le héros perdu
Le palais des Titans se résumait à quatre rangées de colonnes de style dorique. Annabeth ne put s'empêcher de se dire qu'elle aurait pu faire mieux. Ils s'y glissèrent sans peine en l'absence de gardes. La salle du trône donnait sur la falaise et l'océan. Elle était déserte, Chronos était à New York après tout, mais Annabeth avait vu un titan dans son rêve…
- Annabeth, l'épée !
Elle était là, fichée dans le sol. Percy leva Turbulence, sur ses gardes, alors qu'Annabeth tentait de l'extirper de la roche. Un rugissement retentit dans tout le palais. Le visage de Percy se ferma, il fonça vers la falaise.
- C'est..
D'immenses tentacules s'élevèrent dans les airs avant de s'abattre à côté du le trône de Chronos. Le monstre rugit à nouveau.
- …le monstre de Troie, souffla-t-il.
Percy lui jeta un dernier regard, qui disait clairement « sauve-toi avec l'épée », avant de se jeter du haut de la falaise, à la poursuite du monstre.
- Non ! Attends !
Un bref instant Annabeth céda à la panique et son inquiétude pour Percy. Puis elle vit la mer s'agiter, Percy savait ce qu'il faisait. Elle se jeta près de l'épée et tira de toutes ses forces. Le temps était compté. Un grand choc. Puis une pluie de pierre. Annabeth se releva, l'épée dans la main. Un garçon blond en armure était au sol parmi les débris. Le garçon sauta sur ses pieds et la menaça avec sa lance en or. Annabeth leva l'épée de Troie et dévia la parade sans problème. Elle feinta puis le désarma.
- Qui es-tu ? souffla le demi-dieu
- C'est à moi de te poser la question, répliqua Annabeth.
- Pas le temps, grogna-t-il.
Une dizaine de monstres surgirent de nulle part, armés jusqu'aux dents. Sans réfléchir, ils se mirent dos à dos et chargèrent. Annabeth remarqua alors que la lance du demi-dieu foudroyait ses adversaires.
- L'épée ! cria le demi-dieu. Je suis venu pour elle ! J'en ai besoin ! Elle appartient aux fils d'Énée !
- Même pas en rêve ! s'exclama Annabeth en fauchant un chien des Enfers. J'en ai besoin, sinon Chronos gagnera !
- Si tu ne me la donnes pas, riposta le demi-dieu en tuant le dernier monstre, le monde sera détruit ! Je l'ai vu en rêve, Héra_
- JASON FILS DE ROME, OÙ TE CACHES-TU ESPECE DE LÂCHE ? VIENS TE BATTRE !
La voix d'un titan. Le dit Jason lui lança un regard désespéré.
- J'ai besoin de cette épée. Le temps presse, la bataille fait rage. Mes amis pourraient mourir.
- JASON FILS DE ROME, JE TE TUERAI !
Annabeth posa les yeux sur l'épée, soumise à un grand dilemme. Ses amies à elle aussi mourraient si elle ne rapportait pas l'épée. C'était son devoir de rapporter la lame, pour les dieux, pour Artémis, pour Percy. Au nom de tout ce qu'on lui avait inculqué. Puis elle posa son regard sur la falaise en contrebas où se massaient des troupes… des demi-dieux ? Des bannières flottaient au vent, le bruit un cor retentit. Voilà donc contre qui les hordes de monstres se battaient. Ils se battaient contre des demi-dieux, contre les leurs. Les paroles de son père lui revinrent en mémoire. « Tu feras le bon choix, quoiqu'il arrive ». La vérité frappa alors Annabeth comme le marteau sur l'enclume. Cette épée n'était pas la lame maudite, ce n'était même pas une lame grecque. Elle leva le regard vers le demi-dieu.
- Ferez-vous tomber le mont Othrys ? Vous battrez-vous pour le monde ?
Elle n'avait pas besoin qu'ils se battent pour les dieux. Elle-même n'était plus motivée que par son amitié pour ses compagnes de chasse, pour Thalia, pour Percy.
- Jusqu'à mon dernier souffle, répondit le blond. Je le jure sur le Styx.
Alors Annabeth leva l'épée de Troie et lui tendit. Que faisait-elle ? Elle n'en avait aucune idée, mais son instinct lui criait de faire confiance à Jason, qui qu'il soit. La bataille du mont Othrys n'était pas la sienne, elle ne pouvait pas toutes les mener. Le blond se saisit de l'épée puis fila dans les airs.
- Annabeth !
La jeune fille fit volteface. Quand Percy quitta l'eau, il avait le crâne en sang, les yeux exorbité, l'air d'un fou. Il posa son regard sur elle, son cœur rata un battement. Il était superbe. Superbe dans ses forces et ses faiblesses dont elle n'ignorait plus rien. Il s'approcha d'elle, le corps tremblant, la respiration lourde.
- Percy, il faut qu'on s'en aille ! Il faut qu'on retourne à New York !
Il secoua la tête comme s'il essayait de chasser une bête dans ses cheveux. Il voulut lui prendre la main, la toucher avant de se raviser.
- Non, attends ! J'ai cru que… Il faut que je te dise, sinon je ne trouverai plus jamais le courage de le faire. Aphrodite … je pensais au début qu'elle voulait simplement me bouleverser mais je sais à présent qu'elle disait la vérité. Alors, même si ça peut te sembler dingue il faut que je te dise qu_
Le sourire d'Annabeth mourut sur ses lèvres.
- Arrête, Persée, par les dieux de l'Olympe s'il te plaît arrête.
- Quoi ? Attends je_
- Percy ! Annabeth !
Ils firent tous les deux volteface. La tête de Thalia surgit à la lueur d'un message Iris. Par les dieux, pensa Annabeth. Le décalage horaire ! Il faisait déjà nuit à New York, l'anniversaire de Thalia était passé. Elle avait seize ans révolu.
- Thalia ? On a gagné ? Chronos…
La fille de Zeus essuya le sang qui s'écoulait de sa bouche en reniflant. Percy fit de même.
- Non. Il ne s'est rien passé, Annabeth.
- Attends… tu veux dire que…
- Il faut que tu reviennes à New York, Persée. Parce qu'il semblerait que ce soit toi l'enfant de la prophétie en fin de compte.
