"watashi wa eien ni anata to issho ni itai desu"
"Je veux être avec toi pour toujours"
6
Je suis resté dans ses bras jusqu'à ce que le soleil soit haut dans le ciel et que le froid ne commence à nous engourdir complètement. J'ai laissé sa main glisser enfin sous mon sweet shirt et j'ai apprécié le froid de sa peau couler le long de mon torse me faisant frémir de part en part. Je retire ce que j'ai pensé quelque temps plus tôt. Hito ne semble pas si inexpérimenté qu'il n'y parait. En tout cas, il m'a fait lâcher un gémissement qui est mort au creux de ses lèvres. Un sourire les a ourlé quand il a vu que j'avais compris ce qu'il me laissait sous entendre à travers son regard. Je n'ai pas flanché, j'ai juste incliné la tête, positivement. On a levé le camp à peine deux secondes plus tard et toujours main dans la main je l'ai suivi jusque chez lui. On a pris une douche bien chaude, j'ai jamais partagé ce genre de choses avec quelqu'un d'autre et j'ai été plutôt satisfait qu'il n'essaye pas de trop me toucher pendant cet instant à la fois revitalisant et flippant. J'ignore si je suis prêt, comment sait-on ce genre de choses ? Je l'ignore, mais je lui fais confiance après un court câlin dans l'obscurité, on s'est endormi dans les bras l'un de l'autre.
Lorsque je me suis revenu du pays des songes, Hiiragi dormait encore, j'ai regardé le réveille qui affichait les dix-huit heures, quelque peu perplexe par cette journée quasi entière de sommeil, je me laissais happer par mes pensées. Je ne m'étais pas trompé, la première chose que j'avais vu en me réveillant fut ses mèches blondes. Il était important pour moi de m'assurer qu'Hito ne m'abandonnerait pas.
- Saut, face de poulpe ! »
Enfoiré, je ne m'attendais pas à une réplique à la Gunny Markeur, dans Gunny and Blade... on ne pouvait pas le changer comme ça, et puis, je n'avais pas envie qu'il change... Qui plus est, je n'ai pas du tout, une tête à la Blade Arrow ! Il aurait fait ça, pour sûr c'était un drop kick obligatoire ! On est nous et je veux que cela reste ainsi qu'importe ce qui se passera entre nous en dehors du terrain. Il restera toujours mon meilleur ami, même si, le temps doit m'amener à être bien plus.
Je suis raide comme un piquet, je crois qu'il a senti mon hésitation, alors il me sourit, frottant de sa main mon épaule découverte. Avant que je ne puisse dire une connerie pour me décrisper, il s'empare de mes lèvres, d'abord lentement, moment plus tendre, je ne pense jamais en avoir connu un, qui vaillent celui ci... Et puis avec toute la délicatesse qui le caractérise, j'ai senti son corps me pousser dans les draps, j'ai senti son corps glisser contre le mien, me calant contre le futon avec son poids, comme s'il ne voulait pas que je fuis. Je ne l'aurais pas fait, non, mais j'ai quand même envie de paniquer, surtout que son baiser se fait sinueux et que j'ai bien l'impression qu'il va y mettre la langue ! Je vais suffoquer si il continue !
Il a pitié de moi, car il me laisse enfin reprendre mon souffle, son front posé contre le mien, on se regarde droit dans les yeux, ses doigts glissent dans ma chevelure et quasi, timidement j'ose enfin poser les miennes contre la chute de ses reins. Voilà... et maintenant ? Maintenant il sourit, le nombre de fois où l'on a essayé d'échanger nos sentiments, on ne les compte plus. Malheureusement on a jamais réussi, aussi bien lui, que moi, à les dire. On a passé trois ans à se chercher sans jamais y arriver, alors qu'on était toujours l'un en face de l'autre. Il est vrai que les coups sont plus faciles à envoyer, qu'un je t'aime... Maintenant...
Pourquoi tout ce temps perdu ? Parce qu'on est deux mecs ? Parce qu'on est deux crétins ? Peut-être...
- Arrête de penser, c'est pas ton genre, Akane, et ce soir j'ai pas envie de manger de la cervelle calcinée... »
- Bon... Bon... ok ! »
C'est vrai, on est des instinctifs, je me pose beaucoup trop de questions ces derniers, temps et ce n'est pas ce qui va faire avancer les choses avec lui. Ses yeux semblent me demander quelque chose, une permission ? Elle est accordé. Je ne le regrette pas, car aussi tôt ses mains se sont posées sur mes hanches, elles ont remonté le t-shirt le long de mes flancs et j'ai senti ses lèvres parcourir mon torse. Mon corps entier frémit, j'aime ce qu'il me fait et je ne peux m'empêcher de l'appeler d'une voix faible entrecoupée de respirations haletantes.
- Hitonari... »
J'ignore qui lui a appris à faire ça, mais je le jalouserais presque. En même temps, si il avait autan d'expérience que moi on avancerait certainement pas des masses. Aussi, je le laisse à juste titre initier les contacts, quand je serais plus confiant dans mes mouvements, je lui rendrais la pareille, mais pour lors, je vais fermer mes yeux et laisser mon corps se cambrer, car il en veut visiblement deux fois plus.
- Je... je t'aime Hiiragi. »
C'est con à dire, mais c'est la première fois, que je fais vraiment attention à sa tête… Cela fait presque trois ans que je le connais, et c'est aujourd'hui que je me rends compte qu'il a des yeux magnifiques, givrés mais pourtant accueillants. J'ignore d'où vient sa mère, mais elle ressemble à une femme de l'Europe de l'est. Si Takuya a pris de son paternel, Hito ressemble à sa mère, fin et lisse comme elle. La hardiesse me prends car j'ose enfin glisser mes doigts sous son haut et remonter le long de son échine, c'est à mon tour de le sentir frissonner et je dois avouer que c'est plaisant. Il n'en faut pas plus pour qu'on finisse torse nu, l'un contre l'autre et que nos souffles se mêlent dans les baisers que l'on échange. Sa langue se fraye enfin un chemin à l'intérieur de ma bouche et ce que je pensais dégueulasse m'ôte la raison. J'ignore comment j'ai su ce que je devais faire à ce moment précis mais je n'ai pas l'intention de m'arrêter maintenant, je perds le contrôle, mon corps cherche le contact et soudain ses doigts glissent dans mon boxer et sans que je ne m'en rende compte au préalable, je m'aperçois que j'ai écarté les cuisses lui laissant libre accès à toute la partie inférieure de mon corps. Son sourire se fait tendre tandis qu'il me susurre des conseilles qui attisent un peu plus mon corps.
- Doucement, respire, Akane laisse-moi te faire du bien. »
- Hiiragi qu'est-ce que… ? »
Mes yeux se sont fermés aussitôt que ses cheveux ont effleuré mon ventre. Ses mains m'ont totalement dévêtu et puis ses lèvres se sont refermées sur mon sexe, je crois que j'ai poussé un cri de plaisir lorsque sa langue a commencé ses mouvements. Bien entendu j'avais déjà entendu parlé de ce genre de pratique, bien entendu j'avais vu un porno avec Yamakazi, mais je m'attendais pas à ce genre de choses pur une première expérience. Mes mains se sont enfouies dans sa chevelure et je l'ai laissé faire ce qu'il voulait de moi, sans me poser plus de questions, pourquoi faire ? Ce qu'il me faisait, était délicieux. Mais soudain, je me suis contracté, car je savais que je n'étais pas loin de jouir et que je n'étais pas décidé à faire ça... dans la bouche de mon meilleur ami, sous ma subite panique, je l'ai senti tenir bon.
- Hito ! »
Trop tard, rouge de honte j'ai recouvert mon visage de mes bras, n'osant pas le regarder, j'aurais peut-être du le prévenir avec des mots, mais j'étais bien incapable d'en formuler. Aussi lorsque son visage est revenu vers le mien et que sa main a nettoyé ses lèvres, j'ai voulu m'excuser, mais son regard disait clairement que ce n'était pas la peine.
- Tu te sens capable d'aller jusqu'au bout ? »
C'était justement l'une des nombreuses questions qui me trottaient dans la tête, au milieu du "est-ce que ça fait mal ?" notoire et du "est-ce que ce sera encore meilleur ?"Je n'ai jamais vraiment été effrayé par la douleur, de toute façon, avec Hiiragi, c'était quasiment certain que ça ne le sera pas, il sait ce qu'il fait.
- Sinon on peut attendre si tu préfères. »
- Ça ira, si c'est avec toi, ça ira. »
Il m'a repris, ses abîmes glacées logées dans mon regard perdu. Je l'ai senti ouvrir un tiroir, mais je n'ai pas suivi le restant de ses mouvements, sentant l'appréhension grimper de quelques degrés. Hiiragi a été d'une grande douceur, un parfait amant, je me suis complètement abandonné à lui, c'est la première fois que je me laisse faire ainsi, Akane Tachibana qui se laisse dominer par un mec… on m'aurait dit ça y'a quatre ans, j'aurais sûrement drop kicker cette personne en disant que c'était juste une face de poulpe ! Mais là, dans ses bras, je ne me voyais pas ailleurs, même pas échanger nos places. Lorsque ses doigts eurent fini de me préparer, je l'ai entendu ouvrir un préservatif et quelques instants plus tard, j'ouvrais les yeux pour tomber sur son visage inquiet. Il m'a regardé dans les yeux… Cet homme là n'était qu'à moi, ne voyait que moi. Son regard était doux et pénétrant, la glace qui caractérisait ses yeux avait disparu dans un respect et un amour profond. Un regard échangé il savait ce que je pensais et je savais ce qu'il me disait avec les yeux. Inspirant à fond, j'ai senti ses mains surélever mon bassin et le caler contre en oreiller et tout à coup je le sentais lentement se frayer un chemin en moi. Douleur ? Un peu, mais plus rien n'avait d'importance, Hiiragi était là, en moi et maintenant je lui appartenais. La sensation d'inconfort disparue, il s'est empressé de répondre à mes demandes car je savais que rien ne saoulerait plus mon être que ça, et la jouissance qui nous a fauché fut la plus belle découverte que j'eus fais de tout ma vie.
Il était presque vingt-deux heures, lorsque j'ai décidé de lâcher le corps d'Hitonari et de décrocher le téléphone, il fallait que je dise à la vieille que je ne rentrerais pas avant un moment. Un jour, il faudrait que je le lui présente, c'était peut-être un peu raide, mais je savais au fond que ça ne serait pas comme les béguins d'un jour que mes camarades de classe rencontrent. Il était à prévoir que je finirais ma vie avec ce type, je ne pouvais même pas, ne pas l'envisager, juste après cette seule et unique nuit, je savais que jamais je ne pourrais trouver une telle symbiose ailleurs, ce qui s'est imposé à nous sur le terrain s'est imposé aussi dans son lit. On ne fait qu'un. J'ignore si ma mère prendra bien le fait que je sois avec un homme, mais elle m'a toujours dit qu'elle me supporterait dans tous mes choix, voilà de quoi tester les limites de ses acceptations. Par contre les parents d'Hito, ça va pas être de la tarte. Ça me fait même un peu peur pour lui...
- Allô maman ? Écoute je vais rester quelque temps chez Hitonari, me pose pas de questions pour Sumire, bientôt tu auras toutes les réponses que tu veux. »
- Bah ! Fais comme tu veux, mais compte pas sur moi pour t'ouvrir la porte si tu rentres à pas d'heure, fils indigne ! Au fait t'as du courrier ! C'est les réponses des facs ! »
- Je viendrais chercher ça demain dans l'après-midi. »
C'est étrange, elle n'a pas insisté, peut-être finalement qu'elle a déjà compris ce qui m'arrivait… Après tout, c'est ma mère !
Hiiragi vient de se réveiller, un merveilleux sourire scotché sur les lèvres, il sait déjà qui j'ai eu au téléphone.
- C'est bien, alors tu restes jusqu'à la fin des vacances ? »
- Oui et peut-être bien que je vais m'installer là toute ma vie ! »
Cet imbécile de Tachibana… je suis content d'avoir croisé son chemin, Minefuji… Vous aviez raison ce jour, là, j'ai trouvé le trésor que je dois protéger et c'est cette tête d'ahuri. Je n'ose même pas penser au discours dont on va avoir droit quand elle le saura, mais je m'en fou, tout le monde pourra dire ce qu'il veut, ils ne savent pas, ils ne comprendront jamais, ce qu'il y a en nous… C'est bien plus que de l'attraction, ce type a réussi à changer l'imbécile que j'étais, j'ai l'impression d'être en train de revivre, de mûrir. Je crois que bientôt, je pourrais redevenir l'Hitonari que j'étais quand je vous ai connu, oui je redeviendrais ce mec qui sourit à la vie, Minefuji vous allez voir !
J'espère que mon père va comprendre, que pour moi le basket n'existe pas si on m'enlève Tachibana. On ira dans la même fac, on progressera ensemble et si il faut, je l'aiderais à suivre les cours. Ça sera dur, mais si on est ensemble rien ne nous arrêtera !
- Hito ? Yoho Super Fighter ! »
- Hum, oui ? De quoi tu parles ? »
Ha celui là, il a de drôle de façon de m'appeler, mais ça sonne pas si mal que ça finalement… le Punch Fighter et le Super Fighter, ouai, on va tous les écraser, on va les épater tous autant qu'ils sont, parce que tout les deux on est capable de déplacer des montagnes !
- Hito… Je veux être avec toi pour toujours... »
- Je sais… »
- Promets-moi la même chose ! »
- Je te le promets Akane, je resterais toujours à tes côtés ! »
Oui promets-le-moi... Promets-le-moi encore...
2003, Corrigée 2012
