Bonheurs

Percy détestait San Francisco. Les monstres qui y vivaient étaient particulièrement mal polis. La tempête de neige annoncé pour le lendemain jouait peut-être sur leur humeur.

- Percy Jackssssssssssson, hurla une des gorgones. Tu vas mourir !

Percy dévala la colline où il avait bien failli mourir quelques secondes plus tôt alors que les affreuses mégères se reformaient depuis leur tas de poussière comme un phénix. Un phénix particulièrement disgracieux. Il dérapa sur une plaque de verglas et roula jusqu'en bas d'un cours d'eau. Il avisa l'eau glacée, tenté d'y plonger la tête la première pour regagner quelques forces. Sa technique avait plutôt bien marché quelques jours plus tôt. Il pouvait aussi regagner la mer. Là bas il se sentait fort, en sécurité et moins confus. Un ricanement attira son attention.

- T'immerger dans l'eau ne t'aidera pas à tromper la mort qui t'attend.

Il se tourna vers la vielle femme qui avait parlé. Elle avait été une belle femme, aujourd'hui ses cheveux grisonnants détonait avec sa robe à fleurs. Une robe… en plein hiver ?

- Heu… pardon ?

La femme ne sembla pas l'entendre et reprit, les yeux perdus sur le fil de l'eau. Une fin couche de givre s'y formait.

- Les héros… ils se pensent toujours plus malins que les autres… Le fils de Neptune a pensé pouvoir défier le temps au lotus… il pense défier la mort dans le royaume de son père…

- Qui êtes-vous ?

- Moi c'est June ! dit-elle d'un ton guilleret. Et tu as deux options Percy Jackson : soit tu fuis vers l'océan, et tu ne sauras jamais qui ti es. Soit tu m'aides à traverser ce cours d'eau.

- Traverser le cours d'eau ? Pourquoi ?

- Tu ne vas tout de même pas me laisser ici, à la merci de ces horribles Gorgones !

Percy dévisagea June quelques instants. Elle lui rappelait quelqu'un… mais qui ? Il n'avait aucun souvenir de sa vie d'avant, à part son nom. Il y avait bien une fille… une silhouette qui hantait ses rêves… une vague mélancolie. Rejoindre l'océan était très tentant, fuir et espérer avoir une nouvelle vie. Mais Percy savait qu'il se détesterait plus tard s'il renonçait si facilement.

- Je dois vous porter ? C'est obligé ?

- Tu aurais peur de moi, brave héros ? gloussa June.

- Je… non c'est juste que je n'aime pas le contact.

Il ne savait pas d'où il avait extirpé cette information. Le visage de June s'étira en une moue moqueuse ce qui eu le don de l'énerver. Cette femme l'agaçait, une petite voix lui conseillait de ne pas lui faire confiance… La connaissait-il ? Un rugissement lui rappela la présence des monstres en approche. Sans plus de questions, il tendit la main à June et la hissa sur son dos sans aucune difficulté. La vielle dame resserra ses bras autour de son cou, Percy se crispa, s'attendant à être foudroyé par la douleur… mais rien. Pourquoi avait-il craint de la toucher ? Il n'en savait rien, mais il savait cette peur injustifiée à présent.

- Merci mon héros, tu verras… tu t'amuseras bien pendant les prochains mois.

- Un camp romain ? Vous plaisantez les gars ? lança Travis Alatir.

Mais au vu du silence qui accueillit sa déclaration, personne n'avait le cœur à rire. Jason, Piper et Léo revenaient à peine de leur quête qu'une nouvelle semblait déjà nécessaire.

- Ils sont bien beaux ces romains ! s'exclama Thalia. Mais où étaient-ils quand on avait besoin d'aide à New York ?

Jason lui lança un regard outré qui suffit à la faire taire. La fille de Zeus semblait bien trop heureuse d'avoir retrouvé son frère et faisait tout pour ne pas le contrarier.

- Ils combattaient au mont Othrys, intervint Annabeth. J'ai croisé Jason ce jour-là… et je lui ai confié l'épée de Troie.

- Tu as fait QUOI ? rugit Malcom. C'est de la trahison.

Tous les chefs de bungalow acquiescèrent, sauf Piper, Léo et Jason. La tête d'Annabeth lui tournait, les pièces du puzzle se mettaient en place, elle réalisait seulement de l'ampleur des cachoteries des dieux.

- Ça remonte à 2 ans et demi, Annabeth, cracha Thalia. Toutes ces années où j'aurais pu être avec mon frère.

Elle ne poursuivit pas, mais Annabeth n'avait aucun mal à deviner la suite. Quand cesseras-tu de blesser et de trahir tes amis et ceux qui t'aiment ? N'était-ce pas le reproche qu'elle lui avait adressé quand Percy avait quitté la colonie sans un regard en arrière ?

C'est de ta faute s'il est parti Beth ! C'était mon meilleur et tu l'as brisé. Tu n'avais cure de ses sentiments, tu les as piétiné sans respect. Les chasseresses n'aiment pas mais elles ont un cœur, du respect pour leur prochain, homme ou femme. Mais toi Annabeth Chase tu n'as pas de cœur, ni d'âme. Tu es vide. Et j'espère que jamais, au grand jamais je ne serais une chasseresse comme toi.

- C'est du passé, asséna Annabeth en plissant les yeux. À présent nous sommes tous dans le même camps. J'ai pris un pari ce jour là, qui s'est avéré payant.

- À présent une autre guerre se profile à l'horizon, tempéra Jason. Il nous faut nous unir, Reyna… Rome se montrera réticente mais il pourra peut-être gagner leur confiance…

- Qui ça ? demanda Connor Alatir.

Annabeth échangea un regard avec Jason, confirmant ce qu'elle redoutait. Annabeth se sentit revivre pour la première fois depuis une semaine. L'angoisse, la peur, tous les remords qu'elle portait s'envolèrent. Mais bien vite ils furent remplacés par une peur bien plus grande : celle de le revoir.

- Percy, dit-elle d'une voix absente. Il est à la nouvelle Rome.

Percy flânait dans les rues, une habitude très peu romaine qui ferait sans doute hérisser les poils de Reyna. Un préteur ne part pas en balade, surtout quand une montagne de paperasse l'attend ! Mais c'était plus fort que lui, il ne pouvait s'empêcher de s'extasier devant la beauté des lieux. La reconstitution de la Rome antique était très fidèle, la seule chose qui dénotait étaient les vêtements modernes – le classique jean baskets – que les demi-dieux portaient. Il adorait rester des heures à admirer les architectures, non pas qu'il aime particulièrement ce domaine... Mais pensez à l'architecture lui apportait un réconfort doux amer, un petit pincement au cœur qui le maintenait vivant. Avec le temps la douleur s'apaiserait peut-être... était-ce souhaitable ? Dans tous les cas, Percy se voyait bien vivre à la Nouvelle Rome pour toujours, se refaire une vie loin des monstres. Ses pensées se tournèrent vers une fille. Toujours la même. Il n'arrivait à saisir son nom ni son visage mais il la savait importante. Une douleur, vestiges d'une détresse profonde, lui étreignit le cœur. Il imaginait mal comment elle avait réussi, mais cette mystérieuse fille l'avait fait souffrir bien au-delà de l'idée qu'il avait de la douleur. Elle devait être épatante.

- Percy ! l'appela Hazel.

La fille de Pluton n'était qu'à quelques mètres mais il ne l'avait pas remarqué, trop pris par ses propres pensées. La voix de Reyna résonna dans sa tête Un préteur ne revâsse pas ! Cette dernière réplique imaginée fit naitre un doux sourire sur ses lèvres. Lorsqu'Hazel arriva à sa hauteur, il remarqua un brun gringalet et un peu effrayant qui la suivait comme son ombre. Ils échangèrent un regard que Percy ne sut comment interpréter. L'adolescent sembla un instant paniqué en le voyant, avant de reprendre contenance et d'afficher un air stoïque.

- Nico je te présente Percy Jackson, notre nouveau préteur. C'est lui qui a ramené l'aigle_

- Tu étais là aussi il me semble, non ? la taquina Percy. Sans toi et Frank je n'y serais jamais arrivé. (Percy leva les yeux vers le dit Nico). Enchanté de faire ta connaissance mec !

À ces mots il lui tendit la main. Nico ouvrit de grands yeux, comme sous le choc. Il dévisagea Percy comme s'il venait d'une autre planète… pourtant serrer la main était une façon tout à fait normale de dire bonjour… nan ?

- Un problème ?

Nico secoua la tête, comme parcouru par un électrochoc. Lentement il approcha sa main, comme s'il avait peur de toucher Percy. Il croit que je vais le mordre ou bien ? Nico se crispa quand leurs peaux se touchèrent, Percy lui serra sa main. Nico écarquilla les yeux, sous le choc, avant de se détendre et lui rendre sa poignée de main d'un geste presque enthousiaste.

- Incroyable, l'entendit-il marmonner, la malédiction…

Quand Nico fut parti, de façon précipitée et assez suspecte, Percy ne put s'empêcher de charrier Hazel.

- Etrange ton frère. Tu devrais lui donner des cours pour se présenter aux autres sans être flippant.

Son amie lui asséna une tape sur la tête, rien de bien méchant, ce qui provoqua l'hilarité de notre jeune héros. Il passa un bras au dessus de ses épaules et lui embrassa le front avec la tendresse d'un grand frère. Oui… il pourrait être heureux ici.


Eh oui Percy Jackson est de retour ! Et... et il est plutôt heureux comme vous le voyez. Disparue la malédiction qui l'empêche de toucher son prochain ! Je lui devais bien ça après en avoir tant bavé... Mais le bonheur est toujours de courte durée pour un demi-dieux !

Du côté d'Annabeth le parcours initiatique continue... Que pensez-vous qu'ils adviendra des deux héros ? Que pensez-vous de leur évolution ?