdre…

Maledian