Résumé du chapitre : après une Réunion de la Pierre Bleue bien arrosée, tout Kaamelott se comporte de façon très inhabituelle.
== Le Tapage Nocturne ==
Il semblait à Elias qu'on essayait de lui trouer la tempe droite à coups de pic à glace, et sans y aller de main morte. Avec un grognement de douleur, il enfouit sa tête dans son oreiller pour se cacher du filet de lumière pourtant mince qui filtrait entre les volets, mais qui lui cramait les yeux comme le soleil d'été brûlait les plages d'Aquitaine.
Plus jamais une seule Réunion de la Pierre Bleue à se faire embrigader dans un concours de boisson par un druide à la descente démoniaque et ses copains.
Et plus jamais une goutte d'alcool, en fait. Plus jamais.
Bon, pour être tout à fait honnête, il était également un peu à blâmer dans cette histoire. Il n'aurait eu qu'à s'avouer vaincu la première fois qu'il avait basculé de son siège, son allez-savoir-combien-ième verre de liqueur tombant sur son estomac déjà bousillé comme une pierre brûlante. Mais non, il avait fallu qu'il se redresse tant bien que mal sous les rires de ces cons de druide en prétextant qu'il avait fait exprès, pour les faire marrer. C'était malheureux, mais quand on s'appelait Elias de Kelliwic'h et qu'on se trimballait un égo de la taille d'une petite montagne, on ne sortait d'un défi – aussi stupide soit-il – que victorieux ou mort, c'était la règle.
Victorieux, il ne savait pas s'il l'avait été, étant donné qu'il ne se souvenait de rien après être remonté sur son tabouret. Quant à mourir, l'option lui paraissait à présent fortement envisageable, séduisante même.
Sans retirer son visage des tréfonds de son oreiller, Elias envoya un bras vers le côté gauche du lit. Il ne savait pas encore s'il esquissait ce mouvement en quête d'un peu de réconfort ou s'il voulait simplement tirer la barbe de cet instigateur de Merlin par vengeance, mais ce qui était sûr, c'était qu'il avait besoin d'un contact physique avec quelqu'un qui devait sûrement être dans le même état de perdition que lui. Non pas que ses propres souffrances s'en trouveraient allégées – quoique, pour le cas du tirage de barbe, le doute était permis – mais il trouverait sûrement une certaine consolation dans le fait qu'il n'était pas le seul à douiller sévère.
Cependant, sa main retomba à plat sur les couvertures, n'attrapant que l'air frais du matin. Elias fronça les sourcils et réitéra sa tentative, au cas où il aurait par un quelconque prodige réussi à louper un druide de six pieds de haut dans un lit de quatre pieds de large. Son second essai donna les mêmes résultats décevants que le premier, et le sorcier se risqua à sortir un œil de sa cachette à la recherche de son compagnon d'infortune.
Pas étonnant qu'il n'ait rien trouvé : à part lui, le plumard était vide, les couvertures remontées et bordées comme si personne ne s'était couché à ses côtés le soir précédent. A bien y réfléchir, Elias aurait été bien incapable de dire s'il s'était écroulé dans son lit en compagnie du druide la veille, ou s'il l'avait fait seul. Et à y réfléchir encore un petit peu plus – mais pas trop, car cela devenait légèrement angoissant – le sorcier ne se souvenait même pas comment il avait pu rejoindre ses quartiers après la fête. Si ça se trouvait, il n'était même pas à Kaamelott.
Un autre rapide coup d'œil dans la pièce où il était rassura Elias. Il était bien dans sa chambre, à Kaamelott. Une toute petite victoire, mais il s'en contenterait pour le moment.
« Merlin ? » appela-t-il d'une voix plus râpeuse encore que les pierres avec lesquelles les grouillots des cuisines frottaient les tâches récalcitrantes sur la vaisselle.
Aucune réponse. En même temps, il aurait fallu lever la tête de l'oreiller, pour que sa voix ne soit pas étouffée. Sans doute.
« Merlin ! » héla le sorcier, son nouvel appel plus efficace mais aussi extrêmement douloureux pour son crâne qui semblait sur le point d'éclater.
Ses efforts surhumains ne furent pas récompensés, dans la mesure où aucun druide attentionné ne se précipita à son chevet avec un grand verre d'eau et une potion contre la migraine. Elias laissa échapper un grognement plaintif ; il y avait bien un sortilège pour estomper les effets de la gueule de bois, il le connaissait, seulement dans son état avancé de désolation il n'était pas sûr d'y parvenir sans se louper. Si c'était pour foirer la prononciation de l'incantation et se retrouver avec du lierre à la place de la barbe en plus du reste, non merci.
Forcer son corps à se coordonner suffisamment pour s'asseoir sur le bord du lit lui coûta de nombreuses minutes et beaucoup d'inconfort, mais lui permit de constater deux faits non négligeables : un, il avait extrêmement mal au dos pour une raison parfaitement inconnue. Et deux, il était inexplicablement, intégralement à poil.
La dernière fois qu'il avait passé une nuit entièrement nu devait remonter à son adolescence, quelque chose comme ça. Même en ce milieu de printemps, le climat breton n'était pas très propice au maintien de ce genre d'habitude ; il avait du être vraiment à côté de ses pompes la veille pour ne pas avoir passé ses habits de nuit après avoir retiré ses vêtements – et les avoir, manifestement, éparpillés çà et là sur le sol de la chambre. Combattant un frisson et luttant contre son mal de tête de tous les diables, Elias ramassa gauchement de quoi se vêtir avec la ferme intention de descendre au labo à la recherche de la première potion qui améliorerait son état.
A la vitesse d'une limace paralytique, le fier meneur des loups de Calédonie descendit l'escalier en colimaçon au rythme de ses vagues de nausées. Une main sur le mur, l'autre agrippant ses reins endoloris, il progressait une marche après l'autre comme un petit vieux pour éviter la catastrophe que constituerait une chute. Le laboratoire était inondé de lumière, lui arrachant presque un feulement de supplicié, mais toujours aucun Merlin à l'horizon. Où avait bien pu se terrer ce gros radis ?
Elias plissa les yeux pour ne laisser filtrer que la quantité de lumière dont il avait besoin pour fouiller les étagères à la recherche d'un philtre de sobriété, même s'il était à peu près certain qu'il n'en avait plus – la mixture avait une durée de conservation très courte, et certains de ses ingrédients n'étaient pas encore de saison. Il se rabattit rapidement sur le second meilleur choix, sa propre version de la potion contre la migraine qu'il avait mise au point pour lutter contre ses crises personnelles régulières. Mais le petit râtelier sur l'étagère était désespérément dépourvu de petite fiole verte caractéristique, et Elias commença vraiment à s'inquiéter.
Il les avait peut-être mal rangées. Une notion hautement improbable, mais néanmoins possible.
Il saisit tous les râteliers et toutes les boîtes, examinant leurs contenus cliquetants un par un à la recherche de sa salvation. Potions de vérité, de rage, philtres de force et de vision nocturne, quelques vieilles fioles de Toute-Puissance probablement bonnes pour la poubelle… rien, absolument rien d'utile pour le mal qui le terrassait.
Un gémissement défaitiste finit par lui échapper, suivi de très près par un éclair de génie. Les boîtes de tisane de Merlin ! Bien évidemment, ça ne serait pas aussi rapide et efficace qu'une potion, mais s'il trouvait les bonnes herbes à faire infuser, il pourrait au moins se débarrasser du plus gros du problème. Sans perdre plus de temps, Elias se saisit d'une des boîtes en fer entreposées dans la bibliothèque du fond pour la vider sans ménagement sur l'établi le plus proche. Il aurait tout le loisir de ranger et nettoyer plus tard.
Il fouilla parmi les plantes séchées et se félicita intérieurement d'avoir convaincu Merlin de séparer les différentes essences en petits bouquets pour les isoler plus facilement – le stockage en vrac, c'était rapide et ça faisait mystique, mais dans la vie de tous les jours ce n'était pas très pratique. Persil, verveine, laurier, une paire de racines toutes sèches non-identifiables… Ha ! Elias brandit la menthe poivrée et les lamelles de gingembre séché comme des trophées, heureux d'avoir progressé dans sa quête matinale.
Avec ses précieuses trouvailles bien serrées dans son poing, le sorcier déambula jusqu'à la cheminée où un petit chaudron de cuivre était déjà suspendu. Il saisit le pichet vide qui trônait sur l'âtre et, sous les protestations de son dos meurtri, retira le lourd couvercle du tonneau d'eau posé au sol juste à côté du foyer. Il y plongea le pichet, et…
Et rien. Le tonneau était vide.
« Non, non, non, non, » murmura-t-il, paniqué, en jetant un œil dans le récipient pour confirmer ce qu'il savait déjà. Seule une mince couche d'eau tapissait le fond du tonneau, même pas de quoi mouiller une semelle.
Elias prit une seconde pour copieusement insulter les Dieux et maudire l'amusement que ces tocards devaient tirer de la situation. Il lui fallait absolument de l'eau, il ne pourrait pas y couper, sans ça aucune infusion possible ! Il aurait pu ramasser un peu de neige sur le muret de l'escalier, à la limite, mais tout avait fondu depuis des semaines. Non, vraiment, pas que ça le réjouissait mais il n'avait plus qu'une seule solution possible étant donné que le puits fonctionnel le plus proche était à vingt minutes de marche.
Il allait devoir se taper le voyage jusqu'aux cuisines.
En son for intérieur, Elias avait espéré de tout cœur ne rencontrer personne sur le trajet. Il n'avait aucune, mais alors aucune envie d'expliquer à tous les péquenauds du coin pourquoi il se traînait comme une âme en peine à travers la forteresse au beau milieu de la journée – car oui, il s'en était rendu compte en constatant la position du soleil, il ne devait pas être loin de midi.
La chance n'était pas décidée à se ranger de son côté : à peine sorti, il avait croisé Bohort dans la cour. Si d'habitude le seigneur de Gaunes était un interlocuteur assez agréable, Elias ce jour-là ne se sentait pas le cœur à tailler le bout de gras. Il s'apprêtait à faire comprendre au chevalier qu'il n'était pas dans son assiette lorsque ce dernier ouvrit de grands yeux écarquillés, comme une biche effrayée remarque la présence du chasseur qui la traque. Sans un mot, sans un geste amical, Bohort décrivit au pas de course un grand détour pour disparaître dans l'obscurité des écuries.
Etrange. Un tel comportement venant du chevalier de Gaunes et de sa politesse limite maladive était suspicieusement inhabituel. Enfin bon, si ça permettait à Elias d'atteindre sa destination plus vite et sans être obligé d'interagir avec un autre être humain, c'était aussi bien.
Il traversa le reste de la cour et s'engouffra avec soulagement dans la pénombre de la bâtisse principale. Il avait fait le plus dur, plus que quelques couloirs et il pourrait enfin piquer le malheureux demi-galon de flotte qu'il lui fallait pour mettre un terme à son agonie. Plus que quelques couloirs…
« Vous avez finalement émergé ? Bah c'est pas dommage ! »
Elias serra les dents brutalement, manquant de peu de s'emporter un bout de langue. De tous ceux qu'il aurait pu croiser fortuitement, il avait fallu que ce soit le pire…
« Seigneur Léodagan, se força-t-il à marmonner. Bonjour…
- Je me doute que ça doit être une bonne journée, oui ! lança le Sanguinaire à un niveau sonore parfaitement incompatible avec les maux de tête de l'enchanteur. Après le cirque que vous et votre corniaud de druide nous avez fait hier soir, j'imagine que vous devez pas être de première fraîcheur !
- Euh… on a fait du bruit ? demanda bêtement l'enchanteur, appuyant une épaule au mur pour se soutenir en feignant d'adopter une pose décontractée.
- Du bruit, vous croyez ? Vous avez bien du réveiller la moitié du château avec vos conneries, oui ! Ah vous, quand vous y allez, on peut dire que vous faites pas semblant ! »
Elias avait beau se creuser les méninges, il ne se souvenait de rien. Mais il était très probable que leur retour à Kaamelott ne se soit pas passé dans le plus grand calme, surtout connaissant la propension de Merlin à rire comme un tordu dès qu'il avait un peu trop d'alcool dans le sang. A tous les coups, ils s'étaient traînés jusqu'au laboratoire en s'esclaffant à tue-tête au beau milieu de la nuit, ou une autre incivilité du genre.
« Bah, j'suis désolé, offrit Elias en se frottant l'arrière du crâne. En y allant, j'avais vraiment pas l'intention de finir à quatre pattes, mais c'est l'autre là-
- Oula, stop, non non ! l'interrompit Léodagan, son sourire narquois vite troqué contre une expression effarée. J'veux pas de détails, moi ! Vous faites ce que vous voulez, mais je veux pas en entendre parler, ça va pas non ? »
Sans autre forme de procès, Léodagan s'empressa de s'éloigner en marmonnant dans sa barbe. Elias le suivit un instant des yeux, intrigué ; il n'avait pas souvenance que le roi de Carmélide était aussi frileux lorsqu'il s'agissait de parler d'alcool. Au contraire, durant toutes ces années de confinement, il lui avait plutôt semblé que le Sanguinaire n'était pas vraiment timide question boisson, au point de finir sous la table une ou deux fois par mois. Peut-être que son futur statut de grand-père lui avait magiquement conféré des velléités de modération et de sagesse. Franchement, grand-bien lui fasse, il avait d'autres chats à fouetter.
Le sorcier reprit son périple titubant, longeant le mur de pierre par précaution au cas où ses jambes le trahiraient pour de bon. Il croisa une troupe de maçons qui étaient heureusement bien trop occupés à discuter entre eux pour lui prêter la moindre attention, puis une paire de grouillots le dépassa au pas de course, visiblement très pressés de se rendre à leur destination. A part ça, il ne rencontra personne d'autre jusqu'aux cuisines, dans lesquelles il s'introduisit avec un soupir de soulagement.
Soulagement qui mourut bien vite dans sa poitrine lorsqu'il remarqua les deux yeux marrons tournés dans sa direction.
« Ah, très cher Elias ! l'accueillit la reine Guenièvre avec un sourire éclatant. Qu'est-ce qui vous amène ? »
Elle était attablée dans un coin, loin de la valse chaotique des serviteurs qui s'affairaient aux fourneaux de l'autre côté de la large pièce. Installée dans un fauteuil à l'allure bien trop confortable pour l'endroit – Elias imaginait facilement qu'un larbin avait du aller le récupérer dans un autre endroit du château – et les pieds nus reposant sur une caisse en bois retournée, le symbole de la nation bretonne piochait joyeusement dés de fromage et feuilles d'endive dans les quelques bols et assiettes disposés devant elle. Mais de la main droite seulement ; la gauche, pour sa part, reposait sur le ventre arrondi que Karadoc avait eu la délicatesse de décrire une semaine auparavant comme « un gros tonnelet, comme pour conserver l'huile, vous voyez ? ».
« Altesse, salua Elias avec un léger hochement de tête. Je viens juste chercher quelque chose…
- Vous aussi, vous venez casser la croûte ? Venez, venez, asseyez-vous ! intima Guenièvre en désignant la table qu'elle occupait et les quelques tabourets qui l'entouraient. Cette réunion avec les émissaires de Mauritanie est tout bonnement interminable, nous allons encore déjeuner au beau milieu de l'après-midi ! Alors je me suis improvisé un petit pique-nique, mais je peux partager, il n'y a pas de soucis.
- Je ne comptais pas m'éterniser, fit l'enchanteur en lançant pourtant des œillades envieuses au large pichet d'eau qui trônait au milieu de la table. Et je m'en voudrais de vous déranger…
- Pensez donc ! Un peu de compagnie me ferait le plus grand plaisir, si vous saviez comme c'est ennuyeux de toujours me reposer seule de mon côté. Et puis, j'avais seulement demandé aux cuisiniers quelques bricoles à grignoter mais il y a là beaucoup trop de choses pour moi toute seule, vous me rendriez service. »
Elias ouvrit la bouche pour décliner de nouveau, mais il se souvint malgré son esprit torturé qu'il s'agissait là de l'épouse de son employeur, enceinte jusqu'aux amygdales, et qu'il ne serait pas de bon ton – ni très prudent, si les histoires que l'on racontait sur les sautes d'humeur impétueuses de la dame avaient un fond de vérité – de lui refuser quoi que ce soit. Sur la liste des choses qu'elle pouvait exiger, partager un bout de pain avec lui n'était pas bien méchant, malgré les coups de massue qui lui broyaient la cervelle. Sans compter qu'il pouvait compter sur les doigts d'une main les occurrences où la reine lui avait adressé la parole en premier en dehors du cadre du travail. La maternité avait apparemment de ces pouvoirs que la raison ne saurait expliquer.
« Un moment seulement, alors, céda-t-il en prenant place sur un tabouret avec toute la grâce dont il pouvait faire preuve. Je dois retourner au laboratoire pour… une tâche urgente.
- Détendez-vous, le travail sera toujours là à votre retour, lui assura-t-elle en poussant un bol de figues séchées vers lui. Vous êtes toujours en train de travailler, ce n'est pas très bon pour la santé, vous savez ?
- Vous avez sûrement raison, » bougonna Elias en se disant qu'il valait mieux gagner du temps en allant dans le sens de la souveraine. Il n'était pas dans la capacité physique ni psychique de soutenir un débat, de toute façon.
Probablement ravie de voir son point de vue accepté, le sourire de Guenièvre grandit davantage. « Vous voyez ! C'est important de couper de temps en temps avec sa charge de travail, comme vous avez pu faire hier soir, ça aide à garder la tête hors de l'eau. »
Une figue à mi-chemin vers sa bouche, Elias interrompit son geste aux paroles de la reine. « Ah… j'imagine que vous avez entendu, vous aussi ? demanda-t-il d'un air gauche.
- Vous pensez bien, je suis au regret de vous dire que vous ne tentiez pas beaucoup d'être discrets hein, répondit-elle sur un ton enjoué, presque taquin – si Elias pouvait se targuer d'un tel niveau de complicité, qu'il n'avait bien entendu pas. Il est même possible que le château entier vous ait entendus.
- C'est ce qu'on m'a dit, soupira le sorcier en repensant à sa conversation avec Léodagan, médusé. J'vous prie de m'excuser, ça ne se reproduira plus.
- Oh non, ne vous inquiétez pas ! Je ne disais pas ça pour vous accabler ! D'autant plus que… » Guenièvre s'interrompit un instant, jetant un coup d'œil hésitant en direction des servants toujours aussi occupés. Elle se mordilla la lèvre inférieure, semblant indécise quant à la suite à donner à sa phrase, avant de se pencher d'un air conspirateur vers l'enchanteur et de reprendre à voix basse. « D'autant plus que comme vous aviez l'air de bien vous amuser, cela m'intéresse un peu, et je dois dire que j'aurais quelques conseils à vous demander. »
Elias lui décocha un regard perplexe, peu certain d'avoir bien saisi, et se pencha également en avant par pur mimétisme. « Mais… ça vous intéresse, je comprends pas, c'est-à-dire ?
- Eh ben, oui, enfin en quelque sorte, chuchota Guenièvre et il hallucinait peut-être, mais il lui semblait que le rouge était monté aux joues de la dame. Oh je me doute bien qu'il doit y avoir quelques petites spécificités, hein, je suis pas non plus… mais bon, sur le principe… »
Mais sur le principe de quoi ? Et quelles spécificités ? Celles qui consistaient à se mettre la tête à l'envers à plus se souvenir du chemin pour rentrer ? Elias ne voyait pas en quoi cela paraissait si mystérieux et attractif, mais avec la migraine oblitérante qui le lancinait, il était possible que certaines subtilités lui aient échappées.
« Mettons, admit-il, déstabilisé face à cet intérêt soudain de la reine pour la boisson. Mais… enfin j'y connais pas grand-chose, mais ce genre de truc c'est pas fortement déconseillé pour les dames dans votre condition ?
- Euh, je ne crois pas… en tout cas la question n'a pas été évoquée, il me semble, dit-elle avec l'air interdit de celle qui a peut-être loupé quelque chose d'important. Parce que, en toute franchise, je dois vous avouer qu'il m'aurait été bien difficile d'arrêter purement et simplement pour toute la durée de la grossesse ! »
Oula, la conversation prenait un tournant un peu surréaliste qu'Elias n'était pas du tout équipé pour soutenir. A défaut de se rappeler des évènements de la veille, il se souvenait assez bien des recommandations données par Merlin à la reine quelques mois auparavant, et il lui semblait que l'alcool n'était pas trop mal placé sur la liste des choses que les femmes enceintes devaient éviter. Mais le discours de cette dernière était plutôt inquiétant et faisait penser à une sorte d'addiction que l'enchanteur serait bien en peine – même sans gueule de bois – de traiter.
« Moi, je veux pas me mêler, ou vous dire ce que vous devez faire ou pas faire, avança-t-il prudemment. Le mieux, ce serait de poser la question à Merlin quand il sera rentré. Et puis vous en profiterez pour lui demander conseil pour… le premier truc du début, il est bien plus doué que moi dans ce domaine. »
Il termina sa phrase avec un geste vague de la main. C'était après tout le druide qui avait le plus d'expérience question fête alcoolisée, et c'était de sa faute si Elias ne pouvait pas faire un pas sans avoir envie de vomir toutes ses tripes. A lui l'honneur de passer pour un con en expliquant à la reine de Logres la meilleure façon de se beurrer la tronche.
« Ah bon ? fit-elle en le regardant d'un air étrangement songeur. Et bien vous voyez, maintenant que vous le dites, ça ne m'étonne pas vraiment. »
La tisane l'avait un peu soulagé, mais pas assez pour qu'il réunisse le courage de se lancer dans une préparation quelconque en plein milieu de l'après-midi. Alors il avait occupé ses mains autrement, par des tâches plus mondaines qui lui permettaient de ne pas avoir l'impression de gâcher complètement une journée de travail, mais qui ne nécessitaient du coup pas assez d'attention pour l'empêcher de cogiter.
Tout le monde agissait de façon très, très bizarre. D'abord, Bohort qui l'ignorait en dépit de sa politesse légendaire. Puis l'attitude foireuse de Léodagan, et les questions étranges de la reine. Le dernier clou dans le cercueil avait été le roi Arthur en personne, passant la tête dans le labo un peu après midi alors qu'Elias dressait une liste des ingrédients à renouveler. Il n'était pas resté longtemps, juste ce qu'il fallait pour demander avec un grand sourire moqueur si c'était bien ici qu'il devait faire livrer la nouvelle literie.
Il s'était enfui avant qu'Elias puisse répondre que non, ils avaient tout ce qu'il leur fallait.
La désagréable impression d'être le gros dindon de la farce n'arrêtait déjà pas de tourner en boucle dans sa tête, alors si même la personne la plus importante du royaume se mettait à agir de façon farfelue…
« Je suis rentré ! »
Elias se détourna vivement de son comptage de fioles vides et prêtes à l'emploi pour poser les yeux sur le druide qui montrait enfin le bout de son nez après une journée d'absence et qui, comble du mauvais goût, avait l'audace de paraître bien trop frais. « Eh ben c'est pas dommage ! s'écria-t-il, posant sa cagette de fioles de côté. On peut savoir où vous étiez fourré ? Je vous attends depuis ce matin !
- Il faisait beau, je suis allé à la cueillette, répondit Merlin en haussant une épaule. J'ai trouvé un coin à morilles, c'était incroyable, y avait qu'à se baisser-
- On s'en cogne, des morilles ! Je me suis réveillé seul, vous étiez plus là, et j'avais aucune idée de comment on était rentrés après cette fête de la Pierre Bleue à la con ! Vous croyez pas que vous auriez pu me laisser un mot ou encore mieux, me réveiller ?
- Vous dormiez si bien, c'est pas si souvent, j'avais pas le cœur de vous déranger. Et puis après hier soir, vous en aviez bien besoin…
- « Hier soir » ! » Elias se rapprocha de Merlin, qui recula d'un pas devant l'air furieusement exaspéré de son compagnon. « Mais je me souviens pas, moi, de « hier soir » ! Je me souviens juste de vos copains barbus et leur liqueur de pomme et-puis-plus-rien ! Je sais même pas comment on a fait pour rentrer à Kaamelott, d'ailleurs.
- Ah, ça, ben… Yael nous a ramenés.
- Et comment, sur son dos ? Pendant cinq heures de marche ?
- Mais non, ne soyez pas con, il sait faire comme vous là, le voyage entre les plans.
- Le voyage entre les plans ? répéta Elias, sidéré. Attendez, vous voulez dire… la téléportation ?
- Voilà, ça. Il nous a ramenés comme ça, parce que vous vouliez pas le faire, soi-disant que vous étiez pas en état ou je sais pas quoi. »
De ça non plus, Elias n'en gardait aucun souvenir, mais il était hautement probable que même à deux doigts du coma éthylique, il ait eu assez de jugeote pour minimiser les risques. « J'étais pas en état de le faire, je vous confirme, parce que j'étais rond comme une panse de biche ! Et il me semble que ce trouduc de Yael l'était tout autant, et qu'il a du venir à Kaamelott une fois dans sa vie, deux grand maximum !
- Qu'est-ce que ça change, ça ?
- Ça change, Môssieur Merlin, qu'on est probablement passés à deux poils de fion d'une mort dégueulasse par encastrement dans un mur de pierre, voilà ! Laisser Yael nous téléporter, non mais pourquoi pas, la prochaine fois je me jetterai de la falaise en planant comme une hirondelle, j'aurai autant de chance d'arriver à destination en un seul morceau !
- Oui bon, ça va ! rugit Merlin en retour. J'y connais rien, à votre télépor-truc, je sais même pas le faire moi ! Et à la fin de l'histoire on est rentrés, et tout le monde va bien ! Vous êtes jamais content, aussi !
- J'aurais bien aimé voir votre tronche si on avait atterri ici avec les jambes fusionnées à une échauguette, j'ai dans l'idée que vous auriez moins fait le malin. » Elias aurait pu continuer des heures et des heures à décrire tout ce qui pouvait mal se passer lorsqu'on laissait un collègue aviné exercer l'art délicat de la téléportation, avec de surcroît deux passagers, et vers un lieu peu familier. Que personne n'ait été blessé relevait du miracle ; mais il devait bien l'admettre, au final aucun incident n'était à déplorer, il n'y avait donc pas vraiment lieu de s'insurger trop longtemps. « Bon, je vous expliquerai les fondamentaux plus tard, histoire qu'on se retrouve pas à refaire les mêmes conneries deux fois de suite.
- Trop aimable, marmonna Merlin en déposant sa besace sur l'établi le plus proche pour en sortir les fruits de sa cueillette avec mauvaise humeur.
- Ah dites, vous allez pas vous mettre à faire la gueule, hein. Cette journée est déjà bien assez pourrie comme ça, merci de pas en rajouter. Je me suis payé un mal de crâne à décorner une chèvre, j'ai le dos en miettes, y avait plus une potion potable et le tonneau d'eau était vide ! Et en plus de ça, ils ont tous juré de me faire tourner zinzin au château aujourd'hui, sans rire c'est la pleine lune ce soir, ou bien ? »
La dernière partie de la phrase sembla faire tiquer Merlin, dont les gestes vacillèrent significativement. « Non, ce n'est pas la pleine lune ce soir, indiqua-t-il lentement, prenant bien soin de ne pas croiser le regard d'Elias.
- Bah alors je sais pas ce qui leur prend, à tous ceux-là ! Bon, de ce que j'ai compris, on a fait pas mal de bruit en rentrant hier soir, mais on sera pas les premiers, y a pas vraiment de quoi en chier une galette !
- Qu'est-ce que vous appelez « chier une galette » au juste ? Qu'est-ce qu'ils ont fait de si bizarre ?
- Ben déjà, le seigneur Bohort m'a clairement évité. Il s'est barré dans les écuries pour ne pas croiser mon chemin. Puis j'ai eu les discussions les plus loufs du monde avec Léodagan et sa fille, et dans l'après-midi notre bon roi en personne est venu au labo pour une histoire de nouveau lit qu'il voulait faire livrer ici, j'ai rien compris. Sérieusement, vous trouvez pas qu'il y a quelque chose de pas normal ?
- Non mais par rapport à hier soir, qu'est-ce qu'ils ont dit ?
- Rien de bien défini, qu'on a été pas mal bruyants, c'est tout, admit Elias. De là j'en ai déduit qu'on avait du rentrer à trois plombes du matin, complètement déglingués et qu'on avait fait un barouf monstrueux en allant se coucher, voilà.
- Vous vous souvenez de rien ?
- Mais non, je vous dis ! … pourquoi, vous si ? »
Avec un gros soupir las, Merlin posa ses mains à plat sur l'établi, fermant les yeux. Un murmure agacé ressemblant étonnamment à « ça valait bien la peine » lui échappa, avant qu'il ne se retourne vers son compagnon.
« Hier soir, commença-t-il prudemment, on a fait beaucoup de bruit quand on est revenus, c'est vrai.
- Ah, voilà !
- En fait techniquement, il serait plus juste de dire que vous avez fait beaucoup de bruit.
- De quoi ? Non mais vous manquez pas de souffle, alors ! C'est vous qui riez comme une vieille hyène quand vous êtes beurré, vous avez du faire autant de bruit que moi alors commencez pas à reporter la faute sur les autres ! »
Il en avait du culot, ce druide ! Profiter du fait qu'il ne se souvenait de rien pour lui faire croire qu'il était le seul fautif dans cette histoire. Hors de question que ça se passe comme ça.
« Mais laissez-moi expliquer ! rétorqua Merlin, l'expression à la fois irritée et – pour une raison inconnue – mal à l'aise. Oui c'est vrai, on n'a pas forcément fait attention en cherchant le chemin de la chambre, mais je pense que là ce n'est pas de ça dont il est question.
- Mais quoi d'autre, alors ? demanda Elias, parfaitement perdu.
- Et ben… bon sang, c'est pas facile. » Le fils de démon se passa une main dans les cheveux, cherchant momentanément ses mots et aggravant par la même occasion l'angoisse que son sorcier de compagnon sentait fleurir dans ses boyaux. « Bon… vous savez que quand vous avez un peu bu, d'habitude, vous avez… vous avez l'appétit qui s'éveille, on peut le dire comme ça.
- L'appétit ? Mais qu'est-ce que vous bavez, encore ?
- Oui, l'appétit, quand vous êtes imbibé vous êtes plutôt partant pour… 'voyez ? » Le visage d'Elias devait refléter le désarroi qu'il ressentait, car le druide se frotta le visage avec contrariété. « Le plumard ! Vous êtes plutôt partant pour aller au plumard, et pas pour dormir, c'est bon maintenant ou je dois vous faire un schéma ?
- Ah… oui c'est possible, peut-être, admit l'enchanteur en sentant un peu de chaleur envahir l'arrière de sa nuque. Mais quel rapport ?
- Le rapport, c'est que quand on est rentrés à votre chambre la nuit dernière, vous étiez bien torché et vous aviez pas vraiment sommeil, si vous voyez ce que je veux dire. »
Elias commençait à entrevoir assez bien ce que Merlin voulait dire. Des bribes de souvenirs, aussi fugaces qu'incertains, se présentaient à son esprit dans le désordre. Des habits empoignés, arrachés, jetés sans ménagement à gauche et à droite entre deux éclats de rire. La douceur des couvertures dans son dos, et la chaleur d'un autre corps contre son ventre. Une large main agrippée à sa hanche et une autre, plus délicate, plaquée sur sa bouche au son d'un « Chuuuuuut ! » un peu paniqué.
Le sorcier se sentit très nettement pâlir, une bien vilaine intuition dévalant son échine main dans la main avec une coulée de sueur froide. Il n'avait tout de même pas…
« Non… vous voulez dire que…
- Ah ça y est, vous vous souvenez enfin que vous avez crié à faire péter les fenêtres pendant une demi-heure ? Sans rire, je pense que même sous la torture vous auriez pas fait autant de bruit, ils ont du vous entendre jusqu'en Armorique ! »
La voix du druide se fondit en arrière-plan alors qu'Elias se repassait, impuissant, ses différentes interactions de la journée avec les autres résidents du château. Il se remémora l'air scandalisé de Bohort, le haussement de sourcil suggestif de Léodagan, le sourire curieusement taquin de la reine… Par tous les Dieux de tous les continents connus, aucun d'entre eux n'avait en réalité fait référence à la beuverie de la veille, non, mais bel et bien à…
L'enchanteur se vit contraint de s'appuyer au mur, pris de vertiges. « Merde… merde merde merde… »
Il repoussa la main de Merlin qui s'était tendue pour le stabiliser. Il ne voulait pas qu'on le touche, il ne voulait pas qu'on l'aide, il voulait seulement que tout ceci ne soit qu'un horrible cauchemar dont il pourrait rire une fois éveillé. Bon sang, même le roi en personne était venu se foutre de sa gueule… Il ne s'en remettrait jamais.
« Hé là, fit doucement Merlin à une distance rapprochée mais tout de même sécurisée. C'est pas si grave, pas de quoi faire une attaque. Au pire ça prouve à ceux qui en doutaient encore que tu es bien humain, et pas une machine à fabriquer des potions.
- Génial, merci beaucoup, j'avais bien besoin que tout le monde soit au courant, railla Elias en plaquant son dos au mur de pierre, grimaçant lorsque l'arrière de sa tête encore un peu souffrante heurta la surface dure.
- Ils auront bien vite oublié, c'est l'affaire de trois ou quatre jours ! En plus si ça se trouve, ils étaient trop loin pour distinguer les mots, les couloirs résonnent vachement.
- … ah parce que j'ai dit des trucs, en plus ?! T'as juste dit que j'avais fait du bruit !
- Oui, bon ben, t'as fait du bruit en criant des trucs, voilà ! En même temps j'ai jamais prétendu le contraire. »
De mieux en mieux ! Elias n'avait plus qu'à se trouver un joli petit trou de rat et s'y terrer pour un bon demi-siècle, histoire qu'il n'y ait plus personne pour se souvenir de cette odieuse nuit. Mais avant de s'exiler sous terre, il lui fallait les derniers détails ; avec un peu de chance, la réalité serait moins accablante que le produit de son imagination affolée.
« J'ai dit quoi, comme trucs ? demanda-t-il malgré lui, tiraillé entre l'envie d'oublier et le besoin maladif, limite morbide, de savoir.
- Des trucs, rien de bien cohérent, t'étais beurré quoi…
- Non mais d'accord, mais principalement ?
- Principalement, et bien… mon nom, assez souvent, admit le druide qui, à ce stade, aurait pu illuminer le labo à lui seul grâce à son visage écarlate. Et à part, ça, euh… non, j'peux pas.
- Allez, quoi !
- Non, je-peux-pas ! Tu t'en souviens pas, tant pis, je risque pas de répéter tous les trucs dépravés que t'as pu dire !
- Ah « dépravés », carrément ? Non mais très bien, écoute je vais faire mes bagages et je vais me trouver un coin paumé en Irlande du Nord pour passer un petit millier d'années, pas plus, juste le temps que tout ça se tasse. J'écrirai, promis. »
Elias se détacha du mur pour rejoindre le tabouret qu'il occupait avant l'arrivée de Merlin, s'y laissant tomber avec tout le poids de sa désolation. Il écarta sa caisse de fioles abandonnée pour croiser les bras sur l'établi et y enfouir son visage, plus désemparé que dans ses pires souvenirs. En cent cinquante-six ans d'existence, il ne pensait pas s'être un jour autant ridiculisé devant des gens qui l'employaient. Dire qu'il avait discuté de ça sans s'en rendre compte avec la reine, tranquillement, autour d'une planche de fromages…
C'était à en crever de honte.
Une paire de mains familières s'installa sur ses épaules, massant légèrement le creux de sa nuque.
« Je… j'ai dit dépravé, mais, euh… c'était pas désagréable, hein, dit Merlin d'une voix basse et un peu penaude. C'était juste… surprenant, venant de toi, mais c'était sympa, plutôt flatteur même. Faut pas que tu le prennes comme ça…
- Nan mais ça, ça va, je te fais quand même assez confiance pour garder certaines choses pour toi, marmonna Elias, apaisé malgré lui par le doux pétrissage des muscles de son cou. C'est tout le reste qui m'emmerde…
- Tu veux dire, que la moitié du château soit au courant que j'ai « les putain de mains les plus habiles de tout le monde connu » ? Oui, je peux comprendre.
- Parfois, je te déteste. Très, très fort. »
Le baiser amusé pressé à l'arrière de son crâne n'allégea que partiellement le mécontentement d'Elias. « T'es sûr ? Parce que tu donnais plutôt l'impression de beaucoup m'aimer, cette nuit, tout particulièrement quand je t'ai-
- Je croyais que tu voulais pas en parler ? Tu changes d'avis comme de godasses, toi ! Au lieu de faire ton malin, aujourd'hui il aurait plutôt fallu me soutenir, et pas te planquer en forêt pour ramasser des morilles, espèce de gros radis. »
Elias se laissa tout de même aller en arrière, appuyant son dos contre la taille de l'insupportable druide pour lui donner un meilleur accès à son cou et ses épaules. Merlin laissa échapper un petit rire discret et se plia de bon cœur aux demandes muettes de son compagnon, massant ce nouveau territoire volontairement cédé. Il lui devait bien ça, étant donné qu'il était manifestement responsable des douleurs dorsales du sorcier. « Et affronter le regard des chevaliers ? De la reine ? D'Arthur ? Non merci, mon loupiot, jusqu'à preuve du contraire ce n'est pas moi qui ai fait tout ce bruit. J'allais quand même pas assumer à ta place, d'autant que ça a du être bien gênant comme il faut.
- Ah, je confirme oui ! D'ailleurs, en parlant de choses gênantes, la reine va venir te demander des conseils pour le plumard, tu feras pas l'étonné.
- La reine va faire quoi ? »
