Hello !

Me revoilà pour un nouveau chapitre. Merci pour vos retours sur le premier, je suis contente de vous retrouver ici, c'est un bonheur.

Comme d'habitude, j'alterne les points de vue de chapitre en chapitre, donc celui-ci sera du point de vue de Charlie, évidemment. J'espère que vous aimerez découvrir son univers.

Bonne lecture !


Réponses aux reviews anonymes :

Guest : Hey ! Je suis très touchée par ta review, merci ! J'espère que tu aimeras ce deuxième chapitre :)

Chichette : Bienvenue ici ! Je suis contente que tu aies aimé ce premier chapitre, j'espère qu'il en sera de même avec la suite. Merci !


Merci à Lyra Verin, Cailean Charmeleon et Nova Frogster pour tout leur travail et leur soutien.


Chapitre 2.

Le soleil commençait tout juste à se lever sur Tsagaan Nuur.

Une chaude lumière orangée éclairait les toits colorés des maisons, les oiseaux les plus matinaux pépiaient gaiement et les habitants du village sortaient lentement des limbes du sommeil.

Excentrée du centre du village, une petite maison au toit jaune était déjà bien animée. Son propriétaire, un lève-tôt comme les oiseaux, s'affairait.

Il s'était levé à cinq heures et demi, comme tous les matins, pour faire une séance de sport de quarante-cinq minutes qui l'avait mis en forme pour la journée. Il avait ensuite pris une longue douche pour délasser ses muscles avant de s'habiller d'un pantalon treillis kaki bien usé et d'un tee-shirt blanc propre où, pourtant, subsistaient des taches qui résistaient à tous les lavages.

Il avait ensuite avalé son petit-déjeuner avant de ramasser son linge sec et de le ranger dans son placard.

Maintenant, sa journée pouvait commencer.

Charlie sortit de sa maison, qu'il ferma à clé, avant de se diriger vers le centre du village.

Tsagaan Nuur était un joli bourg moldu situé au nord de la Mongolie, à vingt-cinq kilomètres à l'ouest du lac Khövsgöl. Il se trouvait dans ce que l'on appelait familièrement une "cuvette", autrefois recouverte d'un glacier. De nombreux petits lacs s'étalaient sur la zone, vestiges de la période glaciaire, ce qui faisait de ce village le paradis des pêcheurs mongols.

Tsagaan Nuur était sauvage, difficile d'accès et solitaire. C'était exactement ce qui avait plu à Charlie et qui l'avait poussé à y poser ses valises depuis presque cinq ans.

Après tout, c'était comme ça qu'on le définissait lui-même. Sauvage, solitaire, au cœur de pierre que l'on peinait à déchiffrer.

Lorsqu'il arriva à hauteur des commerces, Charlie répéta intérieurement sa liste de courses : poisson, œufs, lait, pain, éponges et dentifrice. Poisson. Œufs. Lait. Pain. Éponges. Dentifrice. Il irait donc d'abord à la supérette pour acheter ce qui n'était pas frais, avant de se rendre à la boulangerie puis chez le poissonnier en dernier.

Le mardi étant le jour de retour de pêche, il savait qu'il pourrait avoir de l'ombre fraîche et cela le ravissait. Il adorait ce poisson. Cousine du saumon et de la truite, l'ombre était savoureuse, avec une chair dense au léger goût de thym.

- Bonjour Bolormaa, dit-il à l'attention de la propriétaire de la boutique qui se trouvait à l'entrée de la supérette.

- Bonjour Charlie ! le salua-t-elle en retour. J'ai reçu la vodka que tu as commandée il y a deux semaines. Je suis désolée que cela ait mis tant de temps, mais tu sais comment c'est !

- Merci beaucoup Bolormaa. Ne vous en faites pas, c'est très gentil de votre part.

- Je te la dépose en caisse, je dis à Ganbold que c'est pour toi.

- Vous êtes formidable, merci.

Il lui sourit avant d'avancer dans les rayons.

Bolormaa était une vieille dame dont Charlie était incapable de deviner l'âge. Si elle n'avait pas été moldue, et donc capable de vivre au-delà de plus ou moins cent dix ans, il lui en aurait bien donné cent cinquante. Elle était très ridée, toute petite et voûtée. Bien qu'il utilisait un sortilège de traduction instantanée pour comprendre et se faire comprendre, il peinait parfois à saisir tout ce qu'elle disait de sa voix chevrotante. Mais elle était si gentille.

Comme tout le monde dans ce village, d'ailleurs.

Village qui était si petit que tous se connaissaient au moins de vue. Il y avait ceux qui travaillaient ensemble, ceux qui avaient fréquenté la même école, ceux qui étaient amis de longue date ou encore ceux qui avaient partagé la même maison lors des crises économiques.

En cinq ans, Charlie s'était fait sa place au sein de cette communauté, au point d'être considéré comme l'un des leurs. Il était le petit anglais que tout le monde appréciait. Il avait tissé des liens plus étroits avec certains, ce qui était normal, mais il ne détestait personne ici.

Les habitants étaient solidaires, généreux les uns envers les autres, serviables. Bien qu'ils soient tous moldus, Charlie avait trouvé ici une nouvelle famille.

Une fois ses œufs, son lait, son pain, ses éponges et son dentifrice dans son panier, il passa en caisse pour régler ses achats, auxquels s'était ajoutée la bouteille de vodka sibérienne que Bolormaa faisait livrer exprès pour lui.

Il remercia Ganbold et, après être passé chez le poissonnier, rentra chez lui pour déposer ses courses. Il n'était que neuf heures et demie, ce qui lui laissait encore quelques heures avant de devoir déjeuner. Charlie sortit donc son vélo du garage afin de se rendre au nord du village, dans la ferme de la famille Jargal.

Batu et Uyanga, mariés depuis leurs dix-sept ans, étaient les propriétaires d'une des deux fermes de Tsagaan Nuur. Avec leur fils aîné, Naranbaatar, ils produisaient principalement des fruits et des légumes, mais aussi un peu de fromage et du lait de chèvre. Charlie, qui n'avait pas d'emploi fixe mais qui aimait aider là où le besoin se faisait ressentir, venait souvent leur prêter main forte, comme aujourd'hui. Il savait que Naranbaatar serait seul aujourd'hui et qu'il aurait bien besoin d'un coup de main.

Il poussa le portail qui fermait la clôture et se dirigea vers le bâtiment principal où Naranbaatar devait probablement se trouver.

Et ce fut effectivement le cas. Il était occupé à séparer les chèvres qui devaient être traites, de celles qui n'étaient pas encore prêtes.

- Je savais que tu avais besoin d'aide, lança Charlie tout en attachant ses cheveux à la va-vite.

- De la tienne ? releva Naranbaatar avec un sourcil haussé. Non merci ! Plutôt mourir que de te laisser traire les chèvres avec tes grandes mains maladroites.

- Tu ne les as pas toujours trouvées maladroites, mes mains, ricana Charlie en attrapant un petit tabouret sur lequel il s'assit.

Naran, car c'était ainsi que tout le monde le surnommait, lui envoya un regard blasé avant de diriger une chèvre vers lui.

- Ta sœur n'est pas là ? demanda Charlie en plaçant le seau à lait stérilisé sous les pis de la chèvre.

- Pourquoi veux-tu que Nyam soit là ?

- Parce que lorsque je l'ai vue la semaine passée, elle m'a dit qu'elle était bientôt en vacances et qu'elle revenait au village pour quelques jours.

Naran sembla étonné, mais passa vite à autre chose.

- Non, elle est retenue à Oulan-Bator jusqu'à jeudi. Je pense qu'elle sera là vendredi soir ou samedi matin.

Charlie hocha simplement la tête avant de servir du grain à la chèvre pour la tenir occupée pendant la traite à venir.

Nyam, de son vrai prénom Nyamdavaa, était la petite sœur de Naran. De deux ans sa cadette, elle travaillait à la capitale, Oulan-Bator, où elle résidait depuis ses études, ne revenant à Tsagaan Nuur que de temps en temps pour voir sa famille et ses amis.

Elle avait été la première personne à parler à Charlie lorsqu'il s'était installé au village. Il l'avait croisée au marché hebdomadaire qui avait lieu le jeudi et où ses parents vendaient leur production. Remarquant rapidement qu'il n'était pas du coin, elle lui avait proposé de lui faire visiter les alentours l'après-midi même et Charlie avait accepté. De là avait commencé une forte amitié entre eux.

Après avoir nettoyé les pis et les trayons à l'eau chaude, il les essuya, les sécha, et commença tranquillement la session de traite.

Naran, en face de lui, faisait la même chose, mais bien plus rapidement. Charlie avait beau les aider régulièrement, il manquait toutefois de pratique pour avoir la même dextérité que Naran.

Ils passèrent toute la matinée à traire les chèvres tout en discutant. Charlie appréciait beaucoup la compagnie de Naran. Il n'était pas un grand bavard, tout comme lui d'ailleurs - peut-être était-ce pour cette raison qu'ils s'entendaient bien - donc les moments de blanc dans les conversations n'étaient jamais gênants.

Ils déjeunèrent ensemble et Naran dut s'absenter pour aller récupérer une commande dans un village voisin. Il confia à Charlie la responsabilité de la cueillette des carottes et des choux-fleurs, ce qu'il fit jusqu'au milieu de l'après-midi. Lorsque Naran revint, Charlie put rentrer chez lui.

Il était seize heures lorsqu'il referma la porte derrière lui, se confinant dans le silence de sa maison.

Sa journée avait été calme, mais il éprouvait tout de même le besoin de se retrouver seul.

Besoin qu'il avait ressenti d'une puissance extrême cinq ans plus tôt et qui avait été la raison de son départ pour la Mongolie.

Ce besoin de solitude avait été le résultat d'une vie stressante en Roumanie, entouré de créatures passionnantes mais dangereuses, additionnée à une guerre plus que destructrice ainsi qu'à la perte de son frère.

À ce moment-là, au sortir de cette bataille qui lui avait volé Fred, Charlie avait ressenti un vide énorme en lui. Comme s'il avait été privé de toutes pensées positives. Comme si un Détraqueur était passé par là et avait aspiré toute sa joie.

Il n'avait plus envie de rien. Plus envie de voir personne. Alors il avait fui. Il avait quitté l'Angleterre et tout ce qui le retenait là-bas, au profit de ce que le monde avait à lui offrir. Il avait énormément voyagé. La Colombie, le Brésil, l'Uruguay, le Canada, l'Islande, l'Egypte, la Tanzanie, la Norvège, les Philippines, le Cambodge, la Nouvelle-Zélande, la Corée, puis la Mongolie. Il n'était jamais resté très longtemps dans chacune des destinations. Il avait toujours cette impression de ne pas être à sa place, du moins, jusqu'à trouver son havre de paix à Tsagaan Nuur.

Charlie fit sauter ses chaussures du bout des pieds avant de s'allonger dans le canapé, un bras croisé derrière la tête et le regard rivé sur le lustre en rotin pendu au plafond.

Comme à chaque fois qu'il se retrouvait en tête à tête avec lui-même, il ne pouvait empêcher ses pensées de divaguer. Tout comme il ne pouvait empêcher cette douloureuse pointe dans son cœur.


Ce matin-là, ce fut un moteur de voiture qui réveilla Charlie.

À première vue, rien de bien méchant. Sauf que très peu d'habitants de Tsagaan Nuur avaient une voiture. Un tracteur, un vélo ou une mobylette à la rigueur. Et Charlie connaissait par cœur le bruit du moteur des trois voitures qui tournaient sur le village.

Celui qu'il entendait là, il ne le connaissait pas.

Il quitta son lit, méfiant, et se rendit au salon sur la pointe des pieds. Le bruit sourd semblait s'approcher de sa maison, ce qui ne faisait qu'accentuer son inquiétude. Qui était-ce et que lui voulait cette personne ?

Son regard se porta sur le tiroir du buffet. Celui dans lequel se trouvait sa baguette. L'espace d'une seconde, il envisagea de s'en emparer, juste au cas où. Il chassa cependant rapidement cette idée qui n'en était pas une bonne.

Avec une grande précaution, il s'approcha de la fenêtre qui donnait sur le devant de sa maison et tira doucement le rideau. Suffisamment pour y voir, pas assez pour être vu. Sa maison était excentrée du centre du village et après celle-ci, il n'y avait rien. Aucune voiture ne pouvait passer par là, à part si son but était justement de venir chez lui.

Charlie sursauta en entendant une portière claquer. Le conducteur avait dû se garer de l'autre côté de son porche, de façon à ce qu'il ne puisse pas l'identifier.

Les battements de son cœur se firent plus rapides. Il n'attendait personne. Pourquoi venir le déranger à cinq heures du matin ?

Charlie était inquiet. À tel point que lorsqu'on toqua à sa porte, il sursauta à nouveau, son mouvement brusque entraînant la chute de la lampe posée près de lui.

- Charlie ?

Aussitôt, toute son angoisse retomba comme un soufflé.

Ses épaules se détendirent et il essuya la perle de sueur qui avait commencé à naître sur son front.

Il n'eut qu'à faire deux pas sur le côté pour ouvrir à son invitée surprise très matinale.

- Je savais que tu ne dormais pas, sourit Nyam en entrant d'elle-même.

- Si, je dormais, corrigea Charlie. Qu'est-ce que tu fais là si tôt ? Et tu es venue en voiture ?

- M'en parle pas ! J'ai fait le trajet en train de Oulan-Bator jusqu'à Darkhan, comme d'habitude, et le covoiturage que je prends là-bas a été annulé au dernier moment, donc j'ai dû louer cette voiture. Moi qui n'ait pas vraiment l'habitude de conduire sur nos routes, c'était assez chaotique.

Nyam déposa son sac de voyage sur le fauteuil près de la porte d'entrée que Charlie venait de refermer. Elle ôta le gilet en laine qu'elle portait avant de soupirer d'aise.

- Tu as coupé tes cheveux, constata-t-il alors qu'elle venait de les détacher.

- Tu as remarqué ! s'exclama-t-elle. J'ai un peu coupé, oui, ils étaient abîmés, précisa-t-elle tout en passant ses doigts dans ses longues mèches noir de jais.

Elle lui sourit avec reconnaissance et Charlie se calqua sur son expression. Il adorait cette femme. Elle était douce, bienveillante et toujours d'un calme qui apaisait inconsciemment son entourage.

- Malgré ton covoiturage annulé et les voies mal entretenues, tu as fait bonne route ? demanda-t-il tout en se dirigeant vers sa cuisine pour préparer du café.

- Malgré ça, oui.

- Et du coup, que me vaut une visite si matinale ?

- J'avais envie de te voir avant de supporter la tornade qu'est ma famille, rit-elle. Naran m'a téléphoné hier soir, j'ai à peine pu lui dire bonjour qu'il m'avait déjà détaillé tout le programme pour la semaine prochaine. Je suis en vacances, je viens profiter de mes parents, de mon frère et de mes amis, mais je vais devoir traire les chèvres et cueillir des patates.

Charlie ricana.

Les Jargal étaient une famille active qui ne jurait que par le travail. En partant vivre à Oulan-Bator, Nyam avait découvert ce que c'était que de faire une grasse-matinée ou de passer tout un dimanche dans son canapé à regarder des films.

Il remplit deux tasses de café et les déposa sur la table autour de laquelle ils s'étaient installés.

- Et toi alors, qu'as-tu de beau à me raconter depuis la dernière fois que je suis venue ?

- Oh, tu sais à quel point ma vie est routinière.

- Parce que tu le veux bien, Charlie.

- Tout à fait et tu remarqueras que je ne m'en plains jamais.

- Hé mais je ne t'ai même pas demandé ! Quelle mauvaise amie je fais. Comment s'est passé ton rendez-vous l'autre jour ?

- Avec le fils du poissonnier ?

- Non, avec la petite-fille de Bolormaa, rectifia Nyam en plissant les yeux. Mais ça veut dire que tu as eu deux rencards ?!

Charlie rougit et détourna le regard. Il s'était vendu tout seul. C'était tellement rare qu'il ait des rendez-vous que le simple fait d'en avoir eu deux dans la même semaine l'avait fait paniquer.

- Ça se pourrait, oui…, marmonna-t-il entre ses dents.

- Je veux que tu me racontes tout ! s'exclama Nyam en insistant sur le dernier mot.

Charlie entreprit alors de lui raconter ses deux rendez-vous, bien qu'il aurait pu les résumer en un mot : désastreux.

Avec le recul, il ne savait pas pourquoi il avait accepté ces sorties, d'ailleurs. Probablement plus pour s'occuper que par réelle envie de trouver un ou une partenaire. Il n'en avait pas envie de toute façon, il aimait bien trop sa solitude pour cela.

La petite-fille de Bolormaa et le fils du poissonnier étaient deux personnes très sympathiques, mais ils avaient très vite compris que Charlie n'était pas vraiment intéressé alors ils avaient quitté le lieu du rendez-vous avant la tombée de la nuit.

Vraiment désastreux.

- Tu n'y as pas mis du tien, quoi, conclut Nyam en reposant sa tasse vide.

- Non, mais je n'en avais pas envie. Je suis quand même allé les voir le lendemain pour m'excuser et ils m'ont pardonné ma bêtise.

- Ils sont bien gentils, ricana-t-elle. Je n'en aurais pas fait autant !

- Tu parles ! Toi, la gentillesse et l'indulgence incarnées ?

Nyam leva les yeux au ciel, ce qui fit rire Charlie.

- Tu viens courir avec moi ? lui proposa-t-il alors qu'il se levait avec dans l'idée d'aller se mettre en tenue de sport.

- Ça fait des semaines que je n'ai pas couru, ça ne peut pas me faire de mal. Je peux me changer dans ta salle de bain ?

- Bien sûr, vas-y.

Elle prit des affaires dans son sac et partit se changer, tandis que Charlie faisait de même dans sa chambre. Il enfila un short par-dessus un collant de running respirant et chaud, ainsi qu'un simple t-shirt et un coupe-vent. Une fois ses baskets lacées, il attendit Nyam dans le salon. Puis, quand elle le rejoignit, prête elle aussi, ils purent commencer leur footing.

Ils partirent vers le sud, afin de pouvoir de courir au bord de la rivière, jusqu'au lac Tsagaan Morit. Ils firent une pause sur la berge, où Charlie se mouilla jusqu'à mi-cuisses, histoire de réduire les douleurs musculaires et améliorer sa circulation sanguine.

Une fois sec, il renfila ses chaussures et ils retournèrent au village. Nyam prit seulement le temps de récupérer son sac chez lui avant de se rendre à la ferme où ses parents devaient l'attendre. Ils avaient prévu de se retrouver à midi pour déjeuner avec Naran, ce qui laissait le temps à Charlie de vaquer à ses occupations.


Charlie était rentré chez lui directement après le déjeuner, son besoin de solitude se faisant ressentir.

Il déposa ses clés dans le vide-poches, retira ses chaussures qu'il laissa traîner dans l'entrée et remplit un grand mug du reste de café de ce matin qu'il fit réchauffer.

Il regardait le récipient tourner dans le micro-onde, hypnotisé par le mouvement circulaire répétitif. Il ne sortit de ses pensées que lorsque deux sons se mêlèrent : celui de l'appareil qui avait fini de chauffer son café et celui d'un bec contre du verre.

Charlie se tourna brusquement et se dépêcha de faire entrer le volatile avant que quelqu'un ne le voie.

- Quick ! Combien de fois je t'ai dit de ne pas venir en journée ?!

Il détacha l'enveloppe de la patte du hibou avant de lui donner quelques biscuits. Il les dévora en un clin d'œil, sourd à la protestation de Charlie.

Il avait déjà dû se justifier quelques fois auprès des habitants quant à la présence d'un hibou sur des terres qui, normalement, n'accueillaient pas ce genre de rapace, il n'avait pas très envie de recommencer.

Charlie tourna l'enveloppe et reconnut tout de suite l'écriture de sa mère. Aussitôt, une pression désagréable se fit ressentir dans son cœur et un poids tomba au creux de son estomac.

Il ouvrit le tiroir du buffet, celui où se trouvait sa baguette, et déposa l'enveloppe sur tout un tas d'autres. Cette lettre ne ferait pas exception. Elle rejoignit le cimetière des courriers non lus, qu'ils viennent de sa mère, de sa sœur, de ses frères, de ses amis d'Angleterre ou de Roumanie.

Ses yeux se perdirent un moment sur la rondeur des caractères. Des taches qu'il reconnut comme des larmes séchées maculaient une partie de l'enveloppe, ce qui n'arrangea pas la pointe dans sa poitrine, ni la boule dans son ventre.

Les lettres de ses proches avaient été régulières, au début. Qu'importe où il soit dans le monde, un hibou parvenait toujours à le trouver pour lui remettre le courrier. C'était sa mère qui lui écrivait le plus. À l'époque, il ne se passait pas une semaine sans que Charlie ne reçoive au moins une lettre de sa part.

Et il n'en avait jamais lu aucune.

Avec le temps, les courriers s'étaient faits plus rares. Ses proches, constatant son absence de réponse, s'étaient probablement lassés et avaient arrêté d'écrire. Certains n'envoyaient plus rien, ce qui était le cas de ses amis et de son frère Bill. Ginny, George et Ron écrivaient de temps en temps. Sa mère et son père, eux, écrivaient environ une fois par mois.

Mais Charlie ne répondait toujours pas.

Il n'avait aucune idée de ce que contenaient ces lettres. Il savait qu'elles regorgeaient probablement de tonnes d'informations sur ce qu'ils devenaient, mais il ne voulait pas savoir. En prendre connaissance, ce serait comme se reconnecter à sa vie d'avant et ça, il n'en avait pas envie.

De plus, lire ces lettres le ferait culpabiliser, il le savait pertinemment. Il aurait été idiot de sa part que de penser que personne ne lui reprochait son départ. Et ça, il en avait peur. Il redoutait ce qu'il pourrait lire à l'intérieur. C'était peut-être lâche, très certainement, même, mais il avait peur des réprimandes, des critiques, d'être mis en face de ses actions et de ses responsabilités.

Alors il faisait l'autruche. Et c'était très bien comme ça.


Et voilà !

Alors ? Qu'est-ce que vous en avez pensé ?

Charlie a donc fui l'Angleterre et a reconstruit sa vie en Mongolie. Je suis curieuse de savoir si vous avez aimé... J'espère !

Du love pour vous, à mercredi !