Tu me rappelles un certain Troyen
Percy Jackson faillit tomber une bonne vingtaine de fois. En cause, le fait qu'il n'avait rien pour s'accrocher au dos du monstre. Non pas qu'Annabeth ait particulièrement envie qu'il enlace sa taille, mais elle devait reconnaitre que sa malédiction était assez… handicapante. Pour couronner le tout, le fils de Poséidon répétait en boucle, comme une litanie.
Zeus est trop occupé pour me foudroyer, Zeus est trop occupé pour me foudroyer, Zeus est trop occupé pour me foudroyer, Zeus est trop occupé pour me foudroyer, Zeus est trop occupé pour me foudroyer.
Il râlait aussi contre son pégase Blackjack, trop occupé à galoper on ne sait où pour répondre à son appel. Finalement la bride céda alors qu'ils étaient près du barrage Hoover, ce qui était le comble de l'ironie puisqu'elle rêvait de le visiter depuis des années. Mais ils n'avaient pas le temps.
- On peut toujours…
Percy s'interrompit, ce n'était pas raisonnable. Pourtant il avait envie de faire plaisir à Annabeth, de la voir sourire. De… de… non, rien. Elle descendit à son tour de l'oiseau, puis sortit son poignard.
- Oh, attends ! Tu vas vraiment le tuer ? Il nous a transporté jusqu'ici !
- C'est une bête sauvage Percy et très dangereuse. Si on le laisse partir il pourrait très bien faire d'autres victimes. Et puis…
- Quoi ?
- Ces oiseaux sont monogames. Ils n'ont qu'un seul partenaire avec qui ils passent leur vie.
Le sang de Percy se figea.
- On a tué son partenaire.
- Oui. Vivre seul pour un tel oiseau c'est contre nature. Il deviendra fou de douleur, c'est inhumain de le laisser souffrir comme ça.
C'était presque… romantique, pour une Chasseresse. Enfin, une Chasseresse en devenir qui n'avait pas encore prêté serment.
Annabeth abattit la lame et Percy ne tenta pas de l'en empêcher.
…
- Tiens, dit Percy en lui tendant un chocolat chaud.
Ils avaient trouvé un parc où s'installer pour la nuit.
- Y a un problème ? T'as pas décroché un mot depuis qu'on a quitté Rachel.
- Oui, Rachel, répliqua Annabeth avec humeur. Impliquer une mortelle n'était pas la meilleure des idées.
- Hey ! Ce n'est pas n'importe quelle humaine !
- Ah oui ? Qu'a-t-elle de si spécial ?
Percy la regarda sans comprendre. Elle-même ne comprenait pas pourquoi elle réagissait comme ça. C'était… surréaliste.
- T'as quoi contre les mortels ?
- Ils ne sont pas comme nous.
Ce n'était pas Annabeth la Chasseresse qui parlait. Dame Artémis ne discriminait personne et même des mortelles pouvaient rejoindre la Chasse. Phoebe était une mortelle après tout. Non, c'était Annabeth la fille d'Athéna qui parlait. Celle dont l'ego supportait mal de requérir l'aide d'une mortelle. La copine de Percy qui plus est.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive ce soir à la fin ?
- Rien, laisse tomber. Tu prends le premier tour de garde. Bonne nuit.
À nouveau Annabeth rêva de l'épée sans arriver à lire l'inscription, elle avait le sentiment que c'était crucial. C'était si frustrant. Elle refoula ses larmes. Tant de choses en ce moment étaient frustrantes.
…
Il faisait chaud. La brume l'entourait. Percy progressa à pas lent, il aurait aimé avec Turbulence avec lui. Mais son stylo n'était pas dans sa poche, et il ignorait s'il réapparaitrait un jour. Un doux air de chanson résonna. Il suivit l'air et arriva à la terrasse d'un café, dans un train, le paysage défilait sous ses yeux. Puis son regard se posa sur la femme qui fredonnait. Elle était magnifique. Elle ressemblait à… à Annabeth. La femme leva les yeux vers lui en souriant. Son cœur se décrocha dans sa poitrine.
- Oh, tu penses à Annabeth ! C'est trop chou !
- Je… Pardon ? De quoi vous parlez ?
La femme se leva, se révélant dans toute sa splendeur. Aphrodite comprit-il. Il n'y avait qu'elle pour lui faire un tel effet. Elle tendit le bras, comme si elle s'attendait à ce qu'il lui fasse le baisemain. Comme il ne réagissait pas, les lèvres formèrent un « o » désolée.
- C'est vrai, j'avais oublié que tu avais un problème avec le contact… Bien… Assieds-toi mon chou. Tu veux des biscuits ?
Percy cligna des yeux. Que faisait la déesse dans son rêve ? Pourquoi n'était-elle pas en train d'affronter Typhon ? Aphrodite leva les yeux au ciel, ce qui la rendit encore plus belle.
- Rooh, il se joue des choses bien plus importantes en ce moment. Et tu sais de quoi je parle, n'est-ce pas ?
- Vous… vous parlez de l'épée ?
- Quelle épée ? Non, bien sûr que non ! À ton avis, pourquoi je viendrais te rendre visite, valeureux héros ?
Ce fut le trou noir, puis une petite lumière s'imposa dans son esprit. Un nom, une image, un sourire.
- Annabeth ? Nan attendez, vous êtes sérieuse ? Annabeth ?
La déesse lui adressa un sourire qui le fit fondre.
- Ne joue pas à ça avec moi, Persée Jackson. Nous savons tous les deux que tu commences à l'aimer comme un adolescent en aime un autre.
- Je… oh attendez ! On va se calmer ! J'ai jamais dit que_
- Tu me rappelles Pâris. C'était un amour cet homme !
- Celui qui a déclenché la guerre de Troie ? Perso, j'ai moyennement envie de m'attirer les foudres d'Artémis.
- Alors dépêche-toi de te déclarer avant qu'elle ne prête serment ! Oh mon garçon, il faut vraiment tout te dire non ?
Percy secoua la tête, comme ces figurines que l'on mettait à l'arrière des voitures.
- Nan, c'est faux. Je ne peux pas, c'est insensé ! Et puis je ne peux pas avoir de relation, je ne peux pas la toucher ! Je ne peux toucher personne ! Je suis maudit !
Aphrodite eut un sourire triste puis posa sa main sur son bras, Percy recula. Son cœur faillit exploser dans sa poitrine sous le coup de la panique et de la douleur. Il n'y avait pas besoin d'une autre démonstration, il ne supportait pas qu'on le touche. Comment pouvait-il espérer être avec quelqu'un ?
- Il y a autant de relations qu'il y a d'amants, Percy Jackson. Qui sait de quoi le futur est fait ? Oh, moi bien sûr ! A plus mon chaton !
Sa vue se brouilla et Aphrodite se volatilisa.
- Percy ? la voix d'Annabeth trahissait son excitation. Viens voir dehors.
