Un jour, une nuit...
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Onizuka savait que son ancien élève mentait, ou plus exactement qu'il occultait la vérité ! Il voulait sans doute se protéger de la réalité, cela dit ce n'était pas comme ça qu'il avancerait dans la vie... Alors l'ancien voyou saisit Yoshito par la taille en le traînant dehors. Il allait l'aider à faire le point, parce que ce gosse le méritait plus que quiconque et c'était sûrement pas ses parents qui le soutiendraient dans l'accomplissement de cette démarche. On ne s'occupait que de son cerveau, c'était LA grande préoccupation de la famille, mais personne ne prenait le temps de s'apercevoir que ce petit bout d'homme était loin d'apprécier la vie à sa juste valeur. Le prof avança en silence, il conduisait son ancien élève dans un endroit calme où ils pourraient discuter tranquillement. Onizuka se laissa tomber sur un banc de la grande place, invitant Yoshito à la rejoindre, là, son regard vogua parmi les gens, c'était parti, ils allaient commencer. Son doigt pointa dans un premier essai, une femme qui marchait avec hardiesse dans un tailleur lavande. Le prof la trouvait canon, avec sa chevelure au vent et ses talons aiguilles.
-Non… »
-Celle-ci alors ? »
-Noooon ! »
-Aucune de ces filles ne te plait ! »
-Non ! »
-Tu es sévère ! »
-Je t'ai dit que ça ne m'intéressait pas ! »
Onizuka soupira, cette fois-ci le message avait été reçu cinq sur cinq. Yoshito n'aimait pas les femmes. Ça ne venait pas d'un blocage, ni même d'une timidité accrue, mais d'autre chose qui dépassait bien les petits problèmes de confiance en soi. Et alors ? Ça ne changeait pas son objectif. De nos jours l'homosexualité n'était plus une tare, à part peut-être, aux yeux des bourges qui servaient de parents au petit Kikuchi. Encore fallait-il qu'ils arrêtent de voir leur fils comme une machine à études et un futur médecin ou avocat ! Il ne fallait pas s'en arrêter là, pour le bonheur de son ancien élève, il allait agir du mieux qu'il pourrait. Il n'était pas père, mais il imaginait sans difficulté ce qu'il ferait si un jour où l'autre il avait un fils dans cette même situation. L'homme sortit un paquet de cigarettes de sa poche interne de veste, la nuit serait longue... car il ne savait pas trop s'il devait utiliser la manière forte ou la manière douce... Quelque chose le fit tiquer, la main de son élève en quémandait une. Kikuchi fumait ? Depuis quand ? Le prof fronça les sourcils, il attrapa une seconde cigarette qu'il déposa dans la main frêle du jeune homme.
-Tiens ! »
Le petit brun la porta à ses lèvres sans un mot, visiblement tendu. Onizuka sonda son vis-a-vis avant de s'approcher et d'allumer la cigarette de son ancien élève à l'aide de la sienne. En un an le petit avait beaucoup changé et c'était pas fait pour lui plaire. Les changements n'étaient pas libérateurs comme il l'aurait voulu. Non, ce n'était pas l'évolution qu'il avait souhaité pour Yoshito ! Et les zones d'ombres qui restaient inexplicables, devaient être annihilées pour que sa mission soit un perfect !
-Merci… »
-Bon… et celle-là ! »
Onizuka pointa un travestit, il le connaissait bien puisque c'était un ancien pote de collège. Ce gars avait toujours aimé porter des jupes, mais ce ne l'empêchait pas de se battre comme un homme, c'est pourquoi d'ailleurs, le prof se mit à sourire en se remémorant les bonnes bastons qu'il avait partagé avec ce gars... enfin... cette fille ! Le lycéen tourna un regard discret et regard la 'femme' en question. Elle était belle, il n'y avait rien à redire, mais quelque chose le chiffonnait, depuis quand il trouvait une fille canon ?
-Mwai… oublie ça… elle est insolite ! »
-C'est un mec ! »
-Un mec ? Onizuka, j'aurais dit oui, qu'auriez-vous fait ? »
-Je t'ai dit que je te brancherais un coup avec la personne que tu me désignerais ! »
Le gamin soupira mais rechigna à dire quelque chose d'autre. Eikichi ne le lâcherait pas, c'était une qualité noble du prof que de vouloir l'aider à nouveau, mais... Kikuchi n'était pas sûr que ça en vaille le coup ! Dans ses pensées, son regard traqua un jeune homme qui parlait avec un blond décoloré. Il les connaissait, il les avait déjà vu, oui, d'ailleurs son bras droit en trembla. Ce souvenir, cet atroce souvenir !
-Haaa ! Intéressé ? »
-J'aime bien son blouson… »
Le regard de Yoshito se détourna rapidement, s'il commençait à se rappeler de ça, Onizuka lui tomberait sûrement dessus. Lui, il ne voulait pas en reparler, il ne voulait même pas s'en souvenir ! Onizuka se sentit pris d'un grand agacement, Kikuchi était un bloc de glace, plus frigorifié qu'un iceberg ! Il se demandait toujours ce qui avait pu le rendre comme ça, car il se rappelait encore l'avoir vu embrasser Tomoko, chez lui, lorsque le petit couple s'était enfin retrouvé ! Y'a un an, il n'était pas aussi désespérant !
-Ok ! On passe à autre chose ! T'as déjà une érection quand même ! »
-Ouai, quand on est tout jeune ça se commende pas vraiment… »
-Et dernièrement ? »
-Deux, trois...»
-En pensant à quoi, ou en regardant quoi ? »
-Je sais plus trop… »
-Et quand tu joues avec la veuve poignée ? »
Kikuchi s'empourpra et laissa tomber sa cigarette, c'était pas quelque chose qu'il pouvait dire à quelqu'un, surtout pas à son prof ! Ce genre de choses n'étaient pas faites pour rester intimes ? Bien sûr que si ! Son regard restait obstinément fixé sur le sol... Quand il faisait ça seul, dans sa chambre ? A qui pensait-il ? La réponse était trop honteuse pour pouvoir la dire à haute voix. Serrant se veste contre lui, le jeune homme se leva pour fuir à nouveau.
-Heu… Je… je dois rentrer ! »
Ha, enfin, il avait une réaction, bien entendu, le gamin choisissait la méthode simple et rapide, la fuite, mais il l'en empêcha, se saisissant de son bras. Dans un mouvement brusque le prof attira le jeune homme contre lui, l'obligeant par la même occasion de le regarder dans les yeux. C'était le moment de percer l'abcès.
-Qui ? Muraï ? »
Le regard du prof ne fut pas soutenu, bien au contraire, la fuite avait été la seule réaction de son ancien élève. Venait-il de faire mouche ?
-Ça... m'est arrivé, y'a un moment déjà… mais depuis qu'il tourne autour de Miyabi, je... j'ai passé l'éponge… »
-Noboru ? »
-Non. »
Eïkichi passa en revu tous les garçons de la classe et à chaque fois, son élève faisait un signe négatif de la tête. Il ne lui dirait pas qui c'était, d'ailleurs Yoshito ne le regardait plus en face et faisait tout pour éviter un quelconque contact visuel. Sur ce coup, Eikichi devait se fier à son flaire. L'homme s'affala sur le banc en soupirant.
Kenji non, Masaru non plus… pas normal, c'est les deux plus beaux gosses de la classe !
-Je le connais ? »
-Hum... Je... vais rentrer, je vous laisse, désolé. »
Mais c'est qui ? Quelqu'un que je connais ? Qui n'est pas un élève de mon ancienne classe ?
Le prof se gratta le crâne, il laissa le jeune homme s'extirper de sa poigne et glisser dans la nuit avancée, il n'irait pas le chercher. Onizuka avait un peu trop insister, mieux valait laisser le jeune homme faire le point tout seul. Se dirigeant en direction de son studio d'un pas lent, le prof se creusait la tête, si il trouvait, il pourrait essayer d'arranger les choses, voire même lui arranger un coup. Après tout, c'était dans ses cordes ! La porte se referma derrière lui, Onizuka cherchait, mais ne devinait pas ; il ne trouvait pas, le garçon qui pouvait attiser la libido de son protégé. Il s'installa sur son canapé et remit en marche son lecteur DVD. tout en inscrivant le nom de tous les hommes qu'il connaissait et que son élève aurait pu apercevoir... Mais en fait à part quatre noms… Les profs et le flic… Onizuka séchait ! Dans les profs, il n'y en avait pas des tonnes, le principal : Udchiyamaa, trop vieux, le prof de math : Teshigawara, soit, il avait un QI aussi élevé que Kikuchi, mais c'était un pervers, et il le voyait mal avec Yoshito, le prof de sport : Fukuroda… trop idiot pour Kikuchi… le flic : Saegima ? Noooonnn ! Impossible ! Onizuka se frappa le crâne contre la table et eut un éclaire de lucidité...
Moi ?
Ça ne pouvait être que ça... Alors... Yoshito craquait pour lui ? Le prof fronça les sourcils perplexe, n'était-ce pas ce que les psy apellait... heu... enfin qu'importait en fait ! Il avait pris soin du jeune homme, et voilà que celui-ci tombait potentiellement amoureux de lui. Bonne blague ! Il ne savait trop que dire, si c'était bien lui, et il ne voyait pas qui d'autre ça pouvait être, que pourrait-il bien dire à Yoshito. Pour le coup, lui et son je vais t'arranger un rancard se retrouvait bien con. Le prof se leva d'un seul homme et s'empara de sa moto, sans penser plus à cette révélation, il était déjà en direction de la maison de Kikuchi. Là, il fallait qu'ils parlent, c'était urgent, il frappa, ou plutôt tambourina à la porte d'entrée.
-Il est là ? Votre fils ? »
-Non, il n'est pas encore rentré… »
Pas encore rentré ? Il devrait déjà être là, si ce n'était pas le cas, c'est que son élève avait dû sûrement faire une mauvaise rencontre. Yoshito n'était pas du genre à passer la nuit dehors, à moins que le prof ait trop insisté toute à l'heure et que le gamin était paumé mentalement et errait n'importe où. Mais qu'il était con, il aurait dû le ramener chez lui sous escorte au lieu de le regarder partir comme ça, en pleine nuit ! Onizuka démarra sur les chapeaux de roues et se dirigea où son instinct le lui commandait. Il ne savait pas d'où ça venait, mais des fois, il ressentait, un truc bizarre, comme une impulsion animale. Il ressentait un danger, quelqu'un devait entré sur son territoire étrangement, il ne pouvait dissocier cet impression néfaste de l'inquiétude qu'il portait pour son ancien élève. Fronçant les sourcils, Onizuka fonça a plein gaz. Il arriva au bord du cours d'eau qui avait longtemps servi de rencard pour les batailles de gangs. Son élève était en train d'être passé à tabac par la bande qu'il avait croisé en début de soirée. L'ancien Yankee sauta de sa moto sans se poser de question et se rua dans la bagarre. Il n'était jamais contre une bonne baston, et vu qu'il s'était retenu quelques heures plus tôt, il leur fila une double dose de coups. Les vingt petites frappes allongées, Eikichi attrapa le corps de Kikuchi. Son élève n'avait pas fait le poids, sonné le gamin ouvrit les yeux en souriant. Il n'avait peut-être pas fait le poids, mais cette fois, il avait répondu aux coups, ça le remplissait d'une certaine fierté.
-Hey ça va ? »
Le prof caressa le visage contusionné, un élan de rage lui grimpa le long du dos. Il ne supportait pas cette mentalité ! Avait-il passé à tabac des faibles ? Jamais ! A plusieurs sur un gringalet, rien avait de sens dans cette nouvelle génération de loubards. C'était peut-être un voyou, un bon à rien, mais Onizuka avait des principes et un honneur que cette bande de ploucs n'avait pas. Son regard se fit noir, ça n'allait pas se passer comme ça.
-Vingt contre un ? »
Oh, vu le nombre de gars qui se ramenaient de toute part, il devait l'avouer, c'était plus que vingt, ils étaient une bonne quarantaine à l'encercler maintenant. Allons bon, on l'attendait c'est ça ? Ok, mais il n'appréciait pas que l'invitation ne lui ait pas été tendue en main propre ! Un homme de son age s'approcha. Onizuka fronça les sourcils, et bien voilà un visage familier, un vieil ami si l'on pouvait dire ça, vu qu'ils n'échangeaient que rarement des mots. Etla dernière fois qu'ils s'étaient vu, Eikichi était parti avec sa meuf après l'avoir passé à tabac. C'était donc une vengeance ?
-Utiliser, mon élève pour m'attirer… C'est tout toi ! »
L'homme rigola d'un rire gras, en effet, il avait toujours eut recours à des moyens peu scrupuleux comme cette fille qu'il avait frappé en attendant que le preux Onizuka vienne la libérer ! La main de l'homme se leva. Onizuka attrapa son élève le calant contre son corps, vu la dose d'adversaires, mieux valait l'avoir à porté de main. Un regard posé sur ses adversaires, le prof se rua dans le rixe. L'élève maintenant pleinement conscient se dégagea de l'emprise d'Eikichi, il n'était pas question qu'il le laisse se battre seul contre cette racaille. Il était un homme, ou presque et dos contre celui de son prof, il attrapa une barre en fer, sur une des 'victimes' qui gisait à ses pieds. Yoshito se surprit à faire preuve de courage et de violence, il se battait pour Onizuka, il se battait pour toutes les fois où il s'était pris des coups ! Le petit génie en informatique se stoppa à bout de force puis se laissa tomber par terre, il était vidé... Son regard fatigué se dirigea sur Onizuka qui avait allonger le boss de la bande et rigolait joyeusement. Une bonne bagarre, oui, ça faisait du bien...
-Tu t'es bien déb… »
L'homme ne termina pas sa phrase, sa main ensanglanté signifiait que le prof était blessé. Onizuka fronça les sourcils, sa main balaya le sang sur sa tempe avant de perdre connaissance sous le regard inquiet de son élève.
Eikichi se réveilla dans son appartement, il faisait presque jour, un mal de crâne carabiné le prit alors qu'il essaya de se lever. Il se souvenait de la bagarre, ha ouai, celle-ci était mémorable à souhait ! Le prof retira négligemment la poche de glace surement posée par son élève ; ça ne servirait à rien, dans l'état actuel des choses, Onizuka n'éviterait pas la bosse ! Ça bourdonnait atrocement là dedans, il fit une moue puis se releva cherchant son ancien élève du regard.
-Yoshito ? »
Une forme se tenait à coté de lui, son élève semblait s'être assoupi. Ainsi le bout de chou avait eut la force de le porter jusque chez lui ? Un petit sourire illumina son visage, à la vision de cet angelot endormi, sa main caressa avec tendresse la tête qui était posée sur sa cuisse.
-Brave gamin ! »
Puisque sa tête ne semblait pas vouloir se calmer et qu'il n'avait pas cœur à réveiller Yoshito, il se laissa retomber dans les draps et se ré assoupit rapidement.
-Monsieur ? »
-Hum… Fuyutsuki senseï ! Encore un peu… »
Kikuchi fit une moue boudeuse. Avait-il la voix niaise de son ancienne prof d'anglais ? Point du tout ! Enfin quoi qu'il en soit, même si son prof dormait comme un bienheureux, il semblait avoir repris connaissance, c'était déjà ça. Il devait être... super tard, il avait finalement passé la nuit ici, alors, le fils à maman s'étira et se dirigea vers le téléphone. Mieux valait qu'il rassure sa mère, elle risquait d'appeler la police, les pompiers et tous les hôpitaux de la région, morte de peur. Maintenant qu'elle était prévenue qu'il ne rentrerait qu'en début d'après-midi, le lycéen s'enferma dans la salle de bain. Un rapide coup d'œil dans le miroir l'informa qu'il avait une tête de déterré ! Si jamais sa mère voyait ça... ou son père... mon dieu. Mais comment allait-il cacher ces bleus ? Il n'était pas chez une femme, très peu probable qu'il trouve quelque chose ressemblant à du fond de teint chez Onizuka. C'était catastrophique !
-Haaa ! »
Quelque chose le tira de son sommeil, un bruit diffus et régulier frappa à ses oreilles. Onizuka se réveilla et sortit directement de son lit. Si il aimait glander, il haïssait rester vautré dans son lit à rien faire. Installé sur sa table basse, le prof frotta son crâne et la croute de sang séché. Bah, il en avait vu des pires, il allait s'en remettre. Après avoir vérifié qu'il n'avait aucun vertigé, le premier réflexe du prof fut d'allumer une cigarette ! Il rejeta la fumée par le nez puis observa la pièce, cherchant son élève. Son regard se dirigea vers la droite, le son qui l'avait réveillé venait de la salle de bain...
-De l'eau ? Il prend une douche ? »
Le prof fronça les sourcils mais décida de patienter quelques minutes. Après dix minutes d'attente, le prof inquiet s'approcha de la salle de bain et essaya d'ouvrir la porte… Fermée ? Bon, ok, de toute façon ce n'était pas cette porte qui allait l'empêcher de vérifier si le gamin s'en sortait. L'homme souleva un peu la porte de ses gongs, la tira vers lui et la repoussa de quelques centimètres. Paf, la porte s'ouvrit toute seule, miraculeusement. Après tout c'était sa piaule depuis un moment maintenant, il savait ce qui marchait, les bons vieux trucs, très utile quand on voulait mater une jolie fille se maquiller ou prendre une douche.
-Ma mère va me tuer... »
Kikuchi passa sous le jet de la douche tout en murmurant, ses mains essayaient vainement de laver ses bleus, apparemment craintif que sa mère n'en fasse tout un drame. Eïkichi se mit à sourire sous l'obéissance sans borne qu'il semblait offrir à sa brave mère. Cela dit, pour Onizuka ces bleus là n'étaient pas honteux, car Yoshito ne les avait pas subis dans la crainte et la passivité. Les yeux du prof glissèrent le long d'un dos puis d'une cuisse, il devait se l'avouer Kikuchi, malgré les apparences, était bien foutu... L'homme s'était attendu à voir un corps à peine musclé, chétif jusqu'aux os, bien au contraire. Bon, il n'était pas aussi musclé que lui, mais Kikuchi n'avait rien à envier aux autres. Le corps du jeune homme se cambra sous le regard captivé de son ancien professeur. Jamais un corps d'homme ne lui avait semblait aussi gracile et... oui, quelque chose comme sensuel.
-Mignon… »
Cette observation lui avait glissé des lèvres. Onizuka fronça les sourcils un peu coupable de sa franchise qui fit sursauter son élève et le mit dans un état proche de gêne totale. D'ailleurs le gamin lui tournait maintenant le dos et semblait essayer de dissimuler son corps qui se recroquevilla lentement mais sûrement.
-Heu… qu'est-ce que vous faites ? »
-Je regarde ! »
-Vous feriez mieux d'allumer votre DVD pour ça ! »
-Tu n'es pas dedans… »
Maintenant qu'il avait attaqué, Onizuka se décida à continuer, après tout, hier il avait découvert le secret de son élève, même si au fond quelque chose le travaillait encore. N'était-ce que cela ? Dans tous les cas, le premier pas à faire pour Yoshito était de faire face à ses propres penchants. Ça n'allait pas le tuer, ça n'allait pas changer la face du monde, si il osait affronter ses propres sentiments. Eikichi voulait simplement que le jeune homme se libère. Le petit brun se retourna vers son prof avec un sourire gêné.
-Il suffit, ce n'est pas drôle… »
-Ai-je l'air de plaisanter ? »
Non, bien sûr que non. Onizuka était même très sérieux. Le professeur s'approcha de son élève et passa son indexe le long du bleu qu'il avait dans le dos. Il pesta intérieurement que cette peau douce soit bafouée par ce genre de choses primaires.
-Ceux là… si je les retrouve ! Faire du mal, à mon élève est impardonnable, mais en plus… frapper un corps comme le tien… ils n'ont aucun savoir-vivre ! »
La peau de Kikuchi était douce peut-être plus soyeuse que celle d'une femme. Elle était jeune, ferme... chaude... Le prof tiqua de son propre comportement, mais étrangement, il n'arrivait pas à rompre le contact et déjà sa main caressait la peau comme il l'aurait fait à une femme. Avec un corps pareil... son élève devait avoir du succès, même au près de la gente masculine. Cette pensée se teinta rapidement de noir. Était-ce ça ?
-Je peux finir ? »
-Vas-y… »
-Sortez d'ici ! »
-Tu ne veux pas un coup de main ? »
-NON ! Je sais me laver seul ! »
-Je ne parlais pas de ça… »
Kikuchi tourna un regard pétrifié de peur vers son prof, qui lui envoyait un regard indéchiffrable le mettant encore plus mal à l'aise qu'il ne l'était déjà. Ce regard quasi sombre l'épiait dans ses moindres mouvements, le lycéen se recula plaquant son corps contre le mur froid de la douche. Ce regard lui rapellait tant de chose qu'il faillit en échaper un sanglot. Heureusement qu'il s'était retenu, après tout Eikichi n'alalit pas lui sauter dessus...
-C'est moi ? »
Hein ? de quoi ? Kikuchi ne suivait pas du tout le cheminement de la pensée de son prof. Que voulait-il dire par c'est moi ? Le jeune homme fronça les sourcils, il était dur de savoir à quoi pensait son ancien prof à le regarder comme ça. Voulait-il parler de l'homme auquel il pensait, pendant... ?
-Heu… »
Ses paroles restèrent coincées au fond de sa gorge, il trembla un peu plus puis s'écroula par terre. C'était vrai, il faisait ça en pensant à son prof... Y'avait rien de plus dégoutant que de jouir en réclamant le prof qui lui avait sauvé la mise... Oui, la nuit il appelait Eikichi lorsqu'il se permettait un moment d'échappatoire... Mais... pourtant, il s'était promis depuis ce jour, qu'il ne le ferait plus, qu'il ne penserait plus à lui. Il s'était promis que personne ne devait plus jamais le toucher, mais... L'envie devait être plus forte pour qu'il continue d'appeler Onizuka. Voulait-il son aide, au fond ? Yoshito n'en savait fichtrement rien. Il serra ses genoux contre lui, terrorisé par ses souvenirs, par lui-même qui continuait de recherchait ce qu'il s'était promis de fuir à jamais. Lorsque son prof fit un pas dans sa direction, Yoshito perdit contenance et se mit à hurler.
-Ne me touchez pas ! Je… je… »
Onizuka recula instantanément, il n'aimait pas avoir raison, surtout quand c'était des doutes aussi pénibles que celui qu'il avait émis à propos de son élève. Maintenant il avait bien la certitude que ça avait été le cas. Ses yeux se fermèrent puis il expira, le prof réprima un soupire à fendre l'âme. Il ne voulait pas faire paniquer son élève, alors en silence il coupa l'eau puis sans jamais entrer en contact direct avec le lycéen, il attrapa un drap de bain qu'il enroula autour du corps de Kikuchi. Finalement, c'était bien ce qu'il craignait, Yoshito était trop docile et trop faible. Il n'avait pas pu se défendre et voilà... Mais, où était-il ce jour là, le grand Onizuka qui sauvait toujours ses élèves ? Que faisait-il pendant que son élève subissait ce genre de choses ? Pourquoi il ne l'avait pas ressenti ?
La mâchoire du prof grinça sinistrement, il était en colère, oui, contre lui et son incapacité à protéger ceux qu'il aimait ! L'homme se baissa, prenant dans ses bras le petit paquet terrorisé. Est-ce que le gamin pensait vraiment qu'il pourrait lui faire quelque chose dans ce genre ? Croyait-il vraiment que tous les hommes le voulaient de cette façon ? L'ancien voyou prit garde à ce que le drap de bain ne bouge pas pendant le transport, car après tout, il était là pour mettre à l'aise le petiot pas pour lui remémorer de trop mauvais souvenirs. Cela dit, un jour il faudrait qu'ils en parlent... ça faisait toujours du bien de parler, surtout de ce genre de blessure. Kikuchi poussa un hurlement lorsque son professeur le déposa dans le lit, il s'était totalement mépris sur les intentions de l'homme.
-Non, Onizuka, je ne veux pas, me faites pas ça, je vous en prie ! Je... »
Une main glissa dans sa chevelure longue, le visage d'Eikichi rayonnait d'un sourire bienveillant qui rassura quelque peu le gamin. Il n'allait pas ? ... Non. Son prof baisa son front, remontant les draps sur le corps pâle du bout de chou.
-Chuuut… Je vais rien te faire, tu me prends pour qui ? J'abuse pas de mes élèves, jamais, même de mes anciens élèves. »
Eikichi prit place à ses côtés, les mouvements étaient lents lui permettant de contrôler ou tout du moins en apparence, la situation. Il comprenait bien que son élèves ait peur de lui, on ne guérissait jamais entièrement d'un tel abus. Il n'y était pas passé, mais il avait une élève dans ce cas, et il voyait bien que Yoshito avait subi les mêmes choses, pour réagir de la même façon que la petite Hanabi. Des bras se refermèrent contre le corps à ses côtés et dans une traction douce, le lycéen se retrouva contre un torse rassurant. Deux mains serrèrent les épaules d'Onizuka qui ne put réfréner un large sourire. Que le gosse ne se méprenne plus sur ses intentions. Il n'avait jamais fait de mal intentionnellement à quelqu'un, en tout cas pas sans raison valable. Yoshito n'avait rien à craindre de lui. Sa main descendit le long du visage encore androgyne, son autre caressait le dos rond... comme un père apaiserait son enfant... oui, comme un enfant que l'on berce. Onizuka ne serait certainement jamais père, mais qu'importait, il avait des élèves à s'occuper, c'était un peu son seul but dans la vie
-Qui t'as fais ça ? »
Le corps entre ses bras sursauta à la question. Comment Onizuka avait su ? Était-il possible de lui cacher quelque chose ? Cependant, il ne voulait pas y repenser encore moins en parler. Le jeune homme posa ses mains sur ses oreilles fermant les yeux et versant des larmes muettes. Plus jamais ! Il ne s'était rien passé, rien, rien du tout !
-On m'a rien fait ! Je vois pas de quoi vous parlez ! »
-Tu sais très bien de quoi je parle... »
Kikuchi grogna, encore une fois, Onizuka ne lâcherait pas le morceau. Voulait-il vraiment lui faire revivre ça ? Le déni était peut-être plus simple, mais il n'y arrivait pas vraiment. Il n'avait plus de vie. Quand quelqu'un lui plaisait, il s'enfermait dans sa bulle, quand on le touchait... son corps tremblait d'une terreur muette. Tout lui rappelait cette soirée, en fait. Prenait-il le risque de revivre tout ça une bonne fois pour toute ? Il se dégagea des bras réconfortant de l'adulte et il lui tourna le dos. De toute façon, il ne pourrait lui en parler en face à face. C'était une partie de lui, une partie si intime... c'était compliqué, d'oser dire ce genre de choses en face d'une personne qu'on estime tant, qu'on finit par l'inclure dans les fantasmes les plus tordus... Il se rappelait la douleur et l'humiliation de ce soir là, sa propre main glissa sur son épaule comme pour se rassurer, ce n'était qu'un souvenir, il n'y avait rien de réel... rien...
-Je ne veux pas en parler ! »
-Bien… si tu changes d'avis... »
