Chapitre 2
Willie vint emménager à Houston le dimanche suivant. La NASA lui avait trouvé une maison dans la banlieue résidentielle la plus agréable de Houston, Timber Cove. Beaucoup pami les astronautes résidaient ici, dans ce cadre tranquille de verdure. Willie, impressionné malgré lui, fit lentement le tour de « sa » maison. Il n'avait jamais vécu dans un cadre aussi agréable. Il songeait au bloc d'immeubles qui servait de résidence aux jeunes officiers, situé sur la base même de Fort Andrews. Les pilotes baptisait « les parpaings » ces blocs de béton aux allures de bunkers. L'intérieur était encore plus rébarbatif : fenêtres étroites, faible hauteur du plafond, sans parler des canalisations qui grimpaient à découvert le long des murs. Willie ressentit une énorme fierté de s'en être sorti, et sa nouvelle existence s'annonçait sous les meilleures auspices.
Le directeur du personnel passa le chercher pour le présenter aux autres membres de la NASA. Ce jour-là, beaucoup d'entre eux étaient réunis pour fêter la nomination au poste de directeur de la NASA d'un ancien ingénieur, Daniel Truman. C'était une chaude après-midi de juin et un barbecue avait été organisé dans le jardin de la villa du nouveau directeur. Willie fut présenté à Truman, qui lui sembla sympathique, puis il rencontra plusieurs astronautres dont les noms lui étaient familiers.
Il put s'apercevoir que si la période totalitaire était terminée, comme le disait Tori Spandau, elle avait duré longtemps : tous les astronautes avaient leurs épouses à leurs côtés et tout le monde marchait par paire : monsieur et madame Martin, monsieur et madame Swidon, sans parler de monsieur et madame Truman... Willie se sentit quelque peu isolé et regretta de se distinguer au sein de ce groupe qu'il voulait intégrer à toute force. La situation était identique pour les ingénieurs, dont la plupart étaient assez âgés. Seul l'un d'eux était célibataire, un jeune homme de trente ans à peine, qui opérait déjà en salle de contrôle.
-« Julian Aron, un de nos brillants ingénieurs, dit le directeur du personnel en le présentant.
- Bienvenue à la NASA », dit cordialement Julian à Willie en lui serrant la main.
Willie apprécia son air ouvert et sympathique, et son accueil semblait plus sincère que celui des astronautes. Cependant, toute l'assistance était vraiment des plus aimables, y compris le directeur des vols Richard Spandau. Un seul bémol vint ternir cette agréable après-midi. Willie fut présenté à un petit groupe, qui bavardait un peu à l'écart : il y avait l'astronaute déjà célèbre Matthew Lorens, qui avait participé aux missions Challenger VI, Challenger X et Helios II, sa femme Marilyn, et l'ingénieur Tori Spandau. Les yeux de Willie se dirigèrent tout de suite vers elle avec curiosité, mais elle le regarda à peine. Marilyn Lorens toisa le nouveau pilote avec quelque hauteur. Elle était habillée avec recherche et ne semblait pas peu fière d'elle-même. Au contraire, Tori Spandau portait une simple robe blanche, qui la faisait remarquer au milieu des trop élégantes épouses d'astronautes, comme si elle souhaitait se démarquer. Le couple Lorens lui souhaita la bienvenue, aimablement, et c'est à peine si Willie remarqua ce que ces paroles avaient de contraint.
-« Naturellement, vous souhaitez devenir astronaute ? s'enquit Matthew Lorens.
- Absolument, et le plus rapidement possible. »
Malgré son inexpérience mondaine, Willie sentit confusément qu'il n'aurait pas dû dire cela, en voyant les mines un peu choquées des Lorens. Seule Tori Spandau le regarda pensivement. Matthew Lorens tenta d'effacer le malaise en lui parlant de son expérience militaire. Tout en répondant, Willie considérait discrètement Tori et il fut frappé par ses yeux bruns veloutés, dont l'expression était singulièrement profonde.
-« Nous nous sommes parlé au téléphone, il y a un mois, lui rappela-t-il.
- Je me souviens. »
Elle ne sourit pas, garda son expression pensive et réservée. Willie sentit une pointe d'agacement le traverser. Tori Spandau était une jeune et jolie fille, et il avait l'habitude de plaire. Mais la jeune femme se tourna tout de suite vers le directeur du personnel et lui donna un CD-rom qu'elle avait gravé à l'intention de son fils. Le directeur lui parla quelques instants, avec une déférence qui montrait que la jeune femme était un personnage important au sein de la communauté. Puis il entraîna Willie vers d'autres présentations, et lui glissa négligemment :
-« Ne soyez pas froissé. Tori n'est jamais très souriante. »
Le reste de l'après-midi, discrètement, Willie jeta de temps à autre un coup d'œil dans la direction de Tori. Il remarqua sa grâcieuse silhouette, la chevelure sombre qui la paraît comme un halo, la délicate blancheur de son teint. A quelques reprises, Willie rencontra ses yeux, mais elle les détournait aussitôt. Il n'eut plus l'occasion de lui parler.
Willie garda de cette journée une impression favorable, due à l'accueil cordial qu'il avait reçu, de tous, sauf de Tori Spandau. Elle avait été si froide ! Certes, cela semblait lui être habituel, si Willie repensait au premier contact téléphonique et à l'affirmation du directeur du personnel. Mais il en gardait une impression désagréable. Plus tard, quand il songea de nouveau à cette journée, il réalisa à quel point le premier contact peut être trompeur. Les sourires des uns dissimulaient leurs préjugés, l'attitude réservée de l'autre cachait de grandes qualités de coeur. Le temps était proche où son seul soutien, au milieu de cet aéropage d'hypocrites, serait Tori Spandau.
Willie découvrit rapidement que Richard et Tori Spandau occupaient la maison en face de la sienne. Il apprit à reconnaître la voiture de Tori et ses horaires de travail. Il se rendit compte que toute l'organisation de la maison reposait sur elle et que la jeune femme était toujours occupée. Elle semblait mener une vie très rangée et dévouée à son père. Willie, qui n'avait connu que les fêtardes qui peuplaient les boîtes de nuit, se demandait comment une jeune femme pouvait se contenter d'une vie quasi monacale. Très tôt, il montra une vraie curiosité envers Tori et, discrètement, commença à se renseigner sur elle.
Ce fut facile : comme il l'avait pressenti, Tori était un pilier de la communauté. Elle vivait dans cette maison depuis son adolescence, lorsque son père, veuf, avait été recruté comme pilote. Il ne s'était jamais remarié et Tori régnait sur leur vie quotidienne. Elle avait grandi au milieu des astronautes. Comme elle était douée pour les sciences, elle s'était naturellement orientée vers l'astrophysique et, après son doctorat, avait été engagée par la NASA. Les anciens astronautes, qui avaient le sentiment de la connaître depuis toujours, la traitaient en petite soeur. Les nouvelles recrues apprenaient à respecter son intelligence et vantaient ses compétences, ainsi que son agréable caractère. Elle n'avait pas voulu quitter son père et s'occupait de lui, pour qu'il puisse se consacrer à son travail de directeur des vols et à ses recherches scientifiques. Pour résumer, tous ceux que Willie questionnait discrètement renvoyaient l'image d'une jeune femme douée et privilégiée, choyée et appréciée. Cela aurait du suffire à satisfaire la curiosité de Willie, mais ce ne fut pas le cas. Il se mit à l'observer directement.
Les circonstances servaient sa curiosité : les membres de la NASA se réunissaient fréquemment chez les uns ou les autres, la vie sociale du groupe était très intense. Willie croyait que les pilotes et astronautes se tiendraient à l'écart des ingénieurs et techniciens au sol, mais il se trompait du tout au tout, ce qui le réjouit, car Tori était là. Deux semaines après son arrivée, l'astronaute Samuel Gerald, aux portes de la retraite, réunit chez lui les jeunes pilotes, de préférence à ses pairs, pour faciliter leur intégration, disait-il. Willie fut invité, et il assista à l'arrivée de Tori, particulièrement fraîche dans une robe en jean. Il la regarda saluer les invités à tour de rôle. Ceux qu'elle connaissait le mieux plaisantaient avec elle, et elle leur répondait avec une franche gaieté. Willie ressentit le contraste, quand elle vint vers lui et lui dit simplement :
-« Bonjour, capitaine Sharp, comment allez-vous ? »
Evidemment, elle ne le connaissait guère, mais il songea que cette froideur ne lui était pas naturelle et qu'elle ne s'en servait qu'avec lui. Il espéra que cette attitude, qui le blessait, disparaîtrait avec le temps.
Gerald avait lancé les invitations quelques jours auparavant, mais sa femme était retournée dans sa famille, à l'improviste, et l'astronaute se trouvait débordé. Les épouses des pilotes proposaient leur aide, ponctuellement, mais elles avaient plutôt envie de bavarder entre elles. Tori prit les choses en main. Elle dressa la table pendant que Gerald s'affairait en cuisine, puis elle vint le seconder aux fourneaux. Willie, depuis le salon, l'observait discrètement. Il se décida soudain et alla lui offrir son aide. Tori le regarda avec un peu d'étonnement, puis lui sourit - enfin.
-« Vous voulez bien ouvrir les bouteilles de vin ?
- Bien sûr. »
Ils œuvrèrent plusieurs minutes côte à côte, en silence. Willie préférait cela. Il ne se sentait pas très à l'aise en société et parlait le moins possible. Gerald les appela pour servir l'apéritif. A une des épouses qui s'approchait d'elle, Tori remit d'autorité un plateau de petits fours.
-«Gloria, vous venez m'aider ? Comme c'est aimable à vous. »
Willie se retint d'éclater de rire. Deux pilotes vinrent discuter avec lui, mais il eut rapidement l'impression de subir un interrogatoire.
-« Que font vos parents ?
- Ils ont une ferme dans l'Iowa. »
Les deux hommes échangèrent un coup d'oeil. « Un paysan, je l'aurais parié », semblaient-ils dire. Willie se raidit.
-« Et quelle école avez-vous faite ?
- Aucune. Je me suis engagé à dix-sept ans. »
Willie crut deviner une sorte de mépris chez ses interlocuteurs et il dut résister à l'envie de rentrer chez lui brutalement. Toute sa vie, il avait eu la sensation d'être rejeté : dans son propre milieu parce qu'il avait l'ambition d'en sortir, et partout ailleurs parce qu'il manquait de culture et ne s'adaptait pas facilement. Il ne voulut pas se lancer dans une justification de son parcours vis-à-vis des deux pilotes, ni leur dire qu'il avait obtenu des diplômes scientifiques aux cours du soir. Il les laissa se demander comment il avait pu être engagé par la NASA... Du coin de l'œil, il voyait Tori qui parlait avec une nouvelle recrue, il voulut s'approcher mais le dîner fut servi au même instant. Par chance, Willie fut placé non loin de Tori. Celle-ci, toutefois, ne s'assit pas mais bondit à la cuisine pour aider Gerald à servir. Après une brève hésitation, Willie se releva et la suivit. Il arriva juste à temps pour lui enlever des mains un plateau très lourd, et obtint un joli sourire, qui le ravit.
Au dîner, curieusement, personne ne parla de la NASA ou des missions. Les sujets roulèrent sur les voyages, les enfants, l'actualité. Willie, qui vivait depuis toujours dans sa bulle sans s'intéresser au reste, se dit qu'il devrait diversifier ses centres d'intérêt. Il se sentait très ignare, à côté de Tori surtout, qui semblait au courant de tout et qui discourait avec aisance et humour.
Cependant, Tori ne perdait pas de vue son hôte débordé et s'interrompait fréquemment pour lui venir en aide. Willie jeta un coup d'œil dubitatif sur ses couverts – trois de chaque côté de l'assiette – et il commença à découper le poisson avec les couverts inappropriés, mais Tori, se penchant par-dessus son épaule, les lui changea si adroitement que personne ne s'en aperçut. Willie lui dédia une pensée reconnaissante. Jusqu'à la fin de la réception, il ne réussit pas à lui parler directement et espéra la retrouver bientôt en plus petit comité. Lorsqu'il s'approcha pour la saluer, elle fut à nouveau très courtoise, mais nullement chaleureuse. Il voulut la forcer à briser la glace.
-« Je vous souhaite une bonne journée, mademoiselle Spandau. »
Tout le monde se mit à rire, et Tori elle-même sourit franchement.
-« Mademoiselle Spandau ? Personne dans ce quartier ne m'appelle ainsi, sauf le facteur. Alors faites comme les autres, appelez-moi Tori.
- Très bien. Alors, appelez-moi Willie. »
Il lui tendit la main, elle la serra, et il prolongea quelque peu le contact en la regardant dans les yeux. En sortant, il s'attarda dans le jardin. Il tentait de mettre au clair ses impressions sur cette réunion. Les aspects désagréables l'emportaient : il s'était senti inculte, différent, et jugé par les autres. Mais de l'autre côté, il avait un peu découvert Tori Spandau... En entendant des voix, Willie se rejeta derrière un arbre ; ce fut un réflexe de coupable, comme s'il n'avait pas le droit d'être là. Tori et une des jeunes femmes étaient sorties sur la terrasse.
-« Nous avons peu vu Sam, aujourd'hui, constata la jeune femme, qui tirait quelques bouffées d'une cigarette. Il a passé tout son temps en cuisine.
- Quand sa femme fait tout le travail, personne ne remarque son absence », rétorqua Tori, et l'autre dut en convenir.
-« Comment trouves-tu les nouveaux pilotes ?
- Comme tous les autres pilotes, dit Tori avec indifférence.
- Et Sharp ? Qu'en penses-tu ? »
Willie se raidit derrière sa cachette et tendit l'oreille avec une attention redoublée.
- « Rien de spécial. Je ne le connais pas. Pourquoi cette question ?
- J'ai trouvé qu'il te regardait beaucoup.
- Je n'ai rien remarqué, répliqua Tori froidement. J'ai seulement vu qu'il est le seul à être venu m'aider... »
L'autre rougit, écrasa sa cigarette, et elles rentrèrent à l'intérieur. Willie quitta son abri et se décida à rentrer. L'indifférence de Tori s'ajoutait aux mauvaises impressions de cette soirée. Certes, elle avait reconnu sa conduite dévouée, mais elle ne pensait « rien de spécial » à son encontre. « C'est ce que nous verrons », se dit Willie, le regard un peu dur.
Willie n'avait pourtant guère le loisir d'étudier sa voisine. Il passait ses journées à la base aérienne et subissait le rigoureux entraînement des pilotes de la NASA. Professionnellement, cela se passait bien, très bien même. Au niveau relationnel, c'était fort différent. Willie comprit rapidement que sa formation à Fort Andrews, Alabama, n'était pas une recommandation face aux pilotes sortis d'Annapolis et de West Point. Son origine rurale et socialement défavorisée contribuait à le différencier. Les autres le considéraient comme inférieur et le traitaient avec condescendance. Willie pensa que ça leur passerait, quand ils se rendraient compte de ses compétences, et s'efforça de s'intégrer.
Quelques temps plus tard, le jeune ingénieur Julian Aron réunit quelques amis pour regarder la finale de la coupe de football. Willie fut convié, car le hasard voulut qu'il fut à proximité quand Julian invita deux des jeunes astronautes. Cependant, l'ingénieur avait une nature trop gentille pour laisser voir que les circonstances lui forçaient la main. Willie ne fut pas dupe, mais apprécia. Naturellement, les femmes des astronautes étaient présentes, même si le football ne les passionnait pas. En arrivant chez son hôte, Willie lui confia :
- « Au moins, je ne serai pas le seul célibataire ! »
Julian rit franchement et répondit :
- « Je sais ce que vous voulez dire. On se sent un peu isolé au milieu de ces familles si unies. J'ai longtemps ressenti ça. Mais ma copine sera là, ce soir.
- J'ai hâte de la connaitre, dit Willie aimablement.
- Vous la connaissez déjà », rétorqua Julian.
Tori parut sur ses entrefaites, et Willie ressentit un pincement au coeur, un sentiment qui ressemblait à de la déception. Il nota avec quelle aisance Tori se mouvait dans l'intérieur de son compagnon. Elle se comportait en parfaite maîtresse de maison et elle était chez Julian comme chez elle. La retransmission du match commença, et les invités se séparèrent en deux camps. Les femmes prirent place autour de la table pour bavarder. Les hommes se groupèrent autour du poste. A la surprise de Willie, Tori vint s'asseoir avec eux, et Julian passa le bras autour de ses épaules.
-« Alors, Tori, sur qui paries-tu ? interrogea Cole Swidon.
- Sur les tenants du titre. Ils ont fait une saison exceptionnelle.
- En face, ils ont pourtant de super éléments, avec le 8 et le 10.
- Ouais, mais au goal average, ils sont derrière... »
Willie roula des yeux étonnés et Julian, le voyant, se mit à rire.
-« Tori s'y connait, en football , dit-il. C'est une femme parfaite. »
Il posa un baiser sur la joue de sa petite amie, et elle lui sourit. Willie cessa de les regarder. Un sentiment d'envie commençait à sourdre dans son coeur. Lors d'une interruption, il se leva et heurta malencontreusement Annie Swidon. Il s'excusa, mais entendit la remarque chuchotée d'une des femmes : « Quel rustre ! » Il commença à se sentir mal à l'aise, un sentiment qu'il connaissait bien, celui de ne pas être à sa place. Alors que le match reprenait, Matthew Lorens demanda soudain :
-« De quoi bavarde la gent féminine ?
- De chiffons et d'enfants, répondit Tori, mimant un air accablé.
- Et vous deux, à quand le mariage et les enfants ? » dit Lorens en regardant alternativement Tori et Julian.
Willie considéra attentivement Tori pendant qu'elle répondait :
-« Quand ce sera à l'ordre du jour, tu seras le premier prévenu. »
Elle avait une lueur agacée dans le regard et ses épaules se raidissaient. Willie sourit malgré lui. Elle le vit et lui retourna son sourire, un peu contraint. « Elle a des yeux magnifiques, se dit-il soudain, et son visage est expressif au-delà de tout ce qu'on peut rêver. »
Puis il s'efforça de s'intéresser de nouveau au match. Il réalisa que les autres invités ne lui avaient guère prêté attention ce soir, hormis Julian son hôte. Or Willie sentait confusément qu'il ne pourrait pas devenir son ami car il avait, au fond de son cœur, un embryon de jalousie. L'équipe favorite remporta la victoire et tous montrèrent leur satisfaction. Willie sortit sur la terrasse obscure et prit une profonde inspiration. Il se sentait seul, dans cette ville, dans cette vie, et commençait à en souffrir. Tori sortit à son tour et fit quelques pas sur la terrasse, sans le voir. Il s'apprêtait à signaler sa présence quand Julian parut et enlaça la jeune femme.
-« Tu restes avec moi, cette nuit ?
- Non. Je suis fatiguée, je préfère rentrer.
- Oh, je t'en prie ! Reste ! Tu ne veux pas que je te supplie ?
- Inutile. »
Julian resserra son étreinte.
-« Je ne veux pas dormir seul, dit-il doucement.
- Dis-moi, commença Tori avec ironie, à part tenir ta maison et dormir dans ton lit, est-ce que j'ai vaiment une utilité ?
- Arrête, tu sais que je t'aime ! »
Intérieurement, Willie espérait que Tori ne céderait pas. Elle ne céda pas. Elle retourna à l'intérieur, tournant le dos à Julian. Willie prit congé et rentra chez lui avec des sentiments mitigés. Il avait beaucoup observé Tori Spandau, et tiré la conclusion que son mariage n'était pas imminent. A cet instant, il pensa : « Je la veux » et décida de tout mettre en oeuvre pour la séduire. Ses quasi fiançailles avec le seul type amical à son égard ne culpabilisa pas Willie. Sa sympathie pour le jeune ingénieur était morte dès qu'il l'avait vu avec Tori.
TBC
