Disclaimer: Les personnages de I'll ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété de Hiroyuki Asada…

Resumé : Dernière année au lycée Kozou !

Acry.


"watashi wa eien ni anata to issho ni itai desu"

"Je veux être avec toi pour toujours"

1


Tout avait débuté une journée d'octobre, une journée ensoleillée mais très fraîche, d'ailleurs cet hiver là s'annonçait rude, comme celui de l'année dernière. J'étais arrivée de bonne heure au lycée ce matin là, il me tardait de voir arriver, au travers de cette fenêtre, la silhouette d'Akane Tachibana...

- Sumire ! Tu rêves ou quoi ! La cloche a sonné ! »
- Ho ? Déjà ? »
- Tu penses encore à ton chéri ! Oh Akane, pourquoi tu ne viens pas aujourd'hui... Ne vois-tu pas que je t'attends depuis tout ce temps ! Tu ne me remarques même pas. Mais, je t'aime ! »
- Tais-toi Mika ! Akane est mon meilleur ami ! Un ami d'enfance et rien d'autre ! »
- T'es sûre ? »

Mika était toujours comme ça avec moi, elle tenait absolument à me caser avec lui. Il me semblait avoir cette discussion chaque jour, avec elle. Mais moi je sais, depuis une année que cet espoir quelconque n'aboutirait jamais. Oui, un jour j'avais espéré.

- Akane... »

Il n'était finalement pas venu en cours, comme la semaine dernière. Mais, je n'avais pas à m'inquiéter, cette tête de mule finirait bien par revenir. La demi-journée parut durer une éternité, certainement à cause du professeur de littérature antique.
Lorsque midi sonna, je me suis décidée d'aller voir pourquoi cet imbécile de Tachibana séchait les cours, j'étais certaine qu'il me sortirait l'une de ses excuses minables, mais c'était ça avant tout, Akane Tachibana, mais bien vite, je me rendis compte de ma stupidité, mon ami n'était pas présent sur le terrain de basket.

- Sumire ! Où vas-tu ? »
- Je vais voir, si Hiiragi-kun a vu Akane, hier. J'ai essayé de l'appeler, mais sa mère ne l'a pas vu du week-end. »

J'ai laissé Mika derrière moi et me suis dirigée vers les escaliers qui montaient sur le toit du lycée. Si une personne pouvait savoir ce qui arrivait à cette face de poulpe, c'était bien Hitonari. J'ai ouvert la porte tout doucement pour ne pas réveiller le blondinet s'il dormait, comme neuf fois sur dix. Ces deux là étaient franchement fait pour s'entendre, c'est ce que je ne cessais de me répéter. A ma grande surprise, il était en train de parler avec Akane, d'ailleurs ni l'un, ni l'autre ne m'avaient aperçu et étaient totalement absorbés par leur discussion.

- Tachibana ?... Alors qu'est-ce que tu vas faire ? »
- Bah... Je sais pas, la vielle m'a gonflé samedi, j'ai pas envie de la revoir de si tôt ! »

Hiiragi sembla s'assombrir quelque temps. Akane ne se rendait pas compte a quel point ses récits avec sa mère pouvaient changer le visage impassible d'Hitonari au point de lui filer un air sombre et triste. Il était à parier que le blond ne voulait qu'une chose : une mère aimante et casse pied comme celle d'Akane.

- De toute façon, je me débrouille bien tout seul ! »
- Cet après-midi, il va falloir assurer, Tachibana ! Faut qu'on le gagne ce tournoi ! »
- Ouai, c'est vrai. C'est nos derniers matchs sous les couleurs de Kouzu... »

La main d'Akane s'éleva dans les airs, venant frapper celle d'Hiiragi. Malgré l'entrain dont ils venaient de faire preuve par leurs paroles, le contact fut aussi léger qu'une plume. Je n'avais pas à me questionner sur la raison. Le lycée était bientôt fini et il était probable que les deux équipiers ne finiraient pas dans la même fac et ne joueraient plus ensemble, sur le même terrain à moins d'un match adverse.

- T'as raison c'est notre dernière année de lycée... »

Un regard triste s'empara d'Hitonari, il laissa tomber son bras avec lourdeur le long de son corps. Le moral était bas depuis la rentrée, bientôt les examens assureraient leur places aux différents élèves pour leur parcourt d'enseignement supérieur. Avec nos notes, il est fort probable que je me retrouve dans la même fac qu'Hitonari, mais nous savons tous les deux, qu'Akane ne pourra compter que sur une bourse sportive, si toute fois, il se donne la peine de continuer les études. La porte claqua derrière moi, m'arrêtant de les observer, se cacher pudiquement l'un, l'autre, leurs regards amers.

- Ha, te voilà Sumire ! »

Le regard d'Hiiragi croisa le mien, j'aurai parié qu'il était au bord des larmes, mais il inclina la tête rapidement effaçant ses yeux derrière les mèches blonde de sa chevelure.

- Sumire ! Tu lui as dit, hein ? »

Encore Mika, je l'aurais parié. Akane referma la porte au nez d'Horii sans aucune autre forme de procès ; bâillant négligemment, il tourna sa considération vers moi et un sourire de chat étira ses lèvres lentement mais sûrement.

- Tsss ! De quoi elle s'mêle celle-là ! Ça va Sumire ? »
- Oui... Je voulais juste savoir comment tu allais, je me suis inquiétée tout le week-end, tu sais. »
- T'inquiète pas ! Ça va aller ! »

Akane s'arma d'un large sourire, comme pour me rassurer, mais c'est moi tout craché de me faire du mouron pour rien. Je savais depuis toujours qu'il resterait qu'un simple ami, je n'obtiendrais rien de plus, je me suis fait une raison.

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C'était l'année dernière... le jour de la saint Valentin ! L'anniversaire de ses seize ans... Ce jour là, je lui ai avoué mes sentiments, j'avais essayé, mère me dit toujours, ne regrette jamais rien ! Akane m'avait tendu ce même sourire… "Tu es comme ma petite sœur." Ses mots ont brisé mon cœur, je ne l'ai jamais dit à Horii. Depuis la mort de son père, Akane et moi on est devenu proche, j'ai raté le coche, il y a longtemps pour devenir autre chose que sa petite sœur, je le savais, mais l'entendre me le dire... De temps en temps, je me demande qui se cache dans son cœur pour que je ne puisse y avoir ma place ?
Il m'avait fallu du temps pour cicatriser, mais je ne l'ai jamais perdu, Akane est là, et le sera toujours, j'en suis sûre. Celui qui se tenait devant moi, ce jour là, était le même qu'au premier jour, avec ce regard de gamin et des rêves pleins la tête, c'était l'Akane que je connaissais, que j'avais toujours connu il ne changera sans doute jamais.

Je me souviens... oui, je me souviens... Le jour où je lui ai avoué mon amour, les arbres commençaient lentement à bourgeonner. L'après-midi était douce... On était dans la cour cette fois là... Je l'avais interpellé juste avant qu'il n'aille à l'entraînement de basket...

- Ouai ? »
- On peut se voir après l'entraînement ? »

Akane avait longuement hésité, mais avant qu'il ne me réponde par la négative j'avais enchaîné.

- Ho… Tu... Tu as un rendez-vous ? »
- Comme qui dirait, oui. »
- Désolée... »

Un rendez-vous ? Akane ? La révélation m'avait mis un coup au cœur. Je ne l'avais pas vu grandir, un jour il était un enfant geignard et indiscipliné, le lendemain il était un magnifique jeune homme qui faisait rêver toute les filles, à ceci prêt que le mental d'Akane n'avait pas beaucoup évolué et qu'il les faisait fuir aussi rapidement qu'il les attirait.

- Tu me la présenteras, hein ? »
- Hein ? »

Akane me regarda sans comprendre quelques courtes secondes, durant lesquelles j'eus à nouveau la force de le regarder dans les yeux. A croire que cet imbécile ne savait pas quel jour on était, car les ridules de son front venaient de me signifier que son cerveau allait imploser s'il ne comprenait pas rapidement ce que je venais de lui dire. Ce n'est que lorsque deux filles de mon club de basket passèrent avec des chocolats pleins les bras qu'il tilta et agita les mains d'une façon décousue.

- Ha non, Sumire, c'est pas ce que tu crois ! »

La gêne passée, son visage se tordit dans une hilarité sans nom et c'est à gorge déployée qu'il se mit à rire sous la confusion qui m'habitait.

- J'dois voir Hiiragi ! »

Je crois que mes yeux exprimèrent ma confusion, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi un jour de Saint-Valentin, Akane passait sa soirée avec Hiiragi. Ma fois ces deux là étaient devenus de plus en plus proche, et c'était bien, Akane avait enfin le meilleur ami qu'il n'avait jamais eu la chance d'avoir. Mais ce qui me fit surélever les sourcils fut que le blondinet avait décidé de passer sa soirée avec Akane. A contrario de mon ami, Hitonari avait toutes les filles à ses pieds, bien des fois à cause de son nom ou de son grand frère, mais il était d'une beauté sans égale, même moi, je devais avouer qu'il ne me laissait pas de marbre. Une telle journée, Hiiragi aurait pu la terminer avec n'importe qui, mais... Peut-être qu'il préférait fêter les seize ans d'Akane plutôt que de flirter avec une fille.

- Et toi, personne t'a invité ? Même pas Harumoto ? »

Son rire sarcastique m'énerva, il était vrai, Harumoto m'avait presque demandé de sortir avec lui ce soir, mais au dernier moment, il avait bafouillé et m'avait raconté n'importe quoi... Ce garçon était désespérant. Qui plus est, ce matin là, je m'étais juré de ne pas reculer et le lui dire, coûte que coûte !

- Non, enfin il m'a proposé, mais j'ai refusé. »
- Pauvre gars, t'as du lui briser le cœur, je vais en entendre parler pendant tout l'entrainement ! Je dirais à Hiiragi qu'on remettra à plus tard notre petite soirée, attend moi, bébé, j'arrive ! »

Je lui fis un large sourire, Akane avait accepté et rien au monde n'aurait pu faire écrouler ma joie. Pas même cette réplique sortie tout droit de cette série à l'eau de rose qui faisait battre le cœur de la moitié de mes camarades.

- Tachibana ! Tu te décides à te bouger ? Minefuji va être furax si on arrive encore en retard ! »
- Ouai j'arrive ! Aussi saoulant que ma mère, celui là. Dès que j'ai éclaté ce crétin, je te rejoins ! »

Il me fit un clin d'œil avant de s'élancer vers Hiiragi en braillant des insultes de mauvais goûts. Le blond ne s'en formalisa pas plus que ça, évitant avec classe le coup de coude d'Akane qui lui hurlait qu'aujourd'hui pour sûr, il lui éclaterait sa face de poulpe ! Je me demande d'où vient sa fascination pour les poulpes... je ne l'ai jamais comprise.
Attendant patiemment, avec toute ma hardiesse, je me suis installée sur un banc dans la cours et j'ai revu et corrigé tous les mots que je pourrais lui dire afin de m'assurer qu'il comprenne enfin mes sentiments.

- T'es vraiment un idiot Tachibana, tu peux même pas être sérieux cinq minutes ! »

Hiiragi semblait vraiment énervé, je me demandais bien pourquoi... Akane, quant à lui courrait devant son ami affichant ce large sourire sournois qui ne peut que me faire rire.

- Bon, tu te ramènes... »

Hein ? Je n'y crois pas, il ne l'avait pas prévenu que je l'attendais ! C'était bien Akane tout craché. Il était debout et immobile le regard perdu vers moi, comme si j'étais un fantôme. Non... ne me dites pas que c'est moi qu'il avait oublié !

- Ha j'avais oublié... Ça te dérange si Sumire vient avec nous ? »

Quel mufle, mais quel mufle !

- Bah non, on va juste se boire un verre... »

Hiiragi laissa une remarque siffler entre ses lèvres, mais je n'ai pas réussi à l'entendre entièrement. "Ce n'est pas comme si..." Sa phrase m'interrogea tout le long du trajet. D'ailleurs Hitonari n'émit plus un son jusqu'à l'entrée du salon de thé. Je n'avais jamais aimé me retrouver entre eux, j'avais comme l'impression de ne pas être à ma place. Si nous étions là pour fêter son anniversaire, ça ne m'aurait certainement pas gêné, mais je n'étais pas là pour ça, mais pour avouer à mon meilleur ami que je l'aimais et je n'avais pas spécialement envie de me montrer en spectacle devant Hiiragi.
Mes amies m'avaient dit que le Little Hoshi était parfait pour un rendez-vous en amoureux, mais là ce n'était plus le cas, ce serait juste un rendez-vous entre amis, oui de simples amis. Je me devais d'attendre qu'Akane me ramène chez moi. En attendant, l'ambiance était devenue frigorifique et j'ignorais si les deux compères s'étaient encore brouillés ou si ça venait de moi.

- On s'assoit au fond, ça a l'air d'être tranquille ! »

Akane commanda une pâtisserie européenne et un chocolat chaud, je me rappelle que je m'étais faite séduire par une glace à la fraise et Hiiragi comme à son habitude avait commandé un thé vert... Simple... c'était du Hiiragi tout craché !

- Comment tu fais pour tenir, le matin tu ne manges pas, à midi t'as avalé qu'un nikuman et là tu prends qu'un thé vert ? Après un tel entraînement faut rependre des forces, il est anorexique ce type ! Je vais devoir le présenter à ma mère ; on verra son diagnostique, Sumire ! »

Hiiragi détourna le regard qui resta figé sur la table de gauche. Ils étaient tous deux dans sa classe, je la croisais assez souvent durant mes cours d'anglais, elle avait du retrouver son ami pour un rendez-vous en tête a tête... Lui, faisait parti du club de baseball, une sorte de beau gosse aussi idiot que ses pieds. Je ne l'avais jamais apprécié. Elle remit sensuellement ses cheveux en place avant d'envoyer un sourire discret vers Hiiragi. J'y croyais pas, elle draguait Hitonari alors qu'elle flirtait ouvertement avec un autre. Outrée, je la regardais faire son petit manège et c'est avec terreur que je vis le regard du blond devenir passablement mauvais au point que son poing craqua bruyamment. Allait-il la frapper ?
Heureusement pour la demoiselle, le bellâtre, après un signe de tête vers notre table, attira sa conquête du soir avec lui et se dirigea vers la caisse ; avant de glisser dans la nuit fraîche. Hiiragi les regarda s'en aller, puis soupira longuement, sa tête pivota dans ma direction et il me dévisagea. Comme souvent je ne pus lire son regard durant le laps de temps où nos iris se sont rencontrées. Nonchalamment, il attira l'attention d'Akane.

- J'avais oublié quel jour on était... Vous avez sûrement envie de rester seuls, de toute façon faut que je me casse. »

Il se leva doucement, son regard effleura Tachibana avant qu'il ne lance un à demain monotone et ne renfile son blouson en s'éloignant de nous.

- Hé ! Hiiragi, attends une minute, tu voulais pas me parler d'un truc ? »

Le regard que lança Akane m'était totalement inconnu... C'était comme s'il essayait de voir à travers son ami, mais il y avait une pointe de sérieux presque angoissante qui dansait dans le marron de ses prunelles. L'iris presque fendue comme celle d'un chat lui donnait un air prédateur qui m'interrogea un peu plus sur le soudain changement d'atmosphère. Hiiragi se figea, baissant tout à coup les yeux, certainement aussi étonné que moi de voir ce genre d'attitude sur le visage normalement enfantin de notre ami commun. Le bras d'Akane s'allongea sur le rebord de la banquette entourant mes épaules, obligeant Hiiragi enfin à réagir.

- Je voulais qu'on discute d'une nouvelle technique d'attaque, mais bon... On verra ça plus tard, tu as plus urgent aujourd'hui... »
- Ha wai... »
- Au fait bon anniversaire Crétin ! »

Je me souviens ensuite de notre discussion et de ses mots doux mais pourtant sans appel. Je me souviens aussi, que le lendemain Hiiragi m'avait complètement ignoré et avait été d'une humeur massacrante avec tout le monde. Et puis il y eut cette violente bagarre, très violente... Même Minefuji n'avait pas réussi à les séparer, personne n'avait pu. Tout le monde s'était pris des coups et malgré mes appels Akane n'arrêta pas ses coups de poings, pas plus qu'Hitonari. On a attendu simplement qu'ils s'écroulent de douleur et de fatigue avant de pouvoir intervenir et dire quoi que ce soit. Ce qui m'avait fait le plus mal c'est que derrière la rage qui les avait animé, tout deux étaient ressortis plus blessés de cet affrontement qu'ils ne le montraient.
Mika m'avait traîné de force à l'infirmerie pour voir Akane lors de l'interclasse. "Ils n'ont jamais su communiquer autrement que par la voie de la violence..." c'était les mots d'une Minefuji plus qu'en colère... Enfin, je vous offre bien entendu la version non censuré ; mais c'était vrai... Hiiragi et Akane manquaient cruellement de dialogue et ne savaient pas agir en société... d'ailleurs, il était étrange que ces deux là s'entendent.

Cela avait duré un mois, même sur le terrain, la tension entre le numéro neuf et le numéro quatorze se faisait sentir. Bien entendu ça avait affecté leurs jeux, mais bien plus que cela ils avaient tous deux perdus leur meilleur ami, leur seul ami. Cette fureur encrée dans leurs veines devenait de plus en plus intense, la haine bientôt prit place, un soir, on les vit se battre encore et c'est Saki qui dû les sépare à grands coups d'œillade meurtrière et de couteaux. Ce fut la dernière fois, qu'ils s'étaient réellement battus...
Le lendemain de l'incident, je me décidais à aller voir Hiiragi, afin de lui parler, car j'avais l'honteuse impression d'avoir ma part de responsabilités et j'espérais que le numéro neuf n'était pas amoureux de moi, ou pire, me détestait. Et c'est sur le toit du lycée que je le trouvais à la pause déjeuner. Ses yeux pivotèrent vers moi et dans une indifférence totale, ils se redirigèrent vers le ciel.

- Si tu cherches Tachibana, il est pas là... »

Ses mots avaient été froids et presque automatiques.

- En fait, c'est toi que je voulais voir. »

Un sourcil s'éleva, son bras calé derrière sa nuque se raidit et il se redressa vivement pour me toiser avec interrogation. Je ne me suis jamais senti à l'aise devant lui et cette fois là, j'avais juste envie de fuir en courant.

- De quoi tu veux me parler ? Si c'est à cause de cette dispute, ça t'regarde pas, ok ! Alors laisse-moi tranquille ! »

Son regard était devenu noir et rempli d'animosité, Hiiragi devait me détester, j'en ignorais simplement la raison. Je ne lui avais jamais rien fait. Il était simplement un mur imprenable, à croire que seul Tachibana avait réussi à se frayer un chemin derrière l'iceberg qui faisait rempart devant lui. Je me demande encore ce qui se serait passé, si un rire n'avait pas explosé à nos oreilles, annonçant l'arrivée d'Akane.

- T'es vraiment un ringard Moustachu ! »

Il s'installa comme si de rien n'était à côté du blond puis m'envoya un signe de la main, tout en s'empiffrant d'un sandwich certainement hyper-calorifique et de cette boisson lactée au jus de fruit.

- Yo... Yoshikawa-chan ! »
- Bonjour Harumoto, si on allait manger notre bento ensemble ? »

Je me suis retournée, accompagnée du numéro onze, délaissant les deux zigotos ensemble. J'ignorais toujours pourquoi Hiiragi me détestait, mais à les voir du coin de l'œil, se sourire, je savais que la page était tournée. Trainant Harumoto vers la sortie, je les laissais en paix.

- Hiiragi ! Tu viens, on va bouffer un truc, j'ai encore faim ! Enfin je veux dire que moi je vais manger un truc, et pis toi, prend un thé ou je sais pas quoi... toi, tu fais ce que tu veux, mais... tu m'accompagnes ! »

On les avait vu se diriger hors du lycée, ce jour là. Ils n'étaient même pas venus à l'entraînement, mais on savait que tout s'était enfin arrangé.

Ce soir là, ma mère m'avait demandé de faire des courses et comme d'habitude, pour rentrer, je pris le chemin de la plage. J'aime cet endroit, il me rappelle beaucoup de souvenirs d'été. Hiirgai et Akane étaient tous les deux adossés au muret de mon enfance. Ils semblaient plaisanter, absorbés dans un monde qui semblait si joyeux. Ça me fit du bien de les voir ainsi, j'allais passer ma route si Tachibana ne m'avait pas interpellé joyeusement.

- Hé Sumire ! Qu'est-ce que tu fais là ? »
- Je passais voir la mer. »

Je me suis assise à la droite d'Akane, mes courses entre les bras, et j'avais inspiré l'air marin en souriant. J'avais oublié ma mère qui m'attendais, j'avais oublié les fantômes du passé en les écoutant dire des conneries. On avait discuté de tout et de rien comme de vieux amis. Hiiragi avait rigolé, m'offrant un visage radieux que je n'avais jamais pu observer avant cela. En fin de soirée, je m'étais retrouvé entre eux, les aspergeant autant qu'il ne me le faisaient. On riait et c'était si bon. Insouciants et heureux comme jamais nous l'avions été. Akane me plaqua au sol en criant banzai et c'est Hiiragi qui m'avait sauvé de l'attaque du marin unijambiste qui m'avait valu d'être trempée jusqu'aux os.
Le vent emmenait avec lui les premiers pétales de fleur de cerisiers de l'année, tout était magnifique, lorsque la nuit fut complète et que le froid commença à me tétaniser, la veste d'Hiiragi arriva sur mes épaules et c'est sur celles d'Akane que je terminais, le laissant me reconduire chez moi, comme tant d'années auparavant.

- Ha je vais me faire gronder ! Mais ça en valait la peine. Merci pour cette soirée. »
- Dis à ta mère que c'est ma faute, elle te pardonnera. »
- C'est bizarre, c'est la première fois que je me fais escorter par deux chevaliers servants, j'y prendrais presque goût, merci à vous deux de m'avoir ramené et tardez pas trop vous non plus, d'accord ? »

Je leur avais fait à chacun la bise et j'étais entrée chez moi, empêchant ma mère de refaire le portrait à Akane pour m'avoir accaparé tout ce temps.

~l~~~~~~~~~~~~~~~~~~~l~

- Sumire ça va ? »
- Heu je crois oui... Comment va ta mère ? »
- Bah, j'ai pas envie de la revoir de si tôt... »
- Tu dors où, du coup ? »
- Chez moi, je vais l'héberger. Il finira bien par rentrer chez lui en regrettant la cuisine de sa mère ! »

Hiiragi avait émit un sourire moqueur, le signe qu'il me fit de la main me rassura, il commençait à me connaître lui aussi et savait que je me rongerais les sangs si Akane n'était pas entre de bonnes mains.

- De toute façon la vieille sait faire que du curry ! Mais tu noteras que je t'avais rien demandé... »
- Ouai peut-être mais tu l'avais prévu, alors c'est pareil... »
- Comment ça ? Dis tout de suite que je te prends pour l'hôtel du coin ? »
- Tout à fait ! »

Hiiragi envoya un vague coup de pied en direction d'Akane qui fit semblant d'être touché. Aussi imprévisible qu'il soit, il profita de l'étonnement du blond pour lui sauter dessus et le déséquilibrer. Hiiragi tomba à la renverse en grognant, j'ai eu d'ailleurs mal pour lui et voir Akane en profiter pour s'asseoir sur lui, victorieusement, me déclencha l'envie de le baffer.

- J'ai gagné... Face de poule ! »
- T'as triché ducon ! »

Les mêmes mots d'amour, j'éclatais de rire lorsque le pivot de mon équipe poussa la porte à mes côtés et posa sur eux un regard gêné.

- Yo... Yoshikawa le... le professeur principal te cherche ! »

Son visage rouge fut camouflé derrière sa longue chevelure et sans demander son reste, elle retourna d'où elle venait, à savoir la cage d'escalier.

- Les gars je vous laisse, et ne restez pas dans cette position ! C'est... super ambigu ! »
- Quoi ? Qu'est-ce qu'est ambigu ? »

J'entendis Hiiragi exploser de rire tandis que je me dirigeais vers la salle des professeurs.