Bonjour à tous ! Après une éternité, je reviens enfin vers cette fiction ! Je remercie bien entendu ceux qui m'ont lue jusqu'à maintenant, et j'espère que je n'ai pas mis votre patience à trop rude épreuve XD Comme j'aime la lenteur, il ne se passe pas grand chose dans ce chapitre, mais quelques pistes vont commencer à être explorées sur la disparition d'Akechi. Vous aurez aussi droit à quelques souvenirs de Dazai et Tomie...

Voilà, je n'en dis pas plus, si ce n'est pour les références à la fin du chapitre. Comme à chaque publication, je vous encourage à commenter. Un chapitre de cette ampleur représente pas mal de travail, et en ce qui me concerne, j'essaie de maintenir une certaine qualité dans l'écriture, dans la peinture des émotions et des paysages... j'espère que cela se ressent.

Bonne lecture à vous !


Chapitre 6.

L'humidité suinte des murs et du sol comme si elle faisait partie intégrante de la pierre. Cette pierre froide qui lui brûle le fessier à force d'y rester recroquevillée. Et cette odeur de pisse…

Elle ignore depuis combien de temps elle est là, depuis combien de temps elle attend. La seule pensée qu'elle arrive encore à formuler, c'est qu'elle a froid. Si froid qu'elle en oublierait la faim. La blessure à son épaule lui lance de temps en temps, et le sang a séché sur son uniforme. À la faible lueur du couloir qui conduit à sa cellule, elle observe ses pieds noirs de crasse. Comme on ne lui a même pas donné de seau pour se soulager, elle a dû se contenter d'un coin de la pièce. Comme un animal.

Parfois, Tomie parvient à oublier le froid quelques secondes, et à se souvenir du moment où ça a merdé. Ce moment où, comme d'habitude, elle n'a voulu en faire qu'à sa tête et suivre une piste trop dangereuse pour s'y risquer seule. Ce moment où elle a compris qu'à moins d'un miracle, personne ne la retrouverait. Bizarrement, on l'a seulement enfermée là. Sans un mot, sans une question. Après avoir senti un choc contre son crâne, elle s'est réveillée dans les ténèbres, au fond d'une cellule aussi vide que puante. Comme la torture lui fait encore peur, la perspective d'y échapper l'a d'abord soulagée, avant qu'elle ne comprenne qu'on l'aura certainement à l'usure. À moins qu'elle ne serve d'otage… ou que, et c'est là la solution la plus probable, on l'ait simplement oubliée là. Elle va certainement mourir loin du monde et du soleil. Dans l'humidité noire et glaciale.

Alors, lorsque la porte de sa prison émet un grincement lourd et métallique, elle pense qu'elle rêve encore. Elle se dit qu'elle rêve, ou qu'elle délire, jusqu'à ce qu'un corps s'affaisse brutalement face à elle. Des pas s'éloignent alors et la porte se ferme de nouveau.

Elle a perdu sa seule occasion de s'enfuir… Tant pis, elle n'en a de toute façon plus la force.

Sans un mot, Tomie laisse son regard s'aventurer sur le corps qui git, à quelques pas tout juste. Même le dégoût ou l'horreur ne font plus partie de ses réflexes. Elle est trop fatiguée, elle a trop froid, elle a trop faim…

Le corps ne bouge pas. Il est allongé sur le dos, les jambes légèrement écartées, les bras le long du corps. Comme sa tête est tournée, elle ne voit pas son visage, mais elle devine qu'il est jeune. Très jeune. Plus encore qu'elle. Il semble si maigre dans son pantalon noir. Le sang sur sa chemise n'a pas eu le temps de sécher et fait une myriade de petites tâches autour de sa cravate.

Tomie penche la tête en remarquant les bandages qui couvrent le cou, les bras et les chevilles du garçon. Où les a-t-elle vus déjà ? Et ces cheveux bruns, légèrement bouclés ?

Non. Ça ne peut pas être lui.

Si elle se trouve là, c'est peut-être même de sa faute et à l'heure qu'il est, encore une fois, il doit bien se foutre de la gueule du ministère.

Alors, comme elle a peur de commettre une nouvelle erreur, elle laisse le corps là où il est, replie ses jambes contre elle et enfouit sa tête contre ses genoux.

Ça ne changera rien, de toute façon.


La douleur ou la peur, elle ignora ce qui la tira du sommeil, mais lorsque Tomie ouvrit les yeux, sa jambe la brûlait de nouveau. En constatant que l'aube était encore loin, la jeune femme saisit son sac et se redressa sur son lit de camp. Avec la dose qu'elle s'était injectée quelques heures plus tôt, elle devrait se contenter des cachets… fichues douleurs.

Un ronflement guttural la sortit soudain de ses pensées, et elle découvrit, à la faible lueur du feu de cheminée, la silhouette de Kunikida qui faisait une grande ombre sur les boiseries de la pièce. Il s'était affaissé sur une chaise et dormait, la tête penchée et la bouche légèrement entrouverte.

Même les braves ont droit au repos, pensa-t-elle.

Doppo Kunikida lui semblait être quelqu'un de droit et de franc. De même que ce Nakajima Atsushi dont les regards anxieux et les épaules tendues lui rappelaient si bien ses premières années comme brigadière. Tout comme elle, il avait fini par s'endormir sur l'un des lits de camp que les infirmiers leur avaient préparés, mais le désordre dans ses draps témoignaient de son agitation.

Tomie fit le constat qu'elle aimait bien ses nouveaux collègues, du moins ceux-là. Inutile de parler du troisième.

Dazai se tenait immobile face à la cheminée. À la lueur des flammes, ses yeux bruns faisaient comme deux orbes de bronze et ses cheveux une épaisse masse sombre sur son visage très pâle. Tomie nota qu'il avait une peau parfaite, aussi blanche et lisse que celle d'un nouveau-né, qu'aucune cicatrice ne venait fracturer l'harmonie de ses traits. C'était étrange, parce que le Dazai qu'elle avait connu conservait toujours un bandage fermement serré autour de la partie droite de son visage. Jamais il ne l'avait retiré, depuis leur première entrevue jusqu'à l' « accident ». Pas une seule fois. Pour elle, l'apparence étrange du jeune mafieux ne pouvait être que le fruit d'une grave blessure qui lui avait laissé une marque indélébile sur le visage après une guérison laborieuse. Ce qui expliquait aussi l'inexpressivité dans ses traits, et la cruauté mêlée de tristesse qu'elle pouvait lire parfois dans ses yeux.

En réalité, ce n'était pas le simple fait de se retrouver face lui qui avait frappé Tomie la veille, mais son visage. C'était la première fois qu'elle le voyait en entier. La partie auparavant dissimulée par les bandages était intacte, sans une imperfection, sans une rougeur. Son œil semblait parfaitement voir. Dazai semblait désormais… entier… changé même. Tomie ne pouvait le nier. Cette lumière qui émanait de lui ne faisait cependant que mieux dissimuler les ténèbres profondes qu'il cachait dans son cœur. Mieux que les bandages, il avait revêtu le masque ignoble de la bouffonnerie pour dissimuler son véritable visage.

– Tu n'as rien contre le fait de bouger ? » demanda soudain l'ancien mafieux, sans même se retourner, avant de jeter un œil à ses collègues endormis. « J'aimerais éviter de les réveiller. »

Tomie acquiesça et s'extrait sans bruit de ses draps.

– Après toi », dit-elle.

À pas feutrés, Dazai se dirigea vers le couloir baigné d'obscurité. Il ne se retourna que lorsqu'elle le rejoignit. Tomie fit le constat que son visage était plus pâle que d'ordinaire, ses traits plus tendus, et que ses tempes luisaient de sueur. Son malaise avait dû lui laisser des séquelles…

– Que s'est-il passé ? » demanda-t-elle sans préambules.

– Un coup de fatigue.

C'est ce qu'avait conclu Dozen après l'avoir brièvement examiné. Peu après avoir découvert Dazai inconscient dans le couloir, Atsushi était parti à la poursuite du médecin pour le ramener dans la panique la plus totale, comme si la vie de son collègue était réellement en danger. Le spectacle lui avait presque semblé comique… Le docteur n'avait cependant diagnostiqué qu'un léger coup de fatigue, dû au mauvais temps et au stress.

Dazai stressé. Quelle blague !

– Ne te moque pas de moi », ricana la jeune femme. « Je sais qu'il en faut bien plus pour te mettre KO. Tu n'as pas mérité ton surnom de « démon de la mafia portuaire » pour rien. »

Encore une fois, Dazai ne dit rien et se contenta de la fixer sans que rien ne lui permette de deviner ses pensées. Tomie se fit la réflexion que sa figure était comme celle d'une poupée de porcelaine. Inerte, figée. Froide. Et c'est parce que rien ne pouvait d'ordinaire l'atteindre que l'état de Dazai était on ne peut plus suspect.

Il sentait la douleur. Tomie le savait avec certitude, mais celle-ci n'était pour lui rien de plus qu'une gêne passagère, et pour cause, elle l'avait vu supporter sans broncher des méthodes de torture qui seraient venues à bout du soldat le plus endurci. À ce stade, ce n'était d'ailleurs même plus une question d'entraînement. Dazai n'était pas normal, et même s'il ressentait la douleur, son seuil de tolérance à cette dernière était tout bonnement prodigieux. Ajouté à cela son calme à toute épreuve et son remarquable contrôle de ses émotions, rien ne pouvait vraiment l'atteindre. Alors qu'est-ce qui avait pu le mettre dans un tel état ? L'inconscience, l'hyperventilation, la fièvre… il n'avait pas simuler… Dazai ne simulait pas la souffrance, seulement la faiblesse. Distinction subtile mais essentielle. Quelque chose l'avait attaqué dans le couloir, quelques heures plus tôt.

– Qu'est-ce que tu comptes faire ? » demanda soudain Dazai.

– À propos de toi ou de l'enquête ?

Le regard de l'ancien mafieux était devenu glacial, et Tomie sentit un léger sourire étirer ses lèvres. Enfin elle le retrouvait. Le néant insondable dans ses yeux.

– Fais-le », dit-il en sortant un revolver de sa poche pour le lui tendre. « Tu peux me tuer. Là, tout de suite. »

Elle crut d'abord qu'il se moquait d'elle, mais son visage était trop grave.

– C'est un silencieux », poursuivit-il. « Vue ton intelligence et mes antécédents, tu n'auras aucun mal à camoufler le meurtre en suicide. »

Les yeux rivés sur le révolver, Tomie sentit ses intestins se contracter et son coeur battre plus fort. Ses mains s'étaient mises à trembler, mais ce n'était pas de la peur, non. Dans les tréfonds engourdis de son être en miettes commença à se diffuser une sorte d'euphorie, comme la sensation de se sentir soudain, et très brusquement, en vie. C'était grisant. Un rire démentiel franchit soudain le seuil de ses lèvres, et Tomie rit. Elle rit jusqu'à en avoir mal au ventre, jusqu'à ce que l'écho de ses gloussements se noient complètement dans l'obscurité du couloir.

– Te tuer maintenant serait te rendre un trop grand service », dit-elle enfin en retrouvant son sérieux. Ses yeux se fichèrent dans les siens et elle mit dans ce regard toute la haine et le mépris dont elle était capable. C'est-à-dire beaucoup. « J'ai bien l'intention de te faire souffrir autant que moi j'ai souffert. »

Dazai sourit à cette déclaration. Bien sûr qu'il le savait déjà, et qu'il comptait se moquer d'elle. Encore une fois. Parce que Dazai était intouchable.

– Tu n'es pas sans failles », se défendit la jeune femme. « Et ton geste vient de me le prouver. » En passant une main dans ses cheveux, elle esquissa quelques pas pour retourner vers la pièce où dormaient toujours les deux autres Agents. « Je ne suis pas comme toi… je ne m'en prendrai donc pas à tes coéquipiers. Je veux seulement m'assurer que tu sombres dans le désespoir sans possibilité de te reconstruire. Et lorsque cela arrivera, je ne t'achèverai pas. Non. Je te laisserai t'éteindre doucement, sentir le poids de ta misérable existence s'effriter lentement sur tes épaules et ta vie se diluer comme la drogue dans tes veines. » Dans un mouvement de volte-face, son regard se braqua sur Dazai qui demeurait immobile dans le noir. Elle sourit de nouveau. « D'ici là, je ne ferai que te retirer tout recours vers la mort et la délivrance, jusqu'à ce que tu t'éteignes de toi-même, de misère et d'épuisement. Voilà désormais la seule chose qui me tient encore en vie, et pour ce faire, je prendrai le temps qu'il faudrait. »

Parce que ce geste, ce simple geste, cette demande de le tuer qui se voulait comme un défi était en fait un désir. Quelque chose de si profondément ancré en lui qu'il s'était presque intégré à son masque de bouffon, mais Tomie en était cependant certaine.

La seule perspective de vivre était pour Dazai insupportable.


Les fous attirent les fous. Il l'a appris à ses dépens. Et le taré du jour est un fanatique d'opéra.

Cela dit, se faire torturer sur le final de Don Giovanni est un sacré luxe. Il se sentirait presque chanceux.

Don Giovanni, insolent séducteur, insatiable croqueur de chair et de plaisir, amer destructeur d'amour et de vie. Don Giovanni et sa belle figure pour la première envahie par la crainte. Celle de la mort ? Dazai se concentre sur les paroles, cette voix qui tremble un peu face au timbre du commandeur qui l'écrase comme une enclume. Il va en enfer. Soumis aux flammes éternelles pour ses crimes, par refus de se repentir. C'est la souffrance qu'il craint.

Une gifle vient le cueillir à la joue et Dazai frémit sous la morsure du poison qu'on lui a injecté. Si elle ne le tuera pas, la substance le consume comme un brasier. C'est un peu lui Don Giovanni. Et comme Don Giovanni, il n'a pas l'intention de céder.

Ce serait trop facile.

Nouveau coup. Il sent l'os craquer sous la violence du choc, quelque chose de chaud gicler sur son visage, et ferme les yeux. La douleur est infâme. Dazai déteste la douleur.

Depuis combien de temps dure la mascarade ? Depuis combien de temps voit-il le monde à l'envers, suspendu comme un bœuf qu'on vient d'égorger, et dont s'écoulent les dernières gouttes de sang ? Il observe le liquide rouge ruisseler le long de ses bras, comme deux lambeaux de chair qui pendent dans le vide, inerte, avant de s'écraser au sol. Une flaque écarlate s'est déjà formée sous son crâne. Elle fait comme un miroir, et en y regardant bien, Dazai voit son visage s'y refléter. Il reconnaît à peine sa figure…

Où est le banquier ?

« Le banquier », c'est cet insolent qui a osé se faire passer pour l'un d'entre eux. C'est celui qui l'a précipité en enfer, lui, et la fille qui croupit au cachot. Il le sait parce qu'il les a vus l'emmener, une éternité plus tôt, quand son corps lui semblait encore autre chose qu'un tas d'os et de muscles désarticulés par la douleur abjecte qui pétrit chacun de ses membres.

Dazai déteste la douleur.

Tu vas parler petite merde ?!

Il se contente juste de sourire en imaginant le rouge vif qui teinte désormais ses dents.

La morsure d'un chalumeau saisit alors la chair de son dos comme si on lui arrachait la peau à l'économe. Dazai sent quelque chose de rauque s'échapper de sa gorge, et découvre qu'il s'agit de sa propre voix. Il n'a pas pu s'empêcher de hurler. Bien sûr, puisqu'il déteste la souffrance.

Ses paupières lui semblent cependant si lourdes, son corps si pesant, son cœur si faible. Il pourrait mourir, là maintenant si on voulait bien lui accorder cette grâce, bien qu'un suicide en amoureux lui aurait plu davantage. Son esprit n'est pas aussi fort qu'on semble le croire, et là, tout de suite, il se sent partir. Enfin.

« À la revoyure… » parvient-il seulement à murmurer.


– Hein ?… qui… que… quoi ?… » s'entendit marmonner Atsushi en se redressant brusquement. La tête lui tourna cependant et il s'effondra presque aussitôt. La nuit avait été infâme.

– Debout ! » grogna la voix de Kunikida, qui ne semblait pas en meilleur état que lui.

Atsushi tourna la tête et découvrit l'agent en train de se masser le dos près du feu mourant de la cheminée. Ses cheveux étaient décoiffés et sa chemise froissée… ça devait être l'horreur dans son esprit.

– Ne plus jamais dormir dans un asile ou quelconque institution hospitalière », marmonna-t-il tout en notant la dite résolution dans son carnet.

Avec un petit sourire de compassion, Atsushi leva les yeux vers la fenêtre où se levait une aube timide, et pivota en direction des autres lits. Un frisson lui parcourut l'échine lorsqu'il constata que le lit occupé par Dazai était vide. Yamazaki n'était plus là non plus.

– Kunikida-san !

– Je sais… j'espère juste que cet abruti n'est pas parti sans nous… ça lui ressemblerait bien…

En rajustant ses lunettes, Kunikida pivota et fixa la fenêtre d'un œil noir.

– Cet endroit commence sérieusement à me mettre sur les nerfs… » marmonna-t-il avant de reporter les yeux vers Atsushi. « Lève-toi, on va chercher ce crétin avant qu'il ne fasse une bêtise. »


Même s'il s'était endormi comme une masse sur sa chaise, l'incident de la veille n'avait pas laissé Kunikida indifférent. Voir Dazai dans un tel état… c'était comme un coup de massue… La preuve qu'il avait malgré lui pris l'habitude de s'appuyer sur son coéquipier, puisqu'à la moindre défaillance de Dazai, il se sentait perdu. À corriger. Mais ce qui l'avait surtout perturbé, ce fut le regard de Yamazaki. Jusqu'alors, Kunikida ne l'avait vue que comme une sorte d'équivalent à Ranpo… en plus sombre… mais lorsqu'elle avait porté les yeux sur la silhouette inconsciente de Dazai, il y avait clairement lu de la haine, et… comme une soif de violence qui le dépassait de très loin. S'il se refusait d'émettre la moindre hypothèse et que son intelligence était de toute façon loin de surpasser celle de Dazai, Kunikida avait néanmoins compris une chose : derrière son infirmité et la morosité qui semblait peser sur elle comme une masse invisible, Yamazaki Tomie était dangereuse. Réellement dangereuse.

Elle et Dazai ne s'étaient quasiment pas parlé depuis l'arrivée de la jeune femme, mais il pouvait clairement sentir une tension entre eux. Contrairement à ses habitudes, Dazai lui semblait en effet effacé, silencieux, et Yamazaki n'avait quant à elle de cesse de le chercher des yeux. Kunikida l'avait même surprise à le fixer avec une rage inexplicable. Comme rien ne lui échappait, Dazai l'avait sans doute aperçue lui aussi, mais n'avait pas réagi. Est-ce qu'il cherchait à l'éviter ?

Et si ces deux-là se connaissaient en fait déjà ? Cette pensée lui avait traversé l'esprit à son réveil… Et s'ils s'étaient connus du temps où Dazai faisait encore partie de la mafia ? Pire. Dazai pouvait-il être impliqué dans l'état de la jeune femme ?… Kunikida eut cependant tôt fait de rejeter cette hypothèse. Santouka avait ses lubies mais ne chercherait pas à les piéger en leur flanquant une estropiée avide de vengeance. D'autant plus que c'était lui qui leur avait recommandé Dazai, alors même qu'il connaissait les noirceurs de son passé. Ça n'avait pas de sens.

Ces réflexions permirent à l'Agent de traverser les longs couloirs de l'asile sans trop se formaliser des cris et de l'odeur, avant d'arriver devant le bureau de Dozen.

– Votre collègue ? » demanda ce dernier en les lorgnant derrière ses lunettes. « Il m'a dit que vous dormiez encore mais qu'il avait une faim de loup. Je l'ai donc invité à prendre un petit déjeuner au réfectoire avec le personnel soignant. »

– Voyez-vous ça… » grimaça Kunikida en se ruant vers le réfectoire en question, Atsushi sur les talons.

Le spectacle le fit tomber des nues. Et dire qu'il s'était inquiété comme un con… Son coéquipier qu'il avait trouvé la veille fiévreux et inconscient contre un mur, son coéquipier qu'il avait veillé toute la nuit, se trémoussait gaiement, comme un jeune premier au milieu d'un troupeau d'infirmières en blouse blanche. Leurs rires sonnaient comme des cloches contre les murs carrelés du réfectoires et l'une d'elles s'était même assise sur ses genoux. Kunikida crut qu'il allait le tuer.

– Alors comme ça t'étais là espèce de momie ambulante ! Ça t'as pas traversé l'esprit qu'on s'était fait un sang d'encre ?!

– Oh Kunikida, te voilà ! » claironna l'agent en lui adressant un grand signe de la main tandis que son visage se mettait à irradier. « Atsushi aussi ! Vous dormiez si bien que je n'ai pas osé vous réveiller ! »

– On dormait parce qu'on t'a veillé toute la nuit boulet ! » rétorqua Kunikida.

– Raison de plus pour vous laisser tranquilles !

– Passe encore que tu nous aies laissés en plan pour manger mais tu m'expliques ce que tu es en train de faire là ?

Irradier n'était même plus le terme approprié. Toute la personne de Dazai semblait étinceler de mille feux et son sourire s'agrandit encore.

– Je choisis ma partenaire de suicide en amoureux bien sûr !

Là c'était trop.

– PUTAIN MAIS JE VAIS TE TRAINER PAR LE CUL À L'AGENCE ET ON VERRA SI TU SERA ENCORE MOTIVÉ POUR TES CONNERIES DE SUICIDE EN AMOUREUX ! » explosa Kunikida en lui assénant une gifle sur le crâne avant de le saisir par le col pour le trainer vers la sortie. « Allez viens Atsushi. On s'en va ! »

Passée la colère et cette très sérieuse envie d'abréger les jours de son coéquipier, plus vite ils seraient loin de ce mouroir, plus vite il pourrait réfléchir !


C'était un vieux bouquiniste spécialisé dans les livres rares.

Du temps où elle était encore son apprenti, Akechi l'y avait emmenée des dizaines de fois. Non seulement dans le cadre du travail, mais aussi par un amour inconditionnel pour les vieux livres.

La librairie ne payait pas de mine et se cachait derrière une vitrine poussiéreuse aux boiseries fatiguées, dans l'un des plus vieux quartiers de Yokohama. Celui qui en ignorait l'existence ne l'aurait sans doute jamais remarquée, mais lorsque Tomie poussa la porte, l'odeur des vieilles couvertures et des pages boucanées jusqu'à l'usure l'accueillit comme une vieille amie. Comme Akechi, elle avait toujours aimé lire et s'était longtemps réfugiée dans des romans policiers aux romances tordues qui avaient au moins eu le mérite de lui faire oublier sa condition le temps d'une lecture.

L'intérieur était sombre, et une quantité invraisemblable d'ouvrages remplissait les étagères jusqu'au plafond. En plus de celle des pages se dégageait des murs une subtile odeur de fleurs.

– Il y a quelqu'un ? » marmonna la jeune femme.

Un bruit se fit soudain entendre dans l'arrière boutique et la figure d'un garçon aux cheveux noirs et lisses lui apparut. Il semblait avoir son âge, et elle put voir ses yeux lire les courbes de sa silhouette comme un scanner tandis que le rouge lui montait aux joues.

– Vous… vous cherchez quelque chose ?… » bredouilla-t-il.

– Je cherche monsieur Mononobe. Il travaille toujours ici ?

– Mononobe est le nom de la famille. Nous sommes trois à le porter : mon grand-père, mon père et moi-même.

– Dans ce cas c'est certainement votre grand-père que je cherche. Il travaillait encore ici il y a quelques années.

– Il a pris sa retraite l'année dernière. Seuls mon père et moi travaillons ici désormais.

– Ah… » soupira Tomie. « Et est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de tout de même demander un service à votre grand-père ? C'est de la part d'un vieil ami. »

Le jeune homme sembla hésiter et regarda de part et d'autre de la boutique, comme s'il cherchait quelque chose. La sonnette s'activa soudain et la porte s'ouvrit sur la silhouette d'un homme d'humble carrure, dont les cheveux noirs étaient parsemés de gris et le regard imbu d'une indescriptible tristesse.

– Pardonnez-moi », dit-il à l'adresse de Tomie. « J'étais parti faire une course. Que puis-je faire pour vous ? »

Son ton était grave et soutenu. Mononobe était l'image parfait du père de famille, mais quelque chose dans sa stature et la gravité de sa voix apprirent à Tomie qu'il était certainement veuf. Connaissant la solitude par cœur, elle savait reconnaître ceux qui s'en étaient également faite une amie.

– Vous êtes le propriétaire de la librairie ?

– En effet. Ce jeune homme est mon fils. Est-ce qu'il a pu vous venir en aide ?

– Nous étions en train de discuter. En réalité, j'aimerais parler à Mononobe-san, le précédant propriétaire. Cela concerne Kogoro Akechi, et c'est une affaire privée.

– Kogoro Akechi… » réfléchit l'homme en passant la main sur sa barbe de trois jours. « Ce nom me dit quelque chose… oui… oui je vois ! » dit-il en la fixant de nouveau. « Le détective ! »

– Exactement ! » sourit Tomie.

– Votre visage m'est aussi familier. Vous êtes déjà venue ici ?

– J'étais l'apprentie d'Akechi. Il m'est arrivé de l'accompagner pour consulter Mononobe-san en matière de cryptographie.

– En effet, je me souviens que le détective allait régulièrement le concerter. Mais cela fait un moment qu'on ne l'a plus vu. Comment va-t-il ?

– Il est atteint d'une maladie mentale et a été enfermé à l'asile de Yokohama », lança Tomie en estimant que le mensonge ne lui serait d'aucune utilité. « Enfin… ce fut le cas jusqu'à ce qu'il disparaisse sans laisser de traces. J'ai été chargée de l'enquête et il se trouve que notre seul indice pour l'instant réside dans une série de feuillets crypté. J'aurai vraiment besoin de l'aide de votre père pour les déchiffrer. »

Le libraire avait extraordinairement pâli, et son regard, jusqu'alors si calme, traduisait une confusion qu'il avait de la peine à contenir. La surprise ne faisait visiblement pas partie du quotidien de la boutique…

– Je… je vais voir ce que je peux faire… » marmonna-t-il. « Mon père habite juste au-dessus, laissez-moi juste le temps de lui demander de vous recevoir… »

– Vous serez bien aimable », dit Tomie qui avait craint l'espace de quelques secondes de devoir le réanimer d'une crise cardiaque.

L'homme lui adressa un petit signe de tête, et repartit aussitôt, la laissant seule avec son fils qui s'était de nouveau réfugié dans l'arrière boutique. Laissée à elle-même, Tomie se surprit à errer parmi les étagères poussiéreuses, le regard perdu dans ces dizaines de couvertures et de pages fanées jusqu'à l'usure. Dans la semi-obscurité qui imprégnait la librairie, elle pouvait presque entendre murmurer ces mots d'ailleurs, les histoires extraordinaires et les infinies possibilités figées par l'encre sur le papier. Depuis toute petite, elle concevait le livre comme une porte vers un autre univers, et l'acte de lecture comme un voyage. Ses doigts passèrent lentement sur les reliures tandis que le claquement de sa canne rythmait le bruit imperceptible de ses pas sur le parquet. Son œil s'arrêta soudain sur la côte rouge d'un ouvrage dont le titre gravé de lettres d'or reflétait la frête lumière du dehors. Contrairement aux autres livres, elle put reconnaître des lettres issue de l'alphabet occidental, formant ce qui ressemblait à un prénom.

AURÉLIA.

– C'est une édition très rare », murmura une voix derrière elle.

Tomie sursauta et se retourna brusquement, réveillant la douleur latente dans sa jambe. Mononobe junior se tenait juste derrière elle, une pile d'ouvrages en main.

– Vous les libraires êtes comme des fantômes… » marmonna-t-elle avec un petit sourire. « On ne vous entend pas venir. »

– C'est sans doute par habitude » rétorqua-t-il en lui rendant son sourire. « Nous vivons parmi les ombres. Des êtres sans chair ni d'autre existence que celle des pages. Nous sommes un peu comme les gardiens d'univers qui ne se matérialisent que lorsqu'ils trouvent leur lecteur. »

– Votre grand-père vous a bien appris le métier à ce que je vois.

– Je baigne dans les livres depuis ma plus tendre enfance. J'ai donc fini par comprendre leur langage et savoir quelles responsabilités incombait à la tenue d'une librairie. » Son visage devint tout à coup plus grave, et son regard s'empreint d'une lueur de mystère qui le rendait d'autant plus profond. Tomie réalisa qu'avec sa peau très pâle, ses traits fins et ses yeux en amande, il possédait une beauté diaphane, presque surnaturelle. « Le livre est à la fois la mémoire et la possibilité du monde. Il en stocke l'expérience et aide celui qui le lit à la réaliser, au prisme de la sienne. C'est pour ça que nous devons à tout prix les conserver. »

– Même au prix de votre vie à vous ?

Il sembla tout à coup surprit et la fixa avec des grands yeux.

– Je n'ai jamais eu l'impression de me sacrifier pour cela. Je fais ce que j'aime, voilà tout.

Toute trace de timidité semblait l'avoir quitter, et un léger sourire étira ses lèvres.

– Vous disiez… du coup… que c'est une édition très rare… », lança Tomie pour tenter de dissimuler le rouge qui lui montait aux joues.

– Oui. C'est l'édition d'un groupement de nouvelles réunies sous le titre « Le rêve et la vie ». « Aurélia » en est la plus importante. Elles ont été rédigées par un poète français du nom de Gérard de Nerval, et éditées par deux de ses amis après sa mort.

– Étrange titre.

– Nerval était fasciné par le rêve. Il y a entièrement consacré ses derniers écrits », poursuivit l'apprenti libraire en se déchargeant de sa pile de livres pour retirer l'ouvrage de son étagère et le mettre entre les mains de Tomie.

La jeune femme frémit au contact du cuir sur ses paumes et ouvrit délicatement la couverture.

– L'histoire de ce texte est un peu tragique », lui raconta Mononobe junior pendant qu'elle tournait les pages sans comprendre de quoi elles parlaient. « Quelques années avant sa mort, en 1856, Gérard de Nerval avait été admis en asile psychiatrique. Aurélia raconte son internement et le récit de ses visions. Mais c'est surtout l'histoire d'un amour malheureux : celle d'un homme qui recherche désespérément la femme qu'il a aimée, et envers qui il veut se faire pardonner d'une faute inavouable. Mais cette femme est malheureusement morte et se manifeste à lui tantôt sous les traits d'un spectre, tantôt sous les traits d'une déesse syncrétique. Le récit superpose ainsi l'univers asilaire à celui du rêve par une séries de visions mystiques inspirées du romantisme allemand. »

Tomie leva les yeux vers lui sans pouvoir dissimuler son admiration. Lettrée, elle l'était un peu, mais pas à ce point… Un détail la chiffonnait cependant, et elle ne pouvait pas s'empêcher de trouver une curieuse résonance entre le livre qu'elle tenait dans les mains et le cas de son ancien mentor.

– Ce Nerval… », souffla-t-elle, « il était donc fou ? »

– Tout dépend de ce qu'on appelle la folie.

– Qu'est-ce que vous voulez dire ?

– Nerval était fou pour les autres, mais lui trouvait une parfaite cohérence dans ce qu'il vivait et voyait. On identifie comme « fou » celui qui est différent, mais est-ce que ça veut forcément dire qu'il l'est vraiment et que ce ne sont pas les autres autour de lui qui se sont enfermés dans une réalité astreignante, limitée ? Après tout, nos sens ne nous permettent pas de tout percevoir : nous ne voyons pas la lumière, nous n'entendons pas les ultrasons, nous ne sentons pas des odeurs qu'un chiens ou un serpent saurait pourtant repérer à des kilomètres à la ronde, et pourtant, toutes ces choses existent autour de nous. » Son sourire s'agrandit alors que ses yeux noirs se mettaient à pétiller. « Et si ceux qu'on appellent « fous » avaient en fait un regard plus large sur une réalité qui, à nous, nous échappe ? La preuve, beaucoup d'entre eux ont perçu des choses qui se sont avérées vraies. Certains, comme Einstein, ont même pu le prouver par la science. Dans ce cas, sont-ils aussi fous qu'on voudrait la prétendre ? »

Le jeune homme s'exprimait désormais avec une sorte de fureur exaltée. Tomie le regardait quant à elle avec hébétude. Quelque chose venait de s'éclairer dans son esprit. Et si elle avait pris le problème dans le mauvais sens ? Et si en réalité Akechi n'était pas fou ? Dans ce cas, cela voudrait-il dire que le monstre existait réellement ?

Son coeur battait la chamade et sonnait contre ses tempes comme le choc d'un tambour. Elle avait l'impression d'y voir plus clair tout en étant saisie d'une sensation de vertige.

Alors qu'elle sentait ses pensées s'embrouiller de nouveau, la porte s'ouvrit de la librairie sur la silhouette de Mononobe père.

– Vous pouvez monter », dit-il calmement. « Il vous attend. »


– Pour l'instant c'est le flou total », confessa Kunikida à un Fukuzawa légèrement dépité.

Malgré la matinée bien avancée, les Agents n'avaient pu se sortir de l'impasse dans laquelle ils s'étaient engouffrés dès la veille. À part les feuillets trouvés dans la chambre d'Akechi, aucune piste sérieuse ne s'était présentée. Même Ranpo était à sec et avait préféré bouder plutôt que de leur avouer qu'il se trouvait aussi démuni qu'eux face à la disparition de l'ancien détective.

– Apparemment le ministère n'est pas plus avancé que nous », déclara Fukuzawa. « Mais il nous faut poursuivre l'enquête. Je veux que tout soit mis en œuvre pour déchiffrer les feuillets. »

– Entendu.

Dazai travaillait dessus depuis deux jours, sans résultats. Leurs seuls espoirs reposaient désormais sur Yamazaki et son fameux contact. Kunikida soupira. Aucune nouvelle de la jeune femme ne leur était parvenue de la matinée. De plus, la boîte à musique qu'elle leur avait confiée la veille avait disparu. À moins qu'elle ne l'ait embarquée en partant…

En revenant dans les bureaux, Kunikida découvrit que Dazai n'était pas à son poste et jeta un œil au canapé où il avait pris l'habitude de se vautrer. Personne.

– Il… il est parti faire un tour… » bredouilla Atsushi en glissant imperceptiblement sous son bureau pour fuir le regard assassin de son collègue.

– Et j'imagine qu'il ne t'a pas dit où ? » rétorqua Kunikida en tentant de contrôler sa voix où pointait déjà un soupçon de rage.

– Non.

Le con.


L'orage de la veille avait laissé quelques dégâts, et Dazai dut sinuer parmi les dizaines de feuilles mortes qui jonchaient le sol pour progresser vers sa destination. La lumière grisâtre de l'automne se reflétait sur les flaques d'eau et rendait d'autant plus lugubre le quartier occidental de Yokohama, là où l'avait mené l'adresse laissée par Akechi.

Érigé sur une petite colline, le quartier avait été bâti lorsque la ville avait connu son plein essor, et était passée d'un modeste port de pêche à l'un des plus grands pôles commerçants du Japon. Les Occidentaux ayant obtenu un droit de séjour y avaient fait bâtir une dizaine de villas, plus extravagantes les unes que les autres, pour y loger et organiser leurs réceptions, mais force était de constater que leur gloire était passée depuis longtemps. Tout dans les façades craquelées, dans les statues rongées par le temps et dans les jardins envahis d'herbes folles sentaient l'abandon. Tout en continuant d'avancer, Dazai jeta un œil aux anciennes allées, qui menaient parfois à de véritables bizarreries architecturales, aux tours fantaisistes et aux couleurs passées. Au détour d'une haute grille de fer forgé, il aperçut une fontaine remplie d'eau croupie, entourée de statues d'anges à moitié détruites. Plus personne n'habitait ces murs depuis que la Mafia portuaire y avait fait massacrer une filiale de la mafia italienne, du temps de l'ancien boss. Depuis, tout était resté en l'état. Il devait même rester nombres d'objets de valeur à l'intérieur des murs, mais personne n'osait s'y aventurer pour vérifier. L'ombre du précédant boss régnait encore sur le quartier comme une malédiction et dissuadait sans doute tous les curieux de s'y rendre. Une histoire sordide est parfois bien plus efficace qu'une banale interdiction.

Le regard vague et les mains dans les poches, Dazai progressa jusqu'à la dite adresse et s'arrêta face à une grille qui donnait sur une bâtisse de style victorien, perdu au fond d'un jardin aux allures de véritable jungle.

– Nous y voilà », marmonna-t-il en escaladant le portail. « La traditionnelle maison hantée… »


Trois jours.

C'est ce qu'il faudrait à Mononobe senior pour déchiffrer le code. C'est du moins le temps qu'elle avait accepté de lui accorder avant de revenir le voir. Trois jours étaient déjà trop pour elle, mais le reste de bienveillance qu'elle avait conservée lui interdisait de brusquer un vieil homme bien assez gentil pour lui rendre un service. Il lui faudrait donc attendre.

Tout en prenant appui sur un lampadaire, Tomie fouilla son sac et en sortit son étui à cigarettes. Quatre étaient déjà prête à l'emploi, elle n'eut qu'à en sortir une et à l'allumer. Dire qu'il y a quelques années, elle faisait encore la morale aux fumeurs…

Le tabac l'aida à la fois à se calmer et à rassembler ses pensées. Au stade où elle était, il n'y avait qu'une chose à faire. Se rendre à l'adresse indiquée par Akechi.


Je précise juste que le noms "Mononobe" est une référence au manga de Konkichi, "Le Livre des démons". La librairie familiale qui se transmet de père en fils est quant à elle une référence à la librairie Sempere de "L'Ombre du vent" de Carlos Ruiz Zafon. À bientôt pour la suite qui, je l'espère, mettra moins de temps à arriver...