Loupor : Merci pour ton commentaire ! L'impunité des dieux est mise en avant dans l'oeuvre de Riordan. Cependant certains aspects un peu moins, comme la question du viol et des violences sexuelles. Même si c'est abordé dans les dieux de l'Olympe il me semble.

On peut le comprendre, tout simplement parce qu'à partir du moment où on met en avant le fait qu'un dieu a déjà violé des femmes, c'est compliqué de le dépeindre comme un personnage sympathique. Poséidon par exemple : des versions du mythe de Méduse disent clairement qu'il l'a violée dans le temps d'Athéna et qu'elle a été punie à sa place. Comment rendre Poséidon sympa une fois que t'as dit ça ? C'est compliqué pour l'auteur.

Concernant les rapports entre les humains et les dieux : je me suis posée plusieurs questions. Un dieu a-t-il déjà été éconduit par une mortelle ? Une déesse a-t-elle déjà été éconduite par un mortel ? Comment les dieux séduisent-ils ? La plupart du temps ils utilisent des ruses, de faux apparences pour parvenir à leurs fins. Comme Zeus qui prend l'apparence du mari de sa cible pour coucher avec elle. En premier lieu on pourrait rire de la tromperie, trouver ça anecdotique. Mais il s'agit d'un rapport sexuel obtenu sans se soucier du consentement éclairé de la victime, en l'occurrence par duperie. Donc un viol.

De façon général, cette fic parle de féminisme (d'une bonne façon de l'espère) à travers les Chasseresses. Il s'agit d'une communauté, qui existe pour de bonnes raisons, pour se serrer les coudes, être solidaires. Le communautarisme en ce sens a du positif. Mais à l'extrême ça pose des problèmes : La détestation de tous hommes en premier lieu, qui est inspirée par la crainte. C'est pour ça que j'essaie de faire évoluer Annabeth sur la question. En second lieu la contrainte d'un mode de vie, qui convient sans doute à la majorité d'entre elles. Ce mode de vie sous-entend que pour qu'une femme soit à l'abri des dieux (ou des hommes en général) il faut qu'elle reste pré-pubère ou reste éloignée des hommes. C'est bien évidemment faux, et les femmes ne devraient pas à avoir à se protéger ou à se tenir à l'écart par crainte d'être agressée (oui du coup si le monde pouvait devenir meilleur ce serait cool).

Bien entendu, ici je parle de femmes parce que les Chasseresses est un groupe exclusivement féminin et je parle d'agresseurs hommes parce que dans la mythologie... bah ce sont les hommes qui violent principalement. Mais ce que je dis vaut pour tout le monde : des femmes agressent, des hommes sont agressés, par des hommes ou par des femmes. Comme le dit le titre du chapitre précédent, c'est une question de pouvoir, de domination, une volonté de détruire l'autre. Rien à voir avec le physique ou le genre.

Enfin, il s'agit pour Annabeth de trouver son identité dans tout ça. Qui est-elle ? Que veut-elle ? ça... vous le découvrirez dans la suite XD

Ps : On pourrait trouver une résonance particulière avec l'actualité. Alors... j'ai des opinons, certes. J'ai des convictions, certes. Mais vous devez savoir que j'ai écrit ce texte aux alentours du 1er Juillet, donc ... voilà ^^

Mon monologue s'achève là ! Je vous laisse avec la suite !

Bonne lecture !


Du sang

En temps normal, Annabeth avec des réflexes hors du commun. Quand elle chassait, elle parvenait toujours à ses fins. Sauf que des dizaines de mortels les entouraient, se mettant en danger. Sauf que le sang de centaure était comme de l'acide et que la moindre goutte pouvait brûler la peau. Sauf que Percy était au sol, inconscient. Annabeth attrapa son poignard par le fourreau et abattit le pommeau au-dessus de la cuisse du centaure, un point très sensible. Le centaure poussa un cri de douleur et se plia. Annabeth en profita pour faucher ses pattes arrières et les attacher à l'aide d'un faux collier égyptienne accroché au présentoir de la boutique de souvenirs. Le centaure se contorsionna et lui administra une gifle magistrale qui la fit bondir en arrière. Il se débattit avec ses liens, le sol se brisa sous ses puissants coup de sabots. Annabeth se redressa, son sang se glaça. La créature était sur le point de piétiner Percy. Elle se hissa sur le dos du centaure comme on l'eut fait pour un rodéo. Elle savait exactement où frapper pour lui donner une mort rapide mais il y avait toujours le problème du sang…

- Bouillie ! cria le centaure, le sabot à deux doigts du visage de Percy.

Annabeth cessa de réfléchir et frappa. Une vague de douleur la submergea. Elle se retrouva au sol, la respiration haletante, le corps douloureux. Elle entendit un cri au loin, puis des clappements comme le bruit d'un saut dans une flaque d'eau. Elle sentit ses vêtements devenir lourds, froids. L'eau apaisa un peu sa douleur.

- Annabeth… ça va aller.

Elle sentit que Percy inspirait pour calmer sa respiration, comme quelqu'un avant de se jeter dans l'eau. Elle sentit une main, les doigts de Percy se refermèrent sur son avant-bras. Elle sentit qu'on la surélevait un peu, qu'il la prenait dans ses bras. Il se mit à marmonner quelques prières, plus pour leur donner du courage que pour solliciter l'aide d'une entité supérieure.

- Ça va aller, ça va aller, ça va aller.

Elle leva les yeux vers lui. Il tremblait, la mâchoire serrée, le visage rouge. Elle inspecta son corps, il n'avait reçu aucune goutte de sang. Il souffrait cependant. Ce seul contact entre eux lui apportait de la souffrance. Alors que l'eau la soignait, Percy souffrait.

- Il n'y a pas beaucoup de sang, dit-il entre ses dents. C'est bientôt fini.

Pas beaucoup de sang ? Il plaisantait ? Elle souffrait comme si elle on l'avait plongé dans le Styx. Finalement, au bout d'un temps infini, la douleur se résorba et elle fut capable de se mettre assise sans trop souffrir. Elle jeta un œil autour d'elle, l'endroit était désert. Les canalisations avaient explosé, plusieurs centimètres d'eau recouvraient le sol. L'alarme incendie résonnait. Percy tenta de se relever, mais le bruit de l'alarme martelait ses oreilles et il perdit l'équilibre. Il était déjà blessé avant de partir en quête se rappela-t-elle. Elle ne pouvait pas l'aider à se lever ni à marcher, elle savait très bien qu'il ne supporterait pas un contact de plus. Elle avisa alors le fauteuil roulant du centaure.

- J'espère que y a l'accès mobilité réduite dans cet immeuble, grommela-t-il en se hissant dessus. Fais attention… sang.

Heureusement le fauteuil était électrique, Annabeth n'eut pas besoin de le pousser. Elle en aurait été bien incapable de toute façon. Tous deux poussèrent un soupir de soulagement en franchissant la porte de sortie.

- Bon, on peut retourner au camion maintenant ? demanda Percy, assez remis pour se montrer bourru à nouveau. À moins que tu ne veuilles visiter le musée des arts militaires ? Je parie que tu devrais trouver un ou deux esprits du vent pour jouer aux soldats.

Ils eurent la mauvaise surprise de voir des dizaines d'animaux de zoo entassés dans des cages. Au moins Annabeth savait à présent quel type de cargaison transportait le camion. Ils firent de leur mieux pour soulager la peine des animaux, se doutant que c'était sans doute pas assez. Elle avait grandi avec des animaux autour d'elle et les voir emprisonnés lui brisait le cœur. Certes elle chassait le gibier avec ses compagnes mais Artémis veillait aussi à la continuité des espèces et à la biodiversité. Dans la nature, comme pour un bâtiment ou une construction, tout était une question d'équilibre. Percy faisait semblant de dormir, elle le savait parce que lorsqu'il dormait réellement un léger filet de bave coulait sur son menton. Annabeth était tentée de l'imiter, de fuir la conversation. Mais elle était une fille d'Athéna et fuir n'était vraiment pas son genre.

- J'imagine qu'on est quitte, dit-elle finalement.

- Parce que tu comptes les points ?

- Pas toi ? s'étonna-t-elle.

Il eut un petit sourire mais garda les yeux fermés.

- Mon beau-père me battait, dit enfin Percy et les dieux savaient que ça lui coûtait de se rappeler de cette période. Il battait ma mère parfois. Mais je faisais en sorte d'être le centre de son attention. Il frappait très fort. Je guérissais très vite donc impossible d'aller à la police.

Il prit une pause, il en avait besoin. Annabeth attendit qu'il reprenne.

- Au début ça ne me posait pas de problème d'avoir des … contacts avec d'autres personnes. Ma mère me prenait souvent dans ses bras par exemple. Puis il y a eu ma première quête, retrouver l'éclair de Zeus… sur le chemin j'ai décapité Méduse. À mon retour chez mon beau-père, la tête m'attendait.

- Alors…

- Je vivais chez lui. J'étais son invité en quelque sorte, même si c'était ma mère qui payait le loyer. C'est ridicule mais il était le chef de la maison. En agissant ainsi j'ai brisé les règles de l'hospitalité. Je fais parfois encore des cauchemars, je le revois… Et depuis je ne supporte plus qu'on me touche c'est… c'est comme une malédiction.

Nombres de mythes parlaient d'invités punis pour avoir manqué de respect à leur hôte. Les Grecs ne plaisantaient vraiment pas avec les règles de l'hospitalité. Les malédictions ne pouvaient qu'être cruelles. Percy avait plissé les paupières et s'était ratatiné, comme s'il craignait la présence de la Chasseresse. Annabeth s'en voulu d'avoir jugé le garçon aussi vite. Il avait aussi ses démons mais il s'était montré jusque-là loyal, bien qu'un peu idiot sur les bords…

- J'avais sept ans quand j'ai fugué de chez moi, laissa-t-elle échapper. Mon père… avec lui c'est compliqué. J'ai trouvé Luke et Thalia puis… tu sais ce qu'il s'est passé.

Elle parlait rarement de son passé, même les autres Chasseresses n'osaient pas trop lui poser de questions.

- Quand Thalia a été transformée en arbre je suis restée à la Colonie avec Luke. Puis Artémis m'est apparue en rêve, le lendemain Zoé Nightshade et Phoebe débarquaient. Zoé… elle me rappelait tellement Thalia. J'avais envie de retrouver une famille, et Luke… il m'a pas retenu, il a dit qu'on n'était plus une famille de toute façon. Il a dit que… bref. J'étais jeune, très jeune. Je ne voulais pas rester une gamine de sept ans toute ma vie, alors Artémis m'a permis de rester avec elle et de grandir.

Cette fois il ouvrit les yeux. Elle croisa son regard yeux lagon, il avait vraiment de très beaux yeux.

- Mais… mais je croyais que les Chasseresses ne vieillissaient plus une fois leurs vœux prononcés.

- C'est exact, confirma Annabeth. Si je continue de vieillir, c'est simplement parce que je n'ai pas encore prononcé mes vœux. Je ne suis pas à proprement parler une Chasseresse. Aucun serment ne me lie à Artémis même si la quitter ne me viendrait même pas à l'esprit.